Janice est une petite Luskanienne. Sa mère et elle habitaient dans un taudis sur le port. Sa mère travaillait beaucoup pour avoir à peine de quoi nourrir son enfant. Mais la maladie eut raison d'elle. Janice retrouva sa mère dans son lit, endormie pour l'éternité. Quand les services sanitaires vinrent enlever le corps pour le mettre en terre, Janice se retrouva seule. Ils tentèrent de l'emmener en lieu sûr mais la fillette se sauva dans le dédale de la cité. Elle resta une semaine à errer, rentrant dans son taudis pour dormir, quémandant sa nourriture à des voisins. Jusqu'au jour où elle accosta Lyaz sur la place. Elle cherchait l'endroit où était sa mère... La Paladine l'emmena au Cimetière et fut touchée par son histoire aussi décida-t-elle de s'occuper de la fillette. Une nouvelle vie commençait, pleine de jeux, d'amis et de gâteaux... Elle fut installée chez les Veilleurs. Lyaz dut l'abandonner, et Janice en eut le coeur brisé...
C'était sans compter sur l'insouciance des enfants. Janice eut tôt fait d'aller dans les bois, inspirée par la chanson du loup. Les bois n'étaient pas déserts, un groupe d'adultes menaçaient une jeune femme blonde. Janice les suivit jusqu'à ce que le groupe soit rejoint par une masse énorme, accompagnée de deux worgs. L'un d'eux fondit sur la gamine et manqua de lui arracher le bras... Elle courrut vers la ville...
Le loup devint l'entité maléfique par excellence pour Janice jusqu'à ce qu'un Demi-Orc sympathise avec elle et l'emmène devant la ville afin de lui présenter son worg. D'abord craintive, la fillette, écoutant les recommandations du Demi-Orc, caressa le pelage doux et sombre... Quelque chose dans son coeur lui disait qu'un jour aussi elle commanderait les loups.
Cette représentation du pouvoir, cette sensation de sécurité l'envahit. Commander les loups, devenir une chevalière des loups devint son idée fixe. Aussi s'en allait-elle souvent dans la forêt pour en chercher un, au mépris de son expérience passée, forte de son expérience nouvelle...
Prom'nons-nous dans les bois
Tant qu'le loup n'y est pas
Si le loup y'était, il nous mangerait !
Loup y'es-tu ?
Que fais-tu ?
Prom'nons-nous dans les bois...
Quelqu'un la suivait... Quand elle se retourna, l'affreuse créature lupine la plaqua au sol : Janice hurla comme jamais... Elle avait mouillé sa petite culotte de peur et pleurait, terrifiée. L'énorme créature sur deux pattes, digne de ses pires cauchemars, lui bavait dessus. Quand elle la mordit, Janice crut que son heure était venue... La bête ne la tua pas. Elle tapa Janice sur son dos et fuit à travers la forêt. Dans son délire, Janice crut voyager dans les arbres....
La forêt était sombre et angoissante. C'était la forêt des légendes de princesses, la forêt de perdition et de terreur... L'homme qui se tenait devant elle était en haillons. Mais il dégageait une force incroyable... Janice était tétanisée. Il parlât, mais la douleur empêchait son cerveau d'assimiler... La seule chose qu'elle retint était la faim... Il ne la nourrirait pas, elle devrait trouver toute seule...
La faim tiraillait son estomac... Janice cherchait dans la forêt sombre de quoi se nourrir... Elle goûta les herbes et les feuilles, qu'elle recracha aussitôt... Elle chercha des baies ou des champignons, mais ne trouva rien. Son odorat détecta une odeur de fauve... musquée... Un sanglier ! La faim fit gronder son estomac, la bave envahit sa bouche. La douleur de son épaule mordue lui semblait et lointaine et présente, mais la faim la surpassait... Elle prit une grosse branche pour ses petites mains et fonça sur la bête... Manger.... Manger...
Le sanglier l'encorna et l'envoya dans le ruisseau... Mais elle ne se noyait pas... La faim lui donnait une vigueur nouvelle : Janice s'extirpa de l'eau, plus vindicative que jamais... La lune se dévoila dans le ciel. Blessée et à bout de forces, elle se sentait renaître, quelque chose en elle lui brûlait les veines et les muscles... Ses mains étaient griffues et poilues, Janice comprit qu'elle se transformait en monstre... Elle pista le sanglier et fondit sur lui, à mains nues... Ses coups étaient violents, comme si elle était soumise à la rage... Elle ne pensait plus, le sang sur ses doigts ne signifiait pas la mort ou le danger, ou même la répulsion et la peur, il signifiait... manger...
De loin, le Haut Druide du Bosquet Sombre observait le jeune chiot faire ses dents... Le sanglier était éventré, sa chair avait un goût exquis, jamais Janice n'avait mangé de gâteaux qui égalât le goût du sang encore chaud... Quand il approchât, elle montra les dents. C'était SA proie... Elle sombra.
(joué avec Merrick Swiftt)