Les petits oeuvres de l'elfe

Lorsque le soleil fait place aux étoiles dans le ciel, ceux qui sortent de Luskan par le Nord peuvent parfois entendre un chant en elfique, mélancolique. Le chanteur n'est pas visible, probablement perché dans ce saule au bord de la route, loin de vos yeux. Une mélodie de Luth accompagne parfois le chant.

Assise sous un saule, auprès d'un cheval blanc,
la vision semble irréelle, et pourtant...
Approchant timidement, pour ne point la faire fuir,
Vous voyez qu'elle est belle à en mourir.

Troublée par vos pas, elle tourne son visage,
Et perce votre coeur de ses grands yeux,
Qui charmeraient la bête la plus sauvage,
Et feraient mourir d'amour tout les dieux.

Elle vous sourit et sa voix vous enchante,
Douce mélodie, sublime musique,
Qui, vers les cieux, s'envole et chante,
Trop court instant de bonheur féérique.

Battement de cil, elle emporte votre coeur.
Dans la lumière du soir, elle disparait,
Emportant avec elle toute douleur,
Son nom d'étoile dans votre esprit gravé...

Le chant s'éteint, laissant place au silence de la nuit...

La nuit est tombée sur la taverne de luskan et quelques clients se sont rassemblés autour du feu de cheminée qui jette ses derniers éclats rougeâtres sur les murs. Ils écoutent une histoire contée par une elfe à la voix mélodieuse et qui accompagne son récit de notes de Luth.

Voici l'histoire d'un nain, le plus fort d'entre eux. Gugnir Poigne d'Ours, ainsi était il nommé par ses frères de la Grande Faille, était capable d'assomer un troll d'un coup de poing, d'applanir les montagnes et de soulever les navires tant sa force était grande.

Gugnir Poigne d'Ours était parti pour parcourir les terres de Toril voulant prouver à ce vaste monde qu'il était le plus fort des mortels. Dans chaque ville, chaque village, chaque bourgade, il défiait les hommes les plus robustes et les ridiculisaient. On le disait invincible, indestructible, certains allant même jusqu'à le considérer comme un dieu. Oui, Gugnir Poigne d'Ours n'avait point d'égal en ce monde...

La gloire arriva et gugnir devint célèbre partout, de Zakhara au Val de Bise, de la cote des épées aux lointaines terres de rasheménie.

La gloire appelant la fortune, Gugnier commença à entasser de l'or par sacs entiers. Il était plus riche que le plus riche des dragons et, comme eux, passait son temps dans ses montagnes dorées, comptant et recomptant son immense trésor. Il se sépara de ses serviteurs, de peur qu'ils volent une pièce, et ne vivait plus que dans la crainte de perdre une seule piecette.

Pour protéger son or, il décida de retourner dans sa cité de la grande Faille, la terre des nains. Un convoi de charettes d'ébranla, transportant des tonnes d'or, en direction de ses terres.

Il gravit les pentes sinueuses qui menaient à la Faille, son convoi de charettes derrière lui. Cependant, la route creusée à même la falaise est bien fragile et, sous le poid de l'or, la corniche craqua, se fissura et s'effondra dans la profonde rivière qui coule dans la vallée. Tout l'or de Gugnir Poigne d'Ours tomba dans l'eau et fut entrainé par le courant rapide. Voyant sa fortune sombrer, Gugnir plongea, mais l'or et les gemmes dans ses poches l'alourdirent et la rieuse rivière l'entraina vers le fond...

Depuis, on dit que cette rivière, baptisée "La fortune de Gugnir" charrie l'or du nain par lingots et qu'à la nuit tombée, les voyageurs qui passent par la corniche qui la surplombe peuvent voir l'esprit de Gugnir le Cupide sanglotter sur le bord du ruisseau, pleurant sa fortune perdue.

(Comme promis à Lyralia, l'ode épique qui conte la triste fin du livre "Lyly chez les Ours", nous ayant quitté trop jeune dans une sordide fontaine de province...)

Ode à "Lyly chez les Ours"

A ta facon de tourner les pages,
On voyait que tu étais dans la force de l'âge.
La mort rieuse t'a fauché,
Quand dans la fontaine tu t'es jeté.

Avec ta belle couverture colorée,
tout le monde voulait te feuilleter.
Tes phrases commençaient par des majuscules,
Non par des enluminures ridicules.

De tout les livres, tu étais le plus beau,
Et tu nous a quitté bien trop tôt.
Dans la claire eau tu t'es noyé,
Personne ne sait comment tu y es allé...

Lyly chez les Ours, mon livre préféré,
Pourquoi as tu voulu te suicider?
Il y avait d'autres façons d'en finir,
Et jamais plus je ne pourrais te lire...