Double assassinat manqué.

Une rencontre de plus avec l'ennemi. Elle n'était pas fortuite, c'était la troisième ou quatrième fois qu'une telle rencontre ne l'était pas. Défis et menaces voilées, teintés de respect, et surtout, le nouveau pouvoir du clergé de Baine sur le nord... loin de se démonter, Jaï lui promit une fois de plus une opposition ferme.
Et l'entretient fut interrompu, brutalement... Deux carreaux d'arbalète vinrent toucher les deux ennemis. Ceux-ci se protégèrent chacun à leur manière des projectiles, la sorcière accompagnant le Bainite partit à la poursuite du tireur embusqué. Un témoin de la scène prit la fuite... la conseillère tenta de la poursuivre, mais blessée et en harnois complet... elle abandonna vite pour revenir sur les lieux de l'agression.
Et la, un vertige... elle n'avait pourtant pas perdu tant de sang... du poison. Lâche et fourbe... une attaque en traître et des carreaux empoisonnés. Le Chevalier prit une fiole d'anti-poison... puis hésita en voyant son plus grand ennemi blessé de même.
Pas comme ça. Non. La jeune femme voulait le vaincre sur le champ de bataille ou le voir jugé et exécuté, pas profiter de l'action fourbe d'un vulgaire assassin, en terrain neutre en plus! Son geste ne serait pas compris de beaucoup, mais c'est l'honneur qui la poussa à tendre une fiole d'antipoison à l'Impercepteur.

La garde arriva. La sorcière arrêtée... Jaï ne put s'empêcher d'avoir pitié... elle connaissait suffisamment ses anciens collègues pour plaindre une femme, si maléfique soit-elle, entre leurs mains. Pendant qu'on les interrogeait, la sorcière fut emmenée... et, soudain... des bruits... un garde accourut. Un des leurs avait été tué par la sorcière.
Accusée de complicité de meurtre au même titre que son pire ennemi, Jaï fut emmenée sur l'île du palais de Justice.
Accusée de complicité de meurtre avec un Bainite... un meurtre exécuté par magie de plus. C'était une plaisanterie... un prétexte. Mais Jaï reconnaissait bien la ses anciens collègues.
Le pire fut d'être enfermée dans la même pièce que lui.

Mais en quelques heures, la jeune femme cessa de voir en Reïthan le croque-mitaine qu'elle voyait en lui.
Il restait terrifiant, il restait son pire ennemi, représentant le contraire de tout ce en quoi elle croyait, mais il était devenu humain.
Puissant, maléfique... mais un homme. Juste un homme.
Il en devenait plus accessible, la victoire moins impossible à obtenir.

Chacun prit du repos, chacun dans son coin... et alors que son ennemi était toujours endormi, le conseiller Ruffin fit son entrée.
Après un long, très long entretient, brièvement interrompu par un officier de la garde, venu parler de l'affaire au conseiller, Jaï fut priée de suivre ce même officier pour récupérer ses armes. La jeune femme était libre.

*tendant le pas, plus écarlate que jamais, Ruffin arpentait la ville quand un garde vint le prévenir que l'impercepteur et la Conseillère de Neufcastel étaient enfermés dans le palais. D'abord surpris par l'annonce, Ruffin remercia le garde et alla voir de quoi il en retournait. Ils avaient été enfermés sans armes dans la même pièce, et chose assez surprenante, ils étaient encore en vie tous les deux. l'Impercepteur, avec sa galanterie très marquée dormait en ronflant sur le lit de la pièce de retenue, tandis que Jai avait déposé son armure à côté d'une couvertue à même le sol dans un coin derrière un paravent. Ruffin retint un sourire devant cet accès de pudeur, comme si ces deux-là allaient profiter de l'occasion pour envisager physiquement la concesption d'un héritier... Il demanda à Jai de le suivre dans une des salles d'interrogatoire, afin d'avoir sa version des faits. Il voulait déjà savoir pourquoi ces deux-là avaient été pris pour cible dans le théatre, enfin surtout pourquoi ils se rencontraient dans le théatre. Le tueur avait été retrouvé mort, et il était évident que les charges retenues étaient sans fondement mais l'occaasion politique était trop belle. Après un entretien sans amertume, Ruffin obtint ce qu'il voulait de Jai et dans un élan de mansuétude il la fit raccompagner. Le Capitaine lui avait bien fait part de la situation et il avait été remercié de son zèle.

C'était le tour de l'Impercepteur. Qu'est-ce qu'il n'aimait pas se retrouver seul avec lui ! mais il devait tenir, coûte que coûte ! La Sorcière avait filé après avoir tué un garde. L'occasion était inespérée. Il exigea bien entendu qu'elle soit livrée, puis offrit une alternative au Bainite. Devant sa proposition, l'Impercepteur demanda à réfléchir. Ruffin le fit raccompagner à la chambre qu'il occupait. "Pourquoi une chambre ? alors que les geôles sont juste à côté !" lui soufflait une petite voix. Mais il était fatigué et les gardes avaient fait leur travail. Confiant dans le fait que bientôt une partie de ses ennuis seraient derrière lui, et fatigué par la lutte qu'il avait du mené contre le poison, il le laissa, semblant toujours en confiance - bon après tout il était chez lui, les gardes tout autour et armé... Alors que risquait-il ? Il tremblait quand il sortit du palais de justice et la tension qu'il avait gardé pour lui, associé aux résiduts de sa lutte eurent raison de sa résistance, le par-terre de bégonia en fit les frais.

Inspirant profondément, se contrefichant des gardes qui le regardaientil quitta le palais. C'était une bonne chose que ce Cyriquiste ait essayé de les tuer en fait. Il se demandait comment finir le travail. Mais avant celà il fallait qu'il se repose !

Le lendemain, un garde vint de nouveau le prévenir, mais sans fierté cette fois que l'Impercepteur avait disparu. Jurant comme le plus grossier des charretier, Ruffin se rendit au palais pour essayer de comprendre pourquoi. Les gardes n'avait tout simplement pas "dépouillé" Reithan. De fureur contre lui-même de ne pas avoir vérifié, il punit tous les gardes qui avaient participé à l'arrestation, les nommant aux rempart pour les dux mois qui venaient. Une fois la crise de rage passée, il réfléchit, un sourire fin se déssinant peu à peu sur ses lèvres. Il pris sa plume et ordonna le bannissement des Bainites.

Au final, il avait appris des choses, et c'était un bon coup politique.