Pensées d'un mage...
Qui suis je? Un vieux. Et comme tout bon vieux, je ressasse le passé, encore et encore. Cela m'aide à réfléchir, à retrouver dans mon passé une bribe de souvenir... La solution à mes problèmes.
Mon nom est, où plutôt était, Romuald Rosencenon. Fils de paysan honnête, pauvre également mais certes honnête d'un "patelin" nommé Arabel, au Cormyr. Comme tout fils de paysan, j'étais destiné, avec mes trois frères, à devenir paysan... Alors que mes cinq sœurs seraient "distribuées" dés qu'elles en auraient l'âge pour mariage. J'étais le troisième fils, ce qui voulait dire qu'à la mort de mon père, j'aurais tout intérêt à avoir fondé ma propre affaire.
Certains ont plein de rêves, le cœur aventureux... Ils sont jeunes, tout le monde leur appartient. Ce fut également mon cas. A dix neufs ans, je partais sur les routes, au grand désespoir de ma famille, mais tant pis. Comme disait mon père "l'est rusé le Romy". Sans vouloir me venter, il est vrai que j'étais plus rusé que certains... Notamment mes frères, assez stupides pour continuer leur vie misérable : et en être fiers!
Mais avec une misérable pièce d'or et un arc de chasseur l'on ne va pas loin. Cinq jours après mon départ, je tombais sur un groupe de bandits... Qui attendaient là depuis des jours et étaient déçus par leur "butin" en s'en prenant à moi. Je dois fort probablement la vie à une véritable aventurière : Laura Montrur. Par pure générosité, elle me libéra des bandits et réussit à les faire fuir. Laura... Aussi caractérielle que moi, une véritable peste. Il parait que deux caractères forts ne sont pas fait pour s'entendre, mais, trois ans plus tard, nous parcourions toujours les routes ensemble... L'amour de ma vie, et un amour réciproque. Pourquoi trois ans? En fait, nous avons tenus près de vingt cinq ans ensembles.
Trois ans, car c'est au bout de trois ans qu'elle décida de me révéler un secret qui allait changer toute ma vie : elle était une Ménestrelle. C'est ainsi qu'elle me "parraina" comme l'on dit chez nous... Elle savait que j'avais des méthodes bien à moi et un caractère bien trempé qu'elle n'approuvait pas toujours, mais sa seule certitude est que j'œuvrais pour le bien : de nombreuses personnes regardent le mal agir mais ce contentent de dire "que puis je y faire?"... Elles ont bien raison. Mais un aventurier ne peut pas dire "que puis je y faire" : non, il agit.
Les Ménestrels sont mystérieux... Chacun agit à part, peut être que l'homme à dix pas de moi dans cette taverne est un Ménestrel? Comment le savoir? Le secret est important. Néanmoins, nous n'agissons pas tous chacun dans nôtre coin, sinon l'on ne pourrait dire que nous sommes une organisation. Ainsi, les rapports fusent de tout Faerun vers les "Grand Ménestrels", qui font en sorte que toutes ses informations soient archivés et conservées.
Un ménestrel sait donc tout? Oui, car il a accès à énormément de connaissances. Persuadée que je serais nommé Ménestrel confirmé, Laura m'appris des tas de trucs. Dont un important : la lecture. Elle s'émerveilla quand elle constata qu'il me fallut qu'un mois et demi pour maîtriser complètement le commun à l'écrit. Elle m'apprit également quelques "tours de magie". Des bases des arcanes profanes, suffisantes pour être particulièrement utiles lors de nos missions. Ainsi, j'ai du apprendre également le draconique, le langage commun des magiciens. Pratique pour déchiffrer les grimoires de ses derniers : les grimoire d'un mage est une façon de comprendre son caractère, ses buts... Et s'il est maléfique ou pas.
Un Ménestrel est un paladin? Sûrement pas! Un paladin ne s'infiltre pas chez les gens comme un voleur, il ne ment pas. Nous servons aussi la cause du bien mais à nôtre manière. Les espions ne sont pas typiquement mauvais et nous autres, Ménestrels, représentons bien cela. Quel est le problème, si l'on use du mensonge pour faire le bien? Tout comme Laura, je deviendrais un spécialiste dans la recherche d'informations. Les Ménestrels sont soutenus par de nombreuses divinités humaines et elfiques. Certaines divinités de la connaissance, des artistes, mais, pour ainsi dire toutes des divinités "bonnes". Ses divinités accordent une certaine bénédiction aux agents de cette organisation. Certains pensent que cette "bénédiction" n'est que le fruit de nos recherches et nôtre savoir. Ils ont peut être raison, peut être tord.
Quel est le pire ennemi de l'humanité? L'homme, bien sûr. Les orques sont mauvais, d'accord. Mais qui est plus dangereux et imprévisible que l'homme? Ainsi, comme Laura me le conseilla, j'ai appris à me méfier des humains, car nul ne sait ce qu'ils peuvent cacher. Les paladins eux mêmes peuvent être la source du mal, sans même s'en rendre compte! Les Ménestrels rassemblent des informations dans le but d'éviter cela à tout prix.
Eugène. Mon nom de Ménestrel. Ridicule n'est ce pas? Mais, comme Laura l'avait prévue, c'est ce que je suis devenu. Nous avons passé plus de deux décennies ensembles, à combattre pour nôtre cause, celle de nôtre organisation. De nombreuses aventures, de nombreux pourparlers, discutions... Je suis devenu temporairement le garde de trois cités, quand ce n'était pas le nouveau membre d'une guilde de voleurs... Les petits tours de magie appris par Laura me sauvèrent la vie plus d'une fois... Celle de ma compagne également. Mais, un jour arrive où Tymora cesse de nous sourire. Ce jour là, Laura commit une erreur en infiltrant une guilde de voleurs de Portcalim : il m'a fallut deux mois pour savoir ce qu'il était advenu de son cadavre... J'étais brisé. Je dirais même que je le suis encore. Mais cela ne fit que renforcer ma détermination : "quand l'un d'entre nous mourra, l'autre continuera pour deux", telle était nôtre promesse.
Hélas, je commençais à faire vieux. Je savais que je ne serais plus aussi efficace qu'avant, et que cela ne pourrait aller qu'en empirant. C'est alors que je pris une décision folle, comme toujours : la magie me plaisait, j'en connaissais certaines bases... Pourquoi ne pas continuer sur cette voie qui, contrairement à bien d'autres, n'était pas altérée par la vieillesse?
C'est à quarante six ans que j'arrivais à Eauprofonde. Une cité splendide, n'est ce pas? Trêve de jeux de mots : je me souviendrais toujours de la tête de la guilde d'eauprofonde quand je me suis présenté en tant qu'apprenti : allons, à vôtre âge voyons! Mais, quand je leur ai reformulé ma requête en draconique quasi parfait, ils m'ont acceptés aussitôt.
Je décidais de devenir généraliste, pour goûter un peu à toutes les écoles et choisir mes préférées par la suite. Rapidement, je fus attiré par l'école de l'abjuration. Pourquoi donc? Car je voyais là le meilleur moyen de défaire le mal... Mais aussi de protéger mes os vieillissant. Cet apprentissage fut long et fastidieux, mais j'apprenais à aiguiser mon esprit, lentement mais sûrement. Pour pouvoir continuer à exercer quelques actions pour les Ménestrels, j'abandonnais une bonne part de mon entraînement martial. J'aurais peut être fait un bon guerrier, mais j'ai toujours senti que cela n'était point ma voie...
Je m'égare! Donc, l'abjuration, pour la protection qu'elle procure et sa puissance pour défaire les sortilèges et sorciers particulièrement maléfiques : combien de fois par le passé, nous aurions eus besoin d'un bon mage? Un moment, j'ai pensé à la divination, mais au final, pour quoi faire? Je me sentais largement capable de repérer ce qu'il fallait repérer de mes propres yeux. Certes la vue baisserait peut être... Mais jamais au point d'anéantir toute une vie d'espionnage... Surtout en sachant que je continuais à m'entraîner. J'apprendrais peut être quelques tours de cette école là, mais je n'avais pas besoin de faire une étude approfondie de cette école non plus.
Combien de manipulations complexes m'éviterait l'école de l'enchantement? Manipuler directement l'esprit pour obtenir une information, pour arriver à faire croire que je ne suis qu'un vieux sénile? L'être vivant est constitué de trois choses, le corps, l'âme qui est la source des sentiments et l'esprit : l'esprit qui dirige le corps et qui est influencé par l'âme. Et c'est l'esprit que l'enchantement affecte. Pour moi, ce qui fait qu'un individu est bon où mauvais découle directement de l'âme, c'est donc sans rancunes que je manipule l'esprit, tant que c'est pour la bonne cause.
Dernière école qui me parut plaisante : l'invocation! Y a t'il meilleur informateur qu'un être observant sans cesse le monde réel depuis les plans? Mais aussi, quel meilleur moyen de détruire un démon, que d'invoquer un céleste? Et pourquoi pas invoquer un démon aussi? Ils peuvent également être sources d'information... Mais à la seule condition de prendre bien plus de précautions. Précautions? Tiens, ne serais ce pas l'abjuration? S'assurer que la créature ne ment pas? Tiens, ne serais ce pas l'enchantement? Bannir la créature en cas de problèmes? L'on retrouve l'abjuration! Miracle, trois écoles qui se complètent plutôt bien. Mais une école dangereuse tout de même, c'est pour cela que je décidais d'étudier les forces et faiblesses des êtres extérieurs, particulièrement les diables, démons et autres joyeusetés... Si l'un d'entre eux ce balade dans la nature, je connaîtrais ses forces, ses faiblesses et saurait quel est le meilleur moyen de le bannir!
Quatorze ans, c'est long n'est ce pas? C'est ce qu'il m'a fallut pour que j'estime pouvoir voler de mes propres ailes, après divers apprentissages comme "dresser un dragon féérique et passer une journée à en faire son familier" où encore les différents plans élémentaires, quasi élémentaires, para élémentaires, extérieurs bon, mauvais, neutres, spécifiques... Dois je évoquer le schéma mental, la structure du sort qu'il faut apprendre par cœur?
Au final, j'estime être plutôt gagnant. Certes, je ne suis plus capable de tenir tête à un simple soldat avec une épée. Je ne vise plus aussi bien qu'avant et suis bien moins solide physiquement. Mais j'estime aussi que l'Art saura compenser tout ceci.
Aujourd'hui, je quitte ma guilde, pensant enfin pouvoir voler de mes propres ailes. De plus, des nouvelles sont particulièrement troublantes au nord. Des problèmes sans fin, le mal à n'en plus finir... Ma présence ne sera pas de trop.
Mais qu'écris tu, Romuald Archibald de Besancenon (Bah oui, tu as été annobli il y a quelques années, mais quel idée de garder le "de" alors que j'ai déjà cédé les terres que l'on m'avait offert? J'y réfléchirais. ) vieil imbécile radoteur? Je m'en vais de ce pas jeter ce morceau de papier impie au feu!
*Ainsi, nulle trace ne sera laissée de ce message... Les secrets des Ménestrels ne devant point être dévoilés*