Alors que Germaine Pointenson ouvrait ses volets sur les rues bouillonantes de Luskan, une étrange activité lui fit ouvrir de grands yeux.
L'ancienne entrepot qui donnait sur sa petite cour semblait enfermait de la vie alors que ça faisait...oooh...bien 50 ans qu'il avait pas servi...
Derrière les grandes vitres polies de l'entrepot, on distinguait des mouvements, des personnes bougeaient, et les cheminées en pierre fumaient.
Germaine ordonna à son plus jeune fils d'aller jeter un coup do'eil, comme il avait son habitude d'aller jouer là bas malgré les interdictions de la bonne mère.
Pierrot ne se fit pas prier, même si le fait de ne plus être interdit rendait la visite beaucoup moins interessante.
Il passa donc sous la cloture à moitié détruite de la petite cour, puis traversa l'épaisse foret que formaient les ronces et autres plantes sauvages.
Il se trouva rapidement sous les fenêtres de l'entrepot.
Il leva la tête, s'imaginant être un espion de la Légion Ecarlate. Sur la pointe des pieds il arriva à passer son regard au travers d'un carreau brisé.
Ce qu'il vit fut stupéfiant.
Il y avait dans cet ancien entrepot de haute envergure, de grosses machines en métal et en bois.
On voyait au fond, une sorte de grosse chaudière, qui était alimentée en charbon par un petit homme tout noir. Il avait l'air d'avoir très chaud, mais ne rechignait pas à sa tâche.
Tout au long de la grande pièce, se trouvait un tapis roulant. Il rentrait dans une sorte de grosse boîte transportant des morceaux de papiers blancs, et ressortait ,après avoir fait mille et mille tours dans la grosse boîte, transportant cette fois-ci les mêmes papiers mais avec des dessins dessus...A cette distance, il ne pouvait pas lire ce qu'il y 'avait d'inscrit....Enfin de toute façon, Pierrot ne savait pas lire.
Il s'attarda sur une petite pièce en haut d'une passerelle qui surplombait la grande salle. A l'intérieur, on pouvait voir plusieurs personnes qui discutaient, visiblement bien habillées, et parmis elle un semi-homme qui parlait très fort et semblait s'ennerver à chaque phrase. Il jettait des piles de papiers en l'air, déchirant certains feuillets, puis retournait à son bureau et écrivait...Les autres personnes se taisaient, surement de peur de froisser le petit homme. Puis chacun retournait à un pupitre, prenant une plume et un papier...
Quelle étrangeté que tout cela...On dirait une étude de clercs, même si Pierrot ne savait pas ce que c'etait qu'une étude de clercs, il était certain que ça y ressemblait en plus grand...Et avec des machines qui fonctionnent au charbon.
Ah oui, il y avait une bonne dizaine de gnomes qui tournaient autour de la grosse machine, tenant divers outils et pratiquant des examens surement très techniques. Des jets de vapeur sortaient quelques fois, faisant tremblé le Pierrot.
Quand sa dose de sensations fut assouvie, il se précipita chez sa mère, lui contant, non sans quelques fioritures, son étrange témoignage.
Germaine:-"T'es sur d'toi mon Pierrot? Y'avait po d'gens qui criaient sous la torture dans c'te machine dont tu parles?
Pierrot:-"Non mère, j'les aurais vu et entendu...C'tait juste une machine à papier.
Germaine:-Et y'ava po non plus de magiciens tout en noir qui tiendait des crânes de mort?
Pierrot:-Non mère, y'avait aucune magie la d'dans, ça j'peux l'jurer.
La Germaine touillant son pot de crême lanca un dernier regard à l'entrepot. Elle fit promettre à son fiston de ne pas y mettre les pieds. Le petit garçon promis à sa maman de ne plus y mettre les pieds...mais pas les yeux...