** Un petit parchemin est accroché à l'emplacement du précédent, qui fut à cette occasion retiré. Ecrit d'une main toute aussi soignée, que l'on reconnaîtrait aisément, il ressemble à un simple poème en prose. Cependant, les fines notes de musique dessinées sous les mots, liants les syllabes et ponctuant les vers, laissent deviner qu'il s'agit là d'un chant, glissant sur un instrument à vent. **
Reviens moi d'entre tes songes, mon tendre et doux rêveur.
Laisse donc aux loisirs de tes bras, mes chagrins s'envoler, et à ceux de ta voix, mes douleurs s'estomper.
Car tu sais que j'ai peur, moi qui ne suis qu'une enfant, si seule éperdue, au coeur d'un champ de fleurs, apportée par les vents.
Oh, laisse ma paresse contre toi.
Que se collent à nos peaux ces amours et ces joies, que nos souvenirs caressent.
J'abandonnerai mes rires, à ton cou, à tes fables, et resterai l'éternité, à toi seul, étendue sur le sable.
Comme je me languissais du jour, où passé de reccueillir mes pleurs, tu serais prés de moi, à l'autel, à témoigner mon coeur.
Nous nous le sommes promis, mais à présent j'ignore, si las de voir s'écouler ta vie, tu songes à m'y guider encore.
Toi qui semblais si fier, de l'honneur t'emparer, penses tu qu'à présent paré aux honneurs, tu aies bien triomphé?
Alors que les chants de gloire s'élevent, et fêtent à l'unisson, moi je pleure sur la grêve, l'envol d'un coeur si bon.
Sache que si elle fût triste, ta flûtiste ne fut pas moins fière, de décorer ce grand duelliste, dont déjà le souvenir se perd.
C'est le visage de larmes décoré, qu'elle traînera chaque an ses regrets... et portera fleurs et baisers au fond du cimetière où, entre ronces et lauriers, repose le corps de son frère...
** Aucune signature n'est glissée au coin du parchemin... **