Une fin... Un commencement...

Une bottine de cuire souple se posa sur le dallage de marbre puis une autre, il était arrivé, il allait enfin le rencontrer. Malgré son sang froid, il sentait une excitation mêlée de peur monter en lui, il resta sur le pas de la large porte, n’osant pas franchir le seuil du palais de ses ancêtres. Sa capuche toujours baissée il observait la pièce de ses yeux d’un bleus intense, voilant à peine l’appréhension qui lui nouait l’estomac. Il regarda ses mains, elles tremblaient. Il s’était préparé des mois durant, essayant d’imaginer son visage. Il allait le voir en chaire et en os. Sylwihn fit la moue, il devait se ressaisir, savoir que son père était aristocrate l’avait rendu perplexe, mais il s’y était fait. Il avança à tâtons dans l’univers luxueux qui l’avait toujours ignoré, hors des pavés crasseux des petites ruelles de Padhiver, il se sentait perdu. Son pas silencieux et ses vêtements noirs auraient pu le faire passer pour un assassin, bien que peu d’assassin se risque à passer par la porte d’entrée pour remplir leur contrat. Aussi il décida de faire claquer ses semelles pour signaler son arrivée, tout en prenant l’air noble dont il avait l’habitude et ceci même si l’anxiété le gagnait au fur et à mesure qu’il traversait le grand vestibule. Il était désert et on aurait pu y faire tenir une dizaine de chaumières pareilles à celle dans laquelle il avait passé son enfance. Richement décoré, tout était de blanc et d’or, des tableaux et des tapisseries ornaient les murs éclatants de propreté. Le dallage blanc était recouvert d’un tapis rouge vif et moelleux qu’il foula avec délectation, ses yeux s’émerveillant des décorations de la pièce, il s’arrêta en son centre. Son cœur se gonfla lorsqu’il contempla les portraits millénaires de ses ancêtres Elfes impassibles dans leur demeure de toile, tous semblaient le jauger du regard. Il observa une à une les portes, et choisis celle qui se trouvais en face de la porte d’entrée, elle débouchais sur un Hall plus grand encore, il resta perplexe devant l’immensité de la salle. Il s’avança lentement en regardant les deux grands escaliers qui partaient de l’étage pour descendre de part et d’autres de la vaste pièce dans des courbes harmonieuses et d’un blanc aveuglant. Il entendit des voix, son instinct lui disait d’aller se cacher, dans un coin d’ombre, comme il l’avait toujours fait mais il l’ignora, pour une fois il allait faire face. Il serra les poings et fixa l’escalier du côté d’où lui parvenait les voix. Un grand elfe parut en haut des marches, pâle, ses cheveux châtains tirants vers le blond, son visage paraissait plutôt jeune et son regard bleu et d’une froideur cruelle. Il descendit lentement les marches, absorbé par un grimoire de cuir, sa longue robe de bleu sombre et d’or, glissait derrière lui. Il tourna une page puis leva la tête, il se figea et plissa les yeux pour mieux observer sous sa capuche, il tendit un bras vers lui et bégaya :
« Qui qu... qui êtes vous ? Garde !»
Les gardes ne se firent pas prier et accoururent d’un peu partout, il restait silencieux tendis que son cœur s’emballait dans sa poitrine, il faisait en sorte de paraître le plus pacifique possible. Les gardes, vêtus d’une cuirasse recouverte d’un tabard bleu foncé et doré, m’encerclèrent et lui ne bougeais pas, dévisageant le noble Elfe qui s’avançait vers lui. Il pris un ton plus assuré quand il vit que Sylwihn fait comme un rat, joignit ses mains derrière son dos et avança d’un pas lent en me dévisageant. Sa tête légèrement baissée laissait juste pendre quelques mèches rouges de sa capuche, il tira violemment sa capuche en arrière, puis dit d’un air excédé :
« Je t’ai demandé ton nom ! (Le jeune semi-elfe leva la tête et le fixa dans les yeux, ce regard insolent agaça son interlocuteur qui le gifla) Répond !
- Je me nomme Sylwihn, fils de Barweldihne »
Il me dévisagea, ses yeux d’abord indécis se remplirent de mépris
« Fils de Braweldihne (il éclata d’un rire sans joie) petit impudent, crois-tu que nous soyons intéressés par tes mensonge ?
-c’est la vérité »
Les gardes commençaient à murmurer entre eux, un regard du noble elfe les fit taire
« Je vais t’apprendre à mentir (sa bouche se déforma en un rictus sadique)
-je ne mens pas !
-Tu sais, la vérité est quelque chose de relatif mon petit… »
Il posa la main sur la garde de son épée puis un Elf plus âgé apparut en haut des marches.
« Qu’est ce donc que ce vacarme ? »
Il descendit les marches avec lenteur, son visage plus dur était lui aussi percé de deux yeux d’un bleu froid. Un humain aurait dit qu’il était dans la force de l’âge, ses cheveux châtain, lui tombaient jusqu’en bas du dos et sa robe des mêmes teintes que celle du premier elfe indiquait qu’il devait être noble. Il lança un regard inquisiteur sur la scène.
« Père ! (Il tourna vivement la tête, comme surpris)
-J’attends des explications Erwald (Il posa son regard sur Sylwihn puis revint à son fils en croisant les bras)
-Père cet homme (il désigna le jeune roublard d’un doigt accusateur) prétend être ton fils ! »
Braweldihne haussa les sourcils, il fixa longuement la crinière rouge du jeune Semi-elfe puis éclata de rire, son fils le regarda le regard interrogateur.
« Je pense savoir de quoi il parle mon fils.
-Il ment ! N’est ce pas ? (Il lança un regard implorant à son père, cherchant un appui à ce qu’il affirmait)
-Je ne puis dire que c’est mon fils, mais c’est celui de Alhna, j’en suis sûr… »
Il regardait mon père, le dévisageant pour marquer dans son esprit chaque trait de son visage. Je réunis tout mon courage pour dire ce simple mot :
« Père… »
L’elfe me regarda puis éclata une nouvelle fois de rire
« Père ? J’en doute… Et quand bien même, qu’espère-tu ? T’as mère n’était qu’une vulgaire putain (il rie de nouveau, son fils fit de même), n’importe qui pourrait être ton père ! »
Jamais je n’eus autant envie de disparaître qu’à ce moment là. La colère bouillonnait, je lançais un regard de haine et de mépris vers mon géniteur. Il soutint mon regard, amusé.
« Mais quel est donc cet affreux regard ? (Il fit la moue) gardes crevez lui les yeux… »

………………………………………………………………………………………………….

Je fus abasourdi par la réaction de mon père, deux gardes tentèrent de m’empoigner et finirent un carreau entre les deux yeux, je jetais un coup d’œil aux ombres d’un air complice tandis que les tireurs changeaient de position. Quatre gardes entourèrent Braweldihne boucliers levés, tandis que deux autres épaulaient son fils dans la recherche des tireurs embusqués. Je tourna les talons et me retrouva face à face avec un garde brandissant sa lance… l’idiot…Il lança un coup maladroit que j’esquivais avec facilité, je remis ma capuche pendant qu’il tentait de retourner sa lance dans l’encadrement de la porte que je venais de franchir. Je me retrouvais une nouvelle fois dans le vestibule. Je tirais ma dague et mon épée, cachées dans les replis de mes vêtements, et les brandit devant le garde. Il me regarda d’un air confus, devant être habitué à gagner du simple fait de sa carrure et non par sa technique. Mes lames tournoyaient silencieusement tranchant l’air avec avidité, leurs lames camouflées par du charbon de bois pour atténuer leurs reflets. Mon adversaire tenta une charge, un simple mouvement de la dague para l’attaque et je lui enfonçais mon épée courte dans la gorge. Son dernier mot fut étouffé par un gémissement noyé par du sang. Je me retournais vers le hall, deux gardes tentaient désespérément de protéger leur employeur. Je regardais autour de moi afin de voir ce que je pouvais emporter dans ma fuite, je choisis une petite horloge finement ouvragée et quelques bijoux négligemment entreposés dans un coffret au fond d’un tiroir fermer à clef, puis je m’en allais d’un pas leste dans la nuit froide.

………………………………………………………………………………………………


Il passa une main dans sa tunique noire et en tira un petit sifflet d’argent dans lequel il souffla. Aucun son n’en sortit mais les ombres sauraient le reconnaître…

Il marcha toute la nuit en maudissant le jour où il était venu au monde. Il fixa la sortie de la ville et partit vers le Temple de Mask, ses rêves effondres et ses espérances réduites en charpie …