Son introspection était terminée. Il avait reflechi ces derniers mois à sa vie. Il avait été élevé dans l'unique but de tuer. Et un pacte lui interdisait cette finalité, à présent. Sa vie n'avait donc plus aucun sens, il existait, et ne savait plus pourquoi. Cela revenait à ne plus exister, pensait-il. Il lui fallait trouver quelque chose à faire, quelque chose qui donnerait un sens à cette existence absurde.Les expériences du Culte du Dragon rongeait son corps, l'énergie négative coulant dans la moindre fibre de son corps, lui ôtant la satisfaction qu'il avait d'accomplir son devoir, lui ôtant quasiment tout espoir de voir son état s'améliorer, rendant son corps froid au toucher, rendant le monde plus terne à ses yeux, et le faisant souffrir atrocement, comme s'il était rongé de l'intérieur par cette force obscure. C'est ainsi qu'il se mit en route, tombant sur celle qui scellera son destin : une jeune elfe sauvage, incapable de produire d'autres sons que des grognements. Une parfaite victime, un parfait cadeau pour l'oghmite, qui pourrait ainsi lui offrir ce qu'il désirait : du sens. Il l'attrapa, sans aucune difficulté, et la traîna jusqu'au Nord, la tabassant au passage pour éviter qu'elle ne se débatte.
Il eut quelques problèmes avec les Lames, suite à cela. Il aurait pu mettre son amulette, et tous les détruire un à un, mais il n'aurait alors aucune chance d'avoir ce qu'il désirait du Chancelier. Il regardait le corps inanimé de l'Archinécromant, l'homme qui lui servait d'hôte...tout ceci était si absurde...il n'était décidément pas fait pour vivre dans ce monde. Jamais il ne pourrait s'y adapter, il n'y avait aucune chance...Cette elfe était de la Communauté, semble-t-il. Il allait étudier leur réaction, pour comprendre, voir, sentir. Comprendre leurs sentiments, voir leur réaction, sentir le sens qu'ils donnaient à leur existence. Il reçut l'accueil auquel il s'attendait. Il n'y avait que haine, ressentiment et colère pour lui. C'est alors qu'il prit sa décision : il allait se condamner lui-même, pour mettre fin à ces souffrances, pour éviter que le Chancelier n'ait des problèmes, pour rejoindre enfin sa Déesse et le Néant qui fera taire toute cette douleur, toute cette peine, toute cette tristesse. Il se confia donc à un mage elfe, qui l'avait craint par le passé, afin qu'une trace fugace de son existence reste sur Toril : trace qui serait la mémoire centenaire de cet elfe.
Il s'excusa. Il se livra. Il aurait pu tous les tuer, il ne pouvait mourir au combat dans ces circonstances. Il n'allait néanmoins pas se laisser faire, il n'allait pas mourir en ne faisant rien pour se défendre, c'était contre ses principes. Il ne répliquerait pas, néanmoins, jusqu'à ce que le coup fatal l'achève. Une prêtresse elfe lui parla de pardon, du pardon de l'elfe sauvage qu'il avait tant fait souffrir. Mais il ne se faisait guère d'illusions, la colère grondait dans les voix des autres elfes, son sort était scellé, la vie était ainsi : mourir ou tuer. Ils allaient prendre sa place et tuer. Ils deviendraient les chasseurs, lui la proie. Il reçut une flèche dans le ventre, en dévia une autre, ne cessant de regarder la mort en face. Ses yeux fixés sur cette autre flèche, la troisième, qu'il allait dévier encore une fois...Il vit le léger plissement de paupières, signe qu'il allait tirer dans un infime instant...et c'est cet instant que le destin choisit pour qu'il repense à elle, qu'il repense à tout le mal qu'il avait fait, à ce qu'il avait sacrifié au devoir, il en resta figé. Il avait toujours eu une once d'espoir en lui, cette once venait de s'envoler. Et il fut étrangement satisfait, à un point qu'il n'avait jamais connu jusqu'ici. Il quitterait enfin ce triste monde, il avait été pardonné par un elfe, il allait enfin connaître le Néant qui l'engloutirait.
Et en effet, l'instant d'après, il connut le Néant. La flèche transperça son coeur. Il s'effondra. Et c'est ainsi que la vie de Najhal Maharnak se termina.