Ca fait quelques temps que j'avais envie de créer ce post, donc je me lance, wala. Il a pour but de faire partager ma vision de la vie quotidienne dans les Royaumes, et surtout dans la région où nous jouons. Je suis bien sûr conscient que chacun n'a pas le même point de vue, mais la diversité fait la richesse. *peace*
Enterrements
Padhiver :
Un patricien vient d'être assassiné, une tragédie pour sa famille et ses proches. Certains y voient un coup du sort d'une tristesse absolue, d'autres une chance de faire valoir leur droit d'héritier sur les terres qu'il possédait. Evidemment, cet homme était d'un naturel tranquille, posé, calme, et son visage défunt affichera à jamais cette sérénité qui le caractérisait. Aux alentours de sa demeure, ceux qui attendent pour lui rendre un dernier hommage, par obligation familiale, pour se faire bien voir, ou honnêtement, se questionnent sur la personne qui a bien pu porter ce coup fatal, mais surtout pour quelle raison. Il ne pouvait s'agir d'un de ces serfs, ou fermiers louant quelques terres dans les environs, non... le coup avait été porté bien trop précisément, et par une dague.
Dans sa chambre, le corps repose désormais sur le lit à baldaquin, couvert d'un suaire immaculé, contrastant du tout au tout avec l'allure sanglante dans laquelle il fut retrouvé par son serviteur. La veuve est vêtue de blanc, comme le veut la coutume de sa famille étrangère, tenant dans sa main la Prière aux Morts de Kelemvor, et porte son regard attristé sur son défunt mari. Le mariage avait été arrangé, et dès ses dis-sept printemps, elle avait été remise à cet homme pour sceller un accord terrien afin de permettre l'acquisition de concessions en Amn. Mais pour autant qu'elle sache, elle n'avait jamais eu à s'en plaindre, il avait été un mari aimant, attentionné, et riche. Bien sûr, il était peu cultivé, ayant toujours vécu dans la demeure familiale avec des précepteurs de piètre qualité, et ne valait en aucun cas un beau Danilo Thann, mais tout de même, elle s'estimait heureuse de ses vingt ans de vie conjointe... jusqu'à cet instant.
Autour du lit, des servantes vêtues de noir et d'or baissent la tête, répétant des psaumes à Kelemvor pour le salut de son âme, et un voyage rapide sans heurt vers la Citadelle du Jugement. Elles chantent en thorass, comme le veut la tradition dans la région, une langue morte qu'elles ne comprennent pas d'ailleurs, car elles ont appris leurs passages des Livres Sacrés par coeur. A la tête du lit, le Prêtre local s'occupe de chasser les mauvais esprits et démons qui peuvent vouloir entraver le voyage dans l'au-delà du patricien. Vêtu d'une longue robe d'un noir profond, il porte une grande écharpe blanche constellée de fils d'or sur sa nuque, et est couvert d'une toque rituelle ornée du symbole de la Balance Divine.
Lorsque les proches du couple auront terminé leurs condoléances, et le baiser sur le front du défunt, le corps sera transporté dans la nuit au cimetière du bourg non loin, inhumé dans la crypte familiale au milieu de ses ancêtres. Sa femme devra sûrement faire un choix, trouver un second époux pour ne pas que le domaine se dilapide, ou abandonner sa vie de noble pour se retirer au temple local de Chauntéa.
Luskan :
Un docker est mort dans la nuit, ses camarades l'ont ramené au petit matin alors qu'il était déjà froid comme la glace d'Aurile. Bien sûr, il s'agissait d'un homme haut placé dans une compagnie maritime, chargé de l'inventaire des arrivées et départs de marchandises, et c'est pour cela que son traitement fut de faveur. En effet, un vagabond des docks aurait tôt fait d'être jeté à la mer si il avait été retrouvé mort... sait-on jamais, avec les épidémies, et autres catastrophes. Et c'est également une manière de faire une offrande à Umberlee, les gens qui travaillent au port ou sur un bateau, reprennent définitivement la mer un jour ou l'autre, jusqu'à s'y perdre.
Ce docker-ci intéressa le Temple de Kelemvor étrangement, car les prêtres n'avaient jamais vu ces symptômes. Bien que rechignant dans un premier lieu à payer l'obole pour l'office des servants, la compagnie consentit finalement à faire ce dernier honneur à son homme, car aucune personne de sa famille n'habitait la Cité des Voiles. Son traitement fut relativement grossier, car le don n'était pas bien conséquent, même avec la participation de ses connaissances. On l'avait étudié plusieurs jours, refermant avec peu de soins certaines parties du corps, mais la cause avait fini par être connue des Prêtres : la drogue. Une drogue en circulation depuis peu dans cette région de la ville, une plante nommée Lotus Noir, dévastatrice mais également très chère. Il était fort probable que l'homme avait pu détourner de par son activité une petite partie d'une cargaison illicite, et s'en soit servi ainsi, mais sans connaître les doses.
Le pauvre eut droit cependant à un rituel de dix petites minutes au moment de l'inhumation au-dessus de sa tombe, gravée misérablement par un de ses camarades. Ses amis crurent bon de rédiger une épitaphe ironique, comme il était coutume pour dédramatiser sa mort : "Toute sa vie en mer, le voilà en terre".
Dix-Cités :
Le chasseur aurait du rentrer depuis deux jours au village, mais il n'était toujours pas là. C'est pourquoi une petite troupe de dix hommes courageux décida de partir à sa recherche, car dans le ValBise, les rudes conditions climatiques créent un climat d'entraide très forte. Les hommes trouvèrent finalement le trappeur une journée plus tard, contre un sapin couvert de neige... complètement gelé. Le pauvre avait du expirer il y a plusieurs jours maintenant, le regard porté en biais vers son feu désormais éteint, sa lance à la main, et son équipement éparpillé dans la neige, visiblement fouillé par des prédateurs en quête de viande déjà chassée.
Il n'était pas question de ramener l'homme au village, car il n'y avait pas vraiment de cimetière par ici, ce n'était pas la coutume. On enterre les gens à l'endroit précis de leur décès, afin que leur esprit puisse partir en paix, sachant où leur corps est tombé.
Creusant avec difficulté un trou dans la terre gelée, à l'aide des pelles récemment achetées à Bryn Shander, la compagnie plaça finalement l'homme à l'intérieur, priant Aurile de le garder en son sein, intact afin que sa mort soit digne et son corps témoin à jamais de son dernier souffle. Une fois le corps placé dans la fosse, son arme et ses effets sont disposés de telle sorte qu'il semble être mort avec... ses dernières possessions sont aussi importantes que la conservation de son corps.
Finalement, alors qu'un chasseur récite une prière aux dieux de la Nature, et à Aurile, séparément, le reste du groupe referme peu à peu le trou, et tasse le tout à l'aide de neige mêlée de terre. Nulle plaque, nulle pierre tombale, uniquement quelques rochers placés en un minuscule cairn, afin que les dieux sachent où l'homme est tombé.