Oui, mes amis, sûrement vous demandez-vous comment tester la philosophie, comment mettre à l'épreuve ces solutions impossibles à concrétiser, impossible à palper... la philosophie restera du domaine de l'esprit, pensez-vous ?
Hé bien non !
Hier encore, alors que nous préparions une expédition des plus originales (un safari chez nos amis elfes, afin de pouvoir les observer dans leur milieu naturel), mes compagnons et moi-même, à savoir un halfelin suicidaire, Anathano le frondeur, et le Mage Rouge Pharaxès, avons parcouru la longue route de Mirabar, nous armant de courage, d'épées et de sorts.
Mais malheureusement, et comme le disait le sage Mislon d'Eauprofonde, "l'avenir ne réserve aux certains que l'imprévisible". Et une bande d'orque nous surprit, nous valant d'être pillés et volés, puis laissés sur la route. J'ose croire que ces orques ont eu la sagesse de nous laisser en vie grâce à ma personne, sachant que je parlerai d'eux plus tard. Et je leur rends par ce biais honneur.
Nous nous réveillâmes avec difficulté, dans une sorte d'espace infini et noir au possible, nous nous entendions chacun sans réussir à nous toucher. Si certains auraient eu des sueurs froides à être enfermés sans aucune lumière avec des halfelins, de peur d'y perdre quelque chose, je sais qu'ils restent des compagnons fidèles. J'émis l'hypothèse, sensée, et je contredis d'ores et déjà les mauvaises langues qui penseraient que j'étais effrayé pour penser ainsi, que l'endroit soit de Shar. Alors, quand le halfelin basané et "berserker" eut assez blasphémé sur la Dame Noire, deux yeux nimbés de pourpre l'engloutirent, ne lui laissant chair sanguinolente sur ses pauvres os. Mais non content d'être ainsi torturé, il sembla s'en amuser sans ressentir aucune douleur, ce qui lui valut de perdre même sa chair, en étant calciné dans une vision propre à couper le souffle de n'importe quelle personne. Même moi.
Finalement, ce sont des sabres invisibles fendant l'air qui blessèrent Pharaxès, le tranchant littéralement en deux. M'occupant de lui, je ne pus voir arriver une femme au teint de nâcre, et à l'innocence si étrange qu'elle ne pourrait paraître que suspecte. La discussion que nous échangeâmes avec elle fut très... insensée dans un premier temps. Elle s'entretint quelques temps avec Anathano, s'intéressant aux deux yeux du berserker de sa race qu'il avait récupéré dans un bocal. Quant à lui, et même réduit à cet état, il semblait plus intéressé par les seins de la belle que par son intégrité physique.
Nous discutâmes finalement phisolophie conceptuelle. Le Mage Rouge se débrouilla, il faut le noter, très bien dans cet exercice, et j'aime ainsi à croire que les écoles intellectuelles forment bien leurs élites dans ce domaine.
Le rêve, la réalité... ce qui distingue la réalité du rêve. Mais également ce qui fait notre conception du monde. Ainsi nous ouvrit-elle les yeux, derrière son apparente superficialité, sur les seules choses réelles qui peuvent exister, et dont nous soyions sûrs.
C'est à dire pas grand chose...
Elle fut satisfaite de nos réflexions au bout d'un long moment, mais dut également brider le halfelin berserker qui ne pensait qu'à copuler avec la donzelle, voulant s'adonner à des pratiques extrêmes.
Et elle nous relâcha, sur la route de Mirabar, nous laissant pour unique souvenir de cette visite le doute quant à la réalité de ce que nous avons vécu, et de ce que nous allions vivre, chacun de notre côté.
(Merci à Shee pour l'anim !)