[ValidéPRC[Roublard/MDOM/Seigneur ombre][H]Aiyanna

XX – Le rêve d'Aiyanna

J'attache mes cheveux, je range mes éventails à ma ceinture. Je regarde mon reflet dans le miroir une dernière fois avant mon départ ... Ha! Je suis si frêle qu'on me prendrait pour une elfe ... Derrière moi, mon ombre d'un noir d'encre semble gigantesque ... Je met mon masque de soie sur mon visage, et souffle la bougie illuminant ma cachette, avant de filer vers les toits. La nuit à Luskan est belle, et elle appartient aux ombres ... Je vais vers les hauts quartiers, mais dans ce fichu bosquet, marcher sur les toitures est terriblement plus difficile. Je finis par redescendre, et poursuivre ma route a terre.

Ma destination? Qu'importe! Une maison noble, quelque chose a voler ... Il ne faut pas se rouiller ... Mais au détour d'une ruelle, je tombe masque à casque avec des gardes. Diable! Après un bref instant de stupeur, l'un d'eux finit par brandir sa hallebarde vers moi, me criant de m'arrêter ... M'arrêter! Ha! Je file en sens inverse, poursuivie par les miliciens.

De retour dans les quartiers populaires, je les entends encore derrière moi. Des corriaces, ceux-là, dans leurs petites armures de cuir ... J'arrive près d'une maison aux murs pleins d'aspérités, j'en profite pour grimper ... Trognegougne! Ils me suivent! Ha, jamais vu des cognacs aussi entreprenants. Je cours sur les toits, je bondis, je glisse, je me rattrappe ... je continue. Sautant, me hissant, mais ils sont sur mes talons ... J'arrive ... J'arrive à la Mirar. Diantre! Plus de toit face a moi, juste les ténèbres de la rue près du fleuve ... Le garde qui me poursuivait rit, dégaînant une lame.

« Rends toi, cette fois-ci, la course est terminée. »

Terminée ... Ha! Il me plaisait, le drôle. Me tournant vers lui, je ne pouvais m'empêcher de sourire sous ma capuche.

« Nibergue. Pour une ombre, rien n'est jamais finit. »

Il s'approche. J'écarte les bras et je recule ... Un pas ... Deux ... Il tend une main vers moi, je me jette dans le vide. Tout ce qu'il trouvera, en bas, ce sont les pavés d'une rue déserte.

J'ai continué ma route, prestement, et je suis finalement retourné au port. C'est là que tout commence, c'est là que tout termine, comme tout les jours ... Assise sur un toit, les bras autour de mes jambes repliées vers moi, je regarde l'horizon ... Le blond est en train de se lever ... L'astre maudit ... Je le regarde, tout en me remémorant tout ce qui m'a amené là. D'enfant des rues, je suis devenue cambrioleuse, de cambrioleuse, je suis devenue ombre. D'ombre, je suis devenue ... Bien plus. A mes côtés, mon démombre m'observait fixement.

« Et maintenant?
-Maintenant? »

Je me levais, le regard toujours pointé vers l'horizon.

« Maintenant, Innocence, l'avenir nous appartient. »

XXI – Départ

J'étais assise sur un toit du quartier portuaire, mes jambes se balançant dans le vide. La nuit était fraîche, et le port d'un calme presque ennuyeux.

« Innocence ? »

Mon ombre émit un hullulement sinistre, se demandant ce que je lui voulais.

« C'est une belle nuit. Elle était intéressante, cette région, non ? »

Nouvelle plainte lugubre. Je me relevais, faisant face à mon double ténébreux.

« Si, tout de même. C'était intéressant. Moins que Telflamme, je te l'accorde, mais tout de même. L'Organisation, le sceptre des cinq lunes ... C'était intéressant. »

Au loin, le soleil commençait à pointer. Un nouveau jour naissait.

« Viens, Innocence. Allons-y. »

Passant par les toits, je regagnis les combles abandonnées qui me servaient de lieu de vie.

[...]

Quelques heures plus tard, je me présentais à un capitaine du port qui supervisait le déchargement de son navire. Vêtue d'une robe blanche, les cheveux noués, le dos droit, j'étais une autre femme.

« Bonjour, capitaine ! »

Il m'adressa un demi-regard, maugréa une sorte de salut, et repris sa contemplation de ses hommes. Ha ! Déjà, il me plaisait.

« Combien, pour le navire ?
- Hein ? Vous voulez qu'on vous ramène à Athkatla ?
- Non. Je voulais dire combien ... »

Je marquais un temps de pause, fouillant dans ma besace pour en tirer quelques pierres précieuses.

« ... Pour le navire ? »

[...]

En temps que Vanille de Mervac, je m'étais donc portée acquéreuse pour un prix défiant toute concurrence d'une magnifique « Aube chantante ». Ca a été dur de convaincre le bougon capitaine de m'emmener aussi loin que Maztica, mais il n'est rien que l'argent ne puisse faire. J'étais appuyée sur le bastingage, admirant la mer filer sous le navire. Jusqu'à présent, j'avais assez bien résistée à l'envie de sauter ! Je ne sais toujours pas d'où ça vient d'ailleurs. J'aurais dût le demander à Mëorg.

A mesure que la journée passait, je pensais à ma destination. Maztica. Il parraît que c'est une contrée unique, pleine de mystères ! Mais plus que tout, il parraît qu'elle est semée de cités entièrement en OR. Haha, j'imagine déjà la tête d'Ulrich quand je reviendrai plus riche qu'elle. Il a de la chance que je l'aime bien, peut être que je lui offrirai gracieusement une poignée de lingots, en souvenir du bon vieux temps. Puis aussi à l'Organisation. Faudra pas que je les oublie. Halala, Pandore, j'espère que tu t'en tireras sans moi. Puis Wer. Puis ... Rho puis on verra combien de cités j'arriverai à ramener.

Je sortais de mes rêveries et regardais à nouveau l'océan. Toute cette eau ...

[...]

PLOUF !
« UNE FEMME A LA MER ! »

Appendice 1 – Pippo Brillechaussée

Mon nom est Pippo, et je contemple aujourd'hui mon chef d'oeuvre. J'admire le halfelin que je suis devenu. Avant, je n'étais qu'un pleurnichard, et à présent, je suis devenu fort! ... Qu'un pleurnichard, ca oui ... Je me souviens ...

J'ai grandis dans les rues de Telflamme, halfelin libre et fier de sa naissance. Mon père était un marchand qui avait tout perdu, ma mère s'étant tuée après la faillite annoncée du petit commerce familial. Ayant sombré dans l'alcool, Vrerry – papa! - ne s'occupait plus guère de moi. Je vagabondait donc au gré de mes envies dans les rues tortueuses de la cité humaine. Je me mêlais aux enfants des rues, alors que j'étais encore plus petit qu'eux, et j'en acquis une certaine débrouillardise. J'ai toujours été plus malin – bien que faible et idéaliste – et j'avais rapidement appris à devenir les conseillers des chefs de gang les plus forts.

C'est alors que les Maîtres de l'Ombre intervinrent. Ils enrôlèrent la bande dans laquelle je servais pour malmener quelque peu les marchands de la cité, et les convaincre de leur besoin de protection. On nous payait pour cela, et bien! Les Maîtres nous observaient pendant tout ce temps, et finirent par enrôler les plus efficaces. A l'époque, j'étais stupidement surpris du fait qu'ils m'aient remarqué dans la foule. J'étais pourtant bien plus compétent que les autres, j'aurais dût m'en rendre compte. On fit de moi un voleur professionnel, on m'apprit à manier les tranche-bourse et les cordages.

Rapidement, je gravis les échelons et passa au stade de Confirmé. Un vieux voyou me prit d'affection, et m'appris ce qu'il savait. C'était un danseur et un chanteur, et de son art il tirait de la magie ... Et plus encore, de son art, il tirait la maîtrise des ombres. Ce fut dur et incommode, mais finalement, j'appris à danser avec les ombres moi aussi. J'invoquais mon premier démombre. Un pâle reflet de ma propre médiocrité. Je l'avais appellé Danseur, il était frêle et pitoyablement attaché à ma personne.

Puis les Seigneurs de l'Ombre me propulsèrent au rang de Vétéran. J'étais bouffi d'orgueil, fier de ma stupidité. On m'enseigna la voie des Seigneurs de l'Ombre, pour que je puisse servir encore plus efficacement. L'organisation changea, devint moins manipulatrice et plus portée sur les vols. Je fus envoyé dans une autre cité, Phsant. Je devais essayer de m'y infiltrer, ce que je fis avec l'aide d'un vieux rashémi bonhomme, Mikhaïl. Stupide halfelin que j'étais. Je me liais d'amitié avec lui. Il me tira même d'un mauvais pas alors que j'avais maille à partir avec un gang local.

Je fus finalement rappelé à Telflamme, et là eu lieu l'Illumination. Des gens profitèrent de mon sommeil et m'enlevèrent. Je me réveillais dans une cellule, attaché, aveuglé par la lumière surnaturelle qui envahissait les lieux. Devant moi, un homme en toge pourpre et noire me dévisageait. On me tortura. On m'expliquait que je servais un dieu faible. On m'expliquait que personne ne viendrai m'aider. Et je résistais, damné fus ma bêtise! On me força à invoquer ma pitoyable ombre, et les cyricistes rirent en la voyant. Ils m'ouvrirent les yeux, la détruisant devant moi, alors que je pleurais. Ils me mirent en face de ma propre médiocrité. Ils me montraient à quel point le Seigneur des Ombres ne pouvait plus rien pour moi.

Après plusieurs mois de sévices, je me résolus finalement à accepter leurs paroles. Ils me félicitèrent. Et je compris vite que j'étais devenu plus fort. Je fus intégré au sein de l'Ordre de la Lame Cachée, dont le but dans la région était d'infiltrer et de mettre à bas le règne des Maîtres de l'Ombre. Relâché, je prétextais aux Maîtres que mon absence était le fait d'un rendez vous urgent en Phsant. Et ils me crurent. HA! J'étais devenu si fort. Nul ne pouvait percer mes mensonges. La perte de Danseur ne m'affectait plus, j'invoquais une nouvelle ombre. Elle était si belle! Grande, imposante ... Des griffes énormes, des crocs splendides ... Une créature à mon image! Subterfuge, tu est une belle ombre.

Je passais mon temps à former de nouvelles recrues. Je donnais les noms de celles qui étaient prometteuses à la Lame Cachée. Et un jour, je tombais sur elle ... La petite ombreuse. Personne ne savait son nom, personne ne savait d'où elle venait. Au sein de la guilde, elle était devenue la protégée de Mikhaïl, mon ancien ami qui nous avait rejoint à Telflamme entre temps ... Tout le monde la connaissait ainsi, d'ailleurs : « la petite de Mikhaïl ». Ce dernier me la confia pour que j'en fasse une Seigneur de l'Ombre, comme moi.

Ha! Quelle idée! Elle était faible, stupidement souriante et pleine de rêves et d'illusions. Mes supérieurs de la Lame me dirent de la surveiller et de l'entraîner. Je le fis. Elle semblait prometteuse en ce qui concernait les Ombres, mais en ce qui concernait la Vérité, j'étais plus que sceptique. Son démombre ressemblait à Danseur : malingre, frêle ... Inutile. Je rendis mon rapport à mes supérieurs. Quels furent les ordres? « Faites lui passer un test : mettez la devant la Vraie Foi. Si elle comprend, enrôlez la. Sinon, éliminez la. »

Je contemple aujourd'hui mon chef d'œuvre. Un meurtre à la gloire de Cyric. Le chef de la garde lui même ... Tout le monde croira que la petite ombreuse l'a tué. Et cette mort attirera sur elle les foudres de l'organisation, elle qui aime tant la subtilité et qui déteste trop faire parler d'elle ... Son seul choix sera de nous rejoindre, ca oui! ... Je l'entends venir. Je bondis sur le lit ensanglanté, et je regarde la porte.

Petite ombreuse, l'heure est à la Vraie Foi.

Appendice 2 – Mikhaïl Borislav

« Mikhaïl ... Tu as trop bu pour ce soir. Rentres chez toi, cela vaudra mieux ...
- NON! Je fais encore ce que je veux ! Ressers moi un pinte ... Boiteux! »

Je regardais mon vieil ami. Il était tombé si bas ... Tristement, je lui resservis un verre, ne pouvant éloigner de mon esprit cette impression de déjà vu. J'avais été le compagnon de route de Mikhaïl depuis le début. Depuis la Rashéménie. Cela semblait si loin ...

Je suis Klavdii Sevastian, et j'étais chasseur. Ou plutôt, nous étions chasseurs. Avec Mikhaïl, nous avons grandis ensemble, et apprit ensemble l'art de la traque. Nous vivions de cela, vendant peau et viande aux villes et villages de notre Rashéménie natale. Nous étions encore jeunes et fougueux quand mon imposant ami eut une idée. Il voulait sortir de notre quotidien qu'il trouvait de plus en plus morne et triste, et décida qu'il était temps de faire autre chose. Nous devinrent des guides et des gardes du corps.

La Route Dorée prenait de l'importance, reliant Kara-Tûr à Faerûn. Nous avons commencé à vendre nos services aux caravanes passant sur cette route, les guidant et les protégeant à la fois contre les bêtes et contre les bandits. La présence de Mikhaïl avait toujours été rassurante pour les marchands : ce grand échalat aurait put faire peur à un troll. Les années passant, nous nous lièrent avec d'autres guides, dont ce cher Althon. Il était prestidigitateur et plein de panache. Frêle mais au sourire dévastateur, son air sûr de lui était aussi impressionnant que la largeur d'épaule de Mikhaïl. Très vite, une solide amitié nous lia, tout les trois.

Mais le temps passa, et nous commençâmes à vieillir. Mikhaïl s'était entiché de Yusheng, une femme qui fuyait Kara-Tur et que nous avions escortée. Il s'installa avec elle à Phtang. Moi, je partis ouvrir ma taverne du Pendu à Telflamme ... Très vite, elle servit de planque aux Maîtres de l'Ombre, qui m'avaient enrôlé. C'est d'ailleurs ainsi que je connus ce cher Brillechaussée, un halfelin enjoué et sympathique – quoiqu'un peu roublard – que j'avais redirigé vers ce bon vieux Mikhaïl lorsqu'il eut une mission à effectuer à Phtang.

Le temps passa, tranquille, jusqu'au jour où un événement désastreux arriva. Althon avait vendu aux assassins de Kara-Tur que Yusheng fuyait la localisation de la demeure de Mikhaïl. Celui-ci avait retrouvé sa femme et sa fille, Aiyanna, tuées toute les deux. Il traqua Althon, et le trouva finalement à Telflamme, avec l'aide des Maîtres. Puis il s'enrôla auprès de la Guilde et sombra dans l'alcool.

Et sa nouvelle protégée arriva. Lorsqu'elle me fut présentée par la guilde – je devais alors l'informer et lui servir de soutient logistique – elle me rappelait Aiyanna. Je ne saurais dire si c'étaient ses grands yeux rêveurs ou sa jeunesse pleine de vitalité ... Quoiqu'il en soit, je la pris d'affection, et l'aiguillait vers Mikhaïl quand elle me parlait de ses rêves. Des rêves de grandeurs ... Elle avait été bercée par l'image que les jeunes gens ont des Seigneurs de l'Ombre : des héros de l'Injustice, des personnages flamboyants pour qui rien n'est impossible.

Mikhaïl me revint changé. Parfois même, il souriait. Il me parlait d'elle et de ses progrès. Il l'avait ensuite aiguillée vers Pippo. Tout allait mieux, et moi même, j'avais retrouvé le sourire. Jusqu'au jour ... On avait retrouvé Pippo mort, dans la demeure du chef de la garde. Des cyricistes l'avaient tué. La petite ombreuse avait fuit, croyant sans doute qu'on la prendrait pour la responsable de tout le carnage. Stupide enfant emportée.

Mikhaïl venait de s'écrouler sur le comptoir, terrassé par mes alcools les plus forts – il en avait ingurgité assez pour faire dormir un cheval pour plusieurs semaines, mais vu sa constitution, cela ne lui tiendrait que quelques heures. Je soupirais. Cela faisait la seconde fois qu'il perdait son enfant, en quelque sorte. Finissant de nettoyer mes verres, j'éteignais les lumières et me préparait à une longue nuit dans la salle commune. Je ne pouvais pas laisser Mikhaïl seul ici ...

Mes prières allaient à sa protégée. Même si je savais que tout se passerait bien pour elle, vu ceux qui l'avaient éduqués ...

Pour le PRC, demande de la classe de Seigneur des Ombres. Cf... Le BG en entier

Citation :

Nom du compte joueur forum : Ethalios
Nom du compte joueur module : _incarnat_
Nom du perso : Aiyanna
Race : Humaine
Age : 20 ans
Alignement : -
Religion : -
Classe et nombre de lvls : Roublard 10 / Maîtresse des Ombres 9 / Seigneur des Ombres 6 (ou 12/7/6, je sais pas trop)
Arme de prédilection/domaines/école de magie : - / - / -
Langues : -

Je vais voir comment les 2 classes de prestige peuvent cohabitez ensemble et dans quel mesure. Car je penses que tu as été sorti des quotas MDO au dernier recensement. Mais je vais analyser le cas afin de te donner une réponse dés que possible concernant ce personnage.

XXII – La route de l'or

Hé bien, on peut le dire, que ce fut difficile ! Ce capitaine à la manque osa me déposer à Athkatla, sous prétexte que je mettais ma propre vie en danger en souhaitant une telle traversée. Jamais je n'avais entendu pareille sotise. Comme si le fait que j'étais attiré par l'eau au point de m'y jeter régulièrement pouvait me mettre en danger. Ho, j'ai bien commencé à essayer de lui expliquer que je n'avais que faire de ses remarques, mais le capitaine finit par s'ennerver.

Quoiqu'il en fut, je finis sur les quais de la capitale d'Amn, baîllonnée et attachée, avec pour seul équipement mon baluchon et une pièce d'or « pour que je tienne au moins un jour ». Salaupard. Quand je le retrouverai, je ... Je ... Je verrai bien le jour venu. Au bout d'environ deux heures passées sur cet endroit, un mouse finit par me délivrer. Je le remerciais d'une pièce d'or. De ma pièce d'or, en fait. Par Shar, heureusement que je n'ai pas l'habitude de beaucoup manger.

Après quelques jours de quasi-disette sur le port – heureusement que j'arrivais à subtiliser assez pour vivre – je finis par entendre parler d'un navire en partance pour l'est. Par la jambe coupée de Mask ! Voilà qui était ma chance. La Griffe des Enfers – joyeux nom au demeurant – était un magnifique trois mâts typiquement Amnien. Du moins je le supposais, je n'ai jamais été douée en navires. De loin, je les regardais charger la nourriture nécessaire à la traversée ... Quand la nuit commença à tomber, les marins stoppèrent leurs activités pour aller boire à la taverne, en prévision du départ, prévu pour le lendemain. Je profitais de la nuit pour me faufiler avec la discrétion qui me caractérise jusqu'à la cale du navire.

Quel bric à brac là dedans ! Les vivres cotoyaient les armes blanches et les armures diverses. Je m'installai finalement entre une caisse de ce qui semblait être du rhum, et un tas de sacs de grains divers, me couvrant d'un sac de toile trouvé dans un coin. Tout en espérant que la traversée ne soit pas trop longue.

Le lendemain, le navire fit finalement voile vers Maztica. Je restais bien sagement dans ma cale, avec pour seule compagnie Innocence. Je mis à profit ce temps pour essayer de lui apprendre un tour de passe passe, mais force est de constater que mon ombre est tout sauf habile de ses doigts. Un comble. Je comblais mes rares fringalles en mangeant ce que je pouvais trouver dans la cale : nourriture salée, chou et d'autres petites choses de ce genre.

Ce petit manège dura pendant un bon moment, jusqu'à ce que les marins se rendent comptent qu'il manquait de plus en plus de nourriture. Ils finirent par me débuquer vers midi, alors que je dormais. Traîtres sans Foi ! Profiter du sommeil des honnêtes voleuses ! Ils soulevèrent la toile sous laquelle je me pelotonnais habituellement, puis me fixèrent, stupéfais de leur découverte, alors que je me réveillais à demi.

« Mais qu'est c'qu'on a là ? ... Un gosse ?! »

Je tournais mon visage masqué vers eux. Par le masque du Seigneur des Ombres ! Sans attendre, je bondis pour me redresser. Alors qu'ils se jetaient sur moi, j'effectuais un léger saut sur le côté, puis passa au dessus de la caisse de vivre qui me servait de voisine. Ils commencèrent à me courser. Effectuant un grâcieux pas de danse – inspirée d'une gigue toute sembienne – je me téléportais dans un autre coin de la cale.

« Où est-il le sale petit rat ... Drhak, 'vas m'chercher Rufus.
- D'acc. »

L'un des deux monta, tandis que l'autre fouillait toujours la cale. Je restais quasi-immobile derrière une grosse poutre de bois, dans l'ombre. Finalement, 'Drhak' revint, tenant un molosse baveux au bout d'une laisse.

« Cherche, Rufus, cherche ! »

Sale bête ! Elle approchait ! Elle venait, reniflant, bavant abondemment par terre, puis finalement me mordit la jambe gauche.

« AAAAAOUUUUUUUUUUUUUUUUUUTCH !!!!!!! »

Repérée.

Les deux me menèrent jusqu'au capitaine, me tenant d'une poigne d'acier. Il vallait mieux, d'ailleurs : en passant sur le pont, j'étais pris d'une irrésistible envie de sauter à l'eau. Finalement, on me posa fermement sur une chaise profondément inconfortable. Le capitaine me fixa de ses yeux bleu glace enfoncés dans leur orbite. Je détournais le regard, prise d'un incroyable intérêt pour le plafond.

« Que faisiez vous à bord de MON navire ? »

Il y avait un magnifique noeud au niveau de la troisième planche de bois. Du chêne, sans doute. Ou du hêtre. De toute façon, je n'y connais rien en charpenterie navale.

« REPONDEZ ! »

Je sursautais, puis balbutiais une sorte de réponse.

« Heu ... Ben ... En fait ... C'est que ...
- Vous savez que les personnes comme vous, on les envoit par dessus bord ?
- Ha non hein, je ne sais pas nager moi ! »

Lourd silence.

« Avez vous le vertige ?
- Heu ... Non.
- Savez vous faire ou défaire des noeuds ?
- Heu ... Oui. »

Je n'osais lui dire que mon Maître avait pour habitude de m'attacher dans une pièce totalement noire et que je n'avais droit à manger qu'après avoir réussit à me libérer toute seule. Si ce n'était pas de l'expertise dans le domaine des noeuds, ça !

« Notre voilier s'est éclaté la tête contre le bastingage il y a deux jours. Personne n'ose le remplacer, c'est un métier dangereux ... Je vous laisse la vie si vous vous occupez des voiles. Drhak vous apprendra les bases.
- Mais c'est que ...
- Vous n'avez pas le choix.
- Ha ben oui alors ! »

Cette ... 'offre' fut une horreur complète. Personne ne me parlait, tout le monde me méprisait, on me regardait de travers, j'étais deux fois moins nourrie que les autres, je n'étais pas payée, mais au moins j'étais en vie. Et vivre en haut des mâts m'empêchait d'avoir la terrifiante envie de me jeter à l'eau. C'était déjà un bon point. A partir du moment où je fus désignée 'voilière', la traversée dura encore quinze jours. Quinze jours atroce. Les marins marmonnaient sur mon passage. J'en entendis même un demander si j'étais une femme ou un homme. Rha ! Si j'avais eu deux mètres de plus et la carrure de ce mastodonte, je lui aurais fait ravaler ses dents après les avoir arrachées à mains nues ! ... Mais comme je n'avais pas ces mensurations, je me contentais de la fermer.

Le seul qui me parlait de temps en temps, c'était ce Drhak, là. Celui qui avait ramené le chien. Malgré la relative violence de notre première rencontre, il s'avéra un interlocuteur potable. De toute façon, mis à part Innocence, il était mon seul interlocuteur. C'était le dernier fils d'une riche famille de marchands d'Amn. Ses quatre frères étant passé avant lui pour le partage des richesses familiales, il ne lui resta plus qu'à travailler pour eux ... Ce qu'il ne fit pas, préférant fuir sur les mers. C'est une idée comme une autre, au fond.

Finalement, par une belle aube, alors que je somnolais en haut de mon mât à nettoyer cette fichue grand voile – j'ai eu beaucoup de mal à me faire à un rythme de vie diurne – la vigie se mit à hurler.

« TEEEEEEEEEERREEEEEEEEEEEE ! Port-Heaume est en vuuuuuue ! »

Je sursautais de surprise, tombant en arrière. Filant droit sur le pont, ne voyant pas d'ombre salvatrice à portée, je commençais à me mettre en paix avec mon Seigneur. Par les canines de Khezef ! J'espère que Mask ne m'en voudra pas d'avoir fricoté avec Shar pendant quelques semaines ! ... Finalement, alors qu'il ne restait que quelques mètres avant le choc, je m'arrêtais, tout en ressentant une vive douleur au niveau de la cheville gauche.

[...]

« Faut dire que t'en as eu de la chance. »

Je ruminais ma rage. J'avais passé tout l'accostage dans les choux, assomée par la douleur. Une corde salvatrice s'était insidieusement enroulée autour de ma cheville, stoppant net ma chute, et manquant de me trancher le pied en deux. Heureusement que le prêtre du bord pût me soigner, mais il n'en restait pas moins que je sentais des tensions au niveau de mon pied gauche.

« Sérieusement, Condée, Tymora te bénit ! »

Ha oui, 'Condée', c'est mon nouveau nom. Ca signifie 'autorisation'. Ils avaient le sens de l'ironie, ou alors ils voulaient m'éduquer en me faisant comprendre qu'embarquer nécessite de se déclarer.

« Tymora a rien à faire là d'dans. C'plutôt Beshaba qui m'poursuit ... »

Drhak haussa les épaules et remplis à nouveau ma choppe du rhum dont semblaient raffoler les colons. Il était fou, le bougre. Deux choppes en une seule journée, il essayait de me saoûler ou quoi ?

« De toute façon, ni l'une, ni l'autre n'a de pouvoir ici.
- Tu connais bien la région ? »

Il dodelina de la tête.

« Pas mal.
- Y'a quoi à savoir ? »

Et il me raconta. Les heaumites, les amniens, les locaux, les aquafondiens du nord, le coton, les problèmes de transport ... La Griffe des Enfers avait débarqué du matériel de guerre pour l'armée de la Nouvelle Amn. En échange elle a reçut du coton qu'elle allait emmener à Athkatla. Elle resterait à quais pendant quelques semaines avant de repartir.

« Mais dis moi, Condée. Si tu connais presque rien sur la région, pourquoi t'y es venue ? »

Je soupirais, posant mon menton sur mes bras croisés sur la table.

« Il y a une cité d'or ... »

Il partit dans un rire tonitruant.

« Les heaumites la cherchent. Les amniens la cherchent. Les aquafondiens, les balduriens, tout le monde la cherche, personne ne la trouve.
- Ben moi je la trouverai !
- J'aimerais bien voir ça.
- Très bien. Je vais chercher des informations sur la cité d'or, et si j'la trouve avant deux semaines, t'viens avec moi. D'acc ? »

Je le fixais avec défi, lui tendant la main. Il sourit, me la serra.

« D'acc. »

XXIII – Port-Heaum

Trouver des informations sur une cité d'or légendaire alors que tout le monde la cherche, c'est bien plus compliqué qu'il n'y paraît. Personne n'en parle dans la rue, et ceux avec qui on aborde le sujet se contentent de rire à gorge déployée – évidemment, le secret doit être terriblement bien gardé. J'avais deux semaines pour trouver la Cité, ou j'allais devoir me débrouiller seule, et j'avoue qu'aller me promener dans une jungle inconnue, ce n'était pas réellement mon voeux le plus cher.

Port-Heaum est une forteresse construite à la va-vite, puis améliorée dans l'urgence pour impressionner les nouveaux arrivants. Longtemps, l'accostage au sein du port était interdit aux non-amniens. Mais lorsque cela fut autorisé, les dirigeants mirent les bouchés doubles pour épater les étrangers. Des murailles de pierre avaient été érigées autour du centre de la cité, dont les routes ont commencées à être pavées. Et tout autour de ce centre, les constructions d'origine s'étendaient, masures de bric et de brocs construites le long de routes tellement fréquentées que la terre y est devenue de la gadoue.

La présence heaumite y est omniprésente. J'ai cru comprendre que les amniens avaient des accords avec le clergé. Ou des désaccords. Les amniens parlent avec un accent épouvantable. Quoiqu'il en soit, Maztica le Vrai Monde est une sorte de panier de crabe diplomatico-religieux dans lequel je ne souhaitais pas me fourrer. J'étais là pour la Cité d'Or, un point c'était tout. Je vivais, comme d'habitude, du vol, et je faillis par trois fois en une seule semaine me faire prendre par les rochets du Vigilant. Par les Ténèbres de la Dame ! Ils étaient bien plus costaud qu'à Luskan, les gaillards.

Après une semaine et demi de recherches infructueuses et devant l'urgence, je décidai de pénétrer dans la forteresse du gouvernement de Nouvelle-Amn. Au fond, j'étais une professionnelle. Il faisait nuit noire quand je me présentais sur un toit près de l'espèce de donjon. Il grouillait de heaumites en armures lourdes, avec leurs curieux casques.

« Qu'est ce que tu en penses, Innocence ? Un jeu d'enfant, non ? »

Claquement sourd de la part de mon ombre.

« Tu es d'un pessimisme ... Attends moi ici puisque c'est comme ça. »

A moitié accroupie, je cherchais un meilleurs point d'observation. Après quelques minutes, je finis par comprendre comment les gardes patrouillaient. Je lançais mon grappin, l'accrochant à un créneau du toit de l'espèce de forteresse, puis entrepris de me hisser jusque là bas. Un jeu d'enfant ! Arrivé de l'autre côté, je récupérais mon grappin, et fit un peu de désescalade jusqu'à une fenêtre que j'avais repérée. Un petit coup de diamant de vitrier me permis de l'ouvrir.

J'étais tombée dans une magnifique chambrée, garnie d'une armoire en bois précieux et d'un lit à baldaquin flanqué d'un ronfflottant personnage. Sur la pointe des pieds, je me dirigeais vers la porte, et observait la serrure. Serrure à gorge de base. Incroyable ! Ils ont de l'argent pour une armoire de cette taille et pas pour un bête système de sécurité. Soupirant, j'ouvris la porte avec facilité, avant de jeter un coup d'oeil à l'extérieur. Personne à droite. Personne à gauche. Je m'engouffrais dans le couloir, prenant soin de fermer derrière moi.

Bien ! Les informations dont j'avais besoin devaient sans doute être dans le bureau du gouverneur – ou d'une quelconque personnalité pouvant se targuer de s'affubler un titre pareil. Je passais en revue les portes disponibles, tout en prenant bien soin de le faire dans le sens des rondes – ce n'étais pas le moment de me faire prendre par un de ces antipathiques heaumites. Finalement, je trouvais ce qui semblait être la porte qu'il me fallait : magnifique porte en bois noir, serrure plaquée or de haute qualité, pas de bruit à l'intérieur. C'était forcément là.

Après avoir ouvert, j'entrai. Magnifique pièce, tableaux d'artistes amniens au mur, décorations récupérées lors de raids sur des locaux ça et là. Je m'assis sur le magnifique trône derrière le massif bureau impeccablement rangé, et farfouilla dans les petits papiers rangés par ordre alphabétique. Voyons, voyons ... Rapports de conquêtes ... Listes de matériel en partance ... Listes de matériel en arrivée ... Ha tiens, l'argent qu'ils doivent à la Griffe. Je profitais de cette occasion pour rapporter un peu plus au capitaine du navire en ajoutant un zéro derrière le prix. Personnes recherchées ... Légendes locales ... Escarmouches contre les aquafondiens ... Hein ? Légendes locales ?

Je pris le dossier et commençai à fouiller dedans. Alors que quelques termes étaient en train de me sauter aux yeux – 'or', 'beaucoup' et 'cité de Michaca' – un type était entré dans la pièce.

« INTRUS ! INTRUS DANS LE BUREAU DU GOUVERNEUR ! »

Surprise, je relevais la tête, et eu juste le temps d'esquiver un carreau d'arbalète. Non d'une nuit dans lune ! La situation devenait préoccupante. Serrant contre moi le dossier que j'avais récupéré, je me jetais par la fenêtre tandis que mon opposant rechargeait son arbalète.

Force est de constater qu'en situation de crise, ce n'est pas la réflexion qui m'étouffe. Bondir à travers une fenêtre fermée, c'est déjà douloureux, mais quand en plus il s'agit d'une pièce située en haut d'un bâtiment de plusieurs étages, c'est du suicide. Alors que je tombais vers le sol plongé dans les ténèbres, j'essayais de me concentrer ...

« Je suis une Ombre, je suis l'Ombre, je fais corps avec elle, elle est partout, elle ... »

La porte vers une autre zone plus calme s'ouvrit lorsque j'atteignis le sol, et je fus propulsée dans une ruelle avoisinante. Après un petit roulé-boulé, je détalais à toute vitesse vers des lieux plus cléments. Ici, ça allait commencer à grouiller de heaumites.

XXIV – Les cinq salopards

Je déposais fièrement le dossier sur la table.

« Tout est là ! »

Drhak regarda le tas de papier, puis le feuilleta de longues minutes. Je ne pouvais m'empêcher de jaspiner à côté.

« Visiblement, il faudra aller vers Palul et se diriger vers le sud – vers une Terra Incognita. Et là heu ... D'après ce que disent les locaux ... 'la Richesse s'ouvrira à celui qui sera fils de Plutoq et Eha, et qui saura voir au delà de l'apparence' ... Enfin ça a l'air bien, non ? »

Il poussa un soupir et reposa le dossier devant moi, s'appuya contre le dossier de sa chaise et me fixa un long moment en silence. Je déglutis.

« Où tu as trouvé ça ?
- Heu bien heu ... Dans un tas de ... feuilles ...
- Ca a un rapport avec le fait que le capitaine a reçut 10 fois plus d'or que prévu initialement ?
- Noooooooooooooon. »

Il me fixa encore plus intensément.

« Bon, oui, j'ai dût aller l'emprunter au Gouverneur. ET ?! »

Il haussa les épaules.

« Bon, hé bien nous irons ... Là où ils disent d'aller.
- Vrai ?!
- Je t'ai dit que je t'accompagnais, non ? »

Je lui sautais au cou. C'est si rare, les hommes d'honneurs, de nos jours.

« Du calme, Condée, du calme. J'ai aussi recruté trois autres personnes ... Au cas où. On en aura besoin.
- Hein ? Trois autres ?
- Oui ... Un local, Montoya quelque chose ... On en aura besoin comme interprète. J'ai aussi une ancienne mercenaire du Poing Enflammé. Elle a déjà été dans la jungle ... Et heu ... Je me suis dit qu'un prêtre ce serait pas un mal pour toi ... »

Lourd silence.

« Il prie qui, ton zig ?
- C'est un amnien. Chez nous, son culte est bien considéré des nobles ... Heu ... Il était très lié à Père et ...
- Il prie qui ?
- Cyric. »

Lourd silence.

« Non.
- Ecoute, c'est un bon prêtre ... Il sera utile en cas de coup dur ...
- Non !
- Et j'ai toute confiance en lui. Bien sûr il est excentrique, mais pas bien méchant ...
- NON !
- Enfin si tu préfères risquer de mourir de 15 maladies infectieuses, à moitié désarticulée et dévorée par des termites jaunes ...
- ... Bon, d'accord, mais si il fait un geste déplacé, je l'égorge. »

Une belle brochette que nous formions là. Drhak le marin, avec ses braies à rayures et son bandeau bleu élimé, souriant et confiant en notre équipée. Thélyss la mercenaire, avec son armure de cuir cloutée et son visage balafré, tellement patibulaire qu'elle arrivait à me faire peur. Montoya le local, avec sa peau de tigre et ses plumes multicolores, doté d'autant de conversation qu'un bulot. Lhéryc le prêtre, ne tenant pas en place, parcourut de tics nerveux et refusant de se séparer de sa collection d'annulaires gauche « lui servant à communiquer avec le Prince ». Et finalement moi, me demandant si c'était une réelle bonne idée de partir à l'aventure avec ces gens.

Nous prîmes finalement la route jusqu'à Kultaka, première cité découverte par Cordell, l'explorateur amnien. La route fut longue – plusieurs semaines – et incommode. Les moustiques locaux semblaient raffoler tout particulièrement de mon sang, et s'avéraient particulièrement irritants. Pas plus cependant que Lhéryc, qui passait son temps à m'assommer de réflexions religieuses sur le fait que le conflit était la meilleure voie vers l'équilibre, et que le mensonge libérait les peuples. Plus il parlait, plus l'envie me gagnait de créer un conflit entre mon poing et sa figure. Et pour couronner le tout, Montoya sentait « que les âmes n'étaient pas en accord avec le Dragon à Plumes » et de se fait se faisait un devoir de fredonner des airs de ses ancêtres pour nous calmer.

Dans l'ensemble, les motivations de notre petit groupe étaient l'argent. Même Montoya y allait pour cette raison. Il fait partie d'un peuple opposé à celui qui parle de cité d'or, si j'ai tout compris. Mais avec ses métaphores, il est possible que je sois totalement à côté et qu'en fait les « ennemis millénaires de son peuple » soient les amniens. Ou nous. ... Hmm ...

Finalement, nous arrivâmes près de Kultaka, cependant nous n'entrâmes pas en ville. Notre route nous menait plus loin vers le sud. Les nuits étaient longues, chacun veillait à son tour. Sauf le prêtre. Il souffrait d'une sorte d'insomnie bizarre, et tombait dans les pommes au beau milieu de la nuit, entrant en « transe avec le Trône ». Complètement jeté. Quoiqu'il en fut, ses transes étaient trop imprévisibles pour qu'on puisse baser quoique ce soit sur sa présence.

Enfin, après près d'un mois de route, nous arrivâmes à Palul. Le spectacle était terrifiant. Un monceau de ruines sur lesquelles la végétation commençait à reprendre ses droits, des squelettes partout, quelques sépultures ... On aurait cru à une ville fantôme. Montoya s'accroupit pour faire une prière silencieuse. Drhak m'apprit que les heaumites avaient massacré tout le monde ici, il y a de cela plusieurs années. Depuis, la zone était évitée par un peu tout le monde, et est restée telle quelle. Lhéryc commença à courir au milieu des ruines, les bras écartés.

« Seigneuuuuur, cette teeeerre est à toiiiiii ! Le meurtre a envahit ce sooool ! De ce meurtre jaillira le confliiiiiit ! »

Thélyss l'interrompit d'un coup de pommeau sur la tête. Nous nous éloignâmes de la cité pour la nuit. Le lendemain, nous allions devoir affronter l'enfer vert du Vrai Monde.

Edit mon post ,je viens de répondre à ma question.
Donc ca risque d'être un peu lond ,dsl,je commence ce soir et noterai mes avancées au fur et à mesure histoire que tu vois que je suis dessus quand même^^

I – L'Art de la Rue
II – Le Serment des Voleurs
III – La route vers la gloire
IV – De la Lumière a l'Ombre
V – Pas de simples voleurs
VI – Ave Tenebrae
VII – La Chute et l'Exil
VIII – Espoir
IX – Le Nord
X – Le Carnaval des Ombres
XI – Réminiscences
XII – La Cour des Miracles
XIII – La Perle du Nord
XIV – Notre Dame des Ombres
XV - L’Art et la manière …
XVI – Jaillissement des ténèbres
XVII – Un cœur de Ténèbres
XVIII – Le temps de l'innocence
XIX – L'ombre de la Mort
XX – Le rêve d'Aiyanna
XXI - Départ

Merciiii ! :')

XXV – L'Enfer Vert

Quatre jours et j'avais l'impression de ne pas avancer. Thélyss était en tête, donnant d'impressionnants coups de machette pour nous permettre d'avancer. Je restais près de Drhak qui suivait le plan qu'il avait tracé d'après nos notes et les conseils de Montoya. A l'arrière, le prêtre restait seul, marmonnant des prières tout en carressant ses annulaires tranchés.

« C'est réellement sécurisé de le laisser derrière nous ?
- J'ai toute confiance en lui, Condée. Il croit en le conflit à bon escient ... Je crois.
- JE VOUS AI ENTENDUS, RACLURES HERETIQUES ! Vous ne voulez pas faire confiance à ma grandeur ?! »

Il fallut une patience incroyable à Drhak pour calmer le prêtre, décuplant mon impression première : mieux vaut ne pas avoir de soigneur du tout que ce soigneur-ci. Quoiqu'il en fut, après deux bonnes semaines de marche forcée, il arriva un événement proprement innatendu. Alors que Thélyss se faisait critiquer de manière acerbe pour son amour des combats rangés, nous tombâmes nez à museau avec des humains de petite taille – enfin tout est relatif, je les trouvais normaux, moi – vêtus un peu comme Montoya. Seules les couleurs différaient. Ils nous pointaient avec d'immenses lances et avaient le visage peinturluré. Alors que Thélysset Drhak sortaient leurs armes, Montoya se précipita vers les indigènes en criant quelque chose comme « Taboul M'mapah rgum ». Après plusieurs minutes de dialogue auxquelles je ne compris même pas le tier du quart de la moitié, Montoya se tourna vers nous.

« Ils vont nous mener à leur prêtre pour savoir si nous sommes émissaires de Zaltec ou porteurs de la parole du Dragon à Plumes. »

Rien compris.

Nous fûmes alors escortés jusqu'à leur village. Et quel village ! Des bâtisses à l'architecture étrange avaient été dressées autour d'une forteresse bien plus grande, ressemblant vaguement à un empilement de couches de pierres de taille de plus en plus petite. Alors que nous traversâmes le village, des enfants vêtus de pagne commencèrent à courir autour de nous en riant. Ils ne devaient sans doute jamais avoir vu pareille équipée. On nous fit monter les marches de leur forteresse – une ziggourat, je crois – et nous débouchâmes sur une vaste pièce, dont le plafond était soutenu de grands piliers sculptés de grossiers dessins. Un type se tenait face à nous, torse nu, possédant encore plus de peintures sur le corps que ses collègues. Il était affublé d'un chapeau ridicule plein de plumes vertes, rouges, jaunes ...

« HANG DUNGA ! »

Montoya traduisit aussitôt. Il voulait parler au chef de notre tribu. Drhak me poussa vers l'avant. Il allait falloir que je le remercie pour cela, à l'occasion. Le chef me fixa, une expression grave collée sur son visage. Il me demanda ce que nous faisions ici.

« Hé bien heu ... Nous cherchons une cité d'or et .... »

Alors que Montoya traduisait, il m'interrompit d'un geste. Pourquoi la cherchions nous ?

« CELA SUFFIT ! Dis à ce moitié sauvage que le Tout nous a envoyé en mission sacrée, et que nous avons déjà perdu assez de temps avec ce sinistre pers...
- Silence, Lhéryc. Dis lui que nous ... Voulons prévenir la cité de heu ... D'un grand danger ... Et ... Heu ... C'tout quoi. »

Nouvelle traduction de Montoya.

« Il dit que la venue d'une étrangère était prévue dans les textes, et que cela était bon signe mais qu'elle doit se plier au rituel de Teyolo-Cihuatzintli.
- Hein ? C'quoi ça ?
- Aucune idée, Condée. Ils ne sont pas de mon peuple, ils doivent avoir ... Leurs propres rituels.
- Tout ceci est grotesque. Qu'on fasse un bûcher et qu'on les sacrifie en Son honneur !
- La ferme, Lhéryc. Dis lui que ... Soit, je suivrai le rituel. »

Je me grattais la tête. Qu'est ce que c'était encore que cette affaire ? ... Le rituel devait avoir lieu au moment où Eha est la plus grande – à la pleine lune, quoi. Cela nous laissait trois jours pendant lequels nous dûmes rester presque enfermés au sein d'une maisonnée vide. Parfois, des hommes et femmes venaient nous regarder, comme si nous étions une troupe de bêtes de foire. Souvent, leur chef venait me voir, me racontait des choses que je ne comprenais pas, et repartait.

Le jour dit, dans l'après-midi, le chef vint avec un autre emplumé, beaucoup plus vieux, tout ridé, et à moitié chauve. Il s'accroupit difficilement devant moi, tremblant de tout ses membres, me soufflant au visage une espèce de poudre qui me fit tousser.

« C'est Cuetzpalli, le plus vieux des prêtres. Il est là pour te préparer ...
- Kof, kof ... Trop aimable. »

Il me fixa, pris mon visage dans sa main, m'examina sous toutes les coutures, puis commença à incanter bizarrement, tout en agittant des talismans et autres babioles devant moi. Après trois bons quart d'heure de gesticulations, il s'assit en tailleur face à moi, tout essoufflé, et m'adressa un sourire magnifiquement édenté.

« Il vient de te baptiser. »

Super. Aiyanna, Suzie, Sombre Brise, Condée, Alicia ... Comme si je manquais de noms, il fallait qu'il m'en ajoute un.

« Il dit que les dieux t'ont appellé 'Itotia', la femme qui danse. Maintenant que tu as un nom, tu existes pour les dieux, et tu peux participer à la fête qui va suivre. »

J'étais un peu déçue, pour le coup.

« Montoya ...
- Oui ?
- Comment dirais tu 'Sombre Brise' ?
- Chichintic ecatl. Pourquoi ?
- Pour rien. »

Bon, va pour Itotia, au fond. Le vieux prêtre pris congé, et nous attendîment à nouveau. Le jour commençait à tomber à l'horizon quand les premiers cris nous parvinrent. Je bondis jusqu'à la porte d'entrée et risqua un coup d'oeil vers l'extérieur. Des heaumites, qui tiraient à l'arbalète sur les locaux. Voilà qui était pire que tout ...

« Hahahaaa ! Hérétiques ! Je tiens enfin ma Purification !!!
- Lhéryc, NON ! »

Je regardais Lhéryc filer vers les heaumites, suivit de Drhak qui tentait de le retenir. Puis ce fut le tour de Thélyss. Je me tournais vers Montoya.

« Il faut y aller.
- Pas fou. Ils ne sont pas de ma tribu. »

Et comme pour souligner qu'il n'allait rien faire, il sortit pour courir vers la forêt. Le vil traître. Je me retournais vers la scène de bataille. Déjà les morts commençaient à s'ammonceler, plusieurs victimes étant à dénombrer dans les deux camps. Je saisis Ombre et Lumière à ma ceinture, et me jetais dans la mêlée, dans le but de protéger mes comparses. Le combat fut furieux, j'égorgeais du mieux que je le pouvais, passant d'une ombre à l'autre, surgissant dans le dos de mes ennemis, leur plantant mes éventails là où leurs armures étaient plus faibles. C'était un ballet sanglant dont j'étais la participante.

Lhéryc était de loin le plus sanguinaire de tous, incantant d'une voix furieuse, massacrant ceux qui passaient à sa portée – alliés comme ennemis. Comme si sa soif de sang avait été retenue pendant trop longtemps. Thélyss et Drhak furent quand à eux submergés par les ennemis et durent prendre la fuite vers le centre de la cité. Alors que je m'apprêtais à les suivre, je sentis une douleur brûlante à l'épaule. Un carreau d'arbalète s'était fiché dans ma chair. Me retournant, je n'eus que le temps de bondir dans l'ombre du Heaumite qui me faisait face pour fuir vers la jungle.

Je me retrouvais seule, blessée, diminuée, entendant les derniers bruits de bataille au loin. M'écroulant contre un arbre, je n'avais même plus la force d'appeller Innocence ... Je regardais mon épaule. Par le masque du Seigneur, il ne m'avait pas raté ! Le carreau me traversait de part en part. Je ne pouvais presque plus bouger mon bras. Dans un ultime effort, j'arrachais le projectile, avant de sombrer dans l'inconscience.

Quand je revins à moi, la nuit était déjà bien avancée. La bataille semblait avoir cessée. J'avais la bouche pâteuse et la tête me tournait. Mon ventre – chose rare – criait famine. Prenant sur moi, je me relevais, me traînant à moitié jusqu'à la cité. Triste spectacle qui s'offrait à moi : des tas de cadavres laissés à la merci des charognards par les heaumites, tandis qu'ils avaient érigé des bûchers pour leurs propres morts. Errant lamentablement sur les lieux du carnage, j'arrivais finalement à l'espèce de maison qui nous abritaient, les quatre zigs et moi. Il y avait encore des restes de fruits laissés dans un coin, que je m'empressais d'avaler. Puis il y eu des bruits de pas.

« Hey ! QUI EST CE ?! »

Quand donc les ennuis allaient ils finir ? J'entammais un mouvement pour appeler mon Ombre, m'écroulant du même coup par terre. Quelqu'un me ratrappa.

« Inn..o... »

Et je m'évanouis à nouveau.

XXVI – La fin de l'Aventure

Je me réveillais fiévreuse, ballotée en tout sens à l'intérieur d'une charrette. La douleur à mon épaule était insupportable, le soleil me brûlait ... Jetant un oeil à ma blessure, elle faillit me faire vomir.

« Enfin réveillée, Fille de la Foi ? »

Cette voix ...

« Tu avais de la chance que j'étais revenu sur les lieux du carnage profaner les sépultures de ces Infidèles serviteurs du Négligeant ! Ha ! Ils ne méritent PAS MIEUX ! ... Tous morts. Haha. J'en ai eu quelques uns, sais-tu ? »

Je n'ai jamais compris pourquoi les gens les plus vils étaient toujours ceux qui avaient le taux de survie le plus important.

« Où ... Sont ...
- Morts ! Tous morts ! Ils n'ont pas mon intelligence. Ni la tienne, sans doute ! HAHA ! Quand comprendront-ils que la fuite n'est pas forcément couardise, et que l'Illusion est le premier des artifices à utiliser dans une bataille ?!! JAMAIS ! JAMAIS ! AVEUGLES ! ... Et après, c'est MOI Qu'on qualifie de FOU ! »

J'essayais de me tourner. Il appuya sur mon épaule, m'arrachant un cri de douleur.

« NE BOUGE PAS ! Bouger, c'est la MORT, dans ton état. Sotte de Fille de la Foi. Stupide. Je ne peux pas te guérir avant le crépuscule. Tu dois avoir une des fièvres de la jungle, en plus. HAHA ! Tu dois délirer, j'en suis sûr. L'Unique doit te parler, en ce moment même ! »

Il était réellement dément. Mais force était de constater qu'avec ma fièvre, j'entendais des voix, et des lumières semblaient danser devant moi. Si cela se trouvait, j'étais morte et j'étais arrivée dans l'enfer de Cyric ...

« DORS. C'est un ordre. Tu cesseras de m'importuner ainsi ! »

Il me frappa. Je m'endormis. Il me réveilla alors que la nuit était tombée, me lançant un seau d'eau au visage.

« Debout, Fille de la Foi. J'ai à te parler. »

Ma douleur au bras avait disparut. Il l'avait visiblement soigné. Je le regardais avec suspicion.

« Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? Et quand bien même tu me répondrais ! Cette question est ILLEGITIME. Je n'ai pas à me justifier. Je ne rends compte qu'à l'Unique. J'ai laissé les autres mourir. J'ai même tué ton ami Dhrak de mes mains. Toi je te laisse vivre. Je ne me justifierai pas. Je le fais, c'est tout.
- Vous êtes ...
- Fou je sais. Vous êtes tous les mêmes, vous autres Fils du Mensonge. A croire les idées toutes faites que l'on vous a inculqué ... Tsssk. CESSE DE BOUGER OU JE T'ASSOME ! ... Ecoute moi. En silence. Et tranquillement. Aujourd'hui tu as tué beaucoup d'Hérétiques et l'Unique t'en félicite. Il est fier de toi. Il aime ceux qui savent tuer.
- Je ne le ...
- Silence. Là bas ... Plus loin à l'est, il y a un comptoir. Tu y iras. Et tu regagneras Port Heaum. Puis tu retourneras là d'où tu viens. Cyric m'a dit de ne pas rester sur le continent. Je te le dis car tu es fille de Cyric. Pars. Si tu ne fais pas ce que je te dis ... Je ne te tuerai pas. J'anéantirai ton ombre. Crois moi. Tu ne veux pas savoir si cela est possible. »

Je fixais Lhéryc un long moment. Ses yeux brillaient de démence, tandis que ses doigts caressaient frénétiquement son collier d'annulaires. Puis finalement, j'acquiéssais. Il se leva, repris sa cariole et partit, sans même se retourner.

Il me fallut quelques jours pour regagner le comptoir. Tout au long du trajet, j'avais réussit à finir les maigres provisions que Lhéryc – décidémment trop aimable – avait daigné me laisser. Tandis que je marchais, je m'efforçais de ne penser à rien. Ni aux morts, ni à Lhéryc, ni à qui que ce soit. Je me contentais de fixer le sol en faisant bouger mes mains – au moins, cela, je ne le perdrais jamais. Au moins, je pourrai toujours contenter Innocence ...

Le comptoir était en fait une sorte d'auberge fortifiée à la va-vite, acceuillant tout ce que la région compte de pionniers et de marchands de l'extrême. Volant l'un d'eux pour payer mon retour jusqu'à Port-Heaum à un second, je pus regagner la cité, me contentant de rester dans un mutisme profond tout au long du voyage. Aiyanna ma vieille ... Tu n'es pas faite pour ce monde. Où que tu passes, les catastrophes s'enchaînent. Tu es faite pour vivre seule dans un grenier à danser avec Innocence ...

Finalement, nous arrivâmes à Port-Heaum. La Griffe des Enfers était à quais. Je m'approchais du matelot qui était en train de charger le navire ... Alors qu'il se retourna, je sautais à l'eau. Il me lança une corde et me sortit de là en riant.

« Alors Condée, on veut rentrer au bercail ? »

Gi ... On veut rentrer à la maison. Si tant est qu'un tel endroit existe.