[Parti][Validé][Druide][E] Csitournel ou l'agoniste

Citation :

Nom du compte joueur: Vent Songe

Nom du perso: Csitournel

Race: Elfe

Age: 133

Alignement: Neutre Strict

Religion: "Druidique" à défaut de meilleure définition, le personnage loue et prie des concepts naturels du monde sans parvenir à accepter la réelle personnification qu'en sont les dieux concernés.

classe(s): Druide, le nombre de niveaux dépendra de l'évolution Rp du personnage.

Arme de prédilection/domaines/école de magie:...

Trait de Caractère: Lunatique, maniaco-dépressif, légère tendance obsessionnelle-compulsive et schizophrène.

Description physique: D'une maigreur presque effrayante, dégageant une impression de fragilité extrême, la peau blême, un visage très finement ciselé aux traits élégants que surhaussent de longs cils, formant un ensemble presque féminin, un haut front dépourvu de la moindre ride que surplombe une ligne de cheveux blanchâtres en désordre permanent, deux yeux un instant ternes et sans vie et le suivant brûlant d'un feu vif et glacé, de longues mains aux doigts d'une délicatesse marquante. Sa démarche dansante et ses gestes efféminés achèvent de le faire sembler androgyne.

Missive du haut druide actuellement en titre au Bosquet de la haute forêt du Cormanthyr, à son équivalent du Val de bise. ( Avis à l'intéressé(e), si intéressé(e) il y a. )

Frère/Soeur,

En espérant que cette lettre vous trouve en bonne santé, puisse la bénédiction de notre Père être sur vous.

Bien que je n'ai encore eu le privilège de vous rencontrer, je me permets par la présente missive d'attirer votre attention sur un fait qui me préoccupe et, si je ne me méprends, ne tardera à vous concerner indirectement.

Avant toute chose, laissez-moi vous conter avec le piètre talent qui est le mien l'histoire qui suit.

Voici de cela une bonne centaine d'année, une noble famille elfique de Sylverymoon dont j'éviterais de citer le nom ici vint à faire voyage afin de rendre visite à ses cousins du Cormanthyr, pour célébrer ensemble la naissance prochaine des enfants que chaque côté se préparait à accueillir.
L'événement était sur toutes les lèvres, et l'on attendait en grande hâte celui-ci, et la joie qui en résulterait.
Hélas, la route fut plus longue qu'il en était prévu à l'origine et alors que les voyageurs auraient dû passer les portes de la cité elfique, lors des premiers vrais frimas, ils n'étaient pas encore entrés en nos contrées. Hors, vous-même êtes bien placé(e) pour savoir combien Dame Aurile sait se montrer cruelle, et le convoi se trouva sur son chemin pris dans un blizzard comme on en connu peu en ces terres-là. Comble de malchance, est-ce les aléas du voyage, la mauvaise constitution de la concernée ou une vile ironie du sort, mais l'enfant choisit de naître prématurément au plus fort de la tourmente, en pleine nuit, alors que chacun faisait son possible pour assurer la survie de tous au milieu de cette tempête. Le vent charriait des bourrasques tranchantes et l'on m'a dit qu'il faisait si froid que chaque inspiration en était douloureuse, tant l'air lui-même était gelé.
Vous vous doutez qu'il ne saurait être pires conditions pour mettre au monde un enfant. Le bois était humide, nul feu ne parvenait à survivre et l'équipement du convoi n'était hélas absolument pas préparé à faire face à un tel déchaînement des éléments. Pendant les heures du long et douloureux travail de la pauvre femme, tous se réunirent autour pour tenter de lui insuffler la maigre chaleur que contenaient leurs corps transis. On loue encore parfois le courage dont elle fit preuve avec révérence par ici, et bien qu'elle brûlait sans doute toutes les forces vitales dont elle disposait, l'enfant fut mis au monde, bleu de froid, immobile et figé mais pourtant bien vivant. La mère ne survécut que quelques heures à son accouchement, tenant envers et contre toute raison à garder contre elle son fils-né durant l'agonie qui s'ensuivit. J'ai entendu des témoins dire qu'ils avaient vu toute couleur décroître en ces instants tant du visage de la femme que de celui du nourrisson qu'elle serrait dans ses bras.
Je ne m'étendrais point davantage sur d'aussi funestes événements, mais lorsque les nouvelles de la tempête parvinrent aux membres de la famille du Cormanthyr, ils eurent tôt fait d'envoyer les plus rapides cavaliers porter assistance à leurs cousins. Quand ceux-ci gagnèrent enfin leur destination première, l'enfant avait survécu...

Fort affligés, les Sylverymooniens choisirent de rester un temps parmi leurs pairs, et grandit peu à peu le jeune rescapé en leur sein.
Hélas, sa première vision du monde semblait avoir marqué d'un sceau indélébile ce qu'il deviendrait par la suite, car le garçon était déjà fort différent de ceux de son âge. Solitaire et silencieux, il ne jouait, ne riait ni ne pleurait, et manifestait tous les signes d'une profonde indifférence. L'adolescence le vît prendre l'apparence que je lui connais depuis, aussi décharné qu'un lynx affamé, et aussi blanc que ce dernier, avec ce visage étonnant qu'on ne saurait oublier ni pourtant retracer. Je crois que c'est ce visage qui décida ses parents restants, oncles, tantes et cousins à repartir vers leur prime demeure. Ils furent horrifiés, et chacun me rapportait alors qu'il ressemblait trait pour trait et ce de façon inhumaine à sa défunte génitrice. J'avoue qu'il est troublant de voir la féminité qui se dégage de ses traits, et que sans sa teinte et sa rigidité à l'époque, je m'y serais plus d'une fois laissé prendre. Incapables de supporter l'idée de faire face à ces traits passifs, ils demandèrent à leurs cousins d'ici de prendre soin du garçon et de l'élever du mieux qu'ils le pourraient.
Et ceci fut fait, sans qu'aucun changement ne se présentât chez lui. On ne pourrait dire qu'il fût idiot car il apprenait, qu'il fut bègue car il savait répondre, qu'il fut mauvais ou bon car jamais d'un geste il ne blessât quiconque, ni ne consola d'ailleurs. Une neutralité quasi-parfaite, et des plus étonnantes. Les choses durèrent en l'état quelques temps, jusqu'à des jours récents que je m'en vais également vous relater, car ils me concernent de plus près.

Un beau jour, alors que j'errais parmi les ramures millénaires, savourant la paix que m'accordent chaque fois ces lieux auxquels j'appartiens, je fis l'expérience de cette sensation familière et naturelle que m'évoque notre Père lors qu'un de ses enfants souffre à ma portée. Suivant aussitôt cet appel, je m'éloignais des profondeurs de la forêt pour en approcher l'orée, où parfois s'aventurent les hommes. Approchant d'une futaie, je m'apercevais avec atterrement que j'arrivais trop tard. Un noble cerf gisait là, sa délicate patte prise et brisée par les mâchoires de fer d'un piège. La pauvre bête semblait s'être vidée de son sang et vivait ses derniers instants, le souffle rauque et sec, l'oeil vitreux et traversé des spasmes de l'agonie finale. Alors que mon coeur s'emplissait de peine, je vis soudain avec surprise émergeant d'une sente proche le jeune elfe blanc. S'approchant de la bête avec une étrange révérence, le pas dansant, svelte, habile et sûr, voilà qu'il se mit à valser parmi les feuilles mortes, aux pieds du cerf. Sa ronde était joyeuse, et il laissa éclater un chant d'une pureté qui manqua me faire vaciller, et dans lequel je reconnaissais, ainsi que dans sa danse si gaie et altière, nombre de similitudes avec les rituels qui suivent nos célébrations natales, à nous autres druides.
J'imagine votre stupéfaction à lire ces mots, et pensez à ma surprise lorsque je sentis, avec le pouvoir qui est le mien depuis si longtemps, la Terre à mes pieds et aux siens répondre à sa bénédiction. Pour la première fois, je voyais ce garçon manifester une émotion, et ne doutais pas un instant que ce fut le bonheur. C'était un druide-né, j'en étais convaincu.

Combien de fois rejouai-je la scène en mon esprit par la suite, combien de fois me rappelai-je de ce que j'avais senti chez lui... Et pourtant, l'idée d'un druide célébrant sa joie non à la naissance mais au déclin, non à la vie mais à la mort, allait à l'encontre de beaucoup des dogmes que j'avais fait miens. La curiosité fut la plus forte, et j'allais à l'approcher, l'observer par la suite plus souvent, et l'emmener avec moi lors de mes errances forestières. Je ne fus que davantage convaincu de ma première intuition en voyant avec quel naturel il acquérait nos manières, nos coutumes et nos façons. Qui plus est, il semblait enfin se dégeler parfois, soudain empli d'une énergie fabuleuse qu'il canalisait tant bien que mal, principalement dans un flot de questions à mon encontre. Je crains de devoir reconnaître que je compris alors la folie qui l'emplissait, car lorsqu'avec la certitude d'être compris par lui comme je l'avais été sur tant d'autres points, je lui parlais de Sylvanus, je ne me vis opposer que quelques railleries ainsi qu'un exposé vibrant sur "Eux", comme il les appelle.
Vous n'imaginez, une fois encore, les trésors de patience qu'il me fallut déployer pour mettre à jour une idée vague de la foi qu'il s'était construite de bric et de broc, et je ne comprends toujours ce qui le pousse malgré lui à nier l'évidence qui, j'en suis absolument certain, le harcèle sans cesse.
Il nie les dieux... Voilà l'atterrante conclusion à laquelle j'arrivais lors. Il refuse de but en blanc leur possible existence, leur nom, leur image, leur personnification. Pourtant, et c'est bien là ce qui est chez lui le plus poignant, il éprouve à leur encontre une foi profonde et pieuse. Chaque concept particulier du monde, chaque élément de la trame de cet univers, il l'a décortiqué avec une précision du diable pour s'en faire un symbole. Il ne s'adresse en prière qu'à ces symboles, et ne se réfère qu'à eux.
Je fus empli de pitié, en m'apercevant que ces symboles qu'il s'était forgé du monde qu'il avait sous les yeux n'étaient autres que les concepts incarnés par nos dieux, et toutes mes tentatives pour lui faire comprendre l'état réel des choses furent marquées par l'échec.

Or, et j'en viens enfin aux raisons de ce message, voici quelques temps de cela, il nous quitta, sans prévenir d'une destination, sans préciser quoi que ce soit, il prit simplement la route.
Inquiet tant qu'intrigué par son devenir, je m'informais donc auprès des frères des différentes contrées qu'il traversât, les informant également de la nature du jeune elfe. Vous l'aurez deviné, il se présente aux lisières de vos contrées.

Je ne saurais que vous demander de faire preuve envers lui de mesure tant que de patience, et vous assure de l'intime conviction qui m'habite quant à son appartenance à nos rangs. Bien entendu, j'apprécierais être informé si il venait à quitter ces terres pour d'autres, et m'occuperais de contacter nos frères de sa destination suivante.

En vous assurant du respect et de la cohésion qui nous unit comme enfants de la Terre, puissions-nous ne jamais faillir à sa bénédiction.

Bien à vous,

....

Validé.

Au chaud au cimetière