A la taverne de la Pipe Fumante

Ici, tout le monde le sait, c'est Scalford qui dirige le navire. On s'incline quand il passe, on lui propose des rafraichissements quand il s'ennuie.
Mais trois femmes n'auraient pas respecté les usages de la taverne... souhaitant de surcroit faire du mal à deux habitués.
La réponse ne se fit pas attendre, couteaux, arbalètes de poing, et autres armes furent tirées par les clients, tandis que Scalford s'armait de son gadget étrange. Cela ne sembla les effrayer, car elles se mirent même à le menacer, grave erreur... grave erreur.
Quelques carreaux furent prestement tirés, empoisonnés bien entendu, et mirent à terre deux de celles-ci, tandis que la dernière, dans un éclair de lucidité présenta finalement ses excuses, encerclée.
De plates excuses même, suffisamment pour apaiser le petit homme au grand ego, ainsi que quelques gemmes, bien évidemment. Mais il fallait marquer le coup, graver le souvenir, et il décocha de son gadget une petite fiole feu grégeois qui vint s'écraser sur la jambe d'une des femmes à terre... étonnamment, sa jambe ne se carbonisa pas, seulement un gros trou dans la cuisse... voilà qu'elle pouvait remercier ses facultés de résistance au feu innées.

Puis la musique reprit, le calme se reinstalla... une scène non pas commune, mais dont personne ne s'étonna. Ca se passe comme ça à la Pipe Fumante.

Contrat de recherche chez Scalford


Service fini, armure huilée pour la nuit, et arbalète de service posée sur le râtelier. Ca ne fait pas longtemps que je suis au guet de la ville, mais l'armée je connais... de la protection des bourgades, je suis donc passé à une étape supérieure de la défense de notre Mère-Cité. Bref, tout ça pour dire que même si je connaissais peu de gens dans cette ville, mon statut de soldat a vite fait d'attirer certaines personnes vers moi, pour se renseigner, pour collaborer, ou tout simplement pour chercher les embrouilles.
Pour oublier ma longue journée, me voilà donc descendu dans l'Antre comme on l'appelle par ici. La chemise de mon père remplaçant mon plastron d'acier, je sirotais une petite bière de Kryss bien de chez nous, un délice bien fraîche.

Mais évidemment, du grabuge se fit entendre non loin, Scalford avait visiblement dans l'idée de virer quelques occupants un peu trop médisants sur la taverne... et ses méthodes sont pas réputées pour être tendres. J'ai vu le visage de certains pérégrins s'étonner que je ne fasse rien... et je suppose qu'ils se sont dit qu'étant en civil, ce n'était plus de mon ressort. La raison était tout autre... Scalford est un élément vital des rouages de notre Cité, on ne peut éradiquer les truands, il faut simplement les mettre dans la voie de la Cité, et Scalford y participe avec son commerce. Voilà, moi je sers Mirabar, je ne suis pas idiotement la vertu comme ces coincés de Padhiver.

Mais quand la riposte de l'autre côté du fumoir se fit entendre, par magie de surcroit, je tirai l'épée au clair. Deux demi-orques fuyaient en se pissant dessus vers la sortie, j'exhortais alors les Mirabariens armés de se dresser entre la petite salle et la sortie pour empêcher toute percée. Mes mots firent mouche, et ils firent rempart, jusqu'à ce que la vue se brouille autour de nous, une sorte de nuage opaque absorbant toute lumière s'abattit sur nous.
"Ne reculez pas, Mirabariens, ou mon épée sera pour vous !"
Ce n'étaient pas que des mots, je l'aurais fait si il y avait des fuyards dans le rempart humain. Une espère de mur de bras s'attaqua à nous, nous frappant violemment... jusqu'à ce qu'il se fasse percer par une forme enflammée courant vers la sortie, un monstre invoqué crus-je à ce moment. Finalement, une forme volante nous échappa, bien que je réussis à lui flanquer un coup d'épée large qui amocha son vol.
Saleté de magie.

Quand le nuage se dissipa, je constatai l'étendue des dégâts... des hommes à terre, genoux brisés et jambes coupées. Je les aidai à se rétablir, comme à l'armée... c'était moche, mais ils ne mourraient pas. Tous, sauf un, que je laissai là pour l'exemple.
"Voyez ce qu'il arrive quand on ne peut plus occuper son poste, quand on laisse l'ennemi déborder... la faiblesse est pire que la mort." et je leur montrai l'individu baignant dans son sang à terre, faible et geignard.
Puisque Scalford remarqua nos prises de position, un Thayien, la mystique d'arme bainite et moi, il nous convoqua dans une arrière-salle, nous proposant un contrat sur la tête de trois personnes. J'acceptai, car il ne souhaita pas porter plainte contre celles-ci. Si tel était le cas, j'aurais rempli la mission comme garde. Mais de toute manière, usage de magie, délit de fuite, blessures... il y avait de quoi justifier n'importe quelle recherche.
Les autres également acceptèrent.

Je m'alliai avec l'Orientale de Baine, pour suivre avec un client de la taverne des traces dans les quartiers est. Comme la pluie commença à les dissiper, il abandonna... mais pas nous. Nous avons ainsi fouillé les maisons non-louées, ou commerces et bordels. Rien.
C'était un leurre, conclut-elle.
Rebroussant chemin à travers les petites rues, pour couper, nous avons finalement remarqué une femme à chapeau et robe bien courte penchée sur une sorte de cadavre. Examinant son visage, je reconnus celle qui aida les deux fuyards, elle semblait morte. Je tirai alors un carreau pour m'en assurer, mesure logique et préventive. Mais alors elle sursauta... Je m'interrogeais brièvement, fallait-il vraiment être stupide pour se faire passer pour morte à côté de la place, en espérant qu'on laisserait sans y porter attention un cadavre ? Ou était-ce autre chose ?

Peu importe, l'Orientale porta le corps jusqu'à Scalford, qui nous offrit une petite récompense ainsi que ses remerciements voilés. Elle put piller Venuva, mais n'en fit rien, car rien ne l'intéressait sur cette musicienne. J'eus le droit à des consommations gratuites, ainsi qu'à traiter avec Boris Pare-Flèches, le rashemi. Amusé par son slogan, bien vrai au demeurant, "Lourd c'est fiable, on peut toujours frapper avec", je me pris alors deux de ses armes bien lourdes, mais bien fiables, dans l'idée d'en offrir une à l'Orientale en récompense personnelle.
Je sais bien qu'il y a mieux comme cadeau à une femme, mais ce n'est pas comme si j'avais une seule fois vu son visage. A rapport professionnel, on offre un présent professionnel.

La chasse ne faisait que commencer.

Encore du grabuge dans l'Antre ce soir ouais.

Y parait que c'est en rapport avec la gonzesse qui s'est mangée deux carreaux d'arbalète, dont un en plein front, sans crever !

On parle d'une baston rude et rapide dans la taverne, entre le tenancier et ses hommes, et des pauvres tarés qui tiennent pas a la vie. Même qu'y parait que ces types là ont tchouré le corps de la femme au carreau dans le front avant que Scalford lui plante un pieu !

En tout cas, ca a du être rapide. Aussi rapide que la fuite, parce que tout le monde sait qu'on ne tient pas longtemps face a la sécurité de Scalford.

N'empêche... Un tir en pleine tête qui laisse une survivante, une attaque en règle de l'auberge de Scalford sans morts immédiates... C'est de nouveau le temps des Troubles ou quoi ?

En tout cas, on dit qu'il y a trois nouveaux contrats d'assassinat qui courent en ville. Et y parait qu'ils sont déjà pris en plus.

Scalford fait passer le mot dans sa taverne, aux personnes intéressées, par le biais de ses hommes de main. Il rechercherait des vendeurs offrant des objets magiques, des objets utiles, se revendant à un certain niveau sur le marché, pour une soirée organisée bientôt.
Le Chevalier Beckham serait également présent lors de celle-ci, afin de représenter la ville et contenir les débordements.

L'annonce fit apparemment mouche, car une jeune (re)vendeuse se fit connaître dès ce soir. Suite à un court entretien pendant lequel il lui fut demandé ce qu'elle proposait, elle fut engagée pour cette soirée.

Soirée vente aux enchères plutôt propice aux marchands, moins à ceux qui sont passés en fin de file. Scalford sera sorti nerveux, car un joyau magnifique, clou de la soirée, aurait été volé ! Les vendeurs auront bien entendu été gratifiés de consommations gratuites et d'un paiement en gemmes plutôt généreux, car Mirabar sait récompenser ceux qui se fournissent des efforts pour son commerce, et bien entendu, comme citoyen respectable, il est naturel d'y participer.


Quelques jours plus tard, la rumeur court dans les milieux marchands, ainsi que chez quelques chasseurs de primes :

Citation :

Recherche Joyau de Thindol, gemme de la taille du poing verdâtre, des contrées lointaines de Chult.
Récompense à la hauteur de vos efforts, avantages permanents et amitiés de cercles marchands. Toute information quant à son voleur, ou indices sur le vol, sera gratifiée généreusement par le propriétaire de la Pipe Fumante, Monsieur Scalford en personne.

La rumeur arrivera à ses oreilles.

Les oreilles de qui ? Ca te regarde ?!