Guide des voyageurs du Val de Bise
On parle généralement de la région de Val de Bise, comme de la région au nord de l’Epine Dorsale du monde n'étant pas (encore) recouverte par le Glacier Reghed. La région de Val de Bise doit son nom aux violents orages qui s’abattent sur cette partie de Féérune. Ils déploient tant de force et de violence qu’ils peuvent raser des bâtiments et emportent tout se qui n’est pas attaché. Outre le climat, les yétis qui rôdent dans la toundra rendent cette région encore plus inhospitalière. De même que les grands géants du givre, les vers polaires et les loups des glaces qui abondent dans la région. On dit fréquemment qu’aucun homme sain d’esprit ne voyage dans Val de bise, car ce n’est pas un endroit pour les gens civilisés. Au fil des ans, la région a pourtant attiré de nombreux explorateurs, roublards cupides et âmes intrépides désirant commencer une nouvelle vie loin des royaumes méridionaux de Féérune, ainsi que certains des aventuriers les plus célèbres de tout les Royaumes. Il ne serait pas inexact non plus de dire qu’elle a attiré de nombreuses personnes fuyant les lois trop "contraignantes" du sud. Au cours des dernières années, les problèmes qu’ont connu les Dix-Cités de Havre du levant et Bois Isolés ont également attiré un certain nombre de chasseurs de trésors, de sages et d’historiens qui cherchent tous à tirer parti de l’histoire et des conflits passés de la région. Nombre d’entre eux ne survivent pas assez longtemps pour retrouver leur maison et les chasseurs de trésors mal préparés feraient mieux de se tenir à l’écart de Val de Bise.
Les Dix-Cités représentent les seuls signes de civilisation de Val de Bise. Il s’agit de foyers de peuplement frontaliers, regroupés autour des trois lacs de la région : le lac Maer Dualdon, le lac Dinneshere et le lac Eaux Ecarlates. Les eaux de ces lacs abritent une espèce rare de truites, qui prospère dans les eaux glaciales et représente la principale activité des Cités : la pêche. Ces truites se distinguent par leur tête de la taille d’un poing et leurs arêtes sont si rares et d’un blanc si pur, que leur prix rivalise avec celui de l’ivoire des Jungles de Chult. Les artisans qui gravent les têtes de ces truites pour en faire des sculptures ou des oeuvres d’art sont très respectés à Val de Bise. Leurs oeuvres sont d’ailleurs très demandées, même à la Porte de Baldur.
Si les Dix-Cités ont un coeur, il s’agit de la ville fortifiée de Bryn Shander (la seule cité avec Targos à être fortifiée), qui représente la destination de la plupart des voyageurs de Val de Bise. Du moins ceux qui ne sont pas intéressés par le commerce de la pêche. Une piste étroite, appelée la Route du Levant mène de Bryn Shander jusqu’aux rives du lac Dinneshere. Les villes de Caer-Dineval et Caer-Konig se trouvent sur la rive ouest et celle de Havre du Levant au Sud. Parmi ces trois villes, Havre du Levant est celle qui a gagné la plus grande notoriété au cours des dernières années, principalement à cause du rôle qu’elle a joué dans le conflit qui a frappé la région l’année de l’Ame Froide (1281 CV) et l’a isolée de ses soeurs.
Le lac des Eaux Ecarlates, le plus petit des trois lacs de la région, se trouve au sud du lac Dinneshere. Il tient son nom de la bataille qui s’est déroulée sur la toundra où s’élèvent désormais les villes de Belle Prairie et de Brèche de Dougan. Au nord-ouest se trouve Maer Dualdon, le plus grand des trois lacs de la région, sur les rives duquel se dressent les quatre dernières cités de Val de Bise : Termalaine, Targos, Bremen et Bois Isolés. La cité de Termalaine, avec ses arbres verdoyant en pleine ville et ses remparts protégeant les maisons du vent, est réputée comme la plus belle des quatre. La cité de Bremen se trouve à l’embouchure de la rivière qui emporte les eaux de Maer Dualdon jusqu’au fleuve Shaengarne. Il n’est donc pas surprenant d’y voir passer un flot ininterrompu de barbares, de marchands et de colporteurs. Au sud de Bremen se dresse la cité fortifiée de Targos, connue pour son port, très impressionnant pour la région, et la Garde permanente de Targos, l’une des plus puissantes forces armées de la région. La communauté de bûcherons de Bois Isolés est la dernière et la plus septentrionales des Dix-Cités et elle est bien sûr surtout connue pour son industrie forestière. Tout comme Havre du Levant, la cité de Bois Isolés a connu sa part de problèmes au cours des trente dernières années. Elle fut d’ailleurs considérée comme perdue lorsque les barbares entamèrent leur campagne contre les Dix-Cités sous la direction du seigneur barbare Wylfdene, l’année de l’Ame Froide. Bois Isolés résista à cette menace et prospéra même, se mettant à exporter du bois dans toute la région.
Le dernier signe de civilisation de la région est le grand pic du Cairn de Kelvin, qui se trouve à mi-chemin entre le lac Dinneshere et Maer Dualdon. D’après la légende de Uthgart, le Cairn de Kelvin tient son nom du géant du givre, Kelvin Duarol, terrassé par le dieu Tempus. On dit que Tempus aurait ensuite empilé des rochers provenant des plaines sur son ennemi d’une part pour marquer sa victoire et d’autre part pour mettre en garde tous ceux qui auraient la mauvaise idée de contrarier le dieu de la guerre. De nombreux sites sacrés dédiés à Tempus comme celui-ci sont disséminés dans tout Val de Bise. C’est pourquoi de nombreux prêtres et temples de Tempus sont installés dans le nord.
Le Coeur de l’Hiver
On confond souvent le Coeur de l’Hiver avec la légendaire gemme Coeur de Pierre, un puissant artefact de divination, servant de coeur à la communauté du grand chêne de Kulmbach. Le Coeur de l’Hiver n’est pas un objet, mais une expression utilisée par les tribus Uthgard du Nord pour parler d’un guerrier ou d’une créature qui n’a plus qu’une seule chose dans la vie : la vengeance ou la haine. Cette expression est fréquemment utilisée pour parler de Wylfdene, le seigneur barbare qui prit la tête des tribus pour mener une campagne contre les Dix-Cités, durant l’année de l’Ame Froide (1281 CV). D’après la légende, Wylfdene déclarait être la réincarnation du shaman Jerrod. Ce dernier s’était sacrifié au cours de l’ultime bataille contre l’archimage Arakon, des centaines d’années plus tôt, et était devenu l’un des plus grands héros barbares. Affirmant que son corps était habité par l’esprit de Jerrod, Wylfdene rallia les tribus du Nord pour reprendre aux méridionaux des Dix-Cités les territoires qu’il les accusait d’avoir envahis. Il établit un grand camp de guerre dans la Descente de Bremen, un étroit canyon dans l’ombre du Cairn de Kelvin et livra plusieurs batailles éclair contre les Nains et les habitants des villes de la région avant qu’un petit groupe d’aventuriers n’arrive dans la ville de Bois Isolés pour négocier une paix entre les Dix-Cités et les barbares. Les négociations furent vaines, mais ils réussirent à vaincre Wylfdene et à sauver les Dix-Cités. De nombreuses personnes pensent que, sans l’intervention de ces aventuriers, les Dix-Cités ne seraient plus que ruines aujourd’hui.
Personnes ne sait ce que sont devenus ces aventuriers. Ils ont été vus pour la dernière fois à l’auberge du Gibet Siffleur à Bois Isolés, où ils discutaient avec un voyageur Halfelin qui prétendait connaître l’emplacement d’un grand trésor. Peu de temps après, le Halfelin et les aventuriers disparurent et l'on n’entendit plus jamais parler d’eux.
Histoire de Kuldahar
La petite vallée de Kuldahar est nichée au coeur de la chaîne de montagne, connue sous le nom d'Epine Dorsale du Monde et située au Nord du continent de Féérune. Ses pics abrupts aux sommets enneigés s’étendent de la Côte des Epées à l’ouest, jusqu’au désert d’Anauroch à l’est, et séparent la région nordique connue sous le nom de Val de Bise, des régions plus chaudes et civilisées situées au sud. Traditionnellement, la route serpentant de la ville frontalière de Luskan, autour de la partie occidentale de l’Epine du Monde, à travers la toundra gelée des Dis-Cités de Dale, représente la seule voix d'accès à Val de Bise. Il existe toutefois une autre route, le défilé de Kuldahar, qui est moins fréquentée en raison de sa dangerosité.
La route passant par le défilé de Kuldahar se compose d’étroits chemins sinueux, assez large pour des bêtes de somme, mais pas pour des caravanes. Les chemins enneigés et escarpés de ce défilé suffisent déjà à dissuader le plus audacieux des marchands. Les géants et les autres créatures habitant cette chaîne de montagne représentent une menace constante et il est surprenant que quiconque ose emprunter cette route. Ceux qui osent braver les dangers et survivent à leur expédition arrivent dans une petite vallée isolée, située en plein coeur du défilé de la montagne. Au milieu de la vallée, en un endroit froid et désolé où aucune plante ne pousse, se dresse un arbre gigantesque dont la cime s’élève à environ cent mètres au dessus du sol. Cet arbre est une chapelle sacrée dédiée à Silvanus, Père des Chênes, Dieu de la Nature et dieu protecteur des druides. Silvanus planta lui même la graine de ce chêne majestueux, des milliers d’années plus tôt, au moment de la création de Féérune. La chapelle devait témoigner de la force de la nature, de sa capacité à prospérer, même face à la plus grande des adversités. Des générations de disciples de Silvanus s'occupèrent de cet arbre et la chapelle devint finalement une sorte de lieu d’oracle, un lieu mystique où les druides de tout le royaume pouvaient se rendre pour obtenir visions et révélations qui leur permettraient de mieux comprendre l’harmonie entre l’homme et la nature. Les explorateurs n’ont découvert ce défilé et par conséquent la petite vallée qui abrite cet arbre qu’il y a trente ou quarante ans. Des histoires sur la chaleur qui semblait émaner de l’arbre et sur le climat inhabituellement chaud de cette vallée cachée se sont alors rapidement répandues. Les premiers colons ne tardèrent évidement pas à arriver pour s’installer à cet endroit qui semblait béni des dieux.
Au départ, les druides cherchèrent à protéger ce sol sacré contre les colons. L’archidruide responsable de la chapelle vit leur arrivée comme une atteinte à la sainteté et la réclusion du lieu. Pendant des années, les druides maintinrent les colons à l’écart grâce à des barrières de ronces et différentes astuces de druides qui suscitaient la peur chez la plupart des personnes. Mais en fin de compte, tous leurs efforts furent vains. Ils réussirent bien à maintenir les colons à l’écart de l’arbre, mais ces derniers refusaient toutefois de quitter la vallée. Ce n’est que lorsque l’archidruide Tolben prit la succession de la chapelle, que la situation changea dans la vallée de Kuldahar. Contrairement à ses prédécesseurs, il croyait que la colonisation de la vallée était non seulement inévitable, mais aussi souhaitée par Silvanus. Il était persuadé que les druides avaient eu tort d’éloigner les colons et que le Père des Chênes avait désiré dès le départ que les colons profitent du miracle du Grand Chêne. Lorsqu’il devint finalement archidruide, il mit au point un plan pour accomplir la destinée de ce lieu sacré en formant une union entre les colons et le Grand Chêne. Il pensait que cette union permettrait d’atteindre le but que des générations de druides s’étaient fixé : créer l’harmonie parfaite entre l’homme et la nature. Telles que nous voyons les choses, Kuldahar est un monument à cette vision. L’arbre et la ville coexistent en parfaite symbiose. Il est en effet presque impossible de dire où l’un s’arrête et où l’autre commence.
Tout comme la petite ville de pêcheurs de Havre du Levant, Kuldahar souffrit de la terrible guerre de 1281, l’année de l’Ame Froide. De violents orages ravagèrent la région et bloquèrent le défilé. Le cercle de chaleur autour du Grand Chêne se réduisit et de nombreux habitants de Kuldahar durent quitter leur maison pour se réfugier dans la ville. Jusqu’à ce que l’expédition de Hrothgar de Havre du Levant arrive pour sauver la ville des forces qui s’activaient dans l’épine dorsale du monde, il semblait que rien ne pourrait empêcher la destruction du Grand Chêne et que la ville finirait enterrée sous une épaisse couche de neige.
Le corps de Hrothgar's reposerait aujourd'hui dans un vallon du défilé de Kuldahar. Le nom des héros qui l’accompagnaient et l’ont aidé à sauver Kuldahar sont depuis longtemps tombés dans l’oubli, mais personne n’a oublié leurs exploits, ce qui prouve la force et la persévérance des habitants du Nord.
Légendes du Val de Bise
Les plus grandes légendes peuvent naître du plus modeste des commencements, ce qui est le cas pour le petit groupe d’aventuriers qui commença son périple dans la petite ville de pêcheurs du Havre du Levant, il y a trente ans, en l’an 1281 du calendrier des Vaux. Ces aventuriers venus du sud, en quête d’aventure, se rencontrèrent dans la taverne du Berceau de l’Hiver. Ils furent les premiers à se joindre à l’expédition de Hrothgar pour enquêter sur les problèmes que semblait connaître la ville de Kuldahar, où se trouvait un chêne majestueux de plusieurs dizaines de mètres, apportant une chaleur bienfaitrice à la petite ville qu'il abritait sous ses branches.
La malchance accablait cependant tout Val de Bise et l’expédition de Hrothgar tomba dans une embuscade dans le défilé de Kuldahar... et ils furent les seuls à en ressortir vivants. Le petit groupe élimina tous les voleurs gobelins qui se trouvaient dans le défilé et découvrit en arrivant finalement à Kuldahar que le Grand Chêne était menacé par un démon inconnu venant de l’intérieur même de la montagne. Ils réalisèrent alors que s’ils ne faisaient rien pour l’arrêter, la ville serait détruite et que tout le nord connaîtrait ensuite le même sort.
Ce groupe de courageux aventuriers traqua le démon depuis les cryptes de la Vallée des Ombres, jusqu’aux nombreuses ruines du Nord, en passant par la forteresse en ruine de la Main Tranchée et les cavernes remplies de lave de l’Oeil du Dragon. De nombreux passages de leur périple ont été oubliés, mais personne ne doute que leurs efforts ont permis de sauver Kuldahar et les Dix-Cités et de nos jours encore, on conte leurs exploits à Kuldahar et Havre du Levant. Le corps de Hrothgar a été enterré dans un petit vallon près de la ville de Kuldahar, en mémoire du désintéressement dont il a fait preuve en venant à l’aide de ses voisins alors que Havre du Levant connaissait ses propres problèmes.
On attribut à ces aventuriers d’autres actes héroïques, comme la découverte de l’emplacement de la tombe de Kresselack, le Loup Noir, l’un des généraux les plus méprisés du Nord. Ils ont également découvert de nombreux monastères, dont celui de la Main Tranchée, ainsi que d’autres ruines dont on pensait que le temps et la neige les avaient fait disparaître pour toujours.