Quelques poèmes acerbes à Luskan.

Deux personnes vêtues d'un capuchon profond, légèrement réhaussé de bleu, dans une tenue fort commune et masquant quelque peu leur anatomie, ont fait un tour dans les tavernes de Luskan.
Ensemble, elles ont clamé deux poèmes assez acerbes, mais non dénués d'humour, qui n'aura pas manqué de faire rire quelques personnes, tandis que d'autres les regarderont sûrement d'un mauvais oeil.
Leur prestation terminée, elles seront parties vers une autre taverne... jusqu'à la fin de la soirée.

Le lendemain, chacun de ces lieux de fête qui ont reçu la visite des deux troubadours encapuchonnées se verront remettre un parchemin sur lequel les précédents poèmes sont écrits.

Citation :: Louve mal-léchée.

Dans ma petite culotte je me promène dans les villes
Les gens me regardent, je m’insurge, je m’énerve !
Mes yeux deviennent noirs, frénétiquement je sourcille
Je me hérisse, je suis bestiale, et je me lance avec verve :

« Mâles puants, partez tout de suite êtres inutiles et impies
Vos bijoux aussi nombreux soient-ils jamais ne vaudront
Les milles collines jalonnant mon campement sans mari
Je n’aime pas les bijoux, je préfère regarder la voie lactée »

Mais oui mon corps à lys préfère les fleurs aux abeilles
Je suis une fleur pure, qui ne sera ô grand jamais butinée
Mon parfum est boue, mes atouts griffes acérées
Pour mon plaisir, point de nectar, et point de miel

Vile, ô ridée, ne puis-je point en attirer un seul finalement ?
Un seul, un petit mâle… une exception, allez, je suis la chef
Prenons un elfe, beau compromis, mâle à moitié seulement
Oh et puis non, même lui ne me fait rien, renvoyez-le sur sa nef

Et tuez-le mes louves, mes louves chéries, qui seules m’aimez
Echarpez-le, mordez-le, griffez-le, mangez-le, massacrez-le
Je crie vengeance pour le seul mâle que j’aime dans le ciel éthéré
Gr-Hoar ! Tu ne cautionnes pas mais en ton nom je fais ce que je veux

Or comme dans le conte, à trop crier au loup, on n’est plus écouté
Et plus personne ne m’entend quand je crie, alors je grogne seule
Or même en petite tenue, l’aigreur n’est point érotique, et n’a jamais attiré
Et jamais mâle ne m’a désirée à la saison des amours, alors je fais seule.

Minou.

Citation :: Le Pirate.

Ohohoh ! Je suis Ruffin, rouquin et sanguinaire,
Le cœur d’un ruffian cadenassé et patibulaire.

Mon beau chapeau à plume me fait m’envoler
Dans les plus beaux rêves du fond de mon cœur
Des rêves de pirates, d’une lointaine enfance volée
Une enfance volée, on ne m’a jamais fait d’fleur.

Même mes amis m’appellent le Méchant,
Affameur du Nord, Pirate, Ecarlate ! Oh oui !
Continuez ! Regardez comme je suis méchant !
Je vole aux gens leurs pièces de cuivre vernies.

Ohohoh ! Je suis l’horrible Conseiller véreux,
Pas de pitié, aucune moralité, je fais ce que je veux.

Regardez l’étincelle dans mes yeux, regardez bien !
Vous ne la voyez pas ? C’est que c’est une mise en scène
Je suis machiavélique, comme je vous ai bernés, voyez,
Mais mon sourire malsain essaie de cacher ma peine.

Car oui, tombons les masques, comédien et imposteur,
Paraître géant furieux pour cacher le gnome qui dort
Regardez tout au fond de moi pour voir mon petit cœur
Ah telle est la malédiction d’un rôle à vie, cruel sort.

Froid dehors, mais prêt à fondre je suis glacier
Devant les malheurs d’autrui, je pleure intimement
Mais je pleure de devoir garder cette façade gelée
Oh serrez-moi fort, câlinez-moi amoureusement.

Minou.

*une personne encapuchonnée passant par une des affiches! afficha un grand sourire puis une profonde grimace*

Je vais devoir les payer avec mon plus beau sourire..

*ce dernier fouillant ses poches, trouva par un malheureux hasard une miche de pain et 2 pièces de cuivre*

Installé confortablement près de la cheminée dans l'auberge de Garfaux, Lormir ne put s'empêcher un petit sourire à l'écoute du pamphlet sur la Haute Louve.
Dardan avait trouvé la une bien belle défense...

*Les vers parvenus aux oreilles du "pirate", il sourit*

Enfance volée... j'aime ces drames...
C'est une bonne peinture je pense...
Bon, il va falloir que je trouve ces troubadours et leur demander d'autres odes.

*Se contente d'un léger sourire méprisant*

Ils pensent vraiment me faire céder avec ça... Comme quoi la stupidité est vraiment partout...

Quelques soirs plus tard, quelques clients eurent la surprise, ou le déplaisir, de voir les deux troubadours débouler de nouveau.
Et de la même façon, les pamphlets furent déclamés, avec une teinte d'amusement similaire, certains davantage au vitriol que d'autres.

Citation :: L'ours-zombi

Aaar !! Le cri de l’ours réveille les bourgeois de Luskan
Dans le Palais de Justice, il entre interroger en cabane
Maaand ! Sa femme y répond, également toute en bestialité
Il va encore rentrer tard pour manger, avec ses prisonniers

Puis il ressort, regarde la Place, son épée à portée
Dans son armure noire et rouge, sombre et écarlate
Il salue son chef conseiller, il gratte son bouc mal taillé
Se demandant quand un inopportun se lèvera qu’il en tâte

Mais la Place est calme, dommage l’épée restera au fourreau
Allons nous battre à l’arène, admirez-moi maraudes
Celle-là même où le petit nain m’a ridiculisé bien beau
La victoire est bien à prendre, la défaite s’accommode

Et mes amis qui écoutez cette contine, sachez bien une chose
Une défaite n’est jamais irrémédiable, je tombe et me lève
Je meurs et reviens, le temps que ma tombe les pleurs arrosent
Un arbre ne repousse point que s’il n’a jamais plus de sève

Vous n’aimez pas les morts qui se relèvent ? Tempus pour vous
Comme une défaite, je m’en accommode, quand je suis concerné
Les morts qui n’acceptent pas le repos ? Tempus pour vous
Que voulez-vous que j’y fasse, à part vous mettre un coup d’épée.

Minou.

Citation :: Tombe sous ton charme

Habillée de noir, tu me regardes, ton regard me met à nu
Oh dans tes yeux je me perd, dans un océan de néant infini
Dans ce vide apocalyptique qui me charme, je suis perdu
Tu es sobre, tu parais sans sentiment, mais je sais que tu ris

Tu ne me fais pas peur, je m’approche presque sans crainte
Ton vêtement est un peu poussiéreux, mais ce n’est pas important
Un doigt mort est resté dans ta poche, tu es une dévouée sainte
Ton odeur d’onguent funéraire est un peu forte, mais c’est envoûtant

Après tout, je ne cherche pas les icônes, je cherche l’originalité
Je ne cherche pas les jolies femmes, je cherche la fleur rare
Je te demande de m’aimer, car de compliments je ne serai avare
De tout je puis versifier, ou même proser, même du glauque avéré

Conseillère Tessa si mes paroles ne te suffisent point, si tu n’y crois pas
Si ce sont les cadeaux que tu cherches, je t’offrirai mille présents
Une urne, un cercueil, un sarcophage, un tombeau, un mastaba
Et si même tu le désires, je puis te confier un peu de mon sang

Ensemble nous passerons l’éternité, dans notre lit funéraire
Nous passerons les nuits sous la couette à nous momifier
Puis nous irons près de Luskan, à regarder au loin le cimetière
Reconstituer les astres avec les tombes qui l’ont constellé.

Minou.

Et de nouveau, les deux revinrent lors d'une tournée des tavernes un soir légèrement pluvieux. Leurs capuches constellées de gouttes de pluie, n'avaient sûrement pas effacé leur amusement à faire part de ces pamphlets, et un autre vint s'ajouter au répertoire.

Citation :: Victoire de sang

- Hey Roger, t’as vu l’autre jour la silhouette blanche à la taverne ?
- Non Edouard. Mais j’ai entendu parler d’une donzelle masquée qui dansait…

Un masque, chaque personne vit dans un ballet de masques heureux
Charmeuse, ou au contraire frigide, sourire ou alors inexpressive
Derrière une soigneuse désintéressée, se cache un cobra langoureux
Derrière un blanc immaculé, se cache une tenue de cuir fort suggestive

- Roger, les filles comme ça, je te l’dis, c’est pas net.
- Ah nan, les filles si froides, ça finit dans les couvents.

Victoire ! Un coup de fouet ! Pour Ilmater, pour la charité !
Oh oui, Victoire ! Une claque, pour tous les gens de bien !
Oh… c’est trop ! Non non ! J’ai les mains attachées !
Un filin rouge pour mon culte, Ilmater mon corps est tien !

Sortant de la taverne, gardant son masque, elle met son capuchon
Satisfaite de sa virée, un sourire se dessine dans l’ombre
Elle va pouvoir revenir au tribunal, gardant son air de chaperon
Pas vue, pas prise, les Conseillers n’y voient que du feu sombre.

Elle les regarde, pendant le procès, d’un œil connaisseur
Un coup à droite, un coup à gauche, ils sont concentrés
Dommage, elle se perd donc dans ses fantasmes de cœur
En attendant que cet ennuyant procès finisse d’un trait

Un appel dehors, vite ! Elle y court, prend la porte, aie
Qu’est-ce que c’est bon ! Quelle chance, dehors… c’est…
Un appel au meurtre ! Un pauvre qui a pris un coup de taille
« Oh oui, du sang… laisse-moi prendre ta douleur ami blessé. »

- Roger, moi j’te dis, les gens si dévoués, c’est louche.
- Oui, même ma femme elle est pas comme ça avec moi.

Tout ce sang sur cette peau… elle s’en imprègne, c’est si frais
Cette blessure ouverte, elle la regarde, et la prend pour elle
Malheureux qui n’est plus blessé regarde la Victoire ensanglantée
Elle lâche un cri, elle lui a pris sa douleur, elle la lui a volée.

Puis elle rentre chez les Veilleurs… il lui en faut plus !
Plus plus plus, elle veut la douleur de tant de citoyens
Elle a trouvé, l’idée germe dans son esprit, un blocus !
Toute une ville à soigner, toute une ville prise de faim…

- Roger, paraît qu’elle a été au blocus au Nord là.
- Ouais, elle a pas moufté la donzelle quand ils sont repartis.

Ils ont échoué, qu’à cela ne tienne… tant de soldats
Sur les bateaux, revenant épuisés, à moitié noyés
Elle s’en contenterait, voilà qui sera son repas
En attendant à la taverne la prochaine soirée.

Minou.

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