Le Val de Bise - Module NWN
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Le Val de Bise - Module NWN

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 [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse

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Semper_Eadem
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Semper_Eadem


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MessageSujet: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 15:11

Citation :
Nom du compte joueur forum : Semper_Eadem
Nom du compte joueur module : _SemperEadem_
Nom du perso : « Narcisse »
Race : Humaine
Age : 30 ans
Alignement : Loyal bon
Religion : La Triade – L’archon Domiel
Classe(s) et nombre de lvls (prévus) : 15 Roublard / 10 Slayer of Domiel
Arme de prédilection : Epée courte (x2)
Langues : Commun / Chondathan / Céleste / - /

Traits de Caractère : Un tourbillon de fleurs, un visage serein et doux qui se dévoile à peine sous une façade neutre et austère. La demoiselle parle peu, mais n’est pas pour autant froide. Elle sourit peu, mais n’est pas triste non plus. Elle semble lisse, comme si elle n’était pas de ce monde, ou qu’elle ne faisait qu’y passer.

Description physique : Si d’aventures vous contempliez davantage la femme qui vous fait face, vous remarqueriez sa silhouette fine et élancée, son regard bleu glacé et sa peau pâle, balayée par des mèches de cheveux sombres. Elle est jolie mais ne semble pas se soucier d’une quelconque coquetterie, préférant la simplicité à l’apparat. Sous ses cheveux, à la base de la nuque, peut-être un jour découvrirez-vous la fleur qu’elle cache.

Caractéristiques :
FOR : 10
DEX : 14 -> 20
CON : 10
INT : 14
SAG : 14
CHA : 15

Portrait du personnage IG : Ici

[Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse Avat_nwn


Dernière édition par Semper_Eadem le Mer 10 Juin - 15:35, édité 2 fois
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Semper_Eadem
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 15:13

A la lueur d’un feu de camp, Narcisse se réchauffe les mains, les frottant l’une contre l’autre doucement. A ses côtés, Rély est assis et observe son élève avec attention. La lueur de la lune perce faiblement le feuillage qui les abrite. Cela fait presque dix années qu’ils se voient ainsi, de façon éparse, clandestinement, dans la campagne proche d’Eauprofonde. Cela fait presque dix années qu’il lui enseigne tout ce qu’il a lui-même appris d’un autre. Il sait qu’il se fait vieux désormais et que sa quête va prendre fin prochainement. Il n’a plus sa souplesse d’antan, et ses articulations parfois le font souffrir lorsque le temps est trop humide. Cette nouvelle faiblesse a manqué lui coûter la vie peu de temps auparavant, et il se doute qu’il n’aura pas toujours autant de chance. La jeune femme qu’il dévisage est désormais une adulte accomplie, et une tueuse de Domiel à qui il a transmis son savoir. Narcisse avance ses mains vers le feu et en retire le petit chaudron. Elle s’empare d’une cuillère en bois, remue un peu la mixture et la montre à son maître.

- Huile de taggit, la victime perd connaissance. Cela permet de la livrer à la justice ou aux autorités compétentes le cas échéant, sans avoir recours à la violence.

Rély sourit, et hoche la tête en signe d’approbation. Il invite la jeune femme à poursuivre.

- Elle ressemble à de l’huile de cuisine, on peut s’en servir facilement en ayant accès aux cuisines de la proie. Il faut agir vite après l’ingestion car la victime reprendra conscience dans les trois heures qui suivent. On peut aussi employer de la mandragore, mais elle est plus rare à trouver.

L’homme approuve de nouveau, satisfait. Son élève ne présente plus vraiment de lacunes, et c’est par elle-même qu’elle va devoir progresser désormais. Depuis qu’il l’a rencontrée par hasard à Suzail, il n’a eu cesse de la suivre et de l’observer, cette enfant du Cormyr, cette fleur pure et innocente à la vocation si grande. Il a dû attendre le bon moment pour s’approcher d’elle, attendre aussi d’avoir l’aval de l’Ordre pour la former. Mais il n’avait aucun doute, il avait vu ce dont elle était capable et observé la foi qui l’animait. Son choix était le bon, il craignait juste qu’elle ne fût pas à la hauteur. Mais son élève avait déjoué ses craintes et s’était montré patiente.
Narcisse s’agite un peu, puis se penchant vers sa besace, elle en sort un ouvrage relié en cuir, qu’elle tend à l’homme à ses côtés.

- Je sais que vous allez me laisser poursuivre seule ma route désormais. Mais je voulais vous remettre ceci avant de m’en aller vers le Nord. J’ai parcouru le monde pendant ces dix dernières années en vous sachant près de moi, d’une façon ou d’une autre. Je voudrais rester près de vous pendant les dix prochaines années, par le biais de cet ouvrage.

Rély observe le cuir, qui ne porte aucune mention. Il l’ouvre et parcourt brièvement les lignes manuscrites qui obscurcissent la première page. Un fin sourire éclaire son visage quand il comprend que cet ouvrage retrace la vie de son élève. Il la remercie de ce don d’elle-même, et éteint les braises du feu de camp, après avoir versé le contenu du chaudron dans une fiole. La nuit se fait plus sombre, les nuages voilant la lune désormais. Il est temps de dormir. Il sait qu’en se réveillant, Narcisse sera partie vers le nord, accomplir sa mission là où elle sera nécessaire.
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Semper_Eadem
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 15:17

Prologue.

Je me nomme Narçalia de Cormaëtil, mais l’on m’appelle depuis bien longtemps Narcisse. Celle que je fus n’est plus aujourd’hui car chaque cause demande un sacrifice. La mienne m’a demandé peu de choses en comparaison de ce que j’y gagne, et elle est ma raison de vivre. Je ne me demande plus comment j’en suis arrivée là, car chaque question que j’ai pu me poser dans mes moments d’égarement a désormais sa réponse. En réalité, aucune des questions que je me posais n’appelait de réelle réponse. Je suis ce que je suis car c’est inhérent à ma nature. Pourquoi aller chercher plus loin ?
Aujourd’hui, je suis un assassin. Le mot fait froid dans le dos, n’est-ce pas ? Je tue parce qu’il doit en être ainsi. Ainsi vont les choses, la vie se défend comme elle le peut. Cela ne m’affecte plus, car telle est ma voie, tel fut mon choix, il y a maintenant de nombreuses années. Je tue parce que l’espoir est parfois tout ce qu’il reste. Je tue parce que le sang que je fais couler n’est pas digne de charrier la vie. Je tue car tel est mon devoir. Je tue, pour le Bien.

Chapitre I

J’ai reçu tout l’amour que peut souhaiter recevoir un enfant. Une famille nombreuse, deux garçons destinés à devenir chevaliers, trois filles destinées à être bien mariées dans une ville où notre nom était déjà un passe-droit.
La maison familiale tenait du manoir et me semblait immense. J’adorais y courir avec mes sœurs, jouant à se cacher dans les nombreuses pièces qui la constituaient. Mon plus grand plaisir était de descendre aux cuisines pour y sentir l’odeur de pain chaud, le matin. Je partageais ce moment particulier avec la fille de notre gouvernante, presque religieusement. Nous attendions derrière la porte, aux aguets, nous emplissant de cette odeur qui comportait à la fois la douceur de la mie tiède et le croustillant de la croûte qui dorait encore. Puis nous entrions et le cuisinier ne manquait de nous accueillir avec un large sourire, nous laissant nous asseoir à la table de préparation, et nous tendant à chacune une petite miche que nous dévorions d’un appétit tout enfantin.
Je me souviens que très jeune déjà, je m’interrogeais beaucoup sur les valeurs de l’existence. Plus particulièrement d’un événement que j’ai du mal à retracer dans ses moindres détails mais qui avait alors marqué ma petite enfance. C’était un matin comme les autres, je pense, car je me souviens de la cuisine et de mon amie. Mon frère nous surprenait alors, l’un de mes deux frères, je ne saurais dire lequel. Il avait dû ressentir quelque jalousie à nous voir ainsi attablées et m’avais interpellée sur ce qu’il y avait de mal dans ma conduite en des termes qui m’ont échappé. Il avait parlé de gaspillage, de gourmandise, et cette intervention avait pris sans doute une ampleur démesurée dans ma tête d’enfant. Par la suite, je me revois marcher dans un couloir long et richement décoré, dans une ambiance feutrée. Au bout de ce couloir, une porte s’ouvrait sur un salon recouvert de tapis de couleurs vives. Une cheminée illuminait deux fauteuils spacieux, de velours rouge. Ma mère et mon père s’y tenaient, discutant de la politique royale sans doute, car ils étaient des nobles de Suzail. Ils s’interrompaient pour me voir arriver, un sourire chaleureux sur leurs doux visages. Dans mon souvenir, ma mère tenait entre ses mains un ouvrage de couture, ce qui m’étonne aujourd’hui ne lui ayant jamais connu le moindre intérêt pour ce genre d’activités. L’odeur de la pipe que fumait mon père emplissait la pièce, me piquant un peu les yeux et les narines. Je leur avais alors demandé quelle était la différence entre le bien et le mal, ou une question similaire sur le sujet. La question devait me tarauder depuis l’intervention de mon frère. Vivant dans un univers qui me semblait véhiculer les valeurs du bien, je refusais de tout mon être de faire le mal. Il me fallait donc le définir pour pouvoir l’éviter. Mes parents restèrent un instant coi puis mon père avait pris la parole de la voix grave et rocailleuse qui le caractérisait. Sa réponse, si le contexte dans lequel elle avait été prononcée demeure flou dans mon souvenir, fut, elle, à jamais gravée dans ma mémoire.

- Le bien et le mal ne sont pas deux mondes cloisonnés, étrangers l'un à l'autre... La frontière est parfois imperceptible entre eux. Seule toi pourras être juge de tes actes et déterminer leur valeur.

J’ai longtemps retenu cette phrase sans jamais vraiment la comprendre. Plus tard, je sus que mon père n’avait pas la réponse à cette question. Je ne l’ai pas moi-même maintenant. Mais à cette époque, la recherche de ce qu’était le mal, et donc de ce qu’était le bien, guida toutes mes réflexions.
Par la suite, comme tous les enfants ayant une idée en tête, je posais souvent des questions à ce sujet aux personnes de mon entourage. L’un des amis de la famille les mieux placés pour me guider était prêtre de Tyr, un abbé je crois. Dans la vaste salle du temple où les offices se déroulaient, que je devais fréquenter beaucoup plus assidûment quelques années plus tard, il me tenait des discours longs et fastidieux que j’écoutais tant bien que mal étant donné mon jeune âge. Je n’en ai malheureusement pas retenu grand-chose si ce n’est quelques pensées qui avaient sans doute davantage parlé à mon esprit d’enfant.

- Le péché c'est vouloir ne plus dépendre des dieux, affirmer que notre destinée se réalise par nos seuls efforts, sans l'aide divine. C'est prétendre discerner seul ce qui est bien de ce qui est mal, et que l'on peut accéder au salut par soi-même.

Suite à ces divers entretiens, je commençai à appliquer en pratique la notion de bien, et avec toute ma naïveté enfantine, il m’arrivait de partager ma miche de pain matinale avec le chien du cuisinier dont la gratitude se manifestait par un battement de queue résonnant contre le pied de la table. Je me sentais alors heureuse du devoir accompli.

Chapitre II

Lorsque j’attins l’âge de raison, l’abbé du Juste décida de me prendre sous son aile, si l’on peut nommer ainsi la demande formulée par ses soins à mes parents de se charger de mon éducation religieuse. Cette idée saugrenue sans doute lui avait été inspirée, comme je le compris des années plus tard, par mes questions enfantines incessantes. Les souvenirs de cette période de mon enfance sont plus précis mais certaines zones d’ombre demeurent encore, le temps faisant son office sur ma mémoire. Je pense que mes parents ont accepté prestement cette proposition. Mon père était un juge reconnu obéissant aux dogmes du Juste et ne pouvait voir là qu’un honneur fait à sa fille. Ma mère, une femme douce et docile, ne vivait que pour appuyer son époux et voir ses enfants devenir ce qu’il y avait de mieux pour la famille. Ainsi, que mon destin tout tracé par la noblesse soit modifié ne leur posa, à mon avis, aucun problème.
Je débutais donc mon éducation au temple de Tyr. Le temple où je me rendais était à mes yeux le plus beau bâtiment qui puisse exister. La vaste salle que j’avais fréquentée auparavant était éclairée par de larges fenêtres vitrée. La lumière du soleil venait caresser les dalles blanches et alignées avec soin, et l’autel consacré semblait nimbé d’une aura mystique et divine lorsqu’heure du zénith sonnait. L’abbé était un homme patient, mais qui ne devait avoir aucune vocation pour l’enseignement. C’est une autre personne qui se chargeait donc des enfants, une jeune femme dont les longs cheveux blonds me rappelaient les champs de blé et qui représenta rapidement l’adulte que je voulais devenir. Outre sa gentillesse, je me souviens aussi de sa façon simple de s’adresser à nous, enfants en friche qu’elle modelait. Mes « cours » se déroulaient dans une pièce annexe, dans laquelle quelques tables et chaises avaient été disposés face à un tableau noir sur lequel elle notait parfois quelques phrases. J’y appris à lire et à écrire dans ma langue régionale mais aussi en commun. Et c’est là aussi que me vint une nouvelle conception du bien et du mal inspirée directement du dogme du Seigneur Aveugle : pour faire le bien, révèle la vérité, punis les coupables, restaure la justice et agis toujours avec droiture. Je m’employais donc, non sans difficulté, à être fidèle à ces préceptes. J’observais les jugements, je m’attelais à ma théologie, j’apprenais à servir le Bien. Mon approche des autres évolua parallèlement à cet apprentissage et du chien à qui j’offrais du pain, je me joignis aux âmes charitables qui aidaient les plus pauvres de la ville à subvenir à leurs besoins. J’assistai lorsque j’en avais l’autorisation aux jugements rendus par mon père ou d’autres juges de la cité. Mon cœur battait à vive allure lorsque la sentence était prononcée, comme impatient de voir comment le Bien triomphait du Mal grâce à la Justice droite et universelle.
On évoqua alors pour moi des mots qui me semblaient lointains : on me parla de prêtrise, on me parla de paladinat. Ces notions étaient nouvelles et étrangères. Je me renseignai donc, et la lueur de fierté qui s’allumait dans le regard de mes parents lorsque je me confiais à eux me convainquit du « Bien » que ces deux voies offraient.
J’appris à prier, j’appris à être humble devant mon Seigneur. J’appris le droit, l’équité. J’appris l’Histoire, j’appris les Ennemis.
Mais j’appris aussi que dans un monde qui ne pouvait pas être le mien des gens étaient malheureux, des gens mouraient, des gens souffraient, des gens pleuraient, des gens étaient victimes de l’injustice, de la famine, de la pauvreté, et encore plus grave que tout, étaient victimes de la cruauté des autres hommes. Je ne voulais ni ne pouvais y croire, moi qui ne voyais le mal que dans les larcins de quelques voleurs et les mauvaises blagues de jeunes enfants. Je priais davantage et me tournais vers le Dieu Brisé dans mes prières, pour que cette souffrance, à laquelle je n’osais croire, cesse. Je pris alors la ferme résolution de devenir paladine, comme ces gens que l’on m’avait présentés comme les héros du Bien, les champions de Sa Juste Cause. Cette voie uniquement apaiserait mes doutes et mes craintes, et me permettrait de faire le Bien, encore mieux.
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Semper_Eadem
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 15:18

Chapitre III

C’est dans les débuts de mon adolescence que commença donc ma véritable formation pour devenir paladine du Juste. On me nomma écuyère d’un homme bon et généreux, paladin aux tempes grisonnantes dont les cicatrices prouvaient, à mes yeux, la valeur. J’adorais m’occuper de son immense cheval, blanc évidemment, au poil soyeux et à l’amour inconsidéré pour les pommes. Mon existence se sépara alors de celle de ma famille dont j’eus des nouvelles de temps à autre, lors d’événements importants. J’étais partagée entre ma présence auprès de mon mentor et mon éducation au temple.
Ce choix fut loin d’être aussi simple que je ne le pensais. Autant je n’avais pas trop de difficulté à saisir les concepts subtils de la prière et du don de soi, autant la pratique physique et l’entraînement martial furent douloureux et fastidieux.
Mon mentor m’enseignait l’art du maniement de l’épée, et les matinées passées à soulever et abattre le long bout de bois taillé qui figurait mon arme m’exténuait. Le soir, percluse de courbatures, je comptais les hématomes qui recouvraient mes bras et mes jambes, non sans parfois une pointe de regret amer. Mais la cause était juste et l’idée de servir le dieu Aveugle, de devenir Son bras, Sa voix me rassérénait. La force me vint avec la puberté : j’eus une poussée de croissance fulgurante vers mes 15 ans, et mon corps jusque là fluet, voire maigre, prit des formes qui m’étonnèrent. Ma musculature se développa, et les années passant, les entraînements aidant, je parvins vite à maîtriser ce qui m’avait semblé impossible au début de ma formation. Je ne suis jamais devenue un maître à l’épée, mais je me défendais bien, et je valais les autres novices, la plupart des garçons, non sans une certaine fierté. L’apprentissage du port de l’armure lourde et le maniement du pavois me posa aussi de nombreux soucis, comprimée que j’étais dans toute cette ferraille avec ma nouvelle féminité. Mais aucun sacrifice n’était de trop pour parvenir à mes fins.
La partie la plus plaisante de ma formation fut l’apprentissage de l’équitation. Quel bonheur était-ce que de tâtonner, d’apprivoiser cet animal si noble que le cheval… Mes parents m’offrirent pour cela un jeune alezan, à la robe crème. J’aimais les petits pas que nous faisions l’un vers l’autre pour apprendre à nous connaître, puis à ne faire plus qu’un lorsque je le montais. Lorsque notre complicité fut établie, chevaucher sur son dos devint une extase sans fin, le vent fouettant nos deux visages de concert, le paysage nous regardant passer comme des flèches sans parvenir à nous saisir. Nous parcourûmes ensemble les abords de Suzail, les champs, les forêts, et découvrîmes bien des lieux splendides, presque magiques tellement ils nous laissaient songeurs et bienheureux.
Plus j’avançais dans ma formation, plus je me sentais investie de ma mission pour défendre le Bien. Il me semblait parfois que c’était le Juste lui-même qui m’avait guidée dans cette voie et qu’il m’observait – quand bien même il fut aveugle ! – peut-être même avec fierté. La prière était devenue pour moi une discussion avec Lui, et je pouvais rester des heures, assise sur le sol froid du temple à Lui parler, à Le questionner. De ces nombreuses conversations tenues avec mon Seigneur, j’appris beaucoup de moi-même. Je me sentais sans cesse jugée, dans mes actes, dans mes pensées, dans mes paroles. Et je ne voulais pas faillir, une volonté inébranlable m’envahissait petit à petit.
Mon souvenir le plus précis de cette période est le jour où je découvris que le Seigneur Aveugle répondait à mes prières et que les conversations que j’avais pu lui tenir n’avaient pas été des monologues. Ce jour-là, mon mentor et moi chevauchions côte à côté, pour accomplir une quête que le clergé nous avait confiée. Des fermiers, vivant aux abords de la Forêt Royale, étaient sans cesse harcelés par un petit groupe de malandrins farouches et vils, qui les dépouillaient de leurs récoltes et tuaient leur bétail. Le soleil matinal inondait déjà la route qui nous conduisait vers la ferme. Nous parvînmes en fin de matinée à l’endroit qui nous avait été indiqué. Mais je ne m’étais pas préparée à une telle vision. Les informations que le clergé nous avait remises ne devaient pas être récentes, car la ferme semblait avoir été attaquée violemment. Les décombres fumants d’une grange nous indiquèrent que la troupe avait frappé récemment. Nous nous rendîmes précipitamment à la ferme, et trouvâmes la famille accablée de chagrin. Leur plus jeune enfant avait été enlevé par les soudards, et lorsque le père avait voulu s’interposer pour empêcher l’atroce rapt, il avait été gravement blessé d’un coup de poignard au flanc. Je me souviens qu’en écoutant ces pauvres gens frappés par le malheur, la lumière autour de moi m’avait semblé plus vive, une chaleur s’éveillant dans mon cœur et s’amplifiant, comme voulant s’échapper pour exploser hors de mon corps. Il me fallut des années pour comprendre que ce sentiment nouveau chez moi était la colère. La colère face à l’injustice du sort qui touchait ses pauvres ères, la colère face à la cruauté des bandits qui les avaient attaqués, la colère face aux valeurs bafouées par un tel acte. Sans attendre que mon mentor ne nous guide, j’étais entrée dans la ferme. Je n’entendais plus, je ne voyais plus, j’avançais d’un pas décidé. J’avais trouvé le fermier étendu sur sa couche, inconscient, et n’avais pu discerner que le sang qui s’était répandu, formant une auréole sur le tissu sombre. Je m’étais agenouillée près de lui et j’avais sans doute parlé seule, comme je le faisais lors de mes prières. Et la chaleur que mon corps contenait à peine s’était comme déplacée vers mes mains que j’avais posées sur la plaie béante. Je n’ai pas compris, à ce moment-là, ce qu’il s’était passé. Mon mentor m’observait, sans doute avait-il cherché à me retenir. La famille l’entourait et leur regard posé sur moi me rappela celui du chien du cuisinier quand je lui offrais un bout de mon pain chaud. De la gratitude, du soulagement, du respect. Tout se déroulait au ralenti, le temps paraissait avancer dans une mer de coton. Mon mentor m’aida à me relever et me parla, sans qu’aucune de ses paroles ne me parvienne. Je dus m’évanouir, car lorsque la conscience me revint, nous étions de nouveau dehors. J’appris alors que j’avais non pas guéri la blessure du fermier –mon mentor s’en était chargé – mais que j’avais largement contribué à le ranimer et lui avais insufflé un courage qu’il ne se connaissait pas, cela d’une façon que mon mentor lui-même ne comprenait pas. Et pour la première fois depuis que je le connaissais, il me considéra différemment, et non plus comme une simple écuyère. Il m’annonça que nous devions poursuivre les bandits et ramener leur enfant à ces gens. La chaleur immense qui me brûlait auparavant avait diminué, mais je la sentais toujours, diffuse, comme une braise qui ne demandait qu’à se raviver. Nous talonnâmes nos destriers. Il nous fallut plusieurs heures pour retrouver le petit groupe de bandits qui avait enlevé l’enfant. Sans doute trop bêtes, ou trop inorganisés pour marcher plus vite, ou moins à découvert, ils étaient aussi repérables qu’une horde de gobelins dans un magasin de porcelaine. La chaleur que j’avais ressentie se raviva en les apercevant, et de nouveau, j’entrai dans une phase de ralentissement étrange. Je ne sais pas trop, non plus, ce que je fis. Mon mentor me raconta les faits après que nous eûmes rendu l’enfant à ses parents, sur la route qui nous ramenait à Suzail. Je percevais dans sa voix une sorte d’inquiétude, sans parvenir à me l’expliquer.
J’avais, semble-t-il, tué les bandits. Mais il m’avoua que j’étais alors comme enveloppée dans un halo lumineux, et que les coups que les vils avaient essayé de me porter ne m’atteignaient pas. Il m’avait vue frapper, trois fois, une fois pour chaque bandit présent. Mes coups étaient efficaces, mais il ajouta d’un ton plus sombre qu’ils n’étaient pas loyaux. Que le Juste n’approuverait pas ce combat. J’en demeurais sans voix, et troublée, presque désarmée face à ce constat qui anéantissait mes idéaux. Je ne comprenais pas le pourquoi de sa désapprobation. Je les avais tués, c’était un juste châtiment pour leur acte de bassesse. Je me défendis, l’incompréhension grandissant en moi lorsqu’il m’énonça simplement les préceptes du Seigneur Aveugle pour me montrer ma faute. La conversation s’acheva en dispute, chacun de nous défendant ses raisons et sa vision de la justice. Et malgré les années qui nous avaient liées, nous nous séparâmes fâchés.

Chapitre IV

J’avais 18 ans lorsque mon mentor et moi-même cessâmes de collaborer. Ma formation de paladine n’avait donc pas vu sa fin, et une grande honte s’était emparée de moi. Je me sentais bafouée, j’avais échoué là où j’aurais dû réussir. J’avais bien tenté de reprendre ma formation, mais je m’opposais plusieurs fois à des refus froids. Même s’il en voyait pas en moi une mauvaise personne, mon mentor en avait apparemment assez vu dans cette longue journée pour émettre un jugement radical qui me coupa l’accès à ma supposée vocation. Les pouvoirs que j’avais manifestés ne venaient pas du Juste, mon attitude malgré les années de formation n’était pas celle d’un paladin digne de ce nom, et il ne m’accorderait jamais son soutien dans cette voie. J’étais ébranlée au plus profond de mes convictions, abattue. Je me souvins alors de la sagesse de mon père et de ses paroles qu’il m’avait énoncé quand je n’étais encore qu’une enfant pleine d’idéaux.

- Le bien et le mal ne sont pas deux mondes cloisonnés, étrangers l'un à l'autre... La frontière est parfois imperceptible entre eux. Seule toi pourras être juge de tes actes et déterminer leur valeur.

Où avais-je commis une erreur ? Quand n’avais-je pas fait ce qu’il fallait pour servir la Justice ? Je m’étais rendue dans la demeure familiale, vidée en quelques années de ses enfants désormais grands. J’avais retrouvé le long couleur, l’ambiance feutrée et la chaleur de l’âtre mêlée à l’odeur de la pipe de mon père. Il m’avait observée comme il m’observait quand j’étais enfant. Il savait déjà quel sort était le mien, car il avait gardé ses amis au temple, mais son regard ne me jugeait pas. Je me souviens avoir pleuré devant lui, comme lorsque j’étais petite fille. De longs sanglots qui me libéraient d’une douleur sourde, d’un échec cuisant, de la vision d’un avenir sombre. Il avait attendu que je me calme pour prendre la parole.

- Il ne faut pas attendre d'être parfait pour commencer quelque chose de bien. Ta voie n’est pas celle que tu crois, mon enfant. Tu a le cœur rempli d’idéaux justes et bons, mais tes méthodes diffèrent de celles que tu as apprises. Le pouvoir est fait pour la délivrance de ceux qui souffrent injustement, ne l’oublie pas. Il est temps que tu trouves ta voie, mais ce n’est pas ici qu’elle est. Découvre le monde, découvre qui tu es.

Je demeurai quelques jours à Suzail, le temps de préparer la vie qui allait devenir mienne. Je revendis mon équipement de paladin, celui-ci ne me serait plus d’aucune utilité. Je troquais mon épée longue comme une lame plus courte, plus légère à transporter et que je maniais finalement avec plus d’aisance que sa cousine. Je choisis une tenue de voyage souple et confortable, dont la couleur n’attirerait pas le regard sur moi. Je pris dans un sac de quoi subvenir à mes besoins lors de mon périple, un peu d’argent. J’offris mon cheval bien aimée à l’une de mes sœurs, pour ses enfants. Je m’étais longuement observée dans un miroir avant de quitter la demeure familiale. La robe que j’avais enfilée me prêtait une allure humble, et la capuche rabattue sur mon visage ajoutait une touche de mystère à mon apparence. Quelques mèches noires venaient balayer mon visage et j’avais alors remarqué avec une émotion certaine que je ressemblais à ma mère. Le même pli au niveau des lèvres qui donnait un air doux à mon expression, le même nez droit et fin qui caractérisait notre caractère volontaire, le même regard clair et limpide, aussi pur que l’eau d’une source de montagne, le même front lisse et haut, le même ovale parfait, le même teint pâle. Je constatais que j’étais devenue femme, que j’étais devenue autre. J’avais quitté l’adolescence et ma formation stricte pour devenir libre, et adulte. J’eus subitement l’impression que toutes ses années passées n’avaient été qu’une comédie, que l’armure que j’avais revêtue n’était qu’un costume, et que la jeune femme qui se tenait devant moi était la véritable moi, celle que je devais devenir. Je quittais le foyer familial non sans larmes chaudes et sincères, et pris la route vers le monde extérieur, vers d’autres lieux que je ne connaissais pas.
Je m’engageais sur la route de l’est, vers Marsembre. Je ne m’inquiétais que peu de ma sécurité, le Cormyr étant un royaume plutôt sûr. Je marchais d’un pas rapide, l’esprit préoccupé par d’éternelles questions. Quelle était ma foi ? En quoi croyais-je ? Qui étais-je vraiment ? Comment allais-je combattre le Mal si je n’étais pas paladine ? Mes pensées m’occupaient et me préoccupaient. Je ne voyais plus le temps passer, et j’alternais longues marches et bivouacs temporaires, seule la plupart du temps, parfois avec des marchands croisés, des aventuriers en quête de gloire ou de simples voyageurs. Lorsque j’atteignis Marsembre, je ressemblais davantage à une fille pauvre, perdue dans la foule, qu’à une demoiselle noble qui avait même manqué devenir paladine. Je n’avais jamais vu l’agitation caractéristique des cités portuaires. Il me semblait que tout tournait autour de moi à une vitesse prodigieuse. La ville vivait, grouillait de gens qui allaient, venaient, vaquaient à leurs occupations dans un brouhaha incessant. Je dégotais une petite auberge, modeste, suffisante pour passer ma dernière nuit dans le Cormyr. Je comptais me rendre sur la Côte des Dragons et embarquer le lendemain pour me rendre à Port-Ponant. Je profitais de la tombée de la nuit pour découvrir davantage la cité et ses nombreux canaux qui s’étendaient comme des bras sur la surface de l’eau. La lueur rougeâtre du coucher de soleil donnait l’impression inquiétante que les maisons reposaient au bord de canaux de sang sombre. Mal à l’aise, j’observais les calmes va-et-vient des péniches, les activités de la journée s’endormant en même temps que les habitants. Lorsque les rues se vidèrent presque entièrement, un calme nouveau m’envahit. Je me sentis m’épanouir dans l’obscurité, à observer sans que l’on ne me remarque, à écouter sans que l’on ne me visse. Je souriais, attendrie par une scène familiale découverte par hasard à travers le vitrage sali d’une fenêtre. Je m’amusais d’une querelle d’amoureux, trop préoccupés par leur conversation pour apercevoir l’étrangère qui les espionnait. Je découvrais le monde comme je ne l’avais jamais vu, naturel, livré à lui-même, comme si la tombée de la nuit faisait tomber les masques portés durant la journée. Je retournais à l’auberge alors que la nuit était bien avancée.
Lorsque le soleil se leva, j’étais déjà éveillée et avais rejoint le temple du Seigneur de l’Aube pour lui offrir cette nouvelle journée, mais aussi cette nouvelle vie qui s’offrait à moi. Je me sentais revivre, alors que je n’étais, en quelque sorte, plus rien.
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 18:33

Chapitre V

Je débarquai à Port-Ponant pour y découvrir une cité qui me semblait encore plus animée que Marsembre. Une effervescence commerciale dirigeait la ville et ses habitants. Cependant, je ne m’y sentais pas à mon aise, comme si sous cette apparence joviale se cachait quelque chose de plus sordide, quelque chose qui suintait le mal. Je finis par ne plus accorder trop de crédit à cette mauvaise impression pour me consacrer à la découverte de cette nouvelle ville et de ses mœurs. Port-Ponant m’apparut vite être une cité sans scrupules. Le commerce était une valeur primordiale pour tous ou presque, et il se faisait à n’importe quel prix. Je pris rapidement pour habitude de ne pas me faire remarquer, me glissant dans les lieux les plus sombres, les recoins les plus cachés, pour observer en silence la vie quotidienne des gens. Ma robe de voyage se prêtait particulièrement à cet exercice, les nuances sombres n’attirant pas le regard sur moi. Je m’installais dans une auberge humble, d’apparence correcte, qui avait au moins le mérite de servir des repas chauds tous les jours sans pour autant vider ma bourse trop rapidement. Mais il m’avait fallu rapidement trouver du travail pour ne pas mendier ou louer ma chambre à crédit. Je m’étais alors rendue compte que je ne savais rien faire, hormis me battre et prier. J’avais certes quelques connaissances, mais rien qui ne me permit de trouver de quoi subsister. Commença alors pour moi une longue période de recherche, qui se solda par de nombreux refus de m’employer. Je tentais successivement de me faire embaucher comme aide-cuisinière, assistante d’un cordonnier, vendeuse pour un forgeron, tanneuse, bouchère, et d’autres métiers encore. Je n’écartais aucune possibilité et frappais à toutes les portes. Mon pactole de départ s’amenuisait de jours en jours, et l’accablement me gagnait de nouveau. Je me sentais bonne à rien. Ce fut un jour sans doute béni par Tymora que j’obtins mon premier travail. Je fus embauchée, sans doute davantage pour mes beaux yeux que mon talent, par un marchand qui avait besoin d’une aide pour faire ses comptes et tenir son registre. C’était un homme petit et bedonnant, au sourire jovial et à la parole intarissable. Un embobineur, avais-je pensé en le rencontrant. Mais il avait l’argent dont j’avais besoin, et je faisais l’affaire pour ce qu’il proposait. Je me retrouvais donc assise à un bureau sur lequel il gardait un œil quasiment en permanence à écrire des chiffres et faire des listes d’objets de toutes sortes. Mon marchand était un brocanteur, un antiquaire disait-il, le meilleur de la ville et de la Côte des Dragons. On trouvait de tout chez lui, même ce que l’on ne cherchait pas. Je listais donc ainsi des commodes, des vases, des miroirs, des chaises, des bibelots dont il vantait la rareté et la préciosité. La façon dont il s’enrichissait sur la naïveté des gens me hérissait le poil furieusement, mais je jugeais qu’il devait en être ainsi pour que le commerce fonctionne. Ce mal me sembla bien moindre que d’autres, et je m’accommodai de mon employeur autant que je le pus. Je parvins ainsi à gagner ma vie.
Le soir, à la lueur d’une chandelle, j’écrivais à mon père de longues lettres pour lui narrer mes expériences, mes découvertes. Je lui confiais ma vie, mes espoirs, mes déceptions. Je lui décrivis dans le moindre détail ma passion pour l’observation, l’obscurité, cette nouvelle voie que j’avais découverte. Je lui dépeignais mon marchand et ses petites manies, ses petites entourloupes pour tromper les clients. Je lui faisais part de mes questions sur la Justice, la Liberté, le Bien et le Mal, de mes doutes. Je me cherchais encore et ces lettres furent pour moi un moyen de faire le point. Je continuais mes prières au Juste, mais aussi à d’autres divinités proches de mes idéaux. Je me tournais vers la Triade en général, demandant conseil à ces divinités qui m’avaient déjà, par le passé, répondu à leur façon. Je ne perdais pas de vue mes objectifs, mais étais loin de me douter qu’ils fussent si proches de moi à ce moment-là.
Mes soirées étaient toutes entières occupées par mon apprentissage autodidacte de l’espionnage. J’aiguisais mes sens, travaillais à suivre les gens qui m’intéressaient le plus sans me faire remarquer. Je me heurtais à bien des échecs mais mon air angélique sous les vêtements sombres ainsi que la conviction de mes paroles me permettaient de m’en tirer globalement bien. Et puis je ne pensais pas à mal, j’étais poussée par la curiosité, et une soif intense de découvrir le monde. Port-Ponant m’apparut de plus en plus comme une cité à l’opposé de ce que j’avais connu à Suzail. La corruption, le vol, l’extorsion de fonds étaient monnaie courante, et plus je me fondais dans les ombres, plus j’apprenais de ce monde que l’on m’avait tant dépeint lorsque j’étais enfant. La conviction que j’avais de devoir agir se renforçait de jour en jour sans que je susse comment m’y prendre. Mais dans cette ombre qui étendait ses bras autour de moi, je ne perdais pas de vue la lumière qui me guidait.

Chapitre VI

Un soir que je me livrais à mes occupations habituelles d’observation, mes pas me guidèrent vers un coin reculé du port. Dans le dédale des canaux, un endroit que n’éclairait aucune lumière connaissait une agitation curieuse. Je m’approchai, longeant caisses et cordages, pour discerner une scène qui me fit froid dans le dos. Une fillette, à peine plus âgée que moi lorsque j’étais entrée en formation au service du juste, roulée en boule au sol se protégeait du mieux qu’elle le pouvait des coups que lui assénait un homme que je ne voyais que de dos, une grande brute, large d’épaules. Je n’entendais que faiblement les plaintes de l’enfant, comme si déjà l’inconscience la gagnait. La sauvagerie de ce spectacle me heurta de plein fouet, des larmes brûlantes me vinrent aux yeux, coulant lentement sur mon visage. Ma vision me sembla s’aiguiser, mes sens s’affiner. Je voyais avec netteté des détails qui m’échappaient auparavant. Je m’étais approchée de l’homme, qui ne m’avait pas entendue, tout à son affaire qu’il était. Je discernais la veine qui battait sur sa tempe, je distinguais la fine pellicule de sueur qui maculait sa nuque, je sentais l’odeur qu’il dégageait, âcre et amère. Le temps ralentit, le feu qui s’était emparé de mon cœur lorsque j’étais plus jeune se ranima subitement. J’articulais sans un bruit des prières aux divinités qui me portaient leur soutien et m’avançai d’un pas silencieux. Une planche craqua. La brute se retourna, avec une prestance que ne laissait pas deviner sa masse corporelle. Il se figea, les yeux écarquillés en m’observant, comme terrorisé par ma seule vue. Cette attitude me laissa un instant perplexe, puis je poursuivis ma marche vers lui. Je ne sais ce qui me poussait ainsi, je me savais plus chétive que cet homme, malgré l’entraînement martial qui avait été le mien. J’armais mon bras comme seule arme, et frappai l’homme comme on me l’avait enseigné, refermant mon poing pour le toucher au visage. J’entendis nettement le bruit du cartilage qui se brisait, je sentis la morsure cuisante de l’impact, et j’aperçus une lueur fugace à la jonction de nos deux peaux. L’individu s’écroula. Sans me préoccuper davantage de ce satyre violent, je me penchais sur la fillette. Elle respirait, elle était consciente, et fondit en larmes. Le soulagement qui s’en suivit atténua la brûlure intérieure qui me dévorait. Je la pris dans mes bras, lui murmurait des paroles rassurantes. Nous restâmes quelques instants sans bouger, jusqu’à ce que les sanglots de l’enfant se tarissent. J’essuyai ses larmes du revers de ma manche, j’observais les hématomes qui la marquaient avec une peine intense. Et la petite voix, faible et fluette, me demanda alors si j’étais un ange envoyé par les dieux. Je me souviens que cette remarque me fit sourire malgré la situation. Je me relevai, et aidai l’enfant à faire de même, la soutenant. J’observais l’homme qui gisait toujours quelques pas plus loin, et un doute m’assaillit alors. Délaissant un instant la petite fille, je m’approchai de son agresseur : il était raide mort, un filet de sang coulant de son nez brisé. Mort… Mais comment cela était-il possible ? Je ne comprenais pas, un effarement soudain s’empara de moi. Je saisis la fillette, et la soulevant, je l’entraînai loin du cadavre, paniquée. Je ne m’arrêtai que lorsque le souffle me manqua, la chaleur intense qui dévorait ma poitrine remplacée par la douleur d’un point de côté. La fillette m’observait, perplexe, les yeux ronds. Je ne savais que faire ni que lui dire. Les questions, encore elles, se bousculaient dans mon esprit. L’enfant que je tenais toujours commença alors à s’agiter, sans doute inquiétée par mon comportement étrange. Je tentai de me ressaisir, le temps d’achever ce que j’avais commencé. La questionnant gentiment, je finis par obtenir d’elle le lieu où elle habitait. Je la ramenais près de chez elle, et la surveillant de loin, attendis qu’elle fut en sécurité. Je repris ensuite le chemin qui menait à la chambre que je louais. J’étais tellement assaillie de questions que je ne remarquai pas le tire-laine qui me déroba ma bourse, et ne me rendit compte de ce larcin qu’une fois arrivée. J’avais l’impression d’évoluer dans un brouillard opaque qui ne me laissait pas d’autres possibilités que d’avancer à tâtons, droit devant moi. J’avais tué, j’avais tué d’un seul coup, sans armes. Quelle entité se manifestait ainsi à travers moi ? Le mal m’habitait-il donc au point que je ne sois qu’un instrument de mort ? Les larmes me brouillèrent de nouveau la vue, les murs de ma chambre devinrent flous alors que je m’allongeais sur le lit. Je dus m’endormir, d’un sommeil lourd, car lorsque je rouvris les yeux, le jour s’était levé, et la rue bruissait des activités commerciales habituelles. J’allais arriver en retard au travail avais-je pensé. Mais quelque chose n’allait pas… Les événements de la veille me revinrent alors en mémoire, comme un coup de fouet. Je décidai de quitter la ville le plus tôt possible. Les réponses que je cherchais ne s’y trouvaient pas, il me fallait chercher ailleurs. Je me rendis à la boutique de mon brocanteur, qui ne manqua pas de me recevoir avec mauvaise humeur, précisant que mon retard serait retenu sur ma paie. Les heures passèrent comme tissées par un songe, et lorsque l’heure fut venue de rentrer chez moi, j’en étais presque heureuse de pouvoir me terrer dans ma chambre. Je rédigeai une longue missive à mon père, à la lueur d’une chandelle. Je lui narrai mon aventure de la veille, lui exposai mon désarroi, demandai conseil auprès de la seule personne qui me semblait pouvoir m’apporter soutien et réconfort en-dehors de mes divinités. Puis puisant dans cette seconde source, je priais longuement le dieu Aveugle et la Loyale Fureur, leur assurant ma volonté de faire le Bien, les suppliant de veiller sur moi et de m’aider à poursuivre leurs voies.
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 18:36

Chapitre VII

Les jours passèrent et je reçus la réponse tant attendue de mon père. Comme toutes les autres missives que j’ai reçues de lui, je l’ai soigneusement conservée, et la revoici telle qu’elle me fut remise.

Citation :
« Mon enfant bien-aimée,
La missive que j’ai reçue montre que tu as encore beaucoup de chemin à parcourir pour répondre à cette question que déjà enfant tu me posais. Le monde t’ouvre de nouveaux horizons, mais je connais ton âme, et ton acte n’est pas signe que tu t’éloignes de la voie du Bien. Etre bon demande des vertus difficiles à conserver et à épanouir, des vertus qui incitent à repousser le Mal sous toutes ses formes mais aussi à promouvoir le Bien. J’ignore qui s’est penché vers toi en t’insufflant une telle force, mais un archon bienveillant veille sur toi, ma fille, et voit en toi une personne capable d’œuvrer pour lui. J’ignore aussi comment te conseiller avec sagesse car ce que tu as vécu dépasse mes connaissances. Tourne-toi vers des personnes dont l’expérience et le savoir pourront t’éclairer et t’accompagner dans la voie qui s’ouvre devant toi. Quelque qu’elle soit, si tu n’oublies pas ton sens de la discipline, de l’honneur, si tu n’oublies pas que l’ordre et la loi, lorsqu’ils sont bien employés, instaurent un monde meilleur, alors, tu ne t’égareras pas.
Peut-être tes pas te guideront-ils vers l’Ouest, en ce cas, tu pourras te rendre à Château-Suif, et en échange du don d’un ouvrage, ils t’ouvriront les portes de leur vaste bibliothèque. C’est une route qui sera longue car elle te mènera non loin de la côte des Epées. Mais je vais rédiger à un ami qui officie au temple de Lathandre de Bérégost pour qu’il t’accueille et te guide. Tu y seras reçue comme par moi.
Prends soin de toi mon enfant, et que le Juste veille sur toi.
Avec toute mon affection, et tout mon amour,
Ton père. »

Les mots, bien que brefs, me rassérénèrent un peu, et je sentis que mon père devait avoir raison. Il fallait que je trouve des personnes qui pourraient répondre à mes questions, ou bien des ouvrages, ou tout ce qu’il me serait possible de trouver et qui serait une aide précieuse pour savoir enfin qui j’étais. Je rassemblai mes quelques affaires, ainsi que le maigre pactole que j’avais constitué depuis mon arrivée à Port-Ponant, plusieurs mois auparavant déjà. Je me rendis aux portes de la ville et me renseignai sur les moyens de transport qui s’offraient à moi. Je rencontrai un groupe de marchand qui se rendaient en Amn, et qui proposèrent de me rapprocher de ma destination, moyennant quelques pièces. Le voyage dura une éternité, et se déroula sans encombre. Une escorte de mercenaires nous accompagnaient et protégeaient la caravane. Je profitais de la présence de ces hommes pour me ré entraîner au combat, n’ayant que trop laissé de côté mes aptitudes martiales. Un des hommes d’armes avait décidé de me prendre sous son aile, et m’enseigna le maniement de deux lames à la fois, m’apprenant que la légèreté de l’épée courte me permettait de m’en servir avec d’avantage de souplesse et d’adresse que je ne le pouvais avec l’épée longue. Nous croisions souvent le fer ensemble et les semaines passant, je progressais. Nous liâmes une amitié forte avec mon maître d’armes. C’était un homme généreux et patient, qui me rappelait par moment le prêtre de Tyr que je rencontrais enfant, en moins pieux. Il se nommait Rély, avait une bonne vingtaine d’années de plus que moi. Il me semblait parfois qu’il me connaissait plus qu’il ne le montrait, comme s’il me suivait depuis des années, m’avait observée. J’étais loin alors de me douter que c’était vraiment le cas. Il me parlait peu, se contenant de me conseiller lors de nos joutes ou de me faire observer certaines plantes que nous découvrions sur la route, m’expliquant leur vertu et leur emploi. Il parlait à voix presque basse, jamais un mot plus haut que l’autre, et me semblait connaître le vaste monde comme personne. Lorsque nous atteignîmes les Contrées du Mitan Occidental, j’avais de nouveau l’agilité de ma jeunesse, et même davantage, ayant abandonné l’encombrante armure dont j’usais lors de ma formation de paladine. Je me sentais davantage à mon aise, gagnais en rapidité, et appris plusieurs techniques d’esquive dont j’ignorais l’existence même.
Alors que nous étions à l’auberge dans un village dont le nom m’échappe, Rély vint me trouver et m’invita à l’accompagner pour une balade nocturne. Je le suivis, en toute confiance, quelque peu étonnée par une telle démarche. Le ciel d’été resplendissait d’étoiles lumineuses, nous marchâmes jusqu’à arriver auprès d’une petite structure en pierre, qui semblait être un autel.

- C’est moi qui l’ai monté, ce soir. Car il est temps que tu saches, mon enfant, qui tu es.

Sa voix me fit presque sursauter. Il continua.

- Je sais que tu te dévoues aux divinités de la Triade, et que tes prières s’adressent à eux. Mais sais-tu qu’il existe aussi dans un plan qui n’est pas le nôtre, des entités bienveillantes vers qui tu peux te tourner ? Je pense même que celles-ci te connaissent déjà, mon enfant, car j’ai vu ce dont tu étais capable pour combattre la tyrannie d’un adulte mauvais sur un enfant sans défense.

J’en restais sans voix. Mon intuition ne m’avait pas trompée, et il me suivait depuis bien longtemps pour avoir vu cet épisode lointain de ma vie.

- Je sais que tu te poses des questions sur moi et je vais y répondre, car tu es prête aujourd’hui, et tu seras capable d’accepter ou non ce que je vais te proposer. Je suis un assassin.

J’hoquetai. Avais-je été stupide à ce point ? Il ne me laissa pas le soin de réagir.

- Je suis un assassin au service de justes causes, je travaille dans l’ombre pour mieux servir la lumière. De là où je suis, je peux sévir contre le Mal et porter assistance à des clergés comme ceux de la Triade, ou des gouvernements comme celui que tu as connu à Suzail. Mes talents sont au service de mon Seigneur, l’archon Domiel, qui lutte contre la tyrannie et la corruption. En échange de ma foi et de ma lutte, il m’offre son aide pour lutter contre les séides du Mal.
Mais je commence à me faire vieux, et malgré cet appui qui est le sien, je sais qu’il est temps pour moi que je transmette mon savoir. Je te connais depuis que tu es enfant, Narçalia, et je pense que tu peux être mon élève si tu juges que cette voie est la tienne. Je connais ton amour de l’ombre bienfaitrice, et ta haine de la tyrannie et de la violence.


La confusion s’empara de moi. Je questionnai mon maître d’armes, longuement. Il me parla de lui, de sa propre formation, de ses nombreux combats. Il ne connaissait aucune gloire, aucune reconnaissance si ce n’était celle de faire le Bien, et de contribuer à l’émergence d’un monde meilleur. Il n’avait plus d’identité, seulement celle que son Seigneur lui conférait, mais sa quête était sa raison de vivre, et il ne voulait pas que cette quête s’éteigne avec lui. Les membres de son ordre n’étaient pas nombreux, et lui-même n’en connaissait que son supérieur, pour l’avoir vu de rares fois par le passé, et lors de sa formation. La nuit se déroula dans une conversation longue et riche en enseignement pour moi, et lorsque j’acceptai la proposition de Rély, le soleil se levait. Il m’enseigna alors comment m’adresser à son Seigneur l’archon Domiel, en une langue que je ne connaissais que pour l’avoir entendue enfant résonner dans le temple du Juste. Il m’en apprit quelques mots et m’assura que je la parlerai dans les années à venir.

Chapitre VIII

Rély et moi-même laissâmes la caravane des marchands poursuivre vers l’Amn son voyage, et nous entamâmes la route vers Bérégost. Il m’assura que je pouvais en effet me rendre à Château-Suif pour en apprendre davantage sur les archons et leur plan, ainsi que sur toutes les autres choses qui pourraient me passer par la tête. Nous cheminions lentement car mon enseignement avait déjà commencé. A chaque village que nous traversions, il me contraignait à traverser la place publique en plein jour sans que personne ne me vît. Je dus apprendre à me déplacer avec encore plus de discrétion qu’auparavant, à veiller à ne laisser aucun son percer, à réguler jusqu’à mon souffle pour ne pas me faire remarquer. Parfois, il me donnait un casse-tête à défaire, sous forme de cordes emmêlées, de cadenas bloqués, de morceaux de bois imbriqués les uns dans les autres. Je devais résoudre le casse-tête avant la tombée de la nuit pour ne pas échouer. Il m’observait pendant ces temps de réflexion, parfois amusé, le plus souvent neutre et attentif, et me glissait quelques conseils sur ma façon de faire : ne jamais oublier d’observer la situation sous tous ses aspects, ne pas se laisser berner par les apparences… Mon entraînement martial se poursuivait aussi, et c’est par un jour pluvieux et sombre qu’il m’enseigna ce qu’il appréhendait le plus : l’art de tuer, l’art de frapper dans les endroits les plus sensibles du corps humain. Je sentis bien ce jour-là que la frontière entre un acte bon et un acte mauvais était fragile, et alors que je sentais la pointe de sa lame désigner sur mon propre corps les endroits fatidiques du corps humain, je m’imaginais devant me servir de tels coups. Il m’expliqua alors qu’exploiter les faiblesses de son adversaire n’était pas un acte mauvais mais qu’il était par contre nécessaire de se battre avec honneur. Je progressais de plus en plus, et je sentais que je gagnais en précision, en rapidité et en agilité. Le matin, et parfois le soir avant de nous endormir, nous adressions nos prières à l’archon Domiel, ainsi qu’aux divinités de la Triade. Nous leur faisions parfois des dons, lorsque nous croisions une chapelle ou un temple dédié à l’un d’eux, mais nous n’avions que peu de choses à offrir en dehors de notre foi.
C’est lorsque nous fûmes en vue de Bérégost que mon maître m’abandonna pour la première fois. Je découvris un mot auprès de ma couche, m’indiquant juste qu’il reviendrait et que je devais continuer de m’entraîner. Cela me fit comme un coup de poignard. Il venait me guider, puis me laissait sans une explication… Je ne comprenais pas pourquoi il agissait ainsi. Je poursuivis donc ma route seule et me présentais au temple du Seigneur de l’Aube, comme me l’avait indiqué mon père. Le bâtiment m’impressionna par sa beauté et sa majesté de nombreuses statues ornaient les jardins qui l’entouraient, et l’intérieur du bâtiment resplendissait de mille couleurs que reflétaient les immenses vitraux, embellies encore par les rayons du soleil qui éblouissaient presque par leur intensité. Je n’eus aucun mal à trouver l’ami que je devais contacter, un petit homme rond à la figure joviale et souriante, qui m’accueillit à bras ouverts. Son babillage m’amusa, son enthousiasme était débordant. Il ne pouvait s’empêcher de faire des jeux de mots que je trouvais parfois un peu douteux, mais qui avaient le mérite de le faire éclater d’un rire presque enfantin. Une sorte d’insouciance émanait de sa personne, insouciance qui incitait à se laisser aller. Il dut me trouver bien austère, dans ma robe de voyage sombre et poussiéreuse, l’écoutant sans à peine dire un mot. Mais si tel fut le cas, il ne le laissa pas paraître. Il m’indiqua une chambre, et me fit porter de l’eau tiède ainsi que des vêtements propres. Je grimaçai en remarquant les couleurs chatoyantes que j’allais devoir revêtir : une tunique jaune pâle, bordé d’un liseré rouge rosé, qui aurait redonné la vue à un aveugle. J’espérais secrètement, tout en remerciant l’aimable bonhomme, que ma robe serait vite propre. Me délasser dans l’eau de mon bain fut un plaisir intense, qui finalement avait dû me manquer pendant ses longues semaines de route. Une fois décrassée, j’enfilai la tenue multicolore, et m’observais dans un miroir. J’avais minci constaté-je. J’avais l’allure d’une allumette dans cette robe lathandrite. Pourtant, je sentais sous le tissu que mes muscles s’étaient endurcis, même s’ils s’étaient affinés. Les exercices de mon maître m’avaient formée comme une artiste de la rue, et les nombreuses acrobaties que j’avais apprises avaient redessiné ma silhouette. Mes joues s’étaient creusées et mon regard bleu semblait plus froid, comme de la glace. Le temps faisait son œuvre. J’avais depuis peu dépassé la vingtaine, je n’étais plus une fillette.
Je retrouvai la salle principale où m’attendait le petit homme, toujours souriant. Il s’extasia sur la beauté de ma tenue qui mettait en valeur je ne sais plus trop quoi, avant de m’entraîner pour visiter les lieux. Force me fut de constater que le temple de Lathandre était vraiment magnifique et que les efforts des fidèles pour arriver à ce résultat avaient porté leurs fruits. Nous poursuivîmes notre visite dans la ville de Bérégost, une bourgade agréable et charmante, loin de ce que pouvait être Port-Ponant. Mon hôte et guide me pressait de questions auxquelles je répondais de mon mieux, mal à l’aise d’être l’objet d’une telle curiosité. Je finis par lui raconter ma volonté de me rendre à Château-Suif pour y étudier des ouvrages, ce qui accrut encore son enthousiasme déjà fort impressionnant. Il se proposa derechef pour m’y accompagner, et me voyant mal refuser un tel service, j’acquiesçai, espérant secrètement qu’une extinction de voix le frapperait lors de notre voyage.
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 18:38

Chapitre IX

Ce ne fut malheureusement pas le cas et le voyage jusque Château-Suif fut un monologue d’un rare intérêt sur la couleur des fleurs de printemps. Ma monture flânait sur la route, broutant quelques herbes deci-delà, le soleil était de la partie, la journée était somme toute splendide. J’avais pris soin auparavant d’acquérir un ouvrage au marché de Bérégost afin d’en faire offrande aux gardiens de Château-Suif : un livre onéreux, simplement ouvragé, aux enluminures sobres, qui narrait une belle histoire d’aventures rapportée par un barde sans doute célèbre mais dont je n’ai jamais pu retenir le nom. C’était le barde lui-même qui m’avait vendu cet ouvrage, profitant de l’occasion pour vanter les exploits qu’il avait pu voir dans son existence. Le prêtre m’avait avancé l’argent nécessaire à l’achat de cet ouvrage, mon père ayant lui-même anticipé cela par un envoi d’argent à son ami. Je gardais mon précieux don soigneusement rangé dans ma besace. Au détour du chemin que nous suivions, un mouvement dans la forêt attira mon attention. Je dressai l’oreille, essayant de passer outre les bavardages de mon compagnon : il me sembla entendre du bruit dans les feuillages, peut-être un simple animal. Je restai sur mes gardes, m’assurant de la proximité de mes lames, en cas d’attaque. Elle ne tarda pas à avoir lieu : deux gobelins surgirent au milieu du chemin, effrayant les chevaux qui manquèrent de nous renverser en se cabrant. Menaçantes, les deux créatures tenaient chacune en main une sorte de gourdin et baragouinaient dans un langage guttural que je ne comprenais pas, mon bavard de compagnon non plus. Visiblement, ils voulaient nos chevaux, et visiblement aussi, ce n’était pas pour faire de l’équitation. Je descendis du mien calmement, refermant ma cape de voyage sur mes lames pour bénéficier de l’effet de surprise. J’approchai des deux créatures et mettant en pratique les leçons de mon maître, m’en débarrassai sans trop de difficultés dans un tourbillon d’acier. Le prêtre de Lathandre m’observa un instant bouche bée, avant de comprendre ce qu’il venait de se passer. Il semblait triste de la mort des deux créatures et se chargea de les enterrer de façon succincte sur le bord de la route. Nous nous remîmes alors en route, et mon compagnon garda un moment le silence. Lorsqu’il la reprit, il m’enseigna une chose que je n’ai pas oubliée depuis : la miséricorde. Il m’expliqua que toute créature a le droit à une nouvelle chance, à une occasion de se rendre et de se repentir. Il ajouta que cette capacité de pardonner et d’être bon même avec les pires créatures de Toril était ce qui nous différenciait des séides du Mal. Certes, il semblait difficile qu’un gobelin puisse se repentir de ses actes. Mais la leçon de mon petit bonhomme me permit d’ajouter une nouvelle corde à mon arc de vertus et me laissa matière à réfléchir un long moment.
Nous arrivâmes à Château-Suif rapidement, et mon compagnon de route avait repris ses discussions sans fin et joviales peu de temps après sa leçon. Peu de choses me semblaient pouvoir l’atteindre durablement quoiqu’il en soit. La citadelle nous dominait de toute sa hauteur, me paraissant presque couvrir le ciel. Une route y conduisait, comme serpentant au milieu de la mer. Devant les portes, nous fûmes arrêtés par un garde auquel nous nous présentâmes. Il nous énonça clairement la règle d’accès au savoir que contenaient les murs de la citadelle, et je lui présentai alors l’ouvrage que j’avais acheté. Il l’emporta et nous attendîmes. Une angoisse légère m’étreignait le cœur : si l’ouvrage n’avait pas assez de valeur, ou s’ils le possédaient déjà, je n’aurais pas accès au savoir de Château-Suif. Le temps me parut une éternité, et finalement le gardien encapuchonné réapparut. Il hocha la tête et m’annonça que je pouvais entrer, seule évidemment. Le prêtre qui m’accompagnait résiderait dans la ville, en attendant mon retour.
Château-Suif rivalisait de beauté avec le temple de Lathandre. La citadelle m’apparut vaste, ses jardins chatoyants, et sa bibliothèque immense. De nombreux moines déambulaient dans les couloirs, à la fois surveillant et veillant les visiteurs. On m’édicta de nouvelles règles à respecter au sein de la forteresse, me donna les prix de copies d’ouvrages qui me parurent excessifs après l’achat de l’ouvrage que j’avais dû confier aux moines, et on me guida jusqu’au rayon où je trouverai les ouvrages que je cherchais. Heureusement, je n’étais venue ici que pour consulter. Je me plongeai dès que je le pus dans la pile d’ouvrages qui me défiait de sa hauteur. Je n’avais jamais été une lectrice acharnée, ni une intellectuelle. Venir à bout des informations que j’avais sous le nez me semblait presque impossible. Pourtant j’y parvins, et il serait trop fastidieux de retranscrire ici les découvertes de mes 10 jours de lecture. J’y trouvais confirmation de ce que m’avait appris mon maître Rély, ainsi que d’avantage encore sur les sept Paradis de l’Hebdome Céleste. Je lus aussi quelques ouvrages divers sur les plantes et les toxines, davantage par curiosité que par réelle volonté d’apprendre. Je ressortis de Château-Suif la tête pleine d’informations dont la moitié fut oubliée à mon retour à Bérégost. Mais je me sentais satisfaite du devoir accompli, comme si j’avais franchi une étape. J’écrivis une longue missive à mon père, ce que je n’avais pas fait depuis trop longtemps : je lui racontai mes aventures, passant sous silence bien entendu ce que j’avais appris avec Rély.
Je restai un long moment à Bérégost suite à ma visite de la bibliothèque, m’entraînant avec les gardes de la ville, et continuant à m’exercer comme mon maître me l’avait montré. Je priais comme nous le faisions ensemble, régulièrement. J’attendais impatiemment son retour, avide de nouvelles connaissances.

Chapitre X

Ce fut évidemment quand je m’y attendais le moins que Rély refit surface. Il se présenta à moi en pleine journée, vêtu comme un fermier, et agissant comme tel. Je me prêtais au jeu, et acceptai l’aide qu’il venait me demander, ce qui me permit de quitter le groupe de gardes avec lequel je m’entraînais à ce moment-là. Nous nous éloignâmes à travers les champs, et une fois loin de tous, et sûrs de notre solitude, reprîmes nos attitudes habituelles. Je lui racontai mon expérience à la bibliothèque de Château-Suif, il parut satisfait de ce que j’avais appris par moi-même. Il m’annonça que nous allions reprendre la route vers le Nord, pour nous rendre à Eauprofonde. Il en profiterait pour parfaire mon entraînement en vue que je l’accompagne en mission. Enfin, j’allais pouvoir mettre en pratique ce que j’apprenais. J’en étais ravie, et impatiente.
Le soir même, j’annonçai mon départ au petit bonhomme de prêtre qui m’avait accueillie si gentiment. Il en parut à la fois attristé et joyeux, et me bénit au nom du Seigneur de l’Aube. Il me rendit enfin ma robe sombre de voyage, que je revêtis dès le lendemain matin à l’heure de mon départ. J’emportai avec moi mes quelques affaires, et me dirigeai vers la route du Nord, après l’office du temple. Mon maître me rejoignit sur le chemin, et nous commençâmes notre progression vers la Cité des Splendeurs. Ce voyage fut l’occasion pour nous de reprendre mon apprentissage : combats, techniques d’esquive, techniques de discrétion et camouflage, techniques de frappes, nous revîmes toutes les bases qu’il m’avait déjà enseignées. A cela s’ajouta la maîtrise de l’aide que nous offrait le Seigneur Domiel. Rély m’enseigna le céleste afin que j’invoque les pouvoirs de notre archon protecteur, il m’apprit à canaliser l’énergie divine qui déferlait en moi comme elle m’avait fait par le passé sans que je ne puisse la maîtriser. Cela me demandait une concentration plus grande et la maîtrise ne me vint qu’avec beaucoup de pratique. Il m’expliqua comment user des dons que nous avions de notre Seigneur, et comment en user avec honneur pour servir la Loi et le Bien. Lorsque nous fûmes en vue des plus hautes tours d’Eauprofonde, une année avait passé, sans que je ne m’en rendisse compte. Ma maîtrise des techniques du tueur de Domiel n’était pas parfaite, mais je m’attelais au mieux à ce qu’elle le devînt. Rély avait l’air satisfait de moi, même s’il ne le montrait guère. Nous n’avions noué aucune relation durant notre voyage jusqu’Eauprofonde, nous avions parfois apporté notre aide à des personnes en détresse, mais sans nous attarder. Ainsi allait notre vie, faite d’aventures, de discussions et d’entraînements.
Le soir de notre arrivée à Eauprofonde, il tint à dormir hors des murs de la cité. Nous installâmes un petit campement dans la forêt d’Arprofond, et allumâmes un petit feu pour faire cuire les lapins que nous avions chassé dans la journée. Une fois notre repas achevé, Rély se releva d’un air grave.

- Il est temps pour toi, mon enfant, de prendre ton nom de tueuse de Domiel. Comme moi-même je fus nommé Rély par mon maître, je vais te choisir un nom qui deviendra tiens. Celle que tu étais ne sera plus qu’enfouie au fond de toi, un souvenir. Car même si nous servons la cause du Bien, les ombres sont nos alliées.

Il s’approcha de moi d’un pas solennel, et énonça d’une voix claire :

- Sous cette lune d’Eleasias, je te nomme Narcisse, tueuse au service de Domiel. Comme une fleur, ta Foi s’épanouira dans la Lumière. Au plus profond des Ombres tu garderas ton cœur intact, comme le bien le plus précieux. Tu ne devras parler de notre ordre à personne hormis celui que tu choisiras pour transmettre ton savoir et ceux que tu serviras pour combattre le Mal. Que les dieux de la Triade et notre Seigneur Domiel te bénisse, Narcisse.

Je ne sais si c’est la solennité de l’instant ou bien l’appréciation des divinités évoquées qui provoquèrent cela, mais l’air me parut soudain comme chargé d’électricité, comme plus lourd et plus épais, avant que cette sensation curieuse ne disparaisse quelques instants après. J’inclinai la tête avec respect, acceptant par là ma nouvelle identité et mon nouveau statut. J’eus à peine le temps de me faire à cette idée, que mon mentor sortit de sa poche un parchemin et me le tendit. Il s’agissait d’un ordre de mission visiblement, qui consistait à arrêter des marchands d’esclaves qui sévissaient au sud d’Eauprofonde dans la forêt d’Arprofond où ils avaient établis leur camp. Nous devions nous y rendre, libérer les esclaves et arrêter les marchands pour les livrer à la justice de la ville, dans la mesure du possible. Le parchemin ne portait aucune signature, mais nul doute qu’il émanait d’une autorité quelconque de la cité. Je comprenais pourquoi Rély avait tenu à camper ici. La nuit allait être longue. Nous préparâmes notre matériel, affutâmes les lames de nos épées. Puis nous empruntâmes un sentier qui s’enfonçait dans la forêt, vers l’est. Rély m’expliqua d’une voix à peine audible qu’il avait déjà repéré les lieux, mais qu’il avait besoin de mon aide pour parvenir à arrêter les trafiquants d’esclaves, qui étaient un groupe d’une dizaine. Après presqu’une heure de marche, il me fit signe de ne plus faire aucun bruit. J’aperçus au loin une lueur vacillante, peut-être un feu de camp. Nous nous enfonçâmes entre les arbres, silencieusement. Allongés au sol, nous rampâmes jusqu’au campement, et observâmes les lieux. J’avais le cœur qui battait presque trop fort. Le campement se composait de trois zones importantes : les charrettes qui servaient à emprisonner les esclaves, les tentes de leurs ravisseurs, et une zone centrale commune, au milieu de laquelle le feu de camp rougeoyait. Les hommes étaient bien armés, et organisés. Ils montaient la garde sur quatre fronts, entourant leur campement d’un carré fictif pour le protéger. Trois hommes surveillaient les prisonniers, pendant que les autres se reposaient. Ils effectuaient un roulement régulier. Nous allions devoir user de tous les moyens dont nous disposions. Toujours par des gestes, Rély me fit comprendre que nous devions piéger la zone. Nous nous mîmes à l’œuvre, lentement, car trop de hâte aurait pu nous trahir. Tous nos pièges étaient destinés à immobiliser les hommes, ou à les ralentir. Aucun n’était mortel. Une fois cela effectué, nous nous unîmes pour invoquer les pouvoirs de notre Seigneur, qui répondit à nos suppliques : le campement se couvrit d’une épaisse obscurité, qui nous permit de nous fondre parmi nos proies. Habitués comme nous l’étions à combattre dans la nuit la plus sombre, nous avions un avantage indéniable sur les trafiquants. J’en assommai deux, ne me préoccupant plus de mon mentor. J’invoquais de nouveau la puissance de mon Seigneur pour affronter les suivants. L’un deux résista, et nous croisâmes le fer. Je me démenai au mieux et parvint finalement à percer sa garde, le tuant net d’un coup précis. J’avais le souffle court, déjà épuisée par ce combat. Les ténèbres se dissipèrent pour dévoiler le reste du campement. J’ignore comment c’était possible, mais Rély avait ligoté quatre des trafiquants, les autres gisaient non loin, morts visiblement. Rély fit ingurgiter un breuvage aux trafiquants prisonniers à leur tour, et ils sombrèrent dans un profond sommeil. Nous libérâmes les prisonniers, et nous laissâmes sur place nos trafiquants, soigneusement attachés. Nous savions que les autorités compétentes viendraient les cueillir, alertées par les prisonniers que nous avions libérés.
Je venais d’accomplir ma première mission, et je me sentais satisfaite, bien qu’épuisée. Il me restait cependant encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’être aussi douée que mon mentor.

Epilogue

J’arrête ici mon histoire car les années qui suivirent cet événement ne sont qu’une succession de voyages et de missions accomplies seule ou avec vous, mon maître, et vous les connaissez tout aussi bien que moi. Mon apprentissage s’est poursuivi, sans cesse plus pointilleux, que ce soit dans l’usage de poisons ou bien leur fabrication, que ce soit dans l’espionnage ou dans le combat. Aujourd’hui, je sais que nos routes vont encore se séparer comme cela fut souvent le cas. Nous sommes appelés à être des âmes solitaires au service du Bien. Votre quête est désormais la mienne, et je ferai au mieux pour ne pas vous décevoir, et être digne de notre archon, et des divinités de la Triade. Mais cette séparation sera sans doute la dernière, et c’est pour cela que je vous confie mon passé, pour qu’il vive encore à travers vous. Car aujourd’hui, je suis Narcisse. Je suis un assassin au service du Bien, et mon histoire et mon nom resteront dans les Ombres pour défendre la Lumière.
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 18:39

L’homme referma soigneusement le livre, un léger sourire aux lèvres, puis le jeta dans la cheminée qui chauffait sa chambre. Personne ne devait savoir que l’Ordre existait par une mégarde quelconque. Il ferma les yeux, une fois l’ouvrage entièrement consumé, soulagé, souriant, et ne se réveilla plus. Rély, dit autrefois Rémi de Châteaubourg, fils unique d’une famille de bourgeois, venait de succomber d’une plaie reçue au ventre et qui n’avait jamais guéri.


[Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse 06acfa60e3cc2eaaae7584e4225fdbc5


[Fin, ouf]

NB : Certaines paroles prononcées par les personnages sont largement inspirées de citations de l'abbé Pierre (sisi) et de Charlotte Savary.
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Volvic
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 19:32

Aucune raison de ne pas valider.

Je valide donc.
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyVen 30 Jan - 19:37

Merci pour la validation et ta rapidité !
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse EmptyMer 10 Juin - 15:34

*Auto-mise de personnage en pause*
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MessageSujet: Re: [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse   [Partie][PRC][Validé][Roublard/Libérateur][H] Narcisse Empty

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