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- Nom de compte: -Taetriusforever-
Nom: Feyh Edraas
Race: Elfe sauvage
Age: 134 ans
Alignement: Chaotique neutre
Religion: Fidèle de Malar
Classe: Barbare (?)
Trait de Caractère: Versatile, placide le plus souvent, pouvant rester posée et impassible devant la pire agression avant de soudainement décharger son fardeau moral dans une vague de violence qu’elle prétend contrôlée. Conserve toujours les trophés de ses proies qui se sont bien battues, puis s'en lasse...
Description physique: Elfe de taille inférieure à la moyenne, comportement souvent en décalage avec le sens commun, chevelure châtain, yeux olivâtres.
C’était cet âge où les petites filles de son espèce aiment à affiner les élans de leur âme au son d’une lyre, ou à chercher des heures durant des réponses, dans l’éclat chatoyant d’un court d’eau cristallin.
Tout était si rapide alors, je pouvais encore voir la silhouette massive de Fulrys avancer à pas feutrés sur le tapis neigeux. Le vent glacial s’engouffrant dans ses cheveux d’ébène, découvrant un visage aux traits serrés, une concentration inébranlable, ses yeux noirs fixés sur la végétation droit devant lui, ses sens en alerte.
L’œil porcin de la bête embrasé d’une colère farouche, alors que paralysée par sa portée précoce, elle devait faire face au pire des prédateurs. Au même instant, les muscles des deux êtres se raidirent, se précipitant l’un sur l’autre... finalement l’ivoire de l’épieu épais l’emportant sur celui des défenses du sanglier.
Alors, dans le sacrement de Malar, maculant le sol d’un filet écarlate s’éleva la lourde voix paternelle :
« Cinq vies s’arrêtent aujourd’hui pour que trois puissent subsister quelques jours encore. Ces bêtes peuvent vivre des décennies avec de la chance, et pourtant elles donnent naissance chaque cycle à plusieurs vies. Tu es ma fille unique Feyh, et tu verras s’effacer des centaines d’autres hivers.
C’est pourquoi nous ne pouvons survivre qu’en étant prédateurs.
Ainsi, chaque épreuve de la vie peut se représenter ainsi. Il y aura toujours un fort et un faible, la rage et la faim seront l’énergie des uns, tandis que la peur et le désespoir seront celle des autres.
La force physique n’intervient alors que dans les rares cas où l’équilibre s’installe. Ne gaspille jamais ta colère comme l’a fait cette femelle, accepte la rudesse du mistral sur ta peau et les spasmes de tes entrailles quand la faim gronde. Ils t’apporteront la force au moment venu.
Alors tu resteras du bon côté de l’épieu »
C’était la toute première fois qu’il m’accordait le droit de l’accompagner. Un mal étrange avait gagné ma mère quelques mois plus tôt, affaiblie, Malar avait décrété la fin de son existence. Nul ne sait ce qui advint à sa seule source de douceur et de réconfort, quand nous eûmes à l’abandonner à son destin. Les troupeaux se déplacent sans cesse quand la nourriture manque et la force d’un groupe revient alors à celle de son plus faible élément.
A présent, seules les étoiles dans le ciel peuvent peut-être suffire à dénombrer les fois où nos pas ont foulés ensemble l’humus de Boislune dans les Marches d’Argent, s’élançant sur les traces des créatures farouches qui s’y terrent.
Difficile de dire s’il a pu être ou non un bon père, n’ayant jamais croisés par le passé d’autres membres de notre espèce. Ce point faisant partie de mes interrogations auxquelles s’attribuaient d’éternels silences, mais qu’importe, l’essentiel était la survie. Après tout, tout autre savoir ne présente que des degrés de superflu.
Ainsi allait la vie au rythme immuable des saisons... du moins avant ce qui se passa il y a quelque mois, c’était à la fin de l’été. Père n’est jamais revenu de sa reconnaissance.
Malheureusement pour moi, s’il m’avait tout appris quand à la traque, il excellait à se prévenir de ses propres méthodes. Un jour peut-être le retrouverais-je dans le monde des esprits
J’ai marché sans m’arrêter pendant des jours et pas une seule nuit ne passait sans me sentir à mon tour observée, épiée inlassablement. Je ne me permettais alors aucune halte, mais la nuit les hurlements revenaient, plus forts.
J’ai d’abord pensé à une meute de loups en maraude mais leur acharnement à me suivre était illogique. Ils faisaient mouvement avec ingéniosité, cherchant à chaque fois à profiter du terrain et des obstacles naturels pour m’encercler, c’était irréel. Même chez les worgs, je n’avais jamais pu percevoir une telle perfection.
Fulrys avait été si confiant à monter vers les marches d’argent... ces bois-là étaient différents. Jamais je n’ai eu sentiment ailleurs que Boislune d’être devenue moi-même une proie. Après tout, qui peut se prétendre être à jamais au sommet de la chaîne alimentaire ?
La fatigue commençait à saper mes forces, mais celles de ces bêtes aurait du céder bien avant.
J’ai donc mis fin à ma fuite, décidée à en découdre et à savoir ce qui me poursuivait. Un terrain accidenté, une passe dans la roche, une végétation éclaircie aux abords... seul le vent soufflait encore une fois dans la mauvaise direction.
Leurs silhouettes grises émergeaient à mes yeux de la végétation basse sous la pâle lueur des feux lunaires à leur pleine apogée. Leur odeur fauve agressait mes sens à des centaines de mètres à la ronde, l’humidité viciait leur pelage, leurs yeux fous dressaient les plans de leur futur festin et des filets de bave glissaient de leur puissante mâchoire.
Jamais par la suite je n’ai affronter une telle avalanche de fureur, les bêtes meurtrissant leur propre chair sur l’empennage de l’épieu pour m’approche de quelques centimètres de plus.
J’ai cru en blesser un, peut être deux en tenant le troisième à distance avec mon arme. J’ai pu alors sentir l’effroyable vague de douleur qui submergea mon mollet alors que les dents acérées disparaissaient dans ma chair jusqu’à un craquement sinistre.
L’air affluait en excès brûlait mes poumons, chaque parcelle encore indemne s’hypertrophiait sous le funeste stimulus. Une odeur âcre me saisis à la gorge quand tomba devant mes yeux le voile écarlate de la folie.
Je défaillais, sans savoir combien de temps. Le jour s’était levé, et ma vision se clarifiait, distinguant les parois d’une étroite fissure dans la roche où j’étais recroquevillée.
Le sang caillé collait mes cheveux contre mon visage, je n’ai pas osé cesser de fixer droit devant moi. La douleur saturant chaque synapse, je suis restée là prostrée, tremblante pendant que la danse des âtres s’effectuait devant moi.
Plus de bruit, plus d’autre odeur que celle de mon sang maculant la pierre. Je ne m’expliquais pas comment j’étais encore en vie, mais quand je suis finalement sortie, hésitante, de ma cachette, il n’y avait rien.
Aucun corps de ces animaux, si mon corps ne m’avait pas hurlé à chaque seconde le contraire, j’aurai cru à un mauvais rêve.
J’ai depuis récupéré de blessures jugées incurables, et j’ai survécu, comme toujours et au-delà même. La vie a pris peu à peu une toute autre saveur.
Je sens encore leur morsure brûlante dans ma chair... étrangement il ne l’ont pas affaiblie, au contraire.
Chaque nouveau territoire me parait étroitement familier, chaque bruissement s’affine. Lorsque j’achève mes chasses, leurs yeux me parlent, mêlés de crainte et de rémission.
Quelque part, je pense que père serait fière de moi, qu’il dirait que sa petite fille est enfin devenue adulte.