Rylie rentrait d'une longue journée à essayer de distraire les passants de la ville.
La nuit était encore jeune, mais les acrobaties de la journée avaient eu raison de sa forme habituelle plus tôt que prévu...
"Je vieillis... Me voilà en train de traîner mes guêtres vers l'auberge comme une vieille dame pleine de rhumatismes..." se dit-elle.
Soupirant, avançant d'un pas morne, elle secoua la tête pour se reprendre quand elle surpris le reflet de sa mine défaite sur la vitre d'une fenêtre de maison.
"Allons, c'est quoi ça? De la déprime?
Certes le public de l'après-midi a été plutôt difficile et la majorité de tes tours n'ont pas prit, mais tu en as vu d'autres, non?"
Mais l'auto-conviction ne semblait pas prendre ce soir...
La fatigue aidant, la mélancolie la gagnait...
"Si je me cloître dans ma chambre avec ce genre d'humeur, je ne vais pas fermer l'oeil de la nuit... Ma bonne vieille Rylie, tu es bonne pour une promenade nocturne pour te changer les idées."
Changeant de direction, elle sortit de la ville et obliqua vers l'orée des bois qui se trouvaient proche.
Passant sous les frondaisons, elle fut coupée des lumières des torches de la ville et entourée par l'obscurité.
Après un moment, ses yeux s'accoutumèrent et lui permirent de retrouver la petite clairière où elle venait de temps en temps pour se détendre.
Celle-ci n'était pas à plus de cinq minutes de marche de la ville, mais coupée de sa vue par les grands arbres, elle semblait n'être jamais fréquentée par qui que ce soit... L'idéal pour Rylie en ce soir.
Elle leva les yeux vers le ciel rendu lumineux par la multitude d'étoiles et repensa aux tours qu’elle avait ratés.
"Je devrais peut-être introduire un peu de chant dans mes numéros...
Après tout, je suis sensée m'être mise à niveau sur la question."
Elle commença à fredonner un air triste qu'elle savait qu'elle ne pourrait jamais inclure dans de ces numéros, mais qu'elle avait toujours aimé...
"Quelles étaient les paroles exactes déjà?
C'était une chanson issue de cette peuplade d'orient qui se représente la mort comme un ange envoyé par les cieux pour mettre fin à l'existence des mortels quand leur heure est venue, et invisible à eux jusqu'à ce moment-là...
L'ange finit par tomber amoureux d'un humain, mais elle comprend alors que le seul moment où elle pourra se confesser à lui sera celui où il devra disparaître de ce monde..."
Alors que l'histoire lui revint en tête, Rylie se mit à chanter d'une voix douce, triste et poignante les paroles de la chanson qu'elle savait qu'elle ne pourrait jamais interpréter en public, une saltimbanque n'étant censé apporter que de la joie, et non pas de la tristesse...
------------------------------------- La ballade de l'ange -------------------------------------
Comment pourrais-je te le dire?
On pourrait... presque en rire
Je ne peux pas te toucher,
mais je peux te tuer
Cela me rend si triste de te le dire, mais n'approche pas tant ton visage du mien...
Même si tu m'appelais de tout ton coeur, si je ne veux pas te perdre, je devrais rester loin...
T'entendant prononcer mon nom, je traverserais la lumière pour être avec toi...
Mais qu'importe les espoirs que j'entretiens, je sais bien que cela n'arrivera pas...
Comment pourrais-je te le dire?
On pourrait... presque en rire
Je ne peux pas te toucher,
mais je peux te tuer.
Je voudrais t'entendre dire que tu m'aimes, moi qui n'ait jamais eu le droit qu'aux adieux...
Je voudrais te donner chaque parcelle de moi, sauf la seule qui m'est autorisée par les cieux...
Chaque seconde loin de toi me blesse, mais c'est ma seule possibilité de te choyer...
Pourtant même si ma nature me l'interdit, mon coeur, lui, n'aspire qu'à te côtoyer...
Comment pourrais-je te le dire?
On pourrait... presque en rire
Je ne peux pas te toucher,
mais je peux te tuer.
Tu es ce que je chéris le plus, mais sais bien ce que tu dois penser...
De toutes les choses de ce monde, je serais toujours la dernière désirée...
Cette pensée de douleur me déchire, et pourtant me rassure à la fois...
Un tel soulagement que mes larmes, le long de mes joues roulent parfois...
Car ces larmes, dis-moi...
Elles sont bien de soulagement, n'est-ce pas?
Je ne peux pas te toucher...
mais, un jour... je devrais te tuer
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