[Disparu][Guerrier/Roublard/MDAR]Hakeem Enrique

Citation :

Nom du compte joueur forum : Sorensen
Nom du compte joueur module : Zorgensen
Nom du perso : Hakeem Enrique
Race : Humain
Age : 26
Alignement : Loyal mauvais
Religion : Polythéiste, préférence pour Baine ainsi que la cavalière rouge
Classe(s) et nombre de lvls (prévus) : Guerrier 14/Mda 7/ Roub 4
Arme de prédilection/domaines/école de magie : épée longue

Trait de Caractère : Observateur et calculateur, Hakeem évalue perpétuellement son environnement pour essayer d’en tirer un avantage. Loyal et honnête vis-à-vis de ses engagements, il tient ses serments pour lui-même. Relativiste, il est peu sujet aux sentiments forts.

Description physique : De taille modeste (1m 77), il a un physique relativement élancé sur lequel saillent des muscles secs. Le teint très bronzé et le visage fier il est bel homme bien que la constante réserve dont il fait preuve vis-à-vis de ses interlocuteurs tend à créer une certaine distance au bout du compte.

Caractéristiques :
FOR : 14
DEX : 13
CON : 13
INT : 14
SAG : 12
CHA : 12

Prélude :

Hakeem était appuyé au bastingage de la rapide felouque, les deux bras croisés et posés sur la rambarde en chêne téthyrien, le regard perdu dans l’horizon avec pour seule compagnie les vaguelettes couronnées d’écume qui venaient paresseusement lécher la coque du bateau. Au loin, une colonne de fumée noire s’élevait depuis un pic rocheux sur lequel de grands bâtiments étaient livrés au feu.

Hakeem ne put empêcher son cœur, d’ordinaire fort peu sensible, de se serrer dans sa poitrine. Quelque part sur cette colline le corps de son père se consumait avec le reste des résidents, pièces d’un jeu macabre. Bientôt l’incendie se propagerait aux maisons autour et ferait disparaître assassins et victimes, brûlés par une même impulsion imbécile.


Chapitre un : Une vingtaine d’années plus tôt

Le jeune Hakeem sourit en chapardant discrètement une orange au grand souk de Fort Toletum, la journée avait été bonne, il avait coupé la bourse d’un marchand trop confiant venu pour acheter les produits de la récolte estivale et avait chapardé deux œufs qu’il ferait cuire sur une pierre plate avant de rejoindre le grenier abandonné qu’il partageait avec d’autres crève-la-faim orphelins pour y déguster son orange en soirée. Cela faisait maintenant un an qu’il s’était échappé d’un convoi d’esclaves Calimshan et avait appris à voler pour vivre. D’abord fort maladroit, il avait souvent goûté à la morsure amère du fouet et aux coups vengeurs lancés par ses « victimes » avant de prendre le pli et devenir un des chapardeurs les plus brillants de la ville. Agile, intelligent et calculateur il parvenait à créer et tirer profit des situations les plus cocasses, à un tel point qu’il devait rencontrer quelqu’un d’important dans le milieu sous peu, lequel déciderait de le prendre sous l’aile de son organisation ou pas.

Hakeem méditait tout cela lorsque son regard se posa sur un jeune adulte, vêtu de soie précieuse qui marchandait avec morgue un encensoir doré incrusté de cailloux d’un blanc laiteux que les adultes appelaient « perles ». Hakeem hésita un instant, sa journée avait été bonne et il n’avait pas besoin de prendre plus de risques, d’un autre côté le jeune coq était complètement ouvert et sa bourse semblait deux fois plus grosse que celle dont il disposait déjà. Prenant sa décision il accéléra le pas, sorti son outil de travail et entailla promptement les lanières de cuir qui reliaient la bourse à la ceinture avec laquelle il reparti vers le centre du marché. La dernière chose dont il se souvint ce jour-là fût un choc brutal au visage et le goût métallique du sang dans sa bouche.

Quelques heures plus tard il se réveillait dans un lit, dans une pièce en pierre de taille réduite avec pour seule compagnie une femme bien en chair qui ne lui fournit d’autre réponse qu’appeler un certain senor Enrique dès qu’il se réveilla. Prompt à s’échapper, Hakeem sauta au bas du lit avec agilité pour se précipiter vers la porte ouverte pour buter sur la jambe d’un homme dans la force de l’âge qui riait à pleine gorge en regardant le gamin allongé sur le dos devant lui. Quelques instant plus tard il intima à celui-ci de regagner son lit, ce qu’Hakeem fit sans protester, paralysé par une situation qui lui échappait de plus en plus.

L’homme congédia la femme avant d’allumer une bougie qui lui permit de mieux le distinguer que par les seules torches du couloir. Il était grand et musclé, avait des yeux rieurs qui contrastaient fortement avec son visage de soldat aux cheveux grisonnants. Sa voix était douce mais néanmoins autoritaire.

« Ecoute bonhomme, tu as fait quelque chose de très grave aujourd’hui, tu as tenté de voler un représentant du Duc… »

La gorge d’Hakeem se serra, il savait ce que ça voulait dire de voler un noble : la pendaison au mieux, la croix devant les portes de la ville en général, quand au pire, il ne préférait même pas y penser.

« Tu as eu beaucoup de chance que son altesse elle-même ne t’offre la grâce en raison de ton âge, le Duc est un homme sage et bon mais néanmoins pas niais. Désormais tu t’occuperas des chevaux ici et si la moindre chose disparaît dans le château je viendrais te botter les fesses moi-même, sans prendre la peine de te remettre au lit après, compris ? »

Hakeem hocha mécaniquement la tête, il n’écoutait plus qu’à moitié son interlocuteur depuis qu’il avait cru mourir et se savait sauvé.

« Ta journée commence demain au chant du coq, le palfrenier viendra te chercher, fais ce qu’il te dira et tout ira bien, tu as un nom ? »

Hakeem ne répondit pas et se recroquevilla dans son lit, regardant le mur en pierre agrémenté d’une petite fenêtre par laquelle la lueur de la lune s’invitait dans la chambre.
« A ta guise petit, si tu n’en as pas ou ne veux rien dire nous t’en donnerons un par défaut »

Sur ces mots l’homme se leva et partit. Hakeem passa la nuit à pleurer de chaudes larmes, dépassé par les évènements.

Chapitre deux : l’épée

Cela faisait six mois maintenant qu’Hakeem résidait au château et il y avait trouvé sa place, il avait d’abord du acquérir la confiance et la sympathie du palefrenier, homme simple qui ne savait distinguer les tortueuses pensées masquées derrière un sourire enfantin et lui accordait régulièrement plus de temps libre qu’il n’aurait dû. Après-midi mises à profit par l’enfant pour aller flâner dans les rues ou s’allonger paresseusement sur une meule de foin en regardant les grands navires qui quittaient le port, emmenant avec eux leur sillage de mouettes. Un jour, au cours de ses pérégrinations, il réussi à se faufiler dans l’enceinte de la caserne des chevaliers du Duc et déboucha en vue d’une cour où les hommes d’armes s’exerçaient, grand ballet où virevoltaient les corps et les épées en effectuant des arabesques compliquées que le jeune Hakeem buvait des yeux. Parmis ceux-ci l’un d’entre eux brillait particulièrement, il s’agissait de l’homme qui l’avait « accueilli » lors de son arrivée, le senor Enrique. Doté d’un admirable sens du placement et de l’anticipation il parvenait à prendre ses adversaires en défaut dès la troisième ou quatrième passe d’arme pour asséner un coup qui mettait fin au combat.
Cette discipline piqua au vif la curiosité de l’enfant qui pensait, jusque-là, qu’un combat se résumait à frapper plus fort et plus vite que l’autre. Depuis ce jour il se leva plus tôt au matin pour venir assister en catimini aux exercices physiques sous la lueur du soleil naissant et mis a profit ses après-midi pour essayer de croquer les poses des guerriers avec un morceau de charbon et des feuilles de papier qu’il chapardait au château.

Et le temps passa, les étouffants jours d’été succédèrent aux fraîches journées d’hiver durant lesquelles le jeune Hakeem s’était découvert une passion pour le dessin et les arts du combat.
Il avait grandi, son corps s’était développé tant en longueur qu’en largeur et ses traits s’affinaient peu à peu, laissant supposer qu’il serait bel homme plus tard.

Ce soir, il retrait plus tard que d’habitude au château, il avait croisé en ville une jument alezane au fort tempérament qu’il avait menée de son propre chef au maître-palefrenier qui l’avait achetée sur le champs, dotant ainsi le haras du Duc d’une reproductrice de choix qui donnerait de magnifiques poulains. Puis le maître-palefrenier l’avait emmené en ville pour fêter cet heureux achat.

Hakeem avait la tête qui tournait un peu, c’était la première fois qu’il goûtait à de l’alcool et son organisme semblait avoir du mal a s’en accommoder. Grisé, il rentrait vers sa couche pour s’y étendre et goûter à un sommeil bien mérité. Il s’appuya sur la porte en chêne qui marquait son logis, manquant de tomber lorsque son poids poussa celle-ci qui n’était pas fermée mais juste poussée. Il lutta pour conserver son équilibre, chose rendue d’autant plus ardue par la surprise et le vin, en « tombant » dans sa chambre avant de se rattraper sur un pan de mur et se redresser pour contempler la silhouette devant sa petite table en bois qui tenait en main une liasse de feuilles et le regardait d’un air mi-amusé, mi-coupable.

Le senor Enrique le regarda quelques instants, puis, voyant qu’Hakeem semblait médusé par sa présence, prit la parole :

« Hem, ça va faire un an maintenant que tu es au château, il est de coutume de faire une fête lors de l’anniversaire des gens par ici mais vu que tu n’en as aucune idée je me suis dit que c’était un pas un si mauvais jour que ça. Au début je pensais que tes amis feraient quelque chose mais quand je me suis renseigné il est apparu que tu n’en avais pas vraiment à part Guy la palefrenier et, comme il est ivre mort dans son lit, je suis venu t’apporter son cadeau. »

Ce faisant il fit un pas de côté et révéla un encrier et un plume neuve posée sur la petite table

« Au passage je me permis de regarder tes esquisses qui traînaient sur le bureau, c’est un travail intéressant. J’arrive même à y reconnaître certains de mes hommes, si ça ne t’ennuie pas j’aimerais t’en emprunter une ou deux afin de les examiner. »

Hakeem Hocha la tête en signe d’assentiment, un peu perdu entre la surprise et le vin.

L’homme plia soigneusement les feuilles qu’il tenait et sortit une épée longue non-aiguisée d’un sac qu’il avait posé à terre.

« On dit que les grands artistes essaient de se substituer aux sujets dans leurs oeuvres pour en tirer le meilleur, exerce-toi avec ça et essaie de comprendre avec ton corps cette fois. Quand tu jugeras ne plus en avoir besoin ramène-la à la caserne ».

Et le senor Enrique quitta les lieux, laissant un adolescent déstabilisé qui ne pouvait que constater que cet homme avait le pouvoir de le laisser sans voix.




[EDIT Sir_CED : Guerrier/roublard validé. Je te le place en evolutif pour le passage a la classe de prestige maitre d'arme...]

Chapitre trois : la bataille

Cinq ans plus tard Hakeem franchit les portes de la caserne avec l’épée en question, non pour la rendre mais bien pour s’enrôler en tant que soldat. Si son talent pour le dessin s’était affiné ces cinq dernières années, notamment grâce au judicieux conseil d’Enrique, c’était sans commune mesure avec ses compétences à l’épée qu’il avait développé quotidiennement par le biais d’exercices physiques initialement destinés à l’aider a reproduire des poses dynamiques pour finalement devenir un fin en soi. Chaque jour Hakeem se levait avant l’aube pour répéter encore et encore les mouvements qu’il voyait les soldats pratiquer. Peu à peu il vînt à y chercher un ordre logique pour faire d’une succession de positions définies une symphonie de chair et d’acier.

De temps à autre, il allait également retrouver le senor Enrique pour lui demander des conseils quand à la justesse ou l’opportunité d’enchaîner sur tel ou tel mouvement et s’ensuivaient régulièrement de longs débats mettant en scène de situations hypothétiques. Peu à peu le vieux soldat se prit d’affection pour ce jeune homme réservé et intelligent qu’il prit sous son aile, l’adoptant pour lui donner un nom, un domicile et une éducation.

« Cela ferait six ans demain » Hakeem sourient en y repensant. Chose plutôt inhabituelle pour un soldat qui savait qu’il allait devoir jouer sa vie dans les minutes à venir. Voyant que ses compagnons le regardaient avec étonnement il fit disparaître cette mimique qu’il n’arborait jamais pour se concentrer sur la situation. Il y a une lune de cela des pillards Calimshan avaient menés une série de raids dans des villages frontaliers pour y faire des prisonniers. Les milices de villages avaient été anéanties, ce qui laissait supposer une véritable organisation capable de se battre de manière organisée. Etant donné que les messagers avaient été massacrés avant de parvenir au palais le Duc n’avait réagit que très tard et seul un contingent en exercice dans la région avait pu se mettre en marche a temps pour occuper les cols empruntés par les esclavagistes, leur coupant ainsi leur chemin vers leurs étendues de sable natales. Ce plan était l’un de ceux régulièrement expliqué aux officiers en formation et devait garantir une victoire rapide et peu coûteuse en hommes sur une bande de barbares dépenaillés qui paniqueraient en voyant leur chemin de retraite coupé et se rueraient dans le col voisin, désorganisés et laissant armes et bagages, pour constater, une fois la rude pente grimpée, qu’une second régiment de soldat occupait le col voisin et les tailleraient en pièce aisément.
Seulement, se dit Hakeem, il n’y avait pas deux régiments mais un seul et qui ne comprenait que des novices, la troupe en face était vraisemblablement plus nombreuse et organisée que de vulgaires pillards et, cerise sur la gâteau, leur officer-instructeur était aussi rigide qu’un piquet et s’obstinait a diviser ses bien maigres forces pour appliquer le plan prévu « à la lettre ».
De plus, ils ne disposaient pas d’arcs, seule chose leur permettant de tirer avantage de leur position surélevée, car ceux-ci n’étaient pas nécessaires aux manœuvres en plaine initialement prévues. Leur seul avantage serait donc de ne pas avoir à monter une côte abrupte à la course pour livrer bataille, pour autant que l’adversaire ne se montre pas trop malin.

Il fut tiré de ses réflexions par les cris de la sentinelle, le jeune Alfonso, qui revenait en courant « les voilà, les voilà » et transmettait ainsi sa peur au reste du groupe. Il expliqua dans un déluge de pépiements paniqués au sergent qu’une centaine d’hommes du désert étaient arrivés au pied du col principal et semblaient hésiter à les franchir. Le sergent instructeur hocha la tête d’un air satisfait : « Le groupe du capitaine Ignacio va les dissuader de monter par là et les envoyer droit dans nos bras, ils vont fuir comme les oiseaux de mauvaise augure qu’ils sont et nous seront récompensés de notre courage par le duc lui-même, du nerf soldats ».

Hakeem essuya la paume de sa main, moite et glissante à force de tenir son arme, sur son pantalon. Quelque chose n’allait pas, pourquoi Alphonso n’avait-il pas mentionné les prisonniers ? Où étaient ces foutus esclaves ? Les nomades ne viennent que pour ça et il n’y avait pas assez de cadavres dans les villages ravagés pour laisser supposer le contraire. Hakeem s’éloigne quelque peu de son groupe, prétextant un besoin urgent comme tant de soldats avant une bataille, pour aller regarder de ses propres yeux les nomades massés au pied des monts praticables. Il y avait bien une centaine d’individus, calmes et sans leurs précieux esclaves, néanmoins tous étaient montés et armés. Hakeem sentit une rigole de sueur se former dans son dos, pourquoi sont-ils aussi calmes et pourquoi ne bougent-ils pas ? Ils doivent bien savoir que le gros des forces du Duc doit les talonner. A moins que…

« Sergent, vous pouvez venir par ici ? »

L’homme maugréa et vînt voir ce qui n’allait pas chez le soldat Hakeem en faisant un commentaire caustique. Hakeem lui expliqua ce qu’il trouvait étrange mais le sergent n’en tînt pas compte arguant qu’ils avaient sans doute laissés les prisonniers derrière pour ne pas être ralentis et faisaient juste preuve d’hésitation entre prouver leur courage et sauver leur peau.

Hakeem se retînt de lui répondre qu’il était aussi bête que le Capitaine, chose qui avait d’ailleurs dû lui valoir sa promotion, pour se déplacer de plusieurs centaines de mètres et apercevoir ce que les nomades regardaient si intensément. Il écarquilla les yeux en voyant des hommes du premier groupe dévaler le col principal, qu’ils devaient tenir, en se délestant de leur armes et armures pour aller se jeter sur la centaine de nomades massés en bas qui les massacrèrent promptement. Hakeem déboucla son uniforme et son armure pour revêtir une chemise en toile grise, plus discrète, avant de se diriger, à la force de ses bras, vers une position en hauteur d’où il pourrait voir ce qui se passait en haut du premier col. Après une dizaines de minutes de trajet épuisant il arriva en cime d’un piton rocheux d’où il constata que le premier groupe avait été massacré par un cinquantaine de nomades probablement venus de Calimshan dans leur dos, qui les avaient alors pris à revers et par suprise, les faisant fuir comme des donzelles vers les nomades massés au pied du col. Leur plan avait été retourné contre eux et, s’ils ne repartaient pas de suite pour livrer bataille au groupe en bas pendant que les renforts nomades faisaient demi-tour pour réitérer le même mouvement au col secondaire, ils seraient pris en tenaille.

Hakeem rappela le sergent pour l’en informer mais celui-ci clôt la discussion de manière fort peu chevaleresque en traitant Hakeem de traître prêt à tout pour s’enfuir, y compris déserter et qu’il y aurait des sanctions à leur retour à Toletum avant d’enchaîner sur la grande confiance qu’il avait en son capitaine, laquelle tenait plus du délire mystique que de l’argument raisonné. Chose qui allait probablement leur coûter la vie. Au moins avait-il, une fois les rangs réintégrés, informé les hommes de ce qui risquait de se passer, ce qui leur éviterait de dévaler la colline comme des poules sans tête pour s’y faire tuer.

Quelques heures plus tard ils arrivèrent, comme prévu pensa amèrement Hakeem, par derrière. Sachant à quoi s’en tenir il raffermi la prise sur la poignée de son arme, une épée longue qui tranchait des cimeterres habituellement employée par les hommes de la maison Caelestius, et salua ses adversaire comme le lui avait appris son père adoptif avant de charger les nomades qui s’étaient arrêtés, étonnés que leur présence n’aie pas provoqué plus de confusion que ça alors que les autres soldats avaient presque débandé en les voyant.

Hakeem avait chargé malgré les ordres du sergent, jugeant qu’il avait bien peu de chances de passer un jour en cour martiale vu qu’il ne survivrait probablement pas, pas plus que les autres, à sa première bataille. Nombre de jeunes gens le suivirent spontanément, désireux de vendre chèrement leur peau et conscients que s’ils se laissaient enfermer en tenaille en haut ils finiraient battus, coincés entre le marteau et l’enclume.

Hakeem allait en tête, écu en avant, à vive allure mais néanmoins régulière pour ne pas entamer sa forme avant le contact. Il se jeta avec son écu comme boutoir sur le premier homme qu’il vît, le faisant tomber à la renverse dans les pieds de ses camarades qui, surpris, luttèrent pour conserveur leur équilibre et ouvrirent ainsi leur garde. Défaut rapidement exploité par l’épée longue qui trancha le cou d’un nomade avant de continuer sa course pour se ficher dans l’épaule de son voisin qui hurla en voyant son bras brisé par le choc et son camarade qui se tenait la gorge ouverte, essayant vainement d’arrêter le flot de sang qui en giclait par saccades. Ensuite tout ne fût plus que chaos, les autres arrivèrent au contact faisant exploser le groupe ordonné de nomades en une succession de combats individuels ou la plus lourde armure des théthyriens leur donnaient un certain avantage. Hakeem soufflait comme un bœuf en se battant comme un diable, enchaînant toutes les manœuvres qu’il avait pratiquées avec assiduité, tranchant membres et chairs, son arme le parant d’une couronne de sang à chaque mouvement. Hakeem était écoeuré, c’était la première fois qu’il tuait par l’épée et la vue de ses adversaires en train d’essayer de retenir leurs tripes qui fuyaient de leurs ventres ouverts et les cris extatiques des hommes qui venaient de se faire trancher un membre le remplissaient d’horreur. Néanmoins il était un soldat, c’était son devoir envers le Duc qu’il accomplissait et il lui devait tellement qu’une éternité de service ne serait pas assez. Il redoubla alors d’efforts pour abattre un maximum d’adversaire avant que ce ne soit son tour, chose rendue ardue par une bonne maîtrise de son espace et une armure renforcée de feuilles de métal souple qui amortissait les coups heureux de ses adversaires qu’il s’efforçait d’ignorer pour mieux donner la mort. Il était en train d’achever un homme à qui il venait de faire un croche-pied quand un puissant coup de masse de guerre l’atteint au bras droit, le faisant chuter et rouler sur lui-même sous l’impact, instinctivement il transforma sa chute en roulé-boulé et se releva aussitôt sous l’effet de l’adrénaline, brûlante, qui déversait brutalement dans ses veines, pour aller planter son arme dans l’œil du coupable qui fût secoué de spasmes tandis que l’arme pénétrait dans le cerveau et provoquait des disfonctionnement nerveux. Ensuite Hakeem se dirigea vers le plus proche adversaire pour l’étriper dans une joie féroce, stimulée par le cocktail chimique qui circulait dans ses veines. Ainsi, il alla d’ennemi en ennemi, leur prenant la vie avec des grognements inarticulés et une lueur sauvage dans les yeux, porté par sa volonté de vivre et le sentiment pervers d’être une sorte de dieu sauvage, mettant fin par caprice à l’existence d’autrui. Plus de passes d’armes, plus de parades, juste la joie sauvage de prendre la chose la plus précieuse aux autres dans un jaillissement carmin qui le rapprochait de son objectif : survivre. Il est en Théthyr un dicton qui dit qu’un homme acculé en vaut deux, ce jour-là les nomades purent le vérifier, fuyant malgré leur surnombre initial devant une trentaine d’hommes enragés qui s’étaient battus comme des lions et se rendaient peu à peu compte, choqués, qu’ils venaient de mettre en déroute les renforts nomades qui avaient exterminés leurs camarades.

Hakeem émergea d’un coup de sa fièvre destructrice, tremblant, se rendant compte qu’il était toujours vivant et qu’il en allait de même pour une dizaine de ses compagnons qui l’avaient suivis dans sa charge folle. Il se retourna alors pour voir comment se passaient les choses au niveau du sergent, plus haut sur le col, et constata que les nomades du carrefour étaient également montés à l’assaut, pensant sans doute croiser une nuée de fuyards essayant d’échapper au groupe apparu dans leur dos. Entendant les bruits de batailles ils foncèrent pour tomber sur un sergent-instructeur et des novices surpris mais néanmoins frais et vaillants. Très vite la ligne fut reformée et les nomades se heurtèrent à un mur de pavois duquel surgissaient de temps à autre des lames qui éventraient ceux qui s’en approchaient trop près. Prenant son mal en patience leur chef ordonna de cesser d’attaquer a tout prix et de se contenter de les occuper pour que le second groupe puisse terminer de les hacher par derrière.

Hakeem regardait la ligne noir et argent des théthyriens qui reculait peu à peu sous la pression ennemie dans un bon ordre. Soudain quelque chose lui heurta la jambe droite et il se rendit compte qu’il avait lâché son épée. S’abaissant pour la ramasser il ne parvînt pas à bouger son bras droit. Inquiet il observa celui-ci pour y discerner un violent coup dont il ne se souvenait plus et qui faisant probablement pression sur une artère importante, empêchant le sang d’y circuler librement. Il prit le couteau d’un mort en entreprit de redresser du mieux qu’il le pouvait la feuille de métal avant d’accrocher à son bras toujours pendant une rondache ennemie en bon état recouverte d’émail coloré qui serait plus utile que son écu fendu et remonter au combat en compagnie des quelques survivants.

Voyant des soldats dans un piètre état mais néanmoins sereins se joindre au mur de bouclier le chef nomade comprit que son piège avait cette fois échoué et que sa carte maîtresse avait été repoussée. Sage, il décida de faire demi-tour pour passer par le col préalablement nettoyé et revenir venger ses morts un autre jour. Malheureusement pour lui, il fut rattrapé par la cavalerie du Duc durant sa retraite et ses hommes débandèrent pour se faire massacrer pêle-mêle au pied des cols.

C’est à ce moment qu’Hakeem perdit conscience, ses diverses blessures ayant drainées toutes les forces vives qu’il lui restait. Lorsqu’il revînt à lui, il était dans sa chambre, chez lui, et son père adoptif était endormi sur une chaise à son chevet. Quand il le réveilla celui-ci le félicita sans plus faire étalage de ses sentiments et lui dit que le Duc était satisfait de cette victoire et lui assignait un poste d’importance en signe de confiance : celui de garde personnel du seigneur Athanase Sorin Alonso, futur Duc de Toletum.

Chapitre 4 : Natalya et Agammemnon

Hakeem s’exerçait à la stratégie avec son père, au moyen d’une série de pions en argile sculptés représentant les diverses forces du duché faisant face à un raid en force mené par les esclavagistes. Hakeem devait les contenir de son mieux dans un premier temps avant que les renforts du Duc ne parviennent à rejoindre les premières lignes. Et force est de constater qu’il s’en sortait mal, trop soucieux de protéger l’intégralité du territoire il étirait exagérément ses forces de sorte qu’il se faisait balayer par des colonnes de pions ocres, chance aux dés ou pas.

Edouardo Enrique lui sourit « Si tu t’obstines à sauver tous les villages tu n’en sauveras aucun Hakeem. Pense à l’intérêt du Duc sur le long terme, pas dans la semaine à venir. »

Hakeem fit une moue qui signifiait que la remarque avait porté, son père lança un autre sujet pour lui éviter de rougir devant la remarque.

« Sinon comment trouves-tu le fils du Duc ? Il a le même âge que toi et j’ai entendu dire qu’il était satisfait de ton travail. »

Hakeem se mordilla légèrement une lèvre tandis qu’il faisait inconsciemment un compromis entre devoir et franchise :

« Il est bien…il pense à long terme, lui. Un esprit bien fait, un peu supérieur mais je crois que c’est nécessaire pour se faire obéir par certains. Il fera un bon Duc. Il a le don de se faire des alliés. Il y a peu la fille du seigneur Erikov, le vassal du Duc, est venue se présenter au palais pour informer le seigneur Athanase que son père comploterait contre le Duc et a demandé asile. Peu banal comme manœuvre, je ne sais pas encore si c’est sérieux ou juste une tentative d’intoxication pour nous occuper mais je vais la surveiller de près. Elle ne pourra plus faire un pas au sein du palais sans voir mon ombre désormais.»

Hakeem déchanta bien vite, Natalya, outre sa beauté glaciale, était d’une intelligence plus que vive et parvenait systématiquement à accéder à des parties du palais où elle n’était pas censée se trouver…quand il parvenait à la retrouver. Trop souvent elle n’était ni dans ses appartements ni...ailleurs ce qui avait pour effet de faire courir le pauvre Hakeem, en chemise de nuit et l’épée à la main, jusqu’aux appartements du seigneur Athanase qu’il réveillait systématiquement en entrant dans sa chambre vérifier que cette empêcheuse-de-dormir-plus-de-trois-heures-de-suite n’y était pas en train d’égorger sa majesté. Trop souvent aussi il la croisait avec un sourire railleur lorsqu’il revenait, déconfit, à ses logements après avoir réveillé sa seigneurie, pour s’entendre dire sur le chemin du retour d’une voix délicieusement féminine et pleine d’entrain « bonne nuit messire ».

Une fois il lui arriva même d’entrer en tornade dans la chambre du seigneur Athanase, lequel était, vu la délicieuse donzelle qui tentait vainement de se couvrir des draps qui avaient terminés par terre, accompagné cette nuit, pour voir sa seigneurie souriante lui tendre un billet rédigé de la main de Natalya sur lequel il était écrit « navrée, mais ce soir j’ai envie d’aller cueillir du jasmin au clair de lune, Hakeem devrait vous réveiller vers trois heures, bonne nuit votre altesse » et se voir congédier sur un « bonne nuit Hakeem » des plus cuisant.

Décidé à ne plus s’en laisser conter il entrepris de la séduire afin de pouvoir garder un œil dessus même au sein de sa chambre et ainsi avoir l’opportunité de percer ses intentions envers Athanase à jour…et puis, elle était fort belle et cela ne gâchait rien.

Force est de constater que si Hakeem disposait de nombre de qualités, le coup d’œil n’en faisait pas partie, de compliquée sa vie devint impossible. Cette garce parvenait même a disparaître derrière un paravent pour se changer et laisser un Hakeem hors de lui retourner une chambre avant qu’elle ne réapparaisse pour lui demander les raisons de son énervement pendant qu’elle se rafraîchissait dans la salle d’eau. Cette course-poursuite pris fin lorsqu’il s’éveilla après une bonne nuit de sommeil avec une dague fichée dans son oreiller, à quelques centimètres de sa tête. Soit, elle pouvait le tuer et tuer Athanase quand elle voulait et il ne pouvait rien y faire, d’ailleurs si elle le voulait mort ce serait fait depuis longtemps. Rien ne sert de s’acharner à creuser un puit dans le sable à moins de ne vouloir s’enterrer vivant. Hakeem accepta donc la chose et sa relation avec la Dame Natalya s’améliora sensiblement.

Il en vînt même à apprécier le piment apporté par le fait de coucher avec une femme qui pouvait tenter, et ce, avec des chances de succès plus que raisonnables, de vous assassiner n’importe quand. Chose qui, du reste, lui permit d’obtenir nombre d’informations utiles relatives au Duché et à ses voisins qu’il n’aurait pu obtenir par lui-même.

Tout allait dans le meilleur des mondes pour Hakeem, homme de confiance d’un futur Duc brillant, doté d’une compagne aux courbes aussi aguichantes que son caractère était fort et son talent pour récolter des informations, grand. Si ce n’est un grain de sable dans la cuirasse, petite chose insignifiante mais néanmoins insupportable prenant la forme du frère de sa compagne, le très inutile Agammemnon Erikov. Jeune homme bien né, il disposait, outre d’un domaine qui lui reviendrait à la mort de son père, d’une beauté saisissante qui lui ouvrait les portes des alcôves de nombre de dames et, en raison de sa capacité toute particulière de faire d’une étreinte égoïste un épopée romantique et chevaleresque, lui valait, sinon l’admiration de certains de ses pairs, une réputation sulfureuse faisant de lui l’un des nobles les plus en vues et le confortait dans sa superficialité galopante.

Trop souvent le jeune Agammemnon se présentait au palais Ducal pour rendre visite à sa sœur et l’entretenir de ces derniers exploits au terme desquels il finissait invariablement par s’enfuir à demi-nu sur son destrier, laissant derrière lui femmes en pleurs, maris furieux et personnel de maison blessé car le bougre était excellent escrimeur. Jusque-là Hakeem aurait pu se contenter de fermer les yeux sur pareille bêtise si Agammemnon ne prenait pas un malin plaisir a tout raconter de rechef au seigneur Athanase qui réfléchissait avec un déplaisir évident aux manœuvres auxquelles il devrait se livrer pour protéger son futur vassal de l’ire vengeresse des maris trompés tandis qu’Agammemnon lançait des clins d’œil lourds de signification au pauvre Hakeem à chaque fois qu’il se perdait en détails scabreux.

Cerise sur le gâteau, les dieux, en dépit des offrandes colossales que leur fit la famille Erikov pour que ceux-ci bénissent leur héritier de droit, dotèrent le jeune homme d’une paresse telle qu’il était incapable de prononcer un nom en entier si les convenances ne l’exigeaient pas. Ainsi Hakeem devint « Kim » dans sa bouche, niant ainsi son identité propre à un homme qui n’en avait que trop peu et rêvait de temps à autre à commettre un impair au moyen d’une arbalète, d’un carreau au bout arrondi chauffé au rouge et d’une position de tir lui permettant d’atteindre le fondement de l’être tant honni, ordinairement protégé par sa lourde armure.

[Hrp] Ouioui on va arriver à la partie évolutive, promis [/Hrp]

Chapitre 5 : chute et fuite

C’était fait, la guerre pressentie était aux portes du duché, le peuple grondait et la loyauté des plus lâche commençait à flancher. Les vassaux et rivaux du Duc avaient profités du chaos et des luttes intestines entre puissants pour tenter de faire main basse sur le duché. Le Duc avait été très promptement éliminé par un assassin suicidaire, prenant tout le monde de court, et précipitant les massacres qui allaient s’ensuivre.

Hakeem pensait à tout cela pendant qu’il contemplait la vieille ville depuis les remparts du château, regardant les rayons du soleil venir lécher les toits plats des maisons de la vieille ville, précèdent habituellement de peu le bruit des échoppes qui s’ouvraient et des gens qui se mettaient au travail. Ce matin rien n’était audible, juste quelques raclements métalliques inhabituels par-ci par-là. Hakeem se tourna vers Natalya, qu’il avait épousée peu avant à la demande du Duc et accédant par ce fait à la chevalerie, afin de pouvoir discrètement affréter un navire pour leurs « noces » leur permettant de fuir une situation qui lui échapperait des mains, et celle-ci forma un « oui » silencieux sur ses lèvres, comme soucieuse de ne pas troubler l’inquiétant silence qui planait aux alentours.

Hakeem se retourna pour contempler le château qu’il considérait désormais dans son cœur comme sa demeure et qu’il devrait incessamment quitter sans espoir de retour. Son regard s’arrêta sur le vitrail de la salle du trône, désormais vide, avant d’aller se perdre vers l’armurerie où il savait que son père devait enfiler sa lourde armure de plaques pour se préparer à défendre de sa vie le corps de feu son Duc et ses valeurs. Lucas Enrique, maître d’armes du Duc Albertino honorerait son serment jusqu’à la mort, ainsi sont les Enrique.

Hakeem chassa les larmes qui lui montaient aux yeux se contentant de contracter les muscles de sa mâchoire sous l’effet conjugué de la tristesse et de la colère. Il porta son poing au cœur et brisa le silence qui planait sur la forteresse « Caelestius Fidelitas ! », saluant par ce fait les justes qu’il ne reverrait plus avant de se repartir, en compagnie de sa femme, vers son devoir.

Chapitre 6 : Bremen

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que le Duc et sa suite avaient accosté à Luskan.
Ville de pirates, elle était peuplée d’individus louches qui faisaient une fierté de leur pragmatisme égoïste, proprement répugnant et extrêmement dangereux. Cette ville leur servit de base arrière le temps de prendre le poul de la région, notamment par le truchement d’un mage en apprentissage rencontré qui se proposa de conseiller le Duc en matière de politique. Bien vite il fit preuve d’un grand esprit, quoiqu’un peu porté sur le meurtre, les accidents fortuits et la découverte de l’action des forces de la nature sur l’anatomie humaine, et se vit intégré à la suite Ducale.

Peu après, grâce à l’aide d’alliés et une certaine dose d’opportunisme, son altesse parvînt à décrocher un nouveau domaine, petite ville tranquille et grenier à blé de la région, ainsi Bremen avait-t-elle changée de dirigeant sans proprement changer de mains. Bien des choses étaient à faire et Hakeem serait bien occupé mais au moins aurait le temps et l’espace pour reprendre ses entraînements quotidiens et reprendre la voie qui est la sienne : celle de Champion du Duc.

Chapitre 7 : le bras

Hakeem jetait des cailloux dans l'eau du lagon de Bremen, contemplant les rides qui se formaient sur celle-ci à chaque fois qu'une pierre en frappait la surface. Songeur il se souvenait.

Il se souvenait de ce soir où il avait accompli son devoir, servi son suzerain et payé de sa personne. Tout avait commencé lorsqu'il avait croisé les fantômes du législateur et du demi-orque qui se faisait appeler "chevalier". Ceux-ci cherchaient de l'aide, prétextant que leurs corps étaient en train d'être digérés par une espèce de gros lézard qui les avait dévoré sous les égouts. Très vite le Chancelir monta une expédition pour aller sauver ses hommes, expédition à laquelle le Duc et sa suite se devaient de participer en raison de leurs obligations vassaliques. Ainsi ils se retrouvèrent a écumer les égouts à la recherche d'un puit qui menait sur une caverne souterraine, peuplée de kobolds, escortés par les fantômes des deux morts.

Pour accéder à la dite caverne il leur fallu passer par un étroit boyau, si étroit qu'un homme en arme ne pouvait espérer s'y glisser de sorte que les hommes d'armes y allèrent presque nus, leur paquetage suivant peu après. Malheureusement pour Hakeem une chute survînt. Pas la sienne, certes, car il était bon grimpeur mais il réceptionna néanmoins sur son dos la dame de boisbrune après qu'elle ait chuté d'une dizaine de mètres provoquant ainsi un traumatisme sévère à l'épaule et aux muscles du bras droit lesquels se déchirèrent sous le choc et le surpoids représenté la chute d'une femme en armure.

A terre, sonné, il fut remis sur pied par Herbert, le mage Ducal lequel entreprît de lui replacer l'épaule dans son logement. Malheureusement, un faux mouvement de celui-ci provoqua la déchirure des ligaments et une absence de sensation dans le bras droit. Ainsi le Champion du Duc se retrouvait handicapé, incapable de porter son épée de la bonne main il tenta néanmoins de participer aux combats pour rapidement se rendre compte que son rôle se limiterait à celui de porte-torche.

De retour a Bremen la prêtresse Aléyssia fit ce qui était en son pouvoir pour lui rendre son bras mais, si elle parvint à soigner muscles et ligaments, les nerfs semblaient perdus dans une profonde léthargie. Ainsi Hakeem abdiqua son rôle de Champion ducal, incapable de combattre, pour celui d’handicapé.

Depuis il essayait de se rendre utile de son mieux, mettant ses capacités de lettré à profit pour aider les paysans a optimiser leurs récoltes et menus travaux. Ensuite…il passait le temps restant près de l’étang a contempler l’image de sa propre déchéance dans les reflets de l’eau.

Le stylet s'enfonça délicatement dans la chair pulpeuse de l'index de l'homme. Quelques instants plus tard il fut retiré pour laisser perler une goutte de sang qui se perdit sur le sol carrelé du temple. Hakeem détourna son regard du visage navré de la prêtresse qui tenait le stylet. Il n'avait rien senti, pas la moindre douleur, aucune sensation du métal s'enfonçant dans la chair, pourtant normalement si sensible, de son doigt.

Il savait ce que cela voulait dire, si la magie avait reconstitué muscles, tendons et nerfs ces derniers refusaient obstinément de fonctionner. Pour une obscure raison ses nerfs, bien que remis à neuf par magie, ne transmettaient plus leurs messages aux muscles et tendons, laissant le bras inerte. Pourtant, parfois, il lui arrivait de se réveiller en sueur, une douleur lancinante parcourant ce bras mort. La prêtresse lui avait dit que cela arrivait parfois aux amputés sans pouvoir expliquer ce uqi les provoquait.

Hakeem laissa une gemme iridescente sur une table avant de reprendre la route, songeur. Nul ne pouvait l'aider, la solution viendrait de lui...ou c'est qu'il n'y avait pas de solution.

Son père avait pour coutume de dire aux novices que c'était à l'esprit de commander au corps et non l'inverse. Il prenait régulièrement pour exemple les ordres monastiques dont les disciples accomplissaient mains exploits grâce à une vie ascétique et rude destinée à fortifier leur esprit de sorte qu'ils pouvaient demander plus à celui-ci que la plupart des mortels. Hakeem réfléchissait à cela en rentrant a Bremen, faisant crisser la neige sous ses pas. Il n'avait ni le temps ni la force, surtout avec un seul bras, de suivre un long apprentissage destiné à lui rendre peut-être un jour sa validité.

Il réfléchit longuement sans trouver de réponse et rentra frustré a l'auberge de Bremen, claquant la porte de dépit. Provoquant la chute d'un objet métallique depuis l'un des sacs qu'il n'avait toujours pas défait depuis son arrivé à Luskan. Il s'approcha pour le remettre en place avant de se figer en reconnaissant l'épée d'entraînement que lui avait confié feu son père bien des années auparavant. Epée qu' il était sûr d'avoir oublié lors de la fuite précipitée de fort Toletum...Il prît l'arme en entreprît de la sortir de son fourreau, faisant tomber un papier qui avait été coincé entre la lame émoussée et celui-ci. Tremblant il s'en saisit, y distinguant une écriture qu'il ne connaissait que trop bien, celle de son père : "On ne s'entraîne jamais assez, bonne chance fils". Hakeem rangea le papier dans une poche et essuya la larme qui s'était invitée sur son visage malgré lui pour saisir de sa main gauche l'arme et se diriger vers le terre-plein jouxtant le lagon de Bremen.

S'y mettant torse nu, il essaya de reproduire les mouvements qu'il avait croqué bien des années auparavant, en les adaptant pour un gaucher. Peu à peu ses soucis et sa tristesse s'envolèrent pour laisser place à une intense concentration.

tu nous a montré le ressentir de ton perso vis a vis du combat et l'evolution dans l'apprentissage de l'épée qu'il possede et des techniques qu'il tente de paufiner. Combattant maitre d'arme validé : bon jeu ^^

Celà faisait maintenant une semaine qu'Hakeem se livrait régulièrement à des exercices physiques poussés afin de retrouver les sensations qui étaient les siennes, bras paralysé excepté, avant la fuite.

Ne se sentant la force de supporter un autre échec public il allait s'entraîner seul, s'enfoncant profondément dans les bois enneigés près de Bremen, s'éloignant suffisemment du village que pour pouvoir laisser derrière lui le reste de l'humanité. Peu à peu il en vint à apprécier ses promenades, plus tant parce qu'il s'éloignaît des siens, que par l'air paisible de la jeune forêt recouverte de neige. Hakeem sentait confusément que quelque chose changeait peu à peu en lui sans pouvoir mettre de mots dessus.

Hakeem était couché dans la neige, contemplant les rais de lumières qui percaient depuis la fronde enneigée des arbres. Autour de lui tout n'était que silence et paix, nul bruit ne venait troubler la lente dérive dans ses souvenirs.


Bien des années aupravant Hakeem était assis, jeune homme, à une table en chêne finement découpée, écoutant avec attention la leçon du jour donnée par son professeur particulier. Homme de commerce il avait voyagé sur tout Toril et en ramenait des récits et expériences uniques. Il était revenu au Théthyr au crépuscule de sa vie pour y mourir là où il avait vu le jour, tuant le temps en donnant des cours particuliers au jeune Hakeem en raison d'une obligation qu'il avait contractée il y a bien longtemps vis-à-vis du senor Enrique.

Ce mois-là il parlait de son voyage en Orient, où les hommes étaient jaunes de peau et avaient la commissure des yeux légèrement tirée.

"Ils aiment à convertir les choses en concepts hétérogènes. Ainsi ils essayent de décomposer ce que nos sens ne permettent pas immédiatement d'appréhender en valeurs abstraites caractérisant ceux-ci et y créant des hiérarchies de causalité abstraites. Par exemple ils symbolisent le corps humain par un pentacle. Imagines-toi un pentacle dont chaque extrémité serait faite de concepts purs qui vont les uns aux autres en se mélangeant. Les deux bases du pentacle sont l'influx, qui est le signal ordonnant les mouvements du corps, et le muscle, qui réalise le moindre mouvement. Au-dessus de l'influx vient le cerveau-intelligence, car c'est de la que partant les influx et c'est lui qui donne un sens à l'ensembles des influx. Au-dessus du muscle se situe le coeur, responsable des sentiments, moteur des actes. Reste au sommet du pentacle se trouve la volonté brute, celle sans laquelle aucun mouvement n'a de sens, passant d'humains à contingents. Enfin le pentacle est lui-même entouré d'un cercle, lequel passe par chaque point cardinal car il est l'incarnation du principe même de la vie : le Ki, énergie primale habitant tous les êtres vivants.

Ainsi ils peuvent mettre leurs modèles de compréhension du monde à l'épreuve et tenter de les analyser de manière plus fine que la simple disgression philosophique si chère au Théthyriens. Vois-tu..."

Hakeem entreouvrit légèrement les yeux, se demandant confusément pourquoi cette séance c'était brusquement imposée à lui.

L'homme était assis, torse nu et jambes entrecroisées à plat, sur le sol enneigé. Il se tenait ainsi depuis des heures. Heures durant lesquelles il n'avait pas bronché, même lorsque la neige avait commencé a doucement tomber, voile de dentelle recouvrant peu à peu la cîme des arbres.

Le soleil avait lentement disparu derrière la cîme des monts enneigés avant de répparaître de l'autre côté. L'homme était toujours là, statue de neige d'où s'échappait régulièrement quoique lentement des volutes de vapeur provoquée par sa respiration.

Soudain, le doucereux craquement de la neige fraîche se fit entendre, surprenant les animaux qui rôdaient à proximité, crissement de la neige écrasée peu à peu par le poing droit de l'homme qui lentement se refermait sur les cristaux de glace.

Il s'était évadé de Padhivers, fatigué, blessé, les muscles déchirés mais vivant. Celà faisait maintenant quelques jours qu'il se cachait dans les bois, se nourrissant de baies et de glands. Les choses allaient bien, il se remettait peu à peu et pourrait bientôt rentrrer chez lui.

Malheureusement son chemin croisa celui d'une bête, vraisemblement appâtée par l'odeur de son sang.

Le lendemain l'un des soldats padhivériens qui se rendait de Padhivers à Port last abatti un garou dans la geule duquel une main ornée d'une chevalière aux armes de Bryn se trouvait.

*perso disparu, vraisemblablement mort*

(Bon plus des masses envie de le jouer vu la masse de gens qui se lamentent en canal groupe alors que ceux qui auraient eu éventuellement droit de le faire se sont tus dans le doute. Intérêt pour le perso proche de 0, seeya)