[Parti][Validé][Moine][H] Aionios

Citation :

Compte : Onaji

Prénom : Aionios
Nom : n'en désire pas (orphelin)
Race : Humain
Age : 22
Alignement : Loyal Mauvais

Religion : aucune particulière mais croit en la sagesse
Classe : 11 moine, 12 assassin
Arme : kama, poings, shuriken

Traits de caractère : (voir perspective)

Description : Cet humain, a priori semblable à tout autre de stature, exsude le doute. Dans ses traits émaciés, des années de mutisme ; par sa couleur de peau légèrement tannée, on peut supposer qu'il a beaucoup voyagé. La physionomie de son visage trahit une personnalité multiple : un sourire esquissé semble avoir mille sens en lui-même, et les faits et gestes qui accompagnent ses paroles semblent à la fois gracieux et paternes. De même, ses airs sagaces et ses paroles acerbes en discussion assoient une étrange balance entre bon sens et malice.
Mais finalement qui peut être sûr de connaître avant d’avoir fait connaissance…

L'histoire d'un moine à la destinée tortueuse depuis son enfance jusqu'à son départ du Val de Bise.

Cet humain né au beau milieu d'une période de conflit dans une famille noble, va vite se retrouver orphelin suite au meurtre de sa famille dans des circonstances occultes. Errant alors sans but - la vengeance étant le seul pain qui le nourrissait - il trouva finalement refuge dans un monastère en orient suite à un long voyage d’exil. De sa jeunesse, il n'avait jamais exercé de véritable effort, et donc l'entraînement de son physique avait été plus que laborieux. Mais en compensation, il jouissait d'une souplesse supérieure à bon nombre de ses aînés. On ne tarissait pas d'éloge sur ceci, ainsi que sa rapidité d'apprentissage et d'ouverture d'esprit. Et même si parfois son penchant rationnel ralentissait ses études, tous furent étonnés de voir la facilité avec laquelle il expliquait clairement l'abstrait de cet enseignement une fois qu'on lui avait inculqué. Il expirait la sagesse et inspirait la grâce en ce temps.

Puis, après sa famille, ce fut au tour des moines de se faire attaquer : ces derniers refusant continuellement d’aider l’empereur, il décida que s’il ne pouvait avoir leur aide, nul ne l’aurait plus jamais. Dans la débâcle la plus totale, les moines s’enfuirent. La décision fut celle de la survie des leurs, et les anciens couvraient donc la fuite des plus jeunes, accompagnés de leurs futurs mentors. Quant à Aionios, il resta pour aider, mais n’eut comme seul spectacle le massacre de ses « parents ». Dans la torpeur qui suivit cette deuxième expérience, il perdit le sens de la parole et fut épargné par le général qui menait les troupes ennemies. Encore jeune, on le ramena comme esclave au palais de l’empereur, où, lorsqu'il n'était pas le « joujou » des courtisanes du palais, passait ses nuits à « réchauffer » son souverain dans des draps de satin.

Des années passèrent et il intégra le service d’espionnage de l'empire : son mutisme et sa discrétion frappaient le général Makoto un peu plus chaque jour. Ses missions se multiplièrent et prirent de plus en plus d’ampleur, sa fonction passant d’informateur à tueur furtif. Son efficacité devint alors hors pair parmi ses congénères, sa dextérité n’ayant d’égal que sa ruse. Son éveil à l’apprentissage suivait la même courbe que son silence. Ses victimes étaient toujours retrouvées arborant une expression faciale éloquente ; le regard révulsé, et une étoile chromée en travers de la gorge, leurs derniers cris noyés dans le sang.

Un an après qu’Aionios ait rejoint ses fonctions, l’empereur qui arrivait plus à trouver satisfaction dans son esclave spolié de son innocence décida de le faire exécuter. Il ne revit jamais le jour. On le retrouva dans sa chambre, tombé de son lit, ses derniers jurons jugulés par sa salive écumée de poison. Qui aurait pu penser que cet individu falot et fantoche se serait insurgé un jour.
Makoto devient dès lors le nouvel empereur, et on ne revit plus jamais Aionios dans l’enceinte du palais impérial. Nul ne sait s’ils ont entretenu ou entretiennent quelque contact dans le passé ou en perspective. La seule chose dont on peut être certain, c'est qu’Aionios est maintenant libre.

Perspectives

Aionios est un assassin élevé et entraîné à l’orientale, dont il partage largement les idéologies : s'il a connu le ying (le bien) parmi ses amis les moines qui lui ont donné un nom et une enfance, il a aussi bien été envahi par le yang (le mal) qui découle des cruelles expériences qui ont ponctuées sa vie. Il ne galvaude jamais de sagesse ni d’intelligence, et adopte souvent des identités qui ne lui appartiennent pas sous un déguisement adéquat afin de duper ou de s’attirer les grâces d’autrui. A la fois serpent et caméléon, il loue ses services de tueur et choisit ses contrats dont il ne se parjure en aucun cas. Son enfance, passée en grande partie dans le silence et la méditation, l'a rendu plus patient que les autres assassins, et sa propension à la curiosité, nourrie par les questions et contradictions qu'engendrent sagesse et malice dans son esprit, l'ont rendu plus loquace et moins sujet à la présomption. Ses intérêts à présent sont simples, mais multiples: briser la frustration dûe à son impuissance dans ses expériences passées,
et en apprendre plus sur la nature complexe de sa race, dont il a pu voir des facettes contrastées, afin de pouvoir identifier, s'il en a une, sa personnalité...

Il a simplement jeté son dévolu sur Luskan et ses villes voisines pour sa richesse cosmopolite, et se cache dans un rôle qui reste vrai, celui d'un moine parti en voyage dans le but de mettre à jour les cartes et les archives de son monastère.

Validé pour moi

Comme je suis un peu chiant j'aimerai par pur plaisir sadique pour te faire plancher en apprendre un peu plus sur les moines qui l'ont élevé, histoire de bien justifier ses niveaux de moine.

J'ai pas posté son BG pour qu'il soit validé, il l'était déjà. Mais Aionios va quitter le Val, donc je poste son histoire progressivement. Autant faire les adieux comme il faut =)
Mais si tu trouves sa vie au monastère trop peu détaillée, je préparerai ça.

Au milieu de la nuit, des ombres se découpaient dans la forêt. Comme une meute de hyènes en chasse, elles caracolaient dans les broussailles en laissant parfois apparaître une silhouette humaine parfaitement fondue dans les frondaisons et ne s'arrêtèrent qu'une fois leur objectif atteint. Objectif pour le moins dangereux, car il s'agissait du palais de Yoshizumi, le grand seigneur des terres de la région. Toute la résidence était rigoureusement gardée : des gardes étaient postés à toutes les entrées et des patrouilles se relayaient dans l'enceinte de la cour et à l'extérieur. Des "bakufuda", parchemins explosifs enchantés principalement utilisés comme pièges, étaient cachés un peu partout. Lorsqu'une des silhouettes fit un signe de la main, les autres l'entourèrent aussitôt. La première ombre communiqua avec des signes et désigna le palais pour finir. A ses ordres, les autres disparurent dans les ténèbres en un bond sauf une. Le chef s'adressa à son lieutenant de vive voix en murmurant :
- Où est Aionios ?
La jeune femme fit une grimace lorsqu'elle vit l'ombre secouer la tête en réponse avant de disparaître à son tour.
- Toujours aux moments les plus importants...
Elle fit mine de s'avancer vers le palais à la suite de ses hommes, mais s'arrêta puis leva la tête ; une flèche noire quitta une branche située à une vingtaine de mètres au dessus de sa tête sans la faire bouger. Un sourire aux lèvres, la jeune femme s'élança à sa poursuite et bondit par dessus la palissade. Avant qu'elle ne disparaisse derrière, les morts se comptaient déjà par dizaine.



Malgré le silence abyssal avec lequel il avançait, sa vitesse restait ahurissante. Progressant avec une efficacité redoutable, il ne tarda pas à parvenir au point de ralliement en avance et se cacha derrière un encorbellement en forme de dragon. Scrutant des yeux le dernier couloir menant à la salle du noble, Aionios pensa à voix haute :
- Tout est bien trop facile... Pourquoi tant de gardes à l'extérieur et si peu à l'intérieur ?
Il joint ses dix doigts, plongé dans une de ses réflexions aux airs de méditations... puis rouvrit de grands yeux. D'évidence, c'était un piège ! Tout s'était déroulé sans encombre ; ses calculs étaient bien trop précis. Il n'y eut pas l'ombre d'un imprévu - il y en avait pourtant toujours et c'est un facteur qu'il ne manquait jamais de considérer -, si ce n'est les bakufuda bien nombreux et mal dissimulés. Sa réflexion lui fit baisser machinalement la tête vers le sol. Mi-attentif, il mit un temps avant de remarquer que le vernis du plancher terne était intact sous un de ses pieds et formait un angle. Avec l'autre pied, il retourna le tapis juste devant lui et écarquilla les yeux : son dessous était couvert de bakufuda sur toute sa longueur. Chacun des autres tapis qu'il retourna lui offrit la même vision. Rejoignant rapidement le balcon, il examina attentivement chaque buisson. Ils ne bougeaient pas malgré la petite bise nocturne : ce genre de camouflage par substitution était courant en orient, mais jamais on n’avait vu des gardes l'utiliser ! Horrifié, Aionios vit les siens s'engager dans chacune des entrées, il voulut crier. Mais cela aurait été signer l'arrêt de mort de tout le groupe. Il devait trouver une solution, et vite...



Comme convenu, chacun des envahisseurs passait par une entrée différente, certains faisant volontairement diversion afin de laisser les autres issues ouvertes. Au même moment où le premier s'engagea dans le bâtiment, il vit une feuille de papier tomber devant son nez. Lorsque les envahisseurs levèrent leurs regards, ils virent une pluie de papier papillonner au gré de la bise. Avant qu'aucun d'entre eux n'eût le temps de comprendre, une explosion éclata dans les broussailles plus loin vers le nord ; des cris se firent entendre. Dans chacun des groupes qui s'infiltraient, les hommes se fixèrent un à un mutuellement : ces cris ne venaient d'aucun des leurs. Leur meneuse fit un signal de retraite que tous n'avaient pas attendu pour se défiler. Mais des murs s'arrachèrent les motifs qui prirent forme humaine ; du sol plat surgirent en un bond des couvertures, en découvrant d'autres : c'était des ninjas ! Le piège se referma sur le groupe de rebelles comme sur des rats, les forçant à tous se regrouper devant la porte principale, cernés de toute part. Au milieu de l'ennemi, Yoshizumi souriait de toutes ses dents. L'incarcération s'était passée en un éclair, comme l'action qui allait suivre. Une autre explosion éclata sur l'ennemi, suivit d'autres encore : du balcon central fusaient des shurikens qui venaient déchirer les bakufuda encore flottants ci et là. Une liasse de ces explosifs atterrit près de Yoshizumi qui accusa le coup. L'incroyable explosion projeta la moitié des hommes de son souffle, calcinant les plus exposés. Ceux qui furent épargnés se cachaient déjà, de peur qu'une autre explosion leur fasse connaître le même sort. Le groupe de rebelles en profita pour s'engager dans le portail et prendre la fuite devant les ninjas paralysés. Lorsque l'ennemi reprit un semblant d'organisation, les ombres étaient déjà loin. Aionios, juché sur une branche en hauteur, sourit avant de disparaître à son tour.

Dans la cachette des rebelles, le débat était animé. En effet, le plan avait échoué. Durant une réunion, tous cherchaient une explication avant de revoir une stratégie. Aionios, lui, se faisait une manucure primaire avec son kama non loin d'eux. La discussion terminée, une jeune femme vint vers lui.
- Je dois encore te remercier Aionios. Sans toi nous serions perdus, dit-elle souriante.
- Je n'ai fait que mon travail, chef.
La jeune meneuse sourit. C'était tout lui de répondre de manière si formelle. Lorsqu'elle tendit une main vers sa joue, il l'évita en se détournant.
- Tu n'es pas obligé de faire ça à chaque fois tu sais ? rouspéta-t-elle les mains sur les hanches.
- Toi non plus... répondit-il sèchement.
Une moue boudeuse, elle croisa les bras. Mitsuki était une bien jeune et jolie fille pour assumer un tel poste. Son visage était d'une finesse exquise, ainsi que son sourire enjôleur. Son teint blanc témoignait de sa coquetterie : à l'instar des occidentaux qui prennent soin de la blancheur de leurs dents, les femmes de Kara-Tur accordent une grande importance à la perfection d'une peau nacrée et satinée. Son regard était d'un rouge profond, en amande, et ses cheveux vermillons, attachés en queue de cheval, rappellaient les feuillages nuancés de l'automne. C'était à se demander ce qu'elle faisait ici, parmi les rebelles. Mais Aionios ne fit jamais la remarque. Il savait qu'elle détestait par dessus tout qu'on la taquine avec.
- Puisque c'est comme ça, je vais demander à Gin de le faire à ma place ! fit-elle dédaigneuse.
Puis elle lança un regard derrière Aionios qui se retourna avec recul, pensant voir le sinistre individu. Plus que tout, la présence de Gin le mettait mal à l'aise. L'homme était autant imprévisible qu'étrange, et son schéma de réflexion - s'il en avait un - arrivait toujours à rendre l'assassin et le moine anxieux. Lorsqu'il se rendit compte de la surpercherie, il se retourna pour protester. Mais il était trop tard : sa joue rencontra la main caressante de la jeune fille malgré lui. La retirant avant qu'il ne puisse réagir, elle sourit jusqu'au oreilles. La grimace d'Aionios n'y changea rien, si ce n'est qu'elle s'éloigna pour lui tirer la langue.
- Tu n'avais qu'à me laisser faire tout à l'heure ! lui reprocha-t-elle avec un sourire vainqueur.
L'assassin resta surplace. Qu'il eût du mal avec les femmes tenait d'un traumatisme de longue date qu'il avait plus ou moins réglé en se renseignant sur leur genre afin de les anticiper, mais la spontanétié de Mitsuki le surprenait toujours. Poussant un soupir, il se résigna et sortit de la pièce pour retourner dans ses quartiers. La jeune fille qui le regarda partir effaça tristement son sourire.

Le temps passa et les missions se succédèrent chez les rebelles, tant et si bien qu'Aionios ne croisa qu'occasionnellement Mitsuki. Leur relation ayant évolué pour le mieux, la présence de la jeune femme commença à lui manquer. Les rares fois où il la trouvait seule, elle était vite rejoint par un de ses lieutenants. A son incompréhension, un sentiment de d'hostilité envers ces derniers l'envahissait. L'assassin aurait tout fait pour les éloigner d'elle. Conscient que quelque chose n'allait pas chez lui, il décida de consulter Mitsuki qui pourrait certainement l'éclairer. Mais elle était encore occupée à parler avec un subalterne. Ce jour-là, il l'interrompit pour la première fois :
- Chef, auriez-vous une minute à m'accorder ?
La jeune femme grimaça.
- Combien de fois je t'ai déjà dit de m'appeler Mitsuki !
Le mercenaire s'inclina en simple réponse. Voûtant les épaules, elle se résigna.
- On se parlera plus tard, j'ai beaucoup à faire pour le moment. ( Mitsuki marqua un temps avant de poursuivre ) Je dois parler à Gin...
A ces mots, le regard de l'assassin se durcit. Cette réaction n'échappa pas à Mitsuki qui avait volontairement provoqué ses émotions. Aionios avait supporté que la jeune femme l'abandonne pour parler avec les autres, mais Gin... D'habitude posé, l'homme ne put cette fois-ci cacher sa colère. Au même moment où un lieutenant vint pour faire un rapport à la jeune femme, il tourna les talons et s'en alla sèchement. Mitsuki resta derrière, son regard triste fixant ce dos s'éloigner d'elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait, alors pourquoi les choses lui paraissaient-elles si différentes cette fois-ci ? Perdue dans ses pensées, elle n'écouta pas le rapport.



En route pour leur nouvel objectif, les rebelles avaient un long chemin à parcourir à travers montagnes et vallées. La traversée serait fatigante et non sans risque, mais pour ces mêmes raisons, l'ennemi ne les attendra pas par la montagne. Le trajet se fit cette fois à vitesse de marche, car il fallait ménager ses forces. Le soleil se couchait à l'horizon, et chacun ruminait ses pensées dans le peu de temps qui lui restait avant le début de la mission. C'était aussi le cas de Mitsuki qui n'avait pas adressé la parole à Aionios depuis leur dernière discussion. Le mercenaire, professionnel, avait essayé à plusieurs tentatives de briser la glace, mais à chaque fois, la jeune femme s'était obstinée à feindre l'ignorance. Lorsqu'elle leva ses yeux de ses pieds, elle l'aperçut qui marchait juste devant elle. Sans qu'elle s'en soit rendue compte, la distance qui les avait séparés si longtemps avait disparu. Détournant lentement ses yeux tristes, son attention fut attirée par leurs deux ombres que la lumière du crépuscule projetait sur la paroi rocheuse. La minute suivante, elle tendit timidement une main en avant : si l'on ne regardait que les ombres, Aionios et elle semblaient marcher main dans la main. Elle sourit à cette vision, et garda un long moment sa main devant elle sans quitter la paroi des yeux. Aionios, qui venait de remarquer la scène du coin de l'oeil, prit cette main délicate avec un sourire. Surprise, la jeune femme rougit jusqu'aux oreilles. Elle voulut retirer son bras et se cacher dans un trou de souris. Mais la grande main chaleureuse de l'homme effaça aussitôt cette pensée. Comme il avait changé depuis leur rencontre. Depuis qu'elle l'avait arraché de son éternel mutisme et de sa solitude, elle était devenue celle qui inspirait ses moments de méditation. Même ses crises de douleur cérébrale s'étaient raréfiées. Le jeune homme lui devait beaucoup, et il le savait.

Lorsque le soleil se coucha, tous prirent refuge dans les arbres pour passer la nuit. Sauf Mitsuki et Aionios qui s'étaient retrouvés dans une clairière non loin de là. Mis à part sur la colline du grand chêne - celle de leur première rencontre -, il ne s'étaient jamais autant éloignés des autres pour parler ensemble. Mais sans doute partageaient-ils à cet instant le désir de passer un moment seuls pour rattraper le temps perdu. Assis au milieu des lucioles, l'un à côté de l'autre, tous deux gardèrent un silence que seul le doux clapotis de l'eau venait déranger.
- Je suis désolé Mitsuki. J'ignore pourquoi je me suis comporté de la sorte...
- Ce n'est rien, tu n'as pas à t'excuser. C'est moi qui devrais. Ma réaction était idiote...
Aionios secoua la tête.
- L'opération de demain est bien plus dangereuse que toutes les précédentes. Il est possible que nous n'en revenions pas vivants, rappela-t-il avec un air grave.
La jeune femme garda le silence. Aionios réalisa la faiblesse de ses mots. Pour la énième fois, il restait admiratif devant le courage de la jeune chef. En tournant la tête, il se morigéna de sa stupidité : la jeune femme tremblait sensiblement, débordée par ses émotions. Le coeur coupable, Aionios rompit le silence en cueillant une fleur.
- Une Hotarubukuro*. On en trouve aussi sur la colline du grand chêne.
En la surprenant, il réussit à faire sourire Mitsuki.
- J'ignorais que tu t'y connaissais en fleur. Décidément, tu m'étonneras toujours.
Le jeune homme secoua la tête.
- Juste celle-ci. J'ai mes raisons.
Il laissa un temps de réflexion à la jeune femme qui le regardait de ses yeux brillants. Puis, une main devant lui, il attendit patiemment qu'une luciole vienne se poser sur son doigt avant de l'introduire à l'intérieur de la fleur en forme de cloche pour enfin lui tendre. Blanchâtres à l'extérieur, les pétales de la fleur révélèrent leur nature versicolore à la lueur interne : d'un bout à l'autre vermillons puis blanches soufrées, elles étaient maintenant nimbées d'un halo scintillant rouge orangée rappelant celui du soleil au crépuscule. Assise face à Aionios, les mains à plat entre ses genoux, Mitsuki resta longtemps sans voix. Tous deux restèrent à se regarder, immobiles, au milieu des lucioles qui complétaient de leurs feux oniriques le tableau inspiré par la pureté de leur sentiments. Les pommettes rosies, la jeune femme leva le regard vers l'homme qui lui souffla :
- Une fleur peut en cacher une autre...
Prenant la fleur dans ses mains, Mitsuki attendit pleine d'espoir les prochains mots d'Aionios qui mit un temps avant de sortir de sa fascination.
- Je... ( Il cacha son expression gênée ) Considère ça comme un porte-bonheur pour que notre mission se termine sans mal...
Elle eut un sourire chagrin. Ce n'était pas ce qu'elle attendait, mais elle s'en satisferait. Elle n'avait pas le choix.
Un nouveau silence les firent tomber dans la mélancolie : demain matin, ils seront à nouveau chef et subordonné.

*poche à luciole



Dans la douceur de la nuit, Mitsuki se leva. Sans un bruit, elle s'assit sur ses genoux et contempla pour la première fois le visage endormi d'Aionios. Il avait l'air serein. L'était-il tous les soirs ? Passant une main dans les cheveux de l'homme assoupi, elle se pencha doucement sur lui. Juste avant que leurs silhouettes ne se rencontrent, elle murmura :
- Voilà mon porte-bonheur à moi.
Elle embrassa l'homme à la commissure de ses lèvres, puis s'allongea à ses côtés en le couvant des yeux. Rêveuse, elle s'endormit sans voir qu'une troisième présence les observait.

Au chaud au cimetière