Au théâtre..

Quand elle revint au théâtre ce soir-là, Amélia se dirigea directement vers le bistro des Arts. Cela faisait plus d'un mois qu'elle n'avait plus dansé. Elle aurait voulu attendre de terminer une chose avant mais là.. C'en était trop. Elle balaya du regard la pièce et ses habitués. Finalement ses yeux se posèrent sur un guitariste avec qui elle avait sympathisé depuis son arrivée. Elle avait déjà entendu bien mieux en terme de talent, mais peu importait. Ce soir, il fallait qu'elle danse. Son interlocuteur fut charmé par sa demande, mais également un peu surpris... Amélia n'était pas souriante et enjouée comme d'habitude. Et quand elle lui décrivit le type de morceau qu'elle souhaitait qu'il jouât, il fut d'autant plus surpris et intrigué. Il savait que, depuis qu'elle en avait reçu l'autorisation, elle venait chaque jour pour faire quelques échauffements ainsi que quelques pas de danse ou acrobatie. Mais c'était des éléments séparés. Jamais on ne l'avait vu danser. Alors il attendit qu'elle se place au centre de la scène dans la cour intérieure. Elle avait ôté cape et capuche et rassemblé ses longs cheveux noirs en un chignon serré. Oui, elle l'avait intrigué.. car même ses yeux n'étaient plus d'un gris très doux.. mais avaient pris des teintes métalliques, plus froides, plus dures, tendant presque vers l'anthracite. Elle prit sa position, la jambe droite tendue vers l'arrière, le pied en pointe. Son buste et sa tête étaient tournés vers elle, de même que ses bras. Elle ferma les yeux, enfin prête à sombrer... ou s'éveiller.

Dès les premières notes, on comprenait qu'il ne s'agirait ni d'une ballade, ni d'une chanson mélancolique. Le rythme était de suite soutenu. Les notes presque brutales. La musique puissante, vibrante. Elle se sentit frémir. Enfin elle pourrait déverser physiquement ce trop plein cumulé. Et plus rien n'exista. Plus rien ne compta. Rien d'autre que cette musique et cet espace où enfin elle pourrait se laisser aller. Et ainsi, elle évolua sur la piste. Certes, à la regarder elle paraissait gracieuse, comme si ses pieds ne touchaient presque pas le sol, comme si elle flottait. Mais c'était plus que cela. Sa danse était violente, passionnée, endiablée. Elle enchaînait triples tours et battements de jambes, tout en effectuant entre deux des mouvements mi-provocateurs, mi-insolents. Par moment on aurait dit un serpent, ou une liane, sans colonne vertébrale, car elle n'hésitait pas à insérer quelques acrobaties dans sa prestation, tout en les choisissant bien pour que l'ensemble demeurât harmonieux. Ainsi elle effectua cette souplesse arrière, comme lors de ses entraînements : descendre en pont en arrière, puis donner une impulsion sur ses jambes pour qu'elles décrivent un arc de cercle parfait au dessus de sa tête, pieds en pointe, pour finir ainsi debout à nouveau et pouvoir continuer sur un autre mouvement.

En observant le duo, il devenait presque difficile de savoir si c'était la danseuse qui suivait la musique ou si c'était le musicien qui essayait de répondre à ses désirs. Certes, l'accord entre les deux n'était pas parfait, mais la musique qui les liait en cet instant estompait quelques peu cela. Et puis, à n'en point douter, elle était douée..

Furieuse.. Il ne l'avait jamais vue furieuse.. Si cela arrivait, il verrait la différence..

Quelques gouttes de sueur finirent par perler ci et là sur sa peau diaphane. Son cœur battait à tout rompre. La musique entama son dernier crescendo. Et elle suivit, enchaînant sauts et tours piqués, occupant tout cet espace auquel elle avait mis le feu pendant les 10 dernières minutes. Puis ce fut le final, déchirant, telle une explosion et elle termina le visage offert vers le ciel, le buste bombé vers l'avant, les bras jetés en arrière, en une posture fière... et insoumise.

Amélia se retira dans un coin du café des arts, une tasse de thé dans une main et une liasse de parchemins dans l'autre. Puis elle commença à parcourir le document. A la première page, elle ne put retenir un "Ttttss !" bien sonore, mais ensuite elle fut plongée dans sa lecture, ne prêtant plus attention à ce qui l'entourait, délaissant même sa boisson qui refroidissait. Ainsi elle lut la pièce d'un bout à l'autre, ne levant pas les yeux un seul instant durant sa lecture. Quand enfin elle eut terminé, elle ne dit mot. Son visage, appréciateur jusque là pour la qualité du texte, se changea en un air très pensif. Quelques minutes plus tard, elle finit par se relever. Maintenant qu'elle savait ce qu'il en était, il lui serait plus aisé d'aider à l'organisation de cette pièce. Les portes du théâtre s'ouvriraient prochainement, mais d'ici là... Il lui restait quelques comédiens improvisés à convaincre..

.

Avant que le soleil ne se léve, une petite troupe se rend vers le théatre.

Là, sur la corniche surplombant la scéne exterieure, les nains se reunissent autour de leur chapelin, une courte cérémonie se fait, où est loué le nom du Forgeur.

Puis avec le soleil levant, les nains se dispersent en petits groupes pour commencer la modification du théatre.

Du bruit de plus en plus fort réveille le quartier, des machines de levages sont montées et rentrent en action.

Un orifice est rapidement fait, par des dalles enlevées, les piliers renforcés par du bon acier nain cerclé.

La troupe de travailleurs nains à la fin de la journée, laisse la place à un groupe bruyant de gnomes, qui mesurent et comparent, apprécient et critiquent, mais se mettent aussi au travail, à leur maniére.

Du port est amené par chariots un ensemble de caisses, ma foi fort longues, et de nombreux aller retour depuis les entrepots Drimois s'effectuent durant les journées qui suivirent.

Finalement, aprés tant de rafut, le calme.

Les voisins du théatre n'en furent que ravis .

.

Un certain magicien multicolore, préparerait dans l'enceinte du théâtre, plusieurs cylindres garnis de poudres colorées probablement quelques fameux sortilèges...

De son côté, on pourra voir Amélia assise dans la cours intérieure avec une planche à dessin, ainsi que des crayons, fusain et pastels à portée de main. Elle regarderait l'ensemble d'un air pensif avant de donner quelques coups de crayons.

Nécromagyolothkuja a écrit:: Un certain magicien multicolore, préparerait dans l'enceinte du théâtre, plusieurs cylindres garnis de poudres colorées probablement quelques fameux sortilèges...

Un aide, patient et calme comme la montagne qui l'a vu naitre, l'assiste en prenant bonne note, répetant avec minutie.

Une danse sensuelle sur un air de violon...

Une pièce improvisée présentée tel un jeu où deux personnes inventaient une histoire tandis que deux autres la jouaient au fur et à mesure, comme pour l'imager, pour donner corps au récit..

A n'en point douter, une certaine activité reprenait au travers de la Croisée..

.

Cela faisait déja quelques temps que gnomes et nains s'activaient dans le théatre.

Les voisins ayant une vue plongeante sur la cours de celui ci, les avaient apercu, entendus s'activer sur une sorte de plateforme destinée aux machineries du théatre exterieur.

Puis en plein aprés-midi, un bruit ? un son ? un cri ? un râle ? une expiration ? Chacun en alla de sa version mais une onde sonore titanesque fit trembler tout le quartier.

Curieux et badauds s'aglutinérent, une fois leur esprit retrouvé, vers les portes, bien fermées du théatre .

Un détachement de la garde (et quelques héros de passage) s'enquirent qu'il n'y avait aucun meutre ni manisfestation magique démoniaque destructrice (une m2d2, comme ils disent), et dispersa la foule.

Finalement, aprés tant de rafut, le calme.

Les voisins du théatre n'en furent que ravis, bien que désormais, légerement méfiants .

.

Aprés s'être absenté l'espace de quelques jours, le magicien multicolore revint, le voyage s'étant avéré visiblement moins long que prévu...

Depuis la fin des travaux de l'installation de l'orgue au théâtre, une étrange, sinistre, et éthérée mélodie se fait entendre à proximité de celui-ci...

Durant cette nuit-là, quelques lumières de couleur s'allumèrent, les unes après les autres, avant de replonger à nouveau la cours dans l'obscurité. Il se murmure au sein du théâtre que la nouvelle barde avait suggéré une ou deux idées fortes intéressantes.. Ainsi, il n'y aurait pas qu'une pièce en cours de préparation.. Mais rapidement les murmures se taisent, car il n'était pas encore temps de lever le voile sur les prochaines surprises que réservait la Croisée des Arts.

En pleine nuit, on a put entendre l'orgue jouer seul une "mélodie" atroce et assourdissante.
Au matin, étrangement, on a trouvé au sol, quelques ballons dégonflés non loin des tuyaux de l'instrument.

Une halfeline retrouvée endormie non loin, sur un des bancs du théatre, indique qu'elle n'a vu personne et rien entendu de "spécial".

Un petit test.. une scène improvisée de crieur de nuit qui arracha des rires à ses deux spectateurs... et la Croisée venait de se trouver un nouveau comédien.

Des premiers essais sont effectués dans la cours intérieure. Les bancs sont déplacés sur les côtés, des "tables" sont installées pour observer un effet donné.. Puis, après quelques tests et une fois satisfaits du résultat, tout est remis en place.

Voilà plusieurs jours, voire semaines, que régulièrement on pouvait voir Amélia assise au milieu de la cours intérieure avec une planche à dessin sur les cuisses. Diverses esquisses de décors se profilaient à présent sur sa planche à dessin (merci Père Noël d'ailleurs *==>*). Elle semblait de plus en plus satisfaite du résultat. Son projet avançait à grand pas. Oui.. Bientôt le Théâtre pourrait rouvrir ses portes.. et pas pour ce que tout le monde semble attendre...