Dans l'étude

Cela fait déjà quelques jours que Griffith Saurius, le prêtre au sourire radieux, serviteur du Seigneur de l'Aube, étudiait la transmutation avec Earendil dans la tour des arcanes de Mirabar.

Les livres s'empilaient sur le petit bureau de la bibliothèque, Earendil décrivait les principes de la transmutation.

Une bille était posée là sur le petit guéridon.
Un diamant réduit en poudre formait un petit tas , telles des terres rares dans un creuset.
Sur le guéridon un cercle alchimique était gravé.
Le principe semblait simple: la poudre de diamant était lancée sur la bille, recouvrant également en partie le cercle alchimique, puis le sort était lancé sur la bille, faisant scintiller la poudre de diamant.
Ce scintillement était l'effet visible de la réussite de la fixation du sort sur la bille.
Le diamant, au delà de sa valeur symbolique de solidité, représente l'éternité, la permanence, le diamant est le catalyseur nécessaire à tout rituel alchimique pour fixer l'évanescence de la magie.

Ainsi, l'objet profane, inerte, se voyait relié à la toile par le rituel, tissant l'unique fil arcanique.

Griffith s'essayait à cette nouvelle connaissance, en fixant à ces objets, la puissance divine que lui accordait le seigneur de l'Aube.

Plusieurs semaines avaient passé. Les ouvrages s'empilaient dans la pièce éclairé par les flammes éternelles du seigneur de l'Aube. Le bruissement des couvertures, le feulement du cuir, les claquements secs des pages composaient la symphonie studieuse dont Grififth était le chef d'orchestre inspiré.
Un petit monticule de sacs de cuir trônait sur une petite table en acajou, quelques uns étaient ouverts et laissaient un papillonnement lumineux iriser l'atmosphère poussiéreuse de l'étude.

Cela faisait déjà quelques jours que Griffith travaillait seul au jeu des proportions à appliquer aux valeurs symboliques dans les cercles alchimiques. Son esprit achoppait. Il avait été ennuyé par le départ d'Earendil, qui l'avait laissé quelque jours se débrouiller pour s'occuper d'une histoire de lance dont il avait pas compris un traître mot.

Griffith tournait en rond, se lançant dans des expériences inefficaces, des essais, décevant. Chaque matin, il sortait de a salle et priait le seigneur de l'Aube de le soutenir dans cette épreuve et de bénir ses efforts.
Un soir, penché sur un nouvel ouvrage d'alchimie, Griffith senti le parfum caractéristique de l'elfe, se laissant aller à une douce rêverie printanière lorsque la voix d'Earendil le fit sursauter.
il était heureux de revoir son mentor en pleine santé et prête à orienter ses errances intellectuelles.
La gageure était de taille: l'elfe avait une compréhension naturelle, une connaissance innée des rituels, des manipulations des énergies. Griffith devait tirer de ces gestes, de ces manipulations, une règle, un schéma.
L'observation devait précéder la compréhension, la régle devait naître de l'expérience. Griffith priait intérieurement que le seigneur de l'Aube baigne son esprit de la lucide intelligence nécessaire à extraire le savoir des arabesques elfiques.