[BG Validé][Ensorceleur][H]Kalaes Anthris

Citation :

Nom du compte joueur forum : Nespresso
Nom du compte joueur module : Nespresso
Nom du perso : Kalaes "Manteau d'Automne" Anthris
Race : Humaine (Les Vaux)
Age : 30 ans
Alignement : CB ~ CN
Religion : Polythéiste (Mystra, Séluné, Dénéir, Mailikki, Aurile)
Classe(s) et nombre de lvls : Ensorceleuse 25
Ecoles de magie : Illusion et Transmutation
Langues : Commun, Chondathan, Draconien, Une autre à venir en jeu.
Familier : Méphite gelé
Trait de Caractère : Mystérieuse, double-langage, fière du pouvoir des ensorceleurs, généralement amicale envers eux, peut toutefois paraître froide avec des inconnus.
Description physique : Vêtue d'habits qui peuvent sembler hors du temps à des personnes y faisant attention, une mine énigmatique, un bâton qui la quitte rarement. Membres fins et peu de graisse, apparence très frêle, ongles bleus comme glacés, vulnérable aux afflictions. Présence et prestance "aériennes".


Caractéristiques :
Force 10
Dextérité 12
Constitution 10 ~ 06
Intelligence 14
Sagesse 14
Charisme 22 ~ 24

Changement de carac : Anim Quête aurilite de Dardan.
Anim Guerre Luskan/Padhiver

Son regard était mélancolique, assise sur la butte du promontoire bien connu des jeunes amants d'Herbeverte, elle regardait Haut-Château, dans cette passe montagneuse. Cet endroit, elle y avait vécu, elle y avait grandi. Une larme d'émotion s'échappa de son oeil droit, qu'elle n'osa essuyer de peur de perdre cette manifestation éphémère de son chagrin désormais éternel. Elle coulait lentement sur sa joue, alors que son regard s'embuait des larmes suivantes... le village était désormais une île impossible à rallier. Il lui fallait partir.
Loin, loin du Haut-Val...




Personne ne s'intéressait à cette vulgaire passe. L'histoire de Haut-Chateau et de sa région proche était un fleuve tranquille, un fleuve paisible et simple. C'est dans cet environnement que Kalaes naquit, aimée de ses deux parents encore jeunes, et initiée bien tôt aux travaux de la ferme. Les deux vaches de la maison étaient rapidement devenues dès son plus jeune âge des membres de la famille. Laitières, c'est elles qui donnaient une des bases de leur alimentation, de bons animaux.
Evidemment, tout la prédestinait à devenir fermière comme ses deux parents. Seulement, ce savoir-faire ne fut pas le seul héritage de cette famille à la jeune enfant. A l'âge de dix ans, après la fête de la décennie qu'il convient de fêter joyeusement lorsqu'un rejeton atteint cet âge, c'est sa mère qui lui révéla une chose qui changea radicalement le petit monde de Kalaes. Elle n'était pas une simple fille de ferme, elle était bien plus, ou tout du moins potentiellement.

Sa mère lui apprit au terme d'une longue ballade qui ne fit que renforcer le doute de la jeune Kalaes, car elles étaient bien peu fréquentes, et réservées aux grands évènements, qu'elle avait eu dans son enfance des signes de pouvoirs magiques innés.
La jeune fille écouta, autant enchantée que perplexe.
Si celle-ci ne put les développer par manque d'intérêt, par le manque de soutien de ses propres parents, elle ferait en sorte que sa fille ait le choix. Dur choix que d'opter pour une destinée dès cet âge précoce.
Kalaes resta seule, toute la soirée, sur le promontoire qui dominait les tâches éparses nimbées par le crépuscule, les champs des familles de Haut-Chateau. Elle resta seule à se questionner. Pourquoi lui imposait-on cela ? Quel lourd poids sur ses épaules, que de faire un choix qui déciderait de sa vie. Parfaitement consciente de l'enjeu, alors que d'autres enfants jouaient innocemment en profitant des derniers rayons de soleil par delà des Pics Brumeux, elle trancha.

Si on respectait son choix, elle devait d'abord respecter sa nature.
Si cette nature était d'être une détentrice de magie, alors il lui fallait apprendre à se connaître... peut-être que renier cette partie d'elle-même, c'était se couper d'un sens, se couper tout simplement. Raisonnement aussi mature qu'il puisse l'être pour la fillette, elle annonça à ses parents sa décision quelques jours plus tard, soucieuse de leur réaction. Evidemment, une aide à la ferme n'aurait pas été de refus, mais les gens de Haut-Chateau sont des personnes au coeur noble, et les aspirations de leur fille passait avant leur souci matériel. Ils trouveraient bien un moyen, c'était leur devoir de parents de permettre à Kalaes d'accomplir quelque chose de grand. Et ce que l'on sacrifie à la terre, Chauntéa le rend toujours sous forme de bienfaits.
La jeune fille fut donc confiée à l'occultiste de Haut-Chateau, une personne qui savait rester bien mystérieuse même pour la communauté qui l'avait vu naître. On savait qu'il tenait ses pouvoirs de lui-même, et il contrastait grandement avec les mages au grimoire et chapeau pointu. On en concluait donc à juste titre, qu'il devait être une sorte de sorcier. Ses méditations étaient réputées, et bien souvent sources de moqueries dans les différentes tavernes et auberges. L'Illuminé, le Sanguin, le Sage Singe... tels étaient ses surnoms, tant et si bien que pas un habitant du Haut-Val ne connaissait son véritable patronyme. Malgré ces préjugés, on l'acceptait en raison de ses aides en matière profane, et il arrivait qu'il propose ses services pour protéger une maison des rats, des vermines, ou encore empêche une récolte non-finie à temps de pourrir. Dans le fond, les gens l'aimaient bien, Kalaes serait sans doute entre de bonnes mains. Peut-être sales, mais bonnes.

Les premières années furent éprouvantes. Kalaes put à juste titre se considérer malheureuse, dans l'étude de ce sorcier écrasé par le poids des ans et par l'exercice de son Art. Obéissant en raison de sa parole, ainsi que de son choix, elle accomplit ces rites dénués de sens à son esprit encore enfantin. Ces longues séances de questions, de réponses, d'interprétations de mythes, d'interprétations d'images, ces séries de gestes répétés encore et encore sans aucun effet visible... l'épreuve était pénible, les nerfs avaient du mal à supporter cette masse de choses ineptes.
A quoi bon ? Etait-ce une torture ? Elle parlait peu avec son maître, se contentant d'obéir à ses demandes et le voyant chaque jour plus cruel. Et pourtant, aucune lueur de satisfaction n'apparaissait dans son regard... rien qui ne soit l'oeuvre d'un quelconque désir sadique de nuire à la jeune fille, son visage concentré était un véritable masque dénué d'émotions.

Quel métal préfères-tu ?
Touche cette baguette.
Libre ou juste ?
Qu'est-ce qui brûle ? Le feu ou le froid ?
Voir ou sentir ? Toucher ?
Comment vois-tu ce sceptre ?
Répète après moi.
Ton index, plus à la verticale.

Elle n'en pouvait plus. A bout de nerf, en plein exercice alors qu'elle venait d'être éveillée en pleine nuit par son mentor d'infortune et que cinq heures s'étaient écoulées à répéter des gestes incongrus et précis au millimètre... elle craqua. Sa conscience s'échappa, le contrôle s'envola, elle était à vif, pure et effrayante à la fois, et tendant la main vers le maître, après le geste tant répété reproduit sans le savoir, elle rugit en créant une fissure légère sous celui-ci. Les planches de bois craquèrent, révélant un nuage de poussière impressionnant mais inoffensif, plus dû à la saleté et à la moisissure de l'endroit qu'aux pouvoirs de la jeune fille.
Le maître esquissa un sourire, caché par la brume.

"Bronze."
Se rétractant sur elle-même, prenant peu à peu conscience de son erreur, Kalaes secoua la tête, perdant un instant la raison. Elle n'avait pas su se contrôler, elle serait renvoyée, honte de ses parents et de Haut-Chateau. Ou pire, elle subirait un mauvais sort, ou quoi d'autres encore de plus horrible ?
Le mentor se contenta de lui offrir une main pour se relever. Un acte de gentillesse simple, mais qui surprit la jeune enfant au plus haut point, il n'avait jamais fait preuve d'autant d'attention à son égard. L'évènement avait changé la donne, elle ne savait si c'était parce qu'il avait été impressionné ou si son but masqué pendant toutes ces années avait été abandonné, enfin découvert par ce brusque instant.

"Des origines nobles, c'est un fait. Bronze, bronze, bronze. Je penche sur déva, peut-être. Bref, conjecture, improbabilité, tu découvriras toi-même. Oublie."
La jeune fille ne l'écoutait plus, l'avait-elle vraiment écouté depuis l'incident... la honte était une étreinte qui l'empêchait de raisonner.
"Tu as franchi un pas, désormais te voilà sur l'escalier de ta destinée, jeune Kalaes. Tu ne peux descendre, monte, monte... Monte jusqu'à ce que la dernière marche te précipite. Cet escalier, c'est toi, descendre, c'est renier ton essence, c'est renier tes ancêtres, c'est t'oublier. Bronze, je l'avais deviné..."
Un bref instant, le mentor parut fier, comme satisfait de sa prédiction. Kalaes sortit de sa torpeur, intriguée par ce discours... il n'avait jamais prononcé tant de mots à la fois jusqu'ici. L'épreuve était-elle franchie ? Peut-être que tout cela avait finalement un sens... sûrement autre chose que simplement provoquer son exaspération, réveiller ses instincts..

La recherche de sa nature est la quête la plus douloureuse, mais aussi la plus gratifiante. Pour qui que ce soit.

Alors qu'elle mûrissait chaque année, comme la jeune femme qu'elle était devenue, apprenant les choses de la vie, les règles du monde, aussi idyllique soit le paisible village de Haut-Château, Kalaes développait dans le même temps ses pouvoirs. Elle se rendit compte d'elle même que ces souffrances d'enfance, imposées par son mentor, étaient en réalité un rigoureux entrainement visant à libérer la première barrière de ses capacités. La seconde phase était désormais amorcée, l'adolescence de la jeune sorcière réveillant en elle des instincts nouveaux qu'il ne lui restait plus qu'à découvrir.
Connais-toi toi-même, disait Ulraunt de Châteausuif.

Les rituels allaient en se complexifiant, en se précisant, cherchant à explorer le champ des pouvoirs inconnus de la jeune femme. Visiblement il y avait dans cette exploration quelque chose d'aussi excitant pour celle-ci, que pour son mentor. Une sorte de création, façonner la terre pour en découvrir le vase... il était le potier, elle était l'oeuvre, qui ne demandait qu'à être dévoilée.
Façonner, un mot qui résonnait en elle comme un écho. Façonner, façonner. Il y avait toujours cette idée de manier le brut, de manipuler la matière, au sens large, pour lui donner une forme. Une vraie création, et non une genèse à partir du néant... Modeler.
Les formes devinrent un univers à part entière, le monde devenait une matière, l'apparence un dessein de l'esprit. N'était-il pas troublant que les choses apparaissaient différemment à chacun ? Kalaes ressentait l'infinité de ces formes. L'universel pouvait devenir ce qu'elle voulait. Elle le sentait, elle le pouvait... le pouvoir, le pouvoir magique. Ainsi son don fut identifié.

La forme.
La forme était autant une création matérielle, qu'une création de l'esprit. L'on pouvait créer quelque chose à partir de la terre, mais l'on pouvait également la faire passer pour une autre forme à l'esprit. L'esprit est la source de la forme, c'est l'esprit qui décide quelle apparence aura la terre façonnée, c'est l'esprit qui voit cette forme. Ses considérations frisèrent par moment la folie, son mentor était toujours là pour veiller sur elle. Non pas pour la limiter, il savait quel était ce sentiment... cette sensation de pouvoir, cette sensation d'emprise sur l'environnement. Mais une jeune femme avait besoin des conseils d'un maître pour ne pas succomber à cette folie.
Il fut un protecteur face la grandeur enivrante de l'infini des possibles. Il fut celui qui lui apprit à s'approcher du soleil sans se brûler les ailes, par des conseils, par des initiations aux méditations introspectives.

La jeune ensorceleuse se pencha donc sur ces formes, ces apparences, à travers ce que des académistes pourraient qualifier d'écoles, illusion et transmutation. Un terme bien abstrait, trop réglé, une vaine tentative de qualifier ce qui s'offrait à elle. Manier la matière, manier l'esprit, manier le concept et l'idée, la terre et la finalité. Une emprise sur le monde, et toujours cet écho qui chaque année s'intensifiait, comprendre ces choses à cet âge était une preuve qu'elle y était destinée.
L'univers des formes était à elle, elle l'arpenterait au fur et à mesure qu'elle comprendrait sa nature. C'était sa voie, déjà tracée avant sa naissance, la voie de son sang.

Kalaes devint avec son mentor vieillissant, une femme, adulte aux perspectives mystiques et bien étranges à qui était extérieur à ce milieu. Comment ne pas paraître étrange, quand l'univers vous apparait aussi malléable. Elle voyait des choses que nul autre ne saurait voir, ou du moins que les autres ne voyaient pas de la même façon. Et pourtant, il n'y avait aucun mépris, non. Elle était un esprit, comme les autres. Elle voyait les choses différemment, les autres également... les formes, encore. L'univers aurait-il lui même une forme, pour qu'elle le voit de cette façon contrastant avec celle des autres ? Peut-être, peut-être l'univers lui-même était malléable... et s'il n'y avait pas de cadre ? Si l'univers lui-même était si infini qu'il ne pouvait offrir de cadre aux formes qui le composent ? Un jour, aurait-elle une réponse, peut-être.

Ces considérations parfois exposées à voix haute dans un moment d'inattention, valurent à Kalaes les mêmes sobriquets qu'à son mentor. On s'en méfiait, inconsciemment, on se méfie toujours des gens différents. On se méfie des formes que l'on n'arrive pas à appréhender... d'autant plus quand cette forme est aussi changeante. Oui, Kalaes était un élément de l'univers, modifier les formes de celui-ci, c'était aussi modifier sa propre forme... après tout, connaissait-elle sa vraie forme ? Elle qui s'engageait dans la découverte d'elle-même... rien n'était moins sûr.
Conversant parfois avec son maître en public, il leur arrivait d'user de termes dans une langue sifflante, agressive à des oreilles non habituée, le draconien. Tellement pratique pour parler de concepts inconnus au commun, un langage ne peut être parfait, un idiome ne peut englober tous les aspects de notre monde. Alors il faut puiser dans d'autres... il est le reflet des êtres, le reflet de leur vision du monde. Ne retomberait-on pas de nouveau sur l'apparence que revêt le monde aux yeux des utilisateurs de cette langue ? Oui, tout se rejoignait, Kalaes en était convaincue.




L'invasion des Zhents prit les habitants de court, y compris le couple ensorceleur. Une vague guerrière, cruelle et dominatrice prit le contrôle de Haut-Château, désireuse de contrôler cette passe entre la Sembie et le Cormyr jusque là épargnée. Une pure stratégie, le Haut-Val n'était qu'un pion à capturer, les habitants n'avaient aucune importance.
Ainsi, les lois tyranniques ne tardèrent pas à tomber, les pratiquants de la magie profane devaient être dans le meilleur des cas "contrôlés", sinon éliminés. Nul doute qu'un tel pouvoir serait vu comme une menace, ils durent alors fuir... Le mentor de Kalaes partit au Cormyr, pensant y trouver sa destinée dans un village de frontière, pour y finir ses jours.

Quant à elle, elle se retrouva de nouveau sur cette butte, devant faire un choix... Le choix de sa future vie.


*FIN*

Validé, bon jeu!

J'ai beaucoup appris en ces contrées.
Apprendre, apprendre, c'est un concept qu'il me faut définir avant tout, je veux dire que j'ai beaucoup... appris sur moi-même, pas d'autrui. En effet, on n'apprend pas de quelqu'un d'autre, au mieux on écoute, on s'intéresse, mais apprendre d'autrui ne serait pas l'équivalent de calquer son attitude sur cette personne ?
Donc j'ai appris sur moi-même, ce sang qui coule en moi et m'apporte depuis ma naissance la vie, désormais m'offre bien plus. C'est une longue voie qui se dresse devant moi, celle de l'Elévation très sûrement. J'espère y parvenir un jour, de quoi sera-t-elle faite ? Qu'y gagnerai-je ? Qui serai-je, également... peut-être serai-je véritablement moi-même, je ne suis en ce moment qu'une mine partiellement découverte, des joyaux me sont encore inaccessibles. Etrange comme cette vision ancre le monde à découvrir en moi, et non autour de moi...
Finalement, ce n'est pas si étrange. C'est la preuve que tout est régi par notre esprit, ce que nous croyons extérieur et donc inaccessible... n'est en fait qu'une création d'un mental que nous ne parvenons pas à dompter, à connaître.

J'y parviendrai.
Et alors, ce monde sera à moi, seulement à moi et modifiable selon ma propre volonté. Car je pourrai justement considérer cette volonté comme Mienne. Mon monde sera véritablement Mien.

Les oiseaux se rassemblent, les nobles se rencontrent.
Les aigles se croisent, et chassent sur un même territoire. Les vautours aussi, les cadavres promettent d'être nombreux. Les signes sont parlants, l'aube sera nouvelle bientôt. C'est ainsi qu'ils apparaissent à mon esprit, mon esprit est la source de mon monde, mon monde sera donc ainsi.

Les gens de Baine tournoient sur une Luskan noire et grouillante.
Les esprits épris de liberté s'agittent, ils bouillonnent, ils ont besoin d'une proie. Cette proie demeure bien trop grosse pour un seul aigle, ils doivent se rassembler, pour un jour ou une décade, mais ils doivent être ensemble pour manger.
Leurs esprits se nourrissent de liberté, le mien également, l'heure est au rassemblement. L'heure est à la chasse commune, les aigles apprennent à se connaître, ils volent peu à peu ensemble.

Les charognards tournoient encore, dans le ciel. Espèrent-ils les restes de la proie des aigles ? Peine perdue, les aigles n'agissent pas en fonction des vautours. La liberté n'est pas réaction, elle est création !
Les aigles créeront leur liberté, du bec et des serres si besoin, mais ils ne sont pas des charognards eux, ils ne se nourrissent pas de ce que leur donnent les Tyrans.
Les aigles, les forces libres, ne luttent pas contre les charognards, les forces tyranniques. Le Bien n'est pas une lutte contre le Mal, c'est d'abord une création. Ces êtres mauvais y réagissent alors, et non l'inverse.
Ne pas respecter cela, c'est se limiter à tout jamais à de simples actions sans conséquence. Quelle conséquence peut-il y avoir au pinaillage des actions des Tyrans ? Aucune ! Inversons la balance, les signes nous le montrent.

Soyons aigles fiers et dignes qui chassent eux-même, et surpassons ce stade de simple lutte et réactions aux tyranniques charognards !

L'Apprentissage, la Pédagogie :

Qu'est-ce qu'apprendre ?
Qu'est-ce qu'un bon maître ?
Qu'est-ce qui le différencie d'un prêtre ?

Généralités :
Je me suis rapidement confrontée à ce problème, qui n'en est pas un si l'on prend la peine d'y méditer, lors de mes réflexions sur ma conception du Multivers. C'est toujours amusant de voir comme notre esprit laisse des failles dans ce monde que nous créons, et que nous prenons tant d'intérêt à les colmater pour le rendre aussi parfait que possible. Ainsi la méditation et la réflexion permet de guérir notre monde de ses blessures par des réponses apportées aux questions, tels des trous béants.

Si je suis au centre du Multivers, quelle est la place de l'apprentissage dans celui-ci ? Je ne peux nier avoir été influencée par les préceptes de mes parents, et leurs valeurs, même si la majeure partie de ma conception et de mon expérience de la vie s'est faite seule. Quoi qu'il en soit, inconsciemment peut-être, ils sont quelques piliers de ma pensée, donc de mon monde, comme je le serai pour un disciple ou mes enfants.
J'en suis venue à cette réponse, et à ces questions qui en découlent :

L'apprentissage :
L'apprentissage est une marque de l'esprit d'autrui, en notre propre esprit. Ils ont été, chacun à leur façon, des personnes qui ont réussi à influencer mon esprit, et ont donc influencé ma construction de mon propre univers.
Je ne peux nier l'existence d'autrui, tout autant que je le peux. Nos mots sont bien inadéquats quand il s'agit de parler de ces concepts supérieurs... je vais tenter d'expliquer.
Je peux nier l'existence d'une personne à tout moment, il me suffit de l'oublier. Oh elle ne disparaitra pas pour elle-même, non, car elle est au centre de son propre Multivers, mais sera rayée du mien. C'est aussi simple que ça, et tout le monde le fait chaque jour même s'ils refusent de s'en rendre compte pour des questions morales qui n'ont pas lieu d'être. Nous sommes nos propres créateurs de la morale.
Mais si je peux oblitérer chacun de ma réalité, il n'en reste pas moins qu'ils continueront d'exister pour eux-mêmes... en ça, je ne peux les supprimer. Il faudrait que nous soyons fort nombreux à décider ensemble et en même temps l'éradication d'une personne, et sur des Plans alternes au nôtre, au fonctionnement plus malléable. Alors oui, nous pourrions supprimer d'une pensée, ou plutôt... d'une absence de pensée.

Cet encart afin d'expliquer que l'on peut tout à fait agir sur autrui, même en étant chacun au centre de nos univers.
L'apprentissage est un moyen, comme un autre.
Par l'apprentissage, j'imprime ma marque dans la propre construction de l'univers de mon disciple. Je l'aide à remplir ces blessures dont je parlais, afin que son monde soit parfait et sans faille, afin que le doute ne soit bénéfique que lorsqu'il s'agit de dresser de nouvelles vallées. Oui, l'apprentissage offre des possibilités impressionnantes... si j'apprends à un disciple comment je vois les prêtres de Shaundakul, et lui démontre par un argumentaire complet, la raison de ceci, il sera indéniablement frappé. Et sa vision des prêtres de Shaundakul sera teintée de la mienne.
Attention, quand je dis vision, peut-être devrais-je dire réalité. Sa vision est sa propre réalité, comme ma vision est ma réalité. Comment pourrais-je dire qu'ils ne sont pas tels que je le conçois ? Ce serait un non-sens complet, ils sont de la forme dont je veux les voir. Ainsi, mon disciple les verra également de la façon dont je veux les voir.

Et ainsi, l'apprentissage est une manière d'imposer, plus ou moins durement, ses vues à l'esprit d'autrui. Par conséquent, une façon d'imposer une partie de son monde dans celui d'autrui, de manipuler son univers pour toujours.

Le mauvais apprentissage :
De là, on voit bien les possibilités de conditionnement qui sont offertes au maître peu scrupuleux. La seule barrière réside dans le respect d'autrui, ce que personnellement, je conçois la plupart du temps. Comment ne puis-je pas respecter autrui, si leurs conceptions des choses existent car je le veux ? (Si j'arrive à concevoir le fait qu'ils construisent eux-même leur multivers, c'est que ça existe, donc je ne peux que respecter la création de mon esprit... car cette faculté qu'ils ont est mon fait)
Mais je conçois que d'autres personnes ne voient pas les autres de cette façon, considérant leurs mondes comme inférieurs aux leurs, donc bons à manipuler de façon outrancière. Et là, c'est un nouveau sujet qui s'offre à moi, pourquoi conçois-je de telles personnes si leur action est néfaste ? Devrais-je à terme les oblitérer de mon esprit, donc de la réalité ? Ou sont-ils à leur manière nécessaires, raison pour laquelle mon esprit les conçoit de façon naturelle ?

Ainsi, le mauvais maître use de son apprentissage pour imposer sa vision à son disciple, et ne lui permet pas de développer son monde à sa manière. Si le bon maître lui donne les matériaux, ses matériaux à vrai dire, pour qu'il construise un édifice similaire mais personnel, le mauvais maître impose un plan de construction qui est le sien.
Ainsi, le disciple n'est plus vraiment un centre de son multivers, ce centre est partagé, voire volé selon les cas, par le maître. On voit tout le danger pour l'équilibre. Un esprit se fait soustraire son propre arbitre, c'est à dire sa capacité à imaginer pour rendre réel son monde. C'est l'apprentissage de beaucoup de prêtres qui utilisent ce conditionnement sur leurs fidèles, c'est l'usage de beaucoup de sectaires qui sont donc ainsi manipulés, devenant de simples... corps.

Le Mantra de Leurre :

Citation :

- Mantra de Leurre -

Introduction
Il est souvent plus simple d'imposer sa volonté chez autrui, que de s'en prémunir. Et la sagesse est de savoir qu'être tyran ne signifie pas ne pas être asservi.
Ainsi combien de mages se sont fait espionner, trop confiants en leurs capacités intellectuelles élevées ? Le mantra du Leurre est un de ces moyens de prévenir les incursions néfastes de l'esprit d'autrui dans son propre monde, et d'effacer sa trace. Mieux encore, il permet de renvoyer sa propre supercherie à ses dépends.
Car telle est la force de l'esprit, que de concevoir aussi ses armes.


Le mantra
L'enseignement monastique de la Rose Immaculée explique que :
- la chair du forgeron marque l'acier, l'acier marque la chair du sage.
- l'esprit du forgeron marque l'acier, l'acier ne marque pas l'esprit du sage.
L'esprit possède pourtant ses armes et défenses immatérielles. Il est possible de les invoquer via des rituels divers, un mage vous répondrait qu'il s'agit de protéger les rouages de son intellect, je vous apprends que les mantras sont un moyen idéal d'arriver à un but bien moins hasardeux.
Le mantra consiste en une succession de sons primordiaux, ces sons qui ont constitué le Multivers dit-on, qui le façonnent chaque jour d'autres pensent, mais il est indéniable que leur puissance est réelle. Evidemment, si vous n'avez pas la même conception des choses que moi, il vous sera difficile d'y faire appel, car je suis convaincue que cette efficacité créatrice qu'ils renferment sur le Multivers est d'abord et avant tout due à leur efficacité sur notre pensée. Si notre esprit est à la base de toute la construction de notre environnement, il est donc normal que des mots qui l'influencent agissent également sur l'environnement. Remarquons d'ailleurs si cette explication ne suffisait pas, l'étymologie (et je remercie certains lettrés de me l'avoir apprise), man signifiant tout simplement outil de l'esprit, chose normale car l'esprit crée ce dont il a besoin, le mantra ou le son primordial n'y échappant pas (rien n'existe sans que l'esprit ne le conçoive), et tra porte en lui l'idée de protection.
Le mantra est donc une formule méditative, si l'on peut appeler cela comme ça, qui à base de sons, permet la focalisation mentale, la lucidité, et son renforcement temporaire. Elle est bien sûr créée comme toute chose de nos mondes, par notre esprit, comme un outil mis à notre disposition. Bien sûr, il s'agit du mantra en général, et il en existe plusieurs, certains que je ne connaitrai peut-être jamais car ils n'auront aucune efficacité sur mon propre sang (mais en soi, si je ne les connais pas, peut-on les considérer comme existants ? oui, car j'en parle).

Le mantra de leurre a cela de particulier qu'il est d'une efficacité précise, sa puissance réside dans les mots et leur agencement, plus que dans la répétition, ce qui est relativement rare. Un mantra nécessite habituellement d'être psalmodié à de nombreuses reprises, afin d'incorporer l'esprit dans un processus de concentration et de renforcement. L'on voit de suite son intérêt pour la manipulation rapide, car il concurrence sans rougir les formules brèves des magiciens.
Il fonctionne à partir de l'élément central " Om' ", un son d'une efficacité redoutable sur le monde, et il n'est pas rare de voir certains maîtres d'armes l'utiliser pour canaliser leur ki, preuve que mon esprit a ainsi créé un outil puissant. Le Om' est un son grave et monocorde, telle une ligne dans un espace vide. Son primordial, il dépasse toute harmonique première, ou même premier mot, il est le son. Il est celui qui fait vibrer l'esprit, il est comme la sève de l'arbre ou le sang de l'homme, il est et sera toujours le coeur battant de chaque énergie. Il est le mouvement, il est la vie, il est la vibration, il est la perception.
Oui, il est la perception, et c'est ainsi qu'il agit sur le mantra du leurre, en troublant la perception d'autrui, celui qui a inséré son esprit dans notre propre monde, qui a passé nos propres défenses psychiques. Au-delà d'un simple trouble, il est celui qui va apporter la vibration d'une nouvelle vision pour notre espion. Et son son si pur, si élémentaire, est le moyen pour l'espion de ne voir aucune supercherie, car le Om' ne saurait être absent de n'importe quel endroit. Le Om' peut être un vecteur pour la création de l'esprit, et ainsi, la nouvelle vision est accordée à notre propre pensée, nous pouvons par le biais du Om' primordial, envoyer une nouvelle perception à cet espion.
Mais l'intérêt de ce son n'est pas qu'ici... car il est nécessaire pour toucher cette présence intruse, de l'inclure dans notre Multivers, il doit devenir un élément de celui-ci et entrer dans la sphère d'influence de notre esprit créateur... afin de pouvoir en jouer. Un intrus reste un intrus, il n'est pas soumis à notre esprit. Par l'intermédiaire du Om', l'intrus s'inclue peu à peu dans la trame globale de mon Multivers pour devenir un élément accordé à celui-ci, me permettant ainsi d'agir comme j'agis sur tout. Je peux de cette façon lui envoyer cette fausse vision, car il est passé à ma portée, je l'ai inclus, en l'accordant grâce au principe universel du Om'.


Le jade
Ce mantra demeure également dépendant de l'influence matérielle du jade. Cela peut paraître étonnant, et ce fut le cas pour moi, car le mantra est d'habitude une pratique tout à fait abstraite (quoique par l'abstrait nous concrétisons, mais l'inverse ne peut être vrai). Mais l'expérience de la sorcellerie apporte un niveau de perception autre, et il ne me fut pas difficile de voir dans cette pierre une importance symbolique cruciale pour le mantra. En effet, lors de la pratique méditative de celui-ci, nous sommes parfois amenés à visualiser des concepts, des symboles, car la méditation n'est en rien une fermeture totale des sens, juste un changement de plan... nous ne voyons plus le monde que crée notre esprit, nous voyons l'esprit, comme si nous nous retournions brusquement vers celui qui projette des images devant nous. Cette vision est difficile à supporter, mais surtout à atteindre, les images symboliques sont un moyen d'y parvenir.
Le jade devient ainsi très important en raison de son lien au sortilège. Comme le Om', et rien n'est dû au hasard quand l'esprit crée, il est lié à une notion distincte mais comparable d'universalité. Il n'est pas le sang de tout, il n'est pas un élément primordial, mais le jade est chargé d'une symbolique androgyne très forte, non pas dans la distinction des sexes mais dans leur assimilation en un être unique. Ses couleurs s'éparpillent sur une gamme de vert à l'ambre, de la feuille à la sève, de l'herbe à la terre, le cycle primordial constant de la Nature, allant même jusqu'au blanc, couleur forte associée aux sentiments forts (c'est important pour la suite). Et devrais-je mentionner ces critères de beauté des pierres, qui ne peuvent absolument pas s'appliquer dans le cas du jade tant sa beauté relève du symbolique ? Oui, le jade devient une pierre idéale pour le lancement de sort de ce mantra, car elle se réfère à l'universel et au symbole, non aux choses concrètes et matérielles qui n'ont de place dans un sort agissant directement sur le mental.
Notons également que le jade tel que nous avons besoin doit être taillé d'une manière précise, ni trop gros, ni trop petit, et n'importe quel artisan connaissant cette pierre vous dira que c'est un matériau extrêmement difficile à tailler grâce aux artisanats traditionnels (calcul, tracé, règles). Non, le jade doit être taillé avec l'esprit d'abord, il doit être pensé et médité, avant d'être coupé, car jamais sa taille sera deux fois identique. Il est nécessaire de faire jouer sa conception mentale pour prévoir où il sera brisé. Le jade utilisé est donc chargé d'une très forte valeur spirituelle dès son arrivée dans nos mains, l'esprit de l'artisan ayant déjà beaucoup marqué la pierre.

Durant la prononciation du mantra, Om' accompagné de henoui hantram, il est nécessaire de réduire en poudre le jade. Je vous livre ici mes premières expériences peu concluantes quant à cette phase, car le jade est comme je l'ai dit une pierre extrêmement dure. J'ai plusieurs fois usé d'un marteau, tapant chaque fois plus fort durant plusieurs minutes, et récitant de manière on ne peut plus saccadée le mantra. Evidemment, cela m'a laissé des séquelles plusieurs mois, car le mantra ne saurait être écorché, sa puissance est bien trop importante. Finalement, je ne puis que vous conseiller d'user de magie pour briser votre bout de jade taillé, une magie mineure, mais de la magie, naît la magie. La gestuelle est symbolique là aussi, réduire en poudre cette pierre déjà très chargée, libère sa puissance car de l'Un nous ne saurions passer au multiple sans libérer dans le même temps ce qui le maintenait lié. Visualisez donc le blanc du jade, comme creuset d'émotions et sentiments forts, et par cet intermédiaire, envoyez la vision de votre choix par le biais du Om', votre vecteur, vers cet élément que vous avez fait vôtre : l'intrus (qui n'en est plus un le temps du sort). Les visions ne sont pas forcément des émotions fortes, mais celles-ci permettent de trouver un lien vers des failles de l'esprit de l'intrus, car l'émotion forte brise souvent les propres défenses de n'importe quel esprit.


Conclusion
Pour finir, je ne puis que vous avertir qu'une vision différente de la mienne du monde ne pourra que vous apporter un effet incomplet, dans le meilleur des cas. En effet, ce sortilège fonctionne même si personne ne vous espionne... pourquoi ?
"L'esprit est au centre de ton univers."
L'esprit crée ce qu'il veut, s'il veut qu'un espion agisse, il le fera. Peu importe si aucun autre esprit du Multivers te regarde, si ton esprit le veut, il en sera ainsi. Si tu lances ton sort, tu inclues d'ores et déjà qu'un espion veut te voir car ton esprit en est l'instigateur.
Mais quel intérêt, si l'on crée une parade à notre propre création ?
Il vaut tout simplement mieux prévoir la création de son esprit, que de laisser autrui la manipuler. En conceptualisant ce cas, on empêche une personne étrangère de s'infiltrer par cette brèche, car notre réflexion est focalisée dessus. C'est en ça que le sort est une défense.

L'art du tatouage chez les ensorceleurs :

- Tatouage identitaire

Avant toute étude de motifs, il convient d'exprimer l'importance du tatouage vis à vis de l'être. Certains vous diront que c'est là l'art de toute une vie que de comprendre quel est ce lien entre le corps et l'esprit. S'ils se trompent sur quelques points, il n'en est pas moins indéniable que cet art est bien plus complexe qu'il n'y parait, en raison de tout son caractère mystique et magique que je ne puis encore complètement déchiffrer tant ses mystères sont vastes, et ses possibilités étendues.

Il est commun chez les ensorceleurs de toute race, qu'ils soient nommés shamans, sorciers, ou autres, que de tatouer certains symboles à même leur peau. Loin d'un souci d'esthétique mystérieuse - bien que certains bourgeois s'amusent à reproduire de tels motifs sans rien savoir de leurs secrets, et ce uniquement afin de satisfaire un désir de mystification à montrer en public, attitude bien ridicule - le tatouage possède une réelle implication au niveau de la canalisation du pouvoir du sang. Certains magiciens ont également porté leur regard terre à terre sur cet art, et y ont vu un moyen de contenir des sorts, d'améliorer le potentiel magique d'un individu. On remarquera aisément ce désir constant d'amélioration, au détriment d'une connaissance de soi, mais ces mages sont excusables par le fait qu'ils doivent sans cesse s'améliorer eux-même, étant donné qu'ils n'ont absolument rien à la base.

Les tatouages ont divers usages, et si je commence par l'usage identitaire, je n'en ferai que peu état, étant donné leur faible valeur magique. Le tatouage identitaire peut avoir une efficacité magique ceci étant, mais j'en parlerai plus tard.
L'identitaire pur a pour but d'être reconnu par certains comme faisant partie d'un corps, une guilde, un groupe. Les ensorceleurs peuvent arborer, dans certaines occasions, des tatouages similaires, c'est le cas pour des traditions magiques communes, généralement dues à un ancêtre commun. Une flamme stylisée peut être le symbole d'ensorceleurs ayant un même dragon rouge comme ancêtre, donc développant des pouvoirs identiques, dans le cadre d'un apprentissage communautaire (fraternité, secte, autres). Souvent, le symbole est plus subtil, afin de ne parler qu'aux initiés, au lieu d'arborer une flamme, cela peut être un triangle contenant un glyphe bien précis (Glyphe d'Igna Chthonia par exemple). Leur usage est de toute manière, purement identitaire est n'a généralement pas d'influence magique sur le propriétaire, si ce n'est de renforcer l'esprit de groupe, la valeur mystique commune de celui-ci, et ainsi faciliter la concentration grâce à un environnement familier.

Et c'est précisément dans ce dernier point que peut résider la composante magique du tatouage identitaire de communauté. Accordé au propriétaire, identique pour tout le groupe, ce type de tatouage peut justement favoriser la concentration du groupe. Un ensorceleur est porté vers lui-même, nécessairement, et une fraternité est par conséquent plus artificielle que chez des magiciens. Ces derniers y gagnent en échangeant des formules et théories entre eux, mais des ensorceleurs n'ont pas besoin de ce rapport de groupe, car le pouvoir leur vient d'eux-même. Le tatouage est donc un moyen de rapprocher les êtres, dans une sorte d'être transcendantal unique, idéalement l'ancêtre commun. Le tatouage est l'élément qui mêle ces individualités en une même entité, en un même sang, favorisant par conséquent l'expression commune de leurs pouvoirs.
Plusieurs modes peuvent être ensuite abordés, rituels de cercles (comme les Hathrans), lancement de sort commun, lien mystique.

Enfin, le tatouage identitaire peut avoir une influence moins magique "pure" que symbolique chez un ensorceleur, si tant est que l'on puisse distinguer les deux choses. Beaucoup d'entre nous arborons un tatouage personnel, qui peut être notre glyphe (chaque manipulateur de la Toile en possède un, unique, devant Mystra, garante de leur non-violation sous peine de malédiction terrible) ou un signe plus individuel. Il est porté en des endroits que nous considérons vitaux, symboliquement forts, variant selon les individus et traditions, ou conceptions.
Certains le portent sur la convergence de lignes corporelles, d'autres à des points nodaux de souffles vitaux, ou encore en des endroits symboliques pour leur sang comme le coeur pour un sang lié au feu, la cuisse pour des pouvoirs de transmutation (cf chapitre sur la localisation de certains de mes tatouages et leur signification).
Son intérêt est purement personnel, car le savoir sur ces points importants tend à renforcer le lien de l'ensorceleur avec son propre sang. Arborer un signe aux sens cachés sur un endroit symbolique est une manière de rendre le lien avec son ancêtre, celui qui constitue sa chair, l'être qui l'habite et le transcende, cet être qui se découvre lors de cette quête infinie dans sa splendeur, magnifiant chacun de ses instincts, plus fort et intense.

L'art du tatouage chez les ensorceleurs (2) :

- Tatouage de lien

Un ensorceleur a généralement un ou plusieurs domaines de prédilection. Si l'on ne peut vraiment les qualifier d'écoles, appelons-les thèmes, car les différentes formes que prennent les sorts ont généralement une même thématique, étroitement liée à l'ancêtre magique. Un descendant de dragon rouge aura une gamme de sorts élémentaires de feu, le descendant d'une sirène des enchantements et illusions, on voit de suite la limitation d'une qualification d'écoles.
Ainsi, chaque ensorceleur possède un thème qui lui est propre, et à ce thème peut être associé un tatouage. Pas n'importe quel tatouage, et c'est la différence avec l'identitaire précédemment explicité, car il est conseillé sinon indispensable d'user dans la matière servant à ancrer le tatouage à même la peau, d'un matériau en lien symbolique avec le thème magique de l'ensorceleur. La peau, comme interface entre le monde, et le sang du sorcier, devient la surface de connexion entre ces deux univers, entre l'univers intérieur que l'ensorceleur cherche à découvrir, et l'univers extérieur, qu'il découvre tout autant. La peau est une métaphore physique de cette recherche parallèle, de cette union et de cette interdépendance, car il ne saurait découvrir l'un sans l'autre.

De cette façon, inscrire un motif sur la peau gagne tout son sens pour un ensorceleur, tant l'efficacité symbolique est forte. En effet, le symbole du thème magique marque l'épiderme, marque cette limite physique entre ces deux mondes inconnus, et devient un vecteur de découverte. L'ensorceleur apprend à connaître les deux mondes par l'usage progressif des pouvoirs de son sang, par la pratique régulière et la méditation introspective, le pouvoir est un intermédiaire... de la même façon que la peau est l'élément séparant ces deux univers.
Le tatouage en lui-même est tout autant marqué par cette idée d'unicité, car il introduit le symbole à même l'être physique de l'ensorceleur, il unit les deux physiquement, à l'image de cette union spirituelle qui existe depuis sa naissance.

Je parlais de matériau, et il convient d'expliciter cet aspect. La symbolique contenue dans les matières physiques de nos mondes ne manque pas, c'est d'ailleurs cette richesse que nous utilisons dans nos rituels. Le tatouage doit rester dans le temps, il est éternel, à la manière du sang magique qui traverse les générations pour garder toute sa pureté. Le matériau, qui représente le pouvoir de ce sang, doit donc être hautement symbolique et impérissable. La simple suie n'est pas suffisante, un ensorceleur lié au feu préférera une suie d'un volcan qui l'attire particulièrement, un descendant de succube pourra privilégier un sang de mortel corrompu, coagulé pour le rendre solide. L'opération peut s'avérer donc dangereuse, mais là encore... à l'image de la maîtrise du pouvoir.
Maîtriser ce tatouage risqué, c'est maîtriser son pouvoir brut. Tout est symbole, tout est sensé, et rien n'est dû au hasard.

https://www.youtube.com/watch?v=yzJmW94Z-9I&feature=related


*Interruption dans le journal, l'écriture se fait plus penchée, plus large aussi, de son encre habituelle*

Serment de Quête.

Nous cherchions avec la descendante draconique un artefact ancien, un bâton dont je ne parlerai pas sur ces pages pour préserver le secret. Le secret se garde au plus profond de la tempête gelée, il est la propriété d'Aurile qui dévoile à tous uniquement ce qu'elle croit bon que l'on sache, que ses servants sachent.
Peu importe, car j'eus en même temps que ma compagne d'aventure, une révélation, La Révélation. Aurile, Vierge des Glaces, j'accomplirai ta volonté sur les terres de Luskan, drapée de mes atours à tes couleurs si saintes, drapée de ma nouvelle identité, de mon nouveau Nom. Ma Maîtresse m'a montrée qu'être à ton service est la Quête que je dois accomplir, et je l'accomplis avec la plus grande ferveur. Oui, Aurile, l'on m'a donné une mission, une mission sacrée... je combattrai où qu'il se trouve le feu, cet élément impur et méprisable, si bas. Oui, je le pousserai jusqu'à ses derniers retranchements, et je l'étoufferai, de ma main vengeresse et juste. Le feu disparait toujours, il est si facilement contenu, au profit de la neige éternelle, qui reste et imprègne les terres qu'elle soumet.

Je dois accomplir mon périple, habillée de façon à me mêler à ton souffle divin, qui altère la vue de l'immaculé de la tempête de neige. Je dois accomplir mon périple, répondant au nom plus proche de Toi, Manteau d'Hiver. Tels furent les seconds termes de ma Quête, et je m'y soumets avec la plus grande ferveur, car je me rapprocherai toujours plus de l'incarnation de ton Symbole. Je serai ton Symbole sur ces terres baignées sous le soleil de l'été renaissant.

J'apporterai la parole de ta Foi, à ceux qui ont oublié de te craindre. Ces moineaux oisifs et opportunistes qui batifolent entre les Fois, ces corbeaux qui se jettent sur n'importe quelle charogne que leur apportent les prêtres, et d'un jour à l'autre, jurent fidélité à différents dieux avec une versatilité outrageante. Leur Foi en toi, leur crainte, sera sincère, car ancrée en leur coeur. Je suis ton Instrument, mon sang est au service de la Quête.

Et enfin, les sorts ignés me seront formellement interdits, car il ne saurait être concevable d'user du feu pour servir tes Très Hauts Desseins. Le gel sera ma lance, et elle s'abattra sur les infidèles pour leur rappeler ta Fureur glacée. Le gel sera ma lance, pour percer les lignes de l'insubordination à ta Divine Cause. Et le gel sera la lance qui à jamais laissera sa marque dans ma paume.


Première parole.

Virée fut faite au casino de Luskan, afin de faire s'agenouiller ces prétendus croyants. Les voilà qui parlaient d'incendies ? Nous montions pour montrer quel sort réserve Aurile à ce feu qui ose empiéter sur sa sainte destruction. Si nous n'avons remarqué nul feu, les torches et chandelles subirent l'ire de nos sorts, car tel était notre Quête. La serveuse, et le videur, tremblèrent devant notre détermination sans faille, car elle est de marbre, de marbre glacé.
Ils accédèrent à notre injonction, la crainte d'Aurile renaissait en leurs coeurs.

Nous enchaînâmes avec ce camp de Légionnaires à l'est de la ville. Elle et moi tentâmes de nous montrer persuasives afin d'encourager la dénommée Annika à se rendre en contrebas afin que nous lui exposions notre exigence : étouffer les feux des torches du camp fortifié. Son oreille fut aussi sourde que le derrière d'un orque, alors nous n'eûmes d'autre choix que d'abattre sur eux la malédiction d'Aurile. Tel était le serment.
Nous avons bien entendu réussi à faire jurer le jeune légionnaire qui arrivait, de prier la Vierge. Il serait épargné si son serment était sincère. Ou il subirait comme les autres, La Vierge voit Tout.

Nous nous postâmes donc en bas des contreforts de Son Très Grand Domaine, où la glace règne comme elle devrait régner sur Féérune. Alors, nous conjuguâmes nos efforts et concentrations, pour faire appel à un esprit élémentaire. Telle était la forme du courroux d'Aurile, sous notre main à Son service. Je n'avais encore jamais fait appel à ce genre de créatures, mais ma méthode invocatoire restait la même, quoique je dus passer par une symbolique plus adaptée envers la Très Sainte Vierge. Brisant des fioles de potions, afin de rappeler l'éclat de glace au si pur reflet, je marchais dessus pour appeler la bise glacée qui saigne les corps qui s'y trouvent.

Alors, je tombai en pâmoison.

L'élémentaire reçut ses ordres de notre part, les miens furent de parcourir tout le campement légionnaire afin de refroidir l'atmosphère, faire naître le vent grâce à cette essence que je lui accordais. Etouffer les flammes des torches ridicules, calmer les ardeurs des couples en rendant leurs couches bien inconfortables, rendre leurs cavernes inhabitables. Ma compagne de rituel lui demanda de faire s'envoler leurs bourses pour les amener à ses pieds. Etrange, mais soit.

Enfin, nous les retrouvâmes. Ils avaient subi le fouet glacial d'Aurile depuis une heure environ que nous nous présentions à leurs portes. La seule condition pour que cette malédiction cesse était d'apporter l'offrande rituelle que l'on fait en hiver, à la Dame des Glaces : placer une pièce d'argent au pas de la porte de chacune des bâtisses du camp. Ils refusèrent ! Les imbéciles, ils ne croyaient pas en la malédiction, ils ne croyaient pas en notre divine mission, nous mettant à l'épreuve en parlant de la Freyja qui était leur amie. Aucun respect pour cette si noble servante ! La traiter telle une compagne de bar, comme une personne qui accède aux caprices de ses amis, réaction puérile. Mais je ne crains rien, car j'ai entendu ma Maîtresse dire qu'une prêtresse avait entendu notre serment, et le serment de ma compagne d'aventure sur sa Foi en Aurile.

Cette malédiction poursuivra donc son tourment, car ils refusèrent de se soumettre au tribut symbolique de la Vierge.


Pâmoison. *Une flèche relie le passage du précédent paragraphe, traitant de cet aspect, à celui-ci*

Alors, je tombai en pâmoison.

Mon corps ne fut plus à moi l'espace de quelques minutes, l'élémentaire se nourrit de ma chair, de ma vie, de mon coeur, et de mon esprit. Je lui offrais mon essence vitale pour qu'il puisse repaître, je lui étais acquis, telle était ma pénitence volontaire et désirée, pour avoir usé de feu auparavant. Un paiement au-delà de ce qu'il aurait espéré, il en fut satisfait.

Quant à moi, sortant de cette transe catharsique, mes membres devenus si étranges, imperméables à ma volonté, mon teint ayant viré au blanchâtre, mes ongles rendus bleutés, je me sentais forte d'une nouvelle présence, d'une nouvelle prestance, une force intérieure aussi brute qu'un éclat de glace ancestral. Est-ce mon sang qui rejaillit à cet instant sur ma personne, prenant davantage contrôle de mon être ? Mais mon corps physique était devenu si frêle. L'esprit est tout, Manteau d'Hiver. Mon esprit s'est nourri de ma chair physique pour devenir plus consistant, plus apte, son emprise sur le monde était encore accrue ! Et mon moi physique, simple projection de mon esprit après tout, était donc devenu plus faible... Mon esprit est TOUT, mon corps n'est que sa volonté, et si j'ai fait échange de mon emprise physique contre mon emprise mentale, alors j'y ai tout gagné. J'ai franchi une nouvelle marche vers mon ascension encore longue, j'ai franchi une nouvelle étape, vers la toute puissance de mon esprit sur le monde, sur mon monde.

(Hrp : Changement de carac signifié dans le cadre de BG. Merci beaucoup à Dardan pour cette anim )

Je reprends la plume, et la recherche. Je passe désormais la quasi totalité de mon temps hors des villes, pour ne pas rencontrer de chasseurs en ces temps troublés, parfois rejointe par Leen. Peut-être réapparaitrai-je quand la situation sera calmée, et que les esprits seront plus sereins, plus prompts à juger. En attendant, car je ne puis me résoudre à passer ces instants sans rien faire, voilà la suite de mon étude sur les tatouages.

L'art du tatouage chez les ensorceleurs (3) :

- Scarification et auto-mutilation

Avertissement préalable sur la dangerosité potentielle :
Je mets en garde le lecteur ! Ce passage peut être éprouvant pour celui qui lit celui-ci sans un recul nécessaire, car cette étude se veut exhaustive, et je ne puis donc passer à côté de cet art peu pratiqué mais à très forte valeur. Moi-même ne le pratique pas car ses applications ne me concernent pas, ou du moins ne m'attirent pas du tout. Le sang est quelque chose de fort, l'instinct tout autant, et la scarification peut être un moyen pour certains ensorceleurs y portant des prédispositions, de canaliser leurs pouvoirs.
Je le répète donc, si le lecteur n'est pas sûr de devoir faire appel à ces tatouages, alors qu'il s'en garde ! Certains rites malfaisants y font référence, et il est facile de succomber à des instincts masochistes, ou autres, avec ce vecteur. Certains ensorceleurs y font appel également sans aucun rapport avec ces rituels maléfiques, mais ceux-ci possèdent une grande maîtrise de leur sang et de leurs pouvoirs ! Si tu n'es pas aguerri, garde-toi de t'en approcher, et même de t'y intéresser si ton esprit n'est pas prêt.


La scarification porte l'art du tatouage à un extrême paroxystique. Ce lien dont je parlais entre l'environnement extérieur et le sang, environnement intérieur de l'ensorceleur, par le biais de la peau est donc porté à un stade supérieur, car ce vecteur s'en trouve mutilé. La valeur symbolique de la mutilation est très forte, car davantage qu'un tatouage classique, il est une marque permanente, une trace dans le propre corps de l'ensorceleur, et aborde la symbolique de l'intégrité, voire même de la vie.

Certaines scarifications sont opérées par des ensorceleurs en bas âge, en plein éveil de leur sang pendant la période de passage, celle où le corps devient adulte, et où les rythmes du sang s'ancrent dans sa nature propre. Dans les milieux civilisés, ils sont vus comme une perversion... et dans un sens, à raison. Dans les milieux plus tribaux, sauvages, ils sont parfois encouragés avec les risques que cela présente sur des personnes prédestinées à la sorcellerie.

Les milieux urbains portent toujours une trace de culture, un magicien qui a instruit certaines élites, qui elles-même ont transmis ce savoir. Ce savoir peut devenir superstition, ou un fait acquis... peu importe. Ainsi, les habitants savent plus ou moins que la scarification est une chose dangereuse. Cet enseignement est repris par certains magiciens dans les grandes villes, ou par les prêtres dans les villages, ainsi cet art est assez restreint, ce qui permet une sorte d'autorégulation.
Les milieux plus sauvages voient parfois d'un bon oeil ces rites, et encouragent leurs membres à en faire usage : les barbares scarifiés ne sont pas rares en Rashemenie dit-on, les sorciers scarifiés ont une bonne place dans les cultures tribales, et les gobelins font de cet art un modus operandi classique pour les manieurs de magie (parfois nommés "Magik", hum...).

Cet art est-il intrinsèquement mauvais ? La réponse est non, bien évidemment. Il est un outil, et comme tous les outils, son utilisation dépend de son propriétaire. Mais comme tous les outils, il en est de plus durs à manier que d'autres ! Si un villageois peut utiliser un marteau sans problème pour réparer une poutre, il aura plus de mal avec un marteau-piolet et se blessera. C'est la même chose ici. La scarification peut être utilisée par certains ensorceleurs portant des prédispositions à cet art, mais d'autres devraient s'en garder s'ils n'y éprouvent aucune attirance particulière.
Pourquoi est-il dangereux ? Son rapport est, comme je l'ai brièvement expliqué précédemment, bien plus poussé que le simple tatouage, à l'existence de l'ensorceleur. Mutiler sa peau, c'est faire apparaître son sang... et le sang est la chose la plus significative de l'ensorceleur. Il est ici compréhensible que cet art touche directement à l'essence du sorcier, il dévoile son sang et en imprègne sa peau par un conduit tracé par sa lame acérée. La peau, limite entre l'interne et l'externe, perd son étanchéité. Elle n'est plus simplement domptée comme avec le tatouage, elle n'est plus simplement liée aux deux univers... elle est brisée, une brèche, une fissure est créée ! La peau ne sert plus de garde-fou, il n'y en a plus, le sang, le pouvoir brut est libéré...

Voilà pourquoi il convient d'y faire très attention. Il est nécessaire d'avoir une très grande maîtrise de son pouvoir et de son sang pour en faire usage. Seuls les plus grands sorciers savent l'utiliser sans conséquence néfaste, ou les sorciers naturellement prédisposés à ceci. Ceux qui tenteraient sans être sûrs d'une prédestination, ou sans une grande maîtrise de leur sang, pourraient finir fous (à condition de faire des scarifications à but rituel). Les ensorceleurs de bas âge en usant font bien d'être stoppés, bien qu'en général, leurs connaissances dans les mystères magiques soient quasiment inexistantes, et il y a peu de chances qu'ils dessinent des symboles à pouvoir. Mais sait-on jamais...

L'Art du tatouage chez les ensorceleurs (4) :

- Le symbole

Je le dis et le redis, le symbole est la clé des mondes. Le symbole est universel, sa force est partout présente, son influence toujours puissante. Et surtout, les symboles sont infinis : l'infini des possibles (peut-être est-il possible que la langue du Multivers soit en réalité un ensemble infini de symboles...).

La symbolique fait ce que les langues et dialectes ne peuvent pas faire à l'échelle humaine, réunir deux personnes quelles qu'elles soient pour lesquelles ce symbole a la même signification, car il touche à l'essence même d'un concept ou d'une chose. Beaucoup ont différentes significations, ils ne se veulent pas uniques, prenons par exemple l'arc de cercle : signe de l'horizon, du soleil levant ou couchant, de l'inaccessible autant que du lointain possible (on peut considérer l'horizon comme une ligne que l'on ne foulera jamais, mais également comme un but lointain et difficile à atteindre). Il est indéniablement lié à Toril au soleil levant, la renaissance, ou au couchant, la fin du cycle, la mort pour la renaissance du levant. Et bien entendu, cela rejoint le cercle, symbole du cycle et de l'infini... l'arc de cercle n'étant qu'une bribe du cercle, la boucle est bouclée (et là vous voyez la puissance du cercle : le soleil est rond, il suit un cycle, ces trois symboles sont liés par une boucle). Ainsi le cercle est un symbole majeur d'où découlent plusieurs autres signes indubitablement liés par leur sens et les concepts qu'ils évoquent. Ces significations ne sont en fait que des dérivés d'un élément majeur, fondateur.

Ces symboles dérivés sont innombrables, ils découlent de cultures et de tant d'autres phénomènes. Leur puissance brute se trouvera donc affectée hors de ces systèmes de culture. L'oeil oudjat de Mulhorande a une très forte signification chez les personnes de cette contrée, mais évidemment, en aura moins sur la Côte où on aura du mal à y voir quelque chose.

Ce qui peut amener à une question : Pourquoi si le symbole touche à l'essence des choses, est-il parfois moins puissant d'un endroit à un autre ? La réponse est simple, l'esprit est à la base de tout. Si ton esprit n'a pas créé cette association symbole-concept, alors évidemment, il sera moins fort (évidemment, comme chaque symbole touche à l'essence, il n'en restera pas moins efficace, mais dans une moindre mesure). C'est pourquoi un esprit cultivé et ouvert aux perceptions extérieures pourra bénéficier d'un plus grand panel de symboles, car ils toucheront directement le monde qu'il crée via son esprit.

A côté de cela, nous avons les symboles majeurs, généralement très proches dans le dessin du concept lui-même, transparents même pour le plus lointain suppliant. J'ai cité le cercle, l'image de la boucle éternelle étant l'image même du Multivers, que tu sois de Géhenne ou de la sphère de cristal de Toril ne changera pas ta perception. Le cercle est omniprésent pour l'un ou pour l'autre.
Certains sont tout aussi forts mais leur représentation varie. Prenons par exemple le "Trois", entre guillemets car sa prononciation n'est pas la même dans les langues. Le symbole est-il dépendant de la langue ? Certainement pas ! Qu'on le prononce "trois" ou "trias" ou "netres", il reste lié au concept, et celui qui y fait appel se réfère d'abord à l'idée qu'il représente, quelque soit son nom.

De toute manière, est-il besoin de préciser que le symbole même altéré par certaines cultures, garde toujours une même image commune ? Par exemple, le signe mulhorandi du "dieu" est composé d'un bâton dressé avec une étoffe enroulant une barre perpendiculaire à son sommet. Une rune nordique de la même idée représente un bâton avec un triangle horizontal à son sommet. Deux cultures pourtant bien éloignées, se référant au même concept, et utilisant pour cela des symboles très similaires. L'universalité se lit même lorsque les cultures sont différentes.

Le sang est fort sur ces terres, j'ai déjà rencontré quelques personnes possédant ce Don magnifique de plier la magie à sa volonté, même si les méditations de beaucoup me laissent perplexes. Déjà deux qui sont fiers d'arborer leurs armes et de les combiner à leurs pouvoirs pourtant bien supérieurs. Rha, avilir ainsi cette pureté par l'armure et le couteau, non, non ! Le fer, le cuir, le bronze ou l'acier, que sont ces choses si ce n'est un simple produit de notre esprit ? Mais que ce soit plus résistant que ta chair, peu importe, si tu penses ainsi alors, oui, cela sera le cas. Détache-toi de ce carcan, pauvre ensorceleur, la route est longue, encore faut-il que tu l'aperçoives derrière ce nuage de fumée !

D'autres, qui apprennent à dompter leurs instincts mais qui n'ont su les surpasser... dompter ? Non, disons qu'ils ont appris à les connaître et la sagesse n'a pas suivi. Lhoer, c'est dommage, tu étais prometteuse mais tu as pactisé avec les démons des Abysses... il faut savoir rester au-dessus pour ne pas perdre son identité, l'exercice est difficile et beaucoup succombent, ou y succombent. Joli jeu de mots, je me félicite.
Et enfin, rares sont ceux qui y sont parvenus, Leen je pense te classer parmi ceux-ci. Je le pense, n'en suis pas certaine, car comment prédire l'avenir ? Finalement, je suis tout de même heureuse d'avoir trouvé une ensorceleuse t"elle que toi, cela me rassure sur la condition des sorciers... tous ne sont pas fous ou aveugles de leur vrai pouvoir.

D'ailleurs, en parlant de pouvoir... Montprofond. Oui, Montprofond, ce nom me hante depuis plusieurs dizaines, et je sens que c'est une composante de ma destinée que de m'y rendre. Seule, sûrement pas, et Leen et moi allons sélectionner nos compagnons. Une véritable aventure, dont nous ne sommes pas même certaines de sortir vivantes, tout ne dépendra pas de nos compagnons. Tymora, sûrement, je t'adresserai une ultime prière avant de prendre la route pour Eauprofonde. Je ne te demanderai pas de nous apporter la fortune ou la découverte, je laisse ceci à Dénéir, seulement de veiller sur nos vies, comme tant d'autres aventuriers de ce donjon maudit l'ont fait avant nous.

Et toujours j'attends dans cette grotte abandonnée de la route de Mirabar, il y fait frais, c'est agréable. J'ai commencé à graver des signes sur une paroi, et un rocher qui sort du sol comme un tertre primordial et minéral. Les voilà couverts de hiéroglyphes au sens mystique que même un ensorceleur de ma veine pourrait ne pas déchiffrer. De toute manière, quel intérêt d'esssayer de les comprendre, il faut simplement s'y concentrer et voir ce qu'ils nous permettent de ressentir. Je n'écris pas de texte avec ces symboles, je trace des lignes de compréhension dans un langage qui ne se lit pas.

Combien de mois passés dans cette grotte en qualité d'ermite ? Je ne sais, je l'ignore. En fait est-ce réellement important, ce simple calcul du temps tellement relatif ? Et pourquoi douze ? Douze... un nombre faible. Sept mois, ça aurait été bien, et bien plus efficace ! Car sept est un chiffre efficace. Ou treize, aussi, et ça nous aurait permis de faire des mois réguliers qui se calquent sur le cycle du soleil si changeant avec les années. Bref ! Que sont ces problèmes à la vue de ces voies qui se sont offertes à moi durant ces longues journées de méditation ? Journée, devrais-je dire journée quand ni l'aube ni le crépuscule ne venaient caresser mes pupilles toutes entières tournées vers l'étude des impénétrables chemins de la sorcellerie... Je couvrais les parois de cette grotte d'innombrables signes, chiffres, comme une toile sur la Toile cherchant à s'approcher chaque jour un peu plus de sa perfection. Le résultat fut satisfaisant, mais je dus mettre fin à cette passion dévorante qui s'emparait de moi à chaque découverte, lorsque ces murs minéraux furent du sol au plafond recouverts et gravés. Ah contingence physique, quand nous débarasserons-nous de toi pour que l'esprit ne soit plus que la force absolue de nos univers respectifs ? Il y a du travail, encore, beaucoup de travail et de méditation pour comprendre, pour transcender les voies des Arcanes.

Finalement je dus m'imposer un exode - ou un retour ? - dans cette ville qui se nomme Luskan d'un commun accord entre ses habitants, à la conscience aussi éveillée qu'une marmotte répétant inlassablement sa tâche. Mais je ne les blâme ni ne leur lance la pierre, car ils n'ont été instruits. Les gens simples méritent une vie simple, loin de ces problèmes qui ne les regardent pas, et dont il serait injuste qu'ils y soient mêlés.
Oui alors c'est aux portes que ces rigueurs physiques marquèrent de nouveau ma chair, quelle sensation désagréable que j'avais oublié dans cette grotte aux allures de refuge planaire, la douleur. Un ours m'a attaquée, contrôlé par une sorte de fou protecteur des bois, mais ennemi des gens. Je me suis réfugiée à toutes jambes dans l'enceinte de la cité fortifiée, aux douves aussi profondes que l'ignorance de ses dirigeants.
Je fus aidée par une personne amicale, lueur d'espoir dans un monde civilisé et sauvage à la fois. Et toute cette agitation, comment avait-elle pu ne pas me manquer ? Ce chaos, cette entropie si prompte à générer la vie et l'énergie propre à la genèse de mille univers personnels !
Et directement par la rencontre d'anciennes connaissances, je fus plongée dans ce méli mélo d'intrigues ô combien passionnant, inimitiés et amitiés, coups bas et duels d'esclandre, traitrises et alliances, ah ! Aussi complexe qu'une Toile hermétique, une Toile pour les gens quel que soit leur don, où la débrouillardise est aussi utile que l'intelligence.
Oui, c'est la vie.