[[Mort RP]] Valérie de Lagrange

Citation :

Nom du compte joueur : Marpessa31
Nom du personnage : Valérie de Lagrange
Race : Humaine
Age : trente-trois ans
Alignement : Neutre bonne
Religion : Clergé de Lathandre
Classe : Prêtre (20 niveaux), Guerrière (5 niveaux)
Domaines : Force et guérison
Arme de prédilection : Aube Etincelante (morgerstern)
Trait de caractère : Franche, courtoise, serviable, ouverte au dialogue, très bonne éducation générale, un peu exubérante. Intransigeante dans son travail, peut parfois montrer un certain radicalisme.
Description Physique : Taille un mètre soixante-dix-huit, visage assez long, yeux bleus, cheveux lisses et blonds lui arrivant au bas des épaules, corps athlétique, en parfaite forme physique, aucuns tatouages ou signes particuliers. Porte une lourde armure sur laquelle est gravé, en petits caractères, au niveau du ventre, un soleil levant au-dessus d'une rose éclose (symbole de Lathandre). Deux aigles se faisant face sont également gravés sur ses épaulettes (signe de son haut rang au sein de l'Alliance - Matriarche). Son arme est située près de sa cuisse gauche et son bouclier est attaché à son dos.

I
Introduction - Eauprofonde ville des merveilles.

« Lorsque les poètes parlent de la ville d'Eauprofonde ils la décrivent comme la cité des splendeurs où la vie y est meilleure, du moins plus excentrique. Si les Aquafondiens ont un défaut notable, c'est celui de penser qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil et de considérer la totalité du savoir humain et « non humain » comme leur héritage culturel. Ce défaut n'est pas obligatoirement une mauvaise chose. Dans leurs odes et leurs récits, les poètes la décrivent encore comme la polisseuse de diamant, lissant les défauts des individus pour qu'ils puissent donner le meilleur d'eux même. La cité des splendeurs est indubitablement une place où des faits importants ont cours, un centre d'échange (tant au niveau culturel, religieux, artistique) et de commerce considérable. Les Aquafondiens considèrent cela comme un fait sans jamais se demander comment et pourquoi on en est arrivé là. L'astucieux voit qu'Eauprofonde est une cité opulente où les riches se regroupent pour commercer et que ce négoce génère de l'abondance avec une rapidité inégalée dans l'arrière-pays de Faerûn ».

Valérie n'est pas vraiment née à Eauprofonde mais à soixante-dix kilomètres au nord de la grande cité et plus précisément sur le duché du Valmort, où sa famille avait élu domicile depuis plusieurs générations. Le père de Valérie, paladin de Lathandre à la retraite, fut, pendant très longtemps et comme beaucoup d'autres chevaliers, au service de Piergeiron Paladinson gouverneur et commandant du Guet de la ville. Édouard était un homme de confiance et lorsqu'il se retira de ses fonctions après bien des années de bons et loyaux services, le gouverneur lui accorda de nouveaux droits en l'affermissant durablement sur ses terres. Celui-ci prit alors, en premier mariage, et assez tardivement d'ailleurs, Marie Bruant (de quinze ans plus jeune que lui), la deuxième fille d'un notable installé en la ville d'Eauprofonde. De cette union naîtra deux enfants : Christophe et Valérie (de deux ans sa cadette). Christophe mourut en bas age, après avoir contracté la variole. Cette perte allait accroître les efforts que le couple fit sur le seul enfant qui leur restait ; son père avouera d'ailleurs, bien des années plus tard, que son voeu le plus cher aurait été de la voir entrer dans les ordres, ce que la fillette fera quelques années plus tard.


II
L'enfance

Valérie est née au château des de Lagrange le 12 Ches de l'an 1348. Ses parents lui apportèrent toute l'affection et l'attention qu'une jeune enfant puisse recevoir, l'élevant dans le sens du devoir et de l'honneur. C'est à l'age de six ans qu'elle reçut sa première bénédiction au temple de Lathandre d'Eauprofonde ; cet événement allait en quelque sorte sceller son destin, car, une année plus tard, sous les directives et les encouragements de son père, elle allait rentrer au séminaire de la même ville. Les premières années de sa vie religieuse furent relativement difficiles. La subite rupture avec le foyer familial lui causa quelques bouleversements intérieurs. Cependant, cette période fut, d'un autre côté, très bénéfique pour la fillette, car elle commença à s'initier aux rudiments de la lecture et de l'écriture. Cette période légèrement déstabilisatrice, lui permit aussi d'affermir cette foi grandissante qu'elle ne comprenait pas encore très bien. Au fil des années, Valérie se lança corps et âme dans son apprentissage, travaillant assidûment aux côtés des scribes et des prêtres du temple ; son dévouement et sa dévotion exemplaire lui permirent de s'élever parmi les aspirants les plus doués pour avoir la responsabilité d'un futur sacerdoce.
A l'age de quatorze ans, la coutume voulait que les futures prêtresses et paladines partent pendant cinq ans à la Porte de Baldur où ces dernières étaient prise en charge par des chevaliers de l'ordre, et cela principalement pour préparer et encadrer leurs facultés et leurs aptitudes martiales. Cette période était généralement très éprouvante, et il n'était pas rare de voir certains prétendants abandonner cette partie de l'apprentissage. À cette époque, Valérie reçût l'enseignement de sire Caren de Klenderthel. Sire Caren était un homme d'environ quarante ans, à la stature imposante, son aspect transfigurait celui d'un être sévère mais sachant appliquer la compassion en bonne mesure, lui-même étant extrêmement attaché à ses valeurs et ses convictions. Son expérience et ses conseils eurent un impact très enrichissant sur la jeune fille, son andragogie ne s'arrêtait pas à savoir manier les armes, le bouclier ou encore à monter ou démonter une armure de plaque, mais bien à transcender le pouvoir de la foi et celui du combat. La relation entre le « maître » et l'élève fut corrélativement importante et l'influence que sire Caren laissera sur Valérie sera prédominante ; nous parlons ici plus d'une influence psychologique qu'autre chose. Au terme de ces cinq années, Valérie, alors âgée de dix-huit ans, retourna à Eauprofonde achever ses études de prêtrise. Elle avait considérablement changé, la physionomie, le caractère et les manières de l'adolescente avaient cédé la place à celles de la jeune femme qu'elle était, mais surtout à la femme qu'elle allait devenir. Son retour, se juxtaposa également à la période qui allait annoncer les premiers troubles concernant le remembrement territorial du Valmort.




III
La maturité

Les cinq années qui suivirent son retour de la Porte de Baldur furent exclusivement consacrées au parachèvement de sa formation religieuse. On attendait d'elle qu'elle fasse preuve d'un dévouement complet au culte et à la cause du clergé. Son comportement, ses connaissances et ses facultés étaient mis à l'épreuve dans bon nombre de circonstances (cérémonies diverses, étude et explication du dogme etc.). Elle fut ordonnée prêtresse à l'age de vingt-deux ans. Dans son journal intime, Valérie a écrit de longues phrases qui mettent en relief son ordination :

« Ces cultes se déroulaient toujours lors des équinoxes de printemps. La préparation qui servait de prélude à cette cérémonie durait une semaine, cette période aussi appelée « ère du renouveau » était une phase de purification et de grandes prières. Durant ces dix jours, il nous fallait faire plusieurs ablutions, ainsi que des offrandes devant l'autel. Tous les prétendants étaient séparés les uns des autres et ne devaient parler à personne. Les trois derniers jours étaient réservés au jeûne et au recueillement, les prières commençaient très tôt juste avant l'aube et celles-ci duraient plusieurs heures. Les célébrations de ce genre étaient avant tout placées sous le signe de la réjouissance et faisaient souvent office d'introduction à des périodes de fastes et d'apparat relativement importantes. Mon sacrement s'est déroulé un 26 Mirtul et fut présidé par le haut prêtre du soleil Ghantilara. Je dois dire que de ma vie je n'ai jamais vu un temple aussi richement orné et décoré. Cela semblait presque féérique, le sanctuaire brillait de mille feux, l'odeur des lys et des orchidées était enivrante, une aura de beauté et de bienfaisance tourbillonnait dans le temple, un double choeur d'enfants avait été placé derrière l'autel et celui-ci chantait des psaumes en canon et en imitation à deux et trois voix, les chorales alternaient parfois en sujet et contre sujet à la manière d'une fugue, c'était merveilleux. Nous étions placés sur deux colonnes, les garçons d'un côté et les filles de l'autre, une longue robe nous couvrait de la tête au pied, et nous avancions pieds nus de l'entrée du temple jusqu'à l'autel. La cérémonie en elle-même était divisée en plusieurs périodes ; celle-ci commençait d'abord par une bénédiction individuelle pour chacun des futurs apologistes, il s'en suivait une imposition des mains (geste symbolique visant à purifier l'âme et le corps), une grande oraison était également prononcée par le grand prête, elle visait à encourager les futurs représentants de l'ordre en réexpliquant les fondements même du clergé ainsi que ses missions principales ; s'en suivait un long moment de chants et de prières collectives, l'ordination définitive s'enchaînait, c'était un moment solennel et de très grande émotion, nous étions ensuite invités à prendre la parole pendant un court instant, nous permettant, de nous adresser, par cela même, à l'assemblée entière. La célébration se terminait par des motets et des hymnes chantés à la gloire du Seigneur de l'Aube. Je n'arrive pas à trouver les mots pour décrire ce que cette cérémonie a représenté pour moi, elle venait couronner tout ce dont pourquoi je m'étais battu depuis mon admission au temple jusqu'à ce jour béni, je savais pourtant que bien des épreuves allaient encore m'attendre, mais je ressentais au fond de moi qu'à partir de ce jour une période de ma vie avait réellement pris fin et qu'une autre prenait naissance. » [extrait de la page 18 du journal intime de Valérie].

À la suite de cette cérémonie, Valérie servira deux ans durant au temple d'Eauprofonde en qualité de prêtresse, avant de faire ses premiers pas à l'extérieur de la ville des merveilles.

III a)
Pérégrination en la périphérie d'Eauprofonde - les années de découverte - Le Gué de la dague.
Le gué de la dague se tient dans l'ombre imposante d'Eauprofonde, la cité se présente comme une petite agglomération fortifiée de presque quarante bâtiments de pierre, et un château s'étend sur les rives sud du gué, garant de la sécurité pour les caravanes et les voyageurs parcourant la Route du commerce ou se dirigeant vers l'est en direction de Secombre et d'Eauforte. Le Gué de la dague abonde en autels, sanctuaires et puissants prêtres, dont des temples dédiés entièrement à Chauntéa, Lathandre, Shaundakul, Tempus et Timora. Valérie est arrivée à la tour de la clarté lunaire (tour bâtie au pied du château ducal) le matin du 16 Uktar de l'année 1371; une lettre officielle des instances religieuses d'Eauprofonde lui permit de prendre ses fonctions rapidement. Liam Sunmist le très respecté prêtre de Lathandre lui fit très bon accueil. Le culte du Seigneur de l'Aube restait le plus pratiqué au Gué, et en premier par le duc lui-même. Outre le fait de renforcer l'ordre dans la région, le clergé voulait aussi se montrer présent en prévision d'une offensive déclarée par le gouverneur d'Eauprofonde visant les ruines de Paldragon, siège d'une recrudescence d'activités maléfiques. L'attaque ne tarda pas, et les armées d'Eauprofonde et d'autres villes commerciales de l'ouest se rassemblèrent pour expulser de Paldragon des fiélons qui étaient entrés en Faerûn par un portail dans les niveaux inférieurs du château. Les prêtres érigèrent un sanctuaire dans le château pour contrôler ses monstrueux habitants, hélas celui-ci fut en état de siège pendant très longtemps face aux hordes de gobelours, chitines, orques et autres créatures. La bataille de Paldragon, fut, pour Valérie, sa première participation lors d'un conflit armé. Dans son journal intime, elle décrit ses impressions personnelles concernant cet événement :

« Depuis plusieurs jours nous connaissons ici une période d'effervescence sans précédent, les armées d'Eauprofonde ont commencé à arriver depuis dix jours et il semblerait que le gouverneur est réussi à s'octroyer l'appui de plusieurs ducs et seigneurs des cités commerçantes de l'ouest. Des bataillons arrivent tous les jours et ce déploiement de forces est vraiment très impressionnant. Tous les regards sont bien entendu portés sur les ruines de la forteresse de Paldragon où une invasion de félions pourrait mettre en péril toute la région. À en croire par le nombre de soldats présent ici, la menace doit être très importante, j'ai même entendu deux prêtres de Tempus qui stipulaient que les seigneurs d'Eauprofonde invitaient les clergés à se rallier sous une même bannière pour la bataille. Je fus un peu surprise d'entendre cela, pour la simple raison que nous n'avions reçu aucunes directives concernant notre degré d'implication dans ce conflit. La réponse ne tarda guère à se manifester, car deux jours plus tard nous reçûmes un pli cacheté du sceau de nos instances religieuses, la missive en elle-même fut très explicite puisque par le biais de celle-ci nous étions dorénavant autorisés à prendre part au conflit.
Trois jours de marche étaient nécessaire pour rejoindre les ruines de la forteresse, le chemin le plus commode était d'emprunter la Route du commerce du moins était-il le plus facile pour déplacer des troupes. À l'aube du quatrième jour, le château se présenta devant nos yeux. Cette citadelle en ruine autrefois très célèbre domine la longue route du commerce au sud du Gué de la dague. Le château, jadis imprenable, était devenu, au fil des siècles, le foyer d'une succession de monstres, d'armées d'orques et de sombres fiélons. Le mur d'enceinte extérieur, avait, inexorablement, subi les traces du temps, de nombreuses brèches et des fissures géantes offraient une multitude de passages. Nous ne savions pas trop à quelle résistance nous allions nous opposer, mais il était certain qu'avec les terres de la Haute Lande aussi proche, la forteresse devait être un gîte appréciable pour les tribus d'humanoïdes originaires de cette région. En effet, le combat s'engagea dès que les soldats passèrent les premières murailles. Des groupes d'orques se heurtèrent de front aux combattants, l'affrontement fut d'une rare violence, les armées d'Eauprofonde bien équipées et mieux organisées repoussèrent cet assaut et les assaillants furent exterminés jusqu'au dernier. Les fiélons avaient investi les salles inférieures du château, il ne fut pas facile de les en déloger et d'en venir à bout. Le plus important était de détruire le portail par lequel les démons étaient apparu, une fois celui-ci neutralisé il était plus simple de contenir l'invasion. Les pertes furent lourdes malgré l'intervention des prêtres, mais les félions furent vaincus. Un nouveau sanctuaire fut érigé à l'intérieur du château permettant de contrôler ses monstrueux habitants. Pourtant, malgré la présence des défenseurs, celui-ci est toujours en état de siège perpétuel face aux tribus de sauvage de la Haute Lande » . [extrait de la page 46 du journal intime de Valérie]

Valérie restera deux années entières au Gué de la dague, et bien qu'elle ne ressentait pas l'exubérance et l'excitation de la vie Aquafondiene l'endroit lui plaisait. Elle se lia d'une grande amitié avec dame Maerovyna, la prêtresse qui dirigeait le sanctuaire de Chauntéa depuis plus de vingt-cinq ans. Elle s'attira également la considération de la Baronne Syana Geona avec laquelle elle entretiendra une longue relation de respect et d'affection (la Baronne jouera d'ailleurs un rôle essentiel au sein des événements qui allaient très bientôt secouer la vie de Valérie). La Baronnie Geona contrôle les territoires du duché à l'est entre la forêt brumeuse et la rivière Delimbyir. Après la mort de son époux c'est elle qui prit les commandes de la baronnie à la surprise générale. Depuis, en entendant la majorité de son fils elle s'acquitte de sa tâche avec un grand dévouement et une grande maîtrise. Le domaine de la baronne est à une demi-journée de cheval du Gué, il se présente comme un gros village, le château baronnial est situé dans la partie sud du village sur un contrefort. Il est composé d'une grosse tour et d'une enceinte de murs de pierres avec deux tours basses, un logis est construit à l'abri des remparts. Valérie s'y rendait très souvent pour lui rendre visite, elle aimait les longues heures de discussion en sa compagnie. Lors de ces entrevues elle fit aussi la connaissance de la famille Cromm, dont la baronnie contrôle les territoires du duché à l'ouest. Cette région lui rappelait étrangement les terres de sa famille, peut-être était-ce là la raison pour laquelle elle montrait un aussi grand attachement à cet endroit, malgré cela elle quittera le Gué le 7 Flammerige de l'année 1374.

(de gauche à droite : duc du Gué - Liam Sunmist - Dame Maerowyna - la Baronne Geona)

III b)
Scornubel la cité des caravanes.

Le soleil avait déjà pris une position avancée dans le ciel lorsque la caravane fut en vue du pont de Boreskyr, ce massif édifice de pierre enjambe la Route du commerce de Scornubel à Eauprofonde. Le pont n'accueille aucune habitation en dur, les tentes des marchands et les abris des caravaniers s'y entassent à chaque extrémité du pont et se renouvellent régulièrement. Valérie était partie depuis déjà une semaine, elle était accompagnée par Liam Sunmist le révéré prêtre de la tour de la Clarté Lunaire qui devait se rendre là bas pour superviser les travaux d'un nouveau temple. Ils étaient partis du Gué avec l'une des nombreuses caravanes marchandes qui ralliaient Eauprofonde à la cité des caravaniers. Le voyage ne fut troublé que par quelques attaques de brigands, mais ces dernières furent très vite repoussées. Après avoir longé, pendant plusieurs jours, la fameuse Forêt du cri de troll, la caravane se dirigea vers la frontière sud de la Haute Lande.
« Il y avait un nombre impressionnant de tentes, la cité de toile, comme certains l'appelaient devait abriter au moins trois cents marchands et voyageurs, le campement s'étendait de part et d'autre du pont et ce n'était qu'un perpétuel brouhaha de criaillerie et de bruits d'animaux. Nous traversâmes le pont puis nous prîmes la décision de pousser jusqu'à Soubar où nous organiserions une halte pour la nuit. Le reste du voyage fut particulièrement long et ennuyant, nous passâmes très rapidement dans la petite ville de Triel, et dans la soirée de notre dix-huitième jour de voyage, la masse informe de la cité marchande se dessina enfin à l'horizon ». [extrait de la page 82]



Scornubel est une véritable fourmilière commerciale. La cité est située le long de la rive septentrionale de la rivière Chionthar. Ce n'est qu'un incessant va et vient de marchands et d'aventuriers de toute sorte. La compagnie marchande des Rouges Boucliers dirige à la fois les opérations militaires et celles relatives aux caravanes quittant Scornubel. Des autels dédiés à presque toutes les divinités sont disséminés parmi les édifices bas de la ville. Le clergé de Lathandre possédait une petite nef dans la rue de la Tour isolée et malgré que celui-ci soit bien implanté parmi la caste commerçante ce dernier avait encore du mal à prendre son envol. Cependant, sous l'influence et les efforts répétés de Liam Sunmist et de Doralen Gallias (le grand prêtre de la région) un nouveau temple avait été érigé dans une rue voisine.

« Le grand prêtre Doralen Gallias se présentait comme un homme éternellement optimiste, il était imperturbable quand il s'agissait d'accroître l'influence du clergé, et malgré les difficultés celui-ci gardait une confiance absolu quand à la réalisation de ses projets. Il était d'une petite taille, sa physionomie et ses manières reflétaient celles d'un homme dynamique et engagé. Son visage exprimait à la fois une jovialité prononcée ainsi qu'une grande bonté. Je me souviens encore très bien de notre première conversation » :

- (Liam) Bonjour à vous mon cher Doralen.
- (Doralen) Ce très cher Liam Sunmist comme je suis heureux de vous voir...je vous attends depuis une semaine déjà, avez-vous eu des ennuis lors de votre voyage ?
- (Liam) Disons que nous sommes partis du Gué un peu plus tard que prévu.
- (Doralen) Je vois..alors vous serez heureux d'apprendre que nos démarches avancent et que notre projet touche à sa fin.
- (Liam) Comment ?....Mais il y a encore deux mois tout était à l'état d'ébauche...c'est....c'est vraiment une très grande nouvelle.
- (Doralen) Vous voyez mon cher comme j'ai bien fait de garder espoir.
- (Liam) Vous êtes vraiment incroyable.
- (Doralen) Du tout...vous savez très bien que le Très Haut veille sur nos desseins.
- (Liam) Certes...je n'en ai jamais douté une seule seconde. Je vous présente demoiselle Valérie de Lagrange une jeune prêtresse de l'aube fraîchement arrivée d'Eauprofonde.
- (Valérie) Mes respects Grand Prêtre.
- (Doralen) Vraiment ? Et bien chère consoeur permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre modeste sanctuaire....quoique la volonté du Seigneur de l'Aube s'affermisse ici et nous allons déménager sous peu dans un temple bien plus grand que celui-ci.
- (Valérie) Vous m'en voyez honorer.
- (Doralen) Comment se porte ce cher Ghantilara ? Est-il toujours le grand prêtre de notre temple à Eauprofonde ?
- (Valérie) Absolument...j'ai d'ailleurs ici une missive que je dois vous remettre de sa part.
- (Doralen) Excellent...cela fait très longtemps que je ne l'ai point vu, et l'absence de nouvelles commençait à m'inquiéter... j'espère qu'il va bien.
- (Liam) Disons que demoiselle de Lagrange est resté à mes côtés pendant deux ans au Gué et j'ai pensé qu'elle pourrait se montrer utile ici.
- (Doralen) Certes certes le travail ne manque pas...comme vous le savez le culte est présent mais nous devons encore faire des efforts pour apporter la Parole auprès de la population. Scornubel est une ville très cosmopolite, des projets naissent presque tous les jours et nous devons tout faire pour encourager les nouvelles entreprises.
- (Liam) Et bien ma chère Valérie je crois que cela va vous changer de la vie relativement tranquille que vous meniez au Gué.
- (Valérie) Je le pense et je m'acquitterai de ma tâche du mieux possible.
- (Liam) Je n'en doute point.

« Le grand prêtre avait souligné que le travail ne manquait pas, et bien il n'avait pas si bien dit. La besogne était grande, l'intendance du nouveau temple demandait une présence permanente de la part des prêtres. Outre les bénédictions quotidiennes qu'il fallait assurer, nous devions organiser des offices et diverses cérémonies. De plus, l'assistance médicale n'étant pas très bonne en ville, la préparation d'antidotes et de potions médicinales était plus que nécessaire. Le rythme de vie que je menais ici était nettement différent de celui du Gué, il y avait toujours quelque chose à faire, l'énorme activité qu'engendrait le commerce facilitait grandement les rencontres ; cependant et paradoxalement je ne pus me faire de véritables amis du temps de ma présence ici ».
Sa présence à Scornubel sera assez courte (une petite année), une lettre de sa mère précipitera son départ de la cité marchande :


Ma chère Valérie,

comme je l'avais déjà évoqué dans mes précédentes lettres la situation ici est très fragile. Tu sais que ton père essaye depuis maintenant deux ans de faire valoir ses droits auprès des nouvelles instances seigneuriales du duché. Le duc de Vestance lui a accordé audience à plusieurs reprises, mais hélas ses requêtes n'ont pas été entendues par celui-ci. Bon grès mal grès, nous avons déjà fait beaucoup de concessions dans l'espoir de garder le peu de terres qui nous reste encore. Cependant, depuis plusieurs semaines la situation a empiré, un nouvel édit concernant la restructuration de notre duché et de deux autres comtés voisins a été adopté, beaucoup de familles ont été expropriées de leurs biens et beaucoup d'autres ont été emprisonnées et même pire. Lorsque tu liras ces lignes, nous aurons quitté le château, la situation ici étant devenue trop dangereuse pour nous. Je ne sais encore où nous irons, peut-être à Eauprofonde ou à Secombre. De plus, je m'inquiète énormément pour la santé de ton père, tous ces événements l'ont considérablement affecté et je crains qu'un long voyage ne lui soit fatal. Je prie pour que tu puisses nous rejoindre le plus rapidement possible.


Valérie quitta Scornubel en toute hâte, sans aucune autorisation des pouvoirs religieux, elle ne le pouvait pas, elle n'avait pas le temps d'attendre une éventuelle réponse d'Eauprofonde qui n'aurait fait que retarder sa décision. Le Voyage du retour fut harassant, au fur et à mesure qu'elle progressait vers le nord le temps devenait épouvantable, l'hiver approchait, les vents arctiques qui soufflaient du nord ouest au sud-est rabattaient de grosses concentrations de nuages chargées de pluie, et il n'était pas rare, de voir, en cette saison, des tempêtes de grêle ou de pluie givrante. « C'est de pire en pire, au fur et à mesure que nous nous rapprochons d'Eauprofonde les conditions climatiques sont de plus en plus cauchemardesques, nous évoluons dans quatre-vingt-dix centimètres de boue, la route devient de moins en moins praticable à cause des pluies incessantes de ces dernières semaines, et les caravaniers doivent faire de très gros efforts pour que les animaux puissent avancer. Il me semble que je suis partie depuis au moins trois mois alors que je n'ai même pas atteint mon premier mois de voyage. Je vais être obligée de m'arrêter au Gué, sans quoi je n'arriverai pas à poursuivre ma route, j'en profiterai pour mettre dame Geona au fait de la situation actuelle » [extrait de la page 106].
Elle arriva au Gué le premier mois de l'hiver, elle s'empressa de mettre la baronne au courant des faits, notamment en lui expliquant la position de sa famille ainsi que sa décision concernant l'interruption de ses fonctions au temple de Scornubel et sa volonté de revenir aider ses parents. La baronne se montra compréhensive et lui accorda aide et protection pour sa famille. La mère de Valérie avait fait suivre plusieurs lettres au Gué et c'est à ce moment-là qu'elle fut mise au courant de la disparition de son père et de la retraite de sa mère en la ville de Secombre.

IV
Le feu sur le sentier - de la noblesse à l'archaïsme.

Elle gagna Secombre un mois et demi après son départ de la cité des caravanes ; elle retrouva immédiatement sa mère au temple de Lathandre où le corps de son père avait été inhumé depuis une semaine. Valérie était restée loin, trop loin pour aider sa famille, et il est difficile d'expliquer ce qu'elle a ressenti à la mort de celui-ci - culpabilité, remord, tristesse, douleur, un amer sentiment d'impuissance et de désespoir : « aujourd'hui un voile de ténèbres descend lentement sur mon esprit, mes idées s'embrouillent, mon coeur est rempli de chagrin et d'amertume, je n'arrive plus à avancer, il me faut du temps, du temps pour prier et réfléchir *sur la feuille de grands espaces ponctuent le rattachement des phrases*.... Il semblerait que la vie ne manque pas d'ironie, je ne peux même plus retourner sur nos terres, le château a dû être pillé ou même brûlé et je ne peux absolument rien faire..... Tiens aujourd'hui cela va faire quatre mois que je n'ai pas donné de mes nouvelles au temple d'Eauprofonde, c'est fou comme le temps passe vite, enfin pour moi il semble s'être un peu arrêté...*à ce passage l'écriture est plus incertaine*...je pense avoir trouvé une solution...J'ai enfin réussi à convaincre ma mère d'aller vivre au château de la baronne, je m'acquitterai de sa pension s'il le faut..*ici le texte ne semble pas avoir de structure cohérente ce n'est qu'une succession de phrases jetées ça et là sur le papier et n'ayant que peu de liens entre-elles - une alternance de formules transcrivant des pensées éphémères*....Tous les matins je vais prier au temple, mes longues heures de recueillement me raffermissent doucement et j'ai enfin pris la décision d'écrire à Eauprofonde, je ne sais encore comment leur expliquer tout ce qui m'est arrivé depuis des mois, enfin j'imagine qu'une entrevue avec le haut prêtre sera plus que nécessaire » [extrait de la page 118]. Elle rédigea une longue lettre dans laquelle elle souligna les motivations de son départ en retraçant les événements dans lesquels elle fut entraînée, elle formula également le souhait d'avoir une audience auprès du grand prêtre du temple d'Eauprofonde. L'entrevue eut lieu une semaine après l'envoi de sa lettre. « J'avais beaucoup d'appréhension à l'idée de devoir m'expliquer devant mon suppérieur, il est certain que j'aurais à réitérer de douloureux souvenirs, mais ma foi et mon dévouement envers le culte n'avaient pas changé. Cela, le haut prêtre le comprit fort bien et j'avais bien insisté sur le fait que j'étais de nouveau tout à fait prête à reprendre mes responsabilités si les instances me croyaient digne de m'accorder une nouvelle mission. Le haut prêtre le consentit en me remettant une lettre officielle cachetée du sceau de nos instances cléricales - ce document, me dit-il, doit être remis au prêtre du temple de Leilon car c'est là bas que vous allez être affectée. Un sentiment de joie remplit mon coeur à l'idée de me rendre à nouveau utile pour le bien des gens. Je n'oubliais pas de le remercier chaleureusement pour la confiance qu'il m'accordait, et c'est le coeur léger que j'accomplis mon voyage jusqu'à cet endroit inconnu ».


V
Padhiver - un nouveau départ.

Leilon est une petite bourgade composée d'une trentaine de bâtiments à l'aspect assez rudimentaire, l'agglomération est entourée d'une solide palissade en bois et celle-ci se dote, d'après ce que j'ai pu voir, d'une sorte de milice qui doit assurer la défense du village. La plupart des habitants sont soit des fermiers soit des pêcheurs et ces derniers ont l'air de mener une existence relativement paisible. D'après ce que l'on m'a dit, le patelin est dirigé par une sorte de bourgmestre qui est lui-même à la tête de la milice locale. Tout est très rustique ici, l'avenue principale n'est même pas empierrée ce qui veut dire que lorsqu'il pleut les habitants doivent avoir de la boue jusqu'aux mollets. La fatigue me gagnant je décidais de passer la nuit à l'auberge, je m'empressais de me renseigner auprès d'une jeune femme que je croisais, et celle-ci me signala que l'auberge correspondait au plus grand bâtiment du village et que je n'aurais, de la sorte, pas de difficulté à la trouver. À l'écoute de son explication relativement succincte, je supposais que je devais en savoir suffisamment pour trouver la bâtisse en question, ce qui fut vrai d'ailleurs. L'intérieur de l'auberge était tout aussi agreste et dépouillé que l'extérieur, la salle commune était très bruyante, les villageois devaient se donner rendez-vous ici pour raconter les exploits de la journée passée. Je me frayais un chemin jusqu'à une petite table isolée, rabattis ma capuche sur mes épaules, laissa tomber au sol le seul sac qui contenait toutes mes affaires et m'assis. Au bout de quelques minutes, un homme ressemblant à un bon gros paysan vint vers moi et m'adressa la parole :

- Bonjour ma bonne dame puis-je vous aider ?
- Oui je voudrais un repas chaud et une chambre pour la nuit s'il vous plait.
- Oh ! un r'pas ?...alors laissez moi vous r'commander not' plat d'morues pêchées d'ce matin...la spécialité du coin.
- Heu...non....non merci c'est gentil..je..je crois que je vais me contenter d'un bol de soupe.
- Ah ben comme vous voulez..mais vous savez pas ce que vous perdez.
Tout en me dévisageant, je sentais que l'aubergiste hésitait à me poser une question, finalement au bout de quelques secondes il se lança.
- Dites...heu...l'religieux du temple de l'aube là bas nous a dit qu'il attendait une jeune dame ce serait ptet vous par hasard non ?
- Hum...et bien je vois que l'on ne peut rien vous cacher...effectivement j'arrive d'Eauprofonde et mes supérieurs m'ont affecté au temple de Lathandre.
- Eauprofonde ? Ben mazette ma bonne dame l'endroit va vous changer pour sûr.
- Oui je crois..l'endroit a l'air paisible c'est toujours comme ça ?
- Ben oui...s'passe jamais rien ici...Ah ben si vous voulez voir des citadins faut aller d'l'aut' côté hein...à Padhiver.
- Padhiver...oui on m'en a parlé.
- Yep...pis c'est plus l'endroit pour une dame de vot' rang.
- Merci pour ces renseignements...il vous reste des chambres ?
- Pour sûr..j'm'occupe de ça !

Mon repas fut bref et je ne m'attardai guère dans la salle collective, je pris la clef de ma chambre et me dirigeai à l'étage. Ma nuit fut tout aussi courte que l'avait été mon repas, je me levai tôt pour ne pas louper la prière de l'aube ainsi que la cérémonie des offrandes que je devais faire. Ma première journée ici fut consacrée à la visite du bourg, je fus légèrement surprise de voir autant de temples dans un si petit village. La principale source économique de la bourgade résidait dans le commerce que celle-ci entretenait avec Padhiver ; beaucoup de fermiers et de pêcheurs partaient tous les matins vendre leurs produits sur les grandes places de marché de la ville des artisans. Le commerce avait l'air d'être très fructueux, et, inéluctablement, ma curiosité me poussa vers cette ville qui avait l'air si fleurissante. Tout en m'acquittant de mes tâches quotidiennes au temple, je pus quand même partir quelques jours vers la fameuse Padhiver. La route étant relativement dangereuse, je me joignis à un groupe de personnes expérimentées pour ce genre de périple. Le voyage fut particulièrement agréable, cette partie de la cote des épées est vraiment un délice pour le regard, nous longeâmes de magnifiques forêts, de doux vallons aux immenses plaines fertiles ponctuaient çà et là l'immuabilité de notre route. Il fallait une petite journée pour rejoindre la cité des paladins et lorsque les premiers murs de l'enceinte extérieure apparurent à notre vue, je ne pus m'empêcher de pousser un cri d'exclamation. Je n'oubliais pas de remarquer la gigantesque citadelle, construite fièrement sur la grande colline voisine, ce somptueux édifice semblait surplomber toute la région, telle une noble protectrice prête à se réveiller au premier signe de danger. Je sus plus tard que cette forteresse était le quartier général des forces armées de l'Alliance. En ville, tout n'était que grâce et beauté, en vagabondant dans les rues je croisais beaucoup de religieux ainsi que de nobles chevaliers arborant fièrement les couleurs de leur clergé. La ville était immense, je ne savais où donner de la tête tellement il y avait de choses à voir. Je suis tombée amoureuse de cette ville dès mes premiers pas dans le quartier sud, et je n'avais plus de doute, c'était bien là que je voulais m'installer.

Petite maj des événements chronologiques ainsi que quelques corrections mineures.

Petite mise à jour des événements chronologique et pause du Val pour une durée indéterminée.

*ces quelques pages encore lisibles du journal intime de Valérie seront retrouvées parmi les restes du naufrage de la Plume d'Argent, la frégate à bord de laquelle elle avait embarqué et qui se rendait au port d'Athkatla*


Voici donc plus de quinze jours que je suis partie de Padhiver. Pour l'instant la traversée est plutôt longue et ennuyante. Depuis plusieurs jours, nous naviguons par une mer absolument calme, et cela irrite les marins au plus au point, car ceux-ci doivent faire de gros efforts aux rames pour que nous atteignions, dans les temps, notre premier port d'escale à Eauprofonde. Il me tarde d'ailleurs d'arriver, car je me suis promis d'aller dignement saluer le Grand Prêtre du soleil Ganthilara, au temple des Flèches du Matin.

Plus les jours passent et plus je regrette de ne pas avoir fait ce voyage à bord de l'Espérance ; ma cabine est très inconfortable et j'arrive tout juste à dormir trois heures par nuit - et dire qu'il y en a qui navigue pour le plaisir.

Ce matin l'ensemble de l'équipage s'est regroupé à la proue du navire pour un moment de prières et de recueillement ; les marins se sont mis à prier Valkur, dieu des vents favorables, afin que celui-ci bénisse la navigation en apportant les courants d'air nécessaires pour la bonne progression de notre traversée. Malgré la simplicité de cette cérémonie, celle-ci n'en n'est pas moins restée émouvante. Hélas, le dieu des océans n'a pas dû entendre les supplications de ses fidèles, car, aujourd'hui encore, les marins ont du ramer très dur pour que nous puissions avancer.

Cette nuit, je fus brusquement réveillée par des cris en provenance du pont principal du bateau. Je m'habillais en vitesse, et accourais pour m'enquérir de la situation ; à vrai dire je m'entendais au pire, je pensais que nous avions été abordés par un navire pirate ou encore qu'un monstre des mers nous avait harponnés. Telle ne fut pas ma surprise en voyant les membres de l'équipage qui dansaient et chantaient, je les regardais stupéfaite, entonner leurs airs de louanges, quoique un peu grossier à mon goût. Ces derniers semblaient remercier Valkur et ses bienfaits, et dans ce moment de pure euphorie, je ne pus me laisser transporter, moi aussi, par un élan de joie et de bonheur. C'est alors que je compris, une bourrasque de vent me décoiffa violemment et je dus me cramponner fermement au bastingage pour ne pas être déportée sur le côté. Valkur avait donc répondu aux prières de ces courageux marins, un vent fort, soufflant du nord-est semblait nous ouvrir la route vers la lointaine Eauprofonde. Les voiles furent hissées rapidement, et le navire, presque porté par les flots, repris sa route à toute allure....


Eauprofonde, comme je suis heureuse de revoir cette ville après toutes ces années d'absence ! Notre escale au port de la cité des splendeurs sera bref, deux jours, mais cela me laisse un peu de temps pour aller voir quelques amis.

Cet après midi, je me suis rendue au temple des Flèches du Matin ; j'ai été reçue par le Grand Prêtre du soleil, le non moins célèbre et vénéré Ganthilara. Quelle ne fut pas ma joie de revoir ce très respecté prêtre, celui qui, il y a bien des années de cela, me trouva assez digne pour m'ordonner prêtresse du culte de l'Aube, celui là même, qui m'envoya en mission à Leilon puis à Padhiver.

Il me trouva changée, à vrai dire je ne suis guère surprise ; lorsque nous nous étions quittés, j'étais une jeune prêtresse de l'aube, et maintenant je reviens au temple en qualité de Grande Prêtresse du culte. Celui-ci fut très satisfait de mon travail dans la région de Padhiver. Il est vrai que lorsque je suis arrivée dans la cité des artisans, il n'y avait aucun temple de Lathandre, et mes efforts auprès de la population et auprès du seigneur Nasher, concernant principalement, la construction et l'ouverture d'une chapelle dédiée au culte du Seigneur de l'Aube, le remplit de joie et de satisfaction.
Je le quittai après plusieurs heures de discussion et non sans avoir obtenu sa bénédiction concernant la suite de mes entreprises.

Le temps passe vite, trop vite, et je ne pourrais pas aller voir la Baronne Geona pour m'enquérir des nouvelles de ma mère. Il nous faut repartir au plus vite, tant que les conditions météorologiques sont favorables. Je ferais parvenir une lettre au Gué pour les prévenir que tout va bien...

Après ces deux jours d'escale à Eauprofonde, qui m'ont permis, entre autres, de revoir mes amis, nous reprîmes notre voyage vers la lointaine Athkatla. Les marins, profitant de ce mouillage au port de la cité des splendeurs pour décharger leurs marchandises, purent également remplir les cales du navire d'une nouvelle cargaison. De magnifiques rouleaux d'étoffe, de soie et de divers tissus furent embarqués à bord. Des vases, des livres, des bouteilles de liqueur, des bibelots aussi étranges que variés, des tableaux ainsi qu'une quantité impressionnante de tapis furent stockés dans les cales de notre bateau. Il est difficile d'imaginer l'énorme activité commerciale qui règne à cet endroit ; tous ces objets qui sont fabriqués puis vendus dans ces lointaines contrées provoquent une effervescence sans précédent. C'est presque un autre monde, loin des conflits idéologiques que je connais dans la région du Val Bise.

Les conditions étant très favorables pour la navigation, nous arrivâmes en vue de l'île d'Orlumbor au bout d'une semaine de notre départ d'Eauprofonde. Point d'escale ici, Athaktla restant le prochain et dernier point d'ancrage de notre voyage. Je suis d'ailleurs un peu déçue, car je sais que nous allons prochainement longer les côtes de Chateau Suif. J'aurais grandement apprécié que nous y fassions une petite halte, ne serait-ce que d'une journée, afin que je puisse visiter ce lieu à la fois magique et magnifique. En effet, cette forteresse renferme une énorme bibliothèque rassemblant les écrits de Faerün. Que de nombreux ouvrages religieux il doit y avoir dans cet endroit. Hélas, bon grès mal grès, nous devrons continuer notre route, peut-être qu'avec un peu de chance, et si la côte est dégagée, apercevrons-nous les murailles de cette forteresse herissées de ces nombreuses tours, et qui fut jadis, le fief du célèbre prophète Alaundo...