(28/03/08 ) Retour.
Lorgol est toujours aussi accueillante, même après tant de temps passé loin de ses murs. Je ne sais ce que me réserve l'avenir ici, s'il me reste une place quelconque dans la Couronne Septentrionale, et à la vérité je compte aviser sur l'instant. Un homme de mon talent trouvera bien un endroit où s'installer, que ce soit ici ou ailleurs, dans la Cité des Voiles.
Oui, j'ai retrouvé caché sous une dalle, dans la chambre de la Plume Noire, ce présent journal. J'ai relu mes écrits... Quelle ironie. Merlose me hantait, j'ai cru l'exorciser.
Mais j'ai compris une chose, pendant ma longue errance loin du Val de Bise, tandis que les démons du passé ressurgissaient. Le fantôme de Merlose ne me hante pas. C'est mon ancien moi qui le fait. Je suis mort en même temps que Merlose, après cette nuit d'amour, quand je l'ai occise. Je suis damné, et j'apprends dès lors à me faire à mon nouveau statut.
Il est intéressant de constater que le désespoir procure un intense sentiment de liberté. Annika a pu entrevoir cette étincelle de folie qui m'anime, mais elle ne devine pas le brasier que je pressens que cela deviendra. Que je remette la main sur cette tieffeline, et je suis sûr que les élans que son sang démonique lui commandent par moment feront pâle figure par rapport à ce que je vais déployer pour elle.
Qu'importe, après tout. Vagabondons, soyons excentriques, profitons de la Luxure, de la Décadence, laissons éclater notre Haine... Tout pour contenir notre Désespoir.
Je t'ai retrouvée, Merlose. Tu as pourri ma vie comme ton corps pourrit dans son cercueil. Menons une existence d'Outre-Tombe ensemble.