[Rp] Des signes dans les champs de blé...

... Ou tout du moins à côté. (c'était pour un titre accrocheur)
A l'orée de la forêt de Luskan, entre l'écurie et le campement orque où semblent aboyer quelques chiens combattant pour les duels de paris de la Cohorte, on peut voir à de nombreuses reprises des pentacles à moitié effacés, par le vent ou la main de l'homme. Des pentacles tracés tantôt de cendres volcaniques, tantôt de cordes en lin entourées d'une bande de tissu colorée, ou d'autres matériaux étranges. Des traces d'un petit feu jonchent généralement les alentours, feu de camp entouré de pierres noircies par la suie. Et très souvent, différents débris trônent au centre de ces pentacles : queues de lézards, osselets abandonnés, bois brûlé, feuilles de laurier, et tant d'autres restes abandonnés, positionnés à des emplacements différents dans les parties du symbole arcanique.

Malgré cela, il ne semble pas y avoir de trace d'invocation quelconque, sûrement s'agit-il de rituels étranges, non-aboutis certainement.

Les forestiers peuvent apercevoir dans la pénombre de certaines nuits de l'été luskanien des lumières assez sombres, difficiles à discerner, comme des feux follets mourant. Et parfois, ces apparitions lumineuses sont-elles accompagnées de paroles sans aucun sens, où se mêlent commun, draconique, et sons insensés, donnant à cette scène des airs lugubres pour qui n'est pas habitué à ces démonstrations de sorcellerie.




(Message pj ! Je précise, pour qu'on ne croit pas que c'est une anim ^^)

Un nouveau pentacle effacé à moitié aura été découvert dans une ruine de tour près de l'Epine. Des bris infimes de verre épars peuvent être aperçus, visiblement traces d'un élément du sortilège qui y a eu lieu, et les plus gros ont été ôtés entretemps par les deux Aurilites d'un jour, Lhoer et Manteau d'Hiver.

Celui-ci a fait son apparition juste avant l'étrange vague de froid qui fait claquer les portes et refroidit les couches, aujourd'hui encore au camp légionnaire à l'est de Luskan. Si ce pentacle est désormais complètement inutilisable, nul doute que les deux évènements ont un lien !

Le pentacle est recouvert de débris de la tour et brisé en un point où la terre a décidé de voir ailleurs si on y était mieux logé. Aucun débris de verre a signaler.

Plus de trace de pentacles, et visiblement de réelle activité magique depuis l'arrivée des troupes mirabariennes au pied des murailles luskaniennes.
A la place, de vives et interminables discussions dans des recoins perdus entre deux ensorceleuses, Leen et Kalaes. Un ou deux passants ont eu le malheur de croiser les deux femmes, et dit-on, seraient repartis aussitôt, l'un ayant même hésité à tirer sur sa tempe à l'aide de son arbalète de poing.

Ca discute d'un peu tout, toujours en rapport avec la magie... du don de l'ensorceleur et de l'influence potentielle de son ancêtre, de l'agencement des plans, de la conception de la vie en ceux-ci, de différents sortilèges... et même de modèles de sociétés du plan primaire.

Les villages avoisinants auront reçu la visite de la sorcière - ou prêtresse ? - Manteau d'Hiver. Silencieuse, avançant sur les routes de campagne qui séparent les petites communautés fermières, d'un pas droit et régulier, elle ne se présenta qu'aux personnes clés : maréchal ferrant, intendant des stocks, guérisseur, boulanger.
Toujours d'un ton très calme, elle prononça quelques mots, ne répondant pas aux questions superflues, jouant de son aura :

L'heure de la moisson a sonné, vos blés sont hauts, ils sont dorés et ne demandent qu'à alimenter vos greniers pour la bise de cet hiver. Oh oui, vous pouvez être fiers de ces récoltes, car elles nourriront vos fils, et vos pères... Mais n'en oubliez pas moins la situation extérieure, n'oubliez pas ces mesures de conscription luskanienne. N'oubliez pas que dans leur folie acculée, ils vont vouloir plus, beaucoup plus ! Ils volent la liberté des hommes, ils prennent les fils des artisans pour les faire garder leurs ports mal fâmés, ils libèrent leurs prisonniers pour les joindre à la population... L'heure est proche où ils ordonneront le pillage de vos grains, où ils se serviront en chair à baliste dans vos fermes, la nuit, prétextant la sécurité de Luskan...
Refusez de vous soumettre à la dîme, villageois, gardez votre grain, vos boeufs, dans vos réserves et vos granges. L'armée de Mirabar et Padhiver qui contiennent ces Luskaniens devenus fous dans une enceinte close n'a besoin que de vous, d'une part de rationnement. Cette part, vous la calculerez en fonction des besoins de vos habitants, que le bourgmestre fasse la proportion, et l'envoie au camp mirabarien de l'est. Ce n'est pas un impôt, c'est un don qu'ils vous demandent, car ils savent être sur vos terres, et ne demandent que la fin de la guerre pour pouvoir s'en retourner. Ces soldats qui attendent patiemment que leurs exigences soient accomplies, sont des hommes comme vous : ils travaillent dur, comme vous au soleil, eux le font sous leurs mailles, comme vous avec votre faux et vos fléaux, eux utilisent leur lame et leur bouclier.
Et si certains de vos hommes sentent en leur coeur une étincelle de bravoure, l'armée mirabarienne ou padhiverienne les accueillera, à bras ouverts, avec les honneurs qui sont dus à ceux qui s'engagent volontairement.

Alors Aurile vous permettra de battre votre grain en toute quiétude, laissera vos bêtes belles et dodues, augurant un hiver doux, pour ceux qui savent respecter la Grande Vierge qui vous observe de la chaîne de l'Epine.
Faites votre choix, mais faites le bon.


[Validé Dardan]

- Trois, trias, c'est la clé. Trois a toujours été la clé des Plans, mais si seulement ! Si seulement tout ceci dépassait le simple stade du chiffre, du quantifiable pour devenir qualifiable !
Rha, trois, tout allait par trois, bien évidemment. Un plus un, en ésotérisme, donne forcément trois, et c'est la source de la diversité, elle-même base de nos plans.

Elle traça le signe du trois en draconien à terre.

- Regarde-moi, je suis le chiffre du Multiple, et pourtant je ne suis qu'un, Sorcière ! Je ne suis qu'un chiffre et je représente tout en un être unique. Ne suis-je pas en cela parfait, complet ?
- Certes, Trois, mais pourquoi as-tu une forme ? Pourquoi... pourquoi ne pas l'accorder sur le cercle, car j'ai longtemps considéré cette forme comme le symbole du tout concentré en un seul espace. Tu as mille apparences, selon les langues et les concepts ! Mille apparences mais une seule signification.
Ah ! Oui ! La langue du Multivers, celle que personne ne connait ou si peu... la langue du Vrai Nom, Trois, quel est ton vrai nom ? Quel est ton nom dans la langue universelle qui possède un mot pour chaque chose ?
- Réfléchis.
- Oui, je réfléchis ! Je réfléchis depuis trop longtemps, dix ans, vingt ans ? Mais que sont ces chiffres, s'ils ne veulent rien dire ? Que sont ces chiffres sans leur nom exact ! Je cherche depuis un millénaire, depuis un siècle et demi, et toujours mon visage est-il dénué de la moindre lueur. Pourquoi mon visage, pourquoi dis-je cela ? CAR C'EST TON VISAGE QUE TU ME CACHES ! Montre-moi ton vrai visage, Trois, ôte ce voile et révèle-moi ton nom dans la Langue du Multivers.
- Réfléchis encore !
- Le mot est la source de tout, le mot est l'essence même du Multivers disent certains mythes fondateurs. Ces prêtres mulhorandis expliquent que leurs dieux ont le Verbe Créateur, que pour fonder le monde primaire que nous connaissons, ils ont prononcé neuf mots, chacun pour un concept. Et Isis est dite "Grande Magicienne" car elle a le pouvoir de connaître chaque mot des choses du Multivers.
- Peut-être ?
- Tu ne m'aideras point, n'est-ce pas ? Pourquoi m'aider à trouver ta vraie identité, voleur, être de secret ! Mais je la découvrirai, je saurais qui est le Trois. Ces mythes ont un sens, ils ont un fond de vérité, mais ne sont là que pour expliquer au peuple les choses de ce monde, la réalité est bien plus profonde.
Mais... la réalité, je la crée. Oui, nous créons tous notre réalité, si tu existes, Trois, c'est que je t'ai inventé, et tu as pris mon esprit pour m'ôter le pourquoi. Quand le concept dépasse son maître, et pourtant c'est bien courant, j'imagine, pour que l'esprit ne meurt pas, il délègue et donne l'indépendance. Sinon, je serais morte d'incompréhension devant les créations de mon esprit... sûrement. Mais je te redécouvrirai, Trias, je saurai qui tu es et quel est ton Vrai Nom.
- Peut-être !
- Arrête de te jouer de moi, je le saurai ! Si cela doit encore me prendre vingt ans, ainsi soit-il, mais Trias, chiffre du Multiple fait un, clé des Plans, tes secrets me seront dévoilés.

Sortant de sa transe, elle se reposa. Elle avait discuté toute seule, auraient pu témoigner les écureuils cette nuit... Peu importe, ce que l'esprit créait, cela était réel.
Curieux moment que cette guerre, qui attise les interrogations et pousse une sorcière à s'interroger sur certains concepts qui ne lui étaient jamais apparus autrefois, suite à une discussion avec Leen sûrement.

La sorcière, la Dame Blanche comme certains la nomment, a bien entendu abandonné son ancien lieu de recherches magiques aux alentours de la ville de Luskan, afin d'éviter toute malencontreuse rencontre : "on ne tente pas le baatezu". Au lieu de cela, elle s'est désormais retiré sur une petite colline de la route de Mirabar, hantant celle-ci, rappelant parfois à des voyageurs innocents ce qu'il en coûte de ne pas respecter la Déesse Froide qui réside dans le domaine jouxtant la route commerciale, évoquant les brusques tempêtes qui peuvent s'abattre sur ceux-ci s'ils ne la prient pas, et partageant son campement avec ceux qui acceptent de l'adorer dans une prière, même brève.
Et de nouveau dans la nuit d'entendre des sons étranges, des sons tels que le Multivers seul peut produire, venant de l'intérieur de la colline, vraisemblablement d'une grotte enfouie. Celle-ci commence à peine à se recouvrir de symboles ésotériques divers, gravés à même la pierre et les stalactites formées par l'écoulement des pluies à travers le sol. Généralement éclairée par quelques faibles lueurs dansantes bleutées, blafardes, celle-ci semble être le nouveau lieu de ses recherches. Un vieux grimoire trône au milieu de l'édifice naturel, un grimoire comme nul autre, ne contenant non pas des formules ou des schémas d'études, mais presque uniquement des signes répétés parfois sur des pages et des pages, avec uniquement quelques variations minimes que seul un oeil avisé peut observer. Et toujours, des pentacles bordés d'un cercle majestueux en poudre d'obsidienne, d'une veine minérale toute proche, agrémentés parfois de motifs plus complexes, jonchent un espace consacré à l'invocation de forces extraplanaires, scène pour le moins étrange pour qui n'est pas habitué à cet univers mystérieux, que le clapotis des gouttes filtrant des dernières pluies ou le son du vent s'engouffrant et faisant tinter quelque carillon cristallin retenu par une cordelette, ne fait que renforcer.

La relative tranquillité du lieu demeure un élément important pour la concentration, et la méditation, auxquelles se livrent l'ensorceleuse. Les sons nocturnes auront en effet tôt fait d'écarter quelques brigands couards, mais qui sait.