Le Val de Bise - Module NWN Forum du Val de Bise, module RP de Neverwinter Nights |
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| [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya | |
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Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:17 | |
| Quelques notes : Ce pj avait déjà été validé, mais en partant javais emporté mon BG. Je le repostes donc pour pouvoir rejouer le pj A la base il y avait une jolie mise en page..mais elle n'a pas suivit >.<...désolé par avance pour le lecteur! Aussi..on me demande de le rajouter ! : Lors de la première validation de ce personnage j'ai été forcée de le jouer roublard pur à cause d'un problème de quotas. Du coup mon pj IG a 3 lvl de roublard en trop qui devraient être des lvl de mdo. Au possible j'aimerais changer cela . Nom du compte joueur forum : Lye Nom du compte joueur module : malicka34 Nom du perso : Alencya Race : Elfe Sous race : Elfe lunaire Age : 110 Alignement : CN Religion : Mask et Shar Classe(s) et nombre de lvls (prévus) : 20 roub/5mdo Arme de prédilection/domaines/école de magie : / Langues : Langage des Roublard /Hunterien / Commun/ Elfique (demande à l'acquérir via rp) Familier/Compagnon animal : / Ennemis jurés (Si rôdeur) : / Trait de Caractère : Il y a deux Alencya. Celle qu'elle montre à son entourage, et celle qu'elle est réellement. Il est primordial pour elle de garder caché sa véritable nature, que ce soit ses talents de Maitre des Ombres, ou sa race d'elfe. La plupart des gens ne connaissent en fait que "Nayel", ce personnage qu'elle adopte au jour le jour, cette adolescente malicieuse pleine de répartie. Mais la véritable Alencya est toute autre, sous ce déguisement qu'elle paufine depuis des dizaines d'années. Cette elfe, privée du contact des siens, a grandit dans le monde terrible qu'est celui des ruelles. Bien que jeune, elle a depuis longtemps perdu son innocence, et acquit un esprit calculateur indispensable à sa survie. Elle étudie le moindre détail, le moindre danger, allant jusqu'à manipuler pour atteindre ses buts. Alencya est bien différente de Nayel, une elfe qui va jusqu'à maudir sa longévitée qui l'a condamnée à voir mourir ceux qu'elle a pu aimer. Pourtant, Alencya a des rêves, parmis eux, celui de rencontrer un jours ses frères de sang. Description physique : Description physique (sous "Nayel"): Se tient devant vous une jeune adolescente, dont les vieux vêtements épousent le corps menu. Souvent, deux dés de bois roulent entre ses doigts fins, ses prunelles émeraudes teintées de malice venant vous dévisager. Son visage reste toujours caché, une épaisse capuche tombant devant son nez au dessus d'un foulard souvent remonté. Petite, dans le mètre 45, frêle, c'est à se demander ce qu'elle a à cacher. Ses répliques taquines et son ton posé viennent cependant rassurer, il n'y a rien chez la jeune gueuse désarmée qui puisse réellement inquiéter. Description (Alencya): Si vous avez la chance d'admirer le visage de cette elfe, vous n'y décelerez sans doute que de rares sourires. Sur sa peau pâle, laiteuse, viennent souvent s'égarer quelques mèches ténébreuses, contrastant agréablement avec deux prunelles d'un vert émeraude. Ses traits, eux, sont de cette finesse, de cette délicatesse, unique au beau peuple. Le long de ses deux oreilles éffilées, se succèdent des boucles de diverses formes. Leur ton ivoir se retrouve sur les pâles rubans parcemant la longue cheveulure corbeau, souvent libres sur ses frêles épaules. Des tenues noires viennent souvent épouser les courbes discrètes de sa silhouette menue, et peut pourront déceler les nombreuses cicatrices qui entament sa peau douce. Elle vous parait jeune, même pour l'une des siennes. Vous lui donneriez 15 peut être 16 printemps. Et pourtant, il y a dans son regard cette lueur qui ne luis que chez ceux qui ont vu plus qu'ils ne l'auraient pu durant toute une vie. Caractéristiques (lvl 1) : FOR :10 DEX :18 CON :10 INT :14 SAG :10 CHA : 14
Dernière édition par Lye le Lun 9 Nov - 1:02, édité 6 fois | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:20 | |
| Naissance
Assise au bord des rives tumultueuses de la mer d'Alambre, l'elfe lunaire laissait glisser son regard sur le jeu incessant des marées. Depuis trois ans déjà, elle avait quitté Eternelle rencontre, poussée par la soif de voyages sur les routes dangereuses de Faerun. Un an et huit mois plus tôt, elle avait rejoint un petit groupe de demi-elfe et d'elfes dans le Bois de Yuir pour célébrer la fête du printemps. Elle avait alors fait la connaissance d'Elthyren, l'un des derniers elfes de cette vieille forêt, et ils c'étaient aimés en l'honneur du retour des beaux jours, et de la vie qui renait. Puis, elle avait reprit la route des voyages, bien qu'a chacune de ses rêveries l'image de cette union revint inlassablement. Récemment, elle avait longé la mer d'Alambre, pour rejoindre les contrées de la région bien sombre d'Unther. A vrai dire, elle ne se serait jamais risquée dans cette contrée, si elle n'avait pas entendu parler d'une petite communauté elfe vivant dans le Bois de Meth. La plupart de ses pairs avaient rejoint les rivages immaculés d'Eternelle rencontre, et la curiosité l'avait poussée à découvrir cette petite poignée de forestiers qui n'avaient pu abandonner leur forêt. Mais pas seulement la curiosité... Car, depuis un peut plus d'un an, elle n'était plus jamais seule. Une vie, à peine amorcée, grandissait dans son corps en une symbiose parfaite, l'emplissant à la fois de joies et de craintes. Plus proche de son enfant que ne pourrait l'être n'importe quelle humaine, liée à lui par la magie de son sang, elle avait l'impression de déjà le connaître, de pouvoir dès à présent ressentir la moindre de ses émotions. Et, par dessus tout, elle voulait qu'il naisse parmi les siens, et elle était bien trop loin des rivages de l'île Elfique. Alors, sentant la naissance approcher, elle avait pris la route pour rejoindre la petite communauté. Si beaucoup de femmes étaient gênées par leur grossesse et obligées de garder le lit, Layrielle avait quand à elle suivit auprès des siens un entrainement Martial complet, et bien qu'encore jouvencelle, son corps était celui d'une guerrière. Chacun de ses muscles, bien que fin, étaient suffisamment fermes pour supporter le poids de l'enfant qui, à quelques mois du terme, avait donné au ventre maternel une forme juste légèrement arrondie. Machinalement, elle passa sa main fine sur sa peau tendue, à travers le cuir souple de l'armure qu'elle avait du légèrement agrandir. A vrai dire, la fatigue avait commencé à la gagner, et la compagnie des siens lui manquait cruellement. Si les humains étaient pour elle une curiosité, elle ne pouvait leur faire confiance. Un craquement l'alerta, l'arrachant à ses pensées. D'un geste vif, elle dégaina sa dague et se retourna... mais trop tard! Le tranchant glacé de la lame courbée venait d'entamer la chair tendre de sa gorge, juste assez pour la figer. Un humain, petit, trapu, au sourire édenté complété par des dents d'or, le visage rendu bouffi et huileux par des années de gavage, la fixait de ses deux petits yeux noir. D'une voix sifflante, sur le ton de la plaisanterie, trois hommes bien batis derrière lui, il lança: « Tient tient, qu'avons nous là? Quel agréable petit minois...mmm..ces oreilles effilées, les traits d'une finesse inégalable, une peau immaculée... Ne serait-ce pas une elfe...? » Un sourire au coin de ses lèvres presque inexistantes, il avança une main boudinée, saisissant brutalement le visage de l'elfe. Deux des hommes riaient, très amusés par la scène. L'elfe remarqua, dépassant son dégout, que le troisième restait impassible. D'une taille moyenne, il regardait la scène de ses yeux d'un bleu acier, comme dénué de toute émotion. Pas le plus grand, mais le mieux fait des trois, son corps témoignait de nombreux combats, des cicatrices disgracieuses mordant sa peau basanée. Alors que le trapu la forçait à s'agenouiller, elle ne put détacher son regard des prunelles grises de l'étrange guerrier, qui apparaissait comme un dernier espoir. Car à cet instant, nulle échappatoire ne semblait se présenter à elle, la lame sous sa gorge signant clairement la fin de toute tentative de résistance. La main brutale qui se posa sur son ventre fit naitre en elle une nausée difficilement contrôlable, et elle sentit son cœur s'emballer plus vite encore que celui de son enfant. « Et bah...mais c'est qu'elle nous porte un petit la jolie... quelle belle prise aujourd'hui ! » Elle ferma les yeux, refoulant les larmes de panique qui ne cessaient de venir. Non, elle ne devait pas montrer ses faiblesses. Corellon ne l'abandonnerait pas, il n'abandonnait pas ses enfants, il fallait attendre le bon moment, il y aurait une échappatoire. « Héhé...cela fera un cadeau de choix pour notre seigneur..Une elfe !! Nous sommes riches! » Alors qu'on lui imposait de nouveaux liens, un bâillon passé sur sa bouche, elle glissa un regard à la mer tumultueuse, qui c'était étrangement assombri...où étais-ce elle qui la voyait différemment? On la plaça alors sur un cheval, devant l'étrange humain aux yeux acier, qui ne lui porta que peut de regard. D'autres, hommes, femmes, enfants, et visiblement apparentés, marchaient en file indienne derrière les quatre chevaux, liés les uns aux autres, pieds nus, vêtus de quelques haillons. Tout se passa alors très vite dans l'esprit terrorisé de la jeune elfe, et les dires de quelques voyageurs lui revinrent en mémoire : l'esclavage sévissait dans la région. Le temps du trajet lui parut incroyablement long, morne. Son étrange gardien, qui la tenait bizarrement à part des autres esclaves, toujours ligotée et bâillonnée, ne la lâchait pas plus qu'il ne dialoguait. Un soir, pendant un des rares moments où il la laissa seule au pied d'un arbre, à quelques mètres des autres esclaves, elle se laissa aller à pleurer, sous l'emprise d'un désespoir qu'elle ne parvenait plus à repousser. Elle sentait son angoisse partagée par la petite vie qu'elle mettait tant de peine à protéger, et craignait pour son petit bien plus que pour elle-même. Vulnérable, elle ne vit pas venir l'un des trois hommes, haut sur pieds, une barbe de quelques jours rongeant un visage balafré. Sans mot dire, il la plaqua face à l'arbre, sa main noueuse tenant ses cheveux alors que l'autre déjà arrachait les lacets de ses jambières. « Alors petite elfe....où est passé la fougue de ton peuple? Tu te laisses faire...? tu n'as pas honte? » Le ton mauvais, les mains perverses, il commençait à se presser contre elle quand une voix familière retentit derrière eux.. « Touche la et je te saigne comme un goret... » L'homme se figea, lâchant l'elfe tremblante qui déjà avait vu sa vie défiler. Se tournant, elle put alors voir l'homme au regard acier, une lame courbe sur la gorge de son bourreau, qui tremblait déjà de peur. « C'est bon Emrick... ça va...j'ai compris...lâche moi maintenant... » Sans un mot, l'homme aux cheveux corbeau poussa au sol le protagoniste, après l'avoir privé de ses armes., lachant d'un ton si neutre qu'il en fut dérangeant: « Dégage pourceau...si je te vois rôder près d'elle je fais de toi une femelle... » Sans chercher son reste, le trouillard pris ses jambes à son cou, laissant l'autre avec l'elfe, tremblante au pied de son arbre, une main posée sur son ventre arrondi. L'homme approcha alors, et d'un geste étonnamment doux, aida l'elfe à se revêtir. Elle n'osa pas l'interroger, captivée par cet être ténébreux au comportement mystérieux. Laissant juste échapper, d'une voix tremblante: « Merci...Emrick... » « Je ne l'ai pas fait pour toi, tu es la propriété de mon seigneur, nul autre n'a à te toucher. » La suite du voyage se passa sans trop d'encombres , et l'elfe vit disparaître toute chance de fuite quand la masse grouillante de Messempar se dessina sous ses yeux verts. Séparée des autres esclaves, avec qui elle n'avait pu échanger un seul mot durant tout le trajet, elle fut conduite à travers la ville par le guerrier sombre, les rues délabrées faisant bientôt place à de somptueuses bâtisses entourées de jardins luxuriants. Épuisée, tremblante, elle fut conduite à travers la demeure, puis présentée au Maitre des lieux. L'homme, de haute taille, une stature de guerrier et un visage plus délicat que la plupart des hommes, étudia longuement l'elfe, sous toutes les coutures, celle ci se sentant alors très désagréablement ramenée au rang de bête. Puis il échangea quelques mots avec l'homme aux cheveux corbeaux, en une langue qu'elle ne comprit pas. On l'enferma ensuite dans une cellule froide, privée de cette lumière si précieuse. Parallèlement on lui servit des repas copieux, des bains, et on lui fourni des couvertures chaudes. Visiblement, quoi qu'ai dit le maitre des lieux, il ne comptait pas la laisser mourir. Au début elle ne comprit pas ce traitement, et ne reçut aucune visite si ce n'est celle de Emrick qui venait lui même s'occuper de la soigner et de la nourrir. Désespérée, elle le supplia à de nombreuses reprises de la laisser partir, de l'aider. Mais le guerrier de l'ombre ne céda pas. Pourtant, il avait avec elle un comportement étrange, vérifiant toujours que tout aille bien, qu'elle mange, que sa cellule soit propre et hygiénique. Parfois, il était presque doux dans sa façon de s'occuper d'elle. Mais, lorsqu'elle pleurait, il se contentait de la regarder sans l'approcher. En fait, il ne l'approchait jamais à plus de quelques mètres. Une fois où, brisée par son chagrin, elle avait attrapé sa main, c'était presque brutalement qu'il l'avait repoussé. L'espoir disparut totalement avec l'arrivée des premières contractions. Elle avait tout fait pour ne pas laisser l'enfant venir trop vite, mais il était trop tard. La délivrance fut douloureuse, mais pas anormalement. Ce qui, en revanche, fut irréparable, c'est de voir sa petite emportée loin d'elle, dans les bras d'un inconnu. Épuisée, mais animée par l'instinct maternel, elle se débattit, mordant, griffant, frappant, pour essayer de rattraper son bébé. Mais rien n'y fit, Emrick la maintenait fermement. Étrangement, il caressa ses cheveux, et murmura d'une voix douce, coupable, à son oreille: « Pardonne moi...je n'ai pas le choix...ma vie ne m'appartient pas... » Mais ses mots raisonnèrent bien faiblement dans l'esprit terrifié de la jeune mère. Et c'est un jour, peut être deux, plus tard, qu'elle mourut de chagrin avant que son nouveau propriétaire n'ai pu savourer sa beauté immaculée. | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:21 | |
| Séparation Emrick marchait dans la ruelle, portant la petite elfe d'une dizaine d'années dans ses bras. L'enfant avait été nourrie au sein d'une jeune esclave, qui c'était épuisée à essayer de sevrer ce bébé qui ne semblait pas vouloir grandir. La petite fille, à présent, avait le physique d'une humaine de trois, peut être quatre ans, et se pressait contre le guerrier qui lui était devenu familier. Depuis sa naissance, il lui rendait souvent visite, et c'était montré particulièrement attentionné, voir paternel avec elle. Il était à ses yeux la figure du père, et contrairement à tout ceux qui s'écartaient du chemin de l'homme d'ombre, sa présence était pour elle plus apaisante que n'importe laquelle. Quand ils arrivèrent devant une vieille maison délabrée, il la posa au sol, ses mains sur ses épaules, son regard gris plongé dans ses prunelles d'un vert émeraude. « Alencya...écoute moi...tu dois bien m'écouter d'accord? » La petite hocha la tête, troublée par le ton inquiet du guerrier. « Ecoute moi...je vais te confier à quelqu'un, un ami, un très bon ami, il va s'occuper de toi, il prendra soin de toi. Tu ne dois pas chercher à me retrouver, d'accord? On ne pourra pas se revoir....jamais. » Paniquée à ses mots, l'enfant noua ses bras derrière la nuque du grand guerrier. « Na..na...je veux pas..je veux pas..tu pars pas..tu pars pas rick... » Doucement, il la berça, caressant ses cheveux. « Calme toi...c'est le seul moyen pour que tu vives libre, le seul ma petite perle. Je ne veux pas te regarder mourir comme je l'ai fait pour ta mère..je ne peux pas.. » Essuyant les larmes de l'enfant de sa main gantée, il lui sourit. « un homme va ouvrir cette porte...et tu vas devoir entrer...d'accord..? » A contre cœur, la petite hocha la tête, le visage déjà inondé. Quand la porte s'ouvrit, Emrick du la pousser, et le vieil homme posa ses yeux vitreux sur le guerrier. « Qu'est-ce que je vais faire de ça...? » « Occupe toi en...s'il te plait..au moins le temps qu'elle puisse se débrouiller » « T'as d'la chance qu'j'ai une dette envers toi...Tu vas te faire zigouiller, tu l'sais ça hein? Faire évader une esclave.. » « Je sais..mais elle ne serait pas là si j'avais fait ce qu'il fallait plus tôt » « Et bah voilà..Emrick coeur d'acier pris de remords...Allez, tu ferais mieux de partir avant qu'ils ne remontent jusqu'ici pour la chercher » « T'en fais pas...je vais les tuer....Et ils auront plus important à faire que de chercher une esclave. » Tournant les talons, le guerrier s'éloigna, jetant un dernier regard à la petite elfe qui ne le lâchait plus de ses yeux embués. Le lendemain matin, le soleil se leva rouge, et on raconta qu'un Garde Personnel du Seigneur de Nostiliac l'avait assassiné dans la nuit avec tout ses hommes. Mais nul ne put retrouver sa trace. Le vieil homme se pencha sur l'enfant, passant un doigt sur sa joue ronde, essuyant les larmes. « Aller vermine...on se mouche et on va se coucher. » Les années passèrent, et sous le regard bien peut attentif, voir désintéressé, de Galek, la jeune enfant devint petite fille. | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:22 | |
| Enfance La petite elfe était assise au pied d'un mur, regardant, au bout de la ruelle, la place du marché s'agiter en ce premier jour de printemps. Accroupie, les pieds nus, de vieux vêtements sales recouvrant son petit corps chétif, elle suivait de ses prunelles émeraudes les moindres mouvements. Ses cheveux corbeaux, en bataille, cachaient à moitié son petit minois sale, ses joues et ses flancs creux témoins d'un hiver difficile. Au loin, les étals des premiers fruits et légumes, l'odeur entêtante du lait frais et du pain chaud, rappelaient à son ventre affamé combien il était vide. Rien qu'a l'idée, elle salivait, s'imaginant un instant à la place de ceux en train de les savourer sous son nez. Un sifflement, à peine perceptible, vint accroitre sa nervosité. C'était le bon moment! Alors, d'une démarche claudicante, une main passée sous sa chemise pour paraître infirme, le dos légèrement voutée, elle s'avança dans la foule. Bientôt tout les regards furent fixés sur elle, suivis d'exclamations: « Oh! Pauvre enfant! » « Elle est sale ! Qu'elle s'approche pas de mon étal » « Vous êtes cruel...regardez la, donnez lui quelque chose! » « Non, j'suis sur que c'est un tour moi! » « Égoïste! » « Naive! » Et les discussions fusèrent autour de la gamine, chez qui la nature elfique était tellement bien dissimulée sous la crasse et les nœud que nul n'y fit attention. Pendant qu'elle approchait, mendiant près de quelques dames sensibles, elle surveillait du coin de l'œil les petites silhouettes qui se glissaient sous les étals, et les mains menues qui venaient discrètement se saisir de fruits, légumes, et autres. « Ma bourse! On m'a volé ma bourse! » « Je l'ai ! » Alencya se figea, refermant sa main sur la pomme que venait de lui céder une bourgeoise qui vu ses rondeurs mangeait suffisamment pour tous les nourrir. Un gros marchand avait attrapé le petit Bill par l'oreille, le soulevant en lui arrachant un gémissement, tout en lançant de sa voix rocailleuse: « J'vais te ramener à la garde moi! Garnement! Ils vont te donner une leçon ! » D'un coup, il le lâcha, hurlant de douleur en se tenant le mollet. « On m'a mordu ! On m'a mordu! Un de ces sales mioches m'a mordu jusqu'au sang aaaie! » Sans perdre de temps la gamine s'élança, prenant la main du petit Bill de 6 ans pour l'entrainer à toute vitesse dans la foule, passant par dessous les étals pour gagner l'extérieur du marché. Sans stopper la course, ils parcoururent les rues insalubres pendant plusieurs minutes, jusqu'à une vieille maison rongée par le temps et la crasse. Une fois au pied du mur, essoufflés, ils se regardèrent un moment, reprenant leur respiration. D'autres bruit de course se firent entendre, et trois autres gamins déboulèrent à toute vitesse, haletants. Le plus âgé d'entre eux, a la limite de l'adolescence, tout en hauteur et pas bien épais, vint mettre une claque derrière la tête du petit Bill: « Combien d'fois j'dois te l'dire Bill ! Par les dieux, avant de chipper des bourses apprend à défaire des noeuds! » Le petit blondinet au yeux bleus inondés de larmes, baissa le nez, se cachant à moitié derrière Alencya, bredouillant d'une voix larmoyante: « J'suis désolé Max..je..je » « Non...allez..pleure pas c'est bon..arrête j'te dis pleure pas!! » Reniflant, le gamin essuya ses larmes, Alencya passant un bras protecteur autour de lui, tenant tête au meneur de la bande « Arrête Max laisse le tranquil » « Pffff...vas y occupe toi en de ton bébé, moi j'en ai marre de ses conneries! » Max tourna les talons, suivit de Matie, une petite rouquine de son age. Gabriel lui, resta là, ses yeux source posés sur Alencya et Bill. « Allez vient Alen' , on a plein de pain à savourer » Alencya sourit. Gabriel, c'était un peut le pillier de la bande. Quand quelque chose n'allait pas, il avait toujours une solution ou deux dans sa manche, et rien ne semblait pouvoir lui enlever son sourire. C'était le jumeau de Matie, et pourtant, son caractère était son parfait contraire. Avec le petit Bill, qu'elle avait prit sous son aile, Gabriel était celui qu'elle appréciait le plus dans la bande. A vrai dire Max, avec son air arrogant, la contrariait. Et puis elle avait l'impression désagréable qu'il concentrait ses efforts pour lui mener la vie dure. Passant le petit bill sur son dos, qui noua ses bras autour de son cou, elle bondit agilement jusqu'au vieux mur aux pierres dénudées, glissant ses doigts entre les prises faciles avant d'escalader la paroi. Après maints efforts, ils débouchèrent sur la toiture, et se glissèrent par un trou dans le vieux grenier nouvellement aménagé et dont la trappe condamnée le rendait inaccessible par la maison. Quand Bill descendit de son dos, la jeune elfe se sentit incroyablement plus légère et épuisée, allant s'affaler sur un des vieux matelas pendant que ses compagnons déballaient leur butin. Fermant les yeux, elle entendait Max compter: « Alors..Une dizaine de petits pain, des pommes, des tomates, des bananes...et des patates...Qui a volé des patates? » « Euh...bah moi.. » « Pourquoi t'as fauché des patates Gaby? On peut pas les bouffer crues! » « Je suis navré ô grand maitre » « ...tu te fou de moi? » « Je n'oserais pas ô maitre! » « ARRETE CA GABY ! » Un sourire au coin des lèvres, elle entendit les rires de Gabriel pendant que Max essayait de l'attraper pour passer sa colère. Doucement, elle passa sa main sur la crinière blonde de Bill qui était venu se lover contre elle en suçant son pouce. Aujourd'hui, elle avait Vingt ans. Vingt ans et elle paraissait à peine dix printemps. Bizarrement, bien qu'en sachant cela, elle se sentait aussi jeune que ses compagnons d'aventure. Biensur, elle s'inquiétait de ne pas grandir, et Galek l'avait à plusieurs reprises traité de gamine éternelle avant de la mettre à la rue. Après tout, quitter la maison poussiéreuse qu'elle passait son temps à nettoyer pour lui n'était pas un mal, et si elle devait rester une éternelle enfant alors elle passerait juste son temps à continuer à s'amuser. Avec ses amis, elle se sentait bien, surtout au retour des beaux jours. « Alen', tient » Elle ouvrit les yeux, souriant à la vue de Gabriel qui lui tendait une pomme bien rouge. Elle la prit, en croqua un bout, savourant intensément le plaisir du jus sucré se déversant dans son palais trop longtemps condamné au goût écœurant des bougies, seul aliment accessible en hiver pour les gosses des ruelles. Reouvrant les yeux, elle s'attarda sur la bouille pleine de pomme de Bill, qui mordait dedans avec appétit. Amusée, elle essuya ses lèvres d'un geste Maternel. « Dit Alen'..J'peux t'poser une question? » Elle suivit des yeux le garnement aux cheveux roux, qui venait s'allonger près d'elle en croquant dans sa pomme. « Bah ouais vas y... » « Et bah..quand on t'a connu, tu étais plus vieille que nous. Maintenant, tu paraît carrément plus jeune...et puis.. » Il se tourna sur le ventre, la regardant dans les yeux, écartant ses cheveux emmêlés de son visage, découvrant les oreilles pointues. « Et puis tes oreilles...et ce visage. Dis Alen'...tu es sure que tu es humaine? » D'un geste brusque elle repoussa la main, se redressant « Fou moi la paix Gaby! Moi j'te demandes pas pourquoi t'as des carottes dans les cheveux! » Pomme en main, elle s'éloigna, attrapant agilement l'une des vieilles poutre pour atteindre le toit, son petit cœur allant heurter à toute vitesse son abdomen. Elle détestait qu'on la voit différente. Elle ne savait pas ce qu'elle était, mais elle voulait être comme tout le monde. Des journées comme celle ci, il y en eu beaucoup, et la petite elfe appréciait la compagnie de ceux qu'elle considérait comme des frères et sœurs. Si Gaby était le plus doué pour amadouer les bourgeoises, et Max le plus tactique, Alencya savait étonnamment bien jouer de l'un et de l'autre. Elle adorait jouer la comédie, mais se révéla bien vite plus douée dans l'art du chipage de bourses. Se glisser sans se faire voir, elle savait le faire depuis toute petite. Quand elle vivait chez Galek, elle avait du apprendre à se rendre invisible, pour échapper a la cave dans laquelle il l'enfermait quand il décrétait que sa présence le fatiguait. Et puis, elle était d'une agilité à couper le souffle. Si l'un d'entre eux était capable d'échapper à la garde c'était bien elle, alors le rôle de voleur lui collait à merveille. Pendant près de dix ans, ils menèrent ainsi la vie d'enfants des ruelles. Alors qu'ils devenaient de jeunes gens découvrant de nouvelles passions, l'elfe semblait, à ses 30 ans, à peine entrer dans l'adolescence. Si Max en profitait pour la rabaisser, Gaby lui était devenu extrêmement protecteur. Quand à Bill, qui était maintenant un jeune homme de 16 ans, c'était peut être le seul à ne pas la regarder différemment. Elle restait la grande sœur qui l'avait bercé et protégé des hivers glacés. Mais ils n'étaient plus des enfants, et voler dans les étals de marché était devenu un revenu très insuffisant à leurs yeux. Max avait poussé la petite bande à commettre des infractions de plus en plus dangereuses, jusqu'à la maison d'un riche marchand. Un genou à terre, l'adolescente suivait des yeux les mouvements de ses complices. Bill, à ses cotés, guettait lui aussi le signal. Un chuchotement attira son attention: « Alen! C'est à toi! Vas y! » Elle prit une longue inspiration, puis approcha à pas feutrés de la maison. Pendant ce temps, Gabriel attirait les chiens avec de vieux os, pendant que Bill Max et Matie attendaient leur tour. Une fois au pied du mur, elle s'élança, passée maitre dans l'art de franchir chaque obstacle, et capable de s'accrocher sur les prises les plus petites. Agile, elle se hissa jusqu'au toit sans trop de mal, sous le regard impressionné de ses camardes. S'il en fallait un pour s'introduire par effraction quelque part, le choix était vite fait. Arrivée en haut, elle se déplaça avec précaution sur les tuiles, de façon à ne pas les faire craquer. Mais la pré-ado, chétive, n'avait pas grand soucis à se faire de ce coté là. D'un pas léger, elle se glissa jusqu'à la cheminée, vérifiant qu'elle soit bien ramonée avant de s'y glisser. Une fois en bas, couverte de suie, elle jeta un regard à la demeure. Le parquais semblait juste ciré, des rideaux lourd tombant devant de larges baies vitrées. Les meubles, tous en bois précieux, supportaient nombres de bibelots alors que les murs de pierre étaient ornés de tableaux hors de prix. Contournant les larges fauteuils de cuir, elle s'aventura plus profondément dans l'étrange demeure, qui, dans le silence nocturne, semblait comme animée d'une vie propre. Chaque petit craquement, chaque volet claquant, la faisait sursauter. Ses prunelles emeraudes, telles celles d'un chat, brillaient légèrement dans l'obscurité, captant chaque once de lumière. Pour elle, le grand salon, puis le couloir interminable, était aussi clair que en plein jour. Un bruit plus prononcé que les autres l'alerta, et son instinc la poussa derrière une statue de marbre noir. Le grincement d'une des lourdes portes se fit entendre, et un pas précipité s'en suivit. C'était à l'étage, juste au dessus d'elle, et l'épais plafond ne lui permettait pas d'en entendre plus. Son anxiété première avait laissé place à son esprit calculateur, et elle se forçait à penser pour ne pas céder à la panique. Prenant une longue inspiration, elle continua son exploration à la recherche de la porte d'entrée, mais surtout de ses clefs. Quand la fouille du rez de chaussé ne sembla pas porter ses fruits, elle décida; avec une précaution infinie,de grimper les marches menant à l'étage. Chaque sens en alerte, elle s'avança dans ce nouveau couloir, un peut moins large, et étrangement plus sombre. A demi voutée, le pas léger, elle glissa de cachette en cachette, jusqu'à la porte la plus ouvragée, surement la suite du maitre de maison. Poignard en main, respiration contenue, elle appuya sur la poignée, découvrant avec soulagement une pièce totalement vide. Les draps de soie du lit a Baldaquin étaient soigneusement remontés, les oreillers bien en place. La fenêtre fermée, les bougies éteintes, son propriétaire n'était pas encore là. Trop heureuse de cette aubaine, l'adolescente se glissa jusqu'à la table de chevêt, y cherchant les précieuses clefs. Empochant au passage bijoux et pierres précieuses, sa joie fut totale en dénichant l'épaisse clef de cuivre. Trop de temps déjà c'était écoulé, et elle se précipitait dans l'escalier quand une voix familière retentit dans le hall: « Lachez moi ! Lachez moi ! » Figée, son cœur s'arrêta un instant...c'était Gabriel. La voix grasse d'un des gardiens sonna en réponse: « Mon seigneur...on a trouvé ce garnement en train d'appâter les chiens ! » Les gémissements plaintifs des trois autres retentirent en coeur. « Et les trois autres cachés dans les fourrés...Que fait on mon seigneur? » Le pas lourd des bottes ferrées se fit entendre, et la plainte de Matie fit échos à la voix grave du maitre de maison: « Je garde celle la... Pour les autres, vous connaissez la sentence pour un crime aussi grave. Demain, la foule aura son spectacle, et on fêtera cet agréable divertissement » Un silence s'ensuivit, avant que la voix presque assurée de Gaby vienne le rompre: « Messire...mon bon sire...mes amis et moi sommes terriblement désolés... Il serait inutile de cacher notre crime, mais nous implorons votre clémence et.. » Le lourd gant de cuir vint mettre un terme a la déclaration de Gabriel. L'elfe, tétanisée, regardait ses amis agenouillés, les lames des gardiens sous leur gorge offerte. De dos, le seigneur et ses quatre hommes n'avaient pas aperçu la jeune fille. Prenant son courage a deux mains, elle se glissa dans l'ombre, à chaque mot prononcé pouvant couvrir ses pas. « Comment oses tu t'adresser au Seigneur Kirem de la sorte? On va te couper les mains et t'arracher la langue, maudit voleur, avant d'offrir tes viscères aux chi... » Un gargouillis sinistre happa ses derniers mots, et jamais son regard livide ne croisa celui de son jeune assassin. Glacée, l'elfe regarda sa victime s'écrouler sur le sol. Pas une seconde, elle n'avait réfléchit à ce geste, elle ne pensait qu'a une chose: Sauver ses amis d'une mort certaine. Car ici en Unther, le petit voleur était puni aussi sévèrement qu'un meurtrier s'il s'en prenait à un seigneur. Figée, l'agonie de sa victime lui parue terriblement longue, chaque tressaillement, chaque spasme ensanglanté semblant s'étirer indéfiniment. Elle senti à peine les bras qui vinrent l'enserrer, son regard fixé sur le corps tremblant du mort en devenir. Parmi ses compagnons qui avaient profiter de la diversion pour s'échapper, Gabriel et Max furent très vite rattrapés, alors que Bill et Matie s'éloignèrent dans la nuit. Alencya, tremblante, ne résista pas quand on la tira brutalement devant le seigneur, le visage grimaçant du mourant s'imposant face à elle, sa vie basculant un instant dans l'horreur de son acte. L'homme la fixa, longuement. Tétanisée, elle n'osa pas croiser son regard. En cet instant, elle était prète à tout accepter. Elle était condamnée, elle venait de commettre l'irréparable. « Conduisez les au cachot...la fille à part bien sur. » Sans résistance, elle se laissa trainer jusqu'au cachot crasseux. On lui laissa ses vieux haillons, mais elle fut privée de sa dague. Pieds nus sur le sol poisseux, elle alla se recroqueviller dans un coin de la cellule totalement privée de lumière. Ce soir, elle avait détruit une vie. Cet homme, ne marcherait plus jamais, ne parlerait plus jamais...il ne vivrait plus jamais. Ce n'était pas le bien ou le mal de cet acte qui la rongeait, mais plutôt cette sensation de ne plus pouvoir revenir en arrière sur ce geste fatal. Elle avait tué, elle avait ôté la vie. Et ça, elle ne pourrait plus le réparer. Le temps s'écoula doucement, dans la noirceur totale de la froide cellule, la peur grandissant dans le cœur de l'enfant. Son avenir dans les mains d'autrui, elle sentait l'angoisse la pousser vers la folie. Alors, elle prit sa tête entre ses mains, respirant, plongeant doucement dans son étrange passé. Elle ne savait pas comment, mais elle avait cette capacité à se plonger dans ses souvenirs, à les revivre totalement. Et pendant ces quelques instants, elle oublia sa situation. C'est une poigne brutale qui la tira de sa rêverie. Un homme qui lui parut colossal l'arrachant du sol, la douleur irradiant son épaule tant il y mit de la hargne. Sans forme de procès, il la traina dans une petite sale isolée, avant de l'enchainer mains au dessus de la tête, dos à lui. Il ne disait rien, mais elle sentait la haine dans chacun de ses gestes, et ne pouvait plus s'empêcher de trembler. Elle le sentit alors arracher ses haillons à son corps faible, et n'osa même pas protester. « Tu vas payer....Gamine » Le premier claquement vint comme appuyer la voix ocre du geôlier, extirpant à l'enfant son premier hurlement. La morsure du fouet vint lentement arracher la peau fragile, mettant à nu le peu de chair du corps chétif. Une douleur aigüe envahissait la fillette, semblant s'aiguiser à chaque nouveau coup, ses hurlements stridents venant se mêler aux sifflement du fouet. Bientôt, elle ne les compta plus, la souffrance fut telle qu'elle devint enivrante, la poussant lentement dans une sombre torpeur, sous le rire satisfait de son nouveau bourreau. Les nuits de cauchemard se succédèrent ainsi, laissant sa chair à nu s'infecter doucement. Elle ne sentait plus son dos, la douleur envahissant chaque parcelle de son corps. Qui était cet homme? Où étaient ses amis? Allait on la fouetter jusqu'à ce que mort s'en suive? Elle l'ignorait, et son esprit resta fixé sur l'espoir qu'un jour la punition prendrait fin. Elle n'osait pas prononcer un mot près de son tortionnaire, et elle oublia presque la saveur d'un dialogue. Entre la solitude et les instants de torture, elle ne parvenait plus à discerner lesquels étaient les pires. | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:23 | |
| Les lames d'ombre Presque trois ans c'étaient écoulés, et bien plus aux yeux de la jeune fille. Elle avait fini par endurer en silence les coup de fouets, et c'était finalement résignée à survivre. La culpabilité avait fait place au désir de vengeance, et seule la haine qui la liait à son tortionnaire la maintenait en vie. Ses forces décroissaient de plus en plus, mais elle se forçait à manger pour rester en vie, essayant d'ignorer ce dos privé de peau. Ce soir là, comme les autres, elle se préparait à la visite de Amrick. Mais, à sa surprise, un pas inconnu suivit celui du geôlier. La voix calme, posée, raisonnant entre les murs de pierre: « Je viens la chercher Amrick. Elle a assez Payé pour ton frère. » « Elle mérite la mort! » « Oui. Mais cette enfant m'intéresse. Tu en as suffisamment profité. Et elle a survécu, ce qui la rend plus interessante encore. » « ..Je la tuerais, Je la tuerais un jour ! » « On verra...Plus tard. Donne moi les clefs » Un cliquetis familier se fit entendre, l'enfant elfe ne lâchant pas la lourde porte des yeux. C'est une silhouette sombre qui se dessina dans l'embrasure, un être qui caché sous son épaisse bure ne laissait voir de lui que son regard vairon, une prunelle d'un noir ébène s'opposant au cristal de sa jumelle. Quand il approcha, aucun bruit ne naquit sous ses bottes de cuir, aucun fourreau visible à son épaisse ceinture. Quand il s'accroupit pour la fixer, elle discerna le contour anguleux de sa mâchoire, les traits durs de son visage hâlé. « Alors...qu'est-ce que ça fait...de tuer pour la première fois? » La voix étrangement grave était comme dénuée de toute émotion, raisonnant en un sinistre échos dans l'étroite cellule. « Alors...? Tu as perdu ta langue? » Il releva son menton du bout d'un doigt ganté, l'étudiant longuement, son visage s'éclairant d'une ébauche de sourire. « Une enfant elfe...en plein milieu de Messempar...Voila qui est de plus en plus interessant. » Quand il plongea son étrange regard dans le sien, Alencya se sentie comme fouillée au plus profond d'elle même, plus vulnérable que jamais. « Quel est ton nom, meurtrière ? » « ..Je...Alencya... » « Alors Alencya...Tu vas venir avec moi. » Quand elle tenta de se lever et que ses jambes cédèrent sous son poids, il ne lui opposa qu'un regard agacé, la laissant s'écrouler en une nouvelle tentative avant de se décider à la soulever comme un encombrant paquet. Il l'enveloppa dans une vieille cape, la transportant ensuite jusqu'à l'extérieur. La lumière du soleil fut à ses yeux larmoyants une première brûlure, et elle se rendit alors compte à quel point le temps avait passé. Dans les ruelles propres des quartiers nobiliaires, elle entendit des murmures désapprobateur sur leur passage. Mais quand ils atteignirent la crasse des bas quartiers, nul n'osa barrer la route de l'homme. C'est sur le pallier d'une vieille maison qu'il s'arrêta, frappant à la porte, pressé: « Isabeau ouvre... » Une femme grande, bien bâtie, bien qu'un peut rondelette, ouvrit la porte, cinq ou six gamins se pressant derrière elle. D'un geste il fit glisser l'elfe dans ses bras, lâchant sur son ton habituel: « Soigne la moi..Fait la manger boire, d'ici une semaine je veux qu'elle soit prète. » Sans protester la femme hocha la tête, emporta la fillette jusqu'à l'étage. D'un ton autoritaire, elle ordonna à l'un des enfants: « Sam ! Fait moi chauffer de l'eau, et apporte la en haut. Nayel, les huiles sur la commode, tu les monte. » Elle ne lâchait plus des yeux l'étrange maitresse de foyer, la laissant lui ôter la vieille cape. Celle cie afficha alors un regard horrifié, s'exclamant: « Par les dieux! Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ma pauvre enfant.. » Tant choquée par les sévices qu'affichait le corps malingre de l'elfe, elle ne nota pas même sa nature, l'enveloppant dans une couverture avant d'aller préparer le bain chaud. Quand elle l'y fit glisser, Alencya sentit d'abord la brûlure de ses plaies ravivée par l'eau. Mais bientôt, sa tiédeur vint détendre ses muscles, calmer son anxiété. Le parfum étrange qui émanait du bain trahissait la présence d'huile essentielle, une odeur de fleur... et pas de n'importe quelle fleur: de la lavande. A présent calmée, elle laissa errer son regard dans la pièce. Plus propre que ne laissait présager la façade, la maisonnette au mobilier particulièrement simple avait une atmosphère étrange, de celles qui font se sentir bien sans que l'on comprenne pourquoi. Elle s'arrêta nez à nez devant deux iris vert tendre, un large sourire venant arrondir des pommettes couvertes de taches de rousseur.. « HEY ! » La gamine, pas effrayée le moins du monde, se redressa sur ses bras, en équilibre au bord du bain, regardant sans pudeur la jeune elfe dans son bain. « Dis dis! Comment tu t'appelles? Hein dis dis ! » Génée, même devant ce petit bout de fille de peut être six ou sept ans, elle s'offusqua: « Mais arrêtes on dérange pas les gens dans leur bain! » « Maaaais j'ai déjà vu des filles toutes nues moi hein !! » « Fou moi la paix.. » « Alleeeez comment tu t'appelles hein? » « Pfff... » « Si tu dis pas je... » La gamine éclatant en sanglots, Alencya s'empressa de poser une main sur sa bouche. « C'est bon arrête! Allez pleures pas...Allez arrête.. Je m'appelles Alencya. » Le petit minois si vite couvert de larmes, s'éclaira tout aussi rapidement d'un nouveau sourire « Alencya ! Alencya! C'est joli ça comme nom ! » « ..et toi? » « Moi Nayel. Je suis la fille d'Isabeau ! La seule. Par-ce que j'ai quatre grand frères. C'est nul d'abord par-ce que je peux jamais jouer avec eux, ils veulent pas, ils disent que je suis une fille et que les filles ça doit jouer à la poupée. Mais moi j'aime pas la poupée! Je trouves ça ennuyeux et tout, tu vois? Alors du coup je suis toute seule avec une poupée que j'aimes pas.. En plus maman elle veut que je joue à la poupée et.. » « Nayel, un joli nom » Elle ébouriffa d'une main l'épaisse chevelure rousse de l'enfant, s'attendrissant un moment devant son minois souriant. « Tu joueras avec moi..? » « Oui...Mais là je suis fatiguée » La semaine qui suivit, fut meublée par les rires de la petite Nayel, ses bavardages incessants, et par les soins attentionnés d'Isabeau. Elle passait ses journées à écouter l'enfant, à se laisser submerger par cette innocence qu'elle avait prématurément perdu. Pendant ces quelques jours, sa vie reprit du sens, et les jeux de Nayel lui rappelèrent ceux de ses frères et sœurs dans leur enfance. Mais ce bonheur soudain ne fut que fugace, car le lundi suivant l'homme frappait à la porte. Son arrivée fut pour elle comme un brusque retour à la réalité. Pressée derrière Isabeau, elle fixait l'homme, qui annonçait d'un ton autoritaire. « Isabeau...donne moi la gamine » « Ce n'est qu'une enfant, enfin... Tu devrais pouvoir le comprendre, sa place n'est pas là bas. Sa place est ici avec d'autres enfants. » Le silence qui suivit en dit long, et l'homme annonça d'une voix froide. « C'est elle qui a tué ton mari. » La bouche entrouverte, la femme se figea, incapable de répondre, soudainement submergée par des sentiments contradictoires. Alencya baissa la tête, laissant l'épaisse main la saisir à l'épaule, s'abritant sous l'ombre de la cape qu'il lui imposa. « Tu vois Isabeau, tu ne devrais jamais te fier aux apparences. Elle est faite pour ce monde. » N'osant pas croiser le regard de celle, qui l'espace d'un instant avait pris le profil d'une mère, elle se plaça près de l'homme en noir. C'est à peine si elle entendit l'appel de Nayel, qui se précipita aussi vite que ses jambes le lui permirent. « Alencya! Alencya!! Attend » Posant un regard coupable sur la petite fille, son souffle s'arrêta quand elle l'étreignit de ses petits bras. « Alencya... J'ai un cadeau pour toi, pour que tu m'oublies pas. » De ses petites mains elle força l'elfe à prendre son présent, deux petits dés de bois. Le souvenir du temps passé a jouer avec, ensembles, fit naitre un sourire sur le visage d'Alencya. Puis, elle alla poser un baisé sur son front. « Merci Nayel. » En silence, elle s'éloigna de la petite maison, suivant le pas léger de l'homme en noir. Il ne dit mot, et elle n'osa pas poser de questions, malgré toutes celles qui lui brûlaient les lèvres. La nuit tombant, les ruelles se vidaient pour laisser place à des ombres angoissantes, et instinctivement elle se rapprocha de l'homme. Elle avait l'habitude des dangers de la rue, mais elle ne les affrontait jamais vraiment seule. De plus, elle ne c'était jamais enfoncé si profondément dans les bas quartiers, et cette nuit là les silhouettes inquiétantes semblaient particulièrement nombreuses. Quand il poussa la porte de « La choppe tordue », le nuage de fumée la fit tousser, et les rires des ivrognes la mirent sur ses gardes. Le spectacle des femmes presque nues passant de main en main, des bagarres par dessus la table, des chopines qui circulent, des conversations qui s'entremêlent pour former un brouhaha incompréhensible, l'intrigua quelques secondes. Suivant de près son étrange guide, elle s'arrêta avec lui au comptoir. Étrangement, ici encore, nul n'osait barrer la route à l'homme en noir. Quand il s'accouda au comptoir, pour échanger quelques mots avec l'aubergiste, tout les regards se fixèrent sur Alencya. Elle détourna les yeux, prenant soin de cacher son visage sous la capuche, alors que des murmures s'échangeaient dans son dos. D'un pas assuré, il la mena ensuite jusqu'à l'escalier, descendant les marches jusqu'au sous-sol bruyant. Ici, se déroulaient de sanglants combats, la foule s'amassant pour échanger les paris. Mais elle n'eut pas le temps d'assister aux rixes, l'homme la trainant jusqu'à une petite porte, qu'il ouvrit. Puis, il fit glisser une tenture, découvrant sous le regard surpris de l'elfe un passage à peine assez grand pour passer en rampant. Passant en premier, sous son ordre, elle découvrit ensuite un long couloir, menant à d'autres. Il la pressa, la guidant à travers les galeries, lâchant d'une voix froide: « Bien sur, il est évident qu'un seul mot sur ce passage, te coûtera la vie..peut être même pire » Au bout de longues minutes, ils s'arrêtèrent devant une porte de pierre, qu'il poussa, arrivant dans une grande pièce faiblement éclairée. Plusieurs personnes étaient là, échangeant murmures, objets, assis à une table, ou adossés aux murs. A l'approche de l'homme tous se figèrent, avant de s'incliner dans sa direction. Une femme lâcha, Solennelle: « MauvaisOeil..Bienvenu à toi. » D'un signe de main il la fit taire, poussant la fillette au centre de la pièce, sous le regard étonné des présents. De son ton in émotif habituel, il annonça : « J'ai décidé que cette gamine ferait partie des nôtres. Que quelqu'un s'en charge. » Un long silence s'en suivit, et la femme osa: « Mais..Ce n'est qu'une enfant. Pourquoi... » « Tais toi femme ! Ais-je demandé ton avis? » D'un geste brusque, il tira la capuche d'Alencya, des exclamations de surprise s'en suivant. « Cette fille...Est une enfant elfe. J'ignore quel est son age réel. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'elle a fait montre de capacitées exceptionnelles qui serviront nos desseins à merveille, et qu'il faudra mettre à l'épreuve. Je l'ai sauvé de la mort, ainsi sa vie m'appartient jusqu'à nouvel ordre. Cependant, il est clair que je n'ai pas le temps de m'occuper de sa formation. Ainsi, que l'un d'entre vous se désigne. » Un homme s'avança, le visage caché sous un masque noir, comme tout les présents dans la pièce. Il posa une main sur l'épaule de la fillette, et le geste suffit pour que chacun comprenne. MauvaisOeil hocha la tête, et tourna les talons. L'homme masqué la tira par le poignet, l'entrainant dans les couloirs jusqu'à une pièce à part. A présent loin des murmures des encapuchonnés, il la fixa longuement, la détaillant de haut en bas. L'enfant, tremblante, baissa la tête, se soumettant à cet examen. Puis une voix qu'elle connaissait bien s'éleva dans la pièce: « Dans quel état tu t'es laissé mettre...Alencya. Tu sembles encore plus maigre qu'avant » Un instant, elle cru rêver, puis en levant les yeux elle reconnut clairement le regard en amande de Gabriel dans les fentes du masque. Une joie immense l'envahit, et elle se précipita pour le prendre dans ses bras. « Gaby! » Son bonheur prit fin brutalement, à la gifle si violente qu'elle s'en écroula au sol. Les larmes lui montèrent au yeux, alors que Gabriel la souleva par les cheveux: « Ne m'appelles plus jamais par ce nom. Le Gabriel que tu as connu est mort. Tu m'appelleras Maitre, car c'est ce que je suis. » Il serra son emprise, la planquant contre le mur « A cause de toi...on c'est fait tous prendre...tu as été trop lente...Ils sont tous morts..Tu entends? Tous morts à cause de toi! » Ravalant ses sanglots, tétanisée, elle fixait l'homme qui la plaquait à la paroi, osant prononcer quelques mots: « Ga.. Je, je..Je suis désolée » Il la relâcha, tournant les talons. « Tu n'as aucun talent. Je ne sais pas ce qu'il te trouve. Mais je vais essayer de faire quelque chose de toi, alors suit moi. » Pendant les semaines qui suivirent, elle dut rembourser sa « dette » à MauvaisOeil, se rendant a chaque fin de décades à la maison d'Isabeau, où il la retrouvait pour ramasser ses récoltes du mois. Au regret d'Alencya, Isabeau ne lui adressait plus un mot. Nayel par contre, mettait toujours autant d'entrain à chaque nouvelle rencontre, la harcelant de questions, d'idées de jeux, et de bavardages en tout genre. Ces moments avec l'enfant devinrent l'un de ses seuls plaisirs, où elle retrouvait un peut de joie et d'innocence. Elle faisait à présent partie d'une guilde étrange, dont elle même ignorait qui pouvait la diriger, et qui se faisait appeler « Les lames d'ombre ». MauvaisOeil lui avait clairement expliqué la dangerosité de sa situation, et elle savait qu'il suffisait d'un mot de lui pour que ses jours prennent fin. La liberté était pour elle un lointain souvenir, et elle s'efforçait de mettre tout son talent à suivre l'enseignement de son nouveau mentor. Pour survivre, prouver sa valeur pour ne pas être éliminée, elle devait apprendre vite et bien. Elle devait grandir, plus vite, beaucoup plus vite que ce que ce que son corps permettait. Et bien que son agilité naturelle lui fut d'un grand secours, elle ne suffisait pas. Voler des bourses, se cacher, escalader sans mal tout genre d'obstacles, tout cela, elle savait faire. Mais la complexité d'une serrure, la disposition précise d'un piège, c'était une toute autre affaire. Souvent, Gabriel s'énervait devant sa lenteur d'apprentissage. Son impatience grandissait, aux cotés cette éternelle enfant. Et elle ne cessait ne l'envier. N'étais-ce pas merveilleux de pouvoir faire céder sous ses doigts n'importe quelle serrure? Malgré sa bonne volonté, elle restait d'une nature impatiente. Y arriverait elle un jour?Elle ne pouvait pas se permettre de se décourager. Afin de l'aider, Gabriel confectionna une vingtaine de petits coffrets, tous munis d'une fermeture différente. Et Alencya eu pour tache de tous les déverrouiller. Il lui fallut des mois entier, des nuits passées à retourner encore et encore la serrure, à retirer les morceaux de fer qu'elle avait cassé à l'intérieur, pour parvenir enfin à les ouvrir. Et son mentor renouvela l'expérience, avec des serrures de plus en plus complexe. Au début, l'elfe avait pris cette épreuve à contre cœur, puis, elle l'avait vu comme un jeu, et finalement comme un défi. Chaque fois qu'elle ramenait un coffret ouvert, Gabriel affichait un sourire. Ces sourires qui autrefois avaient éclairé sa vie, lui rappelaient de tendres souvenirs. L'apprentissage de la confection de pièges, fut sans doute celui qui éveilla le plus d'intérêt chez elle. N'avaient ils pas tout le long de leur enfance tendu des cordes sous les pieds des bourgeois, posés des sauts d'eau sur la porte entrouverte du boucher? Cependant, ces pièges là étaient beaucoup plus subtils, sans doute plus dangereux. Ce n'étaient pas de simple cordes tendues, mais des mécanismes de plus en plus complexes, étudiés pour que la cible ne puisse ni le voir ni l'esquiver. Mais le plus difficile ne fut pas d'apprendre à les confectionner, mais à désamorcer des pièges inconnus. Quand elle maitrisa les bases, Gabriel l'emmena au cœur des sous-terrains de Messempar. Là, elle fut soumise à différents parcours, le long desquels son mentor avait mis en place pièges et serrures pour freiner son passage. Ses échecs furent nombreux, et soldés par quelques brûlures et coupures sans gravité. Elle apprenait si lentement, tellement plus lentement qu'un humain. Mais elle avait quelque chose à prouver, et surtout...si elle ne réussissait pas, sa vie prendrait fin. Alors, elle s'entêta, se forçant à réfléchir, à progresser, luttant contre cet esprit qui tardait à mûrir. Et son éveil intellectuel fut presque tangible, petit à petit, elle sentit sa mémoire s'aiguiser, alors que ses gestes eux ne cessaient de prendre en précision. Et pendant 7 longues années, elle passa tout son temps près de son ainé, avec lequel elle retrouva petit à petit un soupçon de complicité. Les parcours dans les sous-terrains firent place à des missions bien réelles, et son incomparable talent à se fondre dans les ombres fut pour leur duo un avantage considérable. Le temps passant, elle rattrapa le niveau de son mentor, et ils purent former une véritable équipe, comme autrefois. Cependant, elle ignorait le but de la plupart de leurs missions, et découvrit que Gabriel n'en savait pas beaucoup plus. Souvent, ils allaient voler des objets, ou des documents, et les rapportaient à un intermédiaire qui s'occupait de leur donner leur récompense. Ils ne savaient jamais directement ce que deviendraient les fruits de leur rapine. La curiosité naturelle de la jeune elfe était piquée a vif, et elle dut se faire violence pour ne pas chercher à en savoir d'avantage.
Dernière édition par Lye le Jeu 5 Nov - 22:48, édité 1 fois | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:24 | |
| L'étreinte des Ténèbres Alencya, debout dans sa chambre, se regardait dans le miroir. 40 ans, 40 ans...et toujours aussi petite, un mètre 20 à peine. Maigrelette dans sa chemise trop large, ses cheveux corbeau en bataille, elle se regardait dans la glace presque méchamment. « Pourquoi je grandis pas !? Hein? POURQUOI? » Rageuse, elle donna un coup de poing violent, se faisant plus mal à elle même qu'au miroir. « AIIIIEE » Un éclat de rire retentit sur le lit, derrière elle. Ce rire qu'elle connaissait si bien, et qui avait pour principale vertu celle de l'apaiser. Elle se retourna, posant ses prunelles émeraude sur l'adolescente assise en tailleur sur le lit. La rouquine la fixait de ses yeux vert tendre, sa chevelure de feu bouclant autour d'un visage encore arrondi, un sourire malicieux ourlant ses lèvres rosées. A 13 ans, Nayel était entre la femme et l'enfant. Son corps subissant cette transformation, incroyable aux yeux de l'elfe, qui se sentait figée dans son petit corps maigre. « Allez Alen', arrête de râler. Vient jouer! » A contre coeur, Alencya s'éloigna du miroir, allant s'assoir près de l'adolescente qui la dépassait déjà de bien trente centimètres. « Nayel...je crois...je serais jamais une femme...je serais une petite fille pour toujours... » Quand la rouquine vint se blottir contre elle, elle l'entoura de ses petits bras, l'esprit sombre. « Tu sais Alen'...tu es une elfe, une créature féerique, merveilleuse. Même si tu restes toute petite pour toujours, je continuerais à t'admirer. » Ces mots arrachèrent un sourire à l'enfant-elfe, qui resserra tendrement son étreinte. « Merci Nayel.... » Les années passant, sa relation avec Nayel était devenue extrêmement complice. Dès qu'elle le pouvait, elle rejoignait en cachette la petite fille, et elles passaient leur nuit à jouer et à discuter. Isabeau refusait depuis longtemps que Nayel côtoie l'elfe, et elles mettaient tout leur talent à se voir en cachette. Cependant, a chaque séparation, elles ne savaient jamais vraiment quand elles se reverraient. Alencya passait beaucoup de temps près de Gabriel, et n'avait que très peut de libertées. « Dis Alen....tu veux faire quelque chose pour moi...? » Prêtant oreille, l'elfe baissa son regard sur l'adolescente. « Tu me fais un bisou...? » Intriguée, l'elfe se pencha, allant poser ses lèvres sur la joue de Nayel, comme elle l'avait fait déjà de nombreuses fois. « Non...pas là... » Doucement, l'humaine releva son menton, et alla effleurer ses lèvres du bout des siennes. La pâle elfe de lune vira au rose, complètement figée, le regard fixé dans celui de la rouquine. A la fin du baisé, Nayel afficha un sourire malicieux, sous l'air complètement décontenancé d'Alencya, qui n'osa pas dire mot. Rosissante mais sur d'elle, l'adolescente se redressa, et alla vers la porte. « Je dois dormir, tu devrais y aller » Hochant juste la tête, encore sous le trouble, l'elfe se redressa, se dirigeant vers la fenêtre. Ses pensées obsédées par cette étrange découverte, ce goût un peut sucré, cette douceur inégalable. Sautant directement de l'étage a la rue, elle manqua de se tordre une cheville tant ses pensées étaient ailleurs. Avançant dans la ruelle, les ténèbres installées, elle rabattue vivement sa capuche, remontant son foulard. Ici, elle l'avait apprit à ses dépends, les elfes étaient chassés comme la peste. D'un pas léger mais vif, elle s'enfonça dans la ruelle, prenant la route de la « choppe tordue ». Les enfants n'étaient pas les bienvenus là bas, mais elle devait retrouver Gabriel devant la porte d'entrée, comme toutes les nuits. Au début, ses rencontres avec lui avaient été un poids, et elle avait eu la réelle sensation d'être face à quelqu'un d'autre que celui qu'elle avait connu. Mais à présent, chaque nouvelle nuit les rapprochait un peut, et elle vivait dans l'espoir fou de retrouver un jour ce frère qu'elle avait tant aimé. Mais ce n'est pas l'habituelle silhouette toute en jambe de Gabriel qui se dessina devant l'auberge, mais l'inquiétant contour de celle de MauvaisOeil. Un instant, elle se figea. MauvaisOeil ne venait que pour ramasser ses rapines, et toujours à des heures fixées à l'avance selon un emploi du temps extrêmement précis. Sa présence ici était un bien mauvais présage. Prenant son courage à deux mains, elle approcha, arrivant bientôt à sa hauteur. Quand il posa sur elle son regard étrange, elle trembla, juste un instant. D'une main, il l'invita à le suivre, ce qu'elle fit sans discuter, tout en cherchant la silhouette élancée de Gabriel au coin de la ruelle. C'est au coin d'une ruesans passage que l'homme en noir s'arrêta, la tirant près de lui d'une main ferme, annonçant froidement. « Ce soir tu ne vas pas retrouver Kael. » Il laissa le silence s'installer, l'angoisse montant dans le cœur de l'enfant. Kael, c'était le pseudonyme de Gabriel. « Suis moi » Il à travers les ruelles, jusque une vieille maison dont l'une des fenêtres s'animait encore à la lueur d'une unique bougie. Il fouilla un instant dans sa sacoche, puis tendit à l'enfant un poignard encore enfermé dans son fourreau. « Un homme dort là dedans. Il doit mourir. » A ses mots, un frisson glacé parcouru son échine. « Je...je peux pas » Le silence qui suivit ces mots fut étrangement terrifiant, et l'œil acier de l'homme semblait la fixer indépendamment de son double ténébreux. « Très bien » D'un geste lent, il tira l'une de ses propres dagues de sa botte, et l'appuya contre la gorge de l'enfant. « Tu te rappelles...ce qui t'attends si tu n'obéis pas? » Il parlait toujours de ce ton sans intonation, son regard fixé sur elle. Tremblante, les larmes lui montèrent aux yeux, et le tranchant de la lame contre sa gorge la pressa dans sa réflexion. Qu'est-ce qu'il y avait après? Qu'est-ce que ça faisait de mourir? Et...s'il n'y avait rien après..? Si c'était le néant..? Non...elle ne voulait pas mourir, elle voulait revoir Nayel, elle voulait encore rire avec elle. Non...pas la mort, pas la solitude..le néant..le noir...la souffrance... « Je vais le faire...je vous promet..je vais le faire » Haletante, les pupilles dilatées, elle le fixait, implorante. Aussi vivement qu'il l'avait attrapé, il la relâcha. « Vas y. » La gorge serrée, elle se dirigea vers le mur. Les images du garde agonisant hantèrent son esprit, la peur, l'angoisse, la figèrent un instant. Puis...Elle se lança, et là l'adrénaline fit son effet. Seul comptait ses mouvements sur le mur, les prises qui s'offraient à elle. Elle ne devait pas tomber. Elle ne devait pas faire de bruit. Habilement, elle réussit à atteindre la fenêtre voisine de la pièce éclairée. Accroupie sur le rebord juste assez épais pour y poser sa pointe de pieds, elle tira de sa sacoche une petite ventouse de caoutchouc et un diamant donné par Gabriel. Appuyant la ventouse contre le verre, elle le découpa soigneusement avec la pierre. Une fois chose faite, elle décrocha le bout de verre, le posant en équilibre sur le rebord. Rangeant ses outils, elle passa son bras par le trou et ouvrit la fenêtre de l'intérieur. Puis, doucement, afin de ne pas la faire grincer, elle l'ouvrit puis se glissa dans la pièce. D'un pas feutré, elle avança jusqu'à la porte en face, laissant un instant son regard s'égarer autour d'elle. Les meubles étaient de simple facture, et les murs pour la plupart nus. Autrefois, c'était sans doute une belle maison, mais à présent une épaisse poussière en recouvrait la moindre parcelle. Passant dans le couloir, elle se glissa jusqu'à la porte voisine, et s'accroupit, posant une oreille contre le vieux bois. Pas un bruit, l'homme dormait, et pour une raison étrange il le faisait bougie encore allumée. Sans prendre la peine de réfléchir d'avantage, l'enfant poussa la porte et se glissa jusqu'au lit. D'une main tremblante, elle tira son poignard, se penchant au dessus de sa victime allongée sur le coté, dos à elle. Elle ne voyait de lui que des cheveux poivre et sel, les draps reposant sur sa large carrure. *Je ne dois pas penser..je ne dois pas penser...C'est sans doute un homme mauvais;..Sans doute un homme mauvais...* D'un geste vif, elle glissa la lame sous la gorge, l'ouvrant, l'homme s'éveillant brusquement en lâchant un gémissement étouffé par son sang gargouillant. Se tournant vers son bourreau, ses prunelles d'acier s'imprégnèrent d'horreur, et Alencya recula d'un pas. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais seul un flot de sang jaillit, sa main tendue vers la petite fille. Ce visage;...ce visage qu'elle connaissait si bien, bien que marqué de nouvelles rides, ce visage qu'elle avait aimé plus que tout.... Son monde s'écroula, pour la seconde fois, et elle se précipita contre l'homme agonisant, pleurant d'horreur, tremblante de désespoir. « Emrick...Emrick...Non....Non...Je ne savais pas... » Secouée de larmes, elle se pressa contre lui, rattrapée par la réalité. « Nooon...Emrick...pardonne moi...Je savais pas...je savais pas..... » Le vieil homme passa sa main dans le dos de l'enfant, la pressant une dernière fois contre lui, avant de rendre son dernier souffle. La douleur était si vive qu'elle en devint physique. Elle avait tué celui qui pour elle avait toujours été un père perdu, disparut. Elle n'avait que peut de souvenirs de lui, mais son image était toujours restée celle d'un homme extrêmement tendre, dont les mots tant de fois l'avaient bercé le soir. « Emrick..... » Une main ferme se posa sur son épaule, l'arrachant au cadavre sans lui laisser le choix. Tremblante, elle ne résista pas. L'homme en noir s'accroupit, relevant son menton, la fixant dans les yeux. Il annonça, d'une voix étonnamment douce. « C'est bien Alencya....je suis très fier de toi. » D'une main douce, il caressa les cheveux de l'enfant, ajoutant: « Cet homme était un meurtrier. Il méritait ce sort. Tu as bien agis. Tu feras de grandes choses. » Tétanisée, l'enfant ne répondit pas, se laissant tirer par l'homme en noir jusqu'à la sortie de la maison. Dehors, Gabriel attendait, adossé au mur. Elle n'osa pas même lui glisser un regard, et ne vit pas celui qu'il lança à MauvaisOeil. D'une voix froide, le jeune homme lança: « C'était vraiment nécessaire..? » « Elle est douée. C'est son destin. Elle doit grandir. » Quand Gabriel passa un bras autour de ses épaules, elle s'apaisa un peut, et se laissa guider jusqu'aux sous-terrains. Il l'assit sur une paillasse, dans une petite pièce privée de lumière qu'il avait aménagé. D'un geste extrêmement doux, il vint essuyer ses larmes. « Tu dois grandir Alencya....Il n'y a pas de pitié dans ce monde. C'était lui ou toi, tu as fais le bon choix » Ces paroles raisonnèrent dans son petit être, et elle hocha doucement la tête. Cette nuit là, il ne la soumit à aucune épreuve, la berçant simplement dans ses bras, longuement. Les jours passèrent, et l'enfant ne rendit plus visite à Nayel. Elle avait trop honte, c'était une meurtrière, un assassin. Elle n'avait rien à faire dans la vie de la jolie Nayel, elle ne devait pas y apporter les ombres. Les nuits suivantes, ne furent plus les mêmes. Et elle croisa plus souvent la route de MauvaisOeil que de Gabriel. Et l'enfant tua, elle tua pour vivre, ou plutôt pour survivre. Chaque fois que le sang coulait, c'était un peut d'elle même qui se brisait. Aujourd'hui elle était bien loin de l'innocence, et même si son corps lui criait le contraire, elle n'était plus une enfant. Pendant près de 10 ans, l'enfant-elfe devint l'arme principale de MauvaisOeil. Nul ne se méfiait de la petite créature d'un mètre 20, qui aurait pensé qu'une telle capacité de tuer était entretenue chez une petite fille? Volontairement, l'homme en noir l'éloigna de Gabriel, qui ne put rien faire contre son supérieur. Elle était à présent à lui, c'était son œuvre, et il n'avait pas fini de la peaufiner. De nombreuses fois, il l'avait accompagné lors des assassinats, la testant, la mettant à l'épreuve. Les cibles se faisaient de plus en plus difficiles, et il lui apprit à user du mensonge, à tromper, à se servir de son état d'enfant pour attirer la confiance de la future victime. MauvaisOeil était un chasseur, et elle comprit bientôt pourquoi il était si craint au sein des Lames d'ombre. Il avait fait d'elle son élève, et même à contre cœur elle devait reconnaître que nul ne concurrençait son esprit calculateur. Chacun de ses plans étaient étudiés sous la moindre couture, à la perfection. Aucun détail, fusse-t-il négligeable, n'était oublié. « Alencya. Maintenant tu fais réellement partit des lames d'ombre. Ton identité doit disparaître, tu n'auras plus de nom, ou plutôt tout les noms sauf le tien. Ne montre jamais ton visage, ou même ton corps lui même. Apprends à adopter un comportement ou un autre selon les situations. Personne ne doit savoir que tu es une elfe, personne ne doit savoir qui tu es. Trouve toi un nom, invente toi des personnages. Tu vas devoir apprendre à être capable d'être personne et tout le monde à la fois. » L'enfant hocha la tête, assise sur le bord du lit, son effrayant maitre regardant par la fenêtre tout en lui parlant. « Alencya doit disparaître. » Il se tourna, puis sorti plusieurs tuniques de sa sacoche. « Apprends à te déguiser, sans jamais montrer ton visage. Car, pour ton malheur, un visage d'elfe est bien trop hors du commun pour espérer passer inaperçu. » Il s'adossa au mur, la regardant. « Prends ces tuniques. Elles sont pour toi. Tes haillons et ta vieille cape trop petite ne te cachent pas assez. Enfile la noire et rejoint moi dehors » Sans un mot, elle obéit. Son étrange mentor avait un don pour la terroriser, et les dix années à le côtoyer n'avaient pas favorisé les échanges. Cet être, était insondable, incompréhensible. Jamais elle n'avait vu son visage, jamais il ne lui avait dit son véritable nom. Pourtant, elle n'avait pas l'impression qu'il tuait pour le plaisir. Non, c'était juste calculé, ça faisait simplement parti de ses plans. Depuis, elle avait apprit à mettre froidement un terme à une vie. Elle avait apprit à se haïr autant qu'elle le haïssait lui. Elle détestait ce qu'il avait fait d'elle. Mais elle lui appartenait, corps et âme. Pourtant, quelque part, elle lui vouait une certaine admiration. Il avait quelque chose d'inhumain, comme s'il venait d'un autre monde. Même de jour, il savait se faire oublier de la foule, ne faire plus qu'un avec le décors. Parfois, en pleine rue, elle l'avait vu disparaître sans comprendre comment. « Suis moi » Lui emboitant le pas, sa démarche devenue aussi fluide que la sienne, elle garda le silence. Les ruelles crasseuses commençaient à s'animer avec la tombée de la nuit, les premières taverne ouvrant leurs portes aux badauds assoiffés. C'était le printemps, et ça se sentait. Dans la rue des mimosas, les filles de joie se pressaient déjà sur la chaussée, leurs sourires enjôleurs accrochant quelques passants. La chaleur étouffante de la journée avait lentement fait place à la fraicheur nocturne, et la jeune elfe n'en appréciait que d'avantage le retour des ombres. Comme souvent, ils entrèrent à l'intérieur de la « Choppe Tordue », se glissant jusqu'à ce passage qu'elle connaissait à présent si bien. S'enfonçant dans le labyrinthe de galeries sous-terraines, les bruits de la ville se firent lointains, avant de disparaître totalement. Arrivant dans un cul de sac, MauvaisOeil enfonça d'un geste plusieurs dalles, en un mouvement précis trahissant son habitude. Le mur coulissa alors, dévoilant un salle ronde, immense, son plafond ovale légèrement incurvé soutenu par de larges pilonnes de marbre noir. Il la poussa doucement, et elle se rendit compte qu'elle avait un instant oublié de respirer. La poussière qui se souleva sous ses pas révéla de vieilles dalles usées, ornées d'étranges symboles. La voix de l'homme en noir s'éleva dans la pièce, prenant échos dans le vide oppressant: « Depuis la nuit des temps, les mortels ont craint les ténèbres, fuit les ombres, cherchant à s'abriter à la lumière. Seuls quelques rares éveillés ont vu chez elles un refuge, plus sereins parmi les ombres qu'en cette lumière qui nous rend vulnérables » D'un pas lent, il se rendit au centre de la pièce, continuant son discours d'une voix monotone: « La plupart pensent encore que l'ombre n'est qu'un reflet, une projection sombre du contours des objets. Mais la réalité est tout autre. » Il se figea, dos à elle, regardant le plafond. « Tu es encore une enfant. Pourtant, tu es déjà capable de te glisser dans l'ombre mieux que beaucoup de ceux qui ont tenté en vint d'apprivoiser les ténèbres. Ton talent est inné, il coule dans tes veines. » Elle le fixait, à l'entrée de la pièce, sursautant quand le lourd mur de pierre coulissa en condamnant toute issue. « Tu ne le sais pas encore. Mais tu ressens déjà l'étreinte des ténèbres. » Il se tourna, posant sur elle son regard vairon, légèrement luisant dans la pièce sans lumière. « As tu peur....Alencya..? » La question raisonna un instant dans son esprit. De lui, oui, elle en avait peur. Mais, ce n'était pas de ça qu'il parlait. C'était de ces ténèbres qui semblaient les happer, de ce silence si profond, si oppressant, qu'il avait quelque chose d'irréel. Pourtant, elle avait cette sensation étrange d'être dans un cocon, comme si les ombres l'enlaçaient. Oui, dans cet endroit, elle se sentait incroyablement bien. « Non, je n'ai pas peur » Elle ferma les yeux, un instant, comme pour s'enfermer totalement dans les ténèbres. « Tu les sent...n'est-ce pas Alencya? Tu entends leur appel. Ici, tu es plus proche du plan de l'ombre que n'importe où en Faerun. Cet endroit fut autrefois un portail direct vers cette autre dimension. » Elle le sentit s'éloigner, et entendit le crissement de la lame tirée de son fourreau. « Cour...Alencya... » Ouvrant brusquement les yeux, elle eu a peine le temps de bondir et de rouler au sol, esquivant de justesse la lame qui avait plongé sur elle. Quand elle se retourna, il avait totalement disparut. Elle couru jusqu'à un pilonne, incapable de le repérer, haletante. Son regard d'elfe avait beau voir aussi bien dans le noir total qu'en plein jour, elle ne parvenait pas à le repérer. Tout son corps tremblait sous l'adrénaline. Elle était terrifiée, elle savait que si elle ne faisait pas ce qu'il attendait d'elle, il la tuerait sans hésiter. Mais qu'attendait-il d'elle? Un nouveau sifflement l'alerta, et elle eu à peine le temps de fuir avant que la lame ne vienne entamer le marbre. Jetant un regard paniqué derrière son épaule, elle discerna la silhouette de son prédateur, qui avançait vers elle d'un pas lent. Le jeu de chasse dura ainsi des heures, et bientôt l'épuisement s'empara d'elle. Essoufflée, paniquée, elle n'en pouvait plus de se cacher, et elle ignorait comment il parvenait à la repérer aussi vite. « Ressent les Ombres Alencya, offre toi à elles, écoute leur murmure. » Haletante, elle ne comprenait pas ce qu'il voulait dire, son cœur allant s'écraser contre sa poitrine, son dos collé contre le marbre glacé. Un nouveau coup de lame siffla dans les airs. Et de justesse elle lui échappa, son flanc entamé par le tranchant laissant perler une trainée de sang clair. Cette fois, MauvaisOeil avait décidé de la blesser. Les morsures de la lame vinrent entamer sa chair, lui arrachant des hurlements. Elle ne parvenait même plus à courir, se trainant sur le sol, la silhouette de son bourreau la surplombant. « Dommage... » En un dernier assaut, la lame plongea vers elle. MauvaisOeil ne faisait plus semblant, il visait la gorge. Toute sa vie défila devant ses yeux, alors qu'un froid glacé l'enveloppait. Étais-ce ça la mort? Ce néant? Ces ténèbres? Cette angoisse qui enserrait ses viscères alors que tout son corps semblait comme gelé..? Le contact dur des dalles poussiéreuses la ramena à la réalité, une douleur aigüe irradiant son épaule. Que c'était il passé? Avait elle rêvé? Douloureusement, elle se remit en position assise, crispant une main sur son bras blessé. Elle avait l'impression d'avoir fait une chute de plusieurs mètres, et la certitude de s'être brisé un os. La voix suave de MauvaisOeil retentit dans la pièce, son ton empreint d'une certaine satisfaction. « Je te félicite, jeune elfe. Tu as gouté a l'étreinte des Ombres » Les séances se renouvelèrent, et chaque fois elle craignait d'y perdre la vie. Cette sensation qu'elle avait eu, ce n'était ni la mort, ni une perte de connaissance. Non...c'était quelque chose d'autre, quelque chose qu'elle n'arrivait à atteindre que quand la panique était à son comble. Elle se remémorait la scène, encore et encore. Comment avait elle fait? A chaque nouvelle expérience, c'était la même sensation, ce néant oppressant. C'était comme si les Ombres la Happaient. Ou plutôt, comme si elle les laissait le faire. Bien que continuant en parallèle ses contrats pour la guilde, elle ne revit plus Gabriel. Elle ignorait pourquoi, mais elle avait cette impression qu'on avait voulu les séparer. Aux yeux des Lames d'Ombre, Alencya était morte, elle avait disparut. A présent, elle était était Maelle, et n'avait plus d'identité propre à l'extérieur. Elle était devenue un membre à part entière, et son aspect d'enfant inspirait un certain malêtre chez les autres membres de la communauté. C'était un assassin, un Assassin-enfant, beaucoup trop doué. Le bruit courrait que MauvaisOeil l'avait pris sous son aile, et l'évocation de son mentor inspirait une profonde crainte. Une fois par mois, les membres des Lames se réunissaient dans les sous-terrains, et ces jours là, rendaient hommage au Prince des voleurs. Les traitres étaient égorgés, et ce spectacle sanglant rappelait à tous que nul ne pouvait trahir les Maskarites. Les Maitres de la guilde, dissimulés sous leurs masques, venaient ensuite rappeler leurs buts et leurs victoires, ainsi que la toute puissance du Seigneur des Ombres. Bien qu'elle pria Mask lors de ses contrats afin que les Ombres lui soient clémentes, elle n'aimait pas ces réunions visant à conditionner les fidèles. Cette secte malsaine où chacun se présentait anonymement, le visage caché, avant de crier gloire au Prince des Voleurs. Toutes ces personnes étaient des pions, juste des pions. Comment pouvaient elles ne pas s'en rendre compte? Mais tout cela lui paraissait sans importante. Car, pour la première fois, elle avait un but. A chaque nouvelle séance auprès de MauvaisOeil, elle avait senti sa sensibilité augmenter, et touché du bout des doigts un monde fascinant. Ne faire plus qu'un avec les ténèbres, c'était devenu pour elle une véritable obsession. Depuis toujours, elle avait trouvé refuge parmi les Ombres. Mais là, tout était différent, comme si elles étaient douées d'une vie propre. Non, jamais elle n'aurait cru cela possible. Il lui fallut des mois pour réussir à sentir les brèches séparant le plan matériel du plan des ombres, et de nombreuses années avant de les déceler véritablement et de pouvoir s'y glisser à sa simple volonté. Sa progression fut lente, et son mentor d'une patience incroyable. Quand enfin elle réussit à se glisser d'un plan à un autre au cœur des sous-terrains, il lui fallut encore y parvenir dans un endroit normal, loin d'être aussi imprégné par les ténèbres que l'étrange salle. C'est seulement au bout de 10 longues années, peut être par-ce qu'avec son esprit son corps aussi eût besoin de mûrir, qu'elle parvint véritablement à se glisser au sein des ténèbres. Mais elle était encore loin, très loin de les maitriser. | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:25 | |
| Nuit d'ivresse Le crissement métallique des lames s'entrechoquant prenait échos dans la voute ténébreuse du plafond de marbre. La frêle silhouette de l'elfe virevoltait face à l'imposante stature de l'homme. Celui ci plongeait sans interruption ses deux lames vers l'adolescente, chacun de ses mouvements parfaitement maitrisés, d'une précision meurtrière. Alencya roula, évitant de justesse la morsure d'une rapière, parant le tranchant de l'épée courte avec sa propre lame. L'espace d'une seconde, elle eu une chance, une toute petite, et fendit l'air vers le flanc vulnérable de son adversaire. Trop tard, la pointe acérée du fleuret entamait sa gorge, elle n'avait même pas eu le temps de le voir bouger. Rendant les armes, elle écarta les mains, en signe de défaite. « Recommence. » L'homme en noir recula, lui laissant une longueur d'avance. Tremblante, essoufflée, elle plongea vers lui lames au clair, et se retrouva fauchée dans son élan d'un coup de pied habile de son adversaire. Freinant la chute dans une roulade, elle se retrouva dos à lui en se redressant. L'instant de trop, une douleur aigüe irradiant sa nuque, les images vacillant doucement alors que sa conscience basculait dans le noir total. C'est le crissement désagréable d'une lame qu'on aiguise qui la tira de son inconscience. Massant sa nuque, elle se redressa en position assise, les images de leur combat encore floues dans son esprit, puis de plus en plus nettes. « Tu te bat comme une guerrière stupide qui fonce tête baissée, ce en tenant ses lames à la manière d'une paysanne. C'est pathétique. Ne tais-je donc rien apprit? » Elle baissa les yeux, sans répondre. A vrai dire, il n'attendait pas vraiment de réponse. « Relève toi » Obéissant, la jeune fille se remit sur pieds, son voile de cheveux noirs cachant son visage. Quand il prenait ce ton là, elle savait que sa peur été fondée. « Regarde moi. » Elle releva le nez, alors que du bout de sa lame il la força à écarter les bras et les jambes. Douloureusement, il commença par enfoncer la lame dans son flanc droit. Elle se mordit les lèvres pour contenir un gémissement. « Le foie... » Il retira la pointe, qu'il avait enfoncé juste assez pour qu'elle en souffre, mais pas suffisamment pour la blesser gravement. Il pressa ensuite le tranchant de ses lames sous ses aisselles, laissant couler un fin filet de sang. « Les aisselles, deux artères principales... » Il fit glisser ses lames à l'intérieur des cuisses, remontant jusqu'à leur naissance, le froid du tranchant provoquant chez l'elfe un frisson désagréable. Puis, sa morsure l'inonda de souffrance, la douleur insoutenable lui arrachant un hurlement. « L'aine... » Il la laissa s'écrouler à genoux, les mains crispées sur la chair pourtant à peine entamée, et glissa la lame sur la gorge, l'entamant de la même façon. « La jugulaire. » Des larmes coulèrent sur ses joues pâles, tremblante de peur. Pourtant, elle ne résistait pas, malgré la douleur, malgré l'humiliation. Il saisit alors ses poignets, les marquant comme il l'avait fait avec le reste. « L'intérieur des poignets. » La douleur lançait partout où la lame l'avait mordue, et ce anormalement. Elle avait déjà reçu de telles coupures, et pourtant jamais ressentit ça. « Tout ces points, sont appelés des points vitaux. Il te suffit d'en ouvrir un, une seule fois, et le combat est presque gagné. Mutile ton adversaire à chacun de ces endroits, et la victoire t'es assurée, fusse-t-il plus fort ou plus agile que toi » D'une poigne ferme, il l'obligea à se redresser, son regard luisant fixé dans le sien. « Tu n'as pas la carrure pour affronter quelqu'un de face. Ton agilité atteins des records, mais tu dois combattre avec ta tête. » Les blessures étaient réelles, et elle avait commencé à se vider lentement de son sang. Il la souleva par la taille, d'une main, et la porta jusqu'au brasero habituellement éteint qu'il raviva sans mal. Posant l'adolescente contre un pilier, il lui retira sa tunique, de façon à mettre au clair les blessures sanguinolentes. Pour ne pas hurler de douleur, l'elfe mordait sa lèvre inférieure, presque jusqu'au sang, son regard paniqué inondé de larmes. MauvaisOeil, dos à elle, plongea la barre de fer au sein des braises rougeoyantes, jusqu'à ce qu'elle soit animée du même feu. Puis, il approcha de l'adolescente, arrachant l'acier au brasier pour venir le plaquer contre les plaies béantes. Elle hurla, ne pouvant plus retenir ses cris auxquels il ne porta pas la moindre attention, cautérisant avec méthode chaque blessure. Quelques secondes s'écoulèrent entre le moment où il eu fini et celui où elle se décida à se redresser. Il ne lui avait pas adressé un regard, pas un mot. Doucement, elle passa sa tunique, maudissant le frottement du tissu contre ses brûlures. Il n'avait pas besoin de le dire : La leçon était finie. Alors, elle se retira, poussant presque machinalement les pierres enclenchant l'ouverture du mur sombre. Si elle appréciait les longs moments où il l'initiait au monde des ombres, ceux où elle devait l'affronter étaient pour elle bien moins agréables. Elle avait 60 ans, et il avait fait d'elle une tueuse, une meurtrière, déjà crainte parmi les Lames d'ombre. Et pourtant, il lui paraissait encore si lointain, si puissant, comme intouchable. Elle ignorait s'il existait un être capable de lui tenir tête, de rivaliser avec un tel prodige d'habilitée et d'intelligence. Même le temps ne semblait pas avoir d'emprise sur lui. Quel age pouvait il avoir? Au moins le sien, et sans doute bien plus. Pourtant, son agilité dépassait de loin celle de tout jeunes hommes. Remontant les couloirs sans lumière des sous-terrains, son esprit agité de questions, elle atteignit bientôt le vieux sous-sol d'une maison abandonné dans lequel elle avait élu domicile. Ici, seule une petite grille qu'elle avait condamné laissait passer un soupçon de lumière, une vieille paillasse constituant le seul mobilier. A présent, elle voyait clairement le lien intime résidant entre le plan matériel et celui des ténèbres. Chaque ombre était comme une porte ouverte, un chemin immatériel entre ces deux réalités. Pourtant, jamais elle ne c'était totalement immergée dans cette autre dimension. Une peur, au fond d'elle, l'en empêchait. Chaque fois qu'elle s'y glissait, c'était comme si elle effleurait la surface d'un grand lac. Au début, elle avait pensé qu'il s'agissait du vide. A présent, elle était capable d'en sentir toute l'immensité. Ce n'était pas juste le néant. Là bas, il y avait aussi une forme de présence. Machinalement, elle laissa l'ombre l'envelopper, juste un instant, quelques secondes à peine. Ce froid, ce froid oppressant, et ces murmures, ce brouhaha entêtant, enivrant, qui semblait comme vouloir attirer son esprit, l'avaler, le lui arracher. Le retour à la réalité fut brusque, presque violent. Accroupie sur le sol elle regarda la brèche qu'elle avait effleuré se refermer lentement. Elle ignorait pourquoi, mais l'appel lui avait semblé différent, plus pressant que les autres fois. Il y avait quelque chose là bas, quelque chose...de vivant. Animée par cette curiosité qui lui avait jusqu'à lors attiré plus d'ennuis qu'autre chose, elle se laissa une nouvelle fois happer par les ténèbres. Plus longtemps cette fois, s'immergeant un peut plus dans cet espace sans matière. Les murmures se firent plus pressants, peut être plus compréhensibles, et elle eu la sensation d'une caresse contre sa peau nue, comme si on l'enlaçait. La panique naissant, elle tenta de ressortir. Mais le néant semblait comme vouloir la retenir en lui, son cœur s'emballant à l'approche de la mort. Une nouvelle fois, elle sentit cette étreinte, qui la tirait, la ramenant vers l'extérieur, l'arrachant à cet insatiable néant. Puis, sa conscience chavira. Une douleur à la tête la tira doucement de sa torpeur, son regard s'ouvrant sur la pièce vide. Que c'était-il passé? Doucement, une main sur son front, elle se redressa, regagnant péniblement la paillasse un peut plus confortable que les dalles poussiéreuses. Brusquement, se relevant d'un bond, tirant ses lames, son regard fixé sur un coin de la pièce. Quelque chose avait bougé ! Non...elle devenait paranoïaque. Elle se rassit alors, sans que les armes eurent quitté ses mains. Une nouvelle fois une ombre sembla vaciller, et elle bondit sur ses deux pieds. Mais là encore..rien. Avec précaution, elle fit quelques pas dans la pièce, fouillant, retournant sa paillasse. Rien. Il n'y avait rien. Pourtant, elle avait la certitude que quelque chose la surveillait, la suivait. Mettant cette sensation sur le compte d'une folie passagère, elle décida de regagner l'extérieur pour respirer l'air frais. Sautant jusqu'au plafond, elle se suspendis à une des poutres d'une main, poussant une des vieilles dalles de l'autre, avant de se hisser au rez de chaussé. Avec précaution, elle referma le passage, avant de se diriger vers la salle à manger. Troquant sa tunique noire contre une tenue plus commune, vieille et usée, elle fit bien attention à couvrir la moindre parcelle de son corps, cachant son visage derrière un voile. Si pour MauvaisOeil elle était Alencya, et pour les lames d'ombre une inquiétante tueuse, aux yeux des gueux des bas quartiers elle était Lili, une adolescente pleine de fougue et de répartie aussi dangereuse qu'une enfant sortie de l'orphelinat. Ce personnage dont elle endossait le rôle, lui permettait de garder secret sa nature d'elfe qui, si elle était découverte, lui vaudrait des traitements sans doute pire que la mort. Quelque part, il fallait l'avouer, cette petite comédie avait quelque chose de distrayant. Dans le personnage de Lili, elle pouvait se permettre de vivre cette innocence et cette naïveté qu'elle n'avait jamais pu savourer. Et si sous la peau d'une petite humaine elle pouvait vivre quelques moments de paix, cela lui permettait aussi d'entendre et de voir ce que les adultes ne se donnent pas la peine de cacher aux gamins. A peine sortie de la maison, un garnement aux yeux noisette se précipita sur elle. « Lili! Lili ! » Amusée, elle se tourna vers lui, adoptant cette attitude détachée qui caractérisait son personnage. « Qu'est-ce tu veux Gamin? » « Lili !! Tu étais où? Tu m'as manqué!! » « Rah lache moi morveux! » Elle le repoussa, doucement, ébouriffant la tignasse noire. Sur le ton de la confidence, l'enfant continua, marchant à ses cotés. « Tu sais..l'type que tu m'as d'mandé d'chercher. J'crois que j'l'ai trouvé...Mais l'est vachement plus vieux qu'dans ta description. » Elle tiqua. Aurait elle était assez stupide pour décrire le Gabriel de 20 ans à un enfant qui devait chercher un homme de 50 hivers? « Bon..enfin, il est re'vnu en ville. Et il arrêt' pas d'boire. Il s'fait connaître sous l'nom d'Malek. Mais, c'crétin il est d'ceux qui disent tout sur l'oreiller. J'l'ai entendu parler d'sa vie à une putain, et il s'appel bien Gabriel. » Alencya sourit sous sa capuche. Elle touchait au but. Machinalement, elle passa une main dans son corset, en sortant une petite bourse sous le regard brillant de l'enfant. « Quel Bordel? » « Celui d'la rue des mimosas Pardis! » « Merci Joshua » Elle glissa une pièce d'or dans la main du gamin qui s'émerveilla. « Oh ! Merci Lili ! Merci! T'es la meilleure! » Il eu juste besoin de se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre sa joue, y posant un baisé avant de filer en courant. L'elfe sourit, l'attitude de l'enfant lui rappelait celle de son vieil ami. D'un pas assuré mais léger, elle prit la direction de la rue des mimosas. Machinalement, même sous ce personnage, elle avait prit l'habitude d'avancer toujours sous le couvert des ombres. Quand elle arriva enfin près des filles de joie, elle s'avança vers elles d'un pas assuré, les filles affichant à sa vue des sourires radieux. Une jolie blonde se pencha vers elle, ses seins nus offert à la vue de la jeune elfe, qui rosit un instant. « Mais n'est-ce pas la petite Lili?! Comment vas tu ma mignone? » Elle, c'était Vildia, et malgré son ton chaleureux Alencya ne l'aimait pas beaucoup. Elle était de ces femmes qui prennent trop de place, qui veulent imposer leur discussion quelque soit la situation et ce en retenant toute l'attention. « J'cherche Marie tu l'as pas vu? » « Oh, si, à l'intérieur avec un client. » « Merci! » Sans s'attarder trop en sa compagnie, elle se glissa à l'intérieur du bordel dans sa vieille tenue. Ici, l'amour se vivait dans l'instant, dénué de préjugés et de barrières sociales. L'alcool coulait à foison et les rires des filles se mêlaient aux râles de leurs amants. Quand une main brutale s'empara de son bras maigre, elle se raidit, grimaçant, se retournant lentement vers le bourgeois ventripotent qui l'avait saisit. « Et celle la? Elle est pas à vendre?! Hein?! » A son timbre trop grave se mêlaient des relents d'alcool, et l'Elfe sur ses gardes avait laissé une lame glisser dans sa manche. « Alors hein? T'as d'beaux yeux ma mignone ! J'vais bien d'traiter tu sais? » « Euh..non merci m'sieur..j'suis un peut trop jeune pour ça moi hein ! » « Y'a pas d'age !! Vient donc! » Elle allait en finir proprement, son poing serré prêt à frapper la tempe pour fermer le clapet de l'homme vicieux, quand une rouquine d'une beauté éclatante tira à elle le bourgeois. « Viens là mon mignon...regardes plutôt ce qui t'es offert... » « oh oh !! Oui..oui... » La jeune femme aux cheveux de feu tira l'homme à elle, laissant ses mains boudinées pétrir son corps bien fait. Quand ses prunelles d'un vert tendre se posèrent sur la silhouette menue de l'elfe, et que ses lèvres rosées s'ourlèrent en un sourire entendu, Alencya se figea totalement. Ce regard malicieux, ces boucles de cuivre, ces taches de rousseur à présent à peine visibles éparpillées sur des pommettes rosées. L'enfant qu'elle avait connu, était devenue une femme d'une beauté saisissante... *Nayel...qu'est-ce que tu as changé...* Elle le pensa si fort qu'elle faillit le dire, mais détourna les yeux pour fuir le spectacle. *Nayel..Belle nayel, comment en es tu arrivé là...? » Grimpant les marches en se glissant entre les couples ou les demoiselles à demi nue, elle se concentra sur son objectif, essayant d'oublier l'image de la belle aux mains sales de l'homme ventripotent. Bientôt, elle aperçut la silhouette de Marie, qui sortait d'une chambre à demi-vêtue, essoufflée. « Marie..excuse moi, j'sais que tu travail mais..j'peux te parler? » La jeune fille, légèrement rondelette mais au charme indéniable, sourit à l'adolescente. « Biensur, dis moi ! » « Bah..j'cherche un type, la cinquantaine, qui s'fait appeler Malek » La fille de joie afficha un air surprit, puis rétorqua: « Malek? Tu cherches Malek? » Elle lâcha un rire aigüe, qui siffla désagréablement dans les oreilles de l'elfe. « Ce type?! C'est un déchet! Qu'est-ce que tu fais à trainer avec des gens pareils? » « Hum bah..s'pour un boulot hein, quelqu'un l'cherche et l'est assez riche pour payer quelqu'un à l'faire à sa place » Les mains sur les hanches, Marie haussa les épaules. « Bah..il doit être dans la chambre du fond. Ivre comme un moine, la fille qu'il a payé a pas eu besoin d'se donner beaucoup d'mal! » « Merci jolie! » D'un pas calme, elle se dirigea vers l'endroit indiqué, sous l'oeil intrigué des filles et l'air indigné de certains clients à la vue d'une gueuse si près d'eux. Arrivée devant la porte, elle se rendit compte que son cœur c'était emballé, sa main tremblant sur la poignée. Gabriel, elle allait revoir Gabriel. L'image de Nayel s'offrant au bourgeois effleura un instant son esprit, image qu'elle chassa rapidement, poussant la porte. Verrouillant derrière elle, face a la pièce, elle ne prêta pas attention aux vêtements éparpillés et aux bouteilles brisées. Un homme dormait sur le lit, sa crinière rousse striée de fils d'argent, son corps marqué de coups nu sous les draps blancs. Patiente, elle s'adossa au mur, le regardant se tourner et se retourner dans son sommeil. Que dirait cet homme en s'éveillant? La reconnaitrait-t-il? Oui, sans doute, car a 60 ans elle atteignait à peine le mètre 40, son corps menu adoptant timidement les courbes d'une femme. A vrai dire, elle ressemblait encore beaucoup a l'enfant que Gabriel avait connu. Au bout de quelques heures, elle fini par aller s'assoir près de lui, en tailleur, détaillant son visage qui sous quelques rides avait presque gagné en charme. D'une main douce, elle alla caresser ses cheveux, l'émotion inondant son regard alors qu'elle admirait ce frère ensommeillé. Alors qu'il entrouvrait les yeux, elle rabaissa son foulard de son autre main, penchée sur lui. « Gabriel..Gabriel c'est moi...Alencya... » Il la fixa, les yeux écarquillés sous la stupeur, ce regard auparavant d'un bleu si pur, si profond, à présent rougis par les drogues et l'alcool. D'une main tremblante, il alla caresser la joue de la jeune elfe, un sourire fendant son visage. « Alencya, tu es devenue si belle;....Je t'ai cherché si longtemps. » Un bonheur innommable l'envahis quand ce frère tant aimé l'attira dans ses bras, où elle se blotti, inondée d'une joie qu'elle n'avait plus connu depuis de longues années. « Pourquoi...ils t'ont enlevé à moi... » Il la pressa contre lui, et elle ne le repoussa pas. « Gabriel...moi aussi...je t'ai cherché... » Les larmes aux yeux, elle s'enivra de son odeur, se réchauffant dans son étreinte. C'est quand il joignit ses lèvres aux siennes, retirant sa capuche, qu'un frisson d'angoisse couru le long de son échine. Péniblement, elle essaya de le repousser. « Gabriel..Gabriel..qu'est-ce que tu fais...? » Il ne prit pas la peine de lui répondre, soumettant ses lèvres à de nouveaux baisés, la faisant glisser au dessous de lui alors qu'une de ses mains arrachaient la ceinture. « Gabriel... » Suppliante, tremblante de panique, l'adolescente prisonnière du corps de son frère tenta de se débattre. Mais que pouvait elle une fois plaquée contre le lit? Elle aurait pu se saisir de sa lame, sanglée à sa cuisse, elle aurait pu en finir avec lui comme elle l'avait fait tant de fois avec nombre de ses victimes. Mais ce regard fiévreux posé sur elle était encore celui de cet enfant des rues, et ce visage marqué par le temps lui rappelaient ces années passés à rire sans se soucier de rien. Alors, elle ferma les yeux, laissant l'homme dominé par l'alcool s'emparer de son corps, la brûlure de l'étreinte marquant à jamais son esprit terrifié. Quand il eu terminé, et qu'il l'enlaça tendrement, elle ne prit pas même la peine de pleurer. Elle qui se répugnait déjà se sentait à présent plus sale que jamais. Pourquoi..? pourquoi avait-t-il fait ça..? Lorsque le sommeil s'empara de l'homme, elle se détacha de lui, enfilant sa tunique déchirée sur son corps meurtri. Un feu c'était emparé de son ventre, semblant comme le ronger, un peut plus à chaque pas. La main sur la poignée, les doigts raidis, elle laissa échapper. « Je t'aimais grand frère, adieu » Le jour s'était levé, et à son soulagement les filles se remettaient de leur nuit de travail. Comment pouvaient elles supporter ça chaque jour? Descendant l'escalier, chaque mouvement douloureux, elle se rendit jusqu'au comptoir, en sortant une bouteille. S'assayant dans un coin, elle laissa le goût suave du liquide sucré inonder sa gorge puis son esprit, oubliant dans la torpeur de l'ivresse la trahison d'un frère et la mort d'un amour. | |
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:25 | |
| Rencontres Assise sur sa paillasse, la jeune elfe fixait le mur, juste face à elle. Quelque chose avait bougé, des mois entiers s'étaient écoulés et elle avait toujours cette sensation indélébile d'être suivie. « Montre toi... » Lames au clair, elle ne lâchait pas le mur des yeux. Ce manège c'était répété si souvent ces dernières décades qu'elle avait l'impression d'être devenue réellement folle. « MONTRE TOI JE TE DIS ! » Bondissant, elle alla planter d'un coup vif son poignard dans le mur, rageuse. Reprenant son souffle, elle tira la lame des pierres, tremblante de frustration. Encore un crissement ! Vivement, elle se tourna, prête à en finir avec ce nouvel espion, se retrouvant nez à nez avec MauvaisOeil. Il ne dit rien, mais son air stupéfait trahissait largement sa pensée, et l'elfe se sentit terriblement ridicule. « Maitre je...j'étais sure que.. » Il s'éclaircit la voix, rompant toute tentative d'explication de sa part, et lui fit signe de le suivre. Comme à leur habitude, ils descendirent le long du labyrinthe de galeries, jusqu'à la salle de marbre noir dans laquelle MauvaisOeil avait fini par aménager un véritable parcours d'entrainement. Au début, cette sensation d'être suivie n'avait été qu'une vague impression. A présent, c'était plus qu'une certitude. « Maitre..est-ce que, je peux vous poser une question? » Il se tourna vers elle, alors que le passage se refermait derrière eux. « Tu viens de le faire. » Elle prit cela pour un oui, avançant, hésitante. « Maitre je..je suis sure, que quelqu'un me suit. » « C'est le cas. » « Je... » Elle perdit un instant la voix. Cela faisait bientôt 6 mois que cette histoire la poussait doucement vers l'hystérie, et des mois, qu'il le savait. « Mais... » « Es tu assez stupide pour croire que je ne m'en rendrais pas compte? » Elle ne répondit pas, baissant les yeux, les questions lui brûlant les lèvres alors qu'ils se rendaient au centre de la salle. « Par contre, ne je te croyais pas assez stupide, pour ne pas t'en rendre compte toi même.. » Elle releva les yeux, alors qu'il installait les 4 braseros autour d'elle, y faisant naitre de larges flammes. La lumière vive encercla Alencya, dont l'ombre statique frémis un instant. « Regarde...regarde à tes pieds.. » L'elfe baissa les yeux, et demeura un instant stupéfaite.... Son ombre, était anormale, différente. Elle recula d'un pas, et il y eu une seconde de décalage avant que sa silhouette ne se dessine à nouveau a ses pieds. « Que.. » Elle fit quelques mouvements, que son ombre suivit, mais toujours avec ce petit décalage, d'habitude invisible à l'œil nu. Fronçant les sourcils, elle s'accroupit, posant une main sur le sol ombragé. Elle ne pouvait pas la voir, mais elle la ressentait. La présence qui l'avait rendue presque folle, était là, à ses pieds. D'un seul coup, l'ombre s'étira, se décollant du sol sous le regard ébahi de la jeune fille. La créature prit forme, se détachant de la projection de sa propre silhouette pour prendre un aspect brumeux aux contours troubles. Fascinée, Alencya tendit la main vers elle, effleurant du bout des doigts la masse intangible. « Elle se cachait dans ton ombre depuis des mois. J'ignore de quelle façon, même si je le devine aisément, mais cette créature t'a suivit jusqu'ici. En vérité, je penses que tu l'as appelé, sans t'en rendre compte. » L'elfe, émerveillée, resta muette quelques secondes, sous le charme de cet être étrange, enveloppé de mystère. « Est-ce que..est-ce qu'il me comprends..? » MauvaisOeil s'approcha, détaillant à son tour la créature. « Je l'ignore. Je suis moi même parvenu à me lier à l'un des siens. Le lien qui peut exister entre un disciple de l'ombre et l'Ombre qu'il invoque est particulier et propre a chacun. Ce que je peux te dire, en revanche, c'est que quand l'une de ses créatures décide de s'attacher à un fils de l'ombre, il est très difficile voir impossible de la renvoyer d'où elle vient. Il va te falloir t'habituer à sa présence. » Cette nouvelle rempli le cœur de l'elfe de sentiments contradictoires. A la fois, cet être l'intimidait, l'effrayait. Mais parallèlement, son mystère et sa nature l'émerveillait. Pourquoi cette créature avait elle décidé de la suivre? Allait-il se tisser entre elles une lutte ou un lien solide? Dans tout les cas, elle mourait d'envie d'en savoir plus sur elle. Et, quand elle lui sourit, elle eu l'étrange sensation que l'Ombre l'avait comprit. « Qu'elle soit ici, signifie que tu as été capable de l'appeler. Et que, par conséquent, tu es capable de manipuler les ombres dans une certaine mesure, et plus seulement de glisser en elles. » Elle releva les yeux vers lui, s'arrachant à sa contemplation de la créature. « Jusqu'à lors,tu as appris à te glisser dans le plan des Ombres, à l'effleurer, à t'y faire accepter. Mais à présent, tu ne dois plus te contenter de voyager entre les deux dimensions, tu dois être capable de les manipuler. Tu ne deviendras une véritable danseuse de l'ombre que quand tu sauras attirer à toi les ombres elles mêmes. » Intriguée, elle n'osa pas l'interrompre, buvant la moindre de ses paroles. « Notre langage, nos mots, les Ombres ne le comprennent pas. L'appel, doit venir du cœur et de l'esprit. Si tu cherches à les capturer, elles fuiront comme l'eau qui glisse dans la main. Fait les venir à toi.. » Elle hocha la tête, prisonnière de son cercle de lumière, les seules ombres visibles à plusieurs mètres d'elle. Machinalement, elle tendit la main vers une zone d'ombre.. « Tu essaies de faire quoi là? De les attraper? Appelles les. » Obéissant, elle baissa la main. Les appeler..qu'est-ce qu'il pouvait bien entendre par là? Elle ferma les yeux, se concentrant. Dans cet étrange néant, la vue lui était inutile, tout comme ses 4 autres sens. C'était autre chose, cette chose au fond d'elle qui avait crié à l'aide quand les ténèbres l'absorbaient, c'était ça qu'elle devait retrouver et utiliser. Elle s'assit en tailleur au centre du cercle, et le silence s'installa. Une main posée sur le sol, sa respiration se faisant de plus en plus lente, elle s'imprégnait de l'atmosphère de l'étrange endroit. D'abord, dans son esprit, elle sentit la présence de la créature, qui venait se fondre dans sa propre silhouette. Puis, petit à petit, elle ressentit les brèches, tout autour d'elle, au delà du cercle de lumière. Elle n'eut bientôt plus de notion du temps, seule celle de l'espace et de l'intime liaison entre le matériel et l'intangible persistant dans son esprit. Et puis, cette sensation, celle que connait le peintre qui fait naitre un tableau, de celui dont l'esprit sait modeler la lumière. Les ombres s'étaient mises à glisser, répondant à son appel, comme si elles comprenaient, comme si elles savaient. Un frisson glacé parcouru tout son corps, puis elle ouvrit les yeux. La lumière autour d'elle avait en partie disparue, les ténèbres avoisinantes remontant jusqu'à son épaule. A peine sa concentration fut-elle rompue, que les Ombres s'étaient retirées. Mais le regard satisfait de son mentor la rassura. C'était le début d'un nouvel apprentissage. La séance dura ainsi des heures, et l'élève en ressortit tremblante, épuisée, mais impatiente de renouveler l'expérience. Malgré son caractère antipathique, malgré la haine qu'elle pouvait lui vouer, elle ressentait pour MauvaisOeil plus que de la crainte : du respect. Remontant le long des couloirs étroits, elle repensa à cet homme, celui qu'elle se devait d'appeler maitre. Et, étonnamment, elle se sentit profondément flattée qu'il l'ai choisie pour élève. Cet homme était détesté de toutes et de tous, détenteur d'une puissance terrifiante et privé de tout sentiments, de toute émotion. Pourtant, ce savoir mystérieux qu'il avait acquit, cet étrange monde qu'il avait découvert, c'était à elle, et elle seule qu'il en avait délivré les secrets. Pourquoi? Elle ne le saurait jamais, sans doute pour faire d'elle une pièce importante de l'immense échiquier qu'était pour lui le monde, une reine à son service. Regagnant machinalement le vieux sous-sol dans lequel elle avait élu domicile, elle poussa la porte d'un geste las, étouffant un bâillement d'une main. Quand son regard s'arrêta sur la silhouette assise sur sa paillasse, sa lame eu tôt fait de rejoindre sa paume, et elle se réfugia sous le voile de la première ombre. La femme se retourna, de soyeuses boucles rousses échappant à son capuchon, ses prunelles vert tendre fouillant la pièce. « Alencya...je sais que tu vis ici...j'ai retrouvé ta trace. Alencya, c'est moi, Nayel, s'il te plait..montre toi. » L'elfe, accroupie au pied du mur, happée par les ténèbres, ne lâchait pas des yeux la jeune femme, les questions se bousculant dans sa tête. « Alencya...je t'en prie. Je t'ai cherché, toutes ces années je n'ai cessé de penser à toi. Je t'en prie..revient moi, revient moi petite elfe. » Des larmes montèrent au yeux de la jeune elfe, mais sa main restait ferme sur le manche de la lame. Quelqu'un avait-il osé envoyer Nayel pour l'éliminer..? « Je sais..que c'était toi au bordel, j'ai vu tes yeux, tes yeux pailletés d'or. Il n'y a qu'une personne possédant ce regard. Tu dois être terriblement déçue de m'avoir vu là bas. Tu sais, j'avais honte, mais je n'étais pas sure, pas sure que ce soit toi, alors je n'ai pas osé t'aborder. Isabeau est morte et mes frères enrôlés. J'ai...j'ai fait comme j'ai pu... Alencya, j'ai besoin de toi, je t'en prie..» L'elfe ne pu pas longtemps résister à l'appel de son amie tremblante, s'arrachant aux ombres pour aller l'enlacer. « Alencya..Je savais...je le savais » La jeune femme se serra contre elle, des larmes de bonheur inondant ses joues rosies. Pendant de longues minutes, elles restèrent ainsi, se perdant dans la chaleur de cette étreinte qui leur avait tant manqué, s'enivrant de la présence de l'autre. Puis, la belle rouquine vint rompre le silence, son regard vert tendre humide d'émotion. « Où étais tu...? Pourquoi..pourquoi as tu disparu? » Doucement, l'elfe alla essuyer une larme sur la joue de l'humaine, contemplant le visage finement dessiné. « Je ne suis plus l'enfant que tu as connu Nayel. Je...J'ai fais, des choses horribles, des choses que tu n'imagines même pas. Je..je voulais...je voulais que tu te souviennes juste, juste de celle que j'étais. » Nayel releva vers elle son regard embué, passant sa main douce sur la joue d'Alencya. « Alencya...je t'ai tellement cherché. Ne me laisses plus jamais tu entends? Plus jamais, quelles que soient les raisons, quelles que soient tes pensées. » L'elfe hocha la tête, resserrant son étreinte autour l'humaine. L'odeur de ses cheveux n'avait pas changée, ce parfum fruité étrangement entêtant. Ainsi, contre elle, elle était bien, incroyablement sereine, comme elle ne l'avait encore jamais été. Un frisson de bien-être agita son corps frêle, alors qu'elle se pressa contre la jeune fille, enfouissant son visage au creux de son épaule. Nayel, belle Nayel, avec qui elle avait partagé plus qu'avec nulle autre, qui jamais un instant ne lui avait porté autre chose que tendresse et douceur. Nayel, cette enfant au sourire facile, qui avait si longtemps éclairé cette vie dominée par les ombres. Le souvenir de ce baisé d'enfant, la douceur de ses lèvres, cette saveur sucrée, ressurgit dans sa mémoire. Ce sentiment qui les avait unies petites filles, n'avait jamais été le même que celui qui avait pu la lier à Gabriel ou à Bill. Non, c'était quelque chose de plus mystérieux, d'entêtant, de sauvage... « Nayel...moi non plus..je ne veux...plus jamais » Elle chercha ses lèvres, juste pour y goutter, encore une fois, une toute petite fois, juste pour vérifier si elles avaient encore cette étrange saveur. Et l'humaine tressailli, répondant passionnément à l'appel langoureux de la jeune elfe, ses mains s'égarant dans la sombre chevelure. « Nayel..Je t'aime.. » Et, alors que les deux femmes s'aimaient pour la première fois, un homme s'écroula au coin d'une ruelle, un poignard au manche sombre figé dans son cœur. Une voix sombre, inquiétante, retentit dans les ténèbres, le regard vitreux du mort en devenir fixé dans les yeux verrons de son bourreau: « Tu ne la toucheras plus jamais Gabriel. » | |
| | | Lye Eclaireur du flood
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:26 | |
| Libertée Et les mois s'écoulèrent ainsi, puis les années. Auprès de MauvaisOeil, elle progressa dans la voie mystérieuse des ténèbres qui devinrent une part entière de sa vie, plus encore, une partie d'elle même. Sa relation avec l'Ombre fut comme l'expression de cette symbiose. Un lien étrange, mystique, se tissa doucement entre elles, de ces liens que seule la magie sait sceller. Parallèlement, elle passait son rare temps libre auprès de son aimée, découvrant auprès d'elle un tout autre domaine: celui de l'amour. Si sa première expérience en la matière avait était plus que pénible, Nayel lui réapprit à accepter ce corps salit, à force de patience, de caresses. Malgré le lien qui les unissait, jamais l'elfe ne lui confia ce qu'elle était réellement, et la belle humaine s'en contenta, ne cherchant pas en savoir d'avantage. Si Nayel tolérait les secrets de sa compagne, Alencya, elle, devait supporter chaque nuit où l'humaine s'offrait aux mains perverses de ses nombreux clients. Le temps passant, elle la vit doucement vieillir, puis mourir, alors qu'elle même semblait imperméable aux ravages du temps. Sa perte marqua la fin de ce bonheur éphémère, qui pourtant demeura éternellement dans le cœur de l'immortelle. C'est un soir d'hiver, balayé par les pluies, qu'elle perdit la trace de son étrange Mentor. Il n'avait jusqu'à lors jamais manqué l'un de leurs rendez vous, et cette absence marquait la fin du long périple de son apprentissage. Pour une raison obscure, il l'avait libérée, et elle ne put jamais lui demander pourquoi. Il était son seul maitre, sa seule chaîne la liant aux lames d'ombre. Elle en avait longtemps été un membre, et un membre important. Son rang lui avait donné accès à des secrets que les maitres de guilde ne voulaient pas voir loin de leur emprise. En les quittant, elle savait qu'elle serait fichée parmi les traitres, poursuivie, traquée. Alors, elle effaça toute trace de son passage, et quitta dans la nuit l'imposante Messempar. Elle partit loin, aussi loin qu'elle pu de la vieille Unther, gouttant ,pour la toute première fois, à la liberté. | |
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| Sujet: Re: [Validé][Roub/mdo][EL]Alencya Jeu 5 Nov - 22:27 | |
| *Quelques pages d'un journal jaunis retrouvé dans une étrange sale de marbre noir...*
Cela fait des dizaines d'années que je suis sur cette terre, un siècle, un siècle que j'avance dans cette vie sans en voir le bout. Je ne sais pourquoi les dieux m'ont condamné à cela.. Parfois, je me demandes s'il en existe d'autres. Souvent, je me demandes comment était ma mère. Est-ce qu'il y a d'autres elfes? Est-ce que quand je serais lasse de me battre pour cette vie l'un des miens me guidera jusqu'à cette île mystérieuse où ils se sont cachés? Ici, à Messempar, on parle rarement de ce peuple pourtant légendaire. Mais, dans de vieux ouvrages jaunis au fond de quelques bibliothèques oubliées, j'ai trouvé des récits d'aventuriers décrivant les elfes d'une plume passionnée. On les décrit souvent comme des êtres sylvestres, proches des fées et fils des forêts. Quand je les imagine, je me demandes s'ils se couvrent juste de feuillages et de peau de bêtes, où s'ils battissent des citées d'or auréolées d'étoiles. On dit que leurs flèches percent même l'acier, et que sous leur pas aucun son ne peut naitre. J'ai même trouvé un livre où il était écrit qu'ils savaient murmurer à l'oreille des bêtes. Vous imaginez? Parler à un félin ! Où mieux, à un aigle! S'envoler avec lui à travers ses cris! Oh, et j'ai même lu que certains elfes sauraient se changer en dragon ! En dragon ! Crachant des flammes et fendant l'horizon d'un seul battement d'aile! Il est dit dans « les mémoires de Kaldilek », que ce sont eux un jour qui ont apprit aux humains à tirer de la toile l'essence des arcanes. Il est dit que ce sont les magiciens les plus puissants, les plus talentueux de tout Faerun ! Que d'une seule main ils font naitre une montagne, que d'un seul geste ils arrêtent le temps ! On dit que leur musique est d'un timbre irréel, que nulle âme humaine ne peut s'y soustraire, et que par des danses endiablées ils enflamment leurs nuits. Je ne peux discerner le vrai du faux. Et j'aurais tant aimé connaître ce peuple qui m'a engendré et qui semble posséder tout le savoir du monde. Je prie les dieux, pour qu'un jour, je les retrouve et qu'ils répondent à toutes ces questions que j'aimerais leur poser.
Mais à Messempar, ils sont détestés, chassés. D'ailleurs, il n'y en a pas un seul. Déjà que les humains se battent entre eux, alors les autres races n'ont pas la moindre chance. C'est pour ça que je dois sans arrêt me cacher. Quand j'étais petite fille, toute petite fille, les adultes étaient si écœurés par la crasse qui me recouvrait qu'ils ne prêtaient que rarement attention à ma nature. Et puis de toute façon, je les fuyait comme la peste. C'est vrai que parfois certains paraissaient étonnés a ma vue, mais dès qu'on s'approchait de moi j'avais prit l'habitude de très vite m'enfuir. La garde a toujours été ma première ennemie, alors elfe ou non, je ne les laissaient pas non plus m'approcher. Enfin, la majeure partie de mon temps, j'ai vécu dans l'ombre. A 20 ans seulement, ce qui est jeune pour une elfe(...enfin, je crois?), j'ai été capturée et gardée en cachot pendant près de trois années. Après, c'est comme si je n'avais jamais plus retrouvé la lumière. Auprès de Gabriel, j'ai apprit l'art des gens de l'ombre. Enfant déjà, je savais me faire passer pour une mendiante ou une lépreuse. Avec lui, j'ai apprit à prendre des tons qui n'étaient pas les miens, des postures, une façon de marcher. J'ai toujours été douée pour jouer la comédie, Gabriel m'a juste apporté un art du déguisement plus poussé encore. Dans la vie, il faut savoir adopter de multiples facettes! Oh, bien sur, cela n'a pas toujours été facile. Mais je dois avouer qu'endosser un rôle m'a toujours amusé. Ceci dit, les échecs furent cuisants, et heureusement que mon grand frère veillait sur moi. Ça me rappel une fois, je n'étais pas bien vieille, et j'avais eu la mauvaise idée de me barbouiller de suie pour me noircir la peau. Quelle mauvaise idée.. Il fallut quelques minutes avant que ça me pique les yeux et le nez, et que je me mettes à pleurer. Alors, une gamine aux oreilles pointues qui pleure en se frottant les yeux couverte de suie, je peux vous dire que pour ne pas attirer l'attention c'était vraiment raté. Enfin le plus dur..c'était l'intonation. Même complètement cachée, ma voix est différente de celle des humaines. Alors, il me faut l'aggraver, essayer d'adopter un ton qui ne m'est pas du tout naturel. Imaginez un peut, les tressaillements au milieu d'une conversation, comme ça faisait bien. Quand j'ai commencé, mon ton ressemblait plus à celui d'un adolescent en train de muer qu'à une jeune femme ! Non, ce n'était pas du tout crédible. Enfin, heureusement, j'avais assez d'exemples autour de moi pour prendre des modèles, et avec Gabriel, tout jeunes, on adorait singer les grands. J'ai toujours eu dans ce domaine un certain talent, et j'avoue qu'à présent je suis bien contente d'avoir brillé dans cet apprentissage. Parfois, j'hésite à m'engager dans une troupe de comédiens !
Enfin, je suis quand même pressée d'être au jour où je pourrais me balader à visage découvert. Par-ce que, vous n'imaginez pas en été, à quel point un foulard peut être désagréable! Mais quelque part, avec tout ce temps passé à me cacher, ma capuche, mes vêtements trop grand, j'aurais un peut de mal à vivre sans.
*D'autres pages d'un journal jaunis retrouvé dans une étrange sale de marbre noir...*
Au début, c'était juste une sensation d'être suivie, comme si mes sens étaient perpétuellement abusés. A vrai dire, j'avais peur, c'était comme si ma vie était sans arrêt surveillée par un inconnu. Je ne savais pas vraiment si je devenais folle, ou s'il se passait réellement quelque chose. Durant six mois, la présence est devenue de plus en plus oppressante, de plus en plus réelle. Parfois la nuit, j'étais tirée de ma rêverie par la sensation d'avoir été enlacée par quelqu'un. C'est vraiment quand j'ai approché l'hystérie, n'arrivant même plus à dormir (même si je ne dors pas vraiment, mais je vous expliquerais tout cela un autre jour), que j'ai fini par en parler à MauvaisOeil, mon mentor. Je dois avoué que quand il c'est moqué de moi, j'ai eu envie de lui sauter à la gorge. Cet homme, insondable, semblait vraiment tout savoir. Et durant ces six mois de folie, il savait ! Et il m'avait laissé me torturer l'esprit, en simple observateur, comme devant une nouvelle expérience. De toute façon pour lui j'étais une expérience..enfin passons, c'est une autre histoire. Ceci dit, je crois que sans lui j'aurais réellement sombré dans la folie. Comme toujours, ce maitre antipathique m'a ouvert les yeux sur l'objet de mon problème. Pendant six mois, moi qui avait pourtant déjà un lien très particulier avec les ombres, je n'avais pas prêté attention à ma propre projection. Là, quand à mes pieds j'ai vu ma silhouette vaciller anormalement, c'est une intense curiosité qui m'a envahis, et non pas de la peur. Je sentais, je sentais la créature, et découvrir que je n'étais pas folle fut un immense soulagement. C'est étrange, et j'aurais du mal à vous le décrire, mais..je la voyais. Pas avec mes yeux, avec autre chose, je voyais l'Ombre. Cette créature fascinante qui c'est matérialisée devant moi. Non..pas matérialisée, ce n'est pas le bon mot. Juste, qui faute d'apparaitre encore clairement à mon esprit, c'est dessinée sous mes yeux. A partir de ce moment là, je ne me suis plus jamais sentie seule. Quelques soient les tournants de ma vie, elle est restée près de moi. Au début j'étais un peut angoissée, j'ignorais ce qu'elle était, ce qu'elle me voulait. Et puis, j'ai très vite compris, même si j'ignore encore comment, qu'elle ne me voulait pas le moindre mal. Entre elle et moi, il c'est passé quelque chose comme...une fusion ? Non..non...pas une fusion, car elle a son identité propre non..une symbiose. Elle avait besoin de moi pour exister sur ce plan, j'avais besoin d'elle pour avancer dans le sien. J'étais sure à présent de ne plus jamais crainte le néant du plan immatériel, car j'avais un guide. Les années passant, ma sensibilité a progressivement augmenté vis à vis de ce monde parallèle. Le travail du danseur des ombres est un travail de tout les instants. Car en plus de devoir jongler entre deux réalités, il ne faut pas y perdre sa raison. Et croyez moi, dans le froid et les ténèbres du plan de l'ombre, on la laisserait facilement vaciller. Mais les Ombres me passionnent. Je crois qu'on pourrait même dire qu'elles me hantent. C'est comme...un enfant devant un jeu d'énigmes. Je veux savoir, je veux tout savoir, découvrir, toucher. Ce mystère immense qu'est celui des Ombres devient l'obsession de quiconque en découvre un morceau. Et il n'y a pas que ça. J'ai toujours du me cacher, j'ai toujours du fuir. A vrai dire, dans ma vie, j'ai rarement eu de moment de paix, de liberté. Quand je glisse d'une ombre à une autre, je me sens libre, véritablement libre. Comme l'homme rêve de voler, moi je rêve de plonger dans cet univers parallèle sans avoir à le craindre. C'est un don, un talent, un joyaux que MauvaisOeil m'a offert. Si j'ai eu un autre amour que Nayel dans ma vie, c'est bien ce monde là. Zerty, est une part de ce monde. Zerty? Oui, c'est le nom que j'ai donné à la créature qui me suit. Pourquoi lui donner un nom? Oh, mais c'est lui qui me l'a donné. Il est bien difficile d'expliquer comment. Car Zerty n'a pas d'oreilles, pas de bouche. En fait, notre lien, notre façon de communiquer, j'aurais bien du mal à l'expliquer avec des mots. Vous voyez, par exemple, deux personnes extrêmement proches? Prenez des jumeaux, ou un vieux couple qui s'aime. Et bien, quand l'autre aura froid, ils n'auront pas besoin qu'il le dise pour le comprendre, ils lui offriront leur veston. Quand il aura faim, ils le comprendront à ses simples mimiques, à la façon qu'il a de passer sa main dans ses cheveux, a mordiller un ongle. Quand il sera mal, ils n'auront même pas besoin de le regarder, ils le sauront. Et bien ma relation avec Zerty s'approche un peut de ça. Nous n'avons pas besoin de parler au sens propre du terme. Le dialogue, on ne le prononce pas, on le ressent. Quand il voit quelque chose, je le sais, quand j'ai peur, que j'ai besoin de lui, il est là tout de suite. Un tel dialogue, vous l'imaginez bien, a prit beaucoup de temps à se mettre en place. Au début, j'étais comme une étrangère qui essaie de parler sa langue à un autre. Mais lui, bizarement, il m'a toujours comprise. A présent, je me dis,que c'est plutôt moi qui ai du m'habituer à lui que le contraire...
J'espère qu'il sera toujours auprès de moi, cet étrange compagnon de l'autre monde. | |
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