Exploration des marais

Toujours dans cette ville de Luskan, que les dieux semblent apprécier au point d'y jouer, pauvres ou heureux instruments que nous sommes dans ce microcosme. Encore une fois, c'est là que prit source notre expédition.

Nous étions plusieurs à souhaiter nous aventurer dans des environnements sauvages des alentours de la ville, dont le tourbillon Milo et Anathano le frondeur. Trois légionnaires étaient disponibles, Arkenn, sa soeur Lindisfann et Tristan le Piquant, tandis que le Légat de Bryn Shander accompagné de sa femme magicienne Eve semblait également intéressés. Finalement ce fut cette dernière qui nous rejoignit, dans l'espoir de récolter une sangsue des marais, car c'était là notre destination. Une hin fort timide nous rejoignit également, nommée Aggartha.

Nous voilà partis, gaiement, comme toute équipée sous la pluie qui n'altérait point notre joie. Nous savions qu'elle ne durerait pas, mais c'était exactement ce que nous recherchions. Je n'hésitai pas à raconter à nos compagnons des histoires sur les chemins que nous suivions, afin de les instruire, et qu'ils puissent reutiliser ce savoir pour attirer une belle avec eux, ne serait-ce qu'un soir ? Mon sac à dos bien installé, c'est dans les bois que nous nous aventurèrent, succombant au doux désir de rencontrer des créatures que nous gagnerions à décrire plus tard. Qui a vu un bestiaire diversifié peut s'en vanter dans les auberges, c'est quelque chose de fort apprécié par les locaux, qui aiment à entendre des portraits de monstres fantastiques.

Les bois devenaient de plus en plus sombres, les frondaisons filtraient toujours plus la lumière du soleil couchant, et les troncs se rapprochaient pour former un dédale naturel. Je comprend les préceptes de ce vieux suivant d'Ubtao que les Calishites avaient exposé dans une foire, ces gens vivant chaque jour dans des environnements compressés voient vite la vie comme un gigantesque dédale.
Les loups semblaient bien plus agressifs que le pire des manticores de Shaar. La hin Aggartha était visiblement une amie de ces animaux, et elle réussit à en calmer certains, les autres passèrent rapidement sous nos lames. Enfin les lames des légionnaires sous mes ordres. Du moins sous mon regard, une égide se doit d'être discrète.
Nous rencontrâmes même un ... tigre ! Un tigre ! Je soupçonne fortement un invocateur d'avoir fait venir cet animal de plaines plus méridionales, ou un chargement zoologique pour des nobles richissimes s'étant perdu par ici. Ce ne serait pas la première fois que des espèces de ce type sont introduites dans des régions a priori hostiles.

Petit à petit, nous nous retrouvions au coeur de cette forêt, avec nos protecteurs prêts à en découdre, mais les trolls nous espionnaient. Evidemment, nous les avions vus ! Oui, mais l'intérêt que nous leur portions nous poussa à les laisser approcher. Confiants derrière nos murailles tranchantes, nos remparts de fer, nous nous postâmes. Et la vague s'avéra légèrement plus rude que prévu, car elle perça nos défenses comme une vague de Port-Llast, rasant celles-ci et les réduisant à néant. Les combattants réussirent non sans mal à les repousser, mais leurs griffes étaient plus acérés que la plupart des trolls qu'il m'ait été donné de rencontrer, et leur capacité incroyable de régénération rendait les véritables blessures bien difficiles. Les populations locales de ces trolls sont donc bien plus agressives et résistantes que celles que l'on peut trouver dans les marais plus à l'est, ou les Rocterres cormyriennes. Cela mérite réflexion, et étude plus approfondie.

D'autant que je ne vous ai pas tout dit, car non seulement bien plus forts, ils ont acquis des instincts de chasse qui relèvent davantage du carnassier arboricole que du prédateur primaire. En effet, certains tombèrent des arbres pour nous attaquer, afin de contourner les défenses des combattants très sûrement.
Je dois avouer, cher lecteur, car la vérité est mon seul objectif, que je me fis surprendre... écrivant sur mon calepin l'aventure que voici. La jeune Lindisfann tomba avec moi, bien qu'avec plus de résistance. Je suis bien incapable de vous dire de quelle façon le troll qui me remarqua joua avec moi, à mon grand regret, mais le plus intéressant reste à venir, car je suis encore ici pour vous le raconter.

L'on raconte que la mort est un tunnel, chez les nains, que l'on doit arpenter. Un dernier tunnel, une dernière épreuve... et le gouffre suit le nain jusqu'à ce qu'il tombe dedans, s'il est trop lent.
Chez les elfes, on parle d'une voie dorée vers l'Arvandor...
Hé bien, c'est faux. On meurt à plusieurs, déjà, car je me retrouvai avec Lindisfann dans un lieu non pas accueillant, mais point hostile ou austère. Ce que certains appellent lumière est une créature étrange et éthérée qui vous tourne autour, se rapprochant toujours plus. Des banquettes sont même présentes, absolument, pour ceux qui souhaitent en finir au plus vite, attendant la mort fatalement. Ce n'était pas notre cas, notre volonté d'en découvre était bien plus forte, notre résolution à sortir de cet endroit était aussi intense que notre désir de vivre et respirer de nouveau ! Donc nous prîmes un thé ensemble.

C'était le bon choix, je rouvrai mes yeux sur l'endroit que j'avais quitté avant le trou noir. Lindisfann était allongé tout près, et Milo venait de s'occuper de mes blessures. Sortant plus forts de cette expérience, aguerris par cette connaissance accrue, nous reprîmes la route et la courageuse Lindisfann put même reprendre quelques plaques de son armure en prenant la souffrance d'un tel acte sur elle.

D'autres trolls nous assaillirent, mais nous ne nous laissâmes pas faire, oh non. Ils nous avaient échauffés les oreilles, donc la pitié avait disparu de nos modalités. Petit à petit, les marécages approchaient, et la magicienne exultait. Le hin Anathano fit alors preuve de ses talents de trappeur en posant un piège complexe, basé sur une amplification de son strident, qui fit merveille sur les sangsues. Alors que celles-ci nous assaillaient, Aggartha semblait se transformer d'un instant à l'autre et le sang-froid des légionnaires seul permit de ne point la confondre avec des créatures hostiles. Une seconde horrible squelette armé, l'autre méduse captivante, ou encore animale, la druide, je suppose, nous aidait ainsi, alternant des formes aussi diverses que variées.

Ah oui, j'oublie un détail, fort peu important au final. Croisant son regard... je restai de marbre, en effet, l'on me raconta que je venais d'être transformé en statue. Etrange propriété de cette forme vous en conviendrez, celle qui pouvait sceller mon destin à celle d'oeuvre d'art perdue dans un marais, sauva ma pauvre intégrité physique en me rendant ma chair et mon esprit d'un coup de son bâton enchanté, invoquant les forces telluriques.

Voilà cher lecteur, le résumé de cette aventure assez peu commune, qui j'espère, en inspirera plus d'un. Sachez que l'aventure est à votre porte, et qu'il suffit de franchir le pas.


(Merci à la compagnie entière, ainsi qu'à Seth l'omnivoyant ^^)