Le Val de Bise - Module NWN
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Le Val de Bise - Module NWN

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 [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess

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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptyVen 15 Mai - 21:54

[hrp]Passage à éviter si on a un peu l'âme sensible.[/hrp]

Libre

"J'étais consciente que mon état devait être pitoyable.
J'en étais tellement consciente que j'avais l'impression
que c'était quelqu'un d'autre qui m'observait et affichait mon état."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 Ddddo



Ca n'est pas moi ! J'empoignais le miroir et je l'envoyais voler à travers la pièce. Il éclata contre un mur, je me ruais sur les morceaux au sol. Et je les frappais. De mon poing, je les écrasais. Ma peau se coupait, mes doigts s'ouvraient. Mais je ne sentais rien.. je frappais. Fort. Très fort. J'explosais en mille morceaux les restes de ce qui me représentait. Ils s'enfonçaient dans ma peau, coupaient mes veines. Je ne sais pas combien de temps je fus là à frapper le miroir.. Mais tout d'un coup, la douleur remonta subitement. Je me projetais en arrière les mains crispées. Je me contorsionnais sur le sol en maudissant mon imbécilité.

Je soufflais sur mes mains qui étaient devenues un bouquet de chaires ouvertes plus qu'autre chose. Je frappais le sol de mes pieds, je me recroquevillais sur moi même. Mais je ne veux plus me voir ! Je ne peux plus ! Ils ne comprennent pas?! Je serrais mes poings ensanglantés. Je regardais le sang. Mais je sais de quelle couleur le sang est ! Ce que je veux voir, c'est ce qu'il y a en dessous moi, pas dedans, ni dessus ! Je cherchais quelque chose à voir dans ce liquide, et les quelques bouts de miroir plantés dans ma peau.

Je me mettais à pleurer. Mais ils ne comprennent pas? J'ai mal ! J'ai mal... J'ai si mal. Je souffre, bon sang ! Et je ne veux pas qu'on le voit... Mais, je suis condamnée, je ne peux rien faire ! RIEN ! J'ai mal ! Mais arrêtez, j'ai mal. J'ai si mal... Arrête de te contredire... ARRETE. Arrête ! J'hurlais presque. Mais il fallait que je me taise, il ne fallait pas qu'on vienne... C'est moi, Werëarm. C'est moi ! C'est moi... Moi ! Je vous en supplie...
Je pleurais, je pleurnichais, allongée par terre. Je sentais ma cage thoracique prise de secousses à cause des sanglots. Je sentais ma bouche entrouverte geindre, j'entendais le son plaintif s'en sortir. Mais ça n'était qu'un corps. Un corps.

Mon esprit, lui, virevoltait alors que mon corps pleurait. Mes larmes sortaient comme elles ne sortirent jamais. Pouvait-on être aussi malheureuse? Pouvait-on se haïr autant que l'on haïssait les autres? Pouvait-on être aussi folle?
- Tais-toi ! Hurlais-je à la petite qui pleurait de frayeur devant le spectacle. Son visage était rouge tant sa respiration était condamnée par son angoisse. J'incantais, il fallait que nous nous taisions. Le silence engloba la pièce, engloba les pleurs de la petite et les miens.

Je n'entendais plus mon corps pleurer. Et pourtant, j'étais si triste, si en colère. Je m'étais trainée afin de m'adosser au mur. Et mon corps était secoué par toute cette douleur. Les mains ensanglantées reposaient sur les cuisses. Je n'avais même pas envie d'enlever les bouts de miroirs plantés dedans. Je pouvais pleurer tout ce que je voulais, personne ne nous entendait. Un silence pesant nous englobait. Une bulle sans sons qui contenait une fureur démesurée. Cette bulle de silence était mon corps, et cette fureur mon esprit en miettes.

Je me balançais. Je me berçais. Mais j'étais par terre. Je regardais ce plafond étrangement haut. J'étais si petite, j'étais si “rien”. Je n'étais pas si minuscule ! J'étais grande ! J'étais Werëarm. J'étais moi. Pas ça. Je me relevais sur mes jambes flageolantes. Je traversais la pièce, j'avais un peu le tournis à cause de la perte de sang. Je posais mes coudes sur le meuble, et je me hissais tant bien que mal sans les mains, en virant tout ce qui reposait dessus.

Je m'asseyais sur le meuble. Je regardais, la pièce. Elle me paraissait moins grande. Je me balançais de nouveau. C'est toujours question de point de vue ! Relativité déprimante ! Ecoeurante ! Je veux l'absolu, la vérité, les choses telles qu'elles sont ! Leur ESSENCE ! Tout ! Tout ici était différent en fonction de. J'eus un sentiment d'angoisse qui semblait presser mon être dans un étau. Mais au final, je n'étais sûre de rien ! De strictement rien du tout ! J'écarquillais les yeux en fixant un des murs. Peut-être qu'un jour il disparaîtra ! Qui me dit qu'il est là? Qui me dit qu'on ne m'observe pas?! Mes pupilles scrutaient les murs, alors que mes doigts étaient tordus et figés dans une expression de douleur.

J'étais consciente que mon état devait être pitoyable. J'en étais tellement consciente que j'avais l'impression que c'était quelqu'un d'autre qui m'observait et affichait mon état. Cela me rendait folle. Quelqu'un me regardait, j'en étais sûre. Ils me regardaient peut-être, plusieurs. Peut-être des démons. Peut-être. Peut-être des humains. Peut-être tout le monde ! Je me tournais subitement. J'avais senti quelque chose derrière moi, j'en étais sûre. Un regard ! Peut-être vingt ! Je fixais les rideaux fermés. Non, j'entends les gens sur la place, ils parlent, Werëarm, ne t'en fais pas, ils ne savent pas. Pas comment tu es.

Et comment ça, ils le savent pas?! Qui me le dit ! Je pris férocement le rideau d'une main, mais je le relâchais de suite, la douleur étant trop vive. Je repassais mes bras autour de mes jambes pliées, me balançant. Je fixais tout. La moindre petite tâche, la moindre petite griffure dans le bois, dans le parquet, dans le mur. J'avais l'impression que quelqu'un allait en sortir. S'ouvrirait une faille ! OUI ! Une faille ! … Ou des yeux ! Des yeux, des gens. Ou moi ! Elle ! Ou l'autre d'hier ! OU QUE SAIS-je?! RIEN ! Rien, justement !

Je me rendais compte que j'étais en train de paniquer. Je regardais mes mains, et je voyais beaucoup de sang. Je posais mon regard dessus, et je me mis à le fixer. A le fixer, longtemps, tellement que j'avais l'impression que le rouge prenait toute ma pupille. ...Soudain je vis un de mes yeux se refléter dans un minuscule bout de miroir qui était planté dans la paume de ma main. Je me mis à hurler d'un coup de colère, attrapant le bout et me l'arrachant sans demander mon reste. Le sort silence englobait tous les sons, et je crois que ce fut une belle précaution. Car la douleur fut telle, que je basculais du meuble, tombant sur mon épaule. La colère estompa pendant un bref instant le mal, alors que je donnais un coup haineux de pied dans le meuble.

Et voilà que j'avais mal à mon épaule maintenant. J'étais en train d'hurler muettement par terre. Mais c'était dingue. Je ressentais la même douleur physique que mentale. Les deux pourtant ne seraient jamais au même stade. Puis finalement, je me mis à rigoler muettement. De toutes manières, hurler ou rire, quand on a mal à un certain point, c'est la même chose. Douleur inhumaine. Je ne suis pas humaine, je peux très bien le supporter, et la comprendre mieux que tous les humains. Le hurlement ne peut même pas traduire toute la douleur physique ressentie, alors on peut se permettre de rire. Je rigolais. C'était la même chose, ça ne changerait pas la douleur de toutes manières.

Je me relevais de par terre. Epaule droite tombante, je reposais mon regard sur Nymya, je l'avais oublié. Elle était d'une rougeur incroyable, ses petits bras battant muettement l'air, sa gueule de chiard grande ouverte. Je voulais lui dire chut, mais il n'y avait pas de sons dans la pièce. Je voulais poser mon index contre ma bouche pour lui montrer que je voulais qu'elle se calme, mais mon doigt était déchiqueté. Je m'asseyais à côté d'elle sur le lit, et je ne bougeais pas. Voyant que j'avais arrêté de me tortiller par terre dans mon sang ou autre, elle se calma peu à peu, plus épuisée par ses pleurs qui avaient duré un long moment qu'autre chose. Elle pleurait, mais là, je le voyais à sa tête, c'était de chagrin, et non plus de frayeur.

Le silence sembla atteindre ma vue. Je voyais trouble, comme si on tentait d'effacer mon regard en plus de mon ouïe. Je voyais des choses qui n'existaient pas. Je me plongeais dans un monde qui ne sera jamais sincère. Je ne pourrais jamais être heureuse. Jamais. Je l'avais décidé il y a de cela bien longtemps. On me l'avait confirmé sans cesses. J'étais triste. Mon corps avait montré tout ce qu'il pouvait montrer en signe de détresse. J'étais dans un calme détaché de tout. Mes paupières battaient à peine. Mon être épousa le sort de silence. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi.

Ce qui m'extirpa de cette ellipse fut le sortilège qui se dissipa. Progressivement je pris conscience des petits pleurs de Nymya, et de son chagrin. Mes mains saignaient toujours. Ma bouche s'ouvrit doucement. J'ai mis du temps à reconnaitre ma voix. Et pourtant, je me mis à chanter, doucement, faiblement.. Afin que les sons nous calment toutes deux, après un silence inhabituel, faux. Deux mains apparurent dans mon champs de vision pour prendre Nymya, et la déposer sous les couvertures sans qu'elle n'ai peur. Ca n'était pas mes mains. Mais c'était ma douleur.
Elle mettra du temps à s'endormir. Et elle se réveillera beaucoup de fois, cette nuit.

En attendant, je me dirigeais lentement vers la petite bassine d'eau. Il faudra que je nettoie les dégâts que j'avais fait. Le temps s'était dissout, et j'imagine qu'il rentrera bientôt. Je me dépêchais donc. Je lavais mes mains, accompagnée des sons qui m'avaient manqués, et qui apaisaient mon corps et ma douleur physique. Je gardais les sourcils froncés, je couinais parfois à cause de la souffrance. J'aurais mal pendant plusieurs semaines. Je pourrais aisément le cacher aux yeux des autres, mais je ne pourrais peut-être pas le cacher à leur attention. Mes mains seront sensibles, je ne sais même pas si je pourrais enfiler des gants sans hurler. Peu importe. Quant à mon épaule, j'espère que je ne me l'étais pas luxée.

Ce genre d'évènements arrivaient de plus en plus souvent, et je devais tout faire pour le cacher. Lorsque je me retournais, les yeux figés dans un masque de marbre gris, je vis la petite boite en bois noir qui contenait la poudre blanche. C'était étrange, j'avais pourtant eu l'impression d'en avoir pris. Mais elle était fermée. Mon coeur se serra de nouveau.

Tu n'as peut-être plus besoin de drogue pour nous montrer, maintenant, Werëarm.
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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptyMar 19 Mai - 0:38

Duo

"L'amertume de se rendre compte que
l'on est parfois incapable d'admettre."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 Monstre1



Il y a des jours, comme ça, où on se lève, heureux.
Pourquoi? Où l'on se dit que tout est si parfait. Pour un rien. On se prend à sourire en regardant un paysage, ou en rentrant chez soi. On se dit que tout est tellement merveilleux, que tout vaut tellement le coup. On se sent si bien.

Cela fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé.

J'ai vu cette jeune fille, en allant à l'auberge. Je l'ai croisé, et elle avait ce sourire. Le sourire de quelqu'un d'heureux, qui vient d'embrasser celui qu'elle aime, ou juste... Juste comme ça. Un sourire perdu, profond, sincère. Un regard qui en dit tant sur le bonheur que l'on peut recevoir dans une vie, sur le bonheur qui attend celui qui l'écoute et qui l'accueille.

Cela fait longtemps que je ne l'ai pas eu.

Il y a des moments dans notre vie qui redonnent espoir. Qui donnent envie d'aider, d'aimer, ou de vivre. Les gens dégagent tant, quand ils sont dans ces moments uniques. Ces moments qui arrivent à n'importe qui. Un évènement reçu qui donne envie de pleurer de joie, de rire, de tourner sur soi même, de sourire aux autres, de leur faire partager toute cette positivité qui s'écoule alors de nous comme un fleuve d'amour.

Cela fait longtemps que je ne l'ai pas vécu.

Un moment, un instant, quelque chose de si parfait. On a l'impression de toucher à quelque chose d'extraordinaire. On pourrait regonfler d'espoir un miséreux qui traîne dans la rue, et qui a tout perdu. On aurait envie de le faire, d'embrasser cet inconnu croisé sur la place, et qui a répondu d'un rire amusé à votre sourire joyeux.

Cela fait longtemps que je n'ai pas croisé ce genre d'inconnus.

Et même si dans ces moments de plénitude on pense à quelque chose qui nous a blessé, on se voit le prendre avec tant de positivité. A pardonner, à rire de soi même, à souhaiter du bonheur aux autres, connus et inconnus, connus et oubliés. On aimerait serrer l'existence entière dans ses bras, et lui souffler à l'oreille que l'on est heureux, et que l'on fera beaucoup pour partager cela.

Je ne crois pas avoir pris l'existence dans mes bras.

On pleure de bonheur pour les autres, et on pleure de compassion pour eux aussi. Les pensées s'envolent et souhaitent beaucoup à ceux qui n'ont rien, et souhaitent encore pour ceux qui ont beaucoup. On se surprend à avoir une pensée pour un monde que l'on ignore en vivant tous les jours dedans. Ces moments éphémères qui vous regonflent, vous stabilise, et vous propulse même en avant. S'envoler, bénir, aimer.

Est-ce que j'ai pleuré pour quelqu'un d'autre que moi.

Je ferais tant pour acquérir un de ces moments. Quand on a l'impression que le destin nous a pris la main pour nous lancer d'une falaise, et nous faire prendre conscience que l'on vole. Je sais que cela est arrivé à beaucoup de gens. En rentrant d'un premier rendez-vous avec l'être aimé, en ayant été félicité pour quelque chose qui nous tenait tant à coeur, en prenant conscience de quelque chose que l'on savait, mais qu'on voulait entendre, et voir.

Le destin moi, m'a pris la tête.

Ou même pour rien. Se rendre compte en étant assise sur un banc que l'on est heureux en regardant ces gens qui passent et qui ignorent tout de votre existence. Souhaiter qu'ils aient une vie remplie de bonheur, et de dire sans ouvrir la bouche que l'on pense à eux, et que l'on espère pour eux. Sourire, pour un rien. Voir les gens qui vous regardent étrangement parce que vous souriez, et qu'en ces temps, c'est rare. Mais, on s'en fout. On ferme les yeux, on bascule sa tête en arrière, on pince ses lèvres en souriant et en étant heureux d'être.

Les gens me regardent étrangement parce que j'ai des cornes.

Je n'y crois plus. Mais je regarde, je vois les autres qui vivent cela pour moi. Peut-être que j'espère que quelqu'un, un jour, assis sur un banc, en me voyant passer.. Me souhaitera du bonheur. Je ne l'écouterai pas. Je ne le saurais pas. Je l'ignorerai. Car tous ces moments, je me les refuserais toujours. Ils ne font pas parti de moi. Il n'y a pas d'espoir. Car à côté, il y a ces moments où tout vous est négatif, où l'envie est morte, où la tristesse jette l'ancre dans votre tête et par là-même, votre coeur.

Je crois, par contre, me souvenir de ceux là.

Où l'on aimerait crever non pour quelqu'un au final, mais pour soi-même. Pour s'aider, parce que l'on a l'impression d'être seul contre un monde entier. Parce que quelque chose nous est tombé dessus, et que nous n'avons pas eu le temps de faire un bond sur le côté pour l'éviter. On est écrasé par le poids de quelque chose qui se montre comme plus fort que nous, comme plus lourd et profond. Et dans ces moments là, personne ne peut comprendre.

Oui, il me semble que j'ai connu.

Plus faim, plus soif, plus rien. Des pourquoi à chaque coin de phrase. Des questions avec des réponses crues, dures, sans résonances, que discordances. On maudit, on haït, on jette, on rejette, on frappe, on fuit. Pourquoi. Pourquoi eux et pas moi. Pourquoi elle, pourquoi lui, pourquoi je. On étouffe. On respire ses propres soupirs, et on s'asphyxie. On ne voit que son cas, et que les cas au dessus de soi.

Oui, j'ai connu.

Plus rien ne touche, à part un vent glacial, lourd, puant. Le courant d'air passe, et ramène à nos yeux et oreilles les moments les plus horribles et les moins jalousés de notre vie. Tandis que ceux jalousés des autres arrivent avec des senteurs parfaites qui donnent des hauts le coeur. Pourquoi pourquoi pourquoi.

Pourquoi?

Pourquoi ais-je fait ci, pourquoi ais-je fait ça. N'est-ce pas dégueulasse? C'est dégueulasse. Seul, on est seul. Et les autres ne comprennent rien. Perdue, perdue. Ils ont tout. Ils ont tout avalé, ils se sont goinfrés, et ne laissent dans notre assiette que les déjections parfaites de leurs actes. Mourir, on a envie de mourir. On a envie de tuer les autres, aussi, parfois. De tenter de voler quelque chose pour se croire propriétaire de ce qui nous a toujours été refusé.

Laisse moi écouter les instants de bonheur, tais-toi.

Où tout est teinté de gris, de noir. Où l'on voit les regrets, les mauvaises vagues, les rochers noirs et râpeux sur lesquels on s'écrase et ceux sur lesquels on s'était déjà écrasés. Ils ne bougent pas, eux. On pleure, et nos larmes abreuvent cet océan de malheurs réels ou inventés, qui a soif. Toujours soif. Des choix faits et défaits. L'amertume de se rendre compte que l'on est parfois incapable d'admettre. Envier. Jalouser. Mettre sur le dos des autres. Pleurer. Regretter. Crier. Hurler. Vomir.

Tais-toi...

On s'en rappelle tous. Tous. Si l'on s'en souvient, c'est que l'on est vivant, c'est que l'on a survécu, c'est quelque part que l'on espère encore quelque chose. On espère de ces instants qui nous ont construits. On les chasse par des nouveaux, on les cache par un seau de peinture terne ou fluo que l'on balance dessus, on les remplace par quelque chose de meilleur, ou de pire. Grâce à soi même, ou grâce aux autres. Mais on est là.

Je ne suis plus là.

Partie, ailleurs. Plus d'espoir, on vit, mais on attend plus rien. On a trop été frappé par les moments trop forts de notre vie. Je ne suis pas comme les autres. Je ne passe pas à autre chose. J'entasse, j'avale, je suinte de tous ces moments qui ont fait ma vie. Quand ils ressortent, je m'en abreuve, je ressasse, je n'avance plus parce que je ne veux pas oublier. Je suis perdue.

Perdue.
Parce que je me refuse d'être comme les autres. Car je les hais.

Je les hais.
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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptySam 23 Mai - 1:32

Vol


"J'étais bonne pour aller sur les terres de Padhiver...
Celles que je n'avais foulé qu'une fois dans ma vie.
Celles où j'avais toutes les chances de mourir brûlée
si je faisais la moindre chose de travers."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 0807251232044182150555




Je filais dans les rues, serrant l'enfant contre moi, un châle me recouvrant grossièrement. Le salaud ! Le salaud ! Je trébuche, je tombe sur le dallage de côté, je m'écorche le bras et la main. Je crois que je me suis foulé le poignet. Des gens s'avancent pour m'aider, mais je me relève en tentant de calmer Nymya, comme si de rien n'était. Je poursuis ma route. J'erre, je ne connais rien ici.

Je lui avais tout balancé, de toutes manières, je ne l'aimais pas. Il m'énervait, ce qu'il avait fait était trop débile. Il a tenté de me parler, mais j'ai été très désagréable, dédaigneuse, je lui ai dit ce que je pensais de lui, ce que je voulais de lui. Je sentais la colère monter. Mais je m'en foutais. Que pouvait-il faire? Il avait tout perdu, il ne m'intéressait plus.

“Combien sont morts pour m'avoir provoqué le quart de ce que tu as provoqué chez moi.” m'avait-il dit. Seulement, les morts, il ne les aimait pas.

Soudain, après un bon quart d'heure de bataille verbale, il passa la porte de l'auberge et monta les escaliers quatre à quatre. Je me doutais bien où est-ce qu'il allait.. Il avait visiblement gardé le passe. Je tentais de l'empêcher d'entrer dans ma chambre, mais il me repoussa sans ménagement. Je le suivais donc, et refermais la porte... Ciddis n'était pas là. Nymya elle, était sur le lit et se réveilla à l'entrée fracassante d'Armand.

Comment osait-il. Il alla directement le voir, je m'arrêtais au milieu de la pièce en fronçant les sourcils.

- Tu sais jeune fille. J'aurais tout donné pour avoir eu le privilège de t'élever.
Il s'allongea à côté de l'enfant, la regardant. Il avait l'air habitué de parler aux enfants. Il retira un gant, montrant l'index à la petite, puis lui gratouillant avec tendresse le front.
Je n'aimais pas le voir la toucher. Mais je savais qu'il essayait de voir une réaction de ma part. Je laissais donc faire, croisant les bras, et me postant en spectatrice immobile et silencieuse.

- Une bien belle fille. Presque aussi belle que la mienne. Et comment tu t'appelles ma grande? Mais oui tu es belle.
Il la prit dans ses bras afin de la cageoler. Vas-y Werëarm, saute lui dessus, coupe lui les mains, fais lui avaler sa langue et son nez, arrache lui un pied et une oreille, pour les recoudre échangés. Il me regarda avec Nymya dans ses bras. Il narguait, mais je ne tomberais pas dans son jeu.
- Elle est quoi pour toi?
- Tu crois que je vais te répondre?
- Oui je le crois.
- He bien tu te trompes.
- Donc tu te fiches de son sort? Me demanda t-il tout en calinant l'enfant qui n'était pas des plus détendue dans les bras de cet immense inconnu.
- J'ai dit que je n'allais pas te répondre, c'est différent. Rends la moi.
- Allons, tu sais comme moi que je serais incapable de faire du mal à un enfant.

Il la redéposa sur le lit, se releva pour aller s'accouder à la fenêtre. Il me demanda de la tuer, qu'il était de dos, qu'il ne se défendrait pas. J'allais quand même pas le tuer alors qu'il était en train de souffrir à cause de moi, et que ça me faisait plaisir.
- Je n'ai aucun intérêt à te tuer.
- Si, un. Je suis un frein à ton bonheur.
- Tu n'es rien du tout, c'est différent.
- Pourquoi? Parce que ton chevalier a perdu?
- Oh, nullement. Tu n'étais rien avant.

Non mais il croyait quoi. Il en déduisit que je faisais des choix avec les mots. Que je cherchais à faire mal. J'ai dit que c'était juste naturel.
- Naturel. Oui, sans doute. Après tout, tu détruis tout autour de toi, et elle aussi tu la détruiras. Mais comme souvent tu incrimineras la terre entière. Comment pourrais-tu être une bonne mère alors que tu n'es pas une femme aimante. Alors tue la. Quitte à gâcher sa vie, fait le de suite. Si pour une fois tu assumes, fais le.
- Tu devrais savoir que je suis du genre à ne pas suivre les indications des autres... Donc garde tes petites remarques pour toi.
- Je sais beaucoup de toi concernant ton mental, ton intimité. Et c'est ça qui t'emmerde.

Quel crétin. C'était bien sûr ça que je prenais un malin plaisir à leur faire croire. Un petit regard qui descend, et hop, ils croient avoir mis le doigt sur une chose difficile, alors qu'un regard qui se baisse.. Ca n'est rien du tout. Mais pour eux, dans leurs codes débiles, ils accolent alors un sens victorieux. C'est trop simple. Trop simple. Ca l'a toujours été, trop simple, avec Armand. Mais il ne connaissait rien, la preuve, il se trompait sur toute la ligne. J'avais besoin qu'il croit que je puisse tomber amoureuse, ou que je m'attache. Alors qu'il aurait pu crever le lendemain, j'aurais demandé à mes yeux de verser deux larmes, histoire de jouer la veuve épleurée, et c'était dans la poche. Mais ce qu'il avait fait ces derniers temps m'avait irrité. L'entrée dans la chambre, le duel, ses mots. Il m'irritait, et je n'avais plus envie de l'utiliser car il devenait encombrant pour mes petits projets d'à côté.

Il avait sorti une dague, alors que je lui disais plus ou moins cela. Il pointait ma gorge alors que j'usais de phrases vexantes, de mots blessants, rien que pour qu'il souffre et qu'il se sente misérable. Il m'horripilait, il m'indifférait. Il était trop rentré dans mon jeu, le truc c'est qu'il a perdu autorité ici, et mes plans prévus se sont vu perdre en intérêts. J'étais odieuse, moi même je le ressentais. A la fin de la conversation... il me dit :

- Quitte la région, Wer. Si je te revois en face de moi, je te tuerai.
- C'est à toi de la quitter. Tu n'as plus rien ici.
Il prit alors Nymya.
- Si.
Et il partit avec.. J'écarquillais les yeux en le suivant prestement, je ne sais même plus si j'ai fermé la porte.
- Rend la moi !
- Vas te faire.
J'essayais de la lui reprendre, mais son pas était rapide, il tendait les bras, il me repoussait quand je m'approchais. Il se dirigea vers le port.. et grimpa sur le premier bateau en route pour.. Padhiver.

- Si tu tiens à elle. Viens la chercher.
Rah. Je ne tenais pas spécialement à elle, mais il fallait que je la reprenne, pas question qu'il découvre quelque chose. Je grimpais sur le bateau. Les amarres étaient larguées...
- Rend la moi. Tu n'as pas le droit de faire ça. Elle n'a rien fait.
- Je suis parfaitement d'accord. Elle n'a pas le droit de vivre ce que tu vas lui faire vivre. Sauf que c'est la seule chose pour laquelle tu te prends la tête.
Mes fesses oui, ben voyons. La preuve qu'il ne me connaissait vraiment pas... Enfin, tant mieux. En attendant je savais qu'il ne ferait pas du mal à la petite. Mais la voler comme ça. Je l'avais en face de moi, j'avais envie de lui planter des dagues dans le visage, de le piétiner, de lui cracher dessus, et de balancer Nymya du bateau en lui disant que je l'aurais pas fait s'il l'avait pas amené ici.

- Si tu veux que je reste sur ce bateau, tant pis. Mais ramène la.
- Pourquoi? Pourquoi la ramener?
- Parce que je te le demande.
- Pourquoi tu veux lui faire subir tout ça? Elle est juste née, Wer. Elle n'a rien demandé. Une folle n'élève pas un enfant. On voit ce que ça a donné avec toi.

Mon fort intérieur grondait à cette remarque. Je voulais qu'il la ramène à Luskan pour que Ciddis puisse tomber dessus et lui défoncer la gueule. Moi, je me débrouillerais. Et puis je n'élevais pas cette enfant, on le faisait pour moi. Moi, je regarde. Moi, je m'en sers. Si il n'y avait pas eu ce monde sur ce bateau, je l'aurais tué, vraiment. Je l'aurais tué.

- Tu aimes donc ta fille? Ce petit bébé? Si adorable au demeurant, malgré son teint un peu grisâtre? Dit-il en me regardant. Avoue le une fois, avoue que tu l'aimes, que tu veux ce qu'il y a de mieux pour elle, que tu ne désires que son bonheur et qu'elle ait une vie heureuse. Dis-lui, à elle.
Non mais pitoyable. Pitoyable. C'était l'un de ces crétins qui pensent que l'amour peut s'avouer par trois mots. Mais ils étaient des mots. Des lettres accolées les unes aux autres. Cela n'avait AUCUNE signification pour moi. Alors de le dire, hein... Après tout, il me la fallait absolument, il ne fallait pas qu'il découvre, il fallait que je reste avec elle, il ne fallait pas qu'il l'emmène loin de moi, sinon, un gros pan tombait dans l'eau.
- Je t'aime, murmurais-je. Je ne veux que ce qu'il y a de mieux pour toi.
Mensonges, mots en l'air, qu'importe. Quand les choses ont un poids sur les individus, les utiliser avec un sens différent est tellement plaisant. Horrible. J'étais... horrible.

Je lui redemandais de me la rendre et de nous laisser. Il répliqua qu'il faisait ça pour elle, pour son futur, pour sa vie. Le bateau voguait, s'éloignant des côtes... Je ne pourrais pas regagner la rive à la nage. C'était foutu. J'étais bonne pour aller sur les terres de Padhiver... Celles que je n'avais foulé qu'une fois dans ma vie. Celles où j'avais toutes les chances de mourir brûlée si je faisais la moindre chose de travers.

[A suivre]
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptySam 23 Mai - 22:37

[Suite Vol à venir, mais priorité à autre chose]
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptySam 23 Mai - 22:38

Humiliation


(présentation à venir, j'ai pas relu, désolé pour les fautes)

Je déposais une caresse sur le front de la petite qui dormait, puis je quittais la chambre de l'auberge. Bon. Je devais aller faire les courses pour elle, et au passage j'irais m'acheter du tissus pour me confectionner une cape, cela fait longtemps que je n'ai pas pu coudre. Que je n'ai pas pris le temps. Le pas léger, je descendais l'escalier, je traversais l'auberge, et j'allais pour sortir. Quand je me retrouvais à quoi.. Trois mètres de la porte, Armand et une femme passèrent cette dernière.

En m'apercevant, et visiblement ils venaient pour moi.. la femme lâcha un “Toi...” et, avant que je ne puisse comprendre ou faire quoi que ce soit, se jeta sur moi comme une furie pour me plaquer contre le mur. J'en eus la respiration coupée, et mes idées pourtant, trouvèrent rapidement leur chemin pour expliquer la situation. C'était sans aucun doute sa femme...
- Tout ça c'est de sa faute ! Hurla Armand. A cause d'elle mon fils a disparu !!!!
J'étais prise par surprise, je ne pouvais pas faire grand chose à part choper le poignet de la gonzesse. Armand avait sûrement pété les boulons. J'écarquillais les yeux, la nana avait un peu l'odeur d'alcool. Elle avait dû boire pour se donner du courage, et non oublier...
Armand, lui, avait une larme de rage encore présente, et une marque dans le cou.

La femme, Elis, plaqua la griffe sur ma gorge. Ciel, je vais mourir dans une auberge. Non, non, pitié, et encore moins celle de garfaux. Elle appuya un peu, laissant perler mon sang.
- Mais vous êtes folle !
- D'abord, je vais couper tes cornes, murmura t-elle... Ensuite, je vais t'arracher les yeux... Puis je ferai subir les pires horreurs à chacune de tes parties génitales.
Elle retira violemment ma capuche.

Etrangement, quand on est “folle” tout le temps, ça choque moins qu'une folle sporadique. La colère lui allait pas du tout. Je la trouvais même moche. J'avais envie de lui conseiller en crème de soin ou en sortilèges apaisants, mais je craignais que ça ne soit pas le moment adéquat.
- C'est ma femme, hurla Menders. Celle que tu m'as fait tromper par tes charmes, et ta manipulation...Putain, Selden... dit-il en enfouissant son visage dans ses mains.
Il était ivre de colère, de tristesse, d'amertume, de rancoeur. Mais j'étais pas dans une position facile pour le plaindre. J'écarquillais les yeux en sommant à la gonze de me lâcher tout de suite.

Elle me prit par les cheveux, et me traîna sans ménagements. J'hurlais, je demandais d'arrêter, les mains sur les poignets. J'étais traînée en direction de l'arêne. Et les gens n'oseraient pas s'interposer. J'avais des cornes. Elle avait pris grand soin de le mettre à jour. Ils savaient que j'étais tieffeline, mais je me débrouillais toujours pour cacher d'une capuche mon visage ou autre. Ils oubliaient un peu, loin du regard. Mais là, une réalité arrivait de pleins fouet aux yeux des Luskaniens : une tieffeline, une vraie, était là. Elle allait s'en prendre des belles, et après tout.. laissons donc le sale boulot aux autres.

Armand me colla une phénoménale baigne pendant le trajet. En m'insultant de catin du diable... Non mais. L'insulte là dedans c'était pas catin, mais vraiment diable. Salaud. Il hurlait “Mon fils ! Ta vie s'achève, Wer. T'as fini de bousiller ma vie et mes rêves...”.
Apprenant qu'il n'était plus conseiller, elle me fit redresser et, griffes contre le dos, me somma d'avancer.

Arrivés à l'arêne, elle me balança un coup de genoux dans les reins, qui me propulsa à terre. Je me redressais précipitamment. Je reculais rapidement. Tristan et une femme observaient, je crois. Mais je n'avais pas le temps d'analyser les choses, je commençais à déguerpir, grâce au vieil instinct de survie.

Mais Armand me plaqua tout de suite au sol. Il m'envoya une balayette dans les tibias. J'eus un petit cri étouffé de douleur.
Tristan s'est approché.
- Hey... Vous faites quoi là? Ca n'est pas un duel?
- On règle nos comptes ! Hurla Menders.
- D'abord, je lui coupe ses cornes, balança Elis. Maintient sa tête de ton pied, Armand.
- Elle a foutu ma vie en l'air, Tristan ! FOUTU MA VIE EN L'AIR !
- Ah bon? En quoi?
Je protégeais ma tête de mes bras.
- Elle m'a manipulé, piégé..
- Hey ho hey ho, attendez... commença Tristan en tentant de calmer le jeu.
- Si tu laisses tes bras, je les tranche ! M'hurla dessus la gonzesse.

Je n'ai réussi qu'à en ôter un, l'autre paralysé autour de ma tête.
- Elle a usé de ses charmes de démone sur moi et moi comme un gros ...con ! Je suis tombé dans le panneau ! Comme le dernier des Erk !

A bout de patience, prise par la panique, je rétorquais joyeusement à Dame Menders :
- Coupe donc tes cornes avant les miennes !
Elle ne répondit qu'en... Tranchant mes cornes.. et au passage, en me laissant une vilaine coupure dans l'avant bras. Mes cornes.. Mes cornes.. Mes cornes... Non, mes cornes...

La douleur n'est pas la même que si on vous coupait une jambe. C'était une douleur amer, une douleur d'amour propre. Je les aimais, ces cornes. Elles me les volaient. Et ça.. oui.. Ca.. C'était douloureux. Lâchez moi ! Je criais. Mais personne n'écoutait.

- Vous voulez en faire quoi?
- Justice ! Pour mon fils ! Mon fils a disparu !
J'écarquillais les yeux. Son fils? Mais qu'est-ce qu'il me fout avec son fils? Mais je n'avais rien fait ! Je n'ai rien fait ! Il éclaira.
- Il a fugué à cause de moi !! Et à cause d'elle !
- Heu.. balbutia Tristan. Non mais attendez.
- La défend pas, Tristan ! Crois-moi ! Elle mérite pas !
- Je ne la défends pas, je ne sais même pas ce qu'il s'est passé...
- Elle est bonne qu'à détruire tout ce qui l'entoure.
- Ca suffit, Armand, stoppa la femme.

Moi j'étais recroquevillée. Je voyais toutes ces jambes autour de nous, des gens qui regardaient, ou qui passaient. Qui ne voyaient qu'en moi... ce que je montrais physiquement. Des restes de démon... De démon. Je perdais déjà pas mal de sang, j'avais mal, mais j'étais profondément en colère qu'elle m'ait volé cela.. Qu'elle m'ait volé mes cornes.. Mes cornes.. Une partie de moi.....Une partie de..

Elle ne me laissa pas à mes réflexions.
- Maintenant, Wer, tu vas me raconter. Deux solutions à ton récit. Soit je te tue, soit je te tue pas. A toi de me dire toute la vérité. Je t'écoute, et parle vite.
Je soufflais rapidement par le nez, la colère s'emparait de moi, je respirais vite, recroquevillée sur les dalles de l'arène. Qu'est-ce qu'ils allaient me faire. Qu'est-ce qu'ils allaient me faire. Je serrais mes bras contre moi. Je savais même pas ce qu'elle voulait savoir. Ils échangent quelques phrases mais je ne les écoute pas.

- Quoi?! Tu veux savoir ses petits pêchés mignons?! Tu les connais pas?! Tu veux savoir combien de fois il m'a embrassé?! Tu veux savoir combien de filles il veut dans son lit?!
- Je veux savoir ce qui a mené à ce qu'il me trompe.
- Je n'ai rien fait. C'est lui qui a commencé. A me caliner, me draguer ! Je n'ai fait que lui donner ce qu'il voulait ! Après tout... Tu n'étais pas là. C'est dommage, hein? Tu veux savoir ce qui est passé dans son lit, crétine?!
- Salope.. lâcha Armand.
- Je t'écoute, Wer.
- Armand, tu n'es qu'un pauvre salaud même pas fichu d'assumer tes petites histoires de cul, balançais-je. Il m'a dit qu'il m'aimait. Il m'ai...
Elle m'envoya un coup de pied dans le ventre, qui me fit cracher un peu de sang.
- Arrête de parler à Armand, oui. Tu me parles à moi. Et ton sang coule.
- Tu sais déjà tout.
- Combien de fois? Si tu ironises, on règle ça en duel.
- Oh.. pleins. Il a même affiché notre relation, tu sais... Devant tout le monde. Tu crois que je compte? Quand on aime on ne compte pas. Et ne t'en fais pas, il n'a pas compté non plus.
- C'est pour ça que je peux aller jusqu'à te tuer, demi démone.

Il avait aussi couché avec Mystik, j'en étais sûre. Je l'insinuais d'ailleurs.
- Mystik? Demanda t-elle.
- J'ai jamais couché avec Mystik ! La seule avec qui j'ai couché, et je le regrette tous les jours, c'est toi !!
Elle m'envoya un coup de pied beaucoup plus fort que le précédent.
- Wer, encore un mensonge et je t'achève.
J'hallucinais devant les paroles d'Armand. J'aurais aimé trouer la tête de cette femme pour lui enfoncer dans le crâne tous les moments que j'avais vécu avec lui, tout ce qu'il m'avait dit. Cette enflure...
Je soufflais pour reprendre ma respiration, me hissant tant bien que mal sur le bras valide.
- Tu fous encore la merde.. Alors que tu te vides de ton sang. Jusqu'au bout, tu vas bousiller ma vie...
- Je n'ai rien fait à tes enfants.
- Moi non plus !
- Tu t'es débrouillé comme un manche tout seul.
- J'ai pas touché à un cheveux de ta fille !
- Pardon?! Salaud, menteur ! L'insultais-je, en lui envoyant des coups de pieds. Tu m'as harcelé pour que je revienne vivre avec toi !
- Non !!!
- T'as défoncé Ciddis par jalousie, t'as voulu le tuer parce que tu m'aimais et qu'il m'avait, lui !
- Je t'ai harcelé pour que tu craches tes sentiments !
- Tu n'es qu'un gros porc !
- Personne ne me traine dans la boue. Surtout pas un chevalier noir de merde qui sait même pas se battre.
- Tout Luskan a assisté au duel, renchérissais-je, en regardant cette fois Elis.
Je voulais qu'elle me croit. Je repris :
- Tout Luskan a assisté à ses cris sur la place pour demander si je ne le faisais pas souffrir !
- Tu m'as eu ! Par tes charmes de démons..
La bâtarde se posa contre mon cou, ça bourdonnait.
- Je t'ai laissé tomber ! Et tu n'as pas supporté, malgré ton appartenance à ta femme.
- A cause de toi... ! Tu m'as embrouillé le cerveau ! Je ne voulais que t'aider ! Tu as brisé ma vie !
- STOP ! Cria Elis, en fusillant Armand du regard.
Je soufflais du sang, et par la bouche, et par le nez. Sans compter la douleur immense qui subsistait dans mon bras...
- Tu n'as qu'à demander au peuple, Dame Menders.
Je fus prise d'une quinte de toux, dérangée par le sang dans ma gorge. Du bout de sa bâtarde, elle traça deux longues estafilades profondes sur mes joues. Si je bougeais, ça aurait pu être pire. Mon visage se crispait et encaissait la douleur longue et payante.
- Tu n'es qu'un déchet, Wer. Et toi aussi Armand.
Elle rengaina. Elle s'éloigna.. Je vis Armand qui s'approcha de moi et me chopa par le cou. Les gens regardaient... Les gens regardaient.. Et moi.. Moi, j'allais souffrir. Encore. Devant eux.

[A suivre, ça arrive]


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptySam 23 Mai - 23:21

[hrp] Passage un peu dur pour les âmes sensibles, prenez-le en compte (description de coups physiques) [/hrp]

Humiliation (2)


- Je devrais te tuer... Ôter toute vie de ce corps putride ! Tu ne mérites pas de vivre !!
- Tu es pris dans mon jeu.. Et ça fait que commencer. Tu es bel et bien une ordure, je suis fière de moi.
Il m'envoya une droite, que je reçus de pleins fouet. Elle était d'une force inimaginable... J'entendis en caisse de résonance ma mâchoire craquer, se fissurer, quelques molaires attérirent sur ma langue, ce qui me força à les recracher dans un filet de sang avant que je ne m'étouffe avec. Mon visage partit de côté, ballotant. Tous mes sens s'étaient brouillés, ma vue me sembla disparaître pendant quelques minutes, mon ouïe semblait avoir reçu un coup tout aussi puissant, car je n'entendais presque plus rien. Tout partait.

J'avais juste conscience d'avoir frôlé un coma, ou une inconscience grave. Je ne sais pas ce qui a fait que j'étais encore présente. La douleur était infâme, si je parlais, si j'ouvrais la bouche, j'avais peur que ma mâchoire ne tombe, ou ne réponde plus. Le côté droit de mon visage baignait dans mon sang. Mes yeux ne voyaient presque plus rien. Mon corps entier, suite à ce poing reçu, semblait avoir été déconnecté du désir de réagir. Assommés. Tout avait été assommé. Même le courage de faire mal avec des mots.

- Exact, exact. C'est bête pour ta fille. J'ai plus rien à perdre, rien n'est plus dangereux qu'un homme qui n'a plus rien à perdre.
Mon visage était inerte, restant de côté, le sang filait de ma bouche à gros bouillons. J'avais mal partout. J'entendais, de loin...
“Mais vous frappez une femme? On peut pas laisser faire ça.” “Mais non, c'est un monstre.”
Je sentais quelque chose de froid contre ma tête. Il me tirait les cheveux, et avec une dague, il me les coupait, en m'écorchant en même temps le crâne, car il n'était pas né coiffeur.

C'était fou. Mais je n'avais plus envie de rien. Un grand vide s'était installé. J'étais consciente de ce qu'il faisait. Il voulait me voler une dignité. Sa femme, mes cornes, et lui, mes cheveux. Mes beaux cheveux blancs. Mes yeux se révulsent un instant. Je vois ma mère qui me coupe les pointes, car ils sont trop longs selon elles. J'avais beaucoup pleuré cette nuit là. Et là. J'avais envie de pleurer. Mais non.

A cet instant, rien ne sortait. Mes paupières à demi fermées observaient le dallage, entendaient les gens commenter, ou les autres se détourner de cette scène, par peur d'un mauvais sort. J'étais devenue une bête. J'étais une bête, plaquée contre ces dalles grises, baignant dans son sang impropre et maudit, du sang de sa bouche, de son nez, de son bras. On coupait mes cheveux comme à un mouton on couperait sa laine.

Vous savez? Ces malheurs qui vident le corps physique de ressources. Les pleurs ne viennent pas, alors qu'on aimerait les entendre pour se prouver que l'on souffre. Mais on souffre. Et on observe. Et on se contente de le vivre. Et ils se contentent d'en abuser. Des mèches blanches barraient mon visage, se mélangeaient à mon sang, mais elles ne m'appartenaient déjà plus. Je voyais Nymya tirer sur l'une de mes mèches. Je voyais le visage de Ciddis qui déplaçait une de mes mèches pour la caler derrière l'une de mes oreilles. Je le revoyais tresser mes cheveux autour de mes cornes. Il ne le fera plus avant longtemps. Il ne le fera peut-être plus jamais.

Oui, j'étais dans l'éventualité de mourir. En fait, j'étais proche. Inerte, mon corps ballotant, seuls mes yeux trahissaient une conscience qui vivait indépendamment de la douleur physique. Qui était là, qui commentait les moindres faits et gestes d'Armand à mon égard.

J'étais un monstre, eux, ceux qui regardaient, qui ne faisaient rien, et lui, qui me torturait physiquement, étaient des humains. Des humains de pures souches. Des vrais. Et ils me ressemblaient. Je trouvais qu'ils me ressemblaient. Je les détestais parce que je voyais dans leur comportement le mien. Ils étaient humains, j'étais un monstre. Et c'était à peu près la même chose.

Même en ayant ôté ces cornes grises, et ces cheveux blancs, je restais quelque chose qui ne sera jamais mélangé à leur rang. Même avec une peau beige, des yeux bleus ou verts, des cheveux bruns... Jamais je ne serai l'une des leurs. Jamais ils ne me considéreront comme, car même entre eux ils se détestent. Je suis une privilégiée. Il n'y a pas d'ambiguïtés : je ne suis pas aimée directement. C'est peut-être mieux ainsi. Je sais à quoi m'attendre. Ca n'était pas la première fois que cela m'arrivait.

Il me releva par mon col, mais mes bras et ma tête restaient ballotants. J'eus un petit réflexe de survie. Le sang s'accumulait dans ma gorge et ma langue se pressa alors un peu pour évacuer le liquide, qui, conséquent, coula du coin de mes lèvres, le rejetant avant que je ne m'étouffe dedans. Armand hurlait, mais je l'entendais de loin. C'est ça, souffre.. Regarde moi. Tant que tu n'oublies pas cette image, je serai tranquille.
- Brisé...ma..Vie !!!!
Il me rejeta sur le sol, j'entendis mon dos claquer, retombant dans mon sang. Mes yeux se révulsaient, mon regard était flou. Non, reste, Werëarm.
- Alors, reprit-il... Je vais briser la tienne. Je vais retrouver ta soeur, je la tuerai. Je vais retrouver ton Ciddis, je le tuerai.
Des mots. Soeur, Ciddis... mes paupières battent sporadiquement, j'écoute, il faut que je me concentre sur ses mots, il ne faut pas que je m'éloigne, je risque de ne pas pouvoir revenir.
- Je vais retrouver ton môme, et jamais un enfant n'aura connu un pareil dévouement dans un monastère d'Illmater ! Je serai ton cauchemar, désormais !
Il me chopa. Il me traîna. Il plongea la tête dans l'eau. Il me releva après avoir vu les bulles.

J'étais ailleurs. Détachée. Il me relaissa contre l'herbe.
- Moi qui n'ai voulu que ton bonheur.. Tu as réussi. Tu as détruit tout ce qui restait de bon en moi !
Armand, tu étais l'un des premiers à dire que j'accusais les autres pour me soulager. Là, tu fais pareil. Je n'ai rien fait, tu as fait tes choix tout seul, comme un grand. Moi, j'ai juste remué le bon petit plat sous ton nez, comme je sais si bien le faire. Et, vu que tu avais faim, tu as succombé, car tu es faible. Faible... Oui, moi aussi je le suis. Mais d'une terrible autre manière.

- Ta vie ! Est finie... Tu n'es plus rien qu'un sac à foutre parmi tant d'autres. Tout le monde te détestera. Tu as voulu me briser, Wer... Briser le seul côté bon en toi également. La seule chose qui te différenciait d'une traînée. Félicitation. Quel succès... Recroise ma route..
Il dégaina son épée.
- Voilà de quoi t'en souvenir.
Il crâma une partie de ma joue à l'acide. Mon visage se crispa de douleur, alors qu'un hurlement sortit à peine de ma gorge sanglante et de ma bouche qui ne répondait plus de rien. Il refit tomber ma tête sur le sol, et me cracha dessus.
- Recroise ma route, et je te tuerai.

Mon corps entier était envahi par la douleur, tant que je cherchais à ressentir le chatouillement que pouvait provoquer l'herbe contre ma joue. Mais la brûlure à l'acide, et les plaies avaient le dessus. Je ne sentais plus l'herbe. Et pourtant je la voyais. Là, oui... Je sentais que j'allais pleurer.

[A suivre aussi, ça arrive, désolé pour les fautes, et présentation à compléter.]


Dernière édition par Oruuube le Dim 24 Mai - 1:04, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptyDim 24 Mai - 0:34

Humiliation (3)


Peu à peu je prenais conscience d'une présence à côté de moi. Un homme. Tristan. Mais c'est un peu flou. Je crois qu'il me soigne, qu'il nettoie mon visage. Je n'ai pas bougé de l'herbe. Mes paupières battent plusieurs fois rapidement, alors que mes yeux s'humidifient. Mais je ne pouvais même pas pleurer normalement, j'étais gênée par le sang. “Tu vas t'en sortir..” J'ai cru avoir entendu. C'est horrible, comme phrase. On ne sait pas si on espère cela, ou son contraire. Ma cage thoracique se soulevait à cause des sanglots silencieux. Je ne voyais pas ce qu'il se passait autour de moi.

J'avais mon image en tête. Je m'imaginais allongée, baignant dans mon sang, une mâchoire brisée, une joue brûlée à l'acide, l'autre avec des estafilades pleines de sang, mon avant bras ouvert, mes cornes coupées, mon dos douloureux, mes tibias douloureux, et mes cheveux rasés. Je ne me voyais pas en position de victime, mais juste en position d'être qui pouvait faire pitié. On a déjà eu pitié des gens les plus horribles qui aient existé. Mais la pitié est immonde. Je n'avais pas pitié de moi. J'avais... Non, pas honte, ni peur. Je ne sais comment le dire. Je souffrais pour moi. Je souffrais pour celui qui me soignait, et qui devait savoir que je pouvais être.. ou que j'étais un monstre immonde pour lui ou pour les autres. Et là.. Là je n'étais qu'un corps qui avait été abîmé, maltraité, par d'autres. Je n'étais pas un monstre ou innocente. J'étais.

Et j'avais mal. Mal à cause du regret, simple et pur. De l'attachement à une image. Mes cornes, mes cheveux, ma peau. Je me forçais à me faire rentrer dans le crâne que ça n'était rien. Mais j'étais blessée au fond de moi. J'avais envie de hurler, d'aller couper les oreilles et le nez de cette Elis, d'aller attacher Armand sur un bûcher. Réaction primaire, et pourtant, propre à chacun de nous. Qui soulage... Qui soulage.

Je crois que Tristan ne dit rien, je l'espère, car je n'entends plus. Il me soigne, mais je ne réagis pas. Puis finalement j'ai cru entendre une autre phrase.
“Pourquoi t'es tu encore mise dans pareille situation..” Oh, j'aurais eu envie d'argumenter, mais je ne pouvais pas. Une autre voix. Une incantation. Ruffin? Ca pique. Une autre voix. Ils parlent. On me traîne. Ballotée. Mes yeux se ferment, s'ouvrent. On avance, je ne sais plus. On me traîne. On me pose sur une chaise, mais je tombe. Mon corps ne répond plus, je suis contre le dallage. Ca ne dure pas longtemps. Capitaine, je crois avoir entendu... Je suis retraînée. Je crois qu'on m'a craché dessus. Je suis triste. Triste, vraiment. Hôpital, j'entends. Mais finalement, je n'allais pas atterrir à l'hôpital. C'est une chambre. Une chambre. Je suis sur un lit.

Ils parlent, Tristan et Ruffin. Moi je regarde ce que mes yeux me montrent. Je choppe une bribe de conversation :
- Tu as suivi l'histoire?
- De très très très très très loin, répondit Tristan en retirant sa capuche. Le couple Mender lui reprochait quelque chose.. Il était question d'enlèvement de Senden.. Pourtant je l'ai vu et il semblait bien se porter. Je n'ai pas compris. Mais Armand était perdu, je l'ai rarement vu comme ça.

“Enlèvement?!” me fit un électrochoc. J'écarquillais les yeux, je me crispais, je tentais de tomber du lit. Quoi?! Enlever son gosse ! Mais non, je n'ai rien fait, enfin pas ça ! Ne me condamnez pas pour ça, je vais vous le dire moi ! Et toi, salaud, pensais-je en envoyant des coups à Tristan alors qu'il m'avait rattrapé, ne crois pas ça ! Je vais te le dire moi !
Mes coups étaient faiblards, mais je me devais de frapper. Mon corps, malgré une douleur insupportable voulait faire mal, agir. On veut m'endormir, on me demande d'arrêter, on me maîtrise non sans mal. Non, elle va se calmer on dit. Arrête, on dit. Je n'y suis pour rien, on dit. Et moi je pense. Car je ne peux faire que cela. Mes yeux se mettent à briller, je ferme les paupières, je le lâche, je replie un bras sur mon visage.. Je pleurais. Je pleurais sans ouvrir la bouche, car c'était trop douloureux. Des gémissements en sortaient, plaintifs, naissant d'une douleur et d'un désespoir dérangeant.

On me pose des questions mais je ne veux pas les comprendre. On me dit où je suis, mais je le sais. Je sanglotais. Je sanglotais, sans rien faire d'autre. Ni regarder, ni écouter. Rien.
Il observe ma mâchoire.
- D'accord... Ruffin, est-ce que tu as encore des entrées à l'hôpital?
- Bien sûr mais de ce que j'ai vu.. La populace risquait de l'écharper. J'ai pensé que c'était plus sûr ici.
- Oui, seulement je n'ai pas le matériel nécessaire. Elle a la mâchoire cassée, il lui faudra une minerve pour maintenir cela en place.
- Je peux te faire un mot pour le guérisseur en chef... On est toujours en termes polis.
- Je te laisserai t'occuper de cela, je pense que ça vaut mieux, dit-il en examinant ma joue.
- Je lui fais une liste.. Voire même.. je lui demande de venir?
- Pour sa joue ce n'est pas grave mais ça sera disgracieux. Des soins magiques seront nécessaires pour lui permettre de régénérer tout cela. Pareil pour les dents et les cornes.. Bien que les cornes repousseront peut-être, ça, elle doit le savoir mieux que moi.
- Bon, je vais voir à l'hôpital. Tu restes avec elle ou je fais le nécessaire pour qu'elle soit tranquille?
- Je ne vais pas pouvoir faire grand chose de plus, elle doit de toutes façons se remettre de tout cela.
- Tu n'as qu'à demander à Espéranza pour ce dont tu as besoin.
- D'accord. Je serai là à ton retour.

Je restais immobile, regardant devant moi, mes yeux à peine ouverts. Je l'entendais préparer quelque chose, et je sentais qu'il me surveillait de temps en temps.
Il rompit le silence.

- Alors, c'est vrai qu'Elis a des cornes aussi? Dit-il, amusé à l'idée.
Non seulement elle en avait grâce à ce clébard d'Armand, mais elle avait récupéré les miennes en plus...
- C'était quand même risqué de s'attaquer à lui alors qu'elle était toujours sa femme, reprit-il en secouant la tête. C'est une tête brûlée aussi. En tous cas, j'ai vu Selden et il semblait bien se porter. Ce que disait Armand n'était donc pas fondé.
Ma tête tombe de côté pour regarder Tristan. Mais bien sûr que non, ça n'était pas fondé. Il a pété un boulon, à cause de moi peut-être, mais il a dit des choses fausses. Mes lèvres s'entrouvrent, j'avais beaucoup de choses à dire, mais mon regard lui, en disait long sur les capacités physiques que je pouvais fournir.

[A suivre]


Dernière édition par Oruuube le Dim 24 Mai - 10:20, édité 1 fois
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Humiliation (4)


C'était mon seul compagnon à cet instant. J'avais envie qu'il me croit et qu'il m'écoute, mais je ne pouvais pas parler. Je lui criais intérieurement tout ce que je pensais, je lui expliquais en détails la situation. Je voulais qu'il me comprenne. Je voulais qu'il voit, qu'il juge..autrement. Je savais que j'étais à blâmer dans l'histoire. Je savais que je ne devais pas être prise en pitié.. Il ne remarqua pas tout de suite mes efforts. Il continuait à parler :
- Ce que je déplore c'est qu'encore une fois Armand n'assume pas sa part de responsabilité.
Il semblait un peu dépité.

Mais lui il a des poings, il a une femme qui l'aime, et qui a agit comme ça par jalousie provoquée. Moi j'ai que mes paroles acides, que mes plans tordus. Tristan, écoute-moi, regarde-moi. Je ne te connais pas, ou si peu. Je me rappelle t'avoir haït lorsque tu étais venu au discours sur Eowynn. Mais je ne te connais pas. Je ne te demande pas de pitié, je te demande juste de me regarder, de me mentir ou de me laisser. Tu te rends compte? Tu ne m'aimes pas non plus, et pourtant tu te retrouves à t'occuper de moi, à t'occuper de ce déchet qui grâce à toi pourra continuer de semer ses saloperies et de pourrir la vie d'inconnus ou de connus. J'ai envie de ne pas pleurer, car je sais que les larmes ça attire les bons sentiments. J'ai envie de te montrer toute l'ordure que je suis, afin que tu ne participes pas à la destruction d'innocents.

Mais j'ai tout aussi envie que tu te dises que je suis quelqu'un qui peut avoir mal comme elle peut être heureuse quand elle le veut. Regarde dans quel état je suis, t'es en première loge. J'aimerais te dire beaucoup de choses.
J'avais envie de pleurer, d'hurler, mais je ne pouvais rien faire. Qu'est-ce que la vie était difficile, sans sons. Nous n'avons pas appris à nous en passer assez. Moi, reine dans ce jeu là, j'étais dépourvue de tout.

Tu as déjà eu aussi peur? Mais oui suis-je bête, comme tout le monde. Je n'ai rien d'unique. Parles moi, encore, s'il te plait. Je ne peux pas parler, je ne peux plus parler... Dis moi des choses je t'en prie. N'importe quoi. J'avais besoin des sons qu'on m'avait volé, j'avais envie d'entendre autre chose que ces gémissements douloureux qui sortaient de ma gorge, alors qu'ils étaient mots à leur création. J'avais envie d'entendre autre chose que le craquement distinct de ma mâchoire quand j'essayais d'ouvrir la bouche.

J'avais envie de te parler à toi pour un monde entier, car à ce moment là c'était toi qui était en face de moi. On sous-estime beaucoup l'importance d'un inconnu qui est à tel endroit à tel moment. Ca aurait pu être quelqu'un d'autre, ç'aurait été pareil. Mais là c'est toi qui me regarde dans cet état pitoyable et monstrueux. J'ai envie de te dire que ce monde me fait du mal, que ces gens me font souffrir. Je préfère faire du mal avant eux, comme ça, je me dis que c'est mérité, que ça n'est pas gratuit. Quelle doit être la réaction de ces êtres qui ont aussi des cornes et qui se vouent au bien? Et qui pourtant, sont jugés au même degré que moi? Ne trouves-tu pas cela injuste, Tristan? Ne trouves-tu pas cela dégueulasse? Est-ce dans ces moments là que les Dieux punissent ensembles tout le monde, car ils sont certains alors d'avoir dans leur filet ceux qui le méritent, et tant pis pour les autres, pas de chance? Me comprends-tu..?!

Non ! Tu ne comprends même pas le dixième de ce que j'essaie de te dire. Tu vois juste que je souffre, parce que j'ai la joue brûlée, ouverte, les cheveux coupés, les cornes également. Regarde ce que je suis ! Ce que j'étais il y a quelques heures? Tout peut changer, et j'en souffre, et j'en pleure. Je ne suis certaine de rien. Pas même qu'ils m'aient volés des biens à moi.

Tu sais ce qu'il m'a dit Armand? Qu'il m'aimait. Qu'il n'a jamais autant aimé depuis sa femme. Ce que j'aimerais laisser les gens indifférents à mon égard. Pas d'attention. Pas de haine, pas d'amour. L'indifférence suprême... J'aimerais. J'en ai assez de l'attention bonne ou mauvaise des gens. Je veux être seule. Lorsque l'on haït, lorsque l'on aime, on est attaché à quelqu'un. L'indifférence... C'est la liberté d'être. Je veux..être.. Je veux exister.

AUTREMENT que par des cornes ou un teint gris ! Autrement que par des actes immondes ou agréables ! Si. J'ai si mal.

Je savais bien que c'était ce que je voulais, la réaction d'Armand et de sa femme. Cela me prouvait que j'avais réussi, et il fallait que j'assume les conséquences, comme j'avais toujours fait. Ca n'était pas la première fois que je me faisais bastonner. Mais c'était différent à chaque fois. Différent dans la douleur, dans le ressenti, dans les endroits amochés. Et les plus amochés n'étaient sûrement pas sur le physique, mais bien le psychique. Les coups, je les ressentais dans ma tête, je les ressentais sur mes idéaux, sur mes joies et mes peines, sur mes valeurs primaires. J'avais mal à chaque fois qu'ils me cognaient, et pourtant ça me donnait raison, ça me glorifiait. J'étais frappée car ils avaient été blessés, car ils souffraient déjà. Et de savoir ça apaisait ma douleur physique et mentale. Ca me donnait envie de vivre, pour continuer, pour me venger et aggraver leur cas. Ils souffraient psychologiquement, eux. J'étais heureuse de le savoir, de le comprendre et de le ressentir à travers leurs coups haineux et désespérés. Quel poids avait un poing sur un visage, comparé à mon plaisir de les savoir torturés, de me savoir gagnante.

Tu entends Tristan, comme je suis horrible?
Non il n'entend pas. Il voit. “Shht, garde tes forces..” Sa main passe sur mon crâne rasé et blessé. Mes lèvres tremblent et se pincent, amorçant un début de chagrin physique. J'ai vu qu'il me regardait un moment, et il baissa les yeux ensuite. Oh, non.. Je t'en supplie, Tristan, n'ait pas pitié de moi. Il se reprit.
- Je vais te donner ceci à boire.. C'est....Ca va nettoyer un peu le sang que tu as avalé et le jus des herbes va t'aider à supporter la douleur. Cela va un peu t'endormir aussi..D'accord...?

On entend, ça frappe. On ouvre, des pas, la porte de la chambre s'ouvre.
- Tristan?
..Je reconnaissais la voix, c'était celle d'Armand. Mon corps se crispa entièrement. Mes yeux étaient grands ouverts alors que mon seul bras valide se colla contre moi.
- Ce n'est pas le moment, que veux-tu?
- Te parler. Comme on parlait y'a des années.
Il regarda Armand un moment. Moi je ne le voyais pas.
- D'accord. Laisse moi 5 minutes.

Armand sortit. Tristan se leva aussi. J'eus peur. Il allait partir, me laisser? J'avais envie de pleurer, de me hisser à la fenêtre et de sauter. Je n'avais pas peur d'Armand. C'était mon corps qui avait peur de souffrir encore. Moi, je savais que je me vengerai encore plus à mon tour. Mais Tristan n'allait pas partir, il allait fermer la porte, pour revenir. Il me murmura.
- Calme toi, il ne te fera plus rien.
Je regardais le plafond, à l'affût. Il passa sa main sur mon front, et me rappela qu'il n'y avait plus de mèches à ôter, plus de mèches qui pourraient cacher mes yeux, qui pourraient être coiffés, qui habilleraient mon visage. Il me les avait volé. Son geste m'avait rappelé tout ceci. Mes cornes coupées. Humiliée, c'est ce qu'ils voulaient. Je me refusais à croire qu'ils avaient réussis.

Tristan m'expliqua qu'il allait me donner la mixture à boire. Mes yeux glissaient du plafond jusqu'à la tasse, inquiets.
- Le gros vilain Armand restera dehors... Loin de toi. Tu es à l'abris dans la maison de Ruffin.
J'étais consciente qu'il n'aurait jamais dit cela par le passé, de toutes manières, il ne m'aimait pas. Il suffit d'avoir une joue brûlée et de souffrir, pour gagner l'amitié...non..la sympathie de quelqu'un. Et là, j'avais l'air d'une petite vieille souffrante atteinte de la gaga attitude.
- J'attendrais le retour de Ruffin avant de partir. Comme ça tu auras toujours quelqu'un qui veillera sur toi. Je vais te redresser un peu. Il te suffira d'entrouvrir légèrement les lèvres et je ferai le reste, d'accord?
Je peinais à avaler ma salive, la mâchoire m'empêchant de faire énormément de choses. Je respirais par le nez. Il me demanda mon accord, qu'il obtint d'un geste miséreux de tête. Il me redressa et me cala contre lui, droite, la tête posée contre son épaule. J'étais honteuse d'être dans cette situation. J'étais parfois prise d'un haut le coeur, la mixture faisant glisser le goût du sang qui avait envahi mon être et ma bouche. La douleur et le malaise prenant le dessus sur les bienfaits de la tisane, je devais parfois tourner le visage pour respirer et maudire ma situation.

Je restais inerte contre lui, mes lèvres bougeant un instant imperceptiblement, sûrement pour réprimer une envie de pleurer qui était trop douloureuse pour être acceptée. Il dit qu'il va demander de trouver un prêtre qui acceptera de me soigner.. Mais personne..Aucun prêtre le fera. Je le savais.
Il finit par déposer la tasse et m'allongea de nouveau. Il a dit qu'il allait demander à ce qu'on m'apporte une ardoise avec de quoi écrire. J'eus une petite pensée pour la muette que j'avais rembarré, il y a de ça quelques mois. Il passa sa main sur mon front de nouveau.

- Tu survivras, dit-il dans un bref petit sourire.
Sourire que je fuyais en détournant mon regard. Quand il ouvrit la porte pour sortir, j'ai pu entendre quelques bribes de conversations. Armand disait :

- Elle et son chevalier qui l'a totalement embobiné !
- Et pourquoi d'après toi? Demanda Ruffin.
- Je ne veux pas le savoir.

De sombres pensées filèrent avec plus de force dans ma tête, alors que la douleur physique s'atténuait à peine grâce à la mixture...

[A Suivre, mais demain *fatiguée*]
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptyJeu 4 Juin - 0:04

Absence


Oh oui, des pensées sombres. Je me visualisais me venger sur ses gosses, là. Je crois même que je vais vraiment le faire, je trouverai une idée merveilleuse à ce sujet.

L'avantage, dans la douleur psychologique, c'est qu'il n'y a pas de traces visibles directement. Quand quelqu'un me frappe, ça lui fait la même chose, le même bien que quand je balance une phrase vexante gratuitement. Et là, la trace n'est pas directement faite par nous, tel qu'un bleu lorsqu'on frappe quelqu'un. Non non, elle est déclenchée par nous, mais créée par le sujet blessé, qui s'auto-mutile au final. J'ai toujours considéré que la torture mentale était plus forte que la simple torture physique. Quand on est frappé, ça nous fait mal intérieurement aussi. Mais je ne sais pas, c'est différent. Détruire une vie petit à petit, sans laisser forcément d'indices, entraîner la personne à se détruire physiquement tout seul grâce à nos mots... C'est si plaisant.

Se rendait-il compte de ce qu'il m'avait fait, physiquement? Les guerriers sont du genre à voir le sang, régulièrement. Comme moi j'avais l'habitude de blesser par les mots.
Il avait couché avec d'autres, mais moi, j'avais des cornes. Et j'ai tout pris. Parce que c'était comme ça. Nous étions nés pour souffrir, pour être martyrisés. Je le savais. J'avais déjà été battue, je savais comment ça se passait. Les gens se liguent alors. Vous vous rendez-compte? Nous soudons les gens... Ou le contraire, dans certains cas. C'est à moi de faire pencher une majorité contre celui qui m'a fait du mal. Le bénéfice du jeu des masques.

Oh, mais j'en souffrais. J'en souffrais parce qu'il fallait que j'en souffre. Même si j'étais faite pour ça, même si je l'acceptais. Je ne souffrais pas vraiment psychiquement à cause des coups. Je me faisais mal moi-même. J'enviais ceux qui n'avaient pas mon esprit démesurément tordu. J'enviais les autres, tous, excepté moi. Même si je m'aimais, même si je me haïssais et même si j'enviais pire que moi.

Je savais que j'étais née avec des cornes, et que les autres feraient tout pour me les couper, ou les détruire. Je savais que j'étais faite pour être détestée, ou désirée à en mourir, mais c'était la même chose. Il n'y avait pas de base, pas de normalité. Et c'était difficile à vivre. Je l'ai toujours assumé, même en m'appitoyant sur moi-même. Je me suis toujours sauvée en faisant du mal aux autres, parce qu'au fond de moi, indubitablement.. J'aime ça.

Je sais que c'est horrible de se dire ça, de se l'avouer. Je sais au fond de moi que je ne changerai jamais car je ne le veux pas, car j'aime cette situation indépendament de moi. En fait, ça n'est pas mon sang de démon, ou mes cornes, qui me rendent méchante. Mais c'est moi. Une partie, ou un ensemble. Mais c'est moi. Alors on met tout sur le dos de mes descendants. Parce que c'est plus simple, parce que ça semble tout rendre facile et véridique. Mais c'est peut-être autre chose.

Que faire, face à ça? Mais rien. Le goût du sang ne m'a jamais jamais arrêté. Les os cassés, les dents cassés, les chaires ouvertes.. ne m'ont jamais arrêté. C'était comme ça. Ca faisait partie de ma vie, ça ne devait pas me faire mourir, mais me faire respirer. J'ai raison, ce sont les preuves que j'ai raison, que je réussis dans ce que je veux réussir. Que demander de plus.

C'est étrange de voir une personne ivre de colère qui se défoule sur vous. Il ne semble plus être lui-même, enfin, c'est ce qu'il aimerait se faire croire après coup. Il est juste différent, il se montre juste différement, mais c'est lui. Parce qu'il a fait un choix. Le choix de se laisser aller à la colère, et de frapper, d'ouvrir, de meurtrir. Et moi j'ai fait le choix d'accepter tout ceci car ils me donnent raison, même si c'est douloureux.

Bien sûr que d'autres comportements me donnent raison, je le sais. En fonction des réactions on observe le caractère des gens, et le degré de la blessure. C'est étrange. Mais je décortique toujours tout cela à mes “victimes”. Tiens, il hausse la voix. Tiens lui, il a failli me frapper. Tiens, l'autre pleure. Tiens l'autre va se suicider. Je ne dis pas que j'attends à chaque fois d'être bastonnée, je dis juste que cela fait partie des réactions possibles d'une personne meurtrie, et que je suis préparée à les reçevoir, vu que je les déclenche. Je regarde les limites.

Armand a frappé comme moi j'ai tout balancé quant à notre relation basée sur de l'opportunité. Par soulagement. Je pourrais partir de tout cela, je pourrais tout éviter, mais je ne le fais pas. J'ai demandé à ce que l'on me force, mais on ne l'a pas fait. Et quand bien même on aurait essayé, je me serais sans doute débattue. Que faire? Que faire...? He bien continuer ce cycle, la destruction gratuite, la souffrance psychologique, que je distribue sans m'oublier. Mes intérêts.

Je préfère mourir en sachant que je fais du mal, plutôt que de vivre sans rien faire. En fait, c'est un besoin. Un besoin de voir machin souffrir à cause de son pauvre petit coeur parce que je l'ai embrassé une fois. Je ne peux pas m'en passer. Je n'ai pas essayé. J'ai l'impression que je vis, que j'ai un impact à travers les autres. Que je peux agir sur autruis, et ça me prouve que j'existe.

Ma dignité n'a pas été écorchée par le coupage de mes cornes et de mes cheveux. J'étais rasée, je n'avais plus de cornes, certes. Je refusais d'aller me regarder dans la glace, mais je ne sais pas pourquoi. C'était douloureux de savoir que l'on s'était fait voler quelque chose. Je ne sais pas comment dire. En fait, c'était un symbole, ils le savaient et moi aussi. J'étais pertinement consciente que quand je me ferais choper par quelqu'un qui ne m'aimerait pas et chercherait des représailles.. Ca serait à mes cornes qu'ils s'en prendraient. Et les cheveux, aussi, oui, c'est lourd de sens.

Je ne suis pas la première tieffeline à subir cela, et certainement pas la dernière. Enfin, la différence c'est que je me fous totalement des autres. En fait, ils se sont fait du bien en me coupant tout ceci, en me martyrisant physiquement. Mais ce qu'ils faisaient apporterait aussi la pitié et la compassion à d'autres. J'étais presque gagnante. Et quand j'agirais, je prendrais ça en argument. Peut-être que ça n'apaisera pas ma peine, même, j'en doute, mais par contre les esprits, si. Vous comprenez? Il faut dire que l'on souffre quand on fait du mal. Et quand on a un jeu d'acteur conséquent, ça passe même discrètement dans l'inconscient des gens, et ils prient pour nous, pauvres pêcheurs. Faire rentrer le doute, ou la possibilité que ça soit différent, ou qu'ils se soient trompés. C'est bon, ça.

Mais là, mon corps était amorphe. En fait, il n'avait plus vraiment envie de grand chose pour le moment. Moi je me contentais d'attendre. D'attendre quelque chose, qui allait se passer en moi. D'attendre qu'une partie de moi me dise de se bouger. Alors je vois les gens défiler. Ces gens qui ont des phrases complètement à côté de la plaque. Des fois j'ai envie de leur dire, mais vous êtes cons. Des fois j'ai envie de leur faire ravaler leurs dents, ou de leur faire ouvrir les yeux. Mais je ne dis rien, c'est fatiguant. En fait, c'est irritant quand ils croient avoir raison, parfois.

Comme quoi on aime tous un peu au fond de nous, la justice.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 8 EmptyDim 14 Juin - 19:29

R=U

"Je me redresse après quelques heures, et je viens me placer contre la fenêtre.
J'observe ces gens qui passent, qui vivent.
On envie, on déteste."


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J'étais consciente de les entendre brailler sans arrêts dans ma tête. De les écouter. De leur parler. En fait, sans elles, j'étais perdue. Je savais que j'étais folle. On me l'a répété trop de fois, moi la première. Et pourtant, je ne le suis pas, c'est moi qui suis normale, et eux différents.

J'étais consciente, d'observer les murs, et de les rayer avec cette dague, parce qu'ils étaient trop beaux. De rester parfois des heures en fixant le parquet, en fixant cette petite rainure sombre. En imaginant des araignées en sortir, ou un monstre. J'avais parfois l'impression que je donnais vie à ce que j'imaginais. Que des yeux m'observaient, parce que je projetais les miens. J'avais conscience de me balancer parfois car j'avais peur de finir figée si je restais immobile. D'être consciente, de tout ça... Est-ce que ça me rend saine d'esprit, ou folle à lier?

Un fou est sensé ne plus vraiment savoir ce qu'il fait, or, moi, je sais. Enfin, si ce n'est moi, c'est une partie. Un fou c'est quelqu'un de différent. Je suis différente.. Trop... Je ne sais pas. Est-ce que c'est parce que je ne vais pas vivre comme la paysanne du coin, ou la noble du coin, que je suis malade mentale? Réponds-moi, Wer.

Tu ne sais pas. Non, je sais. Mais tu le sais aussi. Alors à quoi bon... Tu reprends cette dose de drogue. Tu perds connaissance plusieurs jours. Tu te réveilles, tu te refous dans un coin de la pièce car elle est trop grande. Tu es l'artiste, et tu changes le monde qui t'entoure, le regard, le toucher. Tout. Selon ta place, tes attitudes.. Tout change, ma petite Wer. Tiens regarde, "Artiste". Ce mot. Remplace le R par un U....

Je me redresse après quelques heures, et je viens me placer contre la fenêtre. J'observe ces gens qui passent, qui vivent. On envie, on déteste. On revoit des gens qu'on n'avait pas vu depuis des années, et on s'en souvient, comme l'ancien Législateur. Et on les observe. Et on les côtoie. Comme si le laps de temps écoulé entre n'avait jamais existé. Et on ressort de sa chambre, en endossant masques et costumes. On sourit. On souffre. On tente d'oublier, pour mieux se souvenir.

Dehors, tout m'agresse. La vie niaise des gens. Je préfère cette chambre, ce coin de pièce, ces dagues posées près de l'entrée, au cas où. La paranoïa. C'est se mentir à soit même pour mieux vivre et se défendre. Quand est-ce que je vais vraiment péter un boulon. Quand est-ce qu'un beau jour je vais me ruer sur la place, et tuer, détruire. J'ai beau me dire que c'est bientôt, mes moi ne m'ont jamais insufflé cet ordre, pour je ne sais quelle raison.

Alors j'attends. Parfois je sais que c'est une partie de moi, parfois l'autre. J'ai toujours mal au ventre, et mal à la tête, mais rien ne me soignera jamais je le sais. La magie, les êtres, parfois, ne peuvent rien. J'endosse la niaiserie et le rire, et j'étouffe parce que j'ai trop serré le masque contre mon visage. Je me chante des contines ou autres car je n'ai plus de public, à part mes différentes personnalités. Personne qui ne réclamerait un chant ou un poème. Ils sont témoins de ma vie, et étant donné qu'elle est ma pièce toute entière, ils s'en contentent... En croyant interagir dessus.

Alors que c'est moi qui mène tout, qui autorise ou refuse. Qui cache, ou qui montre.

J'ai repris mes aiguilles et le tissus. Mais mes mains tremblent à cause des doses que je prends. J'ai conscience d'avoir maigri de nouveau. Parfois je ne me souviens pas des jours qui précèdent. Je ne sais pas si je suis déjà allée contre la fenêtre, si j'ai déjà donné un coup sur ce parquet. Mes yeux parcourent la pièce en tentant de chercher des indices. Mais rien ne me saute aux yeux, rien ne change, à part moi.

Je me plais à me dire que je suis loin de tout ceci, que je ne suis jamais venue sur ces terres pour elle. Que je suis dans mon salon, que ma soeur est assise à côté de la cheminée et sourit en regardant un parchemin. Et moi je me lèverais, j'irais à côté d'elle et je lui dirais que je suis bien, parce que je le serais vraiment. Je m'appuierais contre le balcon et je regarderai le jardin, ses fontaines, les arbres... Je repenserai à l'ancien manoir qui fut détruit par des hommes ayant appris que des descendantes de démon y vivaient. Mes sourcils se fronceraient un peu, et je resterai là toute la nuit à guetter, parce que j'aurais eu peur que ça ne recommence.

J'aurais un peu froid. Ma mère ne viendrait pas poser une couverture sur mes épaules en embrassant ma tempe, parce qu'elle serait à Luskan. Je ne saurais pas qu'elle y a été exécutée. Je rirais parce que je sentirais le vent sur ma peau et que je profiterai de la nuit, de ses bruits. Je me mettrais à fredonner, les sons provenant de la forêt voisine servant d'orchestre à ma voix.

Mais je n'aurais jamais connu Sethaïnal, Ciddis, Annika, Ssorcha, Ssher, Diyren, Suzie, Mystik, Gwennan, Garfaux, ils, elles, eux. J'aurais peut-être connu d'autres gens, fantastiques, qui auraient peut-être fait de moi quelqu'un de tout à fait différente qu'une âme torturée et instable. Mais ça n'aurait pas été Moi. Je crois que l'on a tous regretté un jour d'avoir existé de cette manière là et pas d'une autre. J'aurais aimé poser mes mains sur ce balcon, mais j'aurais détesté ne pas avoir regardé ses dessins. J'aurais aimé voir ma soeur lire ce parchemin près de la cheminée, mais je n'aurais jamais rit avec elle. J'aurais détesté voir ces gens débarquer et détruire notre maison, comme j'ai détesté les voir un à un mourir ou disparaître. Qu'est-ce qui aurait valu telle ou telle chose?

Aucune. Ca aurait été différent. Et c'est avec mon art, que j'aime remédier à ce qui normalement ne pourrait jamais changer. J'aime faire croire que je ris alors que je les maudis. J'aime leur crâcher au visage en leur offrant un regard doux. J'aime tout et son contraire. Je hais tout et son contraire. Et je me complais.

Quand l'on dit que rien ne nous atteint, c'est forcément faux. Ca a une répercussion que l'on admet, ou non. Que l'on change, ou non. Mon but est de ne jamais faire ce qu'ils croient que je pense. Ou quelque chose dans le genre. Mon but c'est de respirer ces poudres, de potasser des choses infâmes, et de mentir. Mon but c'est de ne jamais exister comme j'aurais cru pouvoir exister un jour. Mon but ça n'est pas d'oublier. Mon but c'est celui que les gens n'ont pas... Et que j'espère qu'ils n'auront jamais. Un jour, je disparaîtrais. On ne se souviendra pas de moi, ou si peu.

Avec un peu de chance quelqu'un demandera à faire une cérémonie, mais n'y assistera même pas. De toutes manières, les gens qui y seront ne penseront pas à moi, mais à ce que je leur ai montré. De toutes façons, aucun prêtre n'acceptera d'officier pour moi. Je suis une existence déchue. Je suis une fille de démon avant d'être la fille d'un humain. Parce qu'il y a un ordre dans les choses, que les gens ne veulent pas chambouler.

Ils ne sont la proie que d'illusions que je leur ai donné. Des masques, des costumes, du maquillage. Un jour ils m'oublieront. Et j'aurais beau faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que quelqu'un pense un jour à moi en tant qu'être, ils ne le feront jamais assez à mon goût. Je m'efforce à penser à ceux que j'ai connu et à ceux que j'ai croisé. A ceux que j'ai maudit et à ceux que j'ai aimé. Si les gens voulaient vraiment penser à moi, ils n'auraient qu'à s'asseoir dans une chambre, sur une dalle ou qu'importe, et à ne rien faire à part penser aux autres, en mal ou en bien, et écouter leur voix qui parlerait pour eux. Ils entendraient un son qu'ils n'auraient jamais entendu, et peut-être finiraient-ils comme moi.. Charmée par ces voix qui parlent de tout et de rien, et qui peu à peu, plongent le corps et la conscience dans un immobilisme qui permet leur foisonnement. Ils ne sauraient pas qui ils seraient, tout en étant persuadé de le savoir.

Parfois je fais des choses en espérant que quelqu'un un jour le fera pour moi. Parfois je ne fais pas les choses en espérant que quelqu'un un jour le fera pour moi. Parfois je ne fais pas les choses en espérant que quelqu'un un jour ne le fera jamais pour moi.

Ma vie, mon existence, c'est l'accumulation des choses que je ne suis pas. J'ai distribué trop de pièces de puzzle, certaines sont perdues, d'autre oubliées. Et moi je ne suis que ce résultat là. Ceci..Cela..

A quelques choses près.
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