Le Val de Bise - Module NWN
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Le Val de Bise - Module NWN

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 [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess

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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyDim 25 Jan - 14:20

Tristesse

Cette vague de colère avait enclenché une vague de grande tristesse, d'abattement profond. Et encore, au centre de mes pensées... Maman.
Je n'ai jamais su ce qu'elle avait pensé, sur quels sentiments elle était partie. Avait-elle enfin été heureuse de quitter ce monde? Ou avait-elle finalement regretté d'avoir agi et pensé de cette sorte, si proche d'une fin?

Voit-on les choses différemment, lorsque l'on va mourir? Ou sommes nous justes soulagés de pouvoir les accepter, et de se les avouer, enfin? Je pourrais enfin crier ce que je pensais, ce que je rêvais, ce que j'espérais, car je serai certaine d'en avoir terminé. Car je serai certaine que je n'aurais plus à les assumer dans une vie. Je les assumerai dans une mort, et peut-être alors que je regretterai, ou le contraire.

C'est peut-être pour cela que ma mère voulait mourir. Pour enfin pouvoir accepter ce qu'elle avait à cacher depuis son retour. Je ne remets pas en question ce qu'elle ressentait, mais juste qu'elle avait besoin de disparaitre pour que tout prenne un sens. C'est sûrement ça pour tout le monde... Enfin.. Je ne sais. C'est sûrement ça pour notre famille.

Je suis torturée, certes, et pourtant au fond de moi je sais pourquoi. Je ne l'admets pas, je ne me le dirai à moi-même qu'au moment voulu. J'ai déjà fait plusieurs fois le scénario de ma mort, mais je sais que je ne mourrais pas comme je l'aurais souhaité. Serais-je à ce point si lâche, pour espérer pouvoir parler à découvert à des gens, juste parce que je saurais que je ne serai plus là pour porter le poids de mes paroles? Je leur lèguerai mes tortures ou mon bonheur. Mais pas à n'importe qui...

Qui ne s'est jamais préparé à mourir. Qui n'a jamais eu les larmes aux yeux en pensant que l'on pouvait disparaitre demain, sans avoir pu communiquer tout son amour ou sa haine à ceux que l'on a côtoyé. Qui n'a jamais eu les larmes aux yeux en pensant que la mort nous volait littéralement quelque chose. Les gens qui la programment ne sont peut-être pas si débiles que ça. Ils la préparent, ils ont le temps de laisser une trace, d'expliquer pourquoi, et de partir. Et pour moi, comment ça sera?

Non je ne veux pas me suicider. Non, je n'irai pas en maillot de bain à Padhiver pour mourir. Je me prépare simplement, à pouvoir penser à tout ce que j'espérais pouvoir penser dans une vie.. Je n'admettrais jamais certaines choses tant que je saurais que je pourrais respirer en même temps que l'autre qui sait. Je veux disparaître, je veux me cacher, je veux mourir et laisser mes sentiments à d'autres. Ainsi, une boucle sera bouclée. J'espère juste avoir un peu de temps. Ma mère a été emprisonnée, puis menée sur une place. Elle a eu le temps de penser, de réfléchir, d'analyser, sans aucune force intérieure qui l'en aurait empêché, car elle savait qu'elle pouvait être soi-même, là, maintenant. Du moins, c'est ce que j'espère pour elle.

Être proche de mourir, c'est peut-être avoir l'attention des autres. Une attention différente que d'habitude, unique. Ma mère ne m'a jamais autant intriguée depuis qu'elle était revenue sans sa soeur, depuis qu'elle était revenue agonisante. Une certaine jalousie et une envie de savoir. Une envie de ressentir quels sont ses sentiments, de pouvoir presque les lui voler. Voler ceux de ses amants également.

Nous avons une malédiction et pas un pouvoir. Celle de plaire à notre dépend, celle d'attirer les hommes, les femmes, par une passion enflammée par notre sang démoniaque. Du coup tout nous paraît normal et faux. C'est quelque chose de provoqué indépendemment de nous même. Comment peut-on savoir si quelqu'un tient vraiment à nous, en tant que nous, vraiment. Est-ce que mon rire, mon regard, mes paroles, mes gestes, proviennent de "moi" ou de ce sang démoniaque? Ais-je été forgée non pas par un passé, mais par une essence même? Hélas, je crois que oui.

Certains me disent que je réfléchis trop, que je suis débile d'attendre à mourir. Mais je n'attends pas, je n'espère pas non plus, je suis juste préparée, enfin, je tente de l'être. Combien de fois n'ais-je pas voulu murmurer ce que j'étais, parce que je savais que je ne voulais pas vivre avec ça? Mettre tout à plat, je sais que quand je mourrais, je pourrais faire un résumé de ma vie. Je saurais pourquoi j'ai agi ainsi, mais je pourrais le dire, et l'intégrer en moi.

Les gens ne comprennent pas. Ils disent que je suis folle, débile. Ca ne me blesse pas. Mais parfois, j'aimerais qu'ils sachent pourquoi j'ai fait çi ou ça. J'aimerais voir leur visage en décomposition, comprendre que je ne les ai côtoyé que pour mon intérêt. Le savent-ils tous? Et est-ce de même pour tous? Je sais que je ne me l'avouerai qu'une fois dans ma vie. Et ça sera quand je disparaitrais de ce monde.

En attendant, ma vie. Ma vie. Je la poursuis, dictée par un sang, dictée par des instincts qui peuvent paraître incompréhensibles. Je pense des choses. Mais je m'enbourbe dans un cycle répété. Et la mort, oui, la mort est une délivrance. Quand j'ai peur de mourir, je vis. Quand je vis, j'ai envie de mourir. C'est peut-être la torture que provoque ce mélange de sangs qui m'oblige à voir le monde ainsi. Je ne suis pas normale, je n'ai aucun équivalent.

Moi aussi j'ai peur de disparaître de ce monde. Le fait d'y avoir vécu, le fait d'avoir touché le visage de ces hommes, d'avoir côtoyé ces gens, d'avoir tué, d'avoir manipulé, d'avoir parlé. Se souviendraient-ils de moi? Je croyais pouvoir me souvenir de tout ceux qui ont disparu et que j'ai côtoyé, mais c'est faux. Alors pourquoi devrait-on se souvenir de moi plus que des autres. Pourquoi je veux garder une place plus importante que tout autre, pourquoi je vise ce genre de choses. Pourquoi j'espère que je manquerais, pourquoi j'espère que l'on dira de moi bon débarras.

Cette vie de contradictions logiques. De choses mitigées. Pourquoi moi j'ai regretté certaines choses, pourquoi je me bénis d'en avoir fait d'autres. Pourquoi je crois voir la vie des autres avec plus de facilités que la mienne? Pourquoi je désire des choses, et que je fais tout pour qu'elles s'appliquent? Pourquoi l'on trouve tout ce que je veux faire, complètement ridicule? Pourquoi je ne peux pas dire la vérité, pourquoi je me complais dans ce système?

Pourquoi on ne peut pas me cerner. Pourquoi quand on me dit que je suis comme ça, je trouve cela faux, je sais que cela est faux. Pourquoi je ne peux pas leur dire....
Pour mon intérêt personnel? Mais quel intérêt, à part savoir que personne ne sait qui je suis vraiment, dans tout ce que je fais. Chacun me connait différement. Certains, j'aimerais qu'ils aient raison... Mais je sais que non. J'aimerais leur dire qu'ils ont tort. Mais à quoi cela sert. Quand j'essaye de le faire, ils ne me croient pas. Alors autant ne rien changer.

Je vais encore me trouver quelque chose à faire. Cela occupera mon existence, je m'éloignerai de ce que je ne veux pas côtoyer ou voir. Je changerais de monde, encore une fois. J'aurais des regrets, j'aurais des tristesses, j'aurais de la peine, de la colère, de la haine... Mais ils s'en ficheront. Car ils ne le sauront pas. Personne. Ils croiront que je fais ça par simple caprice, alors que j'aurais tout calculé, à mes dépends.

Honte à toi Werë, d'être condamnée.
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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 27 Jan - 22:23

Vengeance :

Il avait donné un coup dans la planche, ce qui m'avait fait tomber d'un bon mètre et demi sans avoir été prévenue. Je n'ai pas pu réussir ma chute. Mon épaule était démise. Salaud d'Eriken. Heureusement que Seth et Ex sont venu peu de temps après. Seth me l'ayant remise à la .. mercenaire.

Lorsque quelques jour plus tard je recroisais cette enflure, je lui lançais une injure, plus un traditionnel "Je te hais !".

- Dis moi qui tu ne hais pas, Werë, me demanda t-il.
- Non je ne te le dirais pas.
- Normal tu peux pas, tu hais tout le monde. Cette haine te bouffe.
- Wahh t'as l'air d'en savoir plus sur moi que moi-même, répliquais-je d'un ton railleur.
- Vas-y dis moi qui tu aimes bien. Une seule personne.
Je ne répondais pas. Il s'avança vers moi.

- Tu vas faire quoi. Me l'arracher le bras cette fois? dis-je en le fixant.
- Tu sais que je suis là.. Tu peux me frapper, vas-y ça te fera du bien.
- Il m'en faudrait bien plus pour que ça me fasse du bien.
- Tu exagères.
- Non.
Et s'il savait à quel point je n'exagérais pas...

- Dis moi ce que tu voudrais me faire, dis moi tout vas-y.
- Non. Mais t'en fais pas, je le ferai bien un jour, tu verras à ce moment là.
- La petite pleure parce que je lui ai fait bobo au bras, je pensais que t'étais une aventurière habituée à la boue au froid et tout quoi..Cmarrant.
Bah alors là, c'sûr qu'il me connaissait pas. Certes j'avais gagné pas mal d'expérience dans la vie forestière depuis des années, mais j'avais quand même des lacunes. Je m'en sortais beaucoup mieux dans le monde mondain. Et en fait, quoi que.. Après tout. Tout le monde croit que je ne suis qu'habituée à la vie de femme de haut rang, et que je ne pourrais pas survivre dans un environnement autre. Mais c'était faux. J'étais capable de faire abstraction de certaines choses juste parce que je savais que ça n'était que passager et nécessaire à ma survie. A partir de là, polyvalente, j'étais dangereuse.
Bref. Je poursuivis en fronçant légèrement le nez sous ma capuche :

- Je te ferais pleurer à mon tour, t'en fais pas. Je te briserai pas le bras mais autre chose.
- Comment tu peux autant exagérer, tu peux pas juste tourner la page.
- Je suis rancunnière tu devrais le savoir.
- Ouais je sais aussi que c'est la millième fois qu'on se tappe dessus.
Je le regardais silencieusement puis lui lançais :
- Alors embrasse moi.
Soulagé, il s'approcha et m'embrassa. Il me prit dans ses bras avec tendresse.
Presque trop facile. Ce qui est bien c'est qu'il a presque oublié toutes mes menaces.

S'il croyait que MOI j'avais oublié tout ce que je m'étais pris depuis que je le connaissais, il avait tort... La vengeance est un plat qui se mange froid, ben moi je l'aime bien congelé. Je lui ferai baisser ses armes et toutes ses défenses, encore et encore. Je le ferai s'attacher à moi encore et encore. Il deviendra encore et encore plus dépendant. Et quand j'aurais besoin d'avoir satisfaction, je le jetterai de haut. Oui. Moi je ne pourrais pas lui briser les bras, mais je pourrais lui briser le coeur. Et je compte bien le faire, oh oui.. A un moment ou à un autre, quand je n'aurais plus d'intérêts à le cotoyer, je lui ferai mal. Et ce pour mon simple petit plaisir personnel. Et ce pour ma simple petite vengeance à retardement.
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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMer 28 Jan - 1:03

Ma soeur

Pourrais-je tuer Ashara? Pourrais-je la détruire? Une seule fois j'ai eu peur. Une seule. C'était quand j'ai eu envie de la tuer. Quand elle avait parlé à ce Patriarche. Quand elle n'avait pas eu les mêmes principes qui étaient les miens. J'ai cru que j'allais..la tuer... Cela fait-il de moi quelqu'un de différent de ma mère? Elle qui n'aurait jamais pu tuer sa soeur? Est-ce ça qui nous différencie? Pourrais-je voir le sang de ma soeur couler. Pourrais-je lui faire mal, la faire souffrir, la torturer mentalement ou physiquement. EST-CE QUE JE POURRAIS?! EST-CE QUE JE LE FERAIS?!..

Qu'est-ce que je ferai à celui qui la tue... Qu'est-ce que je pourrais faire.. Est-ce que je me sentirais impuissante? Est-ce que je m'en voudrais à vie, jusqu'à délaisser tout ce qui était autour de moi? Pourquoi l'a t-elle fait, elle, ma connasse de mère. Dois-je faire disparaître ma soeur pour la comprendre?! Est-ce que je dois aller jusque là !!! POURQUOI ! DITES MOI POURQUOI ! Est-ce que je préfèrerai la tuer, plutôt qu'elle ne le soit !? Trouverais-je ça plus juste...? Aurais-je moins mal...?

Est-ce que ma mère aurait préféré s'approprier sa soeur en la tuant, plutôt que l'on la lui vole..? Serait-ce purement égoïste de la mener à la mort pour la posséder, et être sûre de ne pas souffrir à cause des autres, mais uniquement à cause de soi..? Pourrait-on mieux se punir et mieux se comprendre? Gagnerait-on en paix intérieure..? Serais-je satisfaite? Est-ce que c'est le comportement de ma mère, qui est le plus juste à adopter...? Se laisser mourir?

Ashara. Je dois te tuer? Peut-être que notre mère a réussi à nous séparer l'une de l'autre. Et pourtant je serai toujours obsédée par toi. Je penserai toujours à toi. Je voudrais toujours te protéger. Mais est-ce que je le pourrais? Est-ce que l'on est condamnée? Est-ce ça, l'amour..? Est-ce ça, ce que je provoque chez les gens..?..Non. Non. C'est différent. Sommes nous nées à deux pour nous soutenir? Est-ce que ma mère en nous élevant ainsi n'a fait que mettre en péril nos deux êtres? Pourquoi je ne suis pas née .. toute seule? Est-ce que si je te tuais... Je disparaitrais? Est-ce que si je te tuais... j'arrêterai de me poser ces questions..?

Werë !!!! Arrête. Arrête.....Arrête...
Pas ta soeur. Pas ton sang... Pas ton dou...Non ! Non ! NON ! Ce n'est pas mon double, je suis unique, j'ai ma vie, la mienne, mon physique, j'ai mon être, à moi.. à moi...Rien qu'à moi.. Pas de copies. Pas de concurrence. Je suis. J'existe vraiment, pour de vrai... Même si elle est là. Et si elle meurt..Et si elle meurt je resterai moi-même, moi. Oui. Moi... Moi.
Est-ce que je serais capable de la détruire. Est-ce que je ne l'ai pas déjà fait?! Est-ce que je pourrais la trahir. Est-ce que ça me prouverait qui je suis?

Je pourrais tout faire pour elle. Mais cela veut dire que je ne serai pas prête à tout pour moi. Est-ce que c'est la vérité? Oui, hein? Je l'ai déjà prouvé. Je préférais qu'elle vive plutôt que je survive. Je donnerai ma vie pour elle, oui. Est-ce que je serais VRAIMENT capable? L'ais-je montré? L'ais-je vu? Me le suis-je simplement convaincu en l'assimilant à une évidence, copiant sur ma mère et ma tante? Est-ce que mon sang démoniaque pourrait rompre ce lien? Est-ce que ce lien est humain, ou démoniaque. Pourrais-je faire quelque chose pour quelqu'un qui est autre que ma petite personne, que j'aime et que je hais?

Est-ce que ce genre de valeurs s'est estompé, ou n'a jamais existé? Est-ce que je me persuade de tout ça? Mais où je suis là-dedans?! Où suis-je exactement..! Je n'ai pas mon mot à dire? Je n'ai pas à pouvoir choisir?!
J'ai toujours considéré ma soeur et la relation qui nous liait comme à part de toute chose. C'est vrai. Pourrais-je ressentir ça un jour pour une personne autre que celle de mon sang? Oui, non, peut-être? Qu'est-ce qui m'animerait, si je ne me tournais que vers moi-même..?

Si je suis là, c'est que je suis attachée à ce monde..Non? NON. Tu le hais, tu le détestes, il te maltraite, te rejette ! Et toi tu t'installes, tu prends tes aises, tu joues avec, mais tu te fiches de lui, tu te fiches du reste, simplement TOI importe. Toi, ce que tu as à gagner sur ce monde de merde, sur ces gens ridicules qui t'énervent, et qui pourtant te font vivre ! POURRAIS-JE VIVRE SANS EUX?! Oui dis-tu?! Alors explique moi POURQUOI tu reviens par ici. POURQUOI tu vis ici. POURQUOI tu trouves toujours un intérêt à la situation dans laquelle tu t'es fourrée..? Pourquoi ce monde te passionne? Parce qu'il te rend vivant..? Parce qu'il va te tuer...?

Etait-ce la destruction de toi à travers ce monde, ou de ta soeur à travers toi...? Qu'est-ce que je désire le plus? Qu'est-ce que tu désires le plus, Werëarm de Waarn'ess? Pourquoi te raccrocher à ça...? Pourquoi te laisser te noyer? Tu pourrais partir. Tu pourrais aller vivre loin d'ici. Tu les oublierais. Tu oublierais ce monde, ces terres, son passé. L'esprit de ta mère n'hanterait plus les terres du val de bise. Son souffle ne t'attirera plus sur les terres du val de bise. L'odeur de ta vie se dissipera de ce monde. Il t'oubliera. Tu n'existeras plus. Laisser une trace dans le val de bise est-ce donc ton voeux principal? Ces gens qui veulent ta mort et qui l'auront sont-ils ceux qui te serviront? Être présente à côté d'eux, dans leur quotidien, c'est ce que j'aime. Ils flirtent avec quelque chose qu'ils ignorent, que je dissimule, qu'ils oublient au fur et à mesure du temps.

Oui. Oui. J'existe vraiment quand je les use. J'existe vraiment quand je les apprivoise. Mais est-ce que là-dedans..Je me retrouverai vraiment?
Moi..? Mon vrai moi...?
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Oruuube
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Oruuube


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 16 Fév - 17:02

Eowynn

"Avant toute chose, ne croyez pas que je fais ça par un quelconque sentiment aimable. J'ai été payée pour le faire. Bref. Je suis Werëarm de Waarn'ess, tieffeline à ses heures perdues. Barde à ses heures retrouvées.

Je voulais juste “rendre hommage” *mime les crochets* à ma saloperie d'adversaire de couture. Ces enfoirés l'ont buté alors que c'est MOI qui voulait la tuer avec des aiguilles, ou l'étouffer avec un dé à coudre. C'est triste, mais on s'en fout.

Elle est maintenant dans un autre monde, entourée de pelotes de laine, de mannequins super canons, avec une garde robe de plusieurs hectares. Alors nous n'avons pas le droit de la regretter. Les morts, y'en a tous les jours. C'est con si ça tombe sur quelqu'un que vous aimiez. Mais comme on dit, c'est la vie, et moi je dis c'est la mort.

Elle doit être triste de savoir que je vais pouvoir dorénavant me la couler douce, vendre ses créations aux enchères et me faire du fric sur son dos de macchabée. Et je suis contente que ça la perturbe dans son sommeil éternel. Non je l'aime pas. Ne le prenez pas mal, je n'aime personne, donc elle est pas si exceptionnelle que ça. Je l'imagine en décomposition, avec comme simple vêtement ses quelques lambeaux de peau qui tombent. Soyez pas choqué, et vous moquez pas, vous serez pareil, voire pire car Eo, elle, elle avait la classe.

Moi je pense aussi au fait que j'aurais pu être à sa place. Si je n'avais pas quitté Bryn Shanders, j'aurais pu me retrouver dans cette salle, à ses côtés, et mourir sous les coups adverses. Et là, le monde aurait été décadent, car les deux plus grandes figures de la mode auraient disparu. Heureusement, le destin a préservé la meilleure. *sourire entendu*

Personne dans cette salle ne connaissait Eowynn de la même manière que son voisin. Certains ont en souvenir ses « rolalaaa » méga chiants. D'autres, son petit tapement de pied de psychotique irritée *tape du pied*. D'autres, son sourire, et enfin d'autres ses nichons ou ses fesses -mais je veux pas savoir lesquels-.

Moi je me souviendrai d'une elfe avec qui j'étais en concurrence dans un domaine que nous aimions toutes deux. Je me souviendrai d'une elfe chiante avec qui j'avais envie d'en découdre, sans jeu de mot. Je me souviendrai d'une elfe qui dirigeait son
patelin pourri avec une certaine classe, et qui était -yeurk- aimée de ses habitants.

Que le temps nous vole des choses, c'est normal. Que des gens nous volent ce qu'on apprécie, ce qu'on aime, ce en quoi nous sommes attachés... c'est normal aussi. Elle est crevée, morte sous des coups, et elle a souffert car forcément, une épée dans le bide ça fait mal. Mais elle n'a pas eu le temps de se triturer le mental pour se poser des questions de justice ou de vengeance. Vous êtes là pour le faire pour elle, et elle le sait. Elle doit tous vous regretter plus ou moins, puisque vous êtes ici même. Enfin, ptêtre qu'elle en avait oublié certains.

Je ne parle pas pour elle, je déteste les bouches elfes. Je dis ce qui est évident et ce que vous devriez tous penser. Vous aimez à espérer qu'elle sait que vous êtes réunis pour elle. J'aurais aimé que ça soit parce que vous adorez m'écouter parler, mais bon, j'en doute. Ouais. J'ai des cornes. Mais être une elfe morte, c'est pire.

Eowynn, c'était une Duchesse. Un truc qui a préféré rester vivre au Nord pour ses habitants et pour ses causes, plutôt que d'aller batifoler dans une forêt paisible en mangeant de la salade. A mon avis c'était pas le bon plan. Elle a perdu, mais la partie pour elle a duré plusieurs années. On a pas son corps, c'est peut-être pas plus mal. On a alors toujours la vision de cette petite elfe pleine de vie, c'est le cas de le dire.

Au Nord en a vu défiler, des morts. Les 8/9ème -et encore je suis gentille- n'ont pas eu droit à une petite réunion telle que nous faisons aujourd'hui en sa mémoire. Elle, elle a le droit à la sienne, elle n'est pas englobée dans un groupe de gens, son nom perdu au milieu de pleins d'autres sur une stèle de pierre grise et morne, ou encore pire, simplement sous-entendue par une phrase générale.

A partir de là j'estime qu'elle est chanceuse, qu'elle n'a pas vécu pour rien.. et qu'elle n'est pas morte pour rien. Sur ce, chialez bien, buvez bien, si ça se trouve de toute manière les trois quarts l'auront oublié d'ici quelques années. Culpabilisez pas, ça fait partie de l'instinct de survie."


J'ai ainsi redit le texte que j'avais dédié à Eowynn, mais cette fois ci, pas au théâtre devant ces gens, ces gens qui n'en avaient eu rien à faire d'elle. Cette Leen, qui n'avait vu que mon sang de démon décréta qu'elle ne ferait pas le silence. Ainsi elle ne fit qu'entrecouper mon texte de phrases débiles. En plein milieux, elle me lança « douche glacée », j'a reçu dix litres d'eau sur moi.

Je continuais, trempée, glacée. Je ne m'arrêterais pas. Je terminerai ce que j'avais commencé. C'est ce que je fis. A un moment donné, j'ai failli craquer. Je leur ai dit de dégager. Ils n'ont pas bougés. « Celebloxë serait là que cette demi démone serait déjà étendue morte » décréta cette Leen. Ils ne voyaient donc que mon sang de démon. Je n'aurais pas pu terminer mon texte. Eowynn n'aurait eu qu'un petit début, sans fins. Ils s'en fichaient d'elle.

Ils ne la respectaient pas au travers des paroles que je disais. Ils trouvaient mon texte irrespectueux, ils disaient que ça n'était pas un hommage. Pour moi, c'en était un, et plus fort que ce qu'aurait pu faire n'importe quel gars lambda. Mais j'avais des cornes. Et ils considéraient qu'une descendante de démon ne pouvait pas faire ce genre de chose, j'imagine. Cela me prouvait encore une fois... Beaucoup de choses. Et cela me fit beaucoup plus de mal que je ne l'aurais cru.

Nous n'étions pas beaucoup, mais même si elle avait été toute seule, elle aurait réussi à tout gâcher. J'ai terminé mon texte. J'ai continué de parler là où dans un autre moment j'aurais foncé pour aller la tuer. Pour une fois je ne pensais pas à moi, mais à cette elfe qui était morte. Et eux, eux pensaient à moi, au lieu de penser à elle. Je n'ai pas réussi ce que je voulais faire, à croire que je ne réussirai jamais.. jamais rien.

Pourquoi avais-je essayé de faire quelque chose, qui me correspondait tout en voulant rendre hommage à cette elfe, que je ne connaissais pas plus que ça, que je n'aimais pas plus que ça? Est-ce que j'ai fait ça pour moi, ou pour elle? Est-ce que ce que j'ai fait pour elle, c'est juste ce que j'aurais aimé qu'on fasse pour moi? Est-on obligé de connaître les choses, pour pouvoir avoir du respect pour elles? Ne peut-on pas se couper de tout, faire abstraction de tout, en hommage à quelque chose, même d'inconnu? M'ont-ils prouvés que non...?

Ils n'ont pas essayé de comprendre, personne. Tout le monde est pareil. Qu'est-ce qu'il m'a pris d'essayer de faire quelque chose comme ça? Pourquoi je me mets à comprendre ceux qui ne seront jamais compris? Pourquoi j'espérais que les choses pouvaient être autrement? Pourquoi le fait que je sois une tieffeline, a tout gâché?

Je n'avais plus envie de rire. Ne pouvaient-ils pas passer outre, juste quelques instants? Étaient-ils tous obnubilés par ma race au point de ne pas pouvoir m'écouter quand je parlais pour quelqu'un d'autre...? Quand je n'étais pas sur ma personne..? Est-ce que je suis comme ça, quand je m'en fiche? Aussi débile?

Suis-je plus intelligente que ces niaiseux, que cette niaise, que ce niais, que ces gens irrespectueux?! Est-ce que je suis comme ça?! Mais quand j'essaye de ne pas l'être, je vois mes réactions dans celles des autres. Et ça fait mal. Et j'ai mal.

Ne pouvaient-ils pas garder le silence, pour quelqu'un qui avait disparu? Pourrais-je me taire et respecter quelque chose que je ne connaissais pas, dite par quelqu'un que je ne connais pas? J'avais vu les gens qui étaient présents, qui s'étaient invités comme des intrus, comme des ignares, des aveugles, des crétins.

A quoi ça sert de faire tout ce qu'on fait, si quand on disparait on en arrive là. Je ne parle même pas pour elle ! Je parle pour tout le monde. Doit-on conquérir le monde, pour avoir une once d'attention une fois disparus de ce monde? Une once de crainte, de respect? Ou juste une once de souvenir...? Je ne veux pas que mon nom soit connu. Enfin, si. Mais j'aimerais qu'on se souvienne de moi, moi. Moi, vraiment moi.

Personne ne me comprend. Et quand je crois faire quelque chose que les autres comprendront.. Comme un simple hommage à quelqu'un de mort... Je vois que même ça, ils ne comprennent pas. Alors qui sont-ils. Auraient-ils préférés que rien ne soit fait, à propos de cette elfe? Mieux vaut le silence et l'oubli plutôt qu'un discours de cornue?

J'ai rejeté tout le monde, je suis partie juste après, trempée, glacée. J'ai envoyé chier Suzie, Gwennan, Dardan lui qui n'était même pas venu. Je n'avais pas le coeur à rire, et encore moins celui de faire semblant. Ils me voyaient comme j'étais vraiment, mais ils ne le sauront jamais. J'étais blessée au plus profond de moi même, j'en voulais au monde entier d'être aussi débile quand j'essayais d'être autre chose.

J'avais été renvoyée de plein fouet face à une réalité que j'avais essayé d'apaiser. J'avais bien raison. Ils ne me comprendront jamais. Je n'ai pas réussi à faire ce que je voulais, tout ça à cause de trois ou quatre débiles. Alors je me suis mise debout, seule, et j'ai redit ce discours qui paraissait vulgaire à certains, mais que moi j'aimais, parce qu'il me ressemblait et que je parlais de moi à travers une elfe morte.

J'aurais aimé qu'elle l'entende sans cette débile ou encore ce niais qui tous deux entrecoupaient ce que je voulais faire passer. C'était douloureux, j'avais posé beaucoup plus d'importances que je ne le croyais à ce texte. Alors oui. J'ai parlé seule. J'espère que ses oreilles pointues ont été assez grandes pour réceptionner cet encastrement de mots, même de là où elle est. J'espère que comme moi, d'autres l'ont fait, même seuls, juste pour elle. Car rien n'est plus pur quand on ne partage pas, car ça n'est pas transformé.

J'avais essayé de me dire que pour une fois, je pouvais partager quelque chose. He bien, ça n'est pas possible. Cet essaie est un échec, et donc je reprendrai ma vie normale, avec mes différents moi-même comme compagnons de route.

Pauvre Werëarm. A ce moment là je pensais que je valais mieux que tout le monde. Que ces gens étaient ridicules. Que c'est nous qui étions traitées de bêtes, mais que nous avions nos valeurs, et parfois elles valaient mieux sans le savoir ni le vouloir que ce qu'ils étaient.

J'avais été humiliée, et j'ai laissé passer pour cette elfe, pour cette morte. Mais cette Leen paiera.

Ce monde, je le déteste. Mais grâce à cet épisode, j'avais focalisé mon attention sur toutes les personnes que j'avais plus ou moins connues et qui étaient mortes. Je leur ai dit que je valais mieux que ces pecnos qui ne font les choses que par tradition. Je leur ai dit que parfois, mieux valait être oublié plutôt que d'être ignoré. Je leur ai confié mes peines, mes tristesses. Et j'aime à espérer qu'ils seront là quand je mourais, eux, à défaut de ceux encore vivants.

Le silence fit place dans la forêt après que j'ai eu terminé le discours. La nature avait été plus respectueuse que des gens. Elle me laissa avec mon silence qui me fit du bien. J'étais loin de cette civilisation, de ce monde qui causait ma souffrance et ma perte. J'aurais voulu que d'autres comprennent ce que je voulais faire passer, et à quel point cela pouvait être important pour moi. Mais non. Alors tant-pis. Je suis condamnée à continuer d'être aussi tourmentée. On me donne toujours raison. Le monde, ces êtres, me donnent toujours raison.

Bonne route, Eowynn. Volontaire ou involontaire? Je ne sais pas. Mais tu peux être sûre que moi, descendante de démon, qui ne te connaissait pas beaucoup, j'ai pensé à toi.


Dernière édition par Oruuube le Sam 28 Fév - 16:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 16 Fév - 18:10

Réfléxions confuses

Ils s'en fichent, tous. Tous.
Ces temps ci je n'ai d'inspiration pour.. Rien. Je passe mes journées à flâner. J'avais disparu de la circulation, je m'étais retirée des dalles de Luskan. Luskan. Quelle sensation étrange de pouvoir y fouler le sol de façon légale. Légale.. Grâce à un bout de papier ridicule. Grâce à quelques lignes griffonnées. J'étais quelqu'un d'autre aux yeux de la loi d'ici. C'est étrange de se dire qu'on peut bouleverser le cours d'une vie grâce à quelques mots. On change les habitudes, les regards. On obtient ou on retire du pouvoir. Ce en quelques lignes.

De nouveau sur la place où ma mère fut exécutée. Où ses gens marchaient paisiblement, piaillaient, sans prendre conscience de tous les événements qu'avait enregistré cette place. S'arrêter, y penser, est-ce que ça change le cours des choses? Est-ce que j'y mets de l'importance pour … pour rien? Est-ce que tout ce que je fais, tous ce en quoi j'accorde de l'importance, est inutile? Est-ce qu'il vaut mieux que je ne fasse... rien? Comme eux? Que je ne me tourne plus vers le passé, que je ne me tourne pas vers le futur, que je concentre mon attention sur ce que je vis?

Mais comment pourrais-je vivre sans projets démesurés, sans regards vers le passé. Je ne serai rien. Qu'un truc..Vide. Mais est-ce que j'en ferais trop..? Est-ce que sans cette torture perpétuelle, mentale, que je m'inflige... Est-ce que... Est-ce que je serais encore différente? Cela ne serait peut-être pas un bien.

Je suis obsédée par Luskan parce que je suis obsédée par ma mère. Faut-il que je me sépare d'elles pour pouvoir me trouver? Pourquoi continuer d'errer autour de tout ceci. Toute cette ville qui contient tout ce que je désire et tout ce que je haïs. Cet air, ces gens, je veux qu'ils m'appartiennent, j'ai l'impression que si je n'ai pas de pouvoirs sur eux, je me ferais bouffer. Je me sens obligée de faire ce que je fais. C'est vital. J'ai envie de tuer, j'ai envie d'emprisonner, de garder, pour moi. Pour moi. Est-ce la seule solution?

Les gens me rabâchent que jamais je n'y arriverai comme moi je me rabâche que j'y arriverai. On trouve un certain équilibre, à agir de cette sorte. Seulement, pour avoir une emprise valable il va falloir que je prenne du recul. Je vais devoir partir. Même si cette ville m'attire comme un aimant. Pourquoi suis-je attiré par ce désir de les faire souffrir un jour où l'autre, quels qu'ils soient? Pourquoi je les incluent tous dans ma peine, dans mon malheur, dans ma douleur? Est-ce que je préfère tous les viser plutôt que d'en inculquer qu'un seul? Est-ce que ainsi... J'évite de viser certains protagonistes en particulier, parce que j'en ai.. peur...?

Arrête de réfléchir, Werëarm.

En fait ce que je veux, c'est qu'ils voient un jour qu'ils se sont trompés. Là, je serai heureuse.
Je m'assois contre le mur d'une maison Luskanienne quelconque. Je regarde la pluie... Et mes pensées se sont encore une fois tournées vers mes souvenirs passés. Et cet homme, beau, qui m'observait un bras contre le mur, les cheveux et la barbe trempées par la pluie. C'était il y a quelques années.

« Je ne t'aime pas. » m'avait-il dit, comme pour se protéger des événements qui allaient arriver. Comme si de ne pas aimer, ça sauve. Ce que les gens ne comprennent pas, c'est qu'aimer ou se faire aimer est une faiblesse. Se faire désirer en est une autre. Comment ces kékés d'humains ou autres pourraient faire cette différence. Moi je la vois, je la sens, et je …
Tais-toi, Werëarm.

Moi... Passons. Je préfère me faire désirer que de me faire aimer. Comme on dit, se faire aimer est une faiblesse, se faire désirer est un art. Pourrais-je y arriver sans ce sang de démon qui suinte dans mes veines. Je n'aime pas à penser que c'est le sang de démon qui m'a fait. Je n'aime pas à penser que c'est le sang humain qui m'a fait non plus. Est-ce que le sang de démon m'ôte de la sincérité? Qui est le plus à même à juger que ça n'est pas l'autre sang. Qui est le plus à même à juger que je ne suis pas sincère, surtout.

Même pas moi.

Est-ce que la lignée Waarn'ess va s'éteindre avec moi. Pourquoi met-on de l'importance à vouloir donner la vie... Pardon. A vouloir se donner la vie à travers des gosses. Est-ce qu'on fait des enfants juste pour se donner le sentiment qu'on vivra à travers eux, et qu'ainsi on ne disparaîtra pas. Pourquoi a t-on aussi peur de disparaître de ce monde. Pourquoi en ais-je aussi peur.

Moi je ne laisserai pas de traces de moi à travers un chiard qui portera mon nom. Non. Les gens connaîtront le nom de Waarn'ess parce que je le leur imposerai dans leur foutue mémoire. Ils seront obligés. Obligés, tous...

Aimer, désirer, conquérir, vivre, perdurer.. Des mots qui reviennent tellement dans mes pensées. Me tromperais-je dans mes définitions?
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 17 Fév - 13:27

Autrement

Elle me fit la réflexion qu'elle ne connaissait pas grand chose de moi. Qu'elle ne connaissait rien. C'était vrai. Et après tout, pourquoi pas lui expliquer? Elle ne comprendrait pas, et si elle comprenait, elle oublierait vite. Nous étions assise sur une petite butte de la forêt.

- En fait, je suis venue ici la première fois pour voir ma mère.
- Oh, et tu l'as vu?
- J'étais venue parce que ma soeur n'avait pas eu de ses nouvelles depuis un moment... En fait... Elle a été décapitée sur la place de Luskan, dis-je en me mordant l'intérieur de la joue comme un petit réflexe.
- Oh... Je suis désolée. Mais pourquoi?
- Parce qu'elle était comme moi.
- Une artiste? On tue pas les artistes, protesta t-elle.
- Oh. Elle était maitre d'arme à la hache.
- Bahhh on a toujours pas tué Brunin, donc ça n'a pas de rapport non plus.

Je continuais de parler. Plus pour moi, car elle ne voulait pas comprendre.
- Tout ce que je sais, c'est qu'elle s'était battu en duel avec une femme. Elles étaient tombées toutes deux. Puis des nains sont passés, et les ont emmenées en ville. Ma mère fut exécutée car elle avait des cornes, et qu'elle avait beaucoup tué des Luskanniens de la campagne il me semble. Décapitée.. Sur la place.

Elle ne comprenait rien. “Alors on l'a tué parce qu'elle avait un déguisement?”. Je m'énervais, elle sursauta. Elle ne pouvait pas comprendre que ça n'était pas un déguisement? Je lui pris la main, lui fouta sur ma corne, elle ne fit rien de peur d'enlever la sève qui colle.

- GWENNAN ! Je suis une alu-fiélonne ! J'ai du sang de démon dans mes veines, bon sang !
- Je sais. Moi aussi une fois, j'ai dû jouer le rôle d'une liche. C'est dur, mais on arrive à sortir du personnage après.

Je restais silencieuse. Et si elle avait raison? Si je n'étais pas une alu-fiélonne? Si la seule certitude que j'avais à propos de mon existence... Etait fausse? Mon coeur se serra. Je... Je suis alu-fiélonne. C'est vrai... C'est vrai, hein? C'est vrai, bon sang !

J'avais envie de la tuer, je lui ai dit. Elle me dit que je n'oserais pas.
- Qu'est-ce que ça changerait si tu découvrais que j'étais une vraie alu-fiélonne?
- Je ne sais pas. J'en ai jamais vu. Mais à dire vrai, qu'est-ce que ça changerait si j'étais un dragon?
- Tout.
- Je resterais toujours Gwennan non?
- Non.
- Bon d'accord, j'aurais des naseaux. Et des écailles. Mais au fond ! Je resterais celle que je suis.
- Non justement.
- J'aurais beau avoir pris l'apparence de n'importe qui, ce que je suis au fond de moi … Ce qui ne changera jamais, il restera intact. Enfin, je crois en ça. Alors à part si tu veux vraiment me tuer, que tu sois un ver de terre ou une divinité. Tu restes ma Force Rouge. Mais euuuh.. Laisse moi vivre encore ! Termina t-elle dans un petit sourire. J'ai fini, tu peux dire ce que tu voulais dire.
- J'ai des cornes, merde ! Une peau grise, des cheveux blancs ! Je suis une ALU FIELONNE, ABRUTIE !

Je m'énervais, je m'emportais. Et alors?? J'en étais vraiment une ! Jamais personne n'avait pris l'option de croire que c'était un déguisement ! Alors pourquoi maintenant? Est-elle celle qui a raison? Ne suis-je pas ce que je suis?! Est-ce ENCORE un déguisement?! Non.. Non ! Pitié, non !

- J'en ai rien à faire de tes cornes. Que t'aies du sang pas pareil, j'en sais rien ! Et ça c'est toi qui le comprend pas.
- Me dis pas que je joue la comédie ! j'évitais d'avoir un ton d'hystérique.
Elle me dit que je devais comprendre, qu'elle n'avait jamais rien vu dans sa vie, dragons, drows... Elle ignorait comment ils étaient en vrai. Et que je devais pas lui en vouloir si elle ne me croyait pas.

- Je ne sais pas pourquoi je suis encore ici. Je devrais rentrer, je n'ai rien à faire. Ces contrées me torturent plus qu'elles ne m'apportent.
Et pourtant la torture m'apportait beaucoup de choses. En tous cas j'avais lâché cette réflexion pour moi seule.
- Bientôt, tu seras partie, me dit-elle. Et moi, si je venais un jour à raconter ma vie entière, j'en serais venue à raconter les jours que j'ai passé en compagnie d'une femme fascinante.

J'éclatais de rire.
- Les grands mots.
- Mais non arrête, je suis sérieuse. Tu sembles.. Nan, rien.
- Toi même tu l'as dit, tu ne me connais pas. Comment pourrais-tu parler de moi?
- Je n'ai pas dit que j'aurais parlé de toi, dit-elle en se levant. Mais des jours passés avec toi.

Je levais le regard sur elle quelques secondes, puis je le détournais pour regarder les remparts de Luskan.
- Moi j'aurais peut-être voulu t'connaitre autrement que comme tu le montres, reprit-elle. Mais bon. C'est pas le moment. J'ai autre chose à faire, et toi, tu vas conquérir le monde.
Elle reprit les rennes du cheval, et s'en alla...

Ce qu'elle m'a dit me remis à ma place préférée, le silence. Je restais là, assise. Oui, personne ne me connaissait MOI. Mais ils connaissaient une version de moi, et ils pouvaient en parler. Ca avait quelque chose de réconfortant, et de terrifiant. Car si ces différentes versions venaient à se rencontrer, cela ne formera pas une personne, mais bien plusieurs. Or, les gens ont une mémoire sélective. Personne, non jamais, n'arrivera à réorganiser le puzzle que je m'étais formé.

Un vent de panique me glaça le physique et le mental. Elle doutait de mon apparence première, mon apparence originelle ! Mes cornes, ma peau grise, mes cheveux blancs ! Je suis une alu ! Pourquoi.. Pourquoi ça ne serait pas vrai? C'est peut-être un complot..! Je ne suis peut-être pas vraiment moi ! On m'aurait menti, je serais en train d'abuser de moi, je serai en train de me mentir ! Je ne suis pas une alu-fiélonne ! Qui suis-je, alors?! Qui suis-je !

Je frappais le sol, je griffais la peau de mon avant bras, voir si en dessous il y avait une peau d'une autre couleur ! C'est vrai ! Pourquoi avais-je cette certitude là, si niaise?! Je ne suis peut-être pas une alu ! C'est peut-être un mensonge ! Comme toutes ces identités différentes que je prends ! Comme tous ces caractères différents qui sont miens !!!! Pourquoi je remettrais tout en doute sauf ça?! Qui me dit que cette fausse certitude n'est pas à la base de tous mes problèmes? Hein Werë? Oui. Oui ! Cette discussion m'avait ouvert les portes sur une autre réalité, encore. Je ne suis pas une alu-fiélonne, alors. Elle ne me croit pas, c'est peut-être elle qui a raison !

Elle, s'en fout peut-être, mais pas moi !!! Je suis quoi, si je ne suis pas cela ! Mon avant bras, je n'y vois que du sang maintenant. Pas de peau différente ! Mais où est-elle?! Mh?! Où est-elle ! RENDEZ-MOI ma VRAIE identité ! RENDEZ-MOI ce que je suis vraiment ! Je ne suis PAS une alu-fiélonne, si ça se trouve ! POURQUOI !!! POURQUOI?! Alors qu'est-ce que je suis VRAIMENT... Moi ! La base de tout ! Où est cette base que je cherche qui était pour moi ma race originelle ! Alu-fiélonne ! Descendante de succube et d'humain ! C'était ma seule vérité, ma seule ! Et pourquoi ais-je été aussi aveugle pour ne pas avoir eu à la remettre en question..?!

Est-ce une sorte de mensonge général? Une sorte de complot béant? Ne serais-je qu'un jouet alors que je croyais être le chef d'orchestre? Ce monde, que je prenais pour une oeuvre d'art.. Ne suis-je qu'une simple note, que le musicien a joué avec un instrument désacordé?! QUELLE NOTE, ALORS !!!!
Je suis en colère ! Je me laisse tomber, j'enrage ! Les sanglots qui m'étouffent, silencieux et violents. Qu'est-ce que je suis ! Pourquoi je suis ici. Pourquoi je ne suis pas une alu-fiélonne. Comment ais-je pu être aussi naïve. Comment ais-je pu me reposer sur des acquis qui m'ont été donnés depuis la nuit des temps. Le temps qui a d'ailleurs forgé ce mensonge en certitude, au fur et à mesure.

C'est débile ! Je n'ai pas été intelligente ! J'ai remis tout en question, sauf ça ! Sauf la base de tout. Ce qui change.. Tout. Je me retrouve dépourvue de certitudes quant à ce que j'étais réèllement. C'est vrai ! Je me suis toujours posé la question, etais-je plus humaine qu'alu-fiélonne? Etais-je plus alu-fiélonne qu'humaine? Mais je ne me suis jamais posé la question; et si j'étais autre, encore? MAIS QUOI ! Pourquoi je suis là !! Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'on me foute dans une catégorie : démone ! Ou demi-démone ! Ou demi-humaine ! Je disais que j'étais une demi-moi, mais même pas ! Là ! Pour le moment ! Je n'étais rien ! Je ne savais pas ! RIEN ! Est-ce que des cornes, la peau grise, les cheveux blancs, suffisent à me rendre certaine de mes origines? Est-ce que ma parole suffisait à faire croire à ces gens que j'appartenais à cette catégorie?! NON !

Ils ont été bernés par moi qui ait été berné par moi même, par toute mon existence ! PAS VRAI?! JE NE SUIS PAS CE QUE JE SUIS ! Pourquoi m'ont-ils collé cette étiquette ! Qu'est-ce qu'ils en savaient, qu'est-ce que j'en savais ! Gwennan a raison ! La plupart n'ont jamais vu de démons, comment pourraient-ils dire que j'en suis une????! HEIN?! COMMENT ! Je ne suis PAS une alu-fiélonne ! C'est un MENSONGE...

Un mensonge... Un complot... Où est-ce que je suis... Reviens, Werëarm..Reviens... Tu disparais.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 23 Fév - 20:36

CDM+W
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 23 Fév - 20:37

"Tout le mondeuh veut devenir un cat.." [anim Shee]

Ce cake voulait demander à Phayza un repas. Alors je lui ai dit que je lui en offrirai à manger. Le traînant par le bras pour éviter qu'il colle la blondasse. On arrivait dans la forêt. Je ceuillais un champignon et le lui foutu sous le nez. Il semblait dépité par ma “cupidité”. On parlait, quand je vis.. Un gros chat, tapis au sol, prêt à bondir. Un tigre... J'eus un petit hurlement, puis consciente de ma bêtise, je reprenais le silence, en fixant la bête. Ciddis tourna la tête, et dégaina. Je reculais lentement vers le rocher, pas à pas. Soudain... Un deuxième tigre qui était derrière moi me sauta dessus.

Je fus projeté au sol, mes seins applatis contre la terre. Je ne sais pas combien il pesait, mais il devait être énorme. Pressée contre le sol, je ne pouvais rien faire, à part mettre mes mains sur ma tête pour me protéger. Je m'imaginais déjà lacérée...
Je ne voyais rien de ce qu'il se passait, mais tout d'un coup le gros chat qui était sur moi fit un bond sur le côté. Il avait reçu un sacré coup qui lui avait arraché la moitié de l'oreille. Je rampais pour me mettre contre un rocher. Mon coeur battait à dix mille à l'heure. Je resserrais mes membres contre moi. Je gardais un oeil sur Ciddis qui faisait face à un tigre.. mais.. où était le deuxième..?

Je n'osais pas lever la tête. J'entendais son souffle sur le rocher. Il devait ne pas m'avoir vu... Mais il fallait que je fasse quelque chose. Ciddis ne pourra pas mettre fin à ces deux chats tout seul... Alors, soit je me mettais à hurler en courant comme une demeurée vers les portes de Luskan pour attirer les bestioles vers la ville... Soit...

Soit je faisais face. Les deux étaient aussi risqués. Je respirais lentement contre le rocher, je glissais ma main dans ma botte pour en sortir ma dague. Oui ! Je me voyais déjà me faire un manteau et une cape avec la peau de ces gros matous. C'était d'ailleurs débile. Je me mis à chanter un air maudissant les chats et leurs cousins sur des milliers d'années.

Le gros matou secoua la tête, pas ravi du chant et … Me sauta dessus. Je fus projetée sur le dos au sol, j'avais sa grosse tête fasse à moi... Et j'avais lâché ma dague. Pourquoi j'avais oublié mon nécessaire à couture? Je lui aurais crevé les yeux avec mes aiguilles. Mais le premier geste qui me vint à l'esprit lorsque je vis cette tête énorme à dix centimètres de moi.. Ce fut un coup de poing dans le pif. Il ne fut pas ravi...

Je vis sa gueule s'ouvrir, comme au ralenti, alors que la vitesse était prodigieuse. Ses crocs se rabatirent sur ma tête. Je sentis ma peau se déchirer, déjà. Il semblait gêné par mes cornes, et après avoir secoué un peu, je fis... “la technique de l'opposum” Time Babaine. Je fis la morte. Après tout, la comédie, je savais faire que ça... Je décidais de ne pas lutter.

J'avais l'haleine putride du carnivore dans le pif en plus des effluves de sang. J'avais la tête qui tournait. Il fallait que je reste consciente. Il me tira, par la capuche, par la nuque. J'entendais le combat de Ciddis. Punaise... Moi, finir en pâtée pour chat, sans jeux de mots. C'était une mort débile. En tous cas je souffrais, et il fallait que je réagisse. Je levais doucement la jambe et la rabbatait au sol de façon violente afin de créer une vibration pour faire trébûcher le chat... Tu parles.

J'entendis un truc tomber à côté, mais ça n'était pas le chat. Mécontent, il me secoua de nouveau, je sentais ses crocs dans ma chaire... Visiblement il ne voulait pas me tuer maintenant, mais m'amener un peu plus loin pour me bouffer sans la boite de conserve qui tapait à côté. J'avais peur. Je perdais du sang, je le sentais. Mes respirations se coupaient, mon coeur se serrait. Et si je mourais?

Je décrochais ma ceinture, lentement, et j'essayais de la passer autour du cou du tigre.. A peine avais-je levé mes bras, même lentement, qu'il resecoua de nouveau pour m'en dissuader. Ma nuque allait lâcher si je continuais... Résignée, je continuais de faire la morte.

Ca serait ça, ma fin? Emportée par une bête sauvage? Ce Ciddis arriverait-il à me protéger? J'avoue que mes espoirs partaient en même temps que le sang me fuyait. Dès qu'il me traînait, je sentais un peu plus la douleur. Je n'allais pas pleurer. Après tout si je...

Soudain, le tigre, surpris par une attaque de Ciddis eut comme simple réflexe de refermer sa gueule sur ma nuque... Je n'eus même pas le temps de comprendre. Je tombais dans une inconscience noire et froide.

Mes pensées reviennent. Je ferme les yeux forts. Où vais-je être? En compagnie d'un tigre? En compagnie de ma mère?
Je tente d'ouvrir mes yeux, la lumière me force à les refermer. Je clignote un peu des yeux.. Je pose une main sur mon visage, l'autre passe avec pleine d'appréhension contre ma nuque. Qu'allais-je trouver? Une peau ouverte? Etais-je défigurée?


L'odeur du sang me donnait la nausée.
“Ciddis...?” avais-je appelé faiblement. Je voulais entendre sa voix, savoir que je n'étais pas seule, que je n'étais pas morte et que lui non plus. J'entendis sa voix me répondre, mais je ne comprenais pas. Je tentais de me redresser. Le sang affluant à mes tempes m'infligea un vertige qui me fit retomber sur le lit.

Lit !!! J'étais sur un lit.. Quel bonheur. Je respirais lentement, très lentement. A chaque fois, j'avais peur que mes respirations s'arrêtent.
“Où êtes vous...?” chuchotais-je. Il me répondit de nouveau, mais j'entendais de manière très basse, comme si il était loin, ou que j'avais les oreilles bouchées.

Je ne me souviens plus trop de ce que j'ai dit, de ce qu'il m'a dit. J'étais juste soignée. Je ne risquais plus rien, à présent. Il avait réussi. J'avais peur d'être défigurée. Lui, était encore mal en point.
“Montrez-moi” lui avais-je dit. Il me tendit un petit miroir. Il croyait que je voulais me voir, voir l'état de mes blessures. Mais non. Je savais qu'il m'avait sauvée, qu'il m'avait soignée. Mais je n'allais pas le remercier, après tout, c'est lui qui a décidé qu'il me servirait, protègerait, nia nia. Même si je ne le croyais pas... Je savais qu'il l'avait fait.

Je posais le miroir retourné sur le lit, et je précisais que je voulais voir ses blessures. Il refusa la première fois, j'insistais. Il délaça sa chemise, pour me montrer son torse abîmé, avec des bandages qui étaient gorgés de sang. Il allait s'en aller, je me relevais après lui avoir dit stop. Le sang battait mes tempes, mécontent de me voir bouger autant. Je reprenais mes esprits, et posa mes mains à dix centimètres de son torse.

Il me dit que la magie n'était pas bonne lorsque l'on était dans mon état, posant son index contre mon front pour me repousser, ce qu'il fit sans trop de mal. Je fronçais le nez. J'entâmais un chant apaisant et calme, mes doigts virevoltant comme s'ils étaient chefs d'orchestre. Les sons imposant sereinité dans le corps et l'esprit. Il me fit du bien autant qu'à lui. Je tenais autant que je pouvais, j'espérais que ça serait assez pour avoir refermé ses blessures. Oui, je voulais pas que cet homme meurt. Après tout, il a réussi à me sauver des griffes de tigres géants... C'était un bon garde du corps.

Il me sortit une phrase du genre qu'il savait pourquoi j'avais des cornes, que c'était mon obstination qui avait pris forme. Il me conseilla de faire ma toilette. Après quelques phrases, il sortit de la chambre en me faisant remarquer par une phrase du style “et c'était un plaisir de nia nia nia” que je n'avais pas remercié. Pourquoi je l'aurais fait? Il s'est mis dans la crotte tout seul, je maudis son estomac. Il maudissait ma cupidité. Mais après, c'est lui qui a juré de me servir nia nia tout ça. J'étais encore en trop sale état pour pouvoir rétorquer quoi que ce soit. Je fis donc ma toilette. Longuement. Silencieusement, seule.

Le sang rougissait l'eau du bain. J'aurais pu mourir aujourd'hui. C'est de sa faute. Si seulement il vendait des trucs pour se faire du fric et pouvoir s'acheter à bouffer, hein.. Moi je vais pas l'entretenir.
Ma nuque était endolorie. L'eau chaude dénouait tous les muscles douloureux, bien que je n'ai pas vraiment combattu... Mais être traînée par terre, c'est très dur. Ma tunique était foutue, déchirée.

Je pestais contre tous les chats du monde. Je mis du temps à faire ma toilette, à me rhabiller. Je prenais conscience qu'encore une fois, j'aurais pu tout perdre en quelques minutes. Et cet homme.. Que je connaissais à peine... Et qui avait fait son devoir. Son devoir.. Contre si peu. Et si nécessaire pour lui. Je terminais de m'habiller, cachant les traces encore roses de ce qui était il y a peu de la chaire ouverte et du sang par une petite étole réhaussée d'un pendentif en argent représentant une petite lune. A son extrémité, un petit diamant.

Je rouvre à ce Chevalier. Il fumait tranquilement sa pipe dans le couloir. Il rentra. Nous discutames un peu. Puis il alla s'acheter à manger...Et remonta avec un plateau rempli de victuailles.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 23 Fév - 23:33

“Tout le mondeuh veut dev'nir un cat...”[2]
Ciddis de Maargräve

Phayza était passée me voir, inquiète, pendant que j'étais inconsciente, m'avait-il dit. Quand elle toqua de nouveau à la porte, j'allais ouvrir pour la toiser. Elle souriait, presque rassurée en me voyant. Quand je vis qu'elle avait deux gamines dans les bras, je refermais vite la porte à clefs.
Cette fille était idiote. Elle s'obstinait à faire genre qu'elle tenait à moi, alors que je la détestais. Je la trouve naïve. Et en plus, elle a des gosses.

Je m'asseyais au fond du lit, le plus loin possible de la porte. Ciddis, le plateau plein de bouffe à côté de lui me demanda si les enfants m'effrayaient. Je répondis non. Si cette femme m'effrayait. Je répondis non. Si il m'effrayait un peu. Je n'ai pas répondu. Cet homme ne m'effraie pas. Je le trouve juste dangereux, un masque toujours sur le visage. Je n'arrive pas à vraiment savoir s'il fait ça pour lui ou contre moi. Je ne sais même pas pourquoi j'avais accepté ses sois-disant services de chevalier. N'empêche que ça m'avait valu la vie, pour l'histoire des tigres. Il me dit qu'il commençait à me connaître, je crois.
- Ben voyons. Tant mieux si vous le croyez.
- Un jour funeste de votre vie … Vous avez décidé que l'humanité était idiote, que personne ne voulait de vous, que les amis finissaient par trahir, les hommes par tromper, et que vous auriez une place ailleurs, une place que vous auriez faite pour vous seule... Depuis, les évènements de votre existence vous ont régulièrement donné raison, dit-il en terminant sa pomme de terre. Et maintenant, vous claquez les portes. Ce doit être quelque chose dans ce genre là, se confirma t-il en avalant un imposant cube de viande.
- C'est loin d'être aussi simple, monsieur de Maargräve.
- Oh là, je le crois volontier... Je simplifie, faute de mieux.

Il me proposa à manger.
- Je n'ai pas faim.
Et c'était vrai. Mon mal de crâne recommençait depuis quelques temps, mes malaises aussi, et mon dégoût pour la nourriture de même. J'avais l'habitude. Et cela ne me perturbait pas...
Il piqua une tranche de jambon et un légume en sauce.
- Il faut que je vous dise... Les hommes aiment les femmes maigrichonnes dans des robes, et rondelettes dans un lit... La quête du poids idéal est perdue d'avance.. Mais s'il y en avait un, vous y seriez... Venez manger un peu.
- Je n'ai pas faim, répétais-je en tirant le polochon vers moi, l'encerclant de mes bras tout en soupirant.

Il péta son cable d'un coup, en me disant que nia nia, que j'avais qu'à me laisser crever de faim, que j'avais qu'à me laisser crever par des tigres tout ça. J'ai répliqué avec un calme digne de ce nom qu'il craquait bien rapidement, et que j'étais déçue.

[…]

La Time Baba passa en éclair voir si tout se passait bien. Gwennan, Mystik.. Ces deux bardes à qui je tiens à ma manière, avec qui j'aime passer du temps. Mais j'avais besoin de calme, et elles repartirent alors rapidement.

[…]

On en vint à parler de Aube... Après tout, cet homme l'avait servi... Ce qui était aussi peut-être pour ça que je l'aimais encore moins.

- C'est une femme qui a fait battre de nombreux coeurs elle aussi... Dont celui de Sethaïnal et d'Erkenbrand, qui lui a offert une main coupée pour se faire pardonner une aggression sexuelle... Quel pouilleux.
Sans m'en rendre compte, je m'étais crispée durant à peine une seconde. En fait, je n'avais pas envie de parler d'elle. Je la déteste, je le sais. Pourquoi j'en étais venu à poser des questions sur elle. Je m'en tape, je ne veux pas savoir, mais je redoute d'imaginer encore plus...

J'écrasais le mégot dans l'assiette. C'était la troisième roulée que je fumais. J'avais l'impression que ça soulageait mon état, alors que ça ne faisait que le faire empirer. Il poursuivit son récit, bien que je ne voulais pas l'entendre.
- C'est pour cela que j'ai dû le destituer, et fuir Lorgol avec la Freyja... Comme quoi... je suis destiné à avoir des pestes dans les bras.
Il me lança un sourire froid. Je le fixais. Des pestes? Bon sang, c'est lui qui les choisi. Ce SM de mes deux -nibards, j'entends-.
- He bien faites ce que bon vous semble. Mais ne me comparez pas à elle.
- Pourtant... Si j'osais, je dirais que vous avez pas mal de points communs.. Ca ne fait de vous une femme semblable, je vous l'accorde. Mais vous m'avez demandé, je vous répond.

Tout mon corps se crispa de colère, je pris la bougie bien consumée au pied du lit et je la lui lançais dans le bras. Puis je donnais un coup de pied dans la coupelle en terre cuite qui vint s'exploser par terre. Ses traits se frippèrent lorsque des goutelettes de cire brulante lui éclaboussèrent le visage.
- Vous craquez si vite... C'est un peu décevant... dit-il en répétant ce que je lui avais sorti même pas vingt minutes avant.
Il essuya la cire qui laissa des taches rouges sur sa joue. Je le fixais, la respiration coléreuse.

- Allez-y, dites le votre problème... La freyja vous a mordu un peu fort?
Je plissais les yeux.
- vous devriez être satisfaite, vous lui avez piqué la seule personne loyale à son service...
- Non ! J'aurais voulu lui voler bien d'autres choses.
Cette phrase s'était échappée de ma bouche sans que j'ai pu la fermer avant. Mon visage se défit l'espace de quelques secondes.
- Oui, Sethaïnal... par exemple.
- Conclusion hâtive, répliquais-je, la surprise disparue. Et faites attention à ce que vous dites, il y a une autre bougie.

Cette prêtresse d'Aurile.. Qu'est-ce que je la hais. Comme tellement d'autres femmes. Pour la raison.. Qui me regardera, et que jamais je n'extirperais de mon âme.
Il s'avança vers moi.

- La freyja était comme vous, se targuant de vouloir conquérir la terre entière, mais elle n'a jamais levé le doigt, trop occupée avec ses affaires de coeur, choisissant sa robe pour plaire à Sethaïnal. Ce sont des rêveuses dans votre genre à toutes les deux dont j'ai besoin pour sauver mon âme, jeune fille. Mais je dois vous avouer que vous êtes encore mieux, car même contre moi, même si j'étais à genoux, vous ne lèveriez pas le petit doigt.
- Alors vous vous trompez, et vous pouvez partir conter fleurette.

Je n'avais rien à voir avec cette femme. Rien du tout. Et je peux lui jurer, à ce Ciddis... Jamais, jamais... Jamais il n'aura un double de cette harpie.
- Conter fleurette? Vous ne comprenez pas... Le bon et valeureux Ciddis était là pour recueillir les larmes des coeurs blessés...Comment croyez-vous que je sais pour Sethaïnal, et pour Erkenbrand?
- Je le savais aussi.
- Moi je ne sers qu'à faire passer les colères, prendre les gifles qu'on ose pas donner à ceux qui les mérite, sauver ces dames des tigres et autres Bainites et orques... Voilà ce que je suis.. Celui qui prend les coups pour que VOUS puissiez conter fleurette ! Même agonisant.. Je tiens parole.. Vous l'avez esquissé tout à l'heure... Mais oui, je fais exclusivement des choses stupides, jolie démone. Et malgré toute ma stratégie, croyez bien que je n'ai pas le choix. Souriez aux anges ma belle.. Vous avez un esclave pour pas un rond, termina t-il dans un ton glacial.

- J'irais leur faire des grimaces, croyez-moi.
- Quelle faute de goût.. Vous êtes mieux souriante.
Je plissais le nez, silencieuse. Ses yeux verts vibraient d'une colère qui ne pouvait être feinte. Ce type était allé plus bas que terre pour préserver une vie qui de toute évidence, lui tenait moyennement à coeur.

Je trouvais qu'il était niais. Je trouvais que c'était une vie que je n'aimerais pas. Il avait sa vision des choses, pour se sauver. C'était étrange. Cet homme, qui avait un comportement qui différait tant du mien. Pourtant, les faits étaient là. Nous étions en train de discuter de nous, et d'empiéter chacun notre tour dangereusement sur le camp adverse.

Moi, en noir et blanc, comme si les couleurs me fuyaient, condamnée à être dans un monde à part pour toute mon existence. Je regardais ce type pétillant d'intelligence et d'exotisme, dans le genre différent des autres. Nous n'avions pas vraiment de choses en commun, me disais-je... Il mettait le doigt sur des points douloureux. Et il y arrivait en si peu de temps... Même si je les connaissais, c'était de les entendre par la bouche de quelqu'un d'autre, qui me destabilisait. De la bouche de ce type, que je détestais pour tout ce qu'il représentait.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 24 Fév - 2:45

[suite]

- Je ne suis pas altruiste. La stratégie consiste à faire cause commune de plusieurs buts. Sauver mon âme, occuper mes journées, tout ça peut être fait d'un seul coup, dit-il.
Je croisais les bras.
- Et je réussis?
- J'ai parié que vous le feriez...
- J'ai bien envie de ne pas le faire, rien que pour vous barrer la route, dis-je en soufflant par les naseaux.
- Libre à vous... un caprice de plus. Il est joueur. Il sera content que vous le fassiez gagner. Comme vous le disiez si bien, ça m'est vaguement égal.. C'est juste que je suis doué pour jouer les anges gardiens.
- Super.
Je me rasseyais. Je retenais ma main pour qu'elle n'aille pas se coller à ma tempe. Je faisais tout pour que le mal me laisse en paix seulement le temps de finir cette discution. Pourtant, il ne faisait qu'empirer. Il ne fallait pas que je m'évanouisse, ou que je laisse aller une de ces crises, surtout pas devant lui.

Ce mal était mien, je ne voulais pas le partager. Ces douleurs, ces vertiges. Ca ne le regardait pas, et j'étais très bien seule pour les assumer et les vivre. Je ne voulais pas qu'il rentre dans ma vie, dans des choses que j'ai toujours chéri car j'étais la seule à les subir. Cet homme, intelligent et par là même dangereux... Pourquoi a t-il débarqué sur mon chemin, et pourquoi s'y accroche t-il. Il peut trouver comment sauver son âme sans moi...

- Je fais ce que je sais faire, si j'avais une armée, je tenterais de conquérir des cités, ça m'occuperait.
- Après tout, je n'y suis qu'à demi perdante. Certes vous me faites bouger dans les bois pour vous nourir, mais bon, ça aurait pu être pire, dis-je, plus pour me convaincre qu'autre chose.
- Je pensais que vous aimeriez faire des choses ordinaires, vous soucier d'autre chose que de ceux qui regardent vos cornes, vos fesses et vos bijoux. Je pensais juste vous occuper, et j'avais faim, certes. Mais à ce que je vois, ça ne convient pas. Si c'est une statue en armure qui vous ferait plaisir, c'est dans mon répertoire.
- Non. Je ne vous aime pas. Vous non plus. C'est suffisant.

Il monta la marche qui nous séparait. Je ne sais pas si c'est de la peur que je ressentais, mais je n'avais pas envie qu'il s'approche. Je redoutais bien trop de choses. Il posa la main sur ma tempe. Je la repoussais. Il ne se laissa pas faire, mais ne força pas comme une brute.
- Qu'est-ce que vous voulez faire.
- Dissiper ce mal de tête.
- Il ne partira pas, dis-je en repoussant de nouveau sa main.
- Laissez-moi essayer...
- Vous êtes condamné à faire des choses. Je suis condamnée à en subir certaines. Je ne me mets pas entre ce que vous avez à faire, ne vous mettez pas entre ce que je subis.
J'avais la tête légèrement tournée vers la droite, quand je dis ça. Je ne voulais pas le voir. A quoi cela servirait, une aide? Elle n'est pas sincère. Et même s'il elle l'était, je n'en voulais pas. Ne pouvait-on pas me laisser seule, les fois où je ne criais pas de l'aide? J'étais résignée. Et c'était pile à ce moment là que ce type était entré dans ma vie...

Laissez moi, tous. Mourir, souffrir, ou autre. Vous ne pouvez pas m'aider, et moi, je vous hais.

Sa voix prit une teinte nouvelle, encore jamais entendue. Si je devais la décrire, je dirais que c'était simplement sa voix à lui.. Sans rien autour.
- Je vous apprécie... Werëarm de Waarn'ess... Avec vos cornes, vos caprices, votre avarice. Vous me trouverez devant toutes les choses que vous subissez, j'ai donné ma parole.
- Moi je n'ai pas donné ma parole. Je ne vous laisserais pas faire, dis-je, levant mes yeux gris vers les siens. Si vous croyez que vous récupérerez des larmes, que vous serez celui qui ramasserez coeurs ou esprits endoloris.. Effacez ces certitudes de votre tête. Car ça ne sera pas le cas avec moi.
- Je sais... j'ai pris la place que la Freyja m'a offerte, j'ai rongé l'os tendu. Rien de plus... Je suis usé... par des larmes qui m'indiffèrent.. Si vous deviez pleurer, je préfère être malheureux pour vous, que de n'en avoir rien à foutre. Laissez moi faire.. S'il vous plait.

Je le regardais, scrutant les différents reflets de ses yeux verts, félins. Le rempart de comédien était tombé, agrandissant ses pupilles. Ca ne durera pas, sans doutes... Non. Non, je ne voulais pas. Il était fort, il était inébranlable ! Il est dangereux, alors il ne doit rien laisser tomber. Qu'il me mente ! Toujours ! Encore.. pitié...

- Vous devez vous tromper, répliquais-je en détournant le regard.
- Je prend le risque de me tromper.
Mon regard n'arrivait pas à se fixer. J'étais sous l'emprise de mes nouveaux et éternels doutes. Mais non. Pourquoi tous? Pourquoi pas lui.. Je suis maudite. J'ai une malédiction. Jamais je n'aurais ce que je veux... On se jouait de moi. On voulait que je craque, que je pleure, que je m'effondre. Ils me prennent en défaut, ils veulent ma mort. Ou je les trompe. Ou mon sang les trompe. Alors.. Que j'aimerais..Tellement..Que...

Après avoir hésité un moment, il énonca :
- Tout à l'heure.. je me suis laissé soigner pour vous, cela allait contre mon éducation. Peut-être vous laisseriez vous soigner.. pour moi?
Je restais un moment silencieuse.
- Non, dis-je en me redressant. Il me faudrait plus qu'un simple bandage, qu'une simple tisane, qu'un simple soin, qu'un simple prêtre, je...
J'ouvrais la bouche, je la refermais.
- Pas je, repris-je, en posant une main sur ma tempe.
Ca y est. Je redébloquais. Pas devant lui. Pas devant..Devant personne. Moi, juste. Mes réflexions sont à moi, mes tourments aussi.. je ne laisserais personne empiéter sur cela. Il fallait qu'il parte, je n'allais pas..Enfin..
- Je suis plus qu'un simple prêtre, bandage, soin.. Vous le savez.
- Vous ne m'aiderez pas. Même si cela doit vous servir.
- Ca ne me sert pas... je veux le faire.. C'est tout.

Qu'ils arrêtent de me mentir, qu'ils arrêtent d'êtres bernés, qu'ils arrêtent d'être abusés ! Que dois-je faire pour ça ? Disparaître? Me tuer? Me supprimer?! Me défigurer?! Me .. purifier? Par des flammes? Par d'autres choses?! Mais laissez moi ! Je ne veux rien faire pour vous. Je ne veux rien faire pour moi. Je veux tout faire pour ce que je veux être.. Pour ce que je désire vivre. Laissez moi à ma lutte, laissez moi à ma souffrance, vous y participez en respirant et en me côtoyant.. n'essayez pas de sauver la mise d'une autre manière... Laissez moi, je ne vous en supplierai pas.. Tout le monde.. Tout ce qui existe...

Le seul mot qui me vint à la bouche.. :
- Pourquoi?
- Je ne sais pas, mais il est rare que je veuille vraiment quelque chose... Assez rare pour que je ne lâche pas l'affaire sur un simple non.
- Justement, vous ne savez pas. Moi je sais, vous perdez les pédales. Vous ne le voulez pas vraiment.. C'est faux ! C'est créé ! C'est falsifié. Ca n'est pas sincère, c'est provoqué, je...
- J'ai déjà perdu les pédales, me coupa t-il. Je sais à quoi ressemble la fureur.. Je sais ce que veut dire son rire dans ma tête. Je connais ses théories sur ma bassesse et ma misérable existence. Mais croyez moi, il ne me pousserait jamais.. à ça. Je suis sincère, et cela même si vous avez décidé que le monde entier vous mentait.
- Mais non, vous n'êtes pas sincère. Ce n'est pas vous qui mentez... C'est... Ce n'est pas moi qui provoque ça..je...et puis.. Et puis laissez tomber !

Werëarm, reprend toi. Personne ne comprendra jamais, l'as tu oublié? Pourquoi t'obstines tu. Qu'est-ce que tu attends? Je l'ignorais. Qu'est-ce que tu voulais? Je l'ignorais... Qu'il me sauve, qu'il me tue, qu'il me laisse... Je n'en peux plus...

Cet homme, j'avais envie de l'enlacer. De le prendre contre moi, et de lui dire “tuez-moi”. J'avais envie de l'embrasser, et j'avais envie de le supprimer. Mon sang démoniaque tapait dans mes veines alors qu'il imposait sa vision des choses. La lutte était présente. Mon côté de descendante de succube voulait lui faire l'amour et le tuer. L'autre.. voulait la même chose, mais si différement. Par haine, par envie? Par désir, par dégoût? Par ressemblance, par différence..? J'étais perdue.

- Non... J'argumente toujours ce que je dis. Je propose, je développe. Aujourd'hui, je n'ai aucun argument pour vous prouver que je suis sincère. Aucun devoir, aucun code, aucun Dieu.. .Pour tout vous dire, je serai nu devant vous que ça ne serait pas pire. Je suppose que la sincérité ressemble à ça.

Combien d'hommes j'ai vu, sincères?! Mis à nu, à cause de moi. A cause de mon foutu sang, de ce que je représentais, et non de ce que j'étais. Subir ces sincérités créées, je ne veux plus.. Je veux gagner.. gagner la sincérité.. Laissez de côté les mensonges. Ne me dites pas que vous êtes sincère, vous ne l'êtes jamais. Laissez moi. Ne me regardez pas, mentez moi ! Quand je veux, vous refusez, quand je refuse, vous venez.. Par pitié, qui se joue de moi?

- Vous ne trouvez pas cela bizarre? Moi? Enfin...Ca? Dis-je en posant la main sur moi. Je ne veux pas. Pas subir.
- Alors laissez moi essayer...
Je croisais les bras de nouveau, plus pour me protéger de subir ou de faire, plutôt qu'en signe d'opposition. Il leva lentement la main, pour tenter de l'approcher de mes tempes. Je la lui repoussais de nouveau.
- Imaginez que je ne me trompe pas.. juste une seconde.
- Mais ça n'est pas envisageable.
- Aucune importance.. imaginez.. l'imagination sert à ça...
- Je n'en ai pas envie...
- Pourquoi...? Qu'y a t-il de si néfaste dans le fait que je puisse être autre chose qu'un dangereux comédien?

Ca n'a rien de dangereux, c'est rassurant... Je ne suis pas la seule à le faire. C'était peut-être pour ça que je supportais ce type. Et là.. il ôtait. Il redevenait quelqu'un de normal. Etait-ce ce que je voulais? Si tout le monde était comme cela, alors pourquoi pas l'autre, là... Maudite. Condamnée à souffrir.... Condamnée à tout subir de travers.

- Non, le problème n'est pas là.
- Où est-il, alors?
- C'est moi. Enfin.. Ca, ceci, ce, comme vous voudrez. Ce que vous pensez est faux. Ce que vous croyez est subis... Je … enfin. Peu importe. Vous ne comprendriez pas, ou alors je n'ai juste pas envie que l'on comprenne.
Il plissa les yeux. Puis ses yeux s'agrandirent d'un coup, comme s'il avait compris. Il me demanda :
- Vous..Descendez...d'une succube?

Il allait comprendre? Devenir lucide? Me dire qu'il ne pouvait plus me côtoyer? Qu'il s'en rendait compte..? j'aurais tant aimé.

- Et vous pensez que ce n'est pas moi qui parle.. mais ce pouvoir de charme et de fascination..légué par vos ancêtres..?
Je restais silencieuse.
- Vous vous trompez..Werëarm de Waarn'ess...
- Vous n'avez rien qui puisse prouver le contraire.
Mes yeux rétrecissaient. Le but d'être berné, c'est justement de ne pas s'en rendre compte.
- La maison Maargrave.. depuis l'aube des temps..possède un petit domaine, jamais conquis, jamais attaqué. Depuis des siècles..nous sommes stratèges, et conseillers des souverains. La conspiration, les charmes, les philtres de dominations, les mensonges et le poison..Sont ce que les Maargräve combattent le mieux. Vous ne connaissez pas Zenthyl... Mon fils de 10 ans savait déjà faire la différence entre une décision rationnelle et l'effet d'une drogue.. ou d'un sortilège.

Ah oui? Et avait-il connu une descendante de succube.

- Je vous parle d'un sang..Trompé par un autre. Ca n'a rien de comparable.
- Alors ce sera votre sang, trompé par le mien.
Je fis un long non de la tête. Il se détourna pour fouiller dans son sac, en extirpant une fiole pleine d'un liquide orangé, une potion de clarté. Il se mit en face de moi, la débouchant, et la vidant d'une traite. Des grésillements argentés crépitèrent à ses tempes. J'observais. Il ferma les yeux et inspira profondément, laissant le liquide faire effet, et il était aisé de savoir que lui même en était venu à douter de l'authenticité de ses pensées. Un sourire se dessina sur ses lèvres, et il rouvra les yeux :

- Désolé.. je ne savais pas pour ce pouvoir, cet héritage. Mais je ne lacherais pas l'affaire. Peut-être un jour serais-je abusé.. Mais aujourd'hui, il n'y a que moi.
- Balivernes, dis-je en me retournant.
- Regardez moi.
Je passais une main dans mes cheveux, qui retomba sur mon visage.
- Regardez-moi et dites moi que je mens.
Je me retournais. Ses yeux pétillaient d'argent sous l'effet de la potion. Mais le vert en dessous ne laissait aucun doute... Etait-ce de la fierté? Etait-ce le doute, ou autre chose, qui l'avait poussé à prouver sa sincérité, chose qui lui omporte d'ordinaire si peu? Peu importe. Il disait vrai, ça ne faisait pas un pli. Mes yeux étaient éclaircis, et dans un souffle je murmurais :
- Vous ne mentez pas.. mais vous êtes abusé quand même.
- Regardez mieux.. Cherchez vos ancêtres dans mon regard, cherchez les bien. Il n'y a.. que moi.
- Avez vous fait tout ce charabiat à ces autres pleureuses? Repartais-je dans l'offensive.
- Les pleureuses veulent qu'on leur mente pour les réconforter..Vous, vous ne pleurez pas.

Si je pleurais. Tous les jours, intérieurement, je fondais en larmes. Alors qu'est-ce que je veux? Je croyais avoir pensé cette phrase, mais elle sortit de ma bouche quand même. Ma tête eu un léger mouvement de recul sous la prise de conscience.
- Je le sais, je n'ai pas besoin d'entendre des propositions. Je suis lucide. Et parfois, je m'en veux de l'être autant, la naïveté a quelque chose de si attirant.
- C'est vrai, confirma t-il. Les ignorants sont des princes, et nous avons été chassés de ce royaume il y a bien longtemps.
- Alors ne retombez pas dedans...
- Aucune chance...
- La chance n'a pas tous les pouvoirs.
- Ceux qu'elle n'a pas, je les aurais, répliqua t-il.
- Vous êtes trop sûr de vous.
- Si je ne l'étais, je serais abusé. Vous voulez qu'un jour quelqu'un vous appelle ...Werëarm. Et que vous vous retourniez en ayant la certitude que cette personne n'a appelé que vous, pas votre sang, pas vos cornes, personne d'autre que vous.

Il avait répondu à la question un moment après. Je fis non de la tête. Je voulais trop de choses, c'était la seule réponse pertinente. Trop de choses.

[a suivre prochain poste]


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 24 Fév - 2:46

[suite encore]

- C'est sans doute vrai, me répondit-il. Je ne veux pour ma part qu'une chose à la fois. En ce moment, je veux vous aider.
- Cela ne durera peut-être pas. Ce n'est pas un mal.
- Je suis persuadé de n'être abusé par aucun pouvoir. Je prend le risque de vous dire la vérité avec tout ce que ça implique... Prenez le risque..de croire que j'ai raison.. même si ça ne dure pas.
- Ce qui implique un manquement grave dans votre code de conduite. Pourquoi le faire? Lui demandais-je en me tournant à demi sur le lit pour le regarder.
- Cela implique un manquement grave de conduite imposé par autre chose. Mais moi je suis Ciddis de Maargräve... Et vous.. Werëarm de Waarn'ess...Et jusqu'à ce que ce vieux pourri ait mon âme, je fais ce que je veux. Peut-être est-ce ma façon de prouver que je ne suis pas ce qu'on a décidé que je serais..peut-être ais-je juste envie de vous aider..peut-être les deux.

Je n'en pouvais plus. J'allais craquer.
Est-ce que je l'aurais? Ou est-ce que mon sang l'a déjà? Est-ce que me bats contre mon sang, pour gagner une partie imaginaire?!

- Je crois que je vais aller me reposer un peu, dis-je d'une voix basse.
Je ne bougeais pas. Je ne devais pas aller à sa rencontre, poser mes lèvres contre les siennes, l'enlacer. Ca ne serait pas moi. Ca serait mon sang. Moi, moi je ne sais pas où je suis en ce moment, et ce que je fais. Est-ce moi qui suis-je envoûtée par mon sang, à défaut de ceux que je côtoie? Me tromperais-je encore, depuis le début?
- Werëarm... Je ne vous ai pas laissée me faire le numéro de la femme ivre... J'ai quitté votre chambre l'autre soir, sans discuter.. je n'ai pas touché à mes vêtements aujourd'hui.
Et moi, en avais-je envie...? Il reprit :
- Je ne suis pas ...envouté... Et je partirais à la seconde si vous le demandez, parce qu'aucun pouvoir ne me retient. Enfin.. aucun qui vienne de vos ancêtres.
- Et si je vous demandais de rester?

Encore une phrase qui s'était échappée de mes barrières. Il répondit :
- Alors je penserais qu'il y a pour moi un risque de finir envouté... j'aiguiserais mon esprit...attentif au moindre détail de mon comportement, pour ne jamais succomber. Et finalement, je prendrais le risque. Je resterais.
Il n'en avait certainement pas pris conscience, je pris soin de ne pas le montrer, mais ce dernier paragraphe m'acheva. Je restais un moment silencieuse, serrant mes bras contre elle, ce reste perdu, contre moi.
- Vous pouvez y aller.
Il s'inclina dans un froissement laineux de son manteau. Je posais mon index et mon pouce contre mes yeux. Attendre qu'il claque la porte.
- Au revoir, dis-je.
- Ca aurait été avec plaisir...Werëarm... Je n'abandonnerais pas, que ça vous plaise ou non. Au revoir, et bonne nuit.
Il pivota et s'éloigna. Avant de fermer la porte, il me dit :
- Et essayez de boire quelque chose.. même les succubes et leurs descendantes ne fabriquent pas de sang sans se déshydrater.

Il redoutait de succomber... Ainsi donc, s'il me côtoyait, il penserait tomber sous l'envoûtement. L'envoûtement, cet envoûtement ancestral qui me colle à la peau ! Ainsi donc il aurait peur de tomber sous le charme démoniaque. Mais en ais-je un, propre à moi, de charme? Un qui m'appartienne vraiment? Tous mes espoirs tombaient. A chaque fois que j'embrassais un homme, c'était mon sang démoniaque qui s'en délectait. Et moi, dans tout ça?

Soit les gens tombent dans mes filets, soient ils se méfient de moi en ne voyant que le côté de démon, de succube. Les deux cas.. ne me plaisent pas. J'aimerais être humaine, ou une autre race. Savoir que rien de magique n'est interposé entre mes relations avec autruis.. Rien de gratuit, aucun héritage immonde et collant.

Si je déteste autant les gens, est-ce pour éviter de les côtoyer, et ainsi donc, les mettre en sûreté?

Je m'effondrais, seule. Je me laissais tomber sur le lit, enfouissant mon visage dans les draps, si doux. Je n'allais pas refaire une crise... Identitaire ou non? Je l'ignore. De nouveau seule, avec une moi qui ne se comprenait même pas. Je n'aurais pas ce que je voudrais, jamais, car je ne suis pas capable de me le dire sans me hurler le contraire aussitôt.

Non je ne pleurais pas. Mes luttes intérieures suffisaient largement à éponger toutes les larmes de mon âme. J'étais un truc desséché. Je ne pouvais pas me faire mal physiquement, alors je le faisais mentalement. Personne ne comprend. Tout le monde émet une hypothèse qui me perd encore plus. Personne ne me considèrera jamais comme tel, car je ne le suis pas. Je nierai chaque tableau de moi, car même un miroir ne reflète pas ce que je suis.

Je souffrais de ne pas pouvoir serrer un homme dans mes bras en sachant qu'il n'est pas abusé. Et en même temps, je me plaisais tellement dans ce jeu. Lutte des sangs. Lutte des identités. Je repassais dans une phase de dépression. Aimer, envoûter, haïr... Quelles sont les nuances? Les écarts sont-ils si grands qu'on arrive à en venir à les comparer?

Quand quelqu'un effleurait une idée de moi par des mots, il venait tout gâcher en y mettant un point final. Ma vie se résume en virgules... Et ça ils ne le comprennent pas.


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 24 Fév - 21:46

Et ceci

Je passais mes doigts le long de mes joues qui se creusaient, face au miroir de la chambre. Je n'étais pas allée me promener, j'avais envie d'être au calme, au chaud. Il fallait peut-être que je me force à manger et à boire. Mais j'en avais la flemme. J'étais... Las de tout.
Je ne pouvais pas me détruire physiquement. Je gardais ces traits beaux, ce regard, ces lèvres. Je posais le regard sur le couteau que j'avais posé à côté de moi. Assise, mes doigts glissèrent le long de mon torse pour ensuite s'enrouler autour du manche de cette arme.

Pourquoi les gens étaient obsédés par ces armes. Pourquoi les êtres leur ont tellement accordé d'importance. Quand je voyais cette lame scintillante... Oui, je comprenais peut-être. On croit.. Que l'on a du pouvoir. Les reflets d'argents, bougeant avec la lumière, m'obsédaient. Et si...?

Je posais le plat de la lame contre ma joue, faisant une petite pression. Rien. La pointe était dirigée vers mon oeil gris, terne. Elle s'avançait. Et quand elle fut arrivée à un millimètre, elle n'avait plus d'importance. Et si tout d'un coup, j'avançais le couteau d'un geste sec, pour qu'il me transperce l'oeil...? Et si...

Je posais cette fois le tranchant de la lame contre ma joue. Et si je rabattais, pour que cela me scie en deux? Qu'est-ce que ça changerait? A quoi ça servirait. Et si je me tranchais la bouche. Et si je me découpais les paupières. Et si je me taillais le nez? Et si... je me transperçais le ventre? Est-ce que ça aurait plus d'importance, que si c'était quelqu'un d'autre qui me le faisait?

Je prenais le couteau avec mes deux mains, la pointe reposant dans mon nombril. Qui serait là pour m'en empêcher? Personne.
Non, je ne me suiciderais pas comme ça. Je me suicide autrement, déjà, par la torture de mon esprit. Mais c'est vrai que j'avais envie de m'enfoncer cette arme dans le ventre. Pas pour me tuer. Pour voir ce que ça faisait, de me faire souffrir physiquement. Est-ce si différent que la torture psychique?

Je lançais le couteau un peu plus loin. Je pris le miroir dans mes mains. Même moi... Je trouvais cette image belle, malgré la maigreur qui s'installait. Encore un tour de ces démons. C'est vrai. Je repproche les autres d'êtres bernés par ce que je ne suis pas. Mais et moi? Si ça se trouve, je le suis aussi, et peut-être plus qu'eux. J'étais coincée.

J'ai croisé Sethaïnal, un peu plus tôt dans la journée. Je l'ai interpellé, j'étais contente de le voir, cela faisait longtemps. Je lui demandais comment ça allait, où il voulait aller, je lui déconseillais la forêt car je m'étais faite attaquer par des.. Mais il ne me laissa pas le temps de finir, il me dit “je rumine”. J'ai voulu savoir pourquoi, lui remonter le moral, parler. Juste parler. Moi, pour une fois, peu importait. Il passerait avant.

On est allé dans le théâtre, puis il a parlé de lui, donc. Il avait frappé une femme de sa connaissance, tout ça, pour une affaire louche, etc. Je l'écoutais, je lui repondais, je gloussais. Et puis quant il eut finit il me sortit : “bon, c'est pas tout, mais je dois retourner là-bas”.
Cette phrase fut un coup un peu étourdissant. Je voulais passer du temps avec lui, je l'ai écouté, je n'ai même pas eu le temps de lui parler de moi, mais ça n'était pas le pire, ça. Le pire, c'était qu'il s'en foutait, qu'il n'en avait rien à faire. “Au revoir”, avais-je dû dire. Il avait dû se rendre compte qu'il n'avait peut-être pas été très séant. Et il rajouta “Tu t'es faite attaquer, au fait?”.



“Au fait”? Ben oui, je te l'ai dit, abruti. Je voulais t'en parler, te raconter que j'ai eu peur, mais visiblement ça ne t'intéresse pas, tu as d'autres choses à faire. Suite à cette question déplacée, genre je la pose vraiment pour faire genre mais j'ai envie de me casser... Je n'avais vraiment pas goût à lui répondre.
Me parlait-il pour occuper son temps? Genre quand il n'avait rien à faire d'autres, quand ses dames n'étaient pas dans les parages? Ce n'était pas ce que je voulais.

“Laisse”, avais-je dû dire, en rajoutant que j'allais chanter un peu, partant en souriant. Il ne valait pas mieux que les autres, il était peut-être même pire. Je ne valais rien pour lui, je ne l'intéressais pas. Ma vie ne l'intéressait pas. Il avait d'autres soucis. Qu'est-ce que j'espérais? Tu es stupide, Werëarm.

A quoi t'attendais-tu? Que quelqu'un puisse passer du temps avec toi, rien que pour toi? Personne peut le faire. Tout le monde est dicté par soi-même, par sa vie, ses envies. Là, j'avais eu l'impression de n'être que quelques minutes accordées parce qu'il n'avait rien d'autre à faire. Puis plus d'important, plus d'intéressant l'a éloigné. C'était horrible, d'une certaine manière. Je suis sûre qu'il n'a même pas remarqué que j'avais maigri, que je n'allais pas bien. En même temps, j'ai tout fait pour ne pas qu'on le voit.

C'était vraiment une vie débile, que j'avais. Une vie solitaire avec mes plusieurs moi-même. Je n'avais pas de mains tendues, pas de bras écartés, à part mes différentes folies. Je refusais les autres...Car quand j'attendais quelque chose de leur part, je me prenais un vent phénoménal. Alors maintenant, je n'attends plus, je n'espère plus, je refuse. C'est le meilleur moyen pour ne jamais souffrir, pour que jamais les autres n'ai d'emprise sur ma pauvre vie.

Et puis, je n'ai goût à rien. Je me force à sortir un peu, prendre l'air, mais si je pouvais croupir dans ma chambre, je le ferais. D'ailleurs.. Depuis quelques jours, j'arrive de moins en moins à me forcer à sortir. Après tout, ça me fera du repos... Ou du calme pour mieux te torturer les sens. Face à toi-même, tu ne peux que te regarder, te maudir, te haïr, réfléchir, te dire que rien ne vaut ce que tu es, te dire que ce que tu es n'est rien. J'aimerais bien hurler "tuez-moi", j'aimerais bien hurler "sauvez-moi", j'aimerais bien hurler "laissez-moi".

Tout ce qui pouvait me sauver, je ne l'aurais jamais. Je regarde ces gens vivre, de ma fenêtre. Ces gens parler. Est-ce que quand ils sont seuls, ils ont les mêmes tourments que moi? Non. Ils ont une vie simplifiée. Tout frapper, tout détruire ! Je vais les tuer, tous. J'ai envie de voir leur sang, de voir leur face dégoulinante de peur. De payer pour tout le mal qu'ils m'ont fait, pour tout le mal que je me fais, pour tout le mal qu'ils me feront et que je me ferai.

Et si je m'ouvrais les veines... Lequel de mes sangs me fuirait en premier pour me tuer...?
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptySam 28 Fév - 4:10

Et ainsi...

"Je passe mes journées sur le lit, allongée, silencieuse..."

[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 W18


J'ai tellement maigri que je perds tous mes pantalons. Je dois ressortir ma collection de robes. J'ai l'impression qu'on ne pourrait même plus me reconnaître par la silhouette. Enfin, quand même pas. Mais j'ai bien perdu. Je ne mangeais pas beaucoup ces derniers temps plus par oublie qu'autre chose. Mais c'est devenu une habitude, et la faim s'en est allée... Le dégoût pour ce qui est de m'alimenter s'est installé. Me nourrir, sortir, boire, sont passés dans le domaine du non-nécessaire.

Je passe mes journées sur le lit, allongée, silencieuse, ou contre la fenêtre. A regarder ces gens. Moi je perds mes forces, à rester là sans rien faire. Je me rends compte que j'ai plus vite froid, plus vite chaud, que les bruits me donnent mal au crâne, que l'air frais de dehors m'étouffe, je m'essouffle, aussi... Je supporte de moins en moins les gens, je m'irrite plus vite, je les fuis plus vite, pour tenir encore un peu. Ils me donnent mal au coeur, tous. Mal.

Chaque jour empire le précédent. Je me contente du moins. Je me contente de réfléchir pendant des heures entières, en fixant le plafond. Je ressasse le passé que j'aime tant, le présent que je supporte, et le futur qui n'existera jamais tel que je le désire. Mon avenir... L'avenir ne nous tend jamais les bras, en même temps. Il nous montre son cul. Et il avance au même rythme que nous... Impossible de l'atteindre pour lui foutre un coup de pied dans le fion. Quel est le Dieu qui s'amuse avec ma vie?

J'espère, aucun. Comme je l'avais dit à l'autre, je préfère que les divinités m'ignorent, même quand j'ai besoin d'elles, plutôt que d'en avoir ne serait-ce qu'une collée au troufion dès que je fais le moindre geste.

J'aimerais qu'on m'enlève mes peaux une par une, pour voir si il y a vraiment quelque chose en dessous. Je n'ai pas beaucoup de visite. Je suis en train de disparaitre dans le dos à tous. Enfin, plus ou moins tous. Et ça me plait plus ou moins aussi.

J'avais un peu l'impression que quand je sortais, le monde entier m'éjectais de nouveau. Je n'avais plus vraiment de place, je n'en ai jamais vraiment eu et j'aime autant ça. Je m'incruste. Et pour s'incruster, il faut déplacer les gens qui sont déjà là. Les bouger un peu, les déranger. Mais en ce moment, je n'avais plus vraiment envie. J'avais envie d'être loin, oubliée, d'être effacée, un peu, pour respirer. Mais du coup, je respirais mon propre souffle... Et cela m'empoisonnait. Et en même temps, être dehors me donnait envie de mourir. J'étais alors mêlée à une masse de gens trop occupés par leur vie, et moi, j'étais floutée dans cette marée. En fait, les deux me pourissaient, et quitte à choisir je préferais largement mon souffle périmé.

Je suis nauséeuse. Je ne veux qu'une chose, une seule ! Accordez-la moi, ou retirez-la de mes obsessions. J'en ai marre d'essayer de la voler.
Encore allongée sur ce lit, si doux, si loin de tout. Ma tête est lourde, et j'ai chaud. Je crois que j'ai de la fièvre. Parfois j'ai peur de m'endormir et de ne pas me réveiller. Secoue toi, regarde ailleurs...
J'avais beau chercher l'air je ne trouvais pas la bouffée qui réactiverait mon envie de vivre. En attendant je décrétais que ça n'était rien, que ça passerait, que je cherchais juste l'inspiration, que je travaillais trop... Alors que non. Je me hissais difficilement du lit, m'enveloppant dans le drap, et me postais à la fenêtre.

Des fois j'aimerais bien ne plus pouvoir penser, ne plus pouvoir réfléchir, ne plus pouvoir me tourmenter. Je prenais conscience qu'il commençait à être difficile de camoufler mon mal ambiant, mon corps trahissant ce que mon esprit avait toujours réussi à camoufler avec brio. Je pourrais tout cacher... Mais je n'en avais pas envie, ou pas la force. Alors je restais dans cette pièce qui était devenue mon petit empire où mes serviteurs étaient mes pensées, qui me poignardaient dans le dos dès que je m'éloignais de trop.

D'en haut, je regardais ces gens continuer de vivre alors que moi je continuais à mourir.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 2 Mar - 22:16

Je

"Crève-les pour te tuer."

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Ca empire. Je tente de le cacher mais mes jambes me supportent à peine. Dès que je me lève, j'ai le tournis. Dès qu'il faut faire le moindre effort, j'ai l'impression que je vais m'effondrer, que mon sang tape à mes tempes à une vitesse folle, que ma vue se brouille.. Je croque dans une pomme histoire de me dire que j'ai mangé. Mais au bout de quelques morceaux, je la repose, je n'ai déjà plus faim, et avant qu'elle ne pourisse, je la lance dehors. J'ai envie de mourir. J'ai envie de vivre. Contradictions qui font que je suis dans un immobilisme chronique. J'affile roulée sur roulée. Cela faisait longtemps que je n'avais pas fumé autant.

Je dors plus souvent. Plus longtemps. Je me refuge dans des rêves plus ou moins étranges. Il fait nuit. La pluie cogne contre la fenêtre. J'ai chaud. J'ai senti un mouvement, pas loin de moi. Ca me réveille. Ca me fait peur. Je suis en sueur. Je me redresse, j'observe. Je demande qui est là. Ben moi ! Ou moi. Et moi, aussi ! Laquelle, je réponds. Enfin qui, je réponds, plutôt. Enfin, je ne sais pas. Fais quelque chose, me murmure t-on. Ne m'oublie pas, me dit-on. Tu nous entends, parfois ! Me confirme t-on. Oui, je sais. Mais où vous êtes? Ici. Et là ! Ou non.

C'est quoi ce jeu? Je deviens folle. J'aurais dû baisser le miroir sur la petite table. Je me regarde bizarrement, et je me fais peur. Ce n'est peut-être pas moi. Je fronce les sourcils. Mes lèvres ne bougent pas. Je pose mes doigts sur mes lèvres. Non, elles sont fermées. Tu n'as pas besoin d'ouvrir la bouche pour te parler, ma petite Wiwi, me dit-on. Oui, je sais. Mais c'est pour me rassurer. Tu as raison, réplique t-on. C'est quoi la vérité dans tout ça? Aucune idée, tu sais, moi, je suis là et pas là. Mais qui est moi? Enfin, qui es-tu. Qui je suis? Ce que tu es, ou pas. En fait, je l'ignore. Le je, quoi. Pourquoi le je? En fait, tais toi, moi je suis celle là, toi tu es celle ci, l'autre est celle là-bas, et elle... Taisez-vous ! Je suis MOI.

Non, enfin oui. On est nous ! Sans pour autant tout penser. Des fois ce que tu penses n'a vraiment pas de sens. On vient t'aider ! Me chuchote t-on. Ou pas, me réplique t-on. En fait, tu n'es pas vraiment toi, on est vraiment nous, je suis celle que tu voulais être, l'autre jour, de l'année dernière, tu te rappelles? Et moi, je suis celle que tu étais il y a deux mois. Mais toi, ben je sais pas. Moi non plus. Moi non plus. Moi non plus, à vrai dire. Moi si ! Chut, tais-toi. Peu importe, si tu ne sais pas. Peu importe si tu n'as pas de vérité. Je dirais... Chut ! Je disais quelque chose de mieux. Non, moi, avant.

Dis, tu vas te tuer? Te tuer toi, c'est pas grave, mais nous, c'est grave. Tu sais, tu peux supprimer ça, mais pas ça. En fait, on sera toujours là, tu seras toujours on, nous serons toujours je, je serais toujours toi. Tu comprends? Moi je comprends. Et moi aussi. En fait, tu délires, tu sais. Tu ne sais pas qui tu es, nous on sait que tu n'es pas ce que tu veux être et ce que nous sommes aussi. Tu comprends? Peu importe, en fait. Tu devrais les tuer, franchement. Ils sont chiants. C'est vrai, personne n'est là, je ne vois pas pourquoi tu y serais. J'ai mon mot à dire là-dedans? Je sais, j'ai le droit de penser ce que je veux. A vrai dire, je sais aussi que vous..que je... que j'ai trop pris d'identités différentes. Mais tu as un...Enfin vous avez..J'AI quelque chose, un passé rien qu'à moi. N'est-ce pas?

Oui et non, en fait. Tu as fait pas mal d'erreurs, mais je suis là, tu es là aussi, l'autre aussi, toi tu es peut-être morte, mais pas une autre. Au final, si tu ne vis pas pour toi, vis pour ce que tu as créé... Un mensonge que tu te répètes et que tu illustres aux yeux des autres. Ne t'en fais pas, je suis là, tu es là, nous sommes là, ils et elles sont là. Les autres, peu importe, tu n'en as pas besoin. Une seule chose est important, mais tu ne la connais pas. Quelque chose qui pourrait te sauver? Ca n'est pas ce que tu crois. Ouvre les yeux, tu..je comprendrai.

C'est de la faute à celle qui t'a faite, à celle qui t'a transmis ce sang, mais tu n'es même pas sûr de l'avoir. C'est vrai, et si tu n'étais pas ça? Si ce n'est de sa faute, c'est de la faute de ce monde idiot. Calme toi, je suis là, toi aussi, et eux aussi. Ne pense plus qu'à tout ce que tu as inventé, tout ce que tu as créé. Ca n'est pas un mal de ne plus savoir qui je suis. Tu sais qui tu es, qui ont été tes visages ! C'est le plus important. Perds toi, meurs, divague, disparaîs, crève. Tu oublieras tout, même les regrets.

Tu es la victime, ils sont des salauds, eux, qui ont eu la facilité. Toi, tu es incomprise, et puis, tu te détruis ou détruis quelque chose, mais bientôt ça sera ton entourage que tu pourras détruire. Tu es faite pour ça, c'est une de tes natures, un de tes sangs que tu te plais à cacher ou à mettre devant, quand ça t'arranges. Moi je te dis, et je me dis aussi...Crève les pour te tuer.

Je ferme les yeux, je me calme. Dans une heure il fait jour.
C'est sûrement le tabac.



...ou moi.
Qui toi?
Rahh, la ferme.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptySam 7 Mar - 11:11

PR1->10
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptySam 7 Mar - 11:11

PR10->23
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptySam 7 Mar - 11:11

Malade

"En attendant, je gîs sur un lit, en les détestant,
immobile, dans l'incapacité de faire quoi que ce soit."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 W24o


Tout ce que mon corps n'avait pas pu dire durant ce laps de temps arriva d'un coup. Maux de tête, maux de ventre, vertiges... Tout apparut à peine la porte se refermait-elle. Mes pas me portèrent jusqu'au lit alors que j'étais hébétée par la douleur. Tout tournait autour de moi. J'avais l'impression de tomber en arrière. Mes paupières restaient mi-closes, il était impossible de les fermer ou de les ouvrir. De l'eau, j'avais un verre d'eau sur la petite table...

Je tend le bras, je le renverse. Mon coeur se contracte. Non, s'il vous plait. Laissez-moi. Laissez-moi boire, laissez-moi vivre ou laissez-moi mourir, à votre guise, mais laissez-moi. J'entends les bruits de la place en bas. Ils vivent, eux. Ils s'en fichent... Ils s'en fichent de tout. Ils s'en fichent de moi. J'ai envie de pleurer. J'ai horriblement chaud, j'ai terriblement froid. Pour la première fois depuis longtemps, ça serait un plaisir de croquer dans une pomme. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais envie de boire un verre d'eau, pour l'eau en elle-même, pas pour moi en pensant que c'était nécessaire à ma survie.

J'ai vécu ce monde avec passion, contrairement à la grande majorité indifférente. Je dis passion.. Quelle soit bonne ou mauvaise. J'ai haït, j'ai détesté, j'ai peut-être apprécié, mais toujours tout dans la démesure. Je n'ai jamais trouvé de bon équilibre. Je n'aurais jamais pu en trouver. Je le sais. J'étais affligée. J'ai l'impression de m'enfoncer dans mon lit. Comme si on m'aspirait. Mon corps me dit stop. Il me dit que je l'ai négligé. Je l'ai négligé pour moi, pour eux, pour lui. Si je meurs, ça n'est pas contre le monde, mais pour le monde.

Tu es contente, Werë? Tu as réussi à t'épuiser? Tu savais que tu regretterais. Tu savais que tu en souffrirais, mais tu savais que tu en tirerais une part de soulagement. C'est dur, hein? Ton corps te lâche. Lutte encore un peu. Allez, pense.

Je pense... A eux.
A qui?
A ceux à qui on ne pense jamais, sauf moi.
Pourquoi? Par bonté?
Non. Quand je dis que je les hais tous, je pense à eux. Du plus petit au plus grand..Du plus jeune au plus vieux.. et autre.
Et qu'est-ce que ça te fait?
Ca me fait du bien.
Pourquoi?
Je ne sais pas. J'ai vu des tas de gens, tout ceux que j'ai croisé, je leur ai volé une partie de leur existence. Quand j'ai vu cette femme soulever un sac un peu trop gros pour elle. Quand j'ai vu un homme se diriger vers un panneau pour lire des affichettes. Quand j'ai vu ce vieux assis sur le trottoir en train de faire des chapeaux. Quand j'ai croisé le regard de cette jeune adolescente un peu sale. Quand j'ai vu ce type trébûcher... A chaque personne que j'ai croisé, j'ai volé quelque chose. Même si 99%, je les ai oubliés, je sais qu'ils ont existés. Je sais, quand j'y pense, qu'ils sont quelque part à vivre une vie différente. J'aime bien imaginer leur vie simple, ou différement compliquée. J'aime bien leur en voler un bout. J'aime bien savoir que je ne suis pas la seule, ici, même si sur beaucoup de points, je le serais toujours.
C'est inutile, tout ça. Eux n'ont jamais fait attention à toi.
Et alors? S'ils le faisaient, je ne serais pas différente.
Si.
Peut-être. En attendant, je gîs sur un lit, en les détestant, immobile, dans l'incapacité de faire quoi que ce soit.

Quelle triste vie que j'aime et que je hais, comme tout ici dans ce bas monde. Moi, le centre de l'univers, je m'étais placée au centre grâce à ces gens que j'avais déplacé autour. J'ai envie de voir leur sang. J'ai envie de sortir, d'aller en égorger un, de le bouffer. Une pulsion que je vivais au quotidien, mais que j'avais appris à réfrener pour mes intérêts dans la communauté humaine.

Je ne suis pas humaine.
Je ne suis pas démone.
Je ne suis même pas moi.
Combien de fois ais-je cru mourir.

Le sang tape contre mes tempes. J'aimerais appeller à l'aide, mais seule ma tête fonctionne. Et lui qui est parti.. Comment on va me retrouver? Je dis ça comme si j'allais crever. Mais ça n'est qu'un simple malaise qui va s'en aller, comme d'habitude. Immobile sur mon lit, j'ai froid.

J'aime mes rêveries. J'aime mes tourments. Et pourtant, oui, j'aimerais m'en débarasser. Pourrait-on se débarasser d'une vie contre une autre? Tout laisser tomber, même les quelques choses qui nous tiennent à coeur pour quelque chose d'inconnu? Je l'ignore.

Je me rendais compte que j'étais vraiment seule. Que j'avais toujours été solitaire avec mes différents moi-même. Que jusqu'ici, ma confiance était placée en très peu de gens. J'étais la proie d'une fatigue monstrueuse. Je ne m'étais pas alimentée depuis trop de temps. Tout devenait cottoneux..

J'avais envie de vomir. J'avais envie de régurgiter tout mon mal être sur ce monde pourri. Je réclamais une vie plus simple, loin des tourments raciaux. Je ne savais pas qui j'étais. Je m'étais tellement entourée de cocons de différentes personnalités, qu'au final je me mettais à croire que tout le monde faisait pareil et que j'étais plongée au coeur d'un complot béant. Et au fond de moi je suis persuadée que c'est vrai. Je suis manipulée, par les autres et par ce que je ne suis pas. Des fous, des enfoirés, des attardés, voilà ce qu'ils sont.. Dieux et Démons savent combien de fois le monde m'a donné raison.

J'ai beau crier à l'aide, personne, jamais, ne m'entendra. Difficile de communiquer avec quelqu'un si on ne connait pas sa langue. J'ai beau parler, personne ne comprendra. Alors je me tais. Mon corps, lui, s'est mis à appeler à l'aide, et moi, je l'étouffais. Mais aujourd'hui, même mon esprit était fatigué, las, triste, solitaire. Je regrettais un peu qu'il craque à ce moment là. J'aimerais bien fumer. Mon bras se tend pour aller sous l'oreiller mais la petite boite en fer est trop loin, et je ne peux plus me hisser.

Je sais que si j'essayais de me lever, je m'effondrerais. Ne t'endors pas, Werëarm, ne t'endors pas. Personne ne pourrait venir. Attendre qu'on pousse la porte pour se laisser aller. Reviens, pitié. Ma tête est lourde. Mes sens me quittent...

Je plongeais dans un sommeil plus noir que jamais, sans savoir que je ne me réveillerais pas le lendemain matin.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyDim 22 Mar - 16:36

[Parenthèse HRP]

J'ai fait un test débile sur facebook, et c'était "quel chevalier d'or seriez-vous?" trucs du zodiac là.. ben j'ai fait...Et j'ai eu :

Citation :
Lara took Quel Chevalier d'Or seriez-Vous? quiz and the result is Saga des Gémeaux
Tout comme Saga, vous semblez êtres ce que vous voulez bien faire croire. Ce n'est souvent pas facile à vous comprendre, car vous même ne semblez pas tout le temps réussir à savoir qui vous êtes. Vous êtes tiraillé entre votre devoir et votre ambition personnelle, c'est pourquoi vous pouvez passer d'une personnalité à une autre en l'espace de quelques secondes. Avez-vous des tendance schizophréniques? Si ce n'est pas le cas, alors ça ne saurait tarder. Maître des illusions, il est fort possible que vos pouvoirs déjà très puissants ont tendance à faire naître en vous la folie des grandeurs. Si c'est le cas, assurez-vous tout de même de savoir si ce que vous êtes en train de faire reste digne d'honneur ou non. Sinon, avoir plusieurs facettes c'est pas trop mal, quand on sait bien s'en servir et qu'on en devient pas esclave.

Franchement, c'est flippant xD Va falloir que j'arrête de la jouer !
F'fin bref, je vais vraiment finir par me poser des questions. xD C'est un complooot !

J'voulais vous faire partager ça ici, ça m'avait valu un bon fou rire.

[/Parenthèse HRP]
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 31 Mar - 21:45

Touchée

"Le trajet de la larme fut rapidement effacé,
comme le voleur efface les traces dans la neige
pour éviter d'être traqué."


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"Moi, Ciddis de Maargrave, vous informe séan de votre profonde culpabilité ! Vous, même les biens pensants... êtes responsables de ce qui se passe là-bas. Aucun de vous n'ira voir et c'est tant mieux ! Sachez cependant, que vous avez permis l'existence de divinités qui n'auraient jamais du voir le jour, que vous avez façonné un monde suffisament pourri pour en arriver là ! Sachez que pour ça, moi, Chevalier Ciddis de Maargrave, je ne vous pardonnerais pas ! Et je ne suis pas le seul ! Car un jour, une personne viendra accomplir ses rêves, et vous serez les marches qui mènent au piédestal ! Vous aurez la nuque ployée ! Vous saluerez votre reine ! Chacun à sa façon ! A condition bien sur qu'elle daigne se souvenir, quelle reine elle doit être... à condition qu'à défaut de savoir qui elle est, elle sache ce qu'elle fait. Et je vous jure, peuple de Luskan, qu'elle va se souvenir. Je vous en fait le serment ! Car rien ni personne ne me privera du spectacle de votre niaiserie pantoise répandue sur vos pavés chéris ! Regarde ton peuple... regarde les biens. Tu existes par amour ou par haine contre ces gens... et sûrement les deux ! Oh, peut-être que je ne sais rien du tout ! Mais je sais que TU NE MOURRAS PAS SOUS MON NEZ, son altesse ! Je n'ai pas le droit de te laisser, petite reine, parce que j'ai promis. Et toi, combien de fois t'es tu promis ta victoire? Alors tu n'as PAS LE DROIT non plus. Peuple de Luskan, il est tard, et je vous ai abondamment insulté. Aussi vais-je acheter du vin, pour oublier que je suis debout sur cette fontaine."

Rires, larmes, sourires. Faux? Vrais? Peu importe. J'avais passé beaucoup de temps avec ce type qui était entré dans ma vie comme un moucheron dans l'oeil quand on galope les yeux grand ouverts.

Il s'était passé beaucoup de choses ce soir là. Il m'avait comparé à la Freyja. Nous avions parlé. De l'immortalité, aussi, je crois. Je lui avais dit ce que je Lui avais dit, quand il était dans un état de massacre. Il m'avait paumé de nouveau, je me rappelle. Je voulais tuer, je voulais faire vivre, je voulais...

“Là, j'ai envie de mourir, lui avais-je dit. De me dire que de toutes manières, mieux vaut s'arrêter en n'ayant rien fait, savoir qu'il n'y avait de toutes manières aucun espoir... plutôt que de m'acharner, de me faire griffer, lacéré, et ensuite voir que tout était raté. C'est lâche, mais je n'ai jamais dit que j'étais courageuse... Jusqu'ici, je n'ai eu que du culot. Je n'ai pas envie que vous soyez ici parce que vous me redonnez envie de vivre, et envie de mourir à la fois. Alors que quand je suis seule, je crois savoir un peu mieux ce que je veux..”

Il plia les doigts.

- Approchez... Par culot, parce que vous en êtes capable, par courage, parce que je ne vous fait plus peur, par lâcheté, ou parce que vous en avez envie...
- Le bon ne sera jamais dans votre liste, avais-je rétorqué.
- Peu importe, vous êtes là.

Je m'approchais. Il me prit juste dans ses bras. Ni lentement, ni vite.. Ca n'était pas vraiment tendre, mais pas froid non plus. Cela semblait juste sincère. Mes lèvres se posèrent contre son épaule, alors que je levais mes pupilles vers le plafond, pour éviter la venue des brillances incongrues.

[…]

- Le seul moment dans ma vie où j'ai cru savoir ce que je voulais, vous êtes débarqué comme un cheveux sur la soupe. Je vous en veux, et je m'en veux.
- Voilà qui correspond bien à ma façon de faire... peut-être que je vous attend déjà... pour le savoir, il faudra vivre.

Je le repoussais, pas avec beaucoup de fermeté, vu mon état de santé à ce moment là.
- He bien je ne veux pas correspondre à votre façon de faire.
- Je ne vous en demande pas tant, correspondez à la votre. Mais vivez.
- Je vais copier votre phrase favorite : je fais ce que je veux.

Ses yeux verts se plantèrent dans les miens telles deux dagues vertes, mais sans poison.

- Et que voulez vous... Maintenant?

Mes yeux gris ne vivant que par les reflets brillants se baladèrent sans se fixer, mes lèvres légèrement gonflées par l'interdiction de parler. Une bouffée de fièvre me pris d'assaut. Le sang battait mes tempes, je me souviens. Je voyais flou. Une phrase s'échappa de ma bouche :

“Je veux me laisser mourir...”

Elle était dite avec tellement de sincérité qu'elle devait paraître presque vulgaire, venant de ma bouche... déconcertante. J'avais été en quelques secondes quelque chose de vidé, de sain et de malsain à la fois, au souffle lourd et à la brise légère, j'avais été ce que je n'avais jamais été depuis si longtemps en présence de quelqu'un d'autre que moi... : à découvert. J'ai cru que j'allais m'effondrer, mourir en révélant ce qu'une partie de moi désirait le plus au monde... S'alléger du poids conséquent d'une vie que l'on maîtrisait à contre coeur. Mes paupières battaient irrégulièrement, j'entrouvrais les lèvres pour ramasser un peu plus d'air.

Les dagues vertes tombèrent sur le sol, on aurait presque pu entendre tinter le métal.

"A quoi bon être exceptionnel... à quoi bon ne ressembler à rien d'autre... Si je suis comme le reste, impuissant......Spectateur...."

[…]

“Si je devais mourir avant vous, ne m'oubliez pas, vous non plus... S'il vous plait. Je sais que jamais je n'occuperais les pensées même d'une seule personne tel que je le désirerais, mais... Mais en fait, vu là où j'en suis, même... même une pauvre pensée.. Une pauvre, minuscule, perdue entre toutes... rien que ça...Ce..Ce serait un cadeau magnifique, parce que dans toute ma vie, c'est la seule chose que j'ai pu faire avec sincérité. Penser à des gens.”

Ma main s'était posée sur mon visage. Il alla s'accroupir devant moi.

- Depuis quelques minutes déjà... Vous êtes immortelle... Werëarm de Waarn'ess. Ce n'est sûrement pas ce que vous vouliez.. Mais je n'oublierais pas. Vous ne serez pas une pensée perdue entre toutes, mais la seule qu'on ne m'ait pas prise. La seule...

Ma main restait sur mon visage baissé, brisée par un silence tranchant. Je sentais son regard dévisager ma main comme si la réponse aux questions existencielles de l'univers allait s'inscrire dessus. Elle remonta pour cacher mon regard. Je restais silencieuse, et littéralement abattue.

- Je ne vous oublierais pas, repris-je un instant plus tard. Jamais. Si vous le savez, alors... Alors le reste, ce que vous pensez de moi, ça m'est égal. Vous m'avez dit que je ne pleurais pas, moi. Vous vous trompiez, j'en suis désolée.

Une larme roula sur ma joue, mes yeux toujours cachés par la main. J'étais dans un degré de souffrance et d'abattement déplorable. Une marée de choses contradictoires pressait mes tempes,et je n'avais pas réussi à tout contenir. La larme qui s'échappait était un condensé de toute ma douleur. Une petite goutte d'huile essentielle qui me brûlait déjà les joues. Le trajet de la larme fut rapidement effacé, comme le voleur efface les traces dans la neige pour éviter d'être traqué.

[…]

C'est là. C'est quand la porte fut fermée, que j'avais sombré dans un sommeil profond. Je savais pour une fois que ça n'était pas ce que je voulais.

Reviens. Repars. Ne viens plus jamais. Je ne savais plus. Si j'avais su dans quelles conditions j'aurais été réveillée, je crois que non. J'aurais tout fait pour ne pas avoir ces maux de tête. J'aurais tout fait pour ne jamais l'avoir rencontré. Lui. Cet homme qui avait été planté devant moi de manière déloyale, et qui remuait mon esprit, mes tripes, mes sens, pour j'en étais sûre, m'abattre.

Paranoïa nécessaire à mon équilibre, laissez-moi penser toujours le contraire de ce que je crois, ou de ce que je ne crois pas. Je sais. Je ne sais pas. En tous les cas je reprenais du poids. Je tentais de remettre mon esprit au goût du jour. De repartir dans la routine mensongère, dans la routine illusoire, dégoulinant de faux, de jeux, de folie. Ce que je suis, je ne le sais toujours pas. Je croyais ce soir là avoir vu quelque chose de sincère... Mais il ne l'était que sur le moment. Aujourd'hui, il redevenait un mensonge, une duperie de mes doubles coupables.

La fuite.
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyDim 12 Avr - 1:49

Enfants

"Combien sont morts avant que nous ayons
eu la bêtise de vous garder vous?!"


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J'ai toujours haït les enfants. Ils représentent un peu le futur, ceux qui me feront du mal après leurs parents, plus tard. Quand je pense à ce qui pourrait prendre naissance dans mon ventre, je pense à ce que j'étais, et à ce que je fixais. Ma mère. Je ne veux pas mettre au monde un être aussi tourmenté que moi. Je ne veux pas qu'on me fasse du mal à travers quelqu'un d'autre. Je veux qu'on s'attaque à moi.

Je ne veux pas risquer tous mes objectifs si un jour quelqu'un s'attaquait à ce que j'avais créé. Enfin, je dis ça... Mais je ne sais pas vraiment. Est-ce que je serais capable de le supprimer pour mes fins? Sûrement... Le mieux, c'est de faire en sorte que jamais une telle chose ne se produise, et d'aller au plus simple.

C'est une sorte de protection. Outre le fait que de me transformer en usine à lait, ou d'avoir l'impression de me faire embrocher par un géant dans l'autre sens lorsque j'accoucherai, ne me plaise guère -sans compter le bide énorme qui déforme tous tes vêtements ou encore les envies de fraises-... Mais j'avais encore mes yeux posés sur celle qui m'avait faite.

Je voyais encore ses yeux, son visage sans aucun artifice... Elle, elle n'endossait qu'un seul visage.. celui de l'impassibilité. Moi j'en ai pris trop. J'ai encore en mémoire tout ce qu'elle m'a transmis, et tout ce que j'aurais aimé avoir d'elle, en vain.

Peu de gens savent ce qui m'est arrivé. Beaucoup m'ont demandé pourquoi je détestais autant les enfants. D'autres si je pouvais en avoir. Cela remonte à si loin...

Ma mère et ma tante étaient encore vivantes, nous vivions au manoir. J'avais déjà quelques années, la quinzaine, la vingtaine je dirais, ou la trentaine, je l'ignore.. C'était il y a longtemps. J'étais relativement jeune. Je me rappelle, oui... Je n'avais plus eu mes règles depuis longtemps. Quelques mois. Mon ventre s'arrondissait. Lorsque j'en fus sûre, j'allais annoncer la chose à ma mère, ma tante et ma soeur. Elles avaient, je pense, déjà des doutes.

- Je suis enceinte, je crois.
- C'est bien ce que je pensais, soupira Naatsë.
- Pouah ! Tu vas grossir ! Rajouta ma jumelle.
Ma mère, elle, restait dans un silence de marbre, en me fixant sombrement. Elles étaient toutes les trois assises dans le beau canapé en velour noir du salon. Je me rappelle des reflets tremblotants, rouges orangés sur les murs, provoqués par les lumières... Mais ça n'ôtait en rien l'ambiance macabre qui règnait dans la pièce.

J'étais et paniquée, et curieuse. On m'avait raconté, j'avais déjà vu des femmes avec le ventre rond. Je savais que j'avais été, un jour, dans le ventre de ma mère, comme ce petit être était dans mon ventre. C'était intéressant. Certes, je ne savais pas qui était le père, mais je savais qui était la mère : moi. Et c'était réconfortant. Le tétard dans mon ventre était dans la même situation que moi, je trouvais ça drôle, presque.

- Tu es encore jeune, et cette chose n'apportera que des emmerdes, me balança maman. Il va falloir contacter encore une de ces vieilles qui ôtent les tétards... Déjà ! On a pas fini, avec vous deux.
- Quoi..? balbutiais-je. Mais.. C'est douloureux il parait..Et puis ! Et puis je ne veux pas. Enfin ! Tu nous as bien eu ! Pourquoi ne pourrais-je pas m'en occuper? On est quatre ! Ca pourrait être drôle !
- Drôle...? répéta ma mère en posant doucement son regard sur moi. Tu oses te comparer à ce que tu as dans le ventre? Combien sont morts avant que nous ayons eu la bêtise de vous garder vous, hm? Combien?

J'avais eu un petit mouvement de recul. Combien? Etais-je une chanceuse? Etions nous des chanceuses? Pourquoi, nous, nous avons vécu? Pourquoi pas ces autres êtres? Et si ça c'était passé autrement..? Et si..?

- Mais soit, poursuivit-elle sans laisser la place à mes macabres réfléxions. Alors tu vas te taper la grossesse. On tuera à la naissance, autant faire simple pour nous. Mais pour toi, par contre, sache que tu vas avoir quelques mois difficiles à passer. Les femmes qui ôtent les enfants dans le ventre t'empêchent d'avoir ces mois de galère.
- Mais.. Mais il y a des prêtres sin..
- Tu crois que les prêtres vont accepter de soigner, de s'occuper d'une descendante d'alu-fiélonne?! Hurla t-elle, d'un coup. NON. Même pour ôter leur descendance ! Ils te tueront de la même manière !
- Doucement.. chuchota Naatsë. Ta mère a raison, reprit chaleureusement ma tante. On ne le gardera pas, tu le savais. Nous ne pouvons pas nous en occuper, tu as bien vu. Il est hors de question de prendre en pitié tout les marmots que vous aurez dans les années qui viennent... C'est tout simplement impossible. Ne t'en fais pas, souria t-elle. Le premier, ça fait bizarre, mais après, on s'habitue.

J'haussais un léger sourcil. C'était vrai, mais cela faisait bizarre de l'entendre. Pourquoi, hein? Pourquoi moi je pouvais pas avoir un enfant. Je savais, que j'étais jeune. Mais je ne sais pas. Je trouvais ça difficile de savoir que l'on en voulait pas. Que de toutes manières, il aurait peu de chances de survivre si je lui donnais vie. J'avais cette chose dans ce ventre, et je devais l'ôter.

- Tu choisis quoi alors, me lança ma mère d'un ton détaché. Les vieilles? Ou les mois de torture.
- Les mois...
- Soit ! Fit-elle en écartant les bras et en les laissant retomber ensuite.
Elle se leva, et elle partit dehors. J'avais vu le regard de Naatsë la suivre, avec cette petite lueur aux pointes discrètes de tristesse ou..de peine.. ou de je ne sais. Elle se leva à son tour, posa sa main sur mon épaule, embrassa ma joue, et suivit ma mère. Ma soeur fixait mon ventre en penchant la tête de côté.

- Ne t'en fais pas, pour le moment, ça se voit pas trop.

[…]

Ce furent des mois difficiles. Mon ventre s'arrondissait. Il n'y aurait pas un homme qui poserait sa tête sur mon ventre bombé, qui me regarderait en souriant et avec qui je choisirai un nom. Non... Ca... Tout ça, ça n'était pas pour nous. C'était pour les autres. Je me contentais d'imaginer comment ça serait. De flipper un peu pour l'accouchement, mais pas trop. Je n'en avais pas vraiment le temps...

Les entraînements étaient là. Ma mère ne me lâcha pas. Elle ne ralentissait rien, bien au contraire. Elle intensifiait. Je tenais à peine debout, les quelques protections me paraissaient horriblement lourdes. Je devais en être à cinq mois. Et je devais quand même courir le matin. Je devais quand même porter une arme. Je devais quand même esquiver, et donner des coups..

Elle frappait, je tombais. Je tentais de faire attention à mes chutes; je tentais de tout faire pour arrêter les gestes de ma mère... Mais je n'en pouvais plus. Un soir, je ne me relevais pas. Essouflée, par terre... J'entendais ma mère hurler de me relever pour combattre. Je lui jetais un regard noir en essuyant mon front qui perlait de sueur. J'avais un peu le tournis, et j'étais hors de moi.

- Mais tu ne vois pas que je n'en peux plus?! Hurlais-je. Qu'est-ce que tu veux?! Qu'est-ce que tu veux, MAMAN?!
- Que tu te battes, crétine !
- Mais je ne peux pas.. Je n'en peux plus ! Je ne peux pas ! Je suis enceinte, BON SANG !
- Et alors? Tu crois que le pecno du coin vas pas en profiter, justement?
- Mais je ne sors plus, maman ! Depuis trois mois ! Il n'y a que toi qui me force à faire tout ceci.. Qu'est-ce que tu veux?! Mais qu'est-ce que tu veux?!

J'étais presque hystérique. Hors de moi. Elle me toisait, droite, fière, dédaigneuse, dans son armure.
- C'est toi qui a choisi. Tu n'avais qu'à aller voir une de ces vieilles sorcières, si tu ne pensais pas être assez forte pour ça.
- Maman.. Maman ! Comprends, un peu.. je ne viendrais pas me battre.. je ne vais pas le supporter.. Si tu fais tout ça juste pour que je perde ce gosse..
- Oh non, ne t'en fais pas. Je ne suis pas à quelques mois près. Ton enfant, il va mourir, que ça soit maintenant ou dans une semaine.

Elle tourna les talons. Je la suivais du regard. Je me remettais sur le dos, essoufflée. Je regardais le ciel. Et ma main se posait sur mon ventre. Je sentais un petit pied, ou une petite main... qui tapait.. Qui tapait de mécontentement. Le pauvre petit. Je chuchotais doucement une petite chanson, en tapotant du bout des doigts la peau tendue qui nous séparait.

[…]

Le choc avait été violent. J'étais en bas des escaliers, essoufflée, par terre. J'entendais ma soeur hurler à côté de moi. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle disait, tout était un peu flou. Elle me secouait les épaules je crois, je savais qu'il fallait que je l'écoute, et que je parle. Elle voulait que je parle. Que je parle...

- Werëarm !! Réponds moi ! Réponds ! Dis moi.. Parle moi.. Parle moi s'il te plait. S'il te plait ! Dis moi ! Est-ce que tu me vois..? Rah..merde..
Elle posa un regard sur mes jambes...
- Werëarm.. reprit-elle. Tu perds les eaux. Tu m'entends? Tu m'entends..? Je suis là, tu le sais? MAMAN ! hurla t-elle. NAATSË ! Venez je vous en prie ! Werëarm, regarde moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Tu sais que je suis là, hein? Tu le sais? Réponds moi.. parle, bon sang...
J'hochais par moment la tête, balotée entre les mains de ma soeur qui était paniquée. Vinrent se mêler les voix de ma mère et de ma tante.

[...]

Je n'avais pas vraiment conscience. J'ai juste entendu un cri. Un faible hurlement de mécontentement, rapidement étouffé... J'ai vu la silhouette de ma mère s'éloigner avec ce qui résidait un quart d'heure, une demi heure, une heure plus tôt, je ne sais pas, dans mon ventre. Je voulais crier, hurler, la tuer. Je voulais regarder... Juste regarder... Laisse moi regarder, maman. Laisse moi faire quelque chose dans ma vie, sans que tu n'interviennes physiquement.

Pourquoi ne pouvais-je pas, moi...? Reviens, je te l'ordonne. Il est à moi ! Je veux voir ! Par curiosité, par déchéance, par souffrance, par amour, qu'en sais-je? Peu m'importe ! Je voulais regarder, toucher, garder. Laissez-le moi... Laissez-le moi... C'est injuste... injuste. Pourquoi..répond moi, pourquoi...

Werëarm, tu es coupable...... Tu es coupable... Autant que tous.

[Partie à suivre]


Dernière édition par Oruuube le Dim 12 Avr - 23:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyDim 12 Avr - 15:40

[Suite]

Enfance

"Je redevenais cette poupée démoniaque
qu'on avait lancé contre un mur pour la briser.
Mais les milles morceaux ainsi éparpillés de moi
me rendaient alors dangereuse, et non vulnérable,
comme on aurait pu croire."


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Oui, je m'étais jetée dans l'escalier, pretextant une chute involontaire. J'avais été lâche. J'avais pris conscience de ma bêtise, moi, si jeune. J'étais remontée d'une engueulade avec ma mère. J'avais marché rapidement dans l'escalier, et je me suis demandée si tout ça valait vraiment la peine. Et je me suis laissée aller en arrière.

En fait, je ne sais pas si c'était volontaire ou involontaire, mais j'étais devant le fait accompli. A sept mois et demi de grossesse, j'avais fait une fausse couche. Je regrettais, et j'étais heureuse. Comme pour la plupart de ce que je faisais. Je voulais garder cet enfant, et le tuer moi-même. Ma mère s'en chargea pour moi. Elle alla tuer l'enfant et le lancer du haut d'une falaise... Pour moi, selon elle. Pour moi.
De toutes façons, il ne pouvait pas survivre, prématuré. Peut-être m'étais-je forcé à voir cela sous cet angle, pour ne rien regretter, et donner sens à tout.

Etait-ce ça, ma vie. Se résumerait-elle à cela. Les nuits je m'imaginais serrant ce bambin contre moi, en lui chantant une chanson pour l'endormir. La nuit d'après je l'imaginais mort. La nuit d'après, je m'imaginais, pleurant parce qu'on menaçait mon enfant. La nuit d'après, je riais de le voir souffrir par la lame d'un inconnu. Qui étais-je, là-dedans... qui étais-je. A quoi devais-je me fier? J'avais beau me tirer les cheveux, me rouler par terre.. Aucune réponse ne s'inscrivait dans ma tête.

Je redevenais cette poupée démoniaque qu'on avait lancé contre un mur pour la briser. Mais les milles morceaux ainsi éparpillés de moi me rendaient alors dangereuse, et non vulnérable, comme on aurait pu croire. Cruel destin improvisé. Plus rien. C'était ça. Je devenais presque résignée. Je me répétais que mon choix était le bon. Une descendance, à quoi bon. Un enfant, à quoi bon. Pour perdre une partie de mon être à m'occuper de quelqu'un d'autre, qui ne me rendra jamais tout ce que je lui aurais donné ou consacré? Non.

Un enfant que le monde entier utiliserait pour me mettre le couteau sous la gorge, pour me rendre vulnérable? Non, pas question. Ma vie, c'était Moi. Je ne voulais pas savoir qui j'étais en m'occupant de quelqu'un d'autre. Je voulais me perdre en m'occupant de moi-même, c'était ça, mon équilibre. Je voulais que le monde tourne autour de moi. Je voulais qu'on s'attaque à moi, par mes moi. Pas par quelque chose de fabriqué par moi. Mais moi, mon essence, ce que je suis, ce que je ne suis pas.

Je ne supporte pas de voir ces enfants qui courrent, qui rient. Pourquoi ont-ils eu plus de droits que ceux que j'ai porté, mais qui n'ont jamais ris comme eux. Pourquoi? Pourquoi je crois faire quelque chose de bien pour moi et pour ce monde, en épargnant leur bouche de s'ouvrir à l'air pestilentiel de la vraie vie? Pourquoi je me fiche d'avoir tord ou raison, pourquoi je me meurs d'avoir tord ou raison.

Pourquoi donnent-ils la vie, pourquoi s'occupent-ils en faisant des enfants et en s'occupant d'eux, alors qu'il y a tant à faire sur ceux qui existent déjà. Pourquoi met-on un point d'honneur à aimer en principal ce qui descend de notre sang. Pourquoi veut-on perpetrer un nom, une illusion, du vent? Pourquoi, pourquoi, pourquoi? Pourquoi au lieu de faire ça, ne peuvent-ils pas vivre soient pour eux, uniquement, soit pour tout le monde?

Mais merde ! Si ma mère ne m'avait pas laissé vivre, comme ceux d'avant moi, je n'aurais peut-être jamais eu ce sang ! Je n'aurais peut-être jamais vécu, et c'est tant mieux ! Pourquoi il a fallu que les choses se passent ainsi, et pas autrement. Pourquoi je ne peux pas faire ce que je veux...
Pourquoi réclame t-on de moi un enfant?! Comme le firent Garael, ou encore Herbert?! Pourquoi veulent-ils que leur sang et le mien s'unissent dans un être, suppôt de toutes les tentations, de tous les vices, démoniaques et humains réunis?!

POURQUOI?! Pourquoi ne se contentent-ils pas de MOI ! Pourquoi doit-on posséder l'autre à travers un petit être?! Pourquoi ne peut-on pas se contenter de celui que l'on possède déjà ! Pourquoi l'instinct de créer ! De créer pour détruire ! Pour donner une vie tourmentée à quelque chose qui n'existe pas, et qui se contentait sans nous, de ne pas exister?! OUI ! Oui je collectionne amours, conquêtes, manipulations ! Mais je n'ai pas besoin d'un enfant pour me perdre... Ou pour me retrouver. Je n'ai pas besoin d'un petit coeur que je prendrais pour le mien, et que je tordrais de la même sorte !

Pourquoi ne peut-on pas se contenter de soi, et des autres..? Pourquoi ais-je moi aussi envie d'embrasser la tête de ma progéniture... Pourquoi aurais-je en dédain celle des autres... Deviendrais-je aveuglée par le propre sang que j'aurais transmis..? Serait-ce encore une sorte de vice de mon sang? Un petit tour? Encore, encore? Je ne me laisserais pas avoir. Pourquoi je me refuse de créer car je me refuse de souffrir, car je me refuse d'aimer, car je me refuse d'être comme les autres?! Comme les AUTRES !!!! Car je refuse de voir un jour mon enfant se détourner de moi, car je refuse de voir les yeux de mon enfants quand je me détournerais de lui... ! … Pitié !

...Non. Pas de pitié. Ma mère, ça n'est pas moi. Elle m'a créé. Elle m'a donné la vie. C'est la cause de mon malheur, tout comme ce monde. J'étais mieux quand je n'existais pas, car je n'existais pas. Je ne veux pas créer au point de le voir penser, au point de le voir regretter, aimer, hair, se rapprocher d'une déchéance humaine, démoniaque, ou simplement pensante ! Je ne veux pas souffrir à cause de moi indirectement, à cause du fruit de mon ventre, à cause de quelque chose que je ne pourrais pas contrôler...

Contrôler, c'est le mot. Je n'aurais pas d'enfants. Pas de progéniture. Ca n'est pas notre rôle. Et pour une fois, je ne voulais pas piquer ce rôle. Je voulais le laisser aux autres, faute de pouvoir l'anéantir. Je me contenterais de regarder ces gens qui ont eu la vie, comme moi. Ces enfants qui auront la vie devant eux, et la mort en face, sans la voir. Je les regarderais en les haïssant et en enviant leur naïveté première. Leurs pensées détournées de mes problèmes primaires et existentiels.

J'aimerais retrouver mon enfance volée, bien que paisible. J'aimerais retrouver mes débauches inutiles. J'aimerais retrouver cette certitude illusoire et bienveillante que j'avais quand je tirais la main de ma soeur du haut de mes dix ans. J'aimerais pouvoir fermer les yeux sans souffrir, car mes pensées, elles, ne dorment jamais. J'aimerais comme dans les histoires niaises, poser la main sur la tête de ma fille, fière de voir qu'elle continuera ma vie, et non la sienne, au final !!

Mais je ne peux pas. Je ne veux pas savoir que quand je mourais, je laisserais mon sang sur cette terre. Je veux tout emmener avec moi, sauf un souvenir. Une pensée. Une simple pensée, pure, ou impure, mais une pensée, un souvenir. Pas quelque chose de concret comme le sang, comme un coeur qui bat, comme deux yeux gris plus petits qui se poseraient sur mon corps. Des idées. Je veux des idées de moi, des pensées. Pas de progénitures.

Peut-être cette grossesse perdue fut un changement dans ma vie, je l'ignore. En tous les cas, les années qui suivirent se succédèrent. Je passais souvent chez ces vieilles, qui ôtaient les embryons. Elles enfonçaient leurs outils rouillés pour voler le début de ce qui aurait changé ma vie, dans le bon ou le mauvais sens. Combien de fois dans leur cabane ais-je hurlé de douleur, maudissant mon sang, maudissant les hommes, me maudissant. Tant de fois elles m'ont ôté une partie de moi, qui était dans les minutes qui venaient, lancée aux chiens.

Les douleurs dans le ventre, récurrentes. Faire comme si de rien n'était. Plusieurs passages chez ces vieilles. Plus d'une quinzaine durant les années au manoir. Mais je préferais hurler sur une table crasseuse plutôt que d'imaginer une vie différente. Je préferais souffrir sur une table crasseuse plutôt que de sentir mon ventre s'arrondir, plutôt que de sentir de nouveau les pressions d'un pied ou d'une main contre mon ventre... Non.. plus jamais. C'était encore plus douloureux que de se faire saigner. C'était encore plus douloureux que de ne pas pouvoir marcher pendant un mois ou deux, le bas ventre enkysté.

Puis, j'y allais de moins en moins. Je tombais de moins en moins enceinte. Au fur et à mesure des années. Cela s'espacait.... Les douleurs de mon ventre ne diminuaient plus, mais restaient stables. Mon corps s'était résigné à ne plus acceuillir les premisses d'une vie, quels qu'ils soient. Cela fait maintenant quelques années que je ne me suis plus allongée sur une table crasseuse pour me faire ôter dans la plus grande souffrance qui était devenue plus physique que mentale, quelque chose que je ne comprenais plus.

Un rite. C'était devenu même.. une habitude. Cette habitude s'effaça. Mon corps n'en pouvait plus, ne voulait plus. Depuis, je déteste. Depuis, j'observe les autres. Depuis, je vis avec de nouveaux moi, encore. Depuis, je nie les pensées d'une vie avec des si, concernant tout ce que j'ai détruis. Je fuis, oui. Je fuis, ou je me met de face, mais je change les problèmes. Je manipule mon esprit, je dépèce certaines de mes pensées pour les revêtir avec la peau de la voisine. Je me tue.

Quand on donne la vie, c'est lâche. On espère mourir avant ce qu'on créé, puisque c'est dans l'ordre des choses, “normalement”. Mais quand on tue avant de créer? Est-ce que je créais, ou est-ce que je subissais. Si j'avais eu le choix, aurais-je choisi de ne pas subir ça? Aurais-je choisi directement tout ça? Ou aurais-je attendu.. pour au final, regretter comme j'aurais regretté, comme j'aurais envié. Maintenant que le sujet est clos... Est-ce que c'est maintenant que je vais me décider à chercher une porte...? Ou vais-je me faire une trappe, pour m'engloutir un peu plus... Puisque...Puisque c'est comme ça? C'est comme ça. C'est horrible de se dire ça. Et pourtant... Oh, pourtant... Qu'est-ce que l'on aime cette phrase... Car elle nous rend définitivement impuissant.

C'est vrai. Je n'aurais peut-être plus jamais la possibilité de changer mes pensées premières, tout ça à cause d'un physique abîmé par le poids des idées illusoires. Auto-condamnation par la peine capitale : être seule.

Je revois encore ma mère quelques jours après me prendre dans ses bras et me murmurer à l'oreille :
“Il n'y a pas de place pour des êtres tels que nous. Je n'ai pas réussi à éteindre ma lignée exécrable. .. J'espère que vous y arriverez. Vous ne le ferez pas pour rendre service à ce monde, mais pour vous rendre service à vous... Ne te laisse pas avoir, Werëarm. Ne te laisse pas avoir...”

Oh, maman, je t'en supplie.. Tais-toi... Tais-toi...........
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyVen 24 Avr - 20:51

Nausée

Le parquet me semblait avoir été aussi accueillant que
des draps,
mes réalités encore bousculées autant que moi.


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 55560858


Je claquais la porte... J'abaissais mon regard. J'avais senti quelque chose sous mon pied. Une lettre. Je glisse la clef dans la serrure. J'entends le bruit caractéristique, car je la ferme, le regard toujours posé sur le papier. Je ne devais pas m'enfuir, cette fois. Pas m'enfuir ailleurs qu'entre ces quatre murs. Car je suis condamnée.. Condamnée à vivre comme ça. Je me laisse glisser contre la porte, je prends la lettre. Je la regarde. Je l'ouvre. Mes yeux la lisent, et moi j'écoute.

“Chère Werëarm,

Je vous laisse la demeure d'Eauprofonde, elle fera une ravissante échoppe pour vos confections. Je crois que j'ai fait le bon choix... Ma santé est mauvaise et l'inquisition ne tardera pas à se montrer après ce qui est arrivé. Je voulais vraiment vous emmener loin d'ici, mais je suis incapable de vous forcer... Je crois que j'ai voulu vous avoir pour moi seul, et je m'étais juré que ça n'arriverait jamais. Je reste persuadé que le bonheur, ou un soupçon de normalité dans un océan de bizarrerie, ne vous sont pas interdits. Si je reviens un jour, je vous le prouverai.

Je vous écrirai, prenez soin de vous.

Ciddis.”


Mes yeux avaient été asséchés par la lecture. Je lustrais ces billes grises en fermant lentement mes paupières. Ça y est? Tu es soulagée? Il a pris une décision, ainsi, tu peux le blâmer, te targuer de n'avoir rien fait puisque tu ne le pouvais pas, et de tout mettre sur le dos de ce monde pourri, surtout sur ceux qui effleurent ta vie de leurs lèvres. Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant? Te balancer contre le mur, exploser ta petite tête grise contre le bois afin qu'elle verdisse enfin de dégoût? Ou sauter par la fenêtre, encastrée dans ces dalles en bas, qui te ressemblent tant. Immobiles, mais transformées par les pieds sales de ceux qui marchent dessus.

Si le temps et les gens ont un impact sur nos vies, je suis sûre que mes pensées sont l'acide le plus efficace, pour me ronger toute entière. Laissez-moi.

Je me lève, facilement. J'ouvre un petit tiroir. Je prends une petite boite. Je fais une petite traînée blanche, un petit chemin fait de minuscules petits grains. Un petit chemin qui me mènera certainement vers un endroit plus agréable, loin de tout ceci, pendant quelques instants.

J'approchais mon nez, bouchant une narine avec l'index.. La poudre aspirée au fur et à mesure de mon avancée. Après la disparition totale, j'appuyais ma main contre l'autre narine. Bon sang. On a l'impression de se faire arracher la peau intérieure du pif, on a l'impression d'avoir aspiré du sable. Je tapotais d'un mouchoir le sang qui coulait un peu, suite à l'irritation. Une habitude, parmi tant d'autre. C'est étrange.. C'est le chemin qui serpente dans mon corps, alors que cela devait être l'inverse, il me semble. Combien de drogues. Alcool, tabac, poudres, vapeurs... Une routine, une habitude.

Ils s'étaient trop approchés de moi, je pense. Assez pour pouvoir découvrir des parfums que je cachais sous une tonne de boue, de crachats, d'excréments, de déchets. Plus jamais ils ne reviendraient dans ma vie. Je posais mon regard sur la clef cuivrée, encore dans la serrure. Détourner le regard. Attendre que ça soit trop tard. Et rien d'autre.

Ce monde, je l'éloignerai de moi, et je le dévorerai en même temps qu'il me bouffe. J'ôterai un jour mes sangs, et j'en ferai la sauce de ce plat dégueulasse, amer. Je suis le chef d'orchestre, ils ne sont rien d'autre que le petit cri qu'ils jettent de leurs entrailles quand je leur marche sur le pied, quand je plante ma fourchette dans leur cœur... Et quand je me rend compte que je n'arrive pas à les faire manger ce qui m'écœure. Alors que moi, je le mange quand même, mais c'est pour le vomir... Et le voir différemment. Le voir comme je veux le voir, pas comme il est à l'origine. Et eux, non. Non.

Pas envie de rire. Pas envie de sourire. Pas envie de respirer. Avoir envie de tout changer, pour la facilité. Quand je passerai la porte, ça sera comme avant. Je ferai semblant. Encore, toujours, à jamais. Je vais me venger. Me venger de tous. Car je déteste leurs choix, car je déteste leur tête, leurs airs, leurs réponses alors qu'ils ne connaissent pas mes questions...

Des ignares. Des ignares à qui je ne donnerai jamais raison ou tord, ils s'inventeront des choses à propos de comédies. Des niais. Des spectateurs, qui n'auront jamais d'autre rôles à part ceux de bouffons, je me l'étais juré. C'est moi l'Artiste. C'est moi qui joue avec les gens, qui manipule leurs sens, qui les plonge dans un monde qui n'existe pas. Ils tentent de trouver des points de repères pour ne pas se perdre et prouver que c'est bien moi, la comédienne. Qu'ils le savent. Ils tentent d'ôter un masque, qui cache un visage grimé par des sentiments camouflés, trompeurs, joueurs, morts, mornes.

Je suis Mon artiste, je suis une Artiste qui a été balancée sur la scène avec un rôle principal éternel, et plusieurs petits pour réussir à croire au monde créé par la pièce qu'elle a elle même façonnée de ses mains, de ses paroles, de ses pensées, de son jeu d'acteur.

Quoi qu'ils disent, ils auront tort, car je ne connais pas la réponse. Je ne la connais pas, je la sais. Je ne peux pas la dire, je ne peux que la montrer à mon miroir, à mes différents moi qui me disent que tout va mal et que tout va bien. Tu les nourris à coups de faux sourires, de fausses larmes, de faux regards, de drogue, de destruction. Et ils ont encore faim. Encore. Inlassablement.

Tu n'en veux pas, tu les désires. Tu les rejettes, tu les aspires.

Tu vas la tuer, juste parce que cela te fera du bien... Ou te contenteras-tu de la détruire?

Venges-toi. Fais les culpabiliser, balance les contre un mur, contre le mur de ta peau. Ils n'auront que cela. Tout ce qui sera à l'intérieur n'appartiendra qu'à elles. Qu'à mes pensées, mes pensées chéries, multipliées, qui bavent, qui saturent, qui font leurs chemins et sèment leur semence destructrice...

Tu es une Artiste qui fait jouer le spectateur afin qu'il se soumette dans son jeu à la réplique que tu prépares. Tu leurs fais porter des costumes qui te font rire ou qui te font vomir. Tu leur apprends à ne jamais faire d'improvisation, avec toi, la Maîtresse de l'art des masques muets. Je suis une artiste, je suis une artiste, je suis une artiste. Je porte des costumes magnifiques. Tu danses avec les gens, tes émotions brûlées par ton devoir de Jouer, d'amuser la foule, ou de la faire pleurer. Réduites en cendres vaporeuses qui sillonnent ton intérieur, qui se dissouent dans tes veines et dans ton cœur, qui volent dans ta tête, mais qui sont condamnée à ne jamais s'envoler hors de toi. Comédie. Tragédie. Réflexions qui font des saltos vertigineux à l'intérieur de ton être.

Lui ou lui, ou peut-être lui. Plus jamais. Tu t'es promis. Maintenant, peut-être as-tu échappé au pire. Raye les, gribouille les de rancoeur, de dégoût, de mort. Fais quelque chose qui te donnera raison, comme toujours. Regretter, pleurer des larmes acides, fumer, se parler, se prouver ce que l'on veut juste entendre et incorporer. Jamais espérer. Bouffer du désespoir pour se réhydrater dans sa routine dégoulinante de costumes et de décors en carton, qui sont assommants par leur perfection.

Il est parti, très bien, penses-tu. Tu allais le faire, de toutes manières, dis-le toi bien, Werëarm. Comme tu vas rejeter tout ceux qui ont posé leur godasse pleine de boue sur la carpette de ton existence. Et tu vas voler une vie. Pour te sentir mieux. Pour avoir du pouvoir sur toi-même. Sur ce que tu es : folle. Seule, car tu le veux. Il ne va pas te manquer. Ces discussions ne te manqueront pas, car je l'ai décidé, tu m'entends? Oui, j'entends. Non... Je n'entends rien.. je le sais, c'est tout. Ces différents moi, me font. Je vous écoute, je m'écoute. Ne retombe pas, si si, retombe. Tu ne veux pas? Trébuche, alors.

Je me levais le lendemain matin, tôt. J'avais dormi par terre. Le parquet me semblait avoir été aussi accueillant que des draps, mes réalités bousculées autant que moi. J'avais entendu des choses que je me disais, je les avais écouté. Je deviens aliénée, car je suis folle. Je déteste. Ils sont tous coupables. Tu vas voir si c'est la même chose. Tu vas le voir. Tu iras la voir. Pour rien. Pour beaucoup trop de choses. Tu y vas, c'est tout. Tu descendras les marches. Tu te dirigeras vers le Bosquet, tu te rattacheras à une corde déjà coupée.

Meurs. Tues-les. Détruis-la.


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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 5 Mai - 18:17

Cercueil

"Des bouts de chaire, des projectiles de bois,
du feu...
Je me redressais, regardant le sol plein de sang."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 Feur


Le Père partait. Je berçais l'enfant, distraitement. Je sentais que les choses allaient mal tourner. Je suis restée piquée au milieu de la pièce un long moment, puis j'avais repris mes activités. Quand, je dirais, une heure ou deux plus tard, j'entendais le craquement de la porte d'entrée, je n'étais pas stupéfaite. Je lançais un sort d'invisibilité sur la petite, ainsi que le sort de silence. Je la déposais rapidement derrière un des canapés, emmitoufflée. Je me replaçais au centre de la chambre. Ils viendraient, de toutes manières, et je savais pourquoi.

Un mage et un type avec une lance, au visage bandé. Le mage fit entrer un cercueil par lévitation, qui fut déposé entre lui et moi. Le lancier, lui, traînait le corps abîmé du Père Fergus. D'un geste, les loquets des fenêtres et des portes s'abaissèrent. J'étais seule, avec ces deux hommes, et ce cerceuil que j'espérais vide. Ils me demandent où est l'enfant. A quoi bon leur répondre. Je réponds par des questions. Le cercueil commence à brûler, suite à une incantation du magicien sinistre. Il est vide, me dis-je. Il est vide. Des gémissements tout d'abord sourds apparaissent, et s'amplifient. Il y a quelqu'un.. Qui n'est pas mort. L'homme à la lance s'en offusque et s'apprête à pourfendre de nouveau la boite. Le magicien l'arrête, en lui disant qu'il avait eu sa chance.

Je tente de négocier, s'ils arrêtent le feu et ouvrent le cercueil, je leur révèle où est la gamine. Ils veulent la réponse d'abord. Qu'espèrais-je, de toutes manières? Rien, je savais pertinement que quoi que je fasse, ces types le supprimeront. Ils ne le laisseraient pas partir, ils ne le laisseraient pas vivre. Je ne pouvais rien faire, je le savais. Alors j'avais décidé qu'ils n'auraient pas deux vies aussi facilement. Je voulais leur amputer quelque chose, même si j'aurais préféré qu'il reste avec moi. Mais c'était impossible. Ils n'auraient pas le bébé parce qu'ils m'avaient déjà pris Ciddis. A quoi bon. Les cris continuaient, dans le cercueil, alors que l'odeur de bois et de chaire brûlée devenait prenante. J'avais mal au coeur, et pourtant je lui disais déjà adieu. Je savais qu'il était mort, même s'il criait, il était condamné. J'aurais pu me ruer sur le cercueil et tout faire pour l'ouvrir, mais ça ne servait à rien. J'étais effroyablement résignée. Mon intérieur hurlait, on aurait presque pu entendre mes pensées. J'avais dans l'idée de jeter un sort de silence sur le mage, puis de me jeter dessus pour lui ouvrir le visage avec mes ongles.. Mais non. Mes jambes ne m'auraient peut-être pas portées.

Je leur ait alors dit qu'elle était en route pour Luskan, pour l'auberge de Garfaux précisément, chambre quatre. Adresse totalement inventée. Comme je m'en doutais, il ouvrit bien le cercueil, mais en le faisant exploser. Des bouts de chaire, des projectiles de bois, du feu... Je me redressais, regardant le sol plein de sang. J'entendais alors l'homme à la lance dire qu'il y avait un contretemps... Suite à une réplique sévère du mage, il rétorqua au magicien que c'était son compagnon qu'il venait lui même de faire exploser. J'avais déjà compris, alors que le mage commençait à incanter, la lance de l'homme se rabattit sur le cou, tranchant net la gorge du magicien, dont les mains continuaient de gesticuler pour incanter. Le corps tomba ensuite. Je posais mon poing tremblant à mes lèvres, j'essayais de me refaire la scène avec tous les détails pour en être sûre, pour me persuader que j'avais bien compris ce qui était.

J'étais horrifiée, j'étais fatiguée, lassée, je voulais de la simplicité, je voulais quelque chose de clair, je voulais qu'on m'explique, je voulais qu'on me le dise les yeux dans les yeux.. Qu'il me le dise, qu'il m'explique. Et puis, était-ce vraiment lui? Peut-être un coup double, encore. Il me dit de prendre rapidement tout ce qui m'était cher et de sortir, alors qu'il traînait le corps du Père. J'avalais ma salive, je fis un sac avec mes affaires en à peine deux minutes, je reprenais également l'enfant emmitoufflée dans le tissus, qui pleurait muettement grâce au sort. Gauchement, je sortais.

Il était là, il n'avait plus les bandelettes sur le visage, c'était lui. Je n'arrivais pas à me faire croire que c'était la vérité, le sang qui battait les tempes m'ôtait presque toute conscience. Je revois ses lèvres dire une phrase, à peine, alors que je regardais ce visage qui m'avait manqué et que j'avais tant espérer retrouver. Il était fermé, peut-être peu enclin à faire partager ce qu'il avait vécu et vu durant cette période. Il fallait que l'on s'éloigne de là. Nous nous dirigions sans un mot vers l'auberge d'Eauprofonde.

On loue une chambre, je dépose la petite sur le lit. Je reviens vers cet homme. J'aimerais bien y croire, mais c'est sûrement faux. Je fais glisser le bout de mes doigts sur son visage, je ne ressens rien de sa part, sauf quelqu'un qui n'avait pas envie à cet instant de montrer quoi que ce soit. Quelle sotte. Je retire ma main, je me détourne et me dirige vers la petite alors que le sort se dissipe et laisse entendre les débuts d'une grosse colère. Je cherche mon pendentif pour l'occuper, j'ai dû l'oublier dans la maison. Je lui donne un bout de tissus, qu'elle agrippe pour ensuite le rejeter avec mécontentement, son visage se tordant de nouveau alors qu'elle recommence à hurler. Il me demande ce qu'elle fait ici. Il devait croire qu'elle était vraiment à Luskan. Je lance un léger “chuut” plus pour la petite que lui, mais qui trouvera écho auprès de ses oreilles. Je secoue une mèche de cheveux blanc au dessus de son visage. Cela distrait son attention à peine quelques secondes, mais loin de perdre son objectif, elle se remet à pleurer.

Je suis fatiguée, je n'ai pas envie de m'en occuper, j'ai envie de partir, de pleurer, d'hurler, moi aussi, comme elle. J'ai envie de me fracasser le crâne contre un mur, j'ai envie d'aller loin, j'ai envie de tout oublier, de rejeter cet océan d'émotions diverses qui se fracasse contre mon crâne et me donne le vertige et le mal de mer. Je me laisse aller contre le mur, glissant pour m'asseoir par terre. J'enfouis mon visage dans mes mains. Je lutte pour ne rien dire, pour ne rien faire. Pourquoi était-il parti? Sans ça, rien ne serait arrivé. C'est bien, accuses-le.

J'entends ses pas se rapprocher du lit. J'entends les pleurs se calmer alors qu'une mélodie simpliste pour enfant apparait. Une boite à musique. J'entends le nom de Draivin. Si je pouvais, j'irais la prendre, cette boite, et la balancer par la fenêtre. Mais je n'en ai pas vraiment la force. Mes lèvres se scellant dangereusement, mon corps s'engourdissant de dégoût, de peur, de joie, de tristesse. Je sens son index frapper doucement contre ma main cachant mes yeux, comme on toquerait à une porte. Je retire sa main de la mienne d'un geste légèrement sec. Ca y est? Il savait que cet enfant était là, et il rouvrirait la bouche grâce à elle? Salaud. Repars d'où tu viens. Pourquoi tu n'es pas mort. Te savoir dans ce cerceuil m'avait brisé et en même temps, j'avais alors quelque chose de concret. Une force étrange. Plus rien maintenant, autant la garder, ne pas la balancer, juste pour faire chier.

Et là, il est en vie. Il réajuste son gant. “d'accord.”, qu'il dit, en se redressant et en s'éloignant. Mais ne pars pas, ne m'abandonne pas encore une fois, je suis si heureuse de te revoir. Si tu savais comme tu m'as manqué, comme j'ai eu peur quand j'ai vu ces éclats de bois et de chaire brûlés. Comme j'ai désiré te voir passer la porte comme une fleurs pour me dire que tu étais revenu, ou pour ne rien me dire, mais faire comme si cet épisode n'avait jamais existé, le rayer de mon existence par l'ignorance. Comme j'ai imaginé tes lèvres, ta peau, tes bras, tes yeux, toi, près de moi. Comme je me suis maudite moi et mes moi, comme j'ai pleuré intérieurement de te savoir loin et de m'imaginer que tu ne reviendrais peut-être plus jamais. Comme j'ai espéré, comme je me suis menti, comme j'ai regretté, comme j'ai attendu, comme j'ai souffert.

“Mais bon sang, mais restez...” Voilà les mots qui s'étaient échappés de mes pensées dangereusement engagées.
“Partez, revenez, restez...” Il hausse une épaule, comme si il connaissait déjà tout ça, venant se rasseoir près de moi.

Un sanglot est réprimé, ce qui n'empêche pas la cage thoracique de s'élever un peu brusquement. Si il savait... Si il savait. Est-ce que ça serait différent? S'il savait qu'à chacun de ses mots, j'avais envie de les rentendre. J'étais paniquée par la situation. Meurtrie et si heureuse de le voir, de le sentir, de le toucher. De poser mon visage contre son cou, de passer mes bras autour de lui. De sentir l'odeur de sa peau et sa texture, qui me noyait dans des sensations qui me paraissaient alors avoir été trop lointaines. De sentir ses bras autour de moi... De le voir. De l'avoir. Mes lèvres embrassent sa peau malgré elles, ma respiration se coupant quelques secondes par instants. Rien de plus. Je n'ai pas à rajouter quoi que ce soit. Je devais garder, comme d'habitude, me préserver, toujours...

Je l'entends me dire que tout va bien, mais au fur et à mesure, le son se meurt, je ne sais pas s'il a arrêté de parler, ou si c'est moi qui ne l'écoute plus. Si mes lèvres n'étaient pas fermées contre sa peau, je crois que j'aurais pu dire beaucoup trop de choses. J'étais si bien, contre lui. J'avais attendu ça depuis l'instant où il était parti.


Dernière édition par Oruuube le Mar 5 Mai - 20:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyMar 5 Mai - 18:33

Insomnie

"Elle n'est déjà plus Nymya.
Comme tu n'as jamais été Werëarm."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 W25k


Je pose une main sur mon crâne. J'ai mal... Il fait nuit, encore. J'ouvre les yeux, me redressant doucement sur les coudes. J'entends la respiration de la petite, qui est entre nous deux. J'arrête de respirer à peine quelques secondes pour entendre également celle de Ciddis. Je pose mon poing contre mon front. Non, tu ne peux pas t'autoriser une petite crise existentielle maintenant.

J'avais envie de fumer. Mon mal de tête, mon mal de ventre... Cela s'oublierait un peu, avec la poudre achetée l'autre jour. Je ne peux pas. Je les réveillerais sûrement. Je m'assieds, m'adossant au mur. Je les regarde, silencieuse. Je souffle légèrement vers les quelques cheveux de Nymya, qui se soulèvent à peine, comme un petit voile. Je me radosse. C'est fou comme on paraît être à la proie de tout, quand on dort. Elle avait ce ventre qui se soulevait au rythme de ses respirations légèrement audibles, et lui un bras protecteur autour d'elle.

Ne réfléchit pas cette fois, Wer, je t'en supplie.
Trop tard.

Ce n'est pas que ça ne servait à rien, c'est que je ne pouvais pas. Je savais que j'étais tombée dans quelque chose de trop dangereux car trop peu contrôlable. Je le savais plus que personne, pour l'avoir utilisé contre les gens maintes et maintes fois. Etait-ce ça que je provoquais, indépendament de moi? Qui me disait qu'il n'était pas lui non plus sous l'emprise de quelque chose que je ne contrôlais pas? Qui me disait que la seule différence était que je ne pourrais peut-être plus jamais me défaire de lui? Tout ce que j'espérais... C'était l'avoir à mes côtés, le plus longtemps possible. Sentir son corps, sa peau, l'entendre me parler, le voir me regarder... C'était si désagréable de savoir que s'il le voulait, je le suivrais. C'était désagréable de savoir que si je ne le suivrais pas, j'en souffrirais.

Je détournais le regard des deux, le posant au fond de la pièce. Etait-ce nécessaire? Non. Tu peux très bien te passer de tout ça. Poursuivre ce que tu avais commencé. Mes mains se ferment sur mon visage. Des insomnies qui me poussent à réfléchir, comme si j'étais pour une fois presque sûre de ce que je faisais. Mais non. Quand elle sera apte à comprendre, à réfléchir, à souffrir, tu pourras la détruire. La tuer ne t'aurait apporté rien d'autre qu'un petit apaisement passager. Par contre, lui voler ses repêres, la perdre petit à petit, doucement.. C'était ça. Ca serait ça, mon occupation. L'engloutir et la perdre encore plus que je ne l'étais.

Quant à lui... Tu as été juste... Manipulée. Rien n'est jamais sincère, rien n'est jamais vrai, ils font ça pour te perdre, comme toujours. Alors pourquoi étais-je aussi … Soulagée..de le voir. Si bien..? Parce que justement, tu as perdu, tu te fais rouler, et tu tombes dans le piège. Heureusement que tu as ces éclairs de lucidité. Tu pourrais le tuer, là. N'était-ce pas ce que tu voulais? La simplicité. Un coup de couteau dans la gorge, et tu obtiendras ce calme morbide face aux évênements. Ou alors, cette tempête, mais là, tu ne pourras rien faire d'autre, et donc, tu soulageras ta conscience. C'est un complot !

Mon regard se pose sur la gorge de Ciddis. J'avais plus envie de poser mon visage contre, plutôt que de sortir un couteau et de le tuer.

Mais tues le ! Comme tu devrais tous les tuer ! Tes ancêtres volaient les âmes d'un baiser, tu sais.
Je n'ai pas qu'eux, comme ancêtre, je te le rappelle, Wer...
Peu importe. Qui te dit que Ciddis n'était pas celui qui a explosé dans le cercueil, mh? Tu l'as vu à l'oeuvre, tu sais comment il manipule. Tu devrais le tuer, au moins, tu t'éviterais ces quelques tortures mentales inutiles.

Je ne sais pas.
Peut-être, mais moi si. Qui te dit qu'ils sont là? Qu'ils sont eux? Des jeux, des masques, tu le sais si bien, toi. Pourquoi te risquerais-tu à tomber dans un piège si lucide? Mais ça n'est pas un piège. N'étais-je pas sincère..? Ce que j'avais ressenti.. Ce que je voulais.. n'étais-je pas sûre de moi, en le tenant dans mes bras, en sentant ses caresses, son souffle, ses yeux sur moi, il y a à peine quelques heures...?

Arrête. Là tu deviens pitoyable. C'est ce que tes amants ressentent, doivent ressentir, c'est ce qui les fait perdre. Et là, tu vires à la place de la victime. N'es-tu pas mieux en tant que maîtresse des évênements? Quand tu ne ressens rien? N'est-ce pas plus agréable d'être certaine de ne rien perdre, si ton plan ne fonctionne pas? Alors bon sang, descend de ce lit, prend un couteau, tue-le.

Je ne sais pas.
Je l'ignore. Ce que je veux, pour l'instant.. Ca n'est pas que ça s'arrête, non. Pas pour le moment..
Mais si ! Mais non. Pour une fois j'avais mal au ventre, mais différement. Cette crispation légère quand on sent une bouche contre la notre. Quand on sent un souffle contre son cou. Quand on voit quelqu'un de cher apparaître près de nous. Mais.. pourquoi devrais-je oublier..? Même en le voulant, j'en serais sûrement incapable. C'est le genre de souvenirs qui reviennent inlassablement, et en parfait état de marche. Je n'oublierais jamais cette soirée, ni cette nuit. Jamais. J'aime me souvenir des choses, je n'aime pas me dire que j'ai oublié les 8/9èmes de mon existence. Mais ce soir... Non. Jamais.

Reviens, Werëarm, reviens. Wouhou?! Rappelle-toi qui tu es. Tu es fille de démone ! Ta peau ! Ton sang ! Tes cheveux ! Tes cornes ! Ils ne te le prouvent pas assez régulièrement?

Les apparences.. Si ça se trouve.. Je n'ai jamais eu de corne à ma naissance.. Elles sont nées de mon imaginaire.. ma peau.. mes cheveux.. si ça se trouve.. je suis blonde aux yeux bleus.

Chut, ferme la bouche, les pensées suffises. Entendu ! Si ton apparence ne prouve pas ton appartenance à la caste démoniaque... Alors tes tortures mentales devraient te le prouver, non? Quelle personne ne serait pas descendante de démon, en pensant ainsi de la sorte? En éprouvant ce désir de tuer, de massacrer, de détruire, de pourrir... Tu es faite pour ça. C'est ce que tu fais de mieux, c'est ce qui te maintient en vie, c'est ce qui te fait avancer.

Ma main se pose sur une de mes cornes, elle l'agrippe, elle la palpe, elle la caresse. Une illusion qu'on m'a tellement fait rentrer dans le crâne, que j'y ai cru et que je ne pose plus de questions. Mais je suis démone ! C'est ce qu'on voit en premier ! C'est ce qu'on ressent, c'est ce que je ressens... Pourquoi m'autoriserais-je des choses qui n'ont pas lieu d'être avec un sang tel que le mien. Dois-je les tuer, ou les fuir, pour les sauver? Est-ce que.. Je pourrais..Changer, quelque chose. Une petite chose. Toute petite.

Un complot, te dis-je ! Tu es manipulée ! Tu manipules le monde qui te manipule ! Tues-les, si tu ne veux pas être manipulée. Mais fais le bien. Pourquoi aimerais-tu tant faire des choses absurdes, sinon, mh? Le démon ! Tu as envie de couper une main, tu le fais. Tu as envie de jeter un innocent dans les douves, tu le fais ! Tu n'as JAMAIS culpabilisé. Tu ne t'ai jamais posé la question, est-ce que ce que je fais est bien, ou mal. Tu AGIS, tu ne réfléchis pas à ça. Tu te questionnes à un autre degré, ce qui prouve ton appartenance à une caste chaotique, démoniaque, malfaisante. Jamais tu ne seras quelqu'un d'autre. Jamais. Tu m'entends?

Oui je m'entends. N'ais pas peur, Wer. Je suis là, on est là, elles sont là. Le “tu” n'existe peut-être pas, mais il y a tant d'autres choses, à côté, hein? Tu n'es peut-être plus très sûre, mais ça te reviendra. Il brouille tes sens, mais ça passera. Je veux juste t'éviter le choc de la contre-réalité. Je te forcerais à regarder ailleurs, à continuer à faire ce que tu faisais avant. Tu n'as pas de chance qu'il soit revenu. Mais un jour, même lui ne pourra rien contre toi. Tu croyais que tu étais sûre de toi? Je te ferais rentrer l'inverse en tête. Tu retrouveras cet équilibre, grâce à moi. C'est ça. Occupes-toi d'elle, noie-la progressivement dans tes tourments. Retransmet ce que tu as vécu. La perte d'identité. Elle n'est déjà plus Nymya. Comme tu n'as jamais été Werëarm. Doutes de tout, sauf d'une chose, cela te sauvera.

Je me glisse de nouveau sous les draps. Accepte, et tais-toi.
Je regarde Nymya. Je lève le regard sur Ciddis. Je le regarde dormir.

Et mes yeux criaient des choses que mes pensées barrèrent en fermant mes paupières.
Dors, maintenant.

[Hrp : Wouw Oo j'ai passé la barre des 4000 visites ! Merci de lire ou de parcourir, en tous cas ^^]
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Oruuube
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MessageSujet: Re: [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess   [Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 EmptyLun 11 Mai - 18:34

Amer

"Je t'ai gardé pour me prouver
que je peux créer quelqu'un d'encore plus perdu que moi."


[Validé][Barde][Tieffeline] Werëarm de Waarn'ess - Page 7 Petitemainsepiapetit



Je marchais à quatre pattes pour faire le tour du lit... Puis je réapparaissais de l'autre côté en faisant une grimace et en poussant un râle de bête, qui la fit sursauter puis exploser de rire. Je faisais monter ma main sur son ventre telle une araignée et je commençais à la chatouiller. Elle se laissa tomber en arrière en rigolant comme pas possible. Lorsque j'arrêtais, et que ma main se rapprochait lentement de nouveau vers son ventre, son visage tout entier riait encore muettement. Un sourire plaqué sur son visage en attente se rehaussait par moment, juste avant de rire à nouveau. Un rire de niais, un rire de bébé.

J'arrêtais. Je m'asseyais au bout du lit, regardant la pièce. Le silence perturbé par les petits hoquets de rire de l'autre. Elle comprit que ma main ne reviendrait pas, s'arrêta alors de rire pour regarder elle aussi la pièce en commentant de son langage d'attardé, de niaise, de bébé. Elle tapa de ses petites mains la couette en gesticulant. Je reposais mon regard sur elle.
- Tu sais que je vais tout te voler? Tu m'appartiens déjà. Mais je ferais en sorte de te pourrir ton existence. Tu n'auras rien à toi... Je ne t'aime pas. Je t'ai gardé pour me prouver que je peux créer quelqu'un d'encore plus perdu que moi.
Voyant que j'avais reposé mon attention sur elle, sa bouche gesticula un peu alors qu'elle tapait frénétiquement des mains sur la couette. Elle émit un petit bruit aigü qui ressemblait à un début de rire pour ensuite reprendre son air un peu ahuri naturel, écarquillant les yeux sur moi. Elle tendit les bras. Ses pieds s'appuyant contre le lit pour soulever à peine quelques secondes son popotin.

- Non j'ai pas envie de te prendre. T'es chiante. Tu baves.
Ses jambes commencent à s'agiter, ses bras aussi. Elle va se mettre à pleurer. Je me penche, je la prends, je la mets debout sur mes cuisses, en la tenant par la taille. Elle se tord un peu, mais reste relativement bien debout, quand on la tient. Elle essaye même de marcher, quand on l'accompagne. Elle s'agrippe aux meubles pour avancer debout.. Elle commence à pouvoir se carapater. C'est mauvais.
- Mam'..M'a !
- Non. WERËarm. WERË. ARM.
- Am' !
- Pas maman.
- Mam'a ! Mam' ! Mm !
- Et papa, tu sais dire? Paaaaaaaaaaaapa.
- Paaaaaa. Pa. Paa.
- He bien tu n'as ni maman, ni papa ! AHAH !
Je la prenais sous les bras pour aller l'asseoir par terre. Elle se dirigea à quatre pattes vers la première chose qui lui paru interessante, une partition, qu'elle ne tarda pas à chiffonner. Je la laissais faire. Après tout, je ne comptais pas la chanter. Heureuse de créer pleins de petits bouts de papier et d'écouter le bruit du papier froissé et déchiré, elle me lançait par moments un petit regard plein d'espoir. Elle espérait être complimentée sur l'oeuvre qu'elle venait de créer, ou plutôt sur la destruction d'une oeuvre créée. Je me contentais de poser mes coudes sur mes genoux, et mon menton dans mes paumes. J'avais remarqué qu'elle n'aimait pas quand je ne trahissais aucune émotion. Quand j'étais impassible. Elle se met à s'énerver, elle ne comprend pas.

Comme tous les gens dehors, elle était déjà programmée pour comprendre les individus grâce à des masques faciaux. Elle avait déjà besoin de ce repère. Quand elle saura qu'on peut les falsifier, elle pourra alors s'en passer.

Je savais ce que j'allais en faire. Elle serait l'enfant parfaite. Je l'habituerais dès son plus jeune âge à voir les gens souffrir, je lui apprendrais à aimer ça, je lui ferais comprendre que c'est normal, qu'ils le méritent, qu'ils nous ont tous tués, abîmés. Qu'ils veulent notre mort. Je la pourrirais, je le savais.

Parfois j'avais envie de la tuer. Mais je ne le faisais pas. Comment l'expliquerais-je à Ciddis? Ca pourrait être un moyen de voir sa réaction, d'apprendre à le connaître autrement. Si je lui dis que je l'ai tué. Que ferait-il? S'y attendrait-il. Le sait-il. J'imagine qu'il s'en doute. Qu'il ne pense pas que je l'ai accepté par amour ou par compassion. Que j'allais bien en faire quelque chose. Mais quoi? Une petite fille abîmée. Elle approche de la fin de ses dix mois. Que sera t-elle dans un an? En vie? Enterrée? Mutilée? Jetée par la fenêtre? Que sera t-elle dans quinze ans? Une enveloppe vide? Une apparence perdue? Un puit de tourmentes au goût amer? Je ferais tout pour, en effet. Je voulais voir pire que moi. Je voulais créer pire que moi. Me prouver que c'était possible. Que c'était ce qu'ils m'avaient fait, je ne sais qui, tout le monde.

Me détestera t-elle de la même manière que j'ai détesté ma mère, que je l'ai aimé, avec trop de passion? Je tapisserais les murs de sa personnalité avec du papier peint pourrit, laid, à l'odeur et à la vue si magnifique que ça en deviendra écoeurant. Je me l'étais promis. A tous ceux et celles qui résidaient en moi. Je leur prouverai. Je me prouverai tout cela. Cette gamine n'est qu'une petite garce. Ce n'est pas elle que j'aurais dû avoir en face de moi. Mais...

Je posais ma main sur mon ventre. J'ai l'impression d'avoir toujours eu mal. Tellement que quand je ne souffre pas.. J'ai l'impression de ne pas être en vie, de ne pas être moi ou quelque chose d'approchant. D'être trop différente pour tenter de me comprendre. Des repères malsains, des repères hideux, tout comme je l'étais.

Je me levais pour aller face au miroir. Je passais la main sur la plaie qui était en train de cicatriser à ma tempe. Mon visage se tourna un peu sous tous les angles. Je m'observais. Je cherchais un défaut. Mais rien. Même les cornes, malgré une petite entaille assez vieille sur l'une d'elle, étaient belles. C'était peut-être ces cornes qui me rendaient même.. sublime. Je m'écoeurais. Ces yeux, ces cils, ces sourcils, cette bouche, ce nez, ce visage... Tout ceci m'écoeurait. J'étais laide. Ou.. Trop belle pour être jolie. Et ça me tuait.

Je voulais... Une peau aux teintes rosées. Je voulais.. Des yeux.. marrons, ou qu'importe. Je voulais..Des cheveux tressés aux reflets cuivrés. Je voulais être différente, mais l'être vraiment. Je ne voulais pas endosser de rôles. Des masques. Des visages. Des costumes. Je voulais un gros nez. Ou juste un nez différent. Je voulais.. une bouche.. Plus fine. Ou plus épaisse. Je voulais tout.. Sauf ce que j'étais. Mes mains se posèrent de chaque côtés du miroir, l'empoignant. Je n'entendais plus les gazouillis de la petite, ni quoi que ce soit d'autre. Je n'entendais que moi. Que mon dégoût.

Qui peut aimer quelque chose d'aussi effrayant, pensais-je alors. Qui peut côtoyer quelque chose d'aussi faux. D'aussi laid dans une perfection rapeuse. Je caressais mon reflet du bout des doigts. Le reflet est vrai. Le sujet ne l'est pas. Je posais mon front contre le miroir. Je regardais ces yeux gris clairs pailletés de sombres qui me fixaient en attendant que je fasse autre chose. A un instant, j'ai bien cru que ce reflet ne dépendait pas de moi. Mes dents se serrèrent alors que mes doigts se refermèrent un peu plus sur les rebords du miroir.

QUI ES-TU ! Hurlais-je d'un coup. Réponds moi ! Toi qui est là, toi qui te regarde. Dis quelque chose... Dis le toute seule. S'il te plait. Je t'en supplie. Qui es-tu...
Les yeux se contentèrent de me regarder, en colère devant la question idiote et mille fois répétée. Je me redressais. Tu vois, dis-je à mon reflet. Tu n'es qu'une pouffiasse. Et le pire. C'est que tu t'en sors avec brio. Tu n'as nulles parts où aller. Tu as des moyens dans ton sac, et tu les exploites sans buts précis. Tu fais les choses par ennuis, par vengeance idyllique. Le chaos. Pas de règles. Pas de projets, à part celui de bousiller ceux des autres. Tout détruire... Gratuitement. L'échec ne te remettra jamais à ta place. Conquérir le monde. Conquérir mon monde. Par la dépense. Par la manipulation. Par haine, dégoût, amour.

Ciddis était partit il y a à peine une heure. Je détournais mon regard sur la petite qui, je m'en rendais compte, était en train de pleurer suite à mon hurlement de tout à l'heure.
- Et toi, tu pleures, hein? C'est facile de pleurer. De taper partout. De tout casser. J'aime bien, moi aussi. J'aime bien les caprices.
Je la prenais dans mes bras, elle pleura longuement contre moi. Je restais à la bercer. Je lui parlais. Elle ne comprenait rien, de toutes manières.
- Tu sais, lui dis-je doucement. Je vais avoir mon petit monde de créé, bientôt. Si j'en perds des morceaux, j'en referais d'autres. Je ne risque rien. Je ne risque pas de sortir d'un cycle. Je n'ai pas de choses concrètes à faire, cela me permet de toujours faire quelque chose. Tu te rends compte, petite poupée. Je détruis. Je vis pour ça. Je n'ai jamais rien créé, à part des conflits. Mon oeuvre, c'est mon mal être. Bientôt, tu seras la plus magnifique de mes créations. L'artiste, moi, qui modèle la matière première, toi. Tu seras mon oeuvre d'Art. Une petite machine chaotique. Encore plus dépravée que moi.

Je restais silencieuse un moment ensuite, elle hoquetait contre moi. Mon regard s'assombrissait. Ce qui est en trop, c'est lui. C'était Ciddis. Tu ne dois pas changer, Werëarm.
Était-ce possible? Combien ont-ils goûtés à cela? Est-ce que c'est ça, que je provoque? Ce que provoque le démon? Où était-ce moindre? Pourrais-je le supprimer de ma vie. Pourquoi étais-je tant pressée de recevoir ses lèvres, lorsqu'il me parlait. Pourquoi ses mots, ses regards, ses gestes me donnent envie de lui.

Bien sûr, j'ai déjà eu envie d'autres hommes. Mais, j'avais l'impression d'avoir en face de moi un homme aussi dangereux que je le suis avec les autres. Il provoquait ce que je provoquais. J'aimais ce qu'il représentait pour moi, un danger. Un véritable danger. Je n'ai jamais eu aussi peur des autres hommes. J'avais peur qu'il parte, même si je savais qu'il partirait un jour, parce qu'au fond de moi, quelqu'un le rejettera et arrivera à le faire. En usant de choses dégueulasses. Infâmes. Je ne voulais pas imaginer. Mais j'avais peur de le savoir, au plus profond de mon être. Et j'avais peur que l'outil utilisé ne soit autre chose que ce que je tenais à cet instant dans mes bras.

Mes pensées remuaient de nouveau mon ventre. Je désirais cet homme dans ma vie. Par défi, par haine, par amour. Je l'ignore. Mais je sentais au fond de moi quelqu'un ou quelque chose qui laissait un arrière goût amer sur tous les événements que je vivais avec lui. Je sentais que ce que je vivais serait à double tranchant. Je savais que cela changerait un jour, quelqu'un au fond de moi me prévenait inlassablement, et m'ordonnait d'ôter ce parfum de ma vie.

Je savais que j'allais lui obéir, à ce moi. Je savais que ce jour là serait une de mes plus profondes déchéances. Je savais que cela achèvera ce qu'il restera de moi. J'estimais pourtant cela nécessaire.

Il fallait que je garde la certitude que si un jour je devais agir sur lui pour arriver à mes fins, je le ferais sans hésiter.

Je fermais les yeux, me berçant tout autant que je berçais l'enfant dont l'odeur de bébé me prenait au nez. Je tentais d'éloigner ses paroles d'une justesse irritante. Je savais qu'il n'y avait pas besoin d'avoir du sang de démon pour cela. J'étais mon propre cobaye. Et j'apprenais, à ses côtés, à devenir encore plus cruelle pour moi-même, et pour les autres. Je m'enfermais dans un système exclusif, qui me malmenait. C'était une guerre en même temps qu'un pacte. J'avais ce que je désirais, je l'avais. C'était horrible, car nouveau. Je me refusais à croire que j'avais des projets avec quelqu'un. Et pourtant, j'en meurs d'envie. Avoir quelque chose comme les autres...Comme ceux que je vois, autour de moi, qui sont différents... NON ! Werëarm, non.

Je ne me laisserais pas distraire par tout cela. Je ne dépends que de moi. Je ne suis pas aussi niaise que les autres. Je suis trop parfaite dans l'imperfection. De plus, j'avais trouvé quelque chose à faire. Je menais deux petits plans à fort taux de probabilité d'échec, mais qui me motivaient. Je vais leur prouver, à ces abrutis... Sans qu'ils sachent que c'est moi. Je savais que je ne devais attendre aucune renommée. Je prenais du plaisir rien qu'en voyant les résultats. J'étais heureuse, alors que personne ne me soupçonnait totalement. C'était là que j'étais bien. En harmonie avec tout ce que j'étais, et tout ce que je n'étais pas.

La petite eut un nouveau petit hoquet.
- Chut, Nymya. Ne t'en fais pas. Je ferais en sorte que tu sois pire que moi, pour soulager ma conscience abîmée, lui murmurais-je en caressant sa petite main grisée.
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