[Validé][Magicien/Archer Mage/Rôdeur][E] Celebloxë E'lenei

Espionnage, entraide...

L'elfe se balladait parmi les ombres des bois. Au loin, le long de la route, le détachement de la Légion marchait vers la ville de Luskan. Les hommes marchaient au pas rythmé de la compagnie, alors que dans les bois, les mouvements du rôdeur étaient fluides et silencieux. L'ombre se coulait d'arbre en arbre, sans se faire voir, sans se faire remarquer. La nature était sa maison et la chasse son métier. Que Solonor, le Grand Archer, soit loué...

Arrivé à la lisière des bois, l'elfe incanta. Ses yeux de flammes perdirent leur éclat. La pupille redevint verte émeraude, le blanc des yeux rejaillit du passé. Ses traits devinrent flous un moment avant de prendre l'apparance d'un autre elfe... Il rangea alors Anbeleg, son fidèle compagnon, sous sa cape, afin qu'il ne fût visible. Ensuite, il quitta l'abris protecteur des bois et pénétra dans la ville par la porte sud.

Ils ont rendez-vous sur le port. Je me dois de les aider du mieux qu'il m'est possible. Je n'aime pas cette ville, j'y suis recherché et banni, mais il y a en son sein des êtres qui en vallent la peine. Il y a de la résistance contre les maux de cette terre. Les graines semées par le passé ont éclôts et peuvent être récoltées. Un seul fruit à mâturité vaut le prix d'une guerre...

L'elfe se glissa naturellement dans la foule, avançant d'un pas assuré sur les dalles des rues. Il pénétra dans le quartier du port sans avoir été particulièrement remarqué, ni par la garde, ni par les protecteurs des bas quartiers.

Sur le port, il retrouva ceux qu'il cherchait à protéger. Ils étaient en compagnie de celui auquel il avait attenté à la vie. Mais la donne avait changé. Il n'était plus temps de réaliser des massacres enflammés pour redonner le courage aux coeurs des hommes. Il était temps de réfléchir et de retrouver un équilibre.

L'Impercepteur de l'Eglise Noire parlait avec le Commandeur. Les choses semblaient calmes jusqu'au moment où un garde esseulé, patrouillant à la frontière du quartier, tomba dans un piège sonore. Toutes les rues avoisinantes furent soudain emplies d'un fracas assourdissant. L'elfe se retourna promptement et tenta de se positionner... mais un autre piège se déclancha sous ses pieds. Il eut juste le temps de sauter à l'abris pour ne pas être tué par le souffle.

Il vit le halfelin qui avait posé ces pièges, ombre noire parmi les ombres. Il vit également la hache de l'une des guerrière de la Légion s'abattre par trois fois. Le petit être put s'enfuire de justesse, mais il était fortement touché.

La Légion et l'elfe quittèrent ensuite la ville, la discussion semblait avoir été tout de même menée à terme. Ce nouvel attentat était révélateur, mais ses raisons étaient-elles vraiment celles que l'on voulait soupsonner ? Rien n'était moins sûr. Pourtant, les cartes semblaient claires et les forces parfaitement distribuées... Mais les schémas étaient si facilement lisibles... trop même.

Il y a des forces en mouvance que je ne connais pas encore. Il y a des ombres qui n'ont pas encore été mises au grand jour. J'ai encore beaucoup de travail à accomplir...

Une fois la ville quittée, alors qu'il s'enfonçait dans les bois, son faux visage le quitta. Il retourna rapidement à son campement de fortune et fit son rapport comme à son habitude. Eauprofonde devait toujours être tenue informée. L'information était la clef de la lutte des Lunétoiles... L'information donnait le pouvoir recherché pour défendre les idéaux de l'Ordre.

Dans le même temps, l'elfe avait pu repérer certains de ses frères et de ses soeurs en ville. Il y avait encore des "dispersés", sans communauté ni refuge. Les errants faisaient partie de son Peuple, car c'était une forme courante d'apprentissage pour bien des jeunes aventuriers elfes. Les autres races devaient être comprises, ainsi et surtout que leurs imperfections.

C'est ainsi et seulement ainsi, que l'on peut appréhender les fondements mêmes de la perfection elfique, car l'on apprend ainsi le respect du monde et du reste de ses habitants. Les défauts des autres ne rendent leurs richesses que plus précieuses et le savoir elfique plus important, afin de pouvoir les former et les éduquer lorsqu'ils le méritent.

Rencontres et recherches...

L'elfe se baladait sous les frondaisons. Les ténèbres des profondeurs des bois l'entourraient. C'était son monde, sa maison.

Je marche sur cette terre par la grâce de mes pairs. Je suis leur enfant, fils de Corellon le Protecteur. Je suis le servant de Solonor le Chasseur et le Défenseur... Mais je suis aussi le bras de Shavarash le Noir, justice de la Vengeance. Labelas est mon guide et conseiller, car ses enseignements sont sages et pertinents... Hanali reste mon repos et mon coeur, car par elle, je me ressource et reprend vie.

Que la Seldarine soit bénie pour ses bienfaits envers Son Peuple...

Dans les méandres des bois, collines et plaines, l'archer continuait de patrouiller. Ce n'était jamais vraiment une balade au grand air, ni jamais vraiment une mission de combat. C'était toujours un peu des deux, car c'était son rôle, son serment, sa promesse... Il s'était consacré pour ses frères il y a de ça longtemps... Plus longtemps que les esprits des hommes ne s'en rappellent...

Il en vint ainsi à se rendre de nouveau au bosquet du Cyprès, communauté de ses frères toujours vivace et présente dans les bois de Trügar. Ils étaient plus retirés que ceux de Haut Refuge, désormais partis. Ils étaient ses frères également, bien que sauvages et retirés au fond des bois. De plus, la sagesse et la puissance du Haut Druide Naïlo était toujours un enseignement... Il guidait souvent vers une compréhension plus grande et une acceptation plus juste de l'Equilibre.

Cependant, il vit que les troubles n'étaient pas loin. Les malarites avaient repris leur croisade passionnée et fanatique. Ils ne pouvaient voir, ni comprendre, que leur lutte était destinée à mourir avec le temps. Leur combat était désespéré, mais ils ne pouvaient comprendre ce désespoire. C'était d'ailleurs ce qui les rendait ridicule et éphémère, car ils recentaient ce vide en eux, sans jamais vraiment le comprendre. A cause de cette peur de l'inconnu, ils se lançaient désespérément dans la recherche de la violence, brûlant leurs vies avant même qu'elles ne puissent éclore. Ils se consumaient, feux vivaces sous les bois. Et ensuite, le temps passant, ils s'éteignaient sans avoir marqué le monde au final... Car peu importe les destructions qu'ils engendraient, la Nature reprenait toujours le dessus...

Mais ces enfants humains ne comprenaient pas... Et l'acceptation de leur état de faiblesses et de souffrance n'était pas une excuse pour leur laisser libre choix dans leurs meurtres et leurs débauches. L'éducation devait se faire, mais pour cela, les sermons et les démonstrations d'autorité étaient nécessaires. Des limites devaient être posées.

Un enfant ne peut comprendre seul... Il doit être guidé. Telles sont les paroles de Labelas le Sage.

Mais l'elfe aux yeux de feu ne faisaient pas partie de la Communauté. Il n'était là qu'en aide et en observateur. Il n'était pas membre spécifiquement de ce rassemblement millénaire. Son oeuvre personnelle le guidait vers le monde entier. Sa promesse et son serment était envers sa race entière, ainsi qu'envers le monde et toute créature se réclamant du bien et de la paix. Il ne pouvait s'offrir ou se restreindre à quelques frères...

Le Sanglier Noir vint à l'appel des rôdeurs du Cyprès. Il vint, chargé de son arogance et de sa certitude d'être supérieur. Mais il n'était rien en ce lieu, pas plus que les elfes qui l'habitait. Chaque individu n'est rien face à la Nature millénaire et permanente qui régit ce monde. La Seldarine en est témoin : le Peuple sont des créatures du monde, des morceaux de lui. Personne ne peut donc se prétendre supérieur, surtout pas en ce lieu pur.

Mais l'enfant ne comprenait pas. Il était aveuglé, comme la plupart de ses propres frères, ne pouvant voir au-delà de sa vision. On ne peut faire boire à un âne qui n'a pas soif. Ces paroles lui convenaient absolument. Sa peur et sa crainte de la vie et de l'inconnu qui s'offre en permanence à lui le pousse à toujours rechercher les illusions de puissance et de justification lui semblant nécessaires à sa survie... Et pourtant, ces images fausses ne font que l'enfermer de plus en plus dans le cycle de la violence et de la mort. Au final, il en ressortira proie, chassée par son propre Maître dans les terres des morts. Mais c'est à lui qu'est laissé le choix... et personne ne peut le décharger de cette responsabilité.

Ainsi, chargé de paroles venimeuses, reniant ses serments de paix en usant d'un langage de serpent, le druide les défia. L'Equilibre n'était plus, contrairement à tout ce qu'il pouvait prétendre. Ses yeux luisaient de la vérité alors que ses lèvres propulsaient le mensonge. Les elfes n'étaient pas dupes, mais se turent en partie, affrontant l'insulte par le silence, la folie par la sagesse...

Je me devais cependant de le secouer, de le frapper au coeur et dans sont être afin de le faire réfléchir. Il faut qu'il puisse, dans ses rêves, méditer sur un monde vu par des yeux différents. Il ne connait que la violence, mais il pourrait connaître mieux. Je lui offre ainsi sa chance, mais lui seul pourra accepter de la saisir... Nul autre.

Les yeux rouges brillèrent et la voix de l'elfe archer sonna. Ses paroles percutèrent le druide, avant de reprendre le silence. Les mots avaient été jetés, dans le vide peut-être. Le druide pouvait les méditer, ou s'enfermer à nouveau dans sa peur de la compréhension, pour répondre par la violence et la mort. Peu importe... la pierre était dans son camp... l'heure des choix sonnait.

Mirabar, enquête...

Les elfes étaient rassemblés dans le bosquet du Cyprès. Pour une fois, ils discutaient d'action. Il était temps. L'archer mage les regardaient et les écoutaient de loin. Il attendait le signal du départ. Les elfes désiraient aller vers Mirabar, pour se rendre compte eux-mêmes de la situation... et enquêter sur cette magie étrange manipulée par les vampires et les shadovars.

La dernière fois qu'on avait aperçu les Ombres, c'était dans la cité marchande... alors quel meilleur endroit pour commencer les recherches ?

Le petit groupe partit rapidement. L'elfe aux yeux de flammes auraient pu leur dire que ce n'était pas vraiment la peine d'entamer un tel voyage, car ils ne trouveraient rien. Mais il n'en fit rien. Cela faisait plaisir à voir, cette volonté d'actions. Et vu qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire... Autant tenter la chance...

Le groupe évolua donc le long de la route, vers la cité. Ils passèrent les embuches habituelles sans trop d'encombre: bandits, animaux hostiles, minotaures... Néanmoins, chaque rencontre marquait la désorganisation du groupe. Ils n'avaient pas l'habitude de travailler ensemble et un peu d'ordre leur ferait le plus grand bien. L'archer allait devoir y songer pour les temps futurs.

Un chef de groupe avait été choisi, mais manifestement, certains n'avaient pas compris et n'en faisaient qu'à leur tête... Par deux fois, Aelith et Tilik prirent de malencontreuses initiatives... Heureusement, les rencontres n'étaient pas vraiment hostiles et les bainites ne s'étaient pas montrés dans les alentours de la ville.

Les elfes contournèrent les positions des hommes du Tyran, sans s'en approcher. Ils n'étaient pas là pour eux, pas cette fois. Ils reviendraient probablement, mais pas encore tout de suite.

Dans les plaines à l'est de la cité, ils apprirent qu'une guerre éclatait dans les Marches d'Argent. Les orcs de la horde d'Obould avait contourné Esmé par l'ouest et ils se rapprochaient de Mirabar. Déjà la ville avait affaire avec certaines tribus. Des mercenaires avaient été mandés dans toutes les villes proches.

L'elfe en rouge était au courant depuis un moment... Depuis qu'il avait croisé les Boucliers Rouges à Luskan, en compagnie de la Légion. Mais ce n'était pas pour cette raison qu'ils étaient partis des Cyprès et avaient entamé cette expédition.

Il était évident qu'ils ne trouveraient rien hors de la cité. La Toile d'Ombre est chose bien plus complexe qu'une simple sensation de corruption et de malaise. L'Archer-Mage le savait, puisqu'il l'avait approchée... Il n'était pas tombé dans le piège du Prince, mais il avait frôlé la Soie d'Ombre... A ces souvenirs, il ne cessait de se gratter le poignet et de frissonner. La terreur de ce qu'il avait entrevu le hantait encore dans ses rêveries. Il ne pourrait jamais réellement se reposer en paix tant que le moindre shadovar vivait encore.

Il prit la décision de se rendre en ville. Il savait que la garde avait été infiltrée par les bainites également, tout comme à Luskan. Mais il savait aussi qu'il pouvait ne pas se faire reconnaître. Usant de magie, il se fondit dans la foule, discret comme une ombre à son tour. Les armes de ses ennemis étaient parfois parfaite contre eux. En ville, il se dirigea vers la chapelle de Mystra. Cette dernière se trouvait avec les autres chapelles, dans le temple commun. Il y appris cependant que le prêtre responsable était parti à la guerre contre les orcs. Il était déjà loin, sur les champs de bataille.

L'expédition avait donc fait choux blanc. Peu importe, elle avait tout de même permis d'apprendre quelques informations préciseuses, et elle avait révélé nombre de faiblesses de ses frères. Cependant, c'est en connaissant ces dernières que l'on apprend à évoluer. La voie était donc toute tracée...

De retour aux Cyprès, l'Archer se préparait déjà à repartir. Il avait reçu une missive importante qui l'appelait déjà ailleurs. Sa vie était faite de protection et de défense de ses frères. Il se devait de répondre à l'appel.

Avant de partir néanmoins, il vit Tilik, seule, le regard perdu. Lolinian était déjà reparti peu avant. C'était son élève, mais aussi celle dont il percevait le mieux les aspirations. Elle désirait tant suivre la même voie que lui. Mais elle ne le pouvait pas... Elle devait suivre sa voie personnelle, pas celle d'un autre.

Levant le regard vers le lointain de le forêt, il médita... Ensuite, s'adressant à Tilik, il prononça ces paroles, avant d'emporter son arc et de se noyer dans les ombres des sous-bois:

Tilik, mes paroles ne vont probablement pas te plaire maintenant. Mais tu es mon élève et je me dois de te le dire.

Certes, je comprends que tu te sentes inutile... Et pourtant, tu ne l'es pas. La mission que tu portes présentement en toi dépasse toute celle que je ne pourrai jamais remplir, ni moi, ni n'importe quel autre elfe mâle. Tu es en train de porter et de toucher un secret que nous ne pourrons jamais véritablement comprendre, alors que toi tu demeures en son sein à présent...

Mes paroles ne t'apporteront peut-être aucun réconfort maintenant. Pourtant, avec le temps, tu découvriras leur sens profond. Tu es amenée à mener une bataille plus importante encore que toute les nôtres. Une bataille qui, si elle n'existait pas, priverait de sens nos propres combats. C'est une gloire silencieuse, voilée... Une gloire que peu reconnaissent ouvertement. Pourtant, c'est un honneur sans borne qui dépasse la compréhension des plus sages d'entre nous.

Ne délaisse pas ce combat en te berçant des illusions lancées par les autres combats. Tu as ici et maintenant, avec ton enfant, une utilité fondamentale pour le monde qui t'entourre et pour toi. Etre utile au monde, c'est être utile à soi-même, à sa propre maison avant tout. Comment protéger les autres si soi-même, on n'accepte pas de se protéger et d'apprendre ? Tu es dans un moment très difficile, je le sais, je le sents et je le vois... Mais tu es aussi à la porte d'une compréhension et d'un enseignement que je ne pourrai jamais avoir.

Je parts pour le nord Tilik, participer à une bataille de plus... Pourtant, c'est toi que j'envie le plus...

Je reviendrai... et nous en reparlerons si tu le désires. Tu es ma meilleure élève, je sais que tu pourras comprendre si tu en fais l'effort de volonté, de sagesse et surtout, de patience... Calme ton côté bouillonnant... et aie Foi en ton sang elfique.

Ormm Lange...

C'était le grand jour. L'opération était lancée. L'elfe était descendu des forêts du nord, surgissant des ombres près du campement humain, au sud de l'ancienne Port Llast. Tout comme lui, les forces de la Légion et de Padhiver arrivaient, assemblant l'armada qui allait frapper au nord. Il fallait frapper vite, fort et discrètement.

Le but de l'opération était simple: sauver les habitants de Termalaine. Il y avait dans ce village, depuis qu'il avait été dirigé par la Duchesse Eowynn, une importante communauté d'elfes. La proximité avec les vampires de Bremen était dangereuse...

Je me dois de protéger mes frères de tous les dangers. Ceux-là sont particulièrement exposés. Ils le savent, mais ne peuvent fuire seuls. Il me faut aller me porter à leur secours.

A Légion Plage, il fut rejoint par Lolinian. L'archer mage l'avait pensé parti pour Mirabar et les guerres contre les orcs, mais il s'était manifestement trompé. Le rôdeur avait trouvé son message aux Cyprès et était accouru. Tant mieux, un arc de plus ne pourrait faire de tort.

Comme il se trompait...

Les forces embarquèrent. Trois navires de la Légion, des drakkars, avaient été préparés. Deux navires étaient montés de Padhiver en soutien. L'elfe était monté aux côtés d'Arkenn, dans Ormm Lange, le navire de tête. Lolinian se tenait dans Wötan Klan, le dernier. Un elfe pour ouvrir la marche et un pour la fermer...

Voguant fièrement sur les ondes, les navires effectuèrent la traversée sans encombre. Au bout de quelques jours, ils atteignirent les rivages dévastés de l'ancienne Lorgol et pénétrèrent dans Maer Duaidon, la passe resserrée menant aux lacs et fleuves intérieurs du Val de Bise. La druide Aggartha fit alors lever les brumes, afin que l'expédition reste voilée sous le sceau du secret.

Depuis quelques temps, un halfelin du nom d'Anathano avait pris contact avec la population de Termalaine, afin de les préparer à s'envoler. Le petit oiseau, comme le désignait les humains de la Légion, devait fournir le signal de débarque: vertical, pas de danger, horizontal, danger, en cercle, danger lointain...

Ce fut un trait vertical de lumière qui salua l'arrivée des vaisseaux. Ces derniers entrèrent alors dans la rade du port et accostèrent. Les pas lourds des hommes en arme firent alors résonner la passerelle, tandis qu'Arkenn et l'elfe aux yeux rouges posaient déjà les pieds sur la terre ferme. Rapidement, les hommes quittèrent les navires, prenant position dans le village.

La milice et les habitants s'étaient préparés. Des barricades avaient été construites tout autour. Les nouveaux arrivant se postaient aux endroits laissés encore affaiblis. Deux drayers de la Légion se mirent à poser des pièges artisanaux, afin de repousser les morts-vivants et autres vampires qui pourraient attaquer. Il faisait jour pour le moment, mais une fois la nuit tombée, la donne changerait.

Les habitants, elfes et humains, se rassemblèrent rapidement. Ils suivaient les consignes des hommes de la Légion. Celebloxë passa brièvement parmi les elfes, afin de les encourager. Les changements brusques étaient déroutant pour ces êtres immortels et patients. Mais leur sécurité prévalait, et tant pis pour ces quelques sourbesauts.

C'est alors que les éclaireurs envoyés aux alentours du village rapportèrent les premières nouvelles inquiétantes. Des loups étranges semblaient se rassembler au nord, tandis qu'une armée de silhouettes sombres se positionnait à l'est. Les défenseurs prirent rapidement leurs positions, attendant, l'arc à la main, que l'ennemi se manifeste.

Ils étaient prêts... Et quand l'armée ennemie arriva à portée, le feu de l'enfer des batailles se déclencha. L'Archer Mage tira nombre de traits enflammés, qui jaillissaient de son arc comme des épines destructrices. Ses ennemis tombaient en nombre, sous ses flèches, mais aussi sous les haches et les épées des barbares. Les morts vivants de l'est furent rapidement repoussés, ainsi que les loups du nord.

C'est alors que des nouvelles inquiétantes montèrent du sud. Des orcs semblaient attiré par Termalaine. Rapidement, la sorcière Annika et la mage Arya étudièrent le fait. Seul un sort d'atrait magique pouvait les pousser à venir ici et maintenant. Elles recherchèrent alors le centre du sort, afin de le dissiper. Pendant ce temps, l'Archer Mage se positionna au niveau des barricades de la ville. Incantant brièvement, il lâcha une monstrueuse volée de flèches qui tuèrent sur le coup une douzaine d'orcs. Le reste de la meute fut rapidement déchiquetée par la lame du paladin de Padhiver et les haches des barbares de la Légion.

Pendant tout ce temps, l'évacuation avançait rapidement. Elle était même quasiment terminée. Les derniers à devoir monter à bord étaient les défenseurs eux-mêmes. Arkenn cria alors fortement les ordres de replis. Au même moment, la nuit tomba et une ombre gigantesque envahit le ciel... un dragon squelette énorme arrivait ! Il piqua rapidement, détruisant de tout son poid une des maisons du village, à présent vide.

Les défenseurs se mirent à courir plus vite et à embarquer en catastrophe. Les navires appareillèrent dès qu'ils furent en état de le faire.

Bon sang, humains, nous ne seront pas assez rapidement pour distancer ce maudit Ver...

L'elfe cria alors:

LANCEZ DES SORTS DE BOURRASQUE DANS LES VOILES !

Les légionnaires ramassèrent directement des pierres magiques qu'ils avaient découvertes par le passé. Ils les lancèrent vers les voiles de leurs vaisseaux. Immédiatement, un vent puissant se leva, poussant les drakkars vers la passe de Maer Duaidon.

Les navires prirent ainsi le large, laissant le dragon à ses destructions. La bête s'acharnait sur le village, avant de plonger sur un des vaisseaux. Les troupes de Lathandrites venus de Padhiver furent annihilée en un seul assaut.

Dans la nuit, les guetteurs de l'Ormm Lange veillaient. L'elfe cherchait sa cible du regard. Le dragon était remonté dans le ciel, mais il restait invisible. Il regardait vers l'arrière du vaisseau, ainsi que dans les eaux sombres... On ne savait jamais par où allait surgir ce genre de monstre.

C'est à ce moment qu'une explosion retentit sur l'un des navires de tête. Le Wötan Klan, là où se tenait Tristan et Lolinian, fut littéralement déchiqueté par une gigantesque explosion. C'était le navire qui transportait les femmes et les enfants, elfes et humains... Les autres équipages ne purent qu'assister, quasiment impuissants, à ce caranage. Les corps volèrent, déchiquetés. Parmi eux, Tristan et une autre silhouette semblaient se battre, alors qu'ils retombaient dans la mer. Sur le pont du Wötan agonisant, une autre silhouette était étendue... inerte. Le Snö, second navire de la file, réalisa rapidement un abordage en règle, afin de sauver les éventuels survivants et de couler définitivement le navire qui bloquait le reste de l'expédition. Hélas, ils ne trouvèrent personne...

Sous la mer se déroulait en fait un nouveau combat. Une guerrière vampire particulièrement puissante était au prise avec un Tristan en mauvaise posture. Cependant, d'un coup de point dans le ventre, la créature monstrueuse fit voler l'homme hors de l'eau. Sauvé par une constitution particulièrement résistante et par un sort de plume lancé par la mage Arya, Tristan retomba en douceur sur la berge.

Sur le Ormm lange, les ordres résonnèrent rapidement. Le Commandeur envoya Aggartha sauver Trista et le ramener sur un autre vaisseau tandis que l'Archer Mage fut mander pour achever le Wötan, une fois que le Snö aurait pris de la distance.

Les derniers marins du Snö remontèrent à bord rapidement. Ils s'éloignèrent alors en pleine mer et l'archer eut toute la liberté de suivre les ordres. Une deuxième explosion fit trembler l'air du nord du Val de Bise, alors que le Wötan finissait de partir en éclats, dégageant la passe pour les navires qui le suivaient.

Mais tout n'était terminé. Les fonds marins tremblèrent, la falaise de la passa commença à s'effriter. La vampire mourrait petit à petit dans les eaux mortelles pour elle, mais elle avait eu le temps de les maudirent une dernière fois. Les rochers commençaient à s'écrouler.

PLUS VITE ! SOUQUEZ FERME ! TOUS AUX AVIRONS ! BOURRASQUES DANS LES VOILES !

L'Ormm Lange connut alors un sursaut d'effervescence. Le drakkar prit rapidement de la vitesse, alors qu'une flèche en partait. Elle explosa dans l'air, devant la falaise... Le souffle écrasa les rochers sur eux-mêmes, retardant leur chute... Tous juste.

Le vaisseau était à peine passé que les rochers s'éboulèrent dans la passe. Une seconde de moins et l'Ormm Lange, ainsi que tout son équipage, aurait été retrouver les morts du Wötan Klan.

Une fois en mer, les navires prirent la route du sud. Mais leur périple n'était pas encore totalement terminé. Ils n'étaient pas encore hors de danger. L'elfe aux yeux rouge le savait, il le sentait. Il ne baissa donc pas sa garde, attendant le retour au port pour s'enquérir des blessés et des morts.

Et il avait raison. Alors que le dernier navire Padhivérien filait sur les ondes, bercé par la lumière sainte du paladin qui se tenait à sa proue, alors que le Snö, dirigé par une ancienne pirate, se plaçait fièrement dans le sillage du premier, l'Ormm Lange fut entouré de tenèbres. Le monde perdit ses couleurs autour de lui, frappé d'une éclipse magiques et maudites.

Ils étaient passé dans le plan de l'Ombre. L'elfe se mit à frissonner, ressentant la ressemblance avec la cité de Pénombre. La malédiction était proche, sa magie impuissante. Son coeur hurlait de rage tandis qu'impuissant, il ne pouvait que subir les évènements.

Dans les Ténèbres, un soleil noir bordé de pourpre se dressa. Une voix maudite, et pourtant si harmonieuse, se leva. Ses paroles étaient prononcées dans une langue ancienne et oubliée. Pris par surprise et par son besoin de comprendre, l'elfe lança son sort de don des langues. Les plus grands chutent sur les plus petites pierres...

L'elfe écouta, captivé. La voix le maudissait, le transformait en un de ses pions, et pourtant, il ne pouvait lui en vouloir. Il savait que ce qu'il avait fait était bien, bien pour son peuple, pour son serment, pour sa défense. Mais il ne pouvait plus, désormais, s'empêcher de penser qu'il n'avait jamais existé une autre solution. Si, certainement... Tous les malheurs qui avaient été vécus ce jour auraient pu être évités... Il n'avait pas assez insisté, il n'avait pas assez tenté d'autres voies pour sauver ses frères.

Le charme était puissant...

J'ai été faible. J'ai raté ma mission et j'ai en partie parjuré mon serment. En ce jour, j'ai perdu une partie de moi-même. J'aurais du aller moi-même négocier la libération de mes frères. Cela aurait marché. La Reine Noire m'aurait compris, elle aurait écouter mes arguments avec sagesse. Certes, elle est maudite et vampire... Certes, elle est damnée... Mais ses raisons sont inconnues. Personne parmi nous ne peut la juger, car personne ne peut comprendre le pourquoi. Nous sommes tous trop jeune, même moi.

J'espère que tu nous pardonneras Reine Noire. Je ne suis qu'un petit elfe, mais il fallait que je me dresse entre mes frères et toi. Même inconsciemment, tu aurais pu leur faire du mal. Je me devais de me placer entre toi et eux, afin de te sauver de toi-même.

Oui, c'est là qu'est la voie... Ma tristesse restera sans borne, car j'ai aidé mes frères, mais je ne t'ai pas aidée toi... J'espère que tu ne souffres pas...

Ormm Lange (suite)...

L'éclipse se dissipa. Les trois navires survivant accostèrent à Légion Plage, débarquant les réfugiers. Là, sur le ponton, Celebloxë se rendit enfin compte de la mort de son frère...

Lolinian, non... Mon frère, pourquoi es-tu parti ?

Le corps inerte était voilé par une couverture, marque de respect pour des humains... Et pourtant, ce tissu était inutile. Il était inutile de voiler la face de la mort.

L'elfe s'effondra auprès de son ami, posant ses mains sur le visage désormais immobile, figé dans la mort. Arya vint à ses côtés, prononçant des paroles incompréhensible... De rage, il la gifla.

Cela ne se peut... Pourquoi de telles insultes en ce moment si pénible ? Pourquoi un tel comportement alors qu'il a sacrifié sa vie pour tous ?

Le coeur lourd, mais les responsabilités toujours présentes, l'elfe se releva. La nécessité l'appelait, les larmes seraient pour plus tard. Il passa rapidement parmi les elfes survivants. Leur état était catastrophique. Deux tiers d'entre eux étaient assaillis par le chagrin. Leurs yeux révélaient l'approche de la mort... La plupart de ces derniers avaient vu leur lien avec une compagne ou des enfants complètement brisé. La tristesse les menait sur les chemins d'Arvandor, ayant perdu le goût de la vie sur le Plan Matériel. D'autres deuil allaient venir...

Le coeur lourd de chagrin, l'elfe demanda alors aux humains pour repartir, tout en emportant ses frères avec lui. L'archer mage fit un effort sur-elfique pour motiver une dernière fois le tier valide des elfes, afin qu'ils emmènent chacun deux de leurs frères. Ces derniers, tombés quasiment en léthargie, les accompagnaient tels des zombies. La procession se mit en route, après que les remerciements eussent été donnés. Beaucoup d'hommes avaient sacrifié leurs vie pour sauver les termalainiens.

C'est sur le chemin du retour que l'archer aux yeux de feu comprit... Les elfes survivant lui expliquèrent comment était mort Lolinian. D' "emporté avec tous les honneurs", le corps de l'elfe devint "transbahuté sur une simple civière". Il avait perdu tous les honneurs qui lui étaient dus, tombant au plus bas de l'estime de ses frères.

Comment ? Comment as-tu pu commettre une telle erreur ? Qu'elle soit volontaire ou non, elle ne peut être pardonnée... Par ta faute, les femmes et les enfants, des elfes et des humains, ont été tués, déchiquetés, sacrifiés. Le Wötan a coulé, emportant son équipage et tous les hommes qui avaient collaboré volontairement à cette expédition. Ils étaient là pour sauver nos frères des vampires et non pour les protéger de toi ! Tu as déshonoré le Peuple... Nous te renions, Lolinian... La Seldarine sera ton juge.

Arrivé au bosquet, le corps fut livré aux prêtres, ainsi que le récit du massacre des fils et filles humaines et elfiques. Le sacerdoce de Shavarash jugerait de ce cas, le Haut Druide Naïlo également. Le corps pouvait recevoir une cérémonie funèbre traditionnelle, ou tomber dans l'oubli, condamner à mourir comme un humain.

Comme un humain... C'est ce que tu vaux désormais aux yeux de tes frères. Par le passé, tu as toujours agi en elfe, mais en une seule nuit, tu es tombé tellement bas...

L'Archer Mage se mit alors à la recherche de Tilik, pour lui raconter... Pour lui faire le récit maudit qu'il portait en lui. Il ne savait pas s'il allait pouvoir y survivre... Le chagrin et la tristesse l'accablait plus que toute autre chose. Il avait non seulement perdu un ami, mais il avait également vu un frère corrompu, un dhaerow !

Il savait néanmoins que Tilik survivrait à la nouvelle. Le chagrin ne la tuerait pas. Son sang humain la sauverait. Elle n'était pas comme eux, victimes des malheurs du monde et des liens. Elle possédait l'entièreté de sa liberté de choix, comme les humains. Les elfes possédaient la perfection, mais sur ce point, l'archer pouvait envier les humains. Les liens qui les reliaient à la nature étaient une bénédiction sans nom, sauf lorsque la tristesse et la mort s'emparaient de leurs coeurs. C'est alors que cette bénédiction se transformait en malédiction.

Mais Tilik n'en souffrirait pas. Du moins, elle ne souffrirait pas de cette façon-là. Elle était liée à la Nature, mais pas comme les elfes... Elle avait la liberté du choix. Cependant, l'amour perdu est toujours une blessure profonde et douloureuse... Les derniers actes du rôdeur, en plus, transformerait le tout en haine...

Que de malheurs étaient encore à venir...

Lettre et informations...

Par les moyens magiques qui étaient à sa disposition, l'elfe fit parvenir une missive aux chefs de son ordre: Khelben Arunsun et Laréal Main-d'Argent. Les Lunétoiles étaient nés pour défendre le monde par le savoir.

Citation :

Chevaucheur de Lune,

Voici des informations importantes:

Il y a un moment, lorsque vous me connaissiez sous le nom d'Aigle du Soleil, je vous ai apporté des informations concernant la présence de Shadovars à Mirabar.

A cette époque, je suis entré en Pénombre, leur cité-capitale. J'ai pu y approcher leur magie et remarquer ainsi qu'ils n'emploient pas la même que la nôtre. Alors que je me trouvais dépourvu de l'Art, car la Toile était absente, eux n'en semblaient pas du tout privés.

D'après de nouvelles informations, j'ai appris que les Shadovars utiliseraient une autre Toile que la Toile de Mystra. Cette Toile, que j'appellerais Toile d'Ombres, vu les fils d'Ombre qu'ils tissent pour lancer leurs sorts, est en fait composée des interstices entre la magie et la Toile de Mystra. Ainsi, il existerait deux Toiles parallèles: celle que nous utilisons tous les jours, nous les magiciens, et une autre, secrète et noire.

Je dis noire, car j'ai pu m'apercevoir qu'elle est corruptrice et tentatrice. Cette Toile est le reflet d'une personnalité perverse et chaotique, corrompant ses utilisateurs.

J'ai également appris que les Shadovars vénéraient la déesse Shar.

Un groupe de vampires du Val de Bise, qui eux aussi s'orienteraient vers Mirabar, manipuleraient également ce type de magie (du moins, c'est le cas de leur reine et mère, vivant pour le moment à Bremen).

Je me devais de vous tenir au courant de nouvelles aussi sombres et périlleuses pour les gens de notre art...

Bien à vous,

Faucon de Tempête.

Un ami passé, un traître déclaré...

L'elfe Celebloxë s'activait depuis qu'il était rentré d'Ormm Lange. La plupart des elfes de Termalaine dépérissaient petit à petit, se laissant mourir de chagrin. Leurs liens étaient brisés, leurs amours emportés dans la mort. Lesquels iraient en Arvandor ? Les elfes ne le savaient pas. C'était un destin maudit que de mourir de la sorte, alors que les cérémonies funéraires ne pouvaient être rendues aux corps engloutis par l'océan. La déchirure était double... Ils étaient morts et en plus, ils étaient condamnés à l'errance dans les Plans, comme de simples mortels.

Les liens brisés attiraient avec eux celui qui restait. Seul, il ne pouvait plus que partir, rejoindre l'autre monde, celui de l'Arvandor, dans les plaines vertes d'Arvanaith. Ils glissaient alors, remplis de chagrin, pour retrouver un peu d'une joie qu'ils n'espéraient plus dans ce monde matériel.

Les survivants et l'elfe aux yeux rouges leur apportaient une présence, des amis, des frères et soeurs dévoués. Ils tentaient de leur offrir la paix pour leurs départs de ce monde. Ils savaient qu'il n'y avait rien à tenter... Parfois un miracle, ou la chance, donnait à l'un d'eux une nouvelle raison de se lier à la Nature et au Plan Matériel, mais c'était extrêmement rare. De plus, cela dépassait le simple cadre de la volonté... C'était un lien pur et réel, pas seulement un effort de l'esprit.

Par honnêteté envers ceux qui l'avait aidé, l'Archer Mage était allé avertir les membres de la Légion. Ils n'avaient pas compris. L'elfe ne pouvait leur en vouloir, car ces notions étaient totalement étrangères aux humains. Ils étaient libres, détachés du monde et possédant la totalité de leurs choix et de leur libre arbitre. Les elfes sont fondamentalement différents. Tous les choix ne peuvent pas être faits, toutes les routes ne peuvent pas être suivies... En échange du lien avec la Nature et de leur immortalité, ils payaient le prix d'une sorte de captivité. Non, les Hommes ne comprendraient jamais que les elfes étaient des captifs, tout en étant des bénis... Les Hommes ne vivent pas assez longtemps...

Le corps de Lolinian avait été ramené également. Il était couché seul et nu dans le cercle du bosquet. L'elfe l'observait rarement, détournant les yeux dés qu'il le pouvait. Aucun des survivants n'osait prononcer son nom en présence de l'Archer, sous peine de se voir fustigé d'un regard de braises ardentes, empli de colère non formulée. L'elfe aux yeux rouges attendaient quelque chose, ou plutôt quelqu'un. On ne l'avait jamais vu rester aussi longtemps au bosquet...

Jusqu'à ce que Tilik revint. Elle s'était absentée longtemps. Lorsqu'il la vit sous les arbres, il sut qu'elle sentait qu'il était mort. Il ne trouva pas de mots à prononcer et resta silencieux, jusqu'à ce qu'elle lui demande de lui raconter comment il était mort.

Elle est mon élève et elle était en train de se lier à lui... Je ne puis lui refuser ces explications, bien qu'il m'en coûte de prononcer ne fusse que son nom. Non, je me dois de tout lui dire, sans rien lui cacher. La vérité... Si je mentais, le temps lui révèlerait les secrets cachés et elle serait encore plus blessée... Non, il vaut mieux tout lui dire...

Il lui fit alors le récit complet de ce qu'il s'était passé. Il ne lui cacha rien, mais ne s'attarda pas sur les moments dramatiques. Il n'était pas nécessaire d'en dire plus que les faits, ni de soulager ses ressentiments personnels. Elle n'avait pas besoin de supporter un surcroit de douleur, ou une souffrance plus grande. La colère et le chagrin du mage étaient siens, ce n'était pas la peine de les rajouter à ceux de son apprentie.

Le temps guérit les maux... Je prierai pour qu'Angharrath te garde et te protège, afin que tu puisses au moins guérir du coeur avant que ton temps ne vienne...

A la fin du récit, elle s'éloigna, seule. Elle prit le temps de réfléchir. Ensuite, elle se dirigea vers le cercle du bosquet, demandant à l'élémentaliste du feu de la suivre. Là, debout devant le corps, elle prononça son choix. Le lien était brisé, l'elfe ne devait plus être reconnu comme un frère, son nom était désormais tabou aux Cyprès...

Une fois le discours finit, l'Archer Mage s'avança et, sur demande de la protectrice, mit le feu au corps. Les flammes dévorèrent sa chair et sa substance, le réduisant en cendres, avant de s'éteindre sans abîmer la Nature environnante.

Shavarash, était-ce un signe de ta justice ou de ta vengeance ? Père, et vous Grand Archer, avons-nous suivi le bon chemin ? Ma colère est grande, ainsi que celle du Peuple dans cette communauté. Nous avons choisi ce chemin en accord avec les serments éternels du passé. Nous nous en remettons à vous...

Montbruissant...

Les elfes avaient été mandés au nord des montagnes, pour aider à la libération d'un village pris sous le joug d'orcs esclavagistes et de mercenaires. Il fallait y aller...

Peu importe quelle créature cela concernait, la privation de liberté était au dessous des lois de la nature. Nul animal n'avilit un autre à ce point. Pour l'elfe aux yeux de flammes, c'était un acte d'une barbarie impardonnable.

Prenant son arc Anbeleg, il s'enfonça dans les bois, suivant la trace de ceux qui l'avaient précédés. Il marcha longtemps, se protégeant du froid par sa magie et sa nature elfique. Lorsqu'il arriva sur les terres du nord, aux alentours de Montbruissant, il vit la Légion en ordre de marche, le long de la route qu'il longeait. Ces humains avaient arrêtés un mercenaire des boucliers rouges, ainsi qu'un autre humain...

C'est là que les choses se précipitèrent. Sortant des ombres, Aelith mit en joue l'homme au bouclier, en le traitant d'esclavagiste et d'assassin. Immédiatement, l'Archer Mage prit la décision de soutenir son frère et apparu également, menaçant le mercenaire des boucliers rouges. L'homme, voyant un arc sans aucune corde, crut qu'il pouvait rire et jouer avec celui qui le tenait en joue... Ce fut malheureusement pour ses frais. Il décida d'attaquer, bouclier en avant... Une flèche partit, elle contourna le bouclier, semblant guidée par une volonté propre et alla se ficher droit dans sa carotide.

L'autre homme se rendit immédiatement.

Emmène les au sud, dans le campement rebelle, pendant que je couvre les traces de vos pas.

Telles étaient les paroles d'Aelith, rapides et précises. Celebloxë demanda alors à Arkenn de le suivre avec ses hommes. Celui-ci s'exécuta une fois le corps du mercenaire caché.

Arrivé au campement, ils firent rapidement leur plan. Le village, occupé par les orcs et les mercenaires, étaient à l'est, le campement de travail forcé, au sud. Ils décidèrent donc de piéger la route, puis d'attaquer le village. Le but était de libérer les prisonniers et leur demander de se battre à leurs côtés pour vaincre la suite.

Utopique. Ces villageois humains, affamés et sans force, ne pourront pas prendre des épées pour nous suivre. Nous ne devrons compter que sur nos forces. Laissons cependant la Légion s'en apercevoir par elle-même. Il est inutile de perdre du temps supplémentaire à les convaincre.

Les trappeurs se mirent en route... Mais ils tombèrent sur un convoi. Heureusement, celui-ci avait été signalé et le reste des soldats de la Légion étaient venus en embuscade. Rapidement, le feu des Enfers se déchaîna sur les orcs de l'escorte et ils furent tous mis au sol.

Mais le bruit de la bataille devait avoir alerté le village... Ou tout du moins, l'absence de ce convoi soulèverait des soupçons. Les hommes du sud et les elfes mirent alors directement leur plan à exécution. Se déguisant en orc pour les plus forts et les plus imposants des humains, les autres se rendant invisibles, ils pénétrèrent dans le village en se faisant passer pour le convoi abattu.

Une fois à l'intérieur, les positions des envahisseurs furent vite connues par les éclaireurs et les barbares laissèrent jaillirent leur rage. Les mercenaires et les orcs furent tous abattus.

Juste à la fin de la bataille, un convoi plus important que les autres arriva du sud. Il était composé des membres de la Cohorte et de deux gardes de Luskan, à première vue, ainsi que de quelques mercenaires des boucliers rouges. Ils ramenaient une cinquantaine d'esclaves.

L'elfe tenta le tout pour le tout. Il savait qu'ils ne blesseraient pas les esclaves et fit donc pleuvoire ses flèches sur la Cohorte. Il s'attendait à ce que la Légion, prise dans le combat à peine achevé, continue la lutte comme elle avait commencé.

Et c'est là qu'il fut sidéré. La puissance magique de la tieffeline se déchaîna d'un coup. Elle annéantit la Cohorte en quelques sorts, ainsi que les autres membres de l'escorte. Mais elle tua également tous les esclaves escortés. Son sort de flétrissure, abomination de la nécromancie, déssècha une zône immense dans laquelle la neige disparu et les corps s'effondrèrent.

Dardan, pourquoi m'as-tu fait juré de ne jamais lui faire de mal ? Pourquoi m'as-tu imposé ce supplice ? Sa rage et sa puissance sont autant de dangers que l'inconscience et la distraction du traître de notre race. Nous étions venus pour sauver, et nous voici maintenant des destructeurs et exterminateurs.

Solonor, Corellon, Shavarash, je vous en prie, pardonnez-nous nos offenses. Je suis responsable également, je ne le nierai pas. Nous devrons porter ce massacre sur notre coeur tout le reste de notre vie...

L'elfe, accablé par cette vision désertique, ne désira qu'une seule chose: partir au plus vite. Passant entre les corps, il les regarda à peine. Il aperçut néanmoins Garael Lacazur, couché un peu en dehors de la mêlée, et entouré par les esclaves... Il s'était dirigé sciemment vers les innocents, sachant pertinemment ce qui allait suivre. Le Fourbe avait encore frappé, même si rien ne pouvait le prouver.

Serrant les dents, l'elfe s'approcha de lui et le fouilla, prenant son épée et l'emmenant avec lui. D'elle émanait une aura impie. Il l'étudierait plus tard, puis la jèterait dans les flammes du volcan. Un tel sacrilège ne pouvait exister longtemps... Il devait être détruit.

S'éloignant ensuite du carnage, il se rendit au campement. Là-bas aussi, il ne découvrit que massacre et champ de ruines. Les orcs et les mercenaires étaient amoncelés les uns sur les autres. Ils travaillaient autour d'un squelette de dragon, un autel de Gruumsh dressé au sommet de la colline surplombant le camp.

L'autel explosa d'une flèche...

Les serviteurs du Mal ne sont plus en vie. Solonor, par l'invocation de ton nom, vient et vit en ce lieu. Protège moi de ton ennemi alors que j'inflige une défaite au clergé de ses serviteurs. Solonor, protecteur et grand chasseur, je détruis ainsi le symbole tant haït par toi et tes pairs.

Fouillant rapidement, les elfes ne trouvèrent rien. Ils décidèrent alors de repartirent. Ils mirent Tristan au courant et interrogèrent rapidement deux survivants: une femme et Garael...

Ne sachant si c'était mensonge ou vérité, ils purent tout de même reconstituer une trame cohérente. Les mercenaires de la Cohorte et leurs alliés gardaient les esclaves. Garael, fier de jeter le chaos à nouveau, se débrouilla pour empoisonner le chef des orcs. Ces derniers se battirent ensemble, pour désigner un successeur. Ils attaquèrent ensuite la Cohorte et les humains, les accusant du meurtre du chef. La bataille qui s'ensuivit annihila tout le monde et les survivants repartirent vers le village... Dans lequel ils tombèrent sous la puissance d'une furie.

Cette journée aura apporté le malheur dans ce nord glacé. Et les plus mauvais actes ont été commis dans le but de faire le bien. Je comprends désormais ce qu'ont du ressentir les légionnaires, le jour où le traître brisa le Wötan Klan en deux. Ce jour-là, la confiance s'étiola...

Nous nous devons d'être plus forts et plus patients... Attendre et voir comment les choses évolueront. Ainsi peut-être, pourrons-nous trouver le pardon et le salut en nous rachetant... Mais à quel prix ?

Erreurs et jugements...

Saleté de sang... Je suis aussi mauvais qu'un tieffelin enragé lorsque tout se passe ainsi. Le feu bouillonne, change, virvolte, mais je dois en garder la maîtrise... C'est si dur depuis le retour sur Ormm Lange... Quoique ce n'est pas impossible. Chaos, fuis loin de moi !

L'elfe méditait près du cercle de pierre qu'il affectionnait. Ce lieu lui inspirait calme et tranquilité, l'esprit proche de la Nature, son lien étant presque palpable.

Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que j'agisse aussi précipitamment, sans champ de vision sur la rive d'en face ? Il fallait sauver une vie... Ce paladin allait se faire massacrer par cette monstruosité noirâtre et gigantesque. Mais pourquoi n'ai-je pas pris le temps de regarder en face !

Rha... Dardan, tes mauvais côtés détaignent sur moi, sauf que moi, je n'ai pas Tymora avec moi pour me jouer de Beshaba. Solonor, aide-moi...

L'elfe sortit une pipe, uen vieille pipe en bois, scuptée à la main. Elle lui rappelait des souvenirs heureux des temps passés. Sywyn, un maître sage et posé, maître de son maître, la lui avait offerte. C'était sa pipe personnelle, passée désormais à l'élève de son élève.

Je ne la mérite pas... Ou si je l'ai mérité, je ne la mérite plus. Je ne puis plus l'utiliser avant de m'être racheté et d'avoir fait la lumière sur tout ceci. Malgré mes erreurs, il y a des zônes d'ombres bien plus importantes encore...

Se redressant doucement, l'elfe s'enfonça dans les profondeurs des bois. Il revenait d'un long voyage sur la rive Est de la rivière, du côté de Mirabar. Il avait cherché longuement après Leen, capturée par l'une des deux aurilites.

Les aurilites sont l'origine du conflit. Je l'ai enflammé. Pourrai-je étouffer les flammes ? Je ne sais... Je dois apprendre a ne plus agir aussi effrontément... Savoir et réflexion... Ces leçons doivent me servir... Pas trois fois... Pas plus !!!

L'elfe prit le chemin des ombres. Restant hors de vue des campements Luskaniens et Mirabariens, il se mit à observer, sans broncher.

Les faits... Les deux aurilites gardaient le pont. Ils défiaient un paladin. Ce dernier allait se faire massacrer. Je n'avais pas vu les forces de Mirabar en face, prête à faire la guerre avec Luskan. Le pont a explosé, la situation s'est tendue. Ensuite, j'ai traversé... Le commandant semblait calmé suite à notre entrevue. Mirabar se mettait en position d'attente. Kahir est arrivé pour discuter, mais il ne peut prendre aucune décision seul. Seuls les hauts gradés de Luskan le peuvent. Il est rentré... C'est là que tout a dérapé. Un assassin a lancé un sort, tuant l'escrote mirabarienne de Kahir. Ensuite, des boules de feu sont tombées sur le campement de Mirabar, venant de la rive Luskanienne. Leen, Mère et moi avons surpris l'une des aurilite, cachée dans une grotte sur la rive Ouest, préparant ses sorts... Il y a de très fortes chances qu'elle soit l'auteur de ces attentats délibérés.

Observant les positions des soldats, l'elfe ne pouvait que s'interroger. Certains détails attiraient l'attention, d'une rive à l'autre.

Pourquoi Mirabar est-elle déjà prête à la guerre ? Pour un simple problème de péage et de brigandage, ils ont déjà installé des armes de siège et tout un régiment complet... Pas simplement une patrouille. Du côté luskanien, les forces sont bien moins nombreuses et plus... "logique"...

La situation est faussée. Il y a des choses qui ne sont pas normales... JE ne suis pas normal. Je devrais arrêter, ne plus réfléchir, ne plus prendre de décision...

Solonor, délivre moi... je m'enfonce droit vers les affres de ma conscience. Guide moi vers ta lumière, celle du Peuple dans sa splendeur... et non dans ses erreurs.

La guerre... Inévitable... mais pas un malheur...

Il revenait de ses recherches après Leen, dans les territoires arrières de l'ennemi. Elle avait été enlevée par la disciple du dragon, mais il ne l'avait pas retrouvée. Arrivant au pont sud, il était tombé sur les traces d'un massacre. Rapidement, il trouva les traces de trois elfes, se dirigeant droit vers les forêts elfiques de Haut Refuge. Il comprit rapidement le signe indiqué.

Les Défenseurs sont sortis. Ils ont asséné une leçon à ces humains. Cela ne pouvait pas plus mal tomber. Et pourtant, ils sont du Peuple. Je ne puis me dresser contre eux, même s'ils ont fait des choix différents des miens. Le temps leur fera comprendre que leur combat est perdu d'avance.

Dans un soupire triste, l'elfe regagna les terres de l'ouest. Il trouva rapidement Aelith le rôdeur, ainsi qu'Elvawen, la druide. Ils lui confirmèrent tous deux ses déductions. Se mettant en route à nouveau, l'Archer Mage revint vers le lieu des tensions. Observant le camp de Luskan à distance, il y vit une grande activité autour d'un haut gradé. Manifestement, ce devait être un ponte de la ville, car la protection avait été renforcée au plus serré.

C'est là que tout commença à se passer de travers... Dans la tête de l'Archer Mage, une voix douce et tendre résonna. Elle était aussi mielleuse et aussi onctueuse que la première fois qu'il l'avait entendue. Cette voix était synonyme de sagesse... Pourtant, il savait que l'Etre auquel elle apparenait devait être sauvé de lui-même. Le mal s'insinuait même dans le plus grand bien...

Vois les, eux de Mirabar Celebloxë. Vois les. Je sais que tu te souviens qui s'est allié aux shadovars n'est-ce pas ? Les mêmes qui se sont inféodés aux démons. Ils sont tes ennemis, ô elfe de devoir. Tu dois les arrêter avant qu'ils ne mettent a nouveau a sac le monde. Tu n'es qu'a une flèche, de t'assurer que nul ne fera la paix avec ces infâmies. Regarde le. Il est là. Au pied de ta colline. Une unique flèche. Et jamais plus Luskan ne signera la paix face a Mirabar.

L'Archer résista tant qu'il put... Une victime innocente ne méritait pas la mort, même pour lutter contre les Ombres. C'était contre-nature, c'était se rabaisser à leurs propres artifices et armes. Mais la Voix parlait d'une façon si douce et si sage... Si décidée... Rha, elle était logique après tout !!! Mirabar était le nid des Ombres, et ces dernières étaient encore profondément enfoncée en son sein. Il fallait absolument nettoyer tout cela. Et quelle autre puissance, si ce n'est celle de Luskan, pouvait réaliser une telle chose ? Aucune en ces terres...

Alors, un mal pour un bien, ainsi il en serait. L'Archer tira une flèche de sa connaissance. Elle traversa bouclier et armure sans même s'y arrêter avant de se ficher avec fracas dans le Conseiller de Luskan, collaborateur proche de Nemetsk lui-même. Ainsi, le Haut Capitaine ne pourrait plus faire marche arrière. Ce serait la guerre, et la ruine des Ombres. Luskan allait devenir malgré elle gardienne de la lumière.

Le sort en est jeté. Sur ces terres désormais, j'ouvre la lutte et la manipule. Je dois maintenant désorganiser les forces de l'autre côté de la rive.

Se rendant discrètement sur l'autre rive, l'elfe aux yeux de flammes se faufila entre les gardes adverses. Approchant le chef et son magicien par derrière, il décocha rapidement une volée, espérant tuer les deux hommes et semer le chaos parmi les troupes de Mirabar. Cependant, le magicien était protégé. Il fut averti de l'approche des projectiles et incanta un mur de vent. Trois d'entre eux se perdirent, mais le quatrième revint à la charge, ne pouvant manquer sa cible. L'officier en chef s'écroula, mais un paladin se précipita vers lui, priant pour sa survie.

Fuyant, l'elfe ne put que voir les mains du saint hommes toucher le blessé. Sans le savoir, il venait d'assister au sauvetage inopiné de sa victime principale. Mais une autre préoccupation, bien plus importante, occupait son esprit.

Ce magicien... Habillé de noir et de pourpre... C'est un homme et non un vampire, car nous sommes en pleine lumière... Mais il porte les couleurs des Shadovars. Les Ombres ne se sont pas faites aussi discrètes que ça. Elles ressortent le bout de leur nez en cette guerre. Ainsi, j'avais raison... Mirabar se gorge des ennemis de Mystra et des vivants. Elle héberge ce qui est hors Nature. Il faut la purifier...

L'elfe resta un moment caché en embuscade sur la route de la ville, au cas où le blessé serait évacué. Mais personne ne passa, ni dans un sens, ni dans l'autre. Après plusieurs heures, il revint vers le fleuve. Les troupes de Mirabar avaient lancé un assaut et balayé leurs ennemis. Ils prenaient position sur la rive ouest. L'elfe faillit se faire prendre par les sentinelles nord, lorsqu'elles prirent leur tour de garde. De justesse, il se glissa entre les lignes pour passer au sud du campement de fortune.

Le magicien était présent, ainsi que l'officier précédemment visé. Le paladin avait fait correctement son travail manifestement. Attendant la nuit, l'archer s'embusca. Il ne lui restait qu'une seule flèche, mais il s'agissait d'une explosive. Une boule de feu gigantesque, pouvant détruire une tente et tout son contenu. Il attendrait la nuit... Il attendrait que le magicien ne s'endorme... et là, il le tuerait, comme tout shadovar qu'il est.

La nuit tomba, l'elfe se plaça au bord de l'eau, avec une vue bien dégagée sur sa cible. Il tira, incanta un sort d'invisibilité et se laissa glisser dans la rivière. Juste à ce moment, une barque encombrée de gardes apparu. Heureusement, l'elfe avait plongé et il ne restait aucune trace de sa présence, ni de son passage.

La tente avait explosé. Mais son occupant, plongé dans son sommeil, avait-il était annihilé ? L'elfe l'espérait. Il nagea longtemps, jusqu'à traverser la Mirar. Il entra ensuite dans les profondeurs des bois afin de trouver un endroit pour rêvé.

Cette nuit-là, ses rêves furent agités profondément. Les remords et l'inquiétude le rongeaient doucement.

Ai-je bien fait ? Etait-ce sage de confirmer cette guerre ? Etait-ce la voie à suivre pour détruire l'Ombre à tout jamais ? Je regrette cette mort nécessaire... Ai-je bien fait ? Ai-je réussi à tuer cette monstruosité qui déambule à la lumière du soleil ? L'ai-je tué, ou le retrouverai-je à nouveau sur ma route ? Ces ennemis ne méritent qu'une seule chose... Etre traqué.

N'oubliant pas Tymora, qui l'avait accompagné et gardé durant toute cette rude journée, il lui dédia quelques pensées et prières...

Sans toi... J'aurais échoué dans cette lutte...

Le vent souffle...

Mes rêveries sont agitées depuis quelques nuits. Le sang bouillonne dans ma tête... Je revois toujours ces visages... leurs visages... Ces victimes de la guerre, issues de la nécessité. Non, non... Il n'y avait pas tant de logique que je ne voulais le laisser paraître.

Je ne peux pas me tromper. Je n'ai jamais pu me confesser. Pourtant, ce poid sur mon coeur... Et cette flèche vers le Conseiller Luskanien... Aurai-je mal pensé ? Non, je ne le crois pas. Mes ennemis jurés sont pires encore, et si je n'avais pas agi, la situation serait encore plus décrépie.

Mais comment pourrait-elle l'être ?

Est-ce que je ne suis pas tout bonnement en train de tournoyer vers le chaos ? Je suis un protecteur, un chasseur, pas un assassin. Je n'aurais jamais du tirer sur cet homme, ni écouter cette voix... Pourtant, elle était si douce... Elle avait raison, je l'ai senti lorsqu'elle a parlé. Mais non, je n'aurais pas du l'écouter tout de même.

Mes rêves deviennent sombres, bercés de remords et d'amertume envers moi-même. Je me dégoûte et pourtant... J'agis avec raison. Ou une certaine raison... Mais avais-je raison ?

Rha... Je ne sais... Solonor, mon Père, éclaire-moi ! Je t'en conjure, moi qui n'ai jamais souhaité, ni demandé d'aide pour moi-même, cette fois, je ne puis plus m'aider, ni aider les autres. Que suis-je devenu ? Par le passé, je prenais les bonnes décisions et je menais les Peuples vers la vie... Mais depuis un moment... J'accumule les échecs.

Seigneur et Père, Corellon et Solonor, mes guides... Je vous en conjure et vous supplie... Ecoutez l'humble appel de l'un de vos fils, perdu au milieu des doutes. Qui était cette voix si douce et si claire, si pleine de bon sens ? Pourquoi suis-je si faible et si repentant de l'avoir écoutée alors qu'elle me parlait justement ? Je vous en supplie... Aidez moi... J'ai peur de me perdre en moi-même...

Après sa prière et les gestes rituels, l'elfe s'éloigna de l'autel doucement. Il rentra dans la forêt entourant la ville de Luskan, se noyant dans les ombres des bois.

Il y rencontra une autre elfe...

Ma douce Helka... Te revoir en ces terres délivre mon coeur. Es-tu la première goutte du remède de nos Pères de la Seldarine ? Mon amour, je ne t'ai oublié. Tu me soulages et me délivres... Tu es née du froid, peut-être est-ce cela qui te permet de calmer le bouillon de mes sentiments et de mes pensées.

Ma douce, merci d'être revenue... Merci de m'avoir permis de soulager mes rêveries, le temps d'une nuit. Tu as du voir ô combien elles étaient agitées... Mais elles l'ont moins été à tes côtés. Je n'oublierai pas d'où je viens... Je n'oublierai pas quel est mon Peuple. Je n'oublierai jamais ton nom... si doux et si étoilé.

Au bosquet du Cyprès, l'elfe aux yeux rouges avaient été vu se reposant dans les bras d'une étrangère, rayonnant le froid de la neige et de la glace. Au petit matin, alors que sa rêverie prenait fin, l'Archer Mage prit la route du sud, par les bois, tandis que sa compagne reprenait la sienne...

Une fin...

Après une très longue prière, pour retrouver ses esprits et la clarté de ses pensées, l'Archer Mage comprit ce qui lui restait à faire.

Afin de bénir cette terre d'une paix plus durable et plus juste, il fallait que la guerre cesse. Solonor et Corellon ne pouvaient que l'y encourager. Dans le calme des bois, il avait trouvé la paix. La guerre avec les Ombres devaient se livrer sur un autre terrain, bien plus discret et bien moins mortel pour les populations innocentes.

Pour que cette guerre cesse, il fallait isoler Luskan, la presser jusqu'à ce que sa population, affamée et démoralisée, se rende compte que leur seul espoir était d'échapper à leur tyran... Et de se retourner contre lui.

Alors, et alors seulement, la guerre prendrait fin.

Prenant son arc et son courage, il partit pour les portes nords, les seules qui n'étaient pas encore assiégées. Il comptait bien fermer aussi ce passage. Cherchant à faire exploser les ponts, il se prépara à tirer lorsqu'il reçut un choc énorme dans son dos. Se retournant, il tenta de trouver son attaquant, mais il ne vit rien...

Il incanta alors un sort de vision lucide, afin de voir ce qui ne pouvait normalement l'être. C'est là qu'il se retrouva nez à nez avec deux traqueurs invisibles... Des êtres magiques, doués dans l'art de la chasse et rapide comme des félins...

Ses chances étaient minces. Il le savait. Tentant le tout pour le temps, il se battit comme un lion. Des explosions retentirent autour de lui, alors que lui ne sentait nullement leur souffle enflammé.

Après un rude combat, les deux traqueurs s'évanouirent, vaincus. Mais l'Archer était dans un sale état. Anbeleg lui permettait de régénerer ses blessures, mais le processus était long et lent. Décidant de terminer ce pour quoi il était venu, il tira sa dernière flèche, comptant repartir vers la forêt...

Mais le feu se déclancha alors. Dans une explosion gigantesque, issue d'il ne savait où, l'Archer se volatilisa littéralement.

Les dernières traces de Celebloxë sur ce plan ne furent qu'une gerbe de feu telle qu'on en avait jamais vu... Par le feu il était né, par le feu il était mort.

MORT RP.