[Validé][Magicien/Archer Mage/Rôdeur][E] Celebloxë E'lenei

Questions... réponses... éloignement...

L'Archer Mage semblait avoir élu domicile dans la forêt elfique. Ni dans la cité, ni trop loin, il semblait attendre quelque chose, un signe. De temps à autre, il sortait de son campement pour partir en voyage, on ne sait où exactement, on ne sait pourquoi. Puis il revenait, fatigué, les traits tirés par la route et par les épreuves, mais un léger sourir aux lèvres à son retour.

Je reviens et je la retrouve. Elle est désormais celle qui a volé mon coeur. Je ne puis plus me voiler la face et la repousser. Ma Nature m'entraîne, et pourtant je devrai lutter. Je ne puis rien sacrifier de ce que je suis pour le lui offrir, il faudra qu'elle comprenne. Mais j'ai confiance... confiance dans sa nature, dans sa compréhension, dans son être.

Qu'il est doux de prendre le chemin du retour, après pallabres, voyages et épreuves. Elle est mon havre de paix, la main calme qui appaise les flammes de mon esprit. Je ne pensais pas connaître cela à nouveau...

L'Archer attendait à son campement. Depuis un moment, une elfe discrète venait de temps en temps le retrouver, fuyant tous les autres, mais osant l'approche, lui... Chacun faisait ses propres choix, avait ses propres désirs. Il respectait cela...

Un soir, alors que la forêt était déserte, que pas un elfe ne se promenait parmis les frondaisons des arbres, elle lui demanda de lui apprendre à tirer à l'arc.

L'Archer Mage l'entraîna alors au fond des bois, là où seuls les elfes pénétraient de temps en temps. Ils trouvèrent le cercle de pierres dressées et ils s'assirent face à face, au milieu.

Si tu veux apprendre à tirer, il te faut un arc... Et pour avoir un arc, il te faut un bois, un bois qui se donne à toi pour que je puisse le travailler et le transcender.

Ferme les yeux, unis ton esprit aux quatres éléments, l'eau, l'air, la terre, le feu. Laisse toi bercer par eux pour approcher ta propre nature. Tu es par eux, tu es pour eux...

Ensuite, tu peux t'unir avec le monde et la forêt qui t'entourre. Tu as été guidée vers toi, laisse toi alors guider vers l'extérieur. C'est en se connaissant soi-même que l'on peut connaître les autres. Suis le chemin que la Nature te montre... Laisse toi prendre par la main... Et tu trouveras ce qu'elle te donne.

L'elfe ferma les yeux, écoutant les paroles du maître archer. Après quelques temps d'une profonde méditation, elle les rouvrit et se leva, laissant ses pas la porter vers ses visions. Elle marcha dans la rivière, suivant son cours vers l'aval, vers la Mirar. Mais avant de sortir de la forêt, elle s'arrêta, et plongea sa main au fond des eaux. Sans même devoir lutter, elle souleva alors une branche humide, magnifiquement taillée par la nature elle-même pour donner naissance à un arc.

L'elfe rouge prit doucement la branche et ils rentrèrent au campement. Serrés l'un contre l'autre, ils se mirent à rêver. Nul ne les dérangea et ne les virent.

Les jours suivants, l'Archer Mage se mit au travail. Il tailla la branche pour n'en dégager que le coeur. Il cercla le bois et lui imposa les cales habituelles, afin de donner au bois sa forme et sa tension. Il grava également des runes de puissance, connues des archers elfiques. L'arc pris alors sa teinte bleutée scintillante, reflet de neige et de glace.

Quelques jours plus tard, l'elfe revint.

Je ne puis le terminer sans que tu ne lui donnes ce qui t'appartient. La branche c'est donnée à toi et pour que l'arc soit parfait, il me faut prendre ce qui vient de toi pour le lui offrir...

L'elfe, sans aucune hésitation, se pencha, et offrit alors ses propres cheveux à l'archer, afin qu'il en tresse une corde. Avec précaution et révérences, il les prit et les prépara pour son travail.

Dans un futur proche, il tresserait la corde, terminant l'oeuvre. Cet arc n'était pas de lui, il n'avait été que l'instrument de la magie et de la nature qui l'avait façonné.

A chaque nouvel arc que je crée, je sais que je n'en suis pas l'auteur. C'est la Nature elle-même qui me l'offre, travaillant par mes mains pour se donner au Peuple qui l'honnore. Nous ne sommes rien, sinon des instruments entre ses mains, mais ces dernières nous sublîment au-delà de nos espérances les plus folles. Ainsi, par la confiance dans son coeur, la Nature nous offre ce qu'elle a de plus précieux: elle-même.

La rêverie de l'archer fut douce cette fois encore, Sa présence rayonnant sur son âme et appaisant ses peurs et ses souvis. Avec elle, il oubliait un moment ce que le monde engeandrait, et reprenait ses forces pour affronter le futur qui semblait, lui, plus qu'incertain.

La cité de l'ombre...

Personne n'y avait pensé avant moi, semble-t-il. Je suis le seul à avoir pris la peine de venir leur parler. Le seul à avoir fait la démarche de leur écrire. Je devrai être "capturé et interrogé" par mes frères Ménestrels pour éviter toute rupture de mon anonymat. Mais soit...

L'Archer Mage avait pris la route de Mirabar. Il passa rapidement les territoires minotaures et entra ensuite dans la ville. Cette dernière était libre d'accès, les portes grandes ouvertes malgré la guerre qu'elle avait déchaînée auparavant.

Discrètement, l'archer circula dans les rues, fouillant la ville. Il arriva devant le temple de Nébuleuse et y entra. La foule qui l'entourrait le regardait d'une façon étrange, et il frissonna.

Leur regard de méfiance m'inspirait la crainte des ennemis. J'étais en leur territoire, faible et seul. Je pouvais à tout moment être écrasé par leur puissance. Mais il ne se passa rien...

Dans le temple, la lumière n'existait presque plus. Seule la porte laissait passer quelques soupsons de l'astre solaire du jour. L'elfe se dirigea alors vers l'un des priants et lui parla, à voix basse...

Tout allait bien jusqu'à ce que je mentionne les démons. Le prêtre, homme d'ombre plus que de lumière, me jeta un regard froid et distant. Il me dévisagea en silence, pendant quelques longues minutes, puis reprit sa cérémonie. Ensuite, j'étais seul, encore plus seul que lorsque je suis entré. Les priants me fuyaient désormais, mais personne ne m'attaqua.

L'archer sortit alors du temple, interrogea quelques passants, puis repartit vers les forêts de son peuple. En cours de route, une missive lui parvint.

Leur réponse. Celle que j'attendais depuis longtemps, pressé par le temps et les décisions. J'allais enfin avoir des réponses à toutes mes questions. Il ne restait plus que cette pièce du puzzle. Je savais intrinsèquement que j'obtiendrais en les rencontrant, les derniers éléments pour reformer la vérité et voir clair dans le jeu de tous.

L'Archer fit alors demi-tour. Il revint à Mirabar et rencontra l'un des humains sombres et pâle. Il se présenta à lui. L'homme l'emmena alors vers une étrange créature volante qu'il grimpa rapidement. Le mage fit de même ensuite, et la créature s'envola vers le nuage sombre qui surmontait Mirabar: Nébuleuse, la cité des Shadovars.

L'elfe fut le premier être de la lumière à marcher libre en ses rues. Il voyait avec émerveillement et crainte à la fois, ces constructions massives et surpeuplées de la ville volante de l'ancien empire Néthéril.

Depuis des milliers d'années, pratiquement aucun être vivant sur Toril n'avait eu cette opportunité. L'elfe observa attentivement chacune de ses sensations, de ses visions... et les grava dans sa mémoire à jamais.

Il suivait son guide. Sur son chemin, la société surpeuplée de Nébuleuse s'écarta, laissant place à celui qui le menait. Manifestement, il était connu parmi ces humains du plan de l'Ombre. Ils arrivèrent tous les deux au pied d'un escalier. Ils le grimpèrent et entrèrent dans le palais de Dethud Tanthul, le Prince de Nébuleuse.

Arrivé devant la salle du trône, le guide lui recommanda de toujours baisser les yeux en présence du Prince, afin de ne pas se hisser comme son égal. Il fallait également rester à trois pas, pour ne pas que les ombres repoussent l'étranger... Pour s'adresser à lui, le titre de "Prince" était le bienvenu.

Ces prérogatives n'étaient que trop humaines, mais l'elfe les respecta à la lettre.

Il resta longtemps dans cette immense salle vide et pleine à la fois, les ombres étant omniprésentes. Il discuta longuement avec l'Etre assis sur le trône, le Prince né des Ombres, fait d'Ombre et qui engendrera les Ombres. Ce qu'il se dire ? Seules les ténèbres le savent. Mais l'elfe sembla sourire, tandis que ses yeux de flammes rayonnantes apportaient en ce lieux des mystères d'un autre monde, celui de la lumière.

A la fin de la longue discussion, l'elfe quitta la salle du trône et redescendit à Mirabar. Il repartit de la cité, comme il était venu, en paix et dans la sérénité, ayant reçu la bénédiction des ombres.

Un peu plus loin sur le chemin, des hommes arborant la Harpe et le Croissant de Lune lui tombèrent dessus. Un sac sur la tête, il fut emmené dans les secrets de bois. Il fut interrogé longuement puis relaché...

L'art de la mise en scène et de l'illusion... Les ombres n'en ont pas exclusivement le privilège...

C'est avec un demi-sourire certain qu'il entra dans les bois de Padhiver, à la recherche de la cité des elfes, ses frères...

Attente et préparation...

Je dresse mes plans. Suis-je donc devenu comme ceux que je combattais jadis ? Non, je ne le crois pas. Je me bas pour la vie des autres, pour leur survie, pour l'équilibre et leur bonheur, sans même qu'ils ne le sachent. Je ne recherche rien pour moi, car je n'existe pas.

Pétale de Démon avait raison, nous nous sacrifions pour notre cause, car c'est ce monde qui le veut. Et peu importe le reste. Les paladins se vouent à leurs dieux, à leurs voies... Nous nous vouons à notre cause et aux autres, pour sauver leurs vies et sauvegarder leurs libertés.

La nuit tombait sur le campement. Les frondaisons de la forêt elfique devenaient de plus en plus sombres rapidement. Les ténèbres tombaient brusquement en ces contrées où peu de soleil perçait les branchages, même en pleine journée.

Les Ténèbres... Je ne les craints pas. Je ne les craints plus depuis que je sais ce qu'elles renferment. Je crois profondément qu'elles ne sont que ma deuxième facette. Je suis un serviteur du feu, fils de la lumière, et pourtant je suis incomplet. Le monde s'existe que par ses opposés, par ses dualités. Ainsi le bien n'est le bien que parce que le mal est définissable, ainsi la liberté n'est la liberté que parce que l'emprisonnement peut s'y comparer.

Les ténèbres et la lumière ne peuvent que s'unir pour préserver la vie. Car c'est de l'union des dualités que naîssent les forces véritables. Aucun extrême ne mène vers la puissance. Ces chemins sont faciles à appréhender, mais la complexité offre la véritable voie. Je ne cherche pas la puissance, mais le moyen de sauvegarder ceux que j'aime. Le monde me pousse plus avant, jusqu'à ce qu'il me prenne ma vie. Tel a été mon serment, et tel il le sera encore dans le futur.

L'elfe rouge redressa doucement ses yeux de feu, regardant les alentours du campement en silence. Une légère brise agita le tissu de sa capuche... Il replongea ensuite dans sa méditation.

Oui, mes frères... La voie que je suis n'est pas la plus simple. Elle est même plus complexe et plus difficile que ce que je ne pensais moi-même. Mais ô combien riche est elle !

Je me battrai pour vous, pour vos vies, pour ceux qui respirent en ce monde est aspirent à être mieux, à être bien, à vivre en paix. Vous le méritez tous, même ceux qui ne sont pas de races elfiques.

Pourtant, cela demandera des sacrifices. J'en serai le premier si cela s'avère nécessaire. Le bien passe hélas parfois par le mal pour faire naître un mieux...

Le grand saut...

L'elfe avait repris un moment de calme avant la tempête. Dans son campement de la forêt elfique, il la regardait elle, recevoir les tentatives d'enseignements de son nouveau maître: Sywyn. Dans le même temps, il se remémorait ses longues journées passées.

J'y suis enfin parvenu. Il a fallu du temps, bien que moins que pour les autres. Ma voix a été écoutée et ils m'ont suivi. Je suis arrivé avec l'orage, mais je leur ai donné les armes pour lutter. Ils pourront désormais espérer survivre.

Les manipulateurs de Faerun...

Décidément, nous autres Ménestrels, sommes bel et bien ceux que l'on surnomme ainsi. Je les ai tous manipuler quelque part, mais c'est pour leur survie. Est-ce un tord ou un crime ? Je ne le crois pas. Sans mes actions, ils termineraient doucement leurs vies, sans même pouvoir se battre pour la préserver. Je pense pouvoir être fier de moi...

Quoique je me sens triste. Profondément triste... Il me manque désormais quelque chose. Je suis parti fier, avec la volonté de les sauver tous, mais je suis revenu faible. Mon coeur a découvert qu'il n'était pas complet, pas entier. Je dois retrouver mon équilibre... Je les ai sauvé eux, mais je ne pourrai peut être pas me sauver moi... Le destin du monde demande des sacrifices...

L'elfe examina un moment Helka, concentrée sur son premier tir à l'arc. Elle manipulait avec tant de grâce ce qu'il avait réalisé et travaillé de ses mains, pour elle...

Nous sommes allés à Nébuleuse, tous les envoyés ensemble. Nous avons dressé nos plans. Désormais, nous nous préparons à recevoir le dragon. Les elfes, les nains, les combattants du sud et du nord s'occuperont de la défense de la cité, sur les murs et aux portes.

La Légion se chargera de défendre le port contre les créatures marines...

Les arcanistes devront clouer le dragon au sol...

Les paladins pourront alors le pourfendre de leurs lames saintes, et au moyen des deux artéfacts de chasse: Ruine-Dragon, la hallebarde et mon épée... Cette épée qui me fut remise par le Prince des Ombres. Il faut que j'en trouve un porteur digne... Je dois encore rencontrer ces hommes du sud.

Tant de choses à faire... Et si peu pour moi... mais peu importe, tel était mon serment.

Je demanderai aux Ménestrels de se noyer parmis les combattants pour aider... Pour que leurs bras servent à sauvegarder la vie. Ils ont tous juré de lutter pour cela, c'est le moment de le faire, sans récompense et sans gloire. Tel est notre serment.

L'elfe baissa alors doucement le regard. D'une main, il écarta son gantelet. Une ombre flottait autour de son bras, sombre et filendreuse. Il tenta de la prendre dans son autre main, mais ses doigts glissèrent doucement au travers.

L'Ombre... La soie d'ombres... Prince, j'ai reçu votre don avec volonté, puissiez vous respecter votre serment avec cette même volonté. Il est temps aujourd'hui que la Lumière et l'Ombre ne fasse qu'un, pour trouver leur équilibre et fonder une alliance de paix durable. Les extrêmes d'une dualité ne font qu'un. C'est uniquement en leur milieu que se situe le calme, la paix, le bien-être et la réalité de l'existence. L'un sans l'autre meurt, par manque de son contraire. Guidez moi, Prince, pour que l'Ombre puisse s'unir à la Lumière, et enfin appaiser mon coeur qui saigne...

Je ne suis plus indemne. Un manque grandit en moi, car j'ai découvert ce que je suis par rapport à ce que vous êtes. Mon équilibre ne peut que joindre les deux, pour les unir et les définir l'un par rapport à l'autre. Car c'est dans la relation que j'existe... Seul, je m'efface et disparaîts...

Lentement, l'elfe remis son gant, avant de sombrer doucement dans la rêverie. Il devait reprendre ses forces pour l'avenir et la bataille. Il devait reprendre des forces pour mener à bien ce qu'il avait commencer: la victoire sur la destruction et le chaos...

La bataille...

Voilà... Tout est en place. Les pions sont disposés sur l'échiquier... Il ne reste plus qu'à attendre ce dragon. Le sort en est jeté...

L'elfe rouge se tenait debout sur la place, aux côtés du Prince des Ombres lui-même. Peut de temps auparavant, il était venu en personne, avec son escorte et ses hommes, pour mener le combat contre ce dracosire légendaire.

Durant les derniers jours, Celebloxë n'avait pas cessé de courir d'un endroit à l'autre, négociant avec chacun des groupes, s'assurant que tout le monde fasse son travail au moment venu.

Il avait distribué les armes aux paladins, analysé celles que les nains avaient construites, coordonné les mouvements des troupes paladines et arcaniques... Il avait négocié avec les nains pour l'emploi de leur tour, qui ne fut finalement pas utilisée... Jamais il n'avait été aussi actif dans la région.

Il disposa les forces de chacun autour de la cité, comme le Prince et les envoyés l'avait convenu. La Légion et la pègre s'occuperait de défendre le port, assurant les arrières des autres fronts. Les Tempusiens seraient postés à la porte sud, avec des renforts possibles sur la place centrale. Les portes est et nord seraient gardées par les nains et les elfes. Au nord, en plus, se trouveraient également les combattants du nord, les prêtres bainites et l'ancienne Marquise...

Ah... Si celle-là pouvait au moins se prendre une flèche !

Les apprentis académiciens de Bryn Chander ainsi que la garde de Luskan seraient répartis sur les murs, tout le long. Enfin, les Shadovars s'occuperaient du ciel, chevauchant leurs étranges créatures volantes, pendant que les paladins et les mages, proches du cimetière, se tiendraient prêts à se battre contre le dragon.

Le plan était simple, et pourtant si compliqué: il fallait que les murs tiennent, que les armées restent éloignées du léviathan. Pour le reste, les mages et les Shadovars devaient le clouer au sol, puis les paladins charger, armés de leurs armes divines et magiques.

L'elfe se gratta le poignet... Sous le gantelet et le gant, une soie d'ombre lui chatouillait la peau.

Les forces de la Lumière sont prêtes, les forces de l'Ombres également. Il ne nous reste plus que toi, Othokrasanamislox. Viens donc te mesurer à moi, à nous tous rassemblés ! Tu as détruit des empires durant toute ton existence, il est temps que cela se termine.

L'elfe attendait, stoïque aux côtés des Ombres blasées et inexpressives. Des messagers allaient et venaient, apportant des nouvelles des différents fronts, les états de chaque préparation. Tout le monde semblait prêt...

Et l'attente ne fut pas longue...

Les cors sonnèrent en même temps à l'ouest et au sud, les ennemis étaient en vue. Au dessus de la cité cependant, des nuages importants alertèrent l'elfe et les Ombres. Un éclair tomba, droit sur le Prince des Ombres et sa protection de force... Cette dernière disparu, mais personne ne fut touché.

Assourdi, Celebloxë attendit, alors que le Prince levait un bras d'ombres filendreuses vers le ciel, et disperçait les nuages d'un mot. Un long sifflement vria ses oreilles tandis que le son lui revenait, pour enfin s'appaiser. Le Prince des Ombres lui offrit alors une montures semblables à celles de ses hommes.

Seule les Ombres peuvent la manier. Je me rappelle de leur violence lorsque je me suis approché la première fois, seul et sans guide...

Mais le Prince lui rappela son cadeau... La soie faisait de lui son apprenti.

L'elfe monta alors sur le dragon shadovar et vola au dessus de la ville, inspectant tous les fronts. Il disposa les renforts tempusiens vers la porte sud, où les attaques semblaient être les plus violentes.

Puis les shadovars donnèrent l'alerte. Une énorme masse sombre se profilait à l'ouest, au dessus de l'océan. Celebloxë fonça au dessus du cimetière, et se mit à attendre. Les Shadovars volants, une fois le dragon à portée, poussèrent le léviathan dans sa direction, à l'aide de leurs rayons de ténèbres. Le dragon soufflat trois fois, de trois couleurs différentes... 5 Shadovars tombèrent.

Mais le monstre était tombé dans le piège. Un des arcanistes incanta, attirant sa colère vers eux, positionnés sur un balcon surplombant le cimetière. Le dragon piqua, fonçant sur les mages, détruisit le balcon sans pour autant éliminer de ses adversaires... et se retrouva au dessus de la place de l'est. Les mages incantèrent encore et encore... et le vol du dragon se fit plus rude et plus difficile.

Du haut du ciel, parmi les ombres des nuages, Celebloxë tira deux fois. Sa première flèche se ficha dans le torse du dragon, ne lui causant pas grand mal. Mais cela importait peu. La magie de la flèche supprima une bonne partie des défenses magique du dragon, et les disjonctions de Mordenkainen supprimeraient le reste ! Othokrasanamislox était désormais sensible à la magie.

Cet être surpuissant a-t-il donc oublié le savoir faire des Archer Mage elfiques ? N'a-t-il eu jamais conscience de nos capacités ? Ou est-il désormais trop prétentieux que pour y avoir songé ? Peu importe, il reste terriblement dangereux...

Encochant une second flèche, il murmura les paroles arcaniques qu'il connaissait si bien. Le dard partit comme une fusée, tournant dans les airs jusqu'à atteindre la cible avec précision. La flèche se logea dans l'articulation de l'aile... et le dragon tomba. Les sorts avaient déjà perturbés son vol, sa résistance magique était tombée, et maintenant ses muscles eux-mêmes avaient du mal à le porter en vol. S'en était trop pour la bête qui s'écrasa sur la place de l'est de la ville.

Pendant que les arcanistes continaient à se déchaîner sur le dragon, Celebloxë regarda les différents fronts, analysant les situations. Il reçut un message par sort, venant des nains de la porte est. Tout se passait bien... Il vit les renforts tempusiens quitter la place centrale et courir au sud, là où la porte semblait craquer. Il vit le port, pratiquement nettoyé de tous ses attaquants, et la porte nord, faire face aux géants et aux orques.

Rapidement, il piqua sur le cimetière, prévenant les paladins de l'emplacement du dragon, avant de lui-même foncer vers le léviathan.

Les arcanistes déclanchaient leur puissance, tandis que les guerriers chargèrent. L'archer mage tira deux fois. La première flèche manqua, mais la seconde le toucha de nouveau en pleine poitrine. Aucune blessure majeure ne se vit, mais un anneau de rune bleutée enserra la gorge du dragon. Désormais, il était privé de ses souffles draconniques.

Ensuite se fut un déluge de coups, de flèches, de lames et de griffes. Un nain se jeta avec courage sous les pattes du dragon, maniant la hache avec une dextérité impressionante. Les paladins chargèrent, la hallebarde Ruine-Dragon en tête. Les mages, transformés en golem, s'accrochèrent à la bête pour la fixer au sol. Les archers laissaient pleuvoir une pluie de mort vers le léviathan. On put même voir un trébuchet tirer deux fois vers le monstre, le loupant une fois... mais pas la seconde. Par chance, le trébuchet ne fit pas de ravage mortel dans les rangs des défenseurs de la vie, mais le stratège qui avait choisi de l'utilisé devait être le plus mauvais du monde.

L'Archer Mage, du haut de sa créature volante, déclancha alors tous ses sorts et usa de toutes ses techniques apprises jusqu'ici.

Mon savoir me destinait à cette heure. Chauntea, Mère de la Terre, tu m'as guidé et annoncé ce danger jadis. Pour toi, pour te rendre honneur, pour sauver cette terre de la destruction que lui réserve cette créature, nous devrons la tuer. Mère de la Nature, en cette heure s'accomplit ma quête. Qu'elle soit la fin de tout, ou le commencement d'un nouveau départ...

Celebloxë tira et tira encore. Une flèche magique atteignit l'oeil du dragon, sans pour autant le tuer, sa flèche de mort toucha le poitrail, mais son pouvoir ne put traverser les écails. D'autres flèches fusèrent, blessant la bête en de multiple endroit.

Puis soudain, au coeur de la bataille, les sbires du dragon arrivèrent. Ils étaient très peu nombreux, mais semblaient avoir percés les lignes. L'archer fit alors tomber sur eux une pluie de flèches mortelles. A lui seul, il disperça leurs rangs, éliminant la menace.

Les attaquants purent reprendre le combat sans distraction... Jusqu'à ce qu'une flèche de feu, tirée par une jeune demi-elfe, pénètre la profonde blessure du torse. Elle entra si loin qu'elle toucha la vie du dragon dans son fondement... Et la bête s'écroula, morte.

Celebloxë fila alors vers les Shadovars et leur Prince. Ils se rendirent tous les deux sur la place, là où se tenaient les chefs de la pègre. L'armure fut remise au Prince des Ombres.

En partant, ce dernier exprima le désir de s'adresser une dernière fois au Sombre Seigneur, ainsi qu'à son apprenti, l'elfe rouge...

Ce Prince des Ombres m'appellent apprenti. Je ne sais pourquoi, je ne sais ce que cela signifie. Il va me falloir être méfiant, car les Ombres doivent s'unir à la Lumière pour trouver leur équilibre, mais elles ne doivent pas noyer la Lumière... Pas plus que la Lumière ne doit tuer les Ombres. Les extrêmes détruiront ce qu'elles bâtissent, alors que l'équilibre et sauve et produit la Vie Elle-Même.

La bataille était terminée. Des Shadovars chargés de sacs remplis, passèrent au-dessus de la cité. Ils revenaient de Gundarlun, l'antre du dragon.

Les vivants et les valides s'occupaient des blessés, les morts étaient enterrés ou brûlés. L'elfe, désormais seul au milieu de la place, regarda dans tous les sens la destruction et la ruine, reste d'une victoire importante.

Pourquoi est-ce que la liberté et la vie passent toujours par autant de sacrifice ? Pourquoi faut-il tant détruire pour avoir le droit d'exister ? Le monde tourne et se noit dans la violence, afin d'apporter un peu de paix. Les dualités s'opposent afin de mieux pouvoir exister. La réponse doit se cacher dans cette pensée... mais où ?

Mettant la main à la pâte, l'elfe aida pour ramener les blessés, les soigner, transporter les morts. Il était seul désormais, sans cité, sans troupes et sans plus aucune responsabilité si ce n'est son serment d'Archer, de Protecteur et de Ménestrel...

Helka... Toi qui a caressé mon coeur, me trouveras-tu changé ? Plus dur et plus abrupt ? J'espère que non, mais je ne puis l'assurer. Je me pose tant de question... J'ai hâte de te retrouver, afin de savoir si tu es en vie...

Peu de temps après les premières aides, l'elfe laissa faire les humains, afin qu'ils se reconstruisent. Ils les laissa à leurs chamailleries entre peuples, entre races, et il partit sous les frondaisons des forêts encore intactes.

Trahison...

Trahi... Ils m'ont trahi...

L'elfe était assis dans son campement, en train de réfléchir.

J'ai été convoqué une dernière fois par le Prince des Ombres. Serviteur de Shar, fils de chien... Je n'aurais pas du être surpris de ce que ton essence prouvait de toi ! Tu ne fais que partie de l'Ombre, celle qui détruit, qui ruine...

Les yeux de l'elfe brillaient d'une flamme étrangement vivace alors que ces pensées lui travaisaient l'esprit.

Je dois tenir...

J'ai découvert bien des choses de cette enflure, plus qu'il ne voulait me laisser découvrir... Mais il en sait beaucoup aussi, plus que tout ce que j'aurais voulu lui révéler.

Serviteur de Shar, la Déesse Cachée. Il s'en est vanté devant moi ! Le Traître. Jamais je n'aurais du pactiser avec eux, je savais que leurs "offres" étaient viciées, j'aurais du le sentir !

Heureusement, il n'est jamais trop tard... Quoique si, il est trop tard. J'ai chuté, je me suis trébuché... Solonor, guide moi !!!

Ce Prince des Ombres voulaient me faire jouer avec des fils d'ombre. Qu'est ce que c'est que cette malédiction ? Je n'en sais rien. Il tissait ses sorts de façon étrange, les schémas en étaient inversés, arrondis. On aurait dit qu'il utilisait les interstices plutôt que les figures. Je ne sais pas ce qu'il fabriquait, mais il voulait absolument que je comprenne, que je regarde...

Les effets de ses sorts étaient les mêmes... Un sort d'éclair, qui fusa noir plutôt que bleuté. Mais la couleur avait-elle de l'importance ? Aucune idée. Tout ce que je sais, c'est qu'il voulu que je tente d'en lancer un, avec l'un des fils de la soie que je portais à mon poignet. Crevure ! Il ne m'a pas eu. J'ai refusé, quitte à en mourir.

Je m'étonne moi-même de ne pas en être mort. Il a insisté, mais j'ai tenu bon. Il voulait me démontrer le bienfondé, l'égalité de sa magie avec la mienne... Il devait y avoir un piège. Les serviteurs de la Dame Cachée en laisse toujours traîner. Mieux vaut mourir que marcher dedans.

Heureusement, il y avait cet imbécile. Un elfe qui se prend pour un humain ! Le Seigneur Sombre de la pègre de Luskan. Je n'ai jamais parlé comme ça de l'un de mes frères, mais celui-là décroche des médailles. Le Prince venait de parler de sa déesse qu'il prétendait vouloir se lier à lui en devenant un fidèle de Mask. Le Prince lui a alors appris quelle était l'Ombre, la vraie... Celle qu'on ne veut connaître, mais qu'il faut manipuler, selon lui. Pouah, un tissu d'ânerie... Mais les cris de l'elfe, prisonnier de l'illusion, étaient horribles. Je l'ai presque pris en pitié. Il ne méritait pas un tel châtiment.

Heureusement, il ne l'a pas tué. Je ne l'aurais pas supporté, et je serais certainement mort en tentant d'assassiner le Prince. Un portail s'est ouvert, et je me suis retrouvé dans les bois devant la cité.

La première chose que j'ai faites, c'est retirer cette soie d'ombre, ces fils d'ombre qui permettent de tisser des sorts. Je n'aurais pas du l'abandonner dans la rivière, mais savoir que j'avais été floué d'une telle façon me mettait en colère. Les Shadovars ne repartaient pas sur leur plan, mais vers l'Anauroch. Ils restaient !!!

Enfin... Je m'en étais sorti en vie. En vie, et mûni de pas mal d'informations. Leur silence contre le mien, j'imagine que c'est le marché implicite du Prince. Je dois réfléchir à ce que je dois faire de ce savoir. Surtout pas l'utiliser, c'est sûr, mais en parler ? Même aux Ménestrels, j'hésite...

Maintenant l'Ombre va avoir des vues sur moi. Je suis sûr que les Shadovars reviendront. Alqualendil et Eralia m'ont vu revenir. Ils ont vu la soie d'Ombre. Ils ne peuvent réellement comprendre.

Je en suis toujours pas entier. Je suis un fils de la Lumière, mais je dois apprendre à vivre dans l'ombre désormais. Non seulement je veux pouvoir connaître ce qui permet de définir ma nature, la lumière... et donc côtoyer jour et nuit son contraire, mais en plus, je dois me cacher... me cacher des Shadovars... et des autres aussi. Ils ne comprendraient pas.

Ils ont volé Raclemort chez les elfes. Les Ombres de Nébuleuse sont venues, et sont parties avec la pierre. C'est alarmant... Je vais devoir reprendre du service, déjà maintenant, et veiller à la bonne marche de monde, tout en vivant caché. La nuit et les ténèbres seront mes seules couvertures désormais, pour moi qui vivait de lumière.

En fin de compte, j'ai trouvé comment aborder ma deuxième moitié. La Danse des Ombres... C'est ce que le Prince a déclamé, me disant que ce n'était pas sa voie à lui. C'est justement ce qui m'importe. Je ne cherche pas l'Ombre, mais les ombres... Celles qui s'opposent à la Lumière et non à la Vie. Je ne cherche pas le Néant par opposition à l'Existence, mais bien l'ombre par rapport à la lumière. Ma nature contre son contraire ! Rien de plus, rien de moins... Simplement des définitions croisées...

C'est essentiel... Essentiel pour ne pas me perdre, pour ne pas me retrouver vide et à moitié existant... Mais c'est aussi essentiel pour ma survie, pour qu'ils ne m'attrapent pas... ni les uns, ni les autres...

Réfléchir... Eralia a raison, je dois prendre du temps pour réfléchir. Pour une fois que nous sommes d'accord. Mais mon choix est fait... Ce qui importe, c'est comment le réaliser...

Une retraite, un voyage...

Je devais me retirer quelques temps. Je devais m'éloigner pour prendre les bonnes décisions. Me cacher.

Certes, se cacher n'est jamais la meilleure solution, mais c'est un fait intrinsèque à la vie que je mène. Je travaille dans l'ombre pour la lumière. Maintenant que le Prince des Ombres m'a ouvert les yeux, je sais qu'il s'agit dorénavant de la Danse des Ombres. Les livres des Ménestrels en parleront, au moins par rumeurs. Ensuite, je verrai...

L'écriture reprend un peu plus loin. Elle semble plus tremblottante, comme si l'écrivain avait froid et frissonnait tout en écrivant.

La nuit. Vivre dans les ténèbres où l'on imagine tous les bruits, tous les sons. C'est terrifiant et en même temps reposant. Je n'avais jamais fait autant attention à ce qui se passait dans le noir. C'est séduisant tout en étant mortifiant. J'ai eu l'habitude de vivre de jour, avec la vision claire de chaque chose, de chaque couleur. La nuit, tout se confond, tout devient flou et se mélange. Pourtant, chaque chose est belle et bien la même.

Je sais que les Ombres sont le monde des Shadovars, leur environnement préféré. Le Prince a cependant été très clair, ce ne sont pas les mêmes ombres. Les leurs semblent terrifiantes, regorgeantes de monstruosités et de secrets inavoués. J'ai entendu les cris du Seigneur de la Pègre lorsque le Prince lui "inculquait" ce qu'était les ombres...

Pourtant, je sais que les ombres peuvent aussi être des amies. Leurs propres armes retournées contre eux ... Quoique ce n'est pas tout à fait exact, puisque nous parlons d'ombre et eux, d'Ombres... Les deux mots sont les mêmes, et pourtant les sens en sont bien différents. Les ténèbres ne sont pas aussi sombres et négatives qu'on le pense, sauf si les nuances sont confondues.

L'écriture redevient ensuite plus calme, normale.

J'ai passé plusieurs nuits à regarder les ombres, à chercher la mienne parmi les autres, à observer les ténèbres. Une vie s'y cache, s'y déroule. Une vie d'illusion et de masques, et pourtant une vie très active et présente. On la voit, on la perçoit. On entend lorsque l'on essait de tendre le coeur et les oreilles, et pourtant... Est-ce vraiment cela ?

Je ne sais pas encore. Je dois continuer. Cela va me prendre du temps, espérons qu'ils ne me retrouveront pas avant que je ne puisse me glisser dans les ombres pour leur échapper. Mais je dois rester méfiant...

Le temps passe...

Les ténèbres et les ombres... Il semble que je sois désormais oublié du monde des hommes. L'elfe rouge, celui qui a rassemblé pour affronter le dragon a disparu des esprits. Tant mieux, ainsi ce ne sera que plus facile de disparaître totalement.

J'ai choisi la Voie du sacrifice, il y a longtemps. Le sourire des enfants, leur liberté et leur innocence, voici ma récompense. Luskan reprend sa vie, aussi maudite et aussi bénie qu'auparavant. Le cours des choses reprend.

Quant à moi, je suis toujours l'ombre d'une proie. Les ténèbres de la nuit me sont de plus en plus familière, chaque parcelle recelant une part de ma sécurité et de mes craintes. Le feu, comme les ténèbres, apportent la Vie, mais aussi la Mort.

L'elfe se releva et sortit de son campement. Il erra quelques temps, à la recherche d'un endroit oublié de tous. Lorsqu'il le trouva, il revint dans les bois elfiques, attendant un signe, un évènement, une personne. Mais elle ne vint pas, pas plus qu'elle ne lui répondit.

Où es-tu donc passée ? Aurais-tu fui ces contrées désertées par la tranquilité ? Aurais-tu fui ailleurs, loin des dangers et des périls ? Tu manques à mon coeur... Je ne puis cependant me laisser aller au chagrin, car je ne m'appartiens plus désormais. Ce que j'ai fais m'a livré au monde, et c'est désormais le monde qui me possède !

L'elfe regarda un moment ceux qui l'entouraient. Ses frères et soeurs de la cité elfique, mais aussi une jeune demi-elfe, blessée mais bien vivante.

Non... Je ne suis plus celui que j'étais autrefois. J'ai bien changé. J'appartiens désormais à la Harpe et à la Lune, à l'Ombre des secrets, aux ténèbres du monde et non plus à la lumière et au feu de jadis. Je ne peux plus être comme eux, et aucun retour en arrière ne m'est plus possible désormais.

Le monde m'a offert en sacrifice.

Les elfes...

Je ne suis pas comme certain de mes amis. Je ne rejète pas les miens. Je vais au delà et je compatis pour leurs errances. Mais je ne les rejète pas, même si un jour ils finiront par me rejeter moi.

Tilik, cette jeune demi-elfe... Lorsqu'elle est arrivée en ces terres, sa soeur et un elfe l'accompagnaient. Tous les trois, je les ai croisé lors d'une chasse malarite. Je les avais averti du danger, avant de moi-même pénétrer dans les bois pour accomplir mon devoir. J'ignorais alors tout ce qui allait s'en suivre.

Lorsque je recroisai les deux soeurs, plus tard, je m'apperçus rapidement que je ne les avais pas laissée indifférentes. Dans le fond de leurs yeux couvait la lumière d'une reconnaissance ou d'une admiration que je suis loin de mériter. Ces deux demi-elfes se sont laissées berner par l'aura de mon peuple, qui, aux yeux des mortels, est quasiment divine de par sa sagesse, notre longévité et nos connaissances.

Je recroisai de temps à autre les deux soeurs. Tilik semblait adorer son arc. C'était un fait manifeste que j'avais pu observer lorsque Lea, la prêtresse d'Erevan, voulut s'amuser en leur volant leur arme... Une brise fraîche me traversa l'esprit, mais la jeune demi-elfe était encore loin de pouvoir correspondre à mes critères.

Plus tard, nos chemins se croisèrent de nouveau, comme ils se croiseront encore fréquemment, si je fais confiance à mon pressentiment. Elle m'avoua alors vouloir suivre ma voie, mon enseignement. J'admets que cette pensée m'a plusieurs fois traversée l'esprit, mais elle est encore loin de pouvoir apprendre. Trop humaine, et parfois si elfique... Le déséquilibre entre les deux est dangereux. Il lui manque l'expérience des elfes, mais d'un autre côté, elle ne l'acquièrera jamais réellement, car elle n'en a pas le temps...

Le destin répondra à ces questions... Comme chaque fois.

L'elfe regarda un moment autour de lui avant de reprendre.

Elorfin, mon précédent apprenti. Il entre désormais dans la première ligne droite. En effet, il termine son enseignement, cela signifie que c'est seulement maintenant qu'il commence à apprendre et à pouvoir comprendre.

La mort est un pouvoir que les archers possèdent. Mais cette mort nous use et nous consume. Le prix à payer est là pour nous rappeler que nous ne sommes que des enfant de Seldars, et non des Seldars eux-mêmes. Nous interférons avec la nature, mais nous devons alors payer le prix du déséquilibre, afin de ne pas lui porter de blessure mortelle.

Elorfin... Bientôt ton jour viendra, et c'est à ce moment-là que tu comprendras le poids de ton sacrifice.

La chasse meurt... ou vit...

Solonor, je suis un de tes fils. Je chasse les dangers qui menacent ton peuple. Shevarash, je venge nos frères des injustices et des meurtres qu'ils ont subis... Corellon, mon devoir est de protéger tes Enfants, mes frères et soeurs elfes de ce monde...

L'elfe regarde son campement brièvement. Dans les ténèbres de la nuit se dessinent les formes des patrouilleurs elfiques, visibles seulement des yeux habitués à les voir.

Les malarites ont encore attaqué, mais cette fois, ce sont eux qui sont tombés. Ils étaient trois. L'un est laissé à la sentence de la nature, tandis que les deux autres sont morts. Un couple, et la femme était enceinte.

Alors même qu'elle portait la vie, elle a continué à semer la mort et à rechercher des proies. Même les louves mettent à bâs avant de chasser à nouveau pour nourrir leurs petits. Je ne comprendrai jamais ces bêtes sauvages, dépassant les limites de la nature en cherchant à se justifier par des lois qui n'en sont pas.

Elle a été exécutée, ou plutôt s'est suicidée en même temps que je l'exécutais. Je dois lui reconnaître une force de caractère certaine. Mais il y en a d'autres. Le Loup Blanc, le chef de la meute guerrière, n'est pas encore tombé. Solonor, Shevarash, donnez moi la force, l'endurance et la vengeance pour tous nos frères qui ont soufferts.

Ils ont été enterrés dans les bois. Ils étaient serviteurs de la Nature, même si je ne les approuve pas. Et même s'ils n'étaient que des ennemis, le respect de leurs corps doit leur être apporté. Ainsi, ils retournent aux racines des arbres. Peut-être que dans la mort, ils comprendront, mais rien n'est moins sûr. Le monde, et surtout les humains, sont encore bien trop loin de la compréhension...

L'équilibre... la loi qui régit le bonheur de tous, qui fournit la motivation de se dépasser, tout en préservant la joie et le bien... et tout ce que l'on sous-entend par ce mot.

La chasse continue... la vie aussi.

Celebloxë a quitté le Val de Bise, sans raisons ni justification apparante, que ce soit auprès des Ménestrels ou auprès de la Communauté Elfique.

Il n'est donc plus joué jusqu'à nouvel ordre.

*Reprise du perso. Suite à validation DM: post du texte suivant*

Le changement de vent...

L'elfe rouge avait quitté la région du Val Bise pendant quelques temps. En effet, l'appel de la Harpe l'avait emmené loin des contrées mouvementées des terres du nord, vers le sud et vers l'est.

Il s'était d'abord rendu aux frontière du désert de l'Anauroch, là où des explorateurs avaient réveillé un mal dangereux. Dans un temple profond, un portail démoniaque s'éveillait. Rassemblant son courage, et surtout ses frères elfes des forêts avoisinantes, il réussit à détruire le portail qui s'ouvrait, avant que les bêtes immondes des plans inférieurs ne se matérialisent.

Seule la chance l'avait mené en ces contrées, et l'avait guidé jusqu'à ce danger. Il avait fait la connaissance de certains de ses frères sylvains, vivant encore en reclus dans les profondeurs des forêts. Il trouva chez eux un accueil et un repos généreux. L'hospitalité des elfes envers les elfes n'était pas encore morte. La tâche qu'ils remplirent ensemble noua des liens d'amitié et de fraternité entre eux. Malheureusement, les choses bougeaient encore et les Ménestrels avaient toujours besoin de leurs agents.

Celebloxë avait été appelé, mais l'histoire du démon, même si elle nécessitait que l'on s'en occupe, n'était en fait qu'un prétexte de l'ordre pour l'attirer au loin. En effet, un Haut Ménestrel se présenta à lui. Ce dernier n'était pas là pour le remercier, ni pour le féliciter.

Tu te rappelles de Luskan ? Tu te rappelles de tes actions avec les shadovars ? Tu as prêté allégeance à un démon. Tu as pactisé avec nos ennemis. Nous en avons longuement discuté... L'Ordre ne peut plus se satisfaire de tes services. L'Ordre ne peut permettre que tu continues à oeuvrer en son sein. Néanmoins, puisque tu l'as fait pour lutter contre le danger et pour sauvegarder la vie libre, nous ne te condamnerons pas à la mort. Mais dès ce jour, tu ne fais plus partie de l'Ordre de la Harpe... Ta broche est brisée...

L'elfe rouge n'en crut pas ses oreilles, mais à contre coeur, il rendit ses insignes. Sous la lune, devant l'inconnu à la broche argentée soeur de la sienne, il goûta l'amertume. Pourtant, au fond de lui-même, il savait qu'il n'était pas en tord. Il savait qu'il avait agit au mieux. Et il comprenait... L'Ordre n'avait jamais pu accepter qu'un mal puisse servir le bien. Même si officieusement il s'y résignait parfois, officiellement, il ne pourrait jamais le cautionner. L'elfe de flammes accepta la sanction. La défense du bien véritable demande des sacrifices, bien plus que de l'amertume. Cette dernière ne peut que détruire.

Il se mit alors en route vers Eauprofonde, ville portuaire qui pourrait peut-être lui fournir un navire. Il traverserait alors les mers vers les terres des elfes au-delà. Mais il changea d'avis sur les quais, à l'heure du départ. En effet, à Eauprofonde, certains ne l'avaient pas oublié. Les Ménestrels avaient-ils averti leurs semblables du nord ? Ou est-ce que ces derniers l'espionnaient depuis sa lettre ? Cette lettre qui leur avait offert un trésor draconnique ancestral, afin que la paix règne au nord... Celebloxë n'avait jamais su si la lettre était parvenue à Khelben ou si elle s'était perdue en chemin... Dans tous les cas, des gens inconnus l'approchèrent et le convainquirent de rester.

Les Lunétoiles, branche dissidente des Ménestrels, veillaient et étaient bien présents dans les villes du nord. Ils avaient quitté l'Ordre depuis que leurs chefs, Khelben et Laréal, avaient noué alliance avec les bainites pour chasser les cyricistes d'une place forte importante. Ils avaient été mis au courant des luttes de Luskan et de l'elfe de flamme contre le dragon, Otto.

Depuis, les agents de la Lune n'ont jamais oublié l'elfe de feu qui leur avait offert la richesse, sans rien demander en retour. Leurs yeux furetèrent toujours derrière ses pas, sachant qu'il était un Ménestrel de coeur et d'actions. Mais était-il capable de frayer avec le mal contre un mal plus grand ? Il avait pactisé avec les shadovars pour détruire une menace plus importante encore. Les agents Lunétoile rapportèrent à leurs chefs tous ces faits et gestes.

L'elfe de flammes ne sut jamais qui s'était penché sur son passé, sur son histoire... Mais à Eauprofonde, il fut contacté. Les Lunétoiles se présentèrent à lui, lui racontèrent leur histoire. Il la connaissait déjà en partie, mais il l'écouta avec attention.

Lorsqu'on lui proposa de rejoindre l'Ordre d'Eauprofonde, il accepta. Il savait qui dirigeait le réseau, mais tout comme chez les Ménestrels, personne ne savait rien du réseau lui-même. Il ne vit que les agents qui l'avaient contactés, déguisés en badauds de l'auberge du quartier sud.

J'ai quitté la Lune pour les Etoiles. Ces dernières sont plus tranchantes, plus incisives... Elles sont plus semblables à moi, à mes méthodes, à ma façon d'agir. Nous combattons tous pour le bien, pour le mieux, tels Laréal et Khelben.

Désormais, je suis un sacrifié de la Harpe, pour me permettre de grandir et de devenir plus encore... Le bien vivra, tant que ses défenseurs y croiront !

Mûni d'une nouvelle broche, symbole des Lunétoiles, il s'enfonça dans la nuit de la Cité des Milles Splendeurs, admirant la beauté des étoiles et la caresse de la bise, tandis que ses pas le ramenaient doucement vers le nord...

Le retour...

Comme je m'y attendais, ce monde oublie vite, tout en gardant la mémoire longue. Des faits passés, personne n'en parle. Nul barde pour raconter les légendes et conflits qui se sont terminés. Personne pour conserver la mémoire des actes des héros. Pourtant, certains ne m'ont pas oublié, des amis et des frères... C'est ce qui compte le plus au final.

L'elfe remontait la route, revenant d'Eauprofonde et marchant vers Luskan. Il s'attendait à ne pas trouver la paix dans ces régions constamment perturbées par toute sorte de conflits divers. Il traversa rapidement Padhiver, croisant quelques connaissances, mais il ne s'attarda pas. Il continua de marcher, son coeur gravé dans les Etoiles du ciel.

Terres souvelées par tant de conflit, il vous faut l'aide de ceux qui peuvent vous l'apporter. Je ne suis qu'une poussière sur cette terre, mais je reviens, pour faire de mon mieux.

A Padhiver, il s'était arrêté dans un endroit secret, que peu connaissait. Même parmis les humains de la ville, nuls ne savaient vraiment où cet endroit se situait. Là-bas, il avait revu des soeurs, des prêtresses... des elfes que les elfes eux-mêmes n'acceptaient que difficilement. Pourtant, il avait déjà oeuvré à leur côté et Aigle du Soleil avait toujours été leur allié, tels tous ses prédécesseurs.

Filles de la Lune, je reviens. Vous pouvez de nouveau compter sur moi comme par le passé. Mon coeur a vieilli, mais il n'a pas changé et je suis toujours aussi déterminé.

Passé Padhiver, il avait traversé rapidement les ruines de Port Llast et avait enfin atteint Luskan. La ville, crasseuse, grosse bouilli de civilisations humaines terriblement différentes, l'avait accueillie avec sa froideur naturelle dans les brumes d'un matin. L'elfe aux yeux de flammes n'avait rappelé aucun souvenir à la population, et tant mieux ainsi. Mais certains l'avaient salué et reconnu. Les Conseillers n'avaient pas, ou peu, changé. Ils étaient toujours aussi pourris et toujours aussi déchirés. L'air même de la ville manifestait de la méfiance qu'il fallait lui porter.

Une fois reposé de son voyage, l'elfe rouge se remit en route. Cette fois, il rendit visite aux fonds des forêts, à ses frères les elfes, mais aussi aux chemins, arbres et plantes qu'il avait connu par le passé. Il avait longuement patrouillé dans cette région, que ce soit pour les Ménestrels ou pour Haut Refuge. Il savait qu'il ne pourrait pas revenir à la cité, mais il n'avait pas oublié son serment, ni ses amitiés.

Et il ne les avait pas oublié, eux... Les Ombres de Mirabar étaient toujours présentes. Il avait été jusqu'à cette ville lointaine de l'est, voir de ses propres yeux ses dangereux aciens alliés d'un moment. Ils semblaient tranquilles et intégrés, mais pour combien de temps ? Et à quels desseins ? Il savait qu'il devait en permanence garder ses yeux sur cette ville que le soleil avait fui en partie. Même si Pénombre n'était plus là-bas, ses racines et ses souvenirs perlaient tout autour.

Mais ses soucis étaient nombreux, car l'Est n'était pas sa seule préoccupation. Luskan bouillonnait, plus encore qu'à son habitude et le nord s'échauffait tandis que les bainites grapillaient petit à petit le terrain du pouvoir. Les ombres s'amoncelaient sur tous les fronts, le mal guettait la moindre occasion de frapper.

Les anciennes alliances et pactes... le pouvoir de l'unité, la tempête du futur. Nous marchons vers la guerre et il devient de plus en plus difficile de l'éviter. Mais tout n'est pas encore joué, il me reste des cordes à mon arc... Et alors même qu'elles s'épuiseront, je n'aurai jamais dit mon dernier mot...

Lorsque ces pensées effleuraient son esprit, un mince sourire ironique se dessinait sur ses lèvres...

Ses cheveux argentés flottant dans le vent, la silhouette de l'elfe rouge se dessinait sur la colline qui surplombait la ville des Voiles. Et dans le jaillissement brusque d'une flamme, il disparut...

Je suis de retour, visible et invisible...

Attaque de la Transylance...

La région se dresse contre la nature, l'envahit et la blesse... Et en attendant ses serviteurs se déchirent. Maudit soit ceux qui pensent devoir dominer par la force et la rage, ils ne comprendront jamais le réel besoin du monde... Ces humains sont si limités dans la durée de leurs visions... Que se soit Luskan, ou ce druide malarite.

L'elfe rouge se tenait au bord du champs de ruine, en plein milieu de la forêt. Il n'avait quasiment rien pu faire pour l'en empêché, l'attaque ayant été trop bien préparée. Le druide avait mûrement réfléchi son plan, c'était indubitable.

Désormais plus personne ne dominera la Transylance... Au moins là, elle est annéantie pour quelques dizaines d'années...

Le feu et la lave fumait encore sur les restes du campement des elfes. Les blessés ne gémissaient plus, ceux qui pouvaient être déplacés ayant été rappatriés à Haut Refuge, les autres étant morts. Les corps de ces derniers, ceux que l'on pouvait retrouver, avaient également été emmenés dans les profondeurs des bois.

L'elfe se remémorait les dernières heures, depuis le début du conflit.

Cela remonte au moment où j'ai vu ce satané Ruffin tenter de brûler les bois avec trois brindilles et deux arbalétriers. Les malarites se sont échauffés, et ont joué le jeu des humains de cette foutue ville. Et ils se disent défenseurs de la nature...

La situation n'avait pas été claire du tout. Les humains avaient attaqué la forêt et, dans le même temps, les orcs étaient arrivés par le nord. Les deux groupes se sont rencontrés, tandis que les elfes observaient. Ensuite, pour une raison que l'elfe de flammes ne connaissaient pas, la bataille avait commencé. Les humains avaient été rapidement mis au sol par les orcs, mais les elfes et quelques alliés rétablirent l'équilibre. Et en bordure de toute vision, les malarites attendaient.

Les elfes avaient ensuite rappatriés leurs blessés dans l'avant-poste. C'est à ce moment que la situation avait basculée. Des ronces vivantes et violentes avaient bloqué les sorties, l'oeuvre du serviteur du Bestiale.

Le Maître Archer Mage avait alors décidé de sortir, pour se rendre compte de la situation. Les tensions à l'intérieur de l'avant-poste, entre les elfes de Haut Refuge et les autres, étaient palpables. L'un prétendait à une attaque, l'autre avait quelque confiance au vu de la situation envers Luskan et l'agression de la forêt par les humains. Il était sûr que chacun avait de bons arguments... Mais ce n'était plus le moment de les discuter.

L'elfe rouge tenta de sortir en traversant les ronces, mais il parvint juste à éviter leurs dards piquants et fourbes en sautant brusquement en arrière...
Alors, un feu fut allumé et Celebloxë entra à l'intérieur. Immédiatement, il disparut...

Un peu plus au nord de la forêt, dans un campement d'une caravane marchande, les humains furent effrayés et s'enfuirent lorsqu'ils virent un elfe de flammes bondirent hors de leur feu de camps. L'elfe n'y prêta guère attention et se noya directement parmi la végétation.

Durant de longues heures, il parcourut la forêt en tous les sens, cherchant après leurs anciens ennemis. Avec l'aide d'une humaine, il finit par les retrouver, mais à quel prix !

Les malarites n'avaient manifestement pas l'intention de collaborer avec les elfes. Tous ceux qui avaient pensé le contraire se trompaient allègrement. Leurs ronces attaquaient les elfes et nul autre endroit dans la forêt et des lycans se rassemblaient. C'était manifestement des anciens, des loups humanoïdes de grosse carrure. D'où sortaient-ils, puisqu'ils avaient été massacrés au nord par le tsunami, ainsi qu'au sud par les forces des humains ? Aucune idée... Mais ces démons étaient bel et bien là. La réponse devrait attendre.

L'Archer Mage s'écarta un moment. Il alluma un nouveau petit feu, l'entourrant d'un cercle de pierre pour ne pas qu'il puisse s'étendre et provoquer des dégâts dans la forêt. Il revint ensuite vers la meute et lança une mortelle volée de flèches. 4 des lycans tombèrent sous les traits, alors que l'Archer courrait déjà à travers les bois. Il entra dans le feu qu'il venait d'allumer et disparut à nouveau.

Dans l'avant-poste, l'elfe réapparut. Il mit rapidement au courant ses compagnons et se préparèrent à l'attaque. Mais ce qu'ils pensaient qui allait se produire ne se produisit pas. Les plans du druide malarite étaient tout autre et préparé depuis longtemps.

Alors que personne ne vit rien approcher, la gravité fut inversée. Les défenseurs des remparts s'envolèrent. L'elfe de flamme put s'accrocher rapidement au rocher massif qui se trouvait juste à côté de lui. Il connaissait ce sort, il avait déjà vu le dragon Othokranasamislox s'en servir... Ensuite, tandis que les elfes flottaient, un nuage gris poussièreux apparut. Il noya ceux qui n'avaient pu s'accrocher quelque part. La plupart de ceux qui furent engloutis par le nuage se transformèrent alors en statue. La chute allait être douloureuse.

L'elfe voyait ses amis et savait ce qui allait se produire lorsque le sort prendrait fin. Il ne pouvait rien faire malheureusement, si ce n'est détourner brutalement ces douloureuses pensées pour se concentrer sur la bataille en cours.

Le sort d'inversion de la gravité prit fin. L'archer mage s'y attendait. Il retomba souplement sur le sol, prêt à tirer ses flèches si l'ennemi se montrait. Mais il n'était toujours pas là. En désespoir de cause, l'archer incanta. Ses yeux se mirent à luirent d'une lumière blanc-bleu, perdant leurs éclats de flammes.

Invisible aux yeux, mais visible aux auras. L'elfe perçut rapidement l'emplacement du lanceur de sort. Il se prépara alors à tirer une flèche particulière. Il s'avait qu'Anbeleg rechignait souvent à la décocher, mais il était temps de mettre un terme rapide à ce massacre. La flèche de mort fila dans les airs, mais se planta bien loin de sa cible. Plissant les yeux, l'archer examina mieux l'endroit où se trouvait l'aura... et il n'y avait rien...

Alors il comprit... L'aura n'était pas sur terre, mais sous terre. Il était trop tard pour faire quoique se soit... Il sentit le départ d'un nouveau sort. Il vit la terre derrière lui, ainsi que tous les rochers, commencer à fondre et à devenir lave. Il cria à tous ses frères encore en vie de fuirent et d'emporter ceux qui ne pouvaient marcher, ainsi que les statues. La prêtresse Eralia invoqua les élémentaires nécessaires pour porter de si lourdes choses, tandis que l'Archer Mage décochait encore une dernière flèche pour couvrir la fuite. Celle-là au moins, il était sûr qu'elle ne raterait pas son but.

Il ne sut si le druide avait été mortellement touché ou non, mais l'attaque s'arrêta. L'avant-poste, ainsi que la Transylance derrière, avait été réduite en champs de lave fumante. Des sorts de pluie et de glace furent invoqué rapidement pour calmer le feu et solidifier la roche fondue, mais le mal avait été fait, tout n'était plus que ruines fumantes...

Durant la bataille, les humains de la Légion et Dardan avaient débarqués derrière les lignes ennemies. Les lycans avaient été occupés par ces combattants, du moins Celebloxë le supputait. Il avait vu son frère et ami à la tête des hommes de la Légion, de loin... Il l'avait vu jeter l'un des lycans dans les buissons de ronces étrangleuses... Mais après, tous avaient disapru... et son attention s'était portée sur le sauvetage de ses frères et soeurs. Ceux qui avaient été transformés en pierre redevinrent de chair, mais ils eurent de mauvaises surprises. Durant la chute, nombre d'entre eux avaient perdu une main, un bras, des doigts, une jambe...

Les humains de la Légion, menés par Tristan cette fois, étaient venus aider pour les soins des blessés les plus graves. Ceux qui étaient transportables avaient été emmenés à la cité. Des renforts étaient venus de cette dernière pour aider.
L'Archer Mage escorta lui-même, malgré la fatigue, la colonne de blessé au travers des bois. Il s'arrêta uniquement à la lisière du bois des elfes, avant de faire demi-tour et de revenir sur les lieux du massacre.

Le champs de ruines fumantes se dressait devant lui. Ses yeux de flammes brillaient comme deux phares de vengeance.

Calme... Je dois rester calme et laisser glisser ma colère sur moi. Ils payeront, mais je ne dois pas en devenir fou. J'ai compris la leçon désormais, il n'est plus nécessaire de penser qu'ils auraient pu nous aider. Ils ne le peuvent pas. Ils sont eux-mêmes trop emplis de rage déjà que pour pouvoir réfléchir et se poser. Leur propre colère les étouffe froidement... Ils payeront donc.

Mais je dois réfléchir. Je ne suis pas là pour mes affaires personnelles, mais pour les Lunétoiles avant tout. Ma vie est pour eux avant d'être pour moi. Cependant, je ne puis rester neutre dans cette histoire. Il va me falloir agir, avec soin et prudence. La colère de la nature est puissante et ce druide sait se préparer. C'est un adversaire de taille, réfléchit dans sa rage. Que les humains de Luskan tremblent... Mais cette population innoncente ne doit pas payer les idioties de leurs chefs.

(Suite à la validation du reroll de Celebloxë, voici un résumé RP des justifications envoyées en requête. Il s'agit juste d'un résumé, les détails précis se trouvant dans tout le BG lui-même. Le cadre de présentation a été mis à jour).

Divers changements... (chapitre hors continuité du BG)

L'elfe des flammes prenait souvent le temps de réfléchir sur le monde, sur sa vie, sur sa place, ainsi que sur divers autres sujets. Ces réflexions amenaient toujours une sagesse plus grande et nourrissaient les connaissances des autres sages lorsqu'elles étaient ensuite débattues. Mais parfois, les sujets de ses pensées étaient personnels et ne concernaient que lui-même et la voie qu'il choisissait pour sa vie.

Depuis que j'ai quitté la cité, je me sens différent, je ressents le monde différemment. Anbeleg me parle depuis qu'il s'est éveillé. J'ai toujours eu le sentiment de sa présence à mes côtés, mais il n'avait jamais dépassé le cadre de l'Arc. Désormais, je ressents une nouvelle présence, tout autour de moi... Dans les arbres, dans l'air, dans les feuilles que je touche. Le bois me parle. Je n'avais jamais compris cela par le passé, mais je l'avais déjà approché en réalité. Ma main savait instinctivement quel bois prendre pour mes flèches et mes arcs. Désormais, je comprends mieux. Le bois EST. Un esprit l'anime et cet esprit désormais me nourrit. Je l'ai cottoyé plus intimement depuis mon retrait et ma vie dans la nature. Je le sens dans l'eau, je le sens dans l'air, je le sens en moi et je communie avec lui.

A d'autres moments, ces réflexions touchaient des points précis de son existence. Ainsi, souvent, il tentait de déterminer quelles étaient les racines des sentiments et impulsions qu'il sentait au-dedans de lui. En tant qu'élémentaliste du feu, il avait appris à être vivace, impulsif et rapide, pour un elfe tout du moins. Pour un humain, il était la plupart du temps un être qui semblait posé... Ainsi, cette réflexion au sujet de la crainte et de la haine qu'il éprouvait pour les Shadovars eut lieu:

Ils ne sont pas partis. Ils m'ont montré quelque chose que je n'ai pas compris, mais que je craints. Je le sais, je le sens dans ma peau. Ma nuque se dresse à chaque fois que je repense à cette magie étrange. Je suis frigorifié de l'intérieur, comme gelé dans mon coeur. Quelle ironie pour un esprit du feu !

Je me dois de nous protéger contre cette abhération. Je ne sais ce que c'est exactement, mais je sens quel pouvoir cela aurait peut avoir. J'ai vu de mes yeux les ombres pulluler sur ce restant d'être humain qu'était leur Prince. Leur contamination ne doit pas s'étendre. L'histoire des elfes a prouver leurs traitrises, leurs sournoiseries. Je dois être sans cesse sur mes gardes et me protéger des Ombres, car je n'aurai plus mortels ennemis qu'eux...

Lorsque l'esprit s'ouvre...

Je ne désirais que rétablir la justice, répandre le sang des coupables, comme le souhaiterait tout elfe de ce nom. Mais je me trompais. Merci, Maître Sywyn, de m'avoir ouvert les yeux. Vous n'êtes pas mon maître, vous êtes le maître de mon maître, mais vous faites partie de nos anciens, de ceux dont la parole sage et réfléchie éclaire les pensées des jeunes empressés. Ainsi le veut la tradition du Peuple...

Accroupis aux abords de ce qui restait de la Transylance, Celebloxë réfléchissait. La nuit était claire, la lune complète. Les loups auraient pu hurler et les garous sortirent, mais ce n'était pas le cas. Tout était calme autour du champs de ruines. Il ne règnait que le silence...

Le Peuple de ces contrées n'est pas assez sage que pour comprendre. Il me faudra progresser avec précaution et sagesse. Le regard des anciens va plus loin encore que nos querelles habituelles. Le monde change...

Le futur est incertain et sanglant pour les elfes. Mais je suis désormais plus qu'un elfe. Je sers également la Nature, celle qui m'a hébergé en son sein durant toutes ces années. Les hommes ont décidé de l'agresser, de ne pas la respecter, de la blesser. Le temps sera leur ennemi, mais nos bras et nos mains aussi.

Les guerres de vengeance ne serviront qu'à verser du sang d'innoncents. Les serviteurs de la Nature doivent être unis, à n'importe quel prix. Notre guerre n'est que futulité d'enfants trop gâtés, mis en colère car ils ne peuvent s'accepter comme partie d'un tout. Pourtant, la nature n'est pas une histoire de bonté. Elle donne généreusement, mais peut reprendre tout violemment et arbitrairement. Elle est don et destruction... Ainsi sont, et seront toujours, ses deux facettes.

L'elfe grattait distraitement la terre à ses pieds. Ses doigts dessinaient des dessins étranges et mystiques. Un symbole se dessinait sur un autre, masquant le précédent jusqu'à ce qu'il soit lui-même effacé par le suivant. Ses yeux de flammes suivaient machinalement les déchirures de la roche qui se solidifiait lentement.

Comme vous me l'aviez conseiller, Sywyn, j'ai rencontré le Sanglier. Il est comme moi, de la même trempe. Ce n'est pas un elfe, c'est un enfant... Mais son rôle est de protéger, de réfléchir et si nécessaire, de mener. Il doit sauver ses frères et leurs vies. Sur bien des points nous nous ressemblons, même si nous ne serons jamais d'accord sur bien d'autres. Nous nous combattrons certainement encore dans le futur, car nous ne pouvons accepter les mêmes choses. Mais il est temps tout de même de comprendre que la Nature ne peut s'exposer à sa propre ruine du fait de ses serviteurs, peu importe leurs allégeances premières. Le futur demande des sacrifices, je suis prêt à en payer le prix...

La vie...

L'elfe rouge avait troqué ses habits pour de nouveaux, de couleur verte. La nature lui avait ouvert ses bras plus intimement encore qu'auparavant. Il l'avait sentie commencer à couler en lui. Son feu était ardent et brûlant, mais il n'était qu'un fragment d'un tout encore bien plus vaste...

Il déambulait sous les arbres, voilé à la face des vivants par sa Mère Protectrice. Ses pas le menaient dans les diverses contrées de la région, du nord enneigé jusqu'au sud réchauffé par le volcan. Il poussa même une pointe vers Eauprofonde. Mais la plupart du temps, il se trouvait dans les bois aux alentours de la cité des Voiles...

Il réfléchissait de plus en plus souvent. C'était bizarre d'ailleurs, comme s'il avait vieilli avant l'heure. Il n'était pas vieux pourtant, à peine un peu plus de deux siècles. Les évènements brusques et rapides de cette contrée l'avaient forgé, l'avait transformé. Il savait ce qu'il avait à faire, les tâches qui lui étaient allouées. Il regardait ce monde de folie avancer à une vitesse éclair, vers un destin de ruines. Et pourtant, au travers de ces mouvements rapides qu'il distinguait, il voyait toujours un espoir, une lumière. Derrière le voile de Chaos que la plupart s'acharnait à poser, il voyait les éléments d'une lumière toujours existante, vive et même renforcée par les vaines tentatives de ses assaillants.

Il avait entendu Tilik et Leen parler de lui. Son apprentie venait de se voir infliger une petite leçon de morale et de réflexion. Elle en était d'ailleurs quelque peu déstabilisée, en ressortant avec plus de questions que de réponses. Mais, à ce qu'il avait entendu, il savait qu'elle en ressortait avec de meilleures questions, de celles qui permettent de trouver les réponses par soi-même pour se grandir et comprendre véritablement les réponses. C'était là tout le secret... Le maître n'apprenait pas à l'apprentie ce qu'il savait... Il ne faisait que la guider vers ce qu'elle savait déjà, sans jamais s'en être rendue compte. Tout le reste n'étaient que détails, importants certes, mais d'une difficulté bien moins grande à aborder.

Elles avaient parlé de lui aussi... Et de ce que Sywyn pensait de lui. Ces quelques paroles qu'il saisit le troublèrent. Elles étaient pleine de respect et d'amitié, mais il y perlait également un peu de tristesse et de compassion. Il avait choisi la solitude, le maître de son maître l'avait remarqué, mais il ne pouvait en être autrement. Ils ne pouvaient pas comprendre, car ils ignoraient les choix qu'il avait fait en son temps. C'était son histoire de Ménestrel, puis de Lunétoile. Choisir la voie la plus difficile, car la facilité n'apporte rien de bon, seulement des illusions...

Au cours de ses récents voyages, il avait défendu la forêt de Luskan, protégé ses amis, reccueillis des informations sur le nord et ses sbires et surtout, surveiller les noires ombres de Mirabar. Dernièrement, il s'était rendu au bosquet du Cyprès pour trouver un peu de calme, mais... même là, le vent de folie du monde le rattrapera...

Il a choisi sa vie, il sait qu'il l'assumera et qu'il peut l'endurer...

Le choix de la solitude...

Il était temps que je parte. C'était ma maison, mais je n'y suis jamais vraiment resté. C'était ma demeure, mais je ne l'ai jamais possédée. Le monde a toujours été le plus grand témoin de mes pas, mais pas ses habitants.

Je pouvais encore supporter le poid de la promesse de neutralité de Tilik. Elle l'a donnée généreusement, se sacrifiant pour le bien-être de toute la communauté du Cyprès. Tel était le désir de ces sylvains qui se sont toujours isolés du monde. Les autres ne peuvent le comprendre... Les uns sont humains, tout simplement, et ne peuvent comprendre des concepts étalés sur une éternité, tandis que les autres sont par trop habitué à penser comme leurs voisins, humains... et en ont oublié leur part d'elfe.

Mais je le savais déjà depuis longtemps. Je ne m'offusque de rien. J'ai soutenu les choix faits avec honnêteté et naturel, car ce sont eux et eux seuls qui auront une chance de porter de la lumière et de l'espoir dans le futur, même si l'ombre sera notre première récompense.

Mais il est temps pour moi de partir, car jamais je ne pourrai supporter ce qui est contre nature. Les ombres vivantes, ainsi que cette nouvelle nécromancienne, alliée aux malarites qui se prétendaient serviteurs de la nature, même si ce fut une autre facette de cette dernière. Certes, elle est peut être leur alliée car elle chasse les nons-morts, mais on peut les chasser sans les avoir étudier avec passion et volupté. Qui plus est, je l'ai déjà vue s'en prendre à la nature elle-même, par ses sorts d'effritement et de flétrissure, vidant Mère de sa substance liquide et la pourrissant... Non, ces derniers gestes ne pourront être pardonnés...

Il vaut mieux donc, que je me retire dans le sud, avant de parjurer les responsabilités des autres. Je ne laisserai pas les choses en l'état, et je ne les fuis pas. Mais il vaut mieux pour tous que je m'éloigne.

Ma destination restera secrète. Mon nouveau logement restera inconnu. Je suis l'elfe du voyage, pas l'elfe sédentaire. Mes pas ne sont utiles que là où ils peuvent aider. Le nord sera toujours ma demeure d'une certaine façon.

L'elfe était donc parti. Il avait quitté la communauté du Cyprès, après de si longue année passée en son sein, bien que physiquement peu présent. Il était parti vers le sud, les traces de ses pas se noyant dans les forêts. Cependant, il n'était pas allé en terrain totalement inconnu. En tant que Ménestrel, il avait toujours eu d'extrêmement bon rapport avec les Soeurs de la Vierge Noire. Il savait où se trouvait leur campement, et il savait qu'il pourrait toujours leur demander asile. Elles l'avaient connu également en tant que Celebloxë, l'Archer Mage de Haut Refuge. Certaines étaient même des amies.

Quelques temps après son départ, les elfes se rassemblèrent dans les bois de Padhiver. La fête du printemps allait battre son plein. Cette fête n'était que réjouissance en l'honneur du retour de la vie et de la fertilité de Mère Nature. Les rares humains qui y auraient assistés l'auraient trouvées totalement dévergondée, comme une orgie sans nom. Mais ils ne pouvaient comprendre que chez les elfes, l'acte d'amour ne portait pas la même signification que chez eux. Les elfes possédaient dans leur nature d'autres gestes bien plus forts encore pour sanctifier le lien unissant deux êtres. La Communion n'en était qu'un exemple, mais il y en avait bien d'autres, tels que la fusion éternelle de deux âmes... Néanmoins, cet acte n'était pas non plus méprisé et gardait tout de même parmi le peuple elfique un caractère sanctifié.

La fête du printemps laissait donc libre cours aux instincts débridés de ses participants, dans la joie et l'humeur chantante. C'était le symbole de la fertilité retrouvée après l'hiver rigoureux. Ceux dont les coeurs étaient proches se laissaient entraîner par l'ambiance et la joie, marquant cette nuit sacrée de gestes tendres et sincères.

L'Archer était arrivé au bosquet des pixies avant bien des invités. Mais il était resté longtemps dans l'ombre, gardant son arc à portée de main, montant la garde et patrouillant la forêt. Les garous n'étaient plus présents, mais il restait encore bien des dangers potentiels dans les profondeurs des bois.

Lorsque tout le monde fut présent, alors seulement il s'autorisa à entrer dans le cercle de la fête, laissant son humeur maussade et sombre en dehors du cercle de lumière. A peine arrivé, il fut chaudement salué par son ami, Dardan, le plus sincère. Ensuite Tilik l'invita à danser.

Il avait vu danser de nombreux elfes déjà. Mais leurs danses avaient parfois un certain goût d'humain, malgré leur fluidité et leur perfection inégalée. Certains en oubliaient la magie...

Avec son sourire en coin énigmatique, il accepta donc... et en profita pour rappeler, par l'exemple, que la nature elfique est également fusionnée avec la nature de la magie. Entamant un sort, il fit apparaître des étoiles d'Arvandor, minuscules boules de lumière scintillante... Ces dernières vinrent tourbillonner autour des danseurs et des spectateurs, unissant leur nature à celle des participants. La magie bourdonnait, tandis que les corps se coulaient fluidement dans l'harmonie des mouvements. La danse prenait fusion, transcendant les mouvements pour devenir consistante...

Sur la dernière note, sur le dernier son, quand tout se figea dans l'attente du silence, alors les étoiles de lumière filèrent vers le ciel, explosant dans un tonnerre de crépitement et laissant jaillirent une pluie d'éteincelles d'argent sur les danseurs assemblés. La musique se tut alors et les participants se saluèrent avec noblesse... La fête continuait !

S'écartant du groupe, l'elfe de flammes se mit à rêver...

Ma Douce et Ma Belle, c'est vers toi que ce soir, se tournent mes pensées. Ah qu'il aurait été merveilleux de se rencontrer en cet instant magique et éteincelant. Que la Seldarine veille sur toi et te protège où que tu sois...

Doucement, la nuit s'avançant de plus en plus vers le calme, l'elfe reprit ses affaires discrètement. Sans un bruit, sans se faire voir, il se fondit sous les arbres de la forêt, laissant ses frères et soeurs à la fête tandis qu'il regagnait les ombres.

Un grain d'espoir et de lumière... Je n'existe que pour que de tels moments puissent encore survenir dans le futur. Amusez-vous, frères et soeurs, tel est mon voeux pour vous tous...

Dans les ténèbres, ses pas disparurent à nouveau... sans traces il était venu, tout aussi invisible il était reparti...

Un long refuge...

Dans les forêts secrètes des elfes, une ombre se balladait, toujours l'arc à la main, cet arc sans aucune corde, bourdonnant d'une vie propre et chantant la gloire de la nature elfique. Ses frères et soeurs noires, suivants d'Eilistraée, l'avaient accueillis depuis un long moment. Il s'était retiré des affaires du monde pendant quelques temps, ayant besoin du calme des forêts et de l'absence de tempête pour pouvoir réfléchir et grandir.

L'âme de la nature lui parlait. Chaque soir, il s'asseyait contre un tronc séculaire et se reposait en son sein. Les étoiles lui servaient de couverture et l'humus d'oreiller. La nature lui prodiguait de quoi vivre et il n'avait besoin de rien d'autre. Sa magie du feu lui offrait le confort de la chaleur. Il vivait depuis si longtemps en forêt, qu'il se forçait à contempler chacune de ses habitudes, afin d'en retirer l'essence même.

Chaque geste, chaque mouvement, répété des centaines de fois au court de ma longue vie... Chacun a son importance et son origine, mais l'habitude et la répétition nous conduisent à oublier les raisons et les causes. C'est pourtant là l'essence même d'un enseignement millénaire. C'est là même que l'être est capable d'apprendre et de suivre le schéma que lui enseigne son passé et son éducation. Chaque mouvement possède sa cause et produit son effet. Chaque action possède un but précis, cadré dans une logique particulière, commune ou non aux vivants de Toril. Nous qui vivons aussi longtemps, nous avons tendance à oublier ces raisons et ce passé, par force de l'habitude. Pourtant, c'est là qu'est notre essence et notre grandeur. Nous pouvons nous rappeler par nous-même le passé, alors que d'autres doivent le lire, l'apprendre et ensuite le comprendre...

Il est tant et tant de choses qui m'a été donné de connaître. Anbeleg, cet arc béni, n'est qu'une conséquence d'une longue série de causes. C'est une conséquence qui fut la cause de bien d'autres décisions et évènements. Tout se lie, tout forme une vie. Mais au cours de cette vie, il est fondamentale de pouvoir s'en rappeler ses racines, afin de se rapprocher le plus possible de la perfection.

Les elfes ont, par leur longévité, acquis le droit d'être au plus proche de cette perfection. Ils ont donc le devoir de la rechercher, au vu du cadeau que nous offre notre Mère Nature. Nous ne pouvons nous éloigner de ce chemin...

Dans les ombres de la forêts, les sylvains avaient repérés cet elfe solitaire, retiré dans ses réflexions. Avaient-ils entendu parler de son passé ? Savaient-ils qui il était ? Peut-être les rumeurs avaient-elles pénétrées leurs forêts ? Rien n'en était moins sûr. Mais ils savaient que les Danseurs et Danseuses de la vierge l'avaient accepté. Ils passèrent donc leur chemin sans même se révéler, comme à leur habitude. Cependant, alors qu'ils tournaient dos à la silhouette alongée, les yeux de flammes incandescente de l'elfe les suivirent.

Je suis l'ombre d'un feu de Vie. Je pensais brûler pour honorer la race entière. Je pensais brûler pour guider mes frères... Mais vers où les ai-je révélé à eux-mêmes ? Que sont-ils réellement devenus ? J'ai échoué dans la tâche. Dieux de la Seldarine, pardonnez-moi... Solonor, mon Père, accorde moi d'ouvrir les yeux sur les vérités du monde, afin d'y trouver le repos du devoir et le calme de la confiance...

Sur ces pensées, l'ancien Maître des Archers Mages des terres elfiques de Haut Refuge sombra dans ses rêves... Il n'était plus qu'un elfe simple et seul, rêvant dans les bras de sa Mère Nature...

Un nouveau départ...

L'elfe de lune, habillé de vert, aux yeux rouges, était remonté vers le nord. Il avait dit au revoir aux soeurs qui dansaient sous la lune. Les elfes noirs n'étaient plus aussi étrangères pour lui qu'elles ne l'avaient été par le passé. Mais il se devait de sortir de sa retraite et de sa méditation. Le monde continuait de vivre, et donc de changer... et il ne pouvait pas rester en dehors pour l'éternité, car il se serait fait rattraper un jour.

Il remonta vers Luskan en longeant la côte, examinant les changements. Il découvrit de nouveaux villages qui lui étaient inconnus jusqu'alors. Les hommes étaient toujour aussi vifs pour reconstruire et détruire. Ils amenaient avec eux l'énergie et la volonté de réaliser des rêves... Mais l'elfe n'oubliait pas qu'ils mettaient également la même motivation à les détruire.

Ensuite il arriva enfin à Luskan, mais il n'entra pas dans la ville. Ce n'était pas encore pour les autres races qu'il était revenu, mais pour ses frères et soeurs. Il les avait laissé depuis trop longtemps... Lorsqu'il arriva à Haut Refuge cependant, il ne put empêcher quelques larmes de couler. La cité était abandonnée à la Nature, les elfes étaient tous partis. Pour l'elfe aux yeux rouges, ce fut un coup dur, mais pas insurmontable. Ses frères et soeurs semblaient être partis de leur propre chef, quittant les terres qu'ils avaient habitées sans se faire remarquer, à la manière du Peuple. Le cycle de la vie continuait ainsi, et ils avaient choisi de vivre leurs propres vies. Il se devait de respecter ce choix.

L'elfe revint alors vers la ville de Luskan. Il savait qu'il y trouverait toutes les informations nécessaires pour ses autres frères, ceux de l'ombre. Il n'avait pas oublié ses autres serments, qui le liaient à ceux qui défendaient la lumière en croisant le fer dans les ténèbres, tous ces combattants invisibles, prêts à donner leurs vies, à sacrifier leur liberté et à mourir pour l'amour des vivants. Il n'avait pas oublié que sous un ciel de nuit, il avait juré allégeance aux Ménestrels, puis aux Lunétoiles.

C'est dans cette ville d'humain qu'il apprit la puissance grandissante du Concile Noir. Les bainites, l'ombre du nord, grandissaient encore et de nouveau en puissance. Ils traquaient innocents et ennemis afin d'assurer à nouveau leur règne de terreur. Le mal contenu dans les citadelles du nord renaissait...

Arkenn, frère combattant et protecteur des tiens, tu as désormais un choix à faire. J'ai eu plaisir à te recroiser sur la place de cette cité humaine, mais il va être temps pour tous ceux qui restent sur la touche de faire un choix: pour ou contre l'Ennemi. Les forces se dessinent, l'échiquier se met en place. Ceux qui désirent en ressortir seront broyés par une force ou par l'autre, consciemment ou inconsciemment. Les pions bougent et les vents tournoient...

Un maître d'arme de la Légion avait été capturé au nord. Il s'était donné la mort, afin d'éviter les tortures certaines que lui aurait fait subir ses geôliers. Son corps était ramené en ville par les bainites. L'Impercepteur lui-même était présent. Il fallait tenter sa chance !

La remise du corps avait lieu sur le ponton du port de Luskan, là où la garde de la ville était justement la moins présente. Quelle chance ! Une telle occasion ne se représenterait pas deux fois. L'Archer prit position sur la muraille nord et observa la scène. La discussion entre la Légion et les Hommes de la Terreur était vive et animée. Leur frère leur était rendu, mais quelle douleur était infligée !

C'est alors que des flèches, brûlante de foudre, frappèrent une première fois l'Impercepteur. Le tireur était posté sur le mur de la tour sud... Elles ne firent pas grand mal, hélas, mais le message transmis était clair: l'espoir de vaincre le mal et le courage d'affronter la Terreur était présent en Luskan. La résistance existait et vivait dans les coeurs de certains !

Je ne peux laisser passer une telle occasion. Ils ont osé frapper. Il faut qu'ils sachent qu'ils ne sont pas seuls. Qu'ils ne seront jamais seuls.

Glissant discrètement le long des murailles, l'elfe changea de place. Il se posta à son tour du côté de la tour sud, alors que la discussion en bas était toujours aussi vivace. Plongeant ses mains sous sa cape, il saisit un bois noir, un bois de mort.

Ô toi, ma flèche, j'espère ne pas user en vain de ce sacrifice. La Nature et la magie m'offre ton don, que les choses soient ce qu'elles doivent être...

Doucement, il sorti Anbeleg de sous sa cape. Glissant la flèche le long du bois de l'arc, il s'unit à son arme... Flèche, arc et archer ne faisait plus qu'un seul Être. Il redevenait le chasseur, le protecteur et le messager. Il était le Maître Archer Mage, formé par les plus grands du Refuge des Elfes. Il était l'héritier de l'Essence du Peuple, et en cet instant précis, il ne pouvait les décevoir. Le message devait être clair.

Il décocha son unique flèche qui fit mouche... Mais la magie du Tiran était puissante et son envoyé résistant. Il ne tomba point... Peut-être ne chancela-t-il même pas, mais le bois du message était fiché dans sa carapace. L'espoir et la lumière étaient toujours vivants ! Que tous entendent cela ! Que les ombres de Luskan s'éveillent et se battent !

Incantant rapidement un sort d'invisibilité, l'Archer se mit à couvert avant de sortir de la ville. Son destin était scellé, il le savait... Mais un tel sacrifice pouvait être permis. Ses pas reprirent la direction de son monde, sous les ramures des arbres et dans les profondeurs des forêts.

Le monde possède désormais l'Espoir...

La lutte recommence...

Haut sur la colline, la mince silhouette elfique se dessinait contre le ciel des petites heures de l'aube. L'elfe sortait des bois, en contrebat. Il semblait figé, attendant quelque chose... Sa cape flottait doucement, caressée par la brise légère du matin.

La lutte recommence... et je ne dois pas prendre peur. La peur amène la lâcheté et la fuite. Elle résulte de l'ignorance et de l'inconnu. Les hommes, faibles, ayant la vie trop courte, éprouvent souvent la peur véritable. Je ne dois pas céder à cette faiblesse. Je dois apprendre et comprendre en mon coeur que je ne pourrai jamais tout savoir, qu'il est nombre de choses en ce monde que je devrai accepter, parce qu'elles sont. Le cycle de la Nature et de l'Equilibre me l'impose... il faut que je l'accepte.

Je puis craindre, car la crainte est source de respect et d'admiration. Les dieux sont tantôt craints, tantôt révérés et aimés. La crainte est positive, en ce sens qu'elle me donne une place, une échelle parmi cette Nature Chaotique. Craint ton supérieur, car c'est l'ordre des choses.

Les hommes louent la peur car ils ne peuvent vivre suffisamment que pour s'élever. Rares sont ceux qui parviennent un jour à le comprendre. Déjà parmi mes frères, cela se révèle souvent long et difficile. C'est une clef essentielle pour les comprendre, pour comprendre leur véritable faiblesse.

L'elfe salua le soleil, priant doucement Rillifane de lui accorder les bienfaits des arbres et des forêts, priant Solonor pour lui accorder la force, l'agilité et l'endurance dans cette chasse nouvelle contre les ennemis du Peuple, et priant enfin Corellon, afin de lui donner la force de défendre ses frères. L'elfe embrassa le ciel, caressant du regard la nature qui s'étendait en contrebas. Le chant des oiseaux s'élevait dans le ciel ce matin là, sonore et pétillant comme les gouttes de rosée.

Caressant doucement l'arc qu'il tenait en main, l'elfe se mit alors en mouvement, s'enfonçant parmi les frondaisons des arbres.

Ô Lunétoiles, mes frères, l'heure de la nuit approche tandis que nous observons le coucher du soleil. Nous sommes ceux qui apportent l'Espoir, par tous les moyens possibles. C'est à nous désormais d'agir. Aigle du Soleil a trouvé la mort par le passé, chez nos anciens alliés Ménestrels. Il nous revient maintenant la tâche de soutenir ce que nous pouvons contre le pire qui soit. Des cendres l'Aigle jaillit le Faucon... Et celui-ci voyagera sur les ailes de la tempête.

Ainsi mon destin se trace, moi premier né des Lunétoiles en ces terres nordiques du Val, moi Faucon de Tempête...

La lutte continue...

L'elfe était au campement de la Légion. Cela faisait maintenant longtemps qu'il connaissait ces humains-là: Arkenn et Tristan. Ce n'était pas des amis, mais des gens avec qui il aimait passer un moment. On ne peut se fier à un humain sur le long terme, mais il arrive que certains chemins se croisent... L'elfe aux yeux de feu discutait donc avec la "tribu barbare" comme il aimait l'appeler.

C'est alors qu'un Archon lumineux fit son apparition. Jaillissant de nul part, ou plutôt tombant du ciel, il vint porteur d'un message:

Le Colosse est hors des murs de Luskan. Il est mortellement blessé.

L'occasion était trop belle. On ne pouvait pas la laisser passer. La troupe rassemblée était cependant hésitante. Etait-ce un piège ? Que faire ? Envoyer un éclaireur !

Trop lent, beaucoup trop lent. Il faut agir vite et tout de suite.

L'elfe savait que ce genre d'hésitation coûtait la victoire. En situation de guerre, il faut agir, même si l'on se trompe. On perd moins à bouger qu'à rester inactif, même si l'on bouge mal. La Capitaine de la troupe ordonna le départ d'un des familiers de ses arcanistes, tout en interdisant que ses hommes sortent. Dommage...

L'elfe n'était pas soumis aux respects des ordres. Il demanda rapidement la permission de sortir et s'enfonça de suite dans les bois. Il chercha prudemment, car cela pouvait être un piège, après le Colosse tomber et son escorte qu'il ne manquerait pas d'avoir. Dans les alentours de la porte Est, il ne trouva rien.

Il prit alors la direction du nord. C'était les deux sorties les plus habituellement "animées". Le sud viendrait en dernier. Au nord, il rencontra Mère, la métamrophe gardienne de l'Equilibre, et Leen. Ces dernières lui indiquèrent que le Colosse était tombé du côté du camp des orcs et que ses hommes l'avaient alors emmenés vers l'ouest. C'est au moment où il s'apprêtait à repartir qu'il les vit arriver: deux femmes, l'une supportant la masse énorme de Tyrion de l'O, qui avait été manifestement couvert de flèches.

L'occasion ne se représenterait pas. Il fallait agir et il était sur son terrain. L'archer plongea parmi les arbres, déjà couvert par un sort d'invisiblité. Se plaçant là où il pouvait voir sans être vu, il harcela le groupe, décochant deux flèches qui ne manquaient jamais leur cible. Ses fidèles armes se frayèrent un chemin vers Tyrion, contournant les corps des deux femmes. Le Colosse tomba alors.

Mais ils étaient loin. L'Archer voyait mal ce qui se passait. Le Colosse était à terre, mais était-il mort ? Etait-ce une victoire ? Il ne pouvait le savoir qu'en se rapprochant, mais la barde était un obstacle. Elle possédait des sorts de vision, il ne devait pas l'oublier. Il décida néanmoins de se lancer dans une puissante dernière attaque: une spécialité des Archers Mages. Marmonnant les paroles rituelles et magiques de ses ancêtres, il transforma sa prochaine flèche en une nuée de dards ciblés. Trois traits fulgurants partirent vers ses victimes, un pour chacun.

Dans le mouvement suivant, l'elfe se recamouflait et s'enfonçait dans les bois. Il n'avait pas vu le résultat de son tir, mais il ne pouvait se permettre de s'exposer inutilement. Les gardes de la ville commençaient déjà les patrouilles... Il vallait bien le jouer finement. La ruse est plus forte que le muscle.

L'elfe eut néanmoins l'occasion de rire lorsque les archers des murs de la ville tentèrent au hasard de tirer les bois. Peut-être espéraient-ils ainsi tuer le chasseur ? Ils étaient loin d'en être capable. Solonor défendait ses fils contre les prédateurs inutiles, contre ceux qui ne respectaient pas l'ordre naturel établi. Les ennemis du Peuple allaient devoir commencer à craindre Shavarash le vengeur et le Grand Archer.

Par Corellon, Pères de la Seldarine, je vous en conjure... Donnez moi la force de continuer !

L'elfe rentra au campement de la Légion. Il reçut l'autorisation de s'y reposer au calme avant de repartir. Là, perché sur l'une des falaises qui surplombaient l'endroit et servaient de murs défensifs, il médita longuement. A minuit, brandissant Anbeleg, il tira un trait de feu à la vertical, offrande à Solonor, patron et protecteur de tous les archers du Peuple...

Une errance...

Durant ses errances dans les bois, Celebloxë rencontra Tilik. Elle espionnait deux personnes: une elfe, manifestement une de ces dorées extrémistes, et une halfeline de la famille des hins. Ils discutaient au sujet de la meilleur façon de chasser ceux qui n'étaient pas elfiques. Quelle tristesse de voir que certains de ses frères n'avaient toujours pas compris les leçons du passé. Quelle tristesse de voir que cette soeur semblait ne jamais avoir été éduquée. Elle laissait percevoir son dédain au travers de la violence, s'avilissant dans l'extrémisme sans même remarquer sa véritable supériorité sur les autres races.

Malheureusement, durant leur écoute, la hin (ou était-ce l'elfe ?) perçut leur présence. Elle réagit vivement en tentant de poser des pièges sur le chemin de fuite de Tilik et de l'elfe. Ce ne pouvait être qu'une attaque. La fuite aurait vu les pièges se faire disposer autrement. Alors l'elfe tira.

La hin tomba rapidement. L'elfe n'avait pas tiré pour tuer, mais la flèche était magiquement renforcée. Elle tomba, assommée. L'elfe quant à elle était une bonne guerrière. Elle mit Tilik au sol, mais ne put atteindre l'Archer Mage. Le combat cessa rapidement, chacun décidant de s'occuper de ses blessés. Celebloxë ramena la demi-elfe au campement de la Légion.

La soirée passe...

La cérémonie prenait fin. Abdul, le guerrier instructeur de la Légion, était emporté par ses frères d'armes. L'elfe avait regardé tout le rite funéraire des barbares, en honneur du Calimshite présent. Les humains avaient des rites étranges, mais par amitié, il fallait les accepter. C'était également ce qui démontrait à des êtres que les liens de confiance existaient, une présence, une attention qui ne demande pas grand effort, mais qui pèse tout son poid.

L'elfe avait même offert un cadeau à la tribu, comme il l'appelait lorsqu'il se parlait à lui-même: une flèche d'Arc en Ciel, signe du passage d'un monde à l'autre. Chez les elfes, l'Appel permet à l'Etre de quitter le monde vers l'Arvandor. Que pouvait-il offrir de plus précieux à cet inconnu qu'un signe du Peuple ?

Lorsqu'il partit rêvé, ses pensées étaient toutes tournées vers la Légion et son chagrin, comprenant la douleur que pouvait faire ressentir une absence. Il avait connu les mêmes souffrances par le passé, lorsqu'un frère disparaissait avant de pouvoir partir de lui-même. Mais les hommes ne pourrait jamais réellement comprendre que la mort d'un elfe est peut-être pire que toute autre chose si les rites ne lui sont pas accordés. C'est noyé parmi les souvenirs des morts qu'il connût, que l'elfe se mit à rêver.

Il quitta le camps avant le levé du soleil, laissant derrière lui le souvenir des larmes et des tracas. Sa vie était une vie d'errance au travers des bois, et c'est donc vers sa demeure qu'il marchait à présent.

S'enfonçant sous la ramure des arbres, il marcha dans les forêts elfiques jadis habitées par ses frères. C'est ainsi qu'il arriva devant Haut Refuge, ou plutôt ce qu'il en restait. La cité semblait désert et pourtant... les yeux aguerris d'un guerrier elfique pouvait aisément remarquer les signes. Ceux-ci révélaient indiscutablement la présence d'autres membres du Peuple.

C'est en montant dans les Cîmes qu'il les vit. Au fond du temple de la Seldarine, une silhouette se tenait à genoux devant les ruines de l'ancien autel. Un autre archer-mage était présent, mais il avait l'air farouche et décidé. Le sang remplit les narine de l'elfe aux yeux rouges... Cet elfe exhalait la violence. Lorsqu'il parla avec lui, il comprit rapidement: les sylvains avaient décidé de reprendre l'endroit et de le protéger en tant que sanctuaire elfique. Aucune autre race n'y serait jamais plus admise et même les elfes trop doux à leurs yeux s'en verraient bannis.

Même si je suis en désaccord avec leur vision du monde, je ne puis les blâmer. Je sais à présent que Haut Refuge sera bien défendue, même mieux que jamais. Je sais à présent que je n'ai plus à me tracasser pour la cité dans laquelle j'ai grandi. Elle sera protégée farouchement.

Tournant le dos définitivement aux ruines de son passé, l'Archer Mage reprit alors la route des bois. Il savait désormais qu'il ne reviendrait pas de si tôt parmi les pierres qui commençaient à se lézarder.

Dans les bois, il trouva quelques autels consacrés à la Nature. Il s'arrêta auprès de l'un d'eux et pria longuement les Seigneurs du Peuple. Corellon, Solonor et Shavarash furent honorés pour leurs dons. Puis, après ce moment de calme et de prières, il reprit son chemin, toujours vers les bois de Dame Nature.

Arrivé sur les terres de la trêve, à la place de l'ancienne Transylance, l'Archer Mage se mit à méditer. Il devait trouver le bois adapté pour reproduire la flèche qu'il avait gaspillée sur l'Impercepteur. Il se mit donc à l'écoute de l'esprit de la nature, sombrant dans une sorte de rêverie éveillée. Sa transe l'attira dans une longue ballade forestière, douée de dangers mais aussi de tranquilité. Son âme se reposait autant que son corps se fatiguait.

C'est lorsqu'il arriva auprès d'un cercle de pierre qu'il s'assit et commença à rêver. Son être et son esprit lui semblèrent devenir légers... si légers qu'il aurait pu voler au dessus du monde. Dans son rêve, il vit une grotte envahie par le sable et l'eau salée. Dans cette grotte, des créatures oniriques semblaient s'y promener, en paix les unes avec les autres. Il était lui même dans une paix indescriptible. Il dut faire un effort mental important pour ne pas s'endormir sur place et se mouvoir. Ses pas le menèrent hors de la grotte, dans une petite vallée débouchant sur une forêt. Il entra rapidement sous les arbres, les créatures les plus étranges l'accompagnant: satyres, licornes, hommes-loups,...

Ses pas le guidèrent vers un autre cercle de pierre. A contre coeur, mais sachant bien qu'il ne devait pas se noyer dans son rêve, il se réveilla... de nouveau dans la forêt de Luskan.

A ses pieds, une branche de bois, d'une taille parfaite, gisait tranquillement. L'elfe leva Anbeleg vers le ciel et décocha un trait de feu à la vertical en hommage à Solonor pour son don. Il prit la branche et partit se réfugier dans un coin sombre, là où il ne serait jamais dérangé. Dessinant les anciennes et terribles runes elfiques qu'il avait appris, il écrivit sur la flèche les symboles de la Mort.

Je te réserve pour mes pires ennemis, pour tout ceux qui comptent s'en prendre au Peuple. Tu es la mort, tu es ma main purificatrice, tu es destinée à mourir pour mieux sauver la vie ! Merci, Nature, pour le don que vous m'avez prodigué pour la défense du bien et de la Seldarine.

Rangeant son matériel et glissant la flèche sous sa cape, au côté de son arc, l'elfe se releva et quitta la grotte dans laquelle il s'était réfugié.

Le monde m'attend...